Rapport Charles Perrens - Mission Nationale d'Appui en Santé ...

Alors que le CHCP s’est engagé, avec succès, dans des travaux importants de
réhabilitation de son patrimoine, il convient de s’interroger tant sur la capacité nécessaire que
sur sa localisation.
L’implantation en plein centre de Bordeaux limite, sans pouvoir l’effacer, l’effet
stigmatisant de l’hôpital psychiatrique. Cette stigmatisation qui limite l’accessibilité du
dispositif, est renforcé par la taille de l’hôpital. La délocalisation de lits de la fédération 1 et 2
dans les établissements sanitaires d’Arcachon et de Lesparre, constituerait une opportunité qui
ne peut, hélas être concrétisée compte tenu de l’éloignement géographique des établissements
et de la problématique des gardes médicales. Toutefois, la segmentation de l’activité doit
conduire à la délocalisation des différentes unités de suite et de réinsertion dans un
environnement favorable à leur objet et donc, en dehors du centre hospitalier Charles Perrens,
lui permettant de limiter son périmètre. Certaines unités d’hospitalisation au long cours
pourraient, elles aussi, être délocalisées et séparées des unités d’hospitalisation plus active.
Le débat sur la capacité en lits demeure délicat dans le contexte de pénurie vécu par
le CHCP et renvoie à la question de la nécessité et de la fonction de l'hospitalisation par
rapport aux autres outils de soins du secteur.
La diminution des capacités d’hospitalisation complète sans transfert corrélatif des
moyens dans la communauté a conduit à des phénomènes pervers : le revolving-door (système
de la porte tournante), la judiciarisation, la perte de l'accès aux soins et l'errance pour les
patients les plus graves et marginalisés.
Sous la pression de la demande qui, non régulée par des dispositifs d'amont et d'aval,
pèse sur le nombre des admissions, le mouvement de désinstitutionnalisation est actuellement
ralenti. La conjonction de ces deux phénomènes (baisse de capacité et hausse des admissions)
se traduit par une augmentation des patients hospitalisés sous contrainte et une détérioration
des conditions de travail.
La question de la capacité en lits n'a aucun sens si elle est traitée isolément, et peut
s’avérer catastrophique si elle ne s'accompagne pas d'un développement concomitant des
dispositifs d'amont, (urgences et alternatives) et d'aval par le médico-social. La réussite ou
l'échec des exemples étrangers de désinstitutionnalisation montre que ces deux conditions
doivent être remplies. Le Centre hospitalier Charles Perrens qui ne dispose pas d’une
régulation suffisante de ses urgences, ni de structures ambulatoires suffisantes et encore moins
d'équipements médico-sociaux vit cruellement, cette situation.
Le développement de l’amont et de l’aval comme la segmentation d’activité 16 ,
devraient, toutefois, permettre de reprendre la longue marche de la désinstitutionnalisation
avec la réduction corrélative des capacités. En effet, indépendamment des efforts réalisés par
l’autorité de tutelle pour soutenir les alternatives à l’hospitalisation, la réduction en lits
demeurera une des rares variables d'ajustement pour redéployer les moyens dans la
16 La spécialisation des unités d’hospitalisation du département 3-4-7 lui permet d’envisager une diminution de
capacité d’une dizaine de lits.
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