Rapport Charles Perrens - Mission Nationale d'Appui en Santé ...

6.2) DEVELOPPER L’AMONT ET L’AVAL
6.2.1) LES URGENCES
La croissance de la population s'adressant aux urgences jusqu'à leur engorgement
illustre les dysfonctionnements du système sanitaire français.
La notion d'hôpital "machine à soigner" (Tenon) se concrétise, aujourd'hui, dans le
mythe du plateau technique qui assigne à l'établissement de santé un rôle de deuxième ou de
troisième ligne dans le dispositif sanitaire. Or, l'absence de régulation de la médecine libérale
et notamment sa précarisation dans les zones urbaines, les phénomènes de banlieue, la
dissociation des liens sociaux et familiaux, le recours à « l’agir » au détriment de la
verbalisation favorisé par l’accessibilité de l'alcool et de la drogue, le développement d'un
consumérisme médical amènent à solliciter, en permanence, cette première ligne de soins que
constituent les urgences.
La pathologie psychiatrique et la souffrance psychique sont plus particulièrement
confrontées au clivage entre offre de soins spécialisés et demande de proximité alors que les
troubles psychiatriques ou des pathologies mixtes représentent 7 à 10% des passages aux
urgences.
La mise en place, dès 1981, d’un service d’urgences spécialisées dans
l’agglomération bordelaise a constitué un progrès important. Toutefois, le désintérêt des
différentes communautés hospitalières du département à cette problématique a limité le
fonctionnement de cette structure lui interdisant de jouer son rôle de régulateur au profit d’une
fonction de placement qui renforce l’aspect hospitalo-centré du dispositif.
La rénovation par le CHU de ses services d'urgences sans intégrer la prise en charge
psychiatrique, illustre, moins, la méconnaissance de la psychiatrie par le MCO que le souci de
ne pas ajouter des dysfonctionnements extérieurs à ses propres difficultés. L’intégration de lits
porte psychiatriques dans les différents services d’urgence du CHU 15 , d’une équipe médicale
et infirmière travaillant sous la responsabilité du chef des urgences, la participation naturelle
et légitime du centre hospitalier de Cadillac sont vouées à l’échec tant que perdurera la
situation de crise du SAAU.
Les premières mesures préconisées par la MNASM au cours des tables rondes pour
limiter les libres choix et les durées de séjour au SAAU, le rappel fait aux secteurs d’accueillir
leurs patients, en dépit du dénigrement ou des protestations qu’elles ont suscités, ont démontré
leur efficacité.
La création d’une équipe spécifique complète au SAU des centres hospitaliers
Pellegrin et St André composée de médecins, d’infirmiers, de psychologues, d’assistantes
sociales, de secrétaires constituera une seconde étape nécessaire avant d’aboutir à la création
de lits porte au sein du CHU.
Cette organisation permettra de :
15 Tendance naturelle, rappelée par de nombreux textes légaux et réglementaires
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