Rapport Charles Perrens - Mission Nationale d'Appui en Santé ...

5.3) LA PRISE EN CHARGE DES DETENUS
La maison d’arrêt de Gradignan accueille 650 détenus pour 400 places et sort d’un
lourd passé conflictuel entre l’administration pénitentiaire et le SMPR, conflit dupliqué au
niveau des services de soins.
La nomination d’un nouveau chef de service a considérablement amélioré la
situation. Un protocole de soins entre l’UCSA et le SMPR a réduit les clivages entre les
équipes et une collaboration au profit de la qualité des soins aux détenus. Un travail s’effectue
en direction de la prévention du suicide, des soins aux toxicomanes et des mineurs. Toutefois,
les relations avec les secteurs restent encore délicates et l’installation des lits demeure un
problème pendant.
Le Dr Anne Groussin, chef de service confirme l’amélioration des relations tant avec
l’UCSA qu’avec l’administration pénitentiaire et la tenue de réunions hebdomadaires ainsi
que la mise en place de protocoles de signalement. Si les liens sont bons avec les différents
centres de soins aux toxicomanes, en revanche, les relations avec les services hospitaliers
doivent être précisées avec des protocoles différents selon les établissements.
Pour Mr Laurens, directeur du centre de détention, les conflits, y compris ceux entre
« mandarins », font partie de l’histoire cruelle de la prison. Pour résoudre les difficultés
rencontrées au sein de l’établissement, l’administration pénitentiaire a fait appel à un cabinet
d’audit qui, par des formations adaptées, a permis aux personnes et aux cultures d’échanger et
de communiquer.
Il rappelle que les objectifs de sécurité passent, aussi, par l’intégrité physique et
mentale des détenus et note avec satisfaction l’amélioration de la prévention du risque
suicidaire ainsi que la coopération nouvelle entre les pôles somatiques et psychiatriques.
Toutefois, compte tenu du nombre de détenus comportant des troubles mentaux et/ou de
comportement, des troubles iatrogènes liés à la surpopulation carcérale (avec souvent trois
détenus dans des cellulles de 8.3m²) un long chemin reste à faire dans les prises en charge
qu’il s’agisse des HO confrontés à des délais d’attente anormalement longs ou encore des
délinquants sexuels. En revanche, l’ouverture des lits qui a longtemps cristallisé le débat entre
l’administration pénitentiaire et le SMPR ne lui semble pas une question principielle si des
alternatives peuvent être trouvées.
Tel n’est pas l’avis de Mme Lévy, représentante de la Direction régionale des
services pénitentiaires qui s’interroge sur la dilution des moyens affectés lors de la création
théorique de ces lits et affirme l’intention de son administration de renforcer les effectifs si
ces lits étaient créés.
Leur mise en place permettrait, selon elle, de sécuriser certains détenus confrontés à
d’autres qui présentent des troubles de comportement dangereux sans qu’une hospitalisation
en HO s’avère nécessaire.
Le Dr Groussin répond que la mise en place des lits se heurte :
- d’abord à un problème de moyens. La faible capacité en lits conduirait à engager
des moyens rares sur une file active réduite au détriment de nombreux détenus
amenés alors à être délaissés,
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