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Jdm04_059-060_FT Funéraire 6/04/06 12:10 Page 59<br />
La question <strong>des</strong> déchets dans les cimetières<br />
1. Généralités<br />
<strong>Le</strong>s opérations de reprise administrative <strong>des</strong> sépultures<br />
non renouvelées ou abandonnées impliquent l’élimination<br />
<strong>des</strong> déchets qui s’y trouvent. Mais <strong>cette</strong> obligation est à<br />
concilier avec le respect dû aux morts. Explications.<br />
En matière de cimetière, il est nécessaire au préalable<br />
de clarifier ce qu’il convient d’entendre par « déchets »,<br />
puisque les opérations de reprise administrative <strong>des</strong><br />
sépultures non renouvelées ou abandonnées vont impliquer<br />
la nécessité de procéder à l’élimination de véritables<br />
déchets (végétaux, terres, gravats, restes de cercueils…),<br />
mais également <strong>des</strong> restes humains retrouvés dans ces sépultures,<br />
restes humains qui sont toujours considérés comme<br />
<strong>des</strong> dépouilles pénalement protégées, même si la reprise de<br />
la sépulture intervient de nombreuses années après l’inhumation<br />
et qu’il ne reste que <strong>des</strong> ossements (Cass. crim.,<br />
25 octobre 2000, pourvoi n° 00-82.152).<br />
1. Application du droit commun<br />
L’article L. 541-2 du Code de l’environnement impose au<br />
producteur de déchets l’obligation de les éliminer (voir<br />
l’encadré ci-<strong>des</strong>sous).<br />
Ces principes trouvent également à s’appliquer dans l’enceinte<br />
du cimetière en distinguant le producteur, qui pourra<br />
être le titulaire de la sépulture, le professionnel intervenant<br />
pour le compte de ce titulaire ou la commune (dans le cadre<br />
de travaux consécutifs à la reprise matérielle de la sépulture).<br />
Ce que dit la loi<br />
« Toute personne qui produit ou détient <strong>des</strong> déchets<br />
dans <strong>des</strong> conditions de nature à produire <strong>des</strong> effets<br />
nocifs sur le sol, la flore et la faune, à dégrader les sites<br />
ou les paysages, à polluer l’air ou les eaux, à engendrer<br />
<strong>des</strong> bruits et <strong>des</strong> odeurs et, d’une façon générale,<br />
à porter atteinte à la santé de l’homme et à l’environnement,<br />
est tenue d’en assurer ou d’en faire assurer<br />
l’élimination conformément aux dispositions du présent<br />
chapitre, dans <strong>des</strong> conditions propres à éviter lesdits<br />
effets.<br />
L’élimination <strong>des</strong> déchets comporte les opérations de<br />
collecte, transport, stockage, tri et traitement nécessaires<br />
à la récupération <strong>des</strong> éléments et matériaux réutilisables<br />
ou de l’énergie, ainsi qu’au dépôt ou au rejet<br />
dans le milieu naturel de tous autres produits dans <strong>des</strong><br />
conditions propres à éviter les nuisances mentionnées<br />
à l’alinéa précédent. »<br />
Source ■ Art. L. 541-2 du Code de l’environnement.<br />
FUNÉRAIRE<br />
<strong>Le</strong>s déchets (c’est-à-dire « tout résidu d’un processus de<br />
production, de transformation ou d’utilisation, toute substance,<br />
matériau, produit ou plus généralement tout bien<br />
meuble abandonné ou que son détenteur <strong>des</strong>tine à l’abandon<br />
» au sens de l’article L. 541-1-II du Code de l’environnement)<br />
devront donc être transportés et éliminés par le<br />
producteur.<br />
2. La distinction entre<br />
restes mortels et déchets<br />
✗ <strong>Le</strong>s restes mortels ne sont pas <strong>des</strong> déchets<br />
au sens du Code de l’environnement<br />
Une fois la concession funéraire juridiquement reprise par<br />
la commune (en application de la procédure régie par les<br />
art. L. 2223-17, R. 2223-12 et suivants du Code général <strong>des</strong><br />
collectivités territoriales), la revente du terrain à un nouveau<br />
concessionnaire implique, au préalable, que soient effectuées<br />
<strong>des</strong> opérations matérielles par la commune.<br />
Cette reprise matérielle – la Cour de cassation qualifie ces<br />
opérations de « travaux de nettoyage » (Cass. crim., 25 octobre<br />
2000, X…, pourvoi n° 00-82.152, Collectivités - Intercommunalité<br />
2001, comm. n° 139, note D. Dutrieux) – se<br />
traduit par l’accomplissement de deux opérations : l’exhumation<br />
<strong>des</strong> restes et l’enlèvement <strong>des</strong> monuments, <strong>des</strong> signes<br />
funéraires et <strong>des</strong> caveaux.<br />
Parce que la juge judiciaire suprême considère qu’il y a eu<br />
atteinte au respect dû aux morts, il importe de conclure<br />
que les restes ou ossements ne peuvent être considérés<br />
comme <strong>des</strong> meubles <strong>des</strong>tinés à l’abandon.<br />
D’ailleurs, l’exhumation <strong>des</strong> restes obéit à <strong>des</strong> règles strictes.<br />
✗ L’exhumation <strong>des</strong> restes<br />
<strong>fiche</strong>s techniques<br />
Il va s’agir de retirer de la concession reprise les corps et,<br />
plus précisément, les restes <strong>des</strong> corps qui y ont été inhumés.<br />
Cette exhumation <strong>des</strong> restes trouvés dans les concessions<br />
reprises (art. R. 2223-20 du Code général <strong>des</strong> collectivités<br />
territoriales) se distingue de l’exhumation, autorisée par le<br />
maire à la demande d’un proche du défunt, régie par les<br />
articles R. 2213-40 et suivants du Code général <strong>des</strong> collectivités<br />
territoriales. En effet, la présence d’un parent ou d’un<br />
mandataire de la famille n’est pas requise pour <strong>cette</strong> opération<br />
(CE, 26 juillet 1985, M. <strong>Le</strong>fèvre et autres, Rec. CE T.,<br />
p. 524) et les personnels chargés de l’exhumation n’ont pas<br />
à être habilités (circulaire n° 97-211 du 12 décembre 1997).<br />
suite page 60 ><br />
www.journal<strong>des</strong>maires.com – avril 2006 – <strong>Journal</strong> <strong>des</strong> <strong>Maires</strong> – 59
Jdm04_059-060_FT Funéraire 6/04/06 12:10 Page 60<br />
<strong>fiche</strong>s techniques<br />
Ce que dit le ministère<br />
« Compte tenu <strong>des</strong> termes utilisés par l’article L. 2223-18<br />
du Code général <strong>des</strong> collectivités territoriales pour habiliter<br />
le pouvoir réglementaire à préciser les règles en<br />
matière d’exhumation administrative et de l’absence<br />
de restrictions particulières dans la rédaction <strong>des</strong> articles<br />
R. 361-28 à R. 361-31 du Code <strong>des</strong> communes<br />
[R. 2223-19 à R. 2223-21 et R. 2223-6 du Code général<br />
<strong>des</strong> collectivités territoriales], ces derniers articles<br />
s’appliquent à la reprise de concessions funéraires soit<br />
non renouvelées, soit en état d’abandon. <strong>Le</strong>s restes<br />
d’une concession non renouvelée sont donc réunis<br />
dans un cercueil de dimensions appropriées en vue<br />
soit de leur réinhumation immédiate dans l’ossuaire<br />
spécial, soit de leur crémation suivie de la dispersion<br />
<strong>des</strong> cendres dans le lieu spécialement <strong>des</strong>tiné à cet<br />
effet, conformément aux articles L. 2223-4 du Code<br />
général <strong>des</strong> collectivités territoriales et R. 361-30<br />
du Code <strong>des</strong> communes [R. 2223-6 du Code général <strong>des</strong><br />
collectivités territoriales]. <strong>Le</strong>s noms <strong>des</strong> personnes qui<br />
étaient inhumées dans la concession reprise sont<br />
consignés dans un registre tenu à la disposition du<br />
public. Ils peuvent être également rappelés dans le jardin<br />
du souvenir ou au-<strong>des</strong>sus de l’ossuaire par gravure<br />
sur un matériau durable. »<br />
Source ■ Réponse du ministre de l’Intérieur à la Question écrite<br />
n° 33616 de Bernard Derosier, JOAN (Q), 8 novembre 1999, p. 6469.<br />
> suite de la page 59<br />
☛ Destination <strong>des</strong> restes<br />
Une fois les restes exhumés, ils doivent être « réunis dans<br />
un cercueil de dimensions appropriées » (art. R. 2223-20 du<br />
Code général <strong>des</strong> collectivités territoriales).<br />
<strong>Le</strong> ministre de l’Intérieur a précisé (Réponse ministérielle<br />
à la question écrite n° 33616, JOAN [Q], 8 novembre 1999,<br />
p. 6469, voir l’encadré ci-<strong>des</strong>sus) qu’aux termes de ces dispositions,<br />
les restes exhumés sont réunis dans ce cercueil « en<br />
vue soit de leur réinhumation immédiate dans l’ossuaire<br />
spécial soit de leur crémation suivie de la dispersion <strong>des</strong><br />
cendres dans le lieu spécialement <strong>des</strong>tiné à cet effet ». <strong>Le</strong><br />
ministre précise que « les noms <strong>des</strong> personnes qui étaient<br />
inhumées dans la concession reprise sont consignés dans un<br />
registre tenu à la disposition du public. Ils peuvent être<br />
également rappelés dans le jardin du souvenir ou au-<strong>des</strong>sus<br />
de l’ossuaire par gravure sur un matériau durable ».<br />
Ainsi, l’exhumation <strong>des</strong> restes présents dans une concession<br />
constitue donc une condition indispensable pour que la commune<br />
puisse concéder à nouveau le terrain repris. Ce principe<br />
est reconnu depuis longtemps par la jurisprudence (TA Pau,<br />
14 décembre 1960, Sieur Loste, Rec. CE, p. 838-839).<br />
En outre, les boîtes à ossements apparaissent obligatoires,<br />
quelle que soit la reprise administrative effectuée.<br />
☛ Caractère obligatoire de l’exhumation administrative<br />
Pourtant, malgré l’obligation découlant <strong>des</strong> textes et de la<br />
jurisprudence, il semble que certaines communes (par souci<br />
d’économie ou par ignorance) revendent parfois <strong>des</strong><br />
concessions sans que les opérations de reprise matérielle<br />
60 – <strong>Journal</strong> <strong>des</strong> <strong>Maires</strong> – avril 2006 – www.journal<strong>des</strong>maires.com<br />
FUNÉRAIRE<br />
aient eu lieu. Cette pratique est-elle légale ?<br />
C’est par la négative qu’a répondu à <strong>cette</strong> question le ministre<br />
de l’Intérieur (Réponse ministérielle à la question écrite<br />
n° 53601, JOAN [Q], 23 juillet 2001, p. 4298). Dans sa réponse,<br />
le ministre réaffirme clairement le principe de l’obligation<br />
de procéder à la reprise matérielle de la concession, en<br />
rappelant au passage le caractère obligatoire <strong>des</strong> dépenses<br />
relatives à ces opérations et l’impossibilité de les imputer<br />
au nouveau concessionnaire :<br />
✗ « afin de pouvoir réattribuer à un tiers une concession funéraire<br />
ayant fait l’objet d’une procédure de reprise, la commune<br />
doit préalablement procéder à l’exhumation <strong>des</strong> restes<br />
mortuaires qui s’y trouvent » ;<br />
✗ « <strong>cette</strong> opération constituant par ailleurs une <strong>des</strong> dépenses<br />
obligatoires qui incombent aux communes (…), notamment<br />
en ce qui concerne l’entretien du cimetière communal<br />
et les exhumations administratives, <strong>cette</strong> charge ne peut être<br />
imputée au nouveau concessionnaire ».<br />
Prochaine <strong>fiche</strong> :<br />
La question <strong>des</strong> déchets dans les cimetières<br />
2. <strong>Le</strong> régime <strong>des</strong> monuments et caveaux<br />
Ce que dit la jurisprudence<br />
Damien Dutrieux<br />
« Attendu que, pour déclarer les prévenus coupables<br />
de vols aggravés, l’arrêt attaqué énonce qu’ils se sont<br />
appropriés, dans l’exercice de leurs fonctions de fossoyeurs,<br />
<strong>des</strong> débris d’or et de bijoux trouvés au cours<br />
de travaux de nettoyage de fosses communes et de<br />
concessions non renouvelées ainsi que dans <strong>des</strong> caveaux<br />
et cercueils, objets qu’ils savaient ne pas être<br />
abandonnés ;<br />
Attendu qu’en l’état de ces énonciations et constatations,<br />
et abstraction faite d’un motif erroné mais surabondant<br />
relatif à la qualité de propriétaires <strong>des</strong> défunts,<br />
la cour d’appel a caractérisé, à l’égard de chacun <strong>des</strong><br />
demandeurs, le délit de vol par personne chargée d’une<br />
mission de service public ;<br />
D’où il suit que le moyen doit être écarté ;<br />
Sur le deuxième moyen de cassation […]<br />
Attendu que, par les motifs reproduits au moyen, l’arrêt<br />
attaqué a caractérisé l’élément intentionnel <strong>des</strong> délits<br />
de violation de sépultures et d’atteintes à l’intégrité <strong>des</strong><br />
cadavres, qui résulte de l’accomplissement volontaire<br />
d’un acte portant directement atteinte au respect dû<br />
aux morts ;<br />
Que, dès lors, le moyen n’est pas fondé. »<br />
Source ■ Chambre criminelle de la Cour<br />
de cassation, 25 octobre 2000, pourvoi n° 00-82.152.