LIBER AMICORUM - IBR

40· ANNIVERSAIRE I.R.E.
3.1. La fail/ite d' une entreprise
suppose-t-el/e une defaillance de /' audit?
Conclure de la faillite d' une entreprise que I' audit, procedure preventive, n' a pas
fonctionne est une tendance recente. Le public a generalement I'impression que si
une entreprise tombe en deconfiture, ses comptes annuels recents etaient sans doute
errones ou incomplets et qu' eventuellement le travail du reviseur presentait des insuffisances
importantes, et ce parfois meme alors que le reviseur avait emis des reserves
explicites dans son rapport.
II n' en demeure pas moins qu'il n'y a pas de lien de causalite entre les difficultes
d' une entreprise et la qualite des travaux d' audit. Dans la plupart des cas, les mauvais
resultats d' une entreprise, voire sa disparition, resultent de phenomenes economiques
normaux, acceleres le cas echeant par une conjoncture en recession. Des entreprises
qui ont ete gerees avec agressivite ou imprudence peuvent etre victimes d'un
retournement de conjoncture, d' un declin imprevu de certains marches ou du contrecoups
des difficultes de clients importants, d' un endettement excess if, d'investissements
inconsideres ou mal repartis, ... L' auditeur a-t-il une responsabilite dans la catastrophe
qui en resulte? N' a-t-il pas contribue a I' amplifier en en retardant I' annonce?
Ne devait-il pas signaler les risques operationnels dans son rapport?
Des exemples se presentent egalement d' auditeurs ayant manque aux normes professionnelles
dans I' execution de leur mission; ces exemples sont generalement reveles la
ou I' attention du public est eveillee, c' est-a-dire dans le contexte d' entre prises en difficulte.
La defaillance du reviseur pe ut alors avoir induit le public en erreur par des informations
inadequates, incompletes ou tardives.
Certains au sein de la profession ont defendu le point de vue que le reviseur n' est pas
un indicateur de faillite et que sa responsabilite doit etre redefinie de maniere plus restrictive.
Nous pensons que cette position n' est pas (ou plus) realiste et ne repond pas
aux interets a long terme de la profession.
On ne peut nier que le reviseur a un role cle dans le processus d'information sur la
sante financiere de I' entreprise et que cela repond aux attentes raisonnables des
divers utilisateurs des comptes annuels. Pretendre le contraire serait, a long terme,
vider la profession d' une partie importante de son contenu economique.
Si des elements importants indiquant un declin de I' activite ou des faiblesses de gestion
sont presents pendant une annee ou plus, une lecture attentive des comptes
annuels publies (en ce compris I' annexe et le rapport de gestion) devrait, compte tenu
des normes comptables et de presentation en vigueur, permettre a I'utilisateur d'identifier
clairement les problemes et d' evaluer le risque associe a I' entreprise concernee.
Si un lecteur attentif ne peut pas degager les signaux d' alarme de son examen des
comptes annuels, alors on est amene a conclure que, soit les comptes annuels ne presentent
pas une image totalement fidele de I' entreprise, soit les conventions comptables
et de presentation des comptes en usage sont inadequates.
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