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07.07.2013 Views

80 UN FIL À LA PATTE LE GÉNÉRAL, ouvrant la porte et appelant. Antonio ? ANTONIO, à la porte du vestibule. Chénéral ? LE GÉNÉRAL, en espagnol. Cómo se dice « subyugar » en francés ? ANTONIO. « Subjuguer », Général. LE GÉNÉRAL, lui faisant signe qu’il peut retourner dans le vestibule. Bueno ! gracías, Antonio ! ANTONIO. Bueno ! Il sort. LE GÉNÉRAL, à Lucette, reprenant brusquement sur le ton de la passion. Vous m’avez « souchouqué » ; aussi tout ce qu’il est à moi est à vouss ! Ma vie, mon argent, chusqu’au dollar la dernière, chusqu’à la missère que yo l’aimerais encore porqu’elle venirait de vouss ! LUCETTE, hochant la tête, pleine de doutes. La misère ! on voit bien que vous ne savez pas ce que c’est ! LE GÉNÉRAL, descendant à droite. Oh ! pardone ! yo le sais ! yo l’ai pas tuchurs été riche. Avant que yo le sois entré dans l’armée... comme chénéral ! yo l’avais pas de l’archent, quand yo l’étais professor modique et que yo l’ai dû pour vivre aller dans les familles... où yo donnais des léçouns de francess. LUCETTE, retenant son envie de rire. De français ? Vous le parliez donc ?

GEORGES FEYDEAU LE GÉNÉRAL, bien naïvement. Yo vais vous dire ; dans moun pays, yo le parlais bienn ; ici, yo no sais porqué, yo le parlé mal. LUCETTE, riant. Ah ! c’est ça ! asseyez-vous donc ! LE GÉNÉRAL, exalté. Yo ne pouis pas ! Defant vous, yo no pouis être assisse qu’à chénoux. Il s’agenouille devant elle. Fous l’est la divinité qué l’on s’achénouille là devant... oun sainte qué l’on adore... LUCETTE. Ah ! Général ! LE GÉNÉRAL, froidement. Où il est votre chambre ? LUCETTE, suffoquée. Hein ? LE GÉNÉRAL, avec passion. Yo diss : où il est votre chambre ? LUCETTE. Mais, Général, en voilà une question ! LE GÉNÉRAL. C’est l’amor qu’il parle par ma bouche porqué c’est là qué yo voudrais vivre ! Porqué la champre de la peauté qué l’on l’aime, il est comme le... comme le... Se levant. Pardon, oun moment, oun moment ! LUCETTE, à part, railleuse. Ah ? bon ! 81

GEORGES FEYDEAU<br />

LE GÉNÉRAL, bien naïvement.<br />

Yo vais vous dire ; dans moun pays, yo le parlais bienn ; ici, yo<br />

no sais porqué, yo le parlé mal.<br />

LUCETTE, riant.<br />

Ah ! c’est ça ! asseyez-vous donc !<br />

LE GÉNÉRAL, exalté.<br />

Yo ne pouis pas ! Defant vous, yo no pouis être assisse qu’à<br />

chénoux.<br />

Il s’agenouille devant elle.<br />

Fous l’est la divinité qué l’on s’achénouille là devant... oun<br />

sainte qué l’on adore...<br />

LUCETTE.<br />

Ah ! Général !<br />

LE GÉNÉRAL, froidement.<br />

Où il est votre chambre ?<br />

LUCETTE, suffoquée.<br />

Hein ?<br />

LE GÉNÉRAL, avec passion.<br />

Yo diss : où il est votre chambre ?<br />

LUCETTE.<br />

Mais, Général, en voilà une question !<br />

LE GÉNÉRAL.<br />

C’est l’amor qu’il parle par ma bouche porqué c’est là qué yo<br />

voudrais vivre ! Porqué la champre de la peauté qué l’on<br />

l’aime, il est <strong>com</strong>me le... <strong>com</strong>me le...<br />

Se levant.<br />

Pardon, oun moment, oun moment !<br />

LUCETTE, à part, railleuse.<br />

Ah ? bon !<br />

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