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Les diagnostics locaux de sécurité - Une étude comparée, pour ...

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<strong>Les</strong> <strong>diagnostics</strong> <strong>locaux</strong> <strong>de</strong> <strong>sécurité</strong><br />

<strong>Une</strong> étu<strong>de</strong> <strong>comparée</strong>, <strong>pour</strong> mieux comprendre et mieux agir<br />

La <strong>de</strong>uxième raison rési<strong>de</strong> dans la complexité croissante du phénomène. Parallèlement à la transition<br />

<strong>de</strong> la société vers la postmo<strong>de</strong>rnité et la mondialisation, les problèmes liés à la <strong>sécurité</strong> <strong>de</strong>venaient <strong>de</strong><br />

plus en plus ardus. Il ne suffisait plus d’étudier les variables traditionnelles comme les chiffres <strong>de</strong> la<br />

criminalité ou l’activité <strong>de</strong> la justice pénale <strong>pour</strong> connaître les atteintes à la <strong>sécurité</strong> et, surtout, les<br />

mesures les mieux à même d’y répondre. Pour faire face à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante <strong>de</strong> protection<br />

contre les « risques » sociaux 3 , il <strong>de</strong>venait nécessaire d’intégrer à l’analyse <strong>de</strong> la <strong>sécurité</strong> <strong>de</strong>s aspects<br />

aussi divers que les acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la route, les incivilités ou le sentiment d’in<strong>sécurité</strong>, ainsi que l’état <strong>de</strong><br />

l’offre <strong>de</strong> <strong>sécurité</strong> avant <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s nouvelles actions publiques. Nous verrons néanmoins que <strong>de</strong>s<br />

différences importantes vont apparaître d’un pays à l’autre sur la façon d’appréhen<strong>de</strong>r le phénomène<br />

<strong>de</strong> la <strong>sécurité</strong> et <strong>de</strong> le « diagnostiquer ».<br />

La troisième raison est en étroite relation avec les précé<strong>de</strong>ntes : la société civile est <strong>de</strong>venue un<br />

partenaire à part entière <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> <strong>sécurité</strong>, non seulement parce que <strong>de</strong> nombreuses<br />

associations ont investi le champ <strong>de</strong> la prévention et la <strong>sécurité</strong>, mais aussi et surtout parce que l’avis<br />

<strong>de</strong> la société civile, en tant que sujet du sentiment d’in<strong>sécurité</strong>, est <strong>de</strong>venu fondamental, notamment. Il<br />

faut souligner, comme l’ont fait quelques-uns, que dans cette nouvelle considération <strong>de</strong> la société<br />

civile s’exprime une tendance originale, propre aux sociétés postindustrielles, au renforcement <strong>de</strong> la<br />

démocratie participative fondée sur la citoyenneté qui dépasse les sphères traditionnelles auxquelles<br />

elle avait été circonscrite pendant <strong>de</strong>s décennies, c’est-à-dire « l’élection ou la délégation 4 ».<br />

En somme, l’État et les pouvoirs <strong>locaux</strong> ne peuvent plus se permettre, dans cette nouvelle dynamique<br />

sociale, d’exécuter. Ils doivent aussi rendre compte <strong>de</strong> ce qu’ils font et <strong>de</strong> <strong>pour</strong>quoi ils le font. Ils<br />

doivent consulter et associer. Et cela, surtout dans ce qui est <strong>de</strong>venu le nouveau sujet sensible <strong>pour</strong> les<br />

opinions publiques <strong>de</strong>s sociétés développées : la <strong>sécurité</strong>.<br />

C’est ainsi que les <strong>diagnostics</strong> <strong>de</strong> <strong>sécurité</strong> <strong>de</strong>viennent, dans beaucoup <strong>de</strong> pays, un préalable à la mise<br />

en place <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> <strong>sécurité</strong> et <strong>de</strong> prévention. Et tant mieux car, en tant que prérogative<br />

régalienne <strong>de</strong> l’État, la <strong>sécurité</strong> est restée trop longtemps une chasse gardée du système traditionnel <strong>de</strong><br />

justice. Tandis que la santé, l’éducation, les transports et l’économie appelaient souvent à <strong>de</strong>s audits ou<br />

à <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> « diagnostic » avant <strong>de</strong> mettre en place <strong>de</strong> nouveaux programmes ou <strong>de</strong> nouvelles<br />

politiques, il n’en a souvent rien été <strong>pour</strong> ce qui est <strong>de</strong> la <strong>sécurité</strong>. Comme c’est le cas encore <strong>pour</strong><br />

certains secteurs tels que la prison ou la police.<br />

Tout cela explique entre autres choses, cette nouvelle orientation <strong>de</strong>s politiques publiques dans le<br />

domaine. Ainsi, en 1997, la France adoptait un cadre juridique où les <strong>diagnostics</strong> constituaient un<br />

préalable à la signature <strong>de</strong>s nouveaux contrats <strong>locaux</strong> <strong>de</strong> <strong>sécurité</strong> (CLS). L’Angleterre suivra avec<br />

l’adoption, en 1998, du Crime & Disor<strong>de</strong>r Act qui rend obligatoire la réalisation <strong>de</strong> <strong>diagnostics</strong> —<br />

appelés audits — afin <strong>de</strong> déterminer les stratégies à suivre <strong>pour</strong> réduire le crime et les incivilités. La<br />

Belgique fera <strong>de</strong> même en adoptant en 2001 un dispositif qui crée les nouveaux contrats <strong>de</strong> <strong>sécurité</strong> et<br />

<strong>de</strong> prévention, résultat d’une vaste évaluation <strong>de</strong>s politiques mises en place par les anciens contrats <strong>de</strong><br />

société et <strong>sécurité</strong>, ce pays faisant partie <strong>de</strong> ceux qui privilégient l’évaluation au diagnostic. Nous<br />

verrons que <strong>de</strong>ux autres pays faisant également l’objet <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, l’Australie et la Nouvelle-<br />

3. Qui à son tour renverrait à la société du risque décrite par Beck (1984).<br />

4. Voir à ce sujet, entre autres, le numéro <strong>de</strong> juin 2002 <strong>de</strong> la revue Transversales, Refon<strong>de</strong>r la démocratie, notamment<br />

l’article <strong>de</strong> Roger Sue.<br />

2 Institut national <strong>de</strong> santé publique du Québec<br />

Centre international <strong>pour</strong> la prévention <strong>de</strong> la criminalité<br />

Ministère <strong>de</strong> la Sécurité publique du Québec

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