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III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

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Cette honte que <strong>la</strong> Chiffa avait bien méritée dépassa<br />

l’imaginable. Les enfants <strong>la</strong> poursuivirent et lui jetèrent des<br />

pierres, les commères sur le pas de leurs portes l’insultaient, les<br />

hommes se moquaient d’elle et ceux pour qui elle avait eu des<br />

sourires se détournaient comme s’ils ne l’avaient jamais connue.<br />

Personne ne vint à son secours, personne n’eut pitié d’elle. On <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>issait aller cahin-caha, soulevant son pied de fer, retombant,<br />

trébuchant, glissant, se relevant et repartant avec son sautillement<br />

étrange de petit oiseau dont les ailes sont coupées, qui a<br />

une patte cassée et qui retombe toujours sur le même côté.<br />

Elle ne disait pas un mot. Elle ne geignait pas. Elle avait<br />

hâte d’arriver à cet endroit où elle pensait bien trouver quelqu’un<br />

qui <strong>la</strong> vengerait.<br />

Au fait le vicomte de Mentana se trouvait à <strong>la</strong> mairie avec<br />

Graissessac et Bertomieu et ils attendaient <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong>. La rumeur<br />

publique leur fit mettre le nez à <strong>la</strong> fenêtre et, s’ils ne virent<br />

point l’aubergiste, ils aperçurent <strong>la</strong> Chiffa et son cortège !<br />

Ils se précipitèrent pour recevoir <strong>la</strong> malheureuse qui, dans<br />

un dernier effort, s’en vint rouler jusque dans le vestibule de<br />

l’hôtel de ville. Quand ils virent le soulier de fer, les trois<br />

hommes firent entendre des cris de protestation indignés. On<br />

ferma les portes et on délibéra.<br />

Évidemment il n’y avait plus séquestration. Mais il y avait<br />

sévices graves ! Graissessac, profitant de l’état de rage de <strong>la</strong><br />

Chiffa, <strong>la</strong> suppliait de dévoiler tous les secrets de <strong>la</strong> bande. Il ne<br />

tenait qu’à elle, disait-il, que Tibério et <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> fussent coffrés<br />

pour de longues années, peut-être envoyés au bagne et<br />

peut-être plus loin encore.<br />

Le malheur était qu’en dehors des faits de contrebande qui<br />

étaient de notoriété publique, elle ne savait rien. Tibério ne lui<br />

disait rien. Elle n’avait jamais pénétré dans les fameuses grottes<br />

où les bandits dissimu<strong>la</strong>ient le fruit de leurs rapines et de leurs<br />

crimes.<br />

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