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III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

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hauts talons, allumant le strass de leurs boucles tour à tour aux<br />

f<strong>la</strong>mmes du foyer et aux étincelles de l’enclume.<br />

Chaque fois que Tibério levait son marteau, Graissessac,<br />

qui avait fait deux pas dans <strong>la</strong> forge, s’accrochait au mur. La vision<br />

de <strong>la</strong> figure d’épouvante de <strong>la</strong> Chiffa, à ras de terre, comme<br />

décapitée derrière ses barreaux, achevait de lui enlever le peu de<br />

courage dont il disposait.<br />

Le cabaretier n’avait point quitté <strong>la</strong> porte. Il faisait déjà<br />

signe à Graissessac de venir le rejoindre. N’en avaient-ils pas assez<br />

vu ?<br />

Tout à coup le forgeron cessa de forger, <strong>la</strong> Chiffa cessa de<br />

hurler et il se fit un grand silence.<br />

Tibério avait jeté son marteau et regardait Graissessac les<br />

bras croisés, l’air mauvais.<br />

– Mon ami, lui dit en tremb<strong>la</strong>nt le secrétaire de <strong>la</strong> mairie,<br />

avez-vous réfléchi à ce que vous faites ?<br />

Tibério répondit par un furieux éc<strong>la</strong>t de rire.<br />

– Et vous ? fit-il en marchant sur Graissessac qui, au fur et<br />

à mesure, recu<strong>la</strong>it, et vous, mon ami, avez-vous réfléchi à ce que<br />

vous faites en franchissant ma porte malgré moi ? La porte du<br />

foyer conjugal ! Je suis ici chez moi ! Il n’y a pas de Graissessac<br />

au monde qui ait le droit de m’y venir déranger !… Tout emp<strong>la</strong>strat<br />

que vous êtes, vous devriez ne point ignorer qu’il est mauvais<br />

de s’engerir dis cauva dei autre (se mêler des affaires<br />

d’autrui) !<br />

La figure de Tibério était devenue si menaçante que Bertomieu<br />

s’écria en attrapant le bras de Graissessac :<br />

– Attention, monsieur Graissessac ! Es d’un natural colerico<br />

! (Il est d’un naturel colérique !)<br />

– 470 –

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