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III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

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M. Graissessac rougit, toussa et finit par dire :<br />

– Eh bien, donc, j’irai tout seul !… Ce Tibério ne me fait pas<br />

peur !<br />

La vérité était qu’il en tremb<strong>la</strong>it d’avance ; ce qui n’était<br />

point susceptible, du reste, de le faire changer de résolution.<br />

Depuis beau temps il savait que son courage s’accompagnait de<br />

sueurs froides. Ce Graissessac, conquérant sa commune, était<br />

un type dans le genre d’Henri IV conquérant son royaume.<br />

Cependant, après le déjeuner, il accepta avec empressement<br />

l’offre que lui fit Bertomieu de l’accompagner. Le cabaretier<br />

en prenant sa part de l’expédition savait ce qu’il faisait et<br />

pensait bien que son établissement ne désemplirait point de <strong>la</strong><br />

soirée.<br />

Tant est qu’ils arrivèrent aux Quatre-Chemins vers les trois<br />

heures… Mais depuis quelques minutes déjà, ils entendaient le<br />

bruit que faisait Tibério dans son atelier. Le cœur de Graissessac<br />

en frémissait comme s’il eût servi d’enclume aux coups forcenés<br />

de ce Vulcain qui travail<strong>la</strong>it sans doute à forger des<br />

chaînes à son épouse infidèle ou quelque nouveau filet de fer<br />

destiné à venger son infortune. Avant d’atteindre ce seuil redoutable,<br />

Graissessac s’arrêta comme épuisé… et ce fut Bertomieu<br />

qui prit sur lui de secouer <strong>la</strong> porte en appe<strong>la</strong>nt Tibério. Celui-ci<br />

ne parut point entendre ou fit tout comme. Les coups reprirent<br />

avec une rage décuplée et l’on perçut <strong>la</strong> voix de <strong>la</strong> Chiffa qui<br />

hur<strong>la</strong>it à <strong>la</strong> mort comme si on lui broyait les os.<br />

Bertomieu redoub<strong>la</strong> ses efforts et le haut de porte finit par<br />

céder. Alors l’homme n’eut plus qu’à se baisser pour tirer le verrou<br />

intérieur ; le bas de porte lui-même s’ouvrit.<br />

Le forgeron ne s’était même point retourné. Il continuait de<br />

travailler à sa besogne d’enfer. Sur <strong>la</strong> sellette à côté de lui, les<br />

deux petits souliers de satin étaient toujours posés sur leurs<br />

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