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III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

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sortie derrière moi… ça ne fait pas l’ombre d’un doute !… C’est<br />

moi qu’elle suivait !… qu’elle croyait suivre, entendez bien !…<br />

Elle m’a peut-être suivi en réalité un moment… et puis elle m’a<br />

perdu, puisqu’elle a continué sa route du côté du Rospo… tandis<br />

que je descendais vers <strong>la</strong> Bijiou.<br />

– Vous le dites, interrompit le juge, mais rien, malheureusement<br />

pour vous, ne nous oblige à vous croire !…<br />

– Comment me croiriez-vous, puisque mon enfant ellemême<br />

ne me croit pas ? gémit <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> en se relevant et en<br />

repoussant du geste Canzonette qui se cramponna alors à lui<br />

éperdument.<br />

– Je te crois, papa ! je te crois !… J’ai entendu ta voix !… je<br />

t’ai entendu, mon papa, je te crois !…<br />

Et elle se rou<strong>la</strong>it à ses pieds, elle entourait ses genoux de<br />

ses petites mains démentes.<br />

– Qu’on en finisse ! dit <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> en tendant ses poignets,<br />

arrêtez-moi : ma fille m’a cru coupable ! Arrêtez-moi !…<br />

Le mouvement était si spontané, <strong>la</strong> douleur de cet homme<br />

si profonde et l’aspect de son visage si auguste que tous en furent<br />

frappés. Le juge, à nouveau, fut ébranlé. Certes non ! cet<br />

homme n’avait point l’air d’un coupable !… Et si Graissessac<br />

n’affirmait point l’avoir formellement reconnu…<br />

Canzonette, alors, rassemb<strong>la</strong>nt ses dernières forces,<br />

s’agrippait à ce père qui semb<strong>la</strong>it ne plus <strong>la</strong> connaître, se haussait<br />

jusqu’à lui, jusqu’à sa figure qu’elle saisit à pleines mains et<br />

jetait cette phrase qui fit couler des <strong>la</strong>rmes à tous :<br />

– Je te crois, mon papa !… Je crois tes yeux !… Je ne crois<br />

plus les miens !…<br />

À ce moment, il y eut dans <strong>la</strong> cour un grand bruit de querelle<br />

et l’on entendit distinctement <strong>la</strong> voix de Filippi qui criait :<br />

– 380 –

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