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III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

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faudrait point croire que, parce qu’il s’était « <strong>la</strong>issé aller définitivement<br />

au pardon », <strong>la</strong> paix fût entrée dans son cœur !… Jamais<br />

il n’avait été aussi malheureux !<br />

À une âme aussi inquiète et aussi superstitieuse, il eût fallu<br />

un signe sûr. Combien de fois l’avait-il cherché, l’avait-il réc<strong>la</strong>mé<br />

de <strong>la</strong> divinité et même du moindre incident sur son chemin !<br />

Car il y a des choses qui ne trompent point et qui sont<br />

comme des avertissements du ciel. Les anciens n’avaient que<br />

quatre sortes d’augures par l’air, l’eau, le feu et <strong>la</strong> terre ; faut-il<br />

les p<strong>la</strong>indre ? Tout est augure, tout devient présage pour un<br />

Corse moderne en état de vendetta.<br />

Ah ! un signe sûr ! Que n’eût-il donné pour un signe sûr ?…<br />

Ainsi en était-il de ce malheureux lorsque, par un de ces<br />

hasards qui font réfléchir même les gens les plus raisonnables,<br />

le livre qu’il avait devant lui s’ouvrit soudain sous <strong>la</strong> poussée de<br />

ses mains crispées, en prière, mais impatientes… et aussitôt <strong>la</strong><br />

première ligne qui lui tomba sous les yeux fut celle-ci : « Tu ne<br />

tueras point. »<br />

Ce fut comme un éblouissement. Les lettres fatales apparues<br />

au mur de Balthazar ne causèrent pas plus d’horreur au<br />

dernier roi de Babylone que ces quatre mots du Décalogue<br />

n’apportèrent de sublime allégresse au cœur inquiet de l’abbé<br />

Pasquale. Il se souleva dans un mouvement de joie qui le faisait<br />

trembler. Il prit le livre. Il relut cette phrase divine. Il <strong>la</strong> répétait<br />

tout haut, sans se <strong>la</strong>sser. Il essuyait son front en sueur. Il pleurait.<br />

Oui, de douces <strong>la</strong>rmes cou<strong>la</strong>ient jusque dans le sillon de sa<br />

bouche, sur ses joues qui avaient conservé <strong>la</strong> trace de tant de<br />

souffrances intimes, de si douloureux combats.<br />

Comment eût-il pu penser une seconde qu’un événement<br />

qui répondait si bien et si heureusement à d’aussi désespérés et<br />

incessantes prières fût purement fortuit ? L’abbé Pasquale était<br />

tout le contraire d’un impie et il y aurait eu de l’impiété à douter<br />

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