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III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

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Elle appe<strong>la</strong> encore et d’une façon désespérée : « Papa ! papa<br />

! » Entendit-il, cette fois-ci ?… Tant est qu’il se mit presque à<br />

courir, fuyant vers le Rospo.<br />

Canzonette, sans prendre aucune précaution pour cacher<br />

sa sortie, descendit dans <strong>la</strong> cour, traversa le verger, eut le bonheur<br />

de trouver <strong>la</strong> porte ouverte, et s’é<strong>la</strong>nça dans <strong>la</strong> campagne.<br />

Elle était vêtue comme un ange de ses voiles qui lui faisaient<br />

deux ailes b<strong>la</strong>nches… Mais elle ne sentait point le froid, et elle<br />

courait… elle courait… Elle vit <strong>la</strong> silhouette de <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> pénétrer<br />

sous les premières futaies de <strong>la</strong> forêt du Rospo. Il n’était<br />

pas à plus de deux cents mètres, mais elle n’appe<strong>la</strong>it point. Elle<br />

avait même peur qu’il se retournât. S’il al<strong>la</strong>it se remettre à fuir,<br />

comme tout à l’heure ! Elle avait beau être un petit ange et avoir<br />

des ailes, <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> l’eût vite <strong>la</strong>issée derrière lui avec ses<br />

longues pattes de chasseur de chamois…<br />

Elle ne fut à peu près tranquille que lorsqu’elle eut, à son<br />

tour, franchi <strong>la</strong> lisière de <strong>la</strong> forêt, ce qui arriva sans qu’elle eût<br />

perdu de vue l’ombre du grand manteau qui s’allongeait sur <strong>la</strong><br />

route. Le vent avait chassé les gros nuages qui, toute <strong>la</strong> journée,<br />

avaient menacé d’une lourde averse le pays d’Ena ; le ciel, bien<br />

nettoyé, arrondissait au-dessus du paysage lunaire son dôme<br />

d’argent lumineux. Canzonette n’avait point peur. C’était un<br />

sentiment qui, du reste, lui était à peu près inconnu. Elle ne<br />

tremb<strong>la</strong>it que de <strong>la</strong> crainte d’être surprise dans sa poursuite<br />

avant qu’elle eût mené à bien son entreprise, qui était de se renseigner<br />

une fois pour toutes sur les étranges re<strong>la</strong>tions de son<br />

père et de l’abbé Pasquale. Elle tremb<strong>la</strong>it aussi de froid malgré<br />

sa course rapide, mais nous avons dit que de ce<strong>la</strong> elle ne<br />

s’apercevait point.<br />

Plus elle al<strong>la</strong>it, plus son trouble intérieur était extrême. Elle<br />

ne pouvait comprendre que s’il devait arriver du mal de tout ceci,<br />

le prêtre se fût servi d’elle comme messagère, et cette idée à<br />

<strong>la</strong>quelle elle répugnait de s’arrêter était bien capable de modifier<br />

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