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III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

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Et il s’instal<strong>la</strong> non, loin de là, à une petite table d’où il pouvait<br />

surveiller le porche de l’hôtellerie.<br />

Il pensait bien que <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> ne serait pas longtemps à<br />

en sortir. Il se trompait… Cependant, il ne fut pas peu étonné,<br />

lui qui attendait <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong>, de voir sortir cinq minutes plus<br />

tard M. Ovil<strong>la</strong>.<br />

Qu’est-ce que M. Ovil<strong>la</strong> pouvait être venu faire à l’hôtellerie<br />

de La Table Ronde dont <strong>la</strong> clientèle ordinaire n’était que de<br />

paysans et de marchands de bestiaux ? Voilà une question que<br />

Filippi se posait encore deux heures plus tard… en continuant<br />

d’attendre son <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> qui s’obstinait à ne point paraître.<br />

Le douanier revint à Ena tout songeur. À quoi pensait-il ? À<br />

qui pensait-il ?…<br />

Car <strong>la</strong> petite enquête qu’il s’était décidé en fin de compte à<br />

faire à l’hôtellerie même n’avait point résolu cette obscurité : Un<br />

<strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> qui entre et qui ne sort plus, un Ovil<strong>la</strong> qui sort et<br />

qu’on n’a pas vu entrer !…<br />

Filippi en était resté là de son étrange préoccupation quand<br />

une aventure sensationnelle vint mettre le comble à sa perplexité.<br />

Ce serait peu connaître l’état d’âme des petites agglomérations<br />

que d’imaginer que <strong>la</strong> fin de ce procès où s’étaient rencontrés<br />

les partisans de <strong>Tue</strong>-<strong>la</strong>-<strong>Mort</strong> et les amis de M. Ovil<strong>la</strong> al<strong>la</strong>it<br />

marquer <strong>la</strong> clôture des hostilités. Les rancunes, au contraire,<br />

n’avaient fait que s’accroître par le contentement des uns et <strong>la</strong><br />

déconvenue des autres ; et elles ne perdraient pas une occasion<br />

de se manifester. Les jours de marché, particulièrement, devenaient<br />

des jours de bataille.<br />

Ces heures de mésintelligence entre les citoyens n’étaient<br />

point perdues pour tout le monde. Depuis quelque temps, à <strong>la</strong><br />

faveur du trouble qui régnait dans le pays, des vols étaient<br />

commis avec une audace stupéfiante, et toujours avec impunité.<br />

Les victimes, en effet, osaient à peine se p<strong>la</strong>indre, et quand on<br />

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