07.07.2013 Views

III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

III Tue-la-Mort - Bibliothèque numérique romande

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Nous croyons que le dernier descendant de <strong>la</strong> race royale<br />

des Montalti ne trichait pas, mais ce soir-là il gagnait autant que<br />

s’il avait triché et, pour ses partenaires, le résultat était le même.<br />

Paolo se présenta, victime résignée. Le dicton est solide :<br />

« Malheureux au jeu, heureux en amour. » Il était heureux en<br />

amour. Diane refusait de le tromper, même avec son mari : il fut<br />

malheureux au jeu et comment !<br />

Nous ne donnerons point le détail des parties qui se succédèrent,<br />

ni de <strong>la</strong> façon dont elles furent conduites. Qu’il suffise de<br />

savoir que commencées suivant l’usage de <strong>la</strong> manière <strong>la</strong> plus<br />

anodine, avec une « re<strong>la</strong>nce » limitée d’abord, puis avec une<br />

« cave » restreinte… elles s’achevèrent à l’aurore dans des proportions<br />

telles que chacun eut le loisir de perdre autant que le<br />

prince Jean lui-même le pouvait désirer.<br />

Quand Paolo se leva, non seulement il avait vidé ses<br />

poches, mais il devait sur parole au dernier descendant des<br />

Montalti, race royale, <strong>la</strong> somme de cinquante mille francs qu’il<br />

s’était engagé sur l’honneur à payer avant midi… Non point que<br />

ce Montalti eût été assez ma<strong>la</strong>ppris pour avertir son débiteur<br />

qu’il ne lui accordait que ce terme rapproché, mais personne<br />

n’ignore que <strong>la</strong> seule dette qui soit sacrée et qui ne puisse attendre<br />

que <strong>la</strong> moitié du jour est <strong>la</strong> dette de jeu…<br />

Si au moins Paolo, qui n’avait joué que pour ne point penser<br />

à Diane et à Ovil<strong>la</strong>, avait vu, pendant ces heures si chères,<br />

cesser son tourment, peut-être n’y aurait-il eu que demi-mal !<br />

En tout cas, ces cinquante mille francs auraient servi à quelque<br />

chose, mais pendant tous les « pott » et pendant tous les<br />

« blind » il n’avait songé qu’à eux ! Leur double image l’avait<br />

hanté de <strong>la</strong> façon <strong>la</strong> plus ardente en même temps que <strong>la</strong> plus désagréable…<br />

ce qui n’avait certainement point manqué de lui enlever<br />

ses moyens dans une partie pleine d’astuce qui exige une<br />

attention soutenue de tous les instants…<br />

– 208 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!