avril 2001 - Société Chimique de France

avril 2001 - Société Chimique de France avril 2001 - Société Chimique de France

societechimiquedefrance.fr
from societechimiquedefrance.fr More from this publisher
07.07.2013 Views

Déroulement : Compte rendu du Séminaire N°6 de Gastronomie moléculaire INRA/Collège de France/ ESCF Du 12 avril 2001 I. Introduction : On rappelle que les personnes qui présentent des résultats ou les communiquent pour ces comptes rendus sont responsables des informations données. La publication dans ces comptes rendus s’effectue sans approbation de rapporteurs. II. Présentation de résultats relatifs aux questions posées lors des précédents séminaires. II.1 A propos du sel sur la viande II.1.1 Expérience effectuée par Rolande Ollitrault, Marie-Paule Pardo et Hervé This Objectifs : On poursuit une étude au microscope électronique à balayage, avec analyse aux rayons X, afin de savoir : 1. Si le sel entre dans la viande quand il est mis sur la viande avant de cuisson 2. Si les viandes salées avant ou après cuisson perdent différemment du jus. Matériels et méthodes : On teste des morceaux de viande bovine Charal, 316 g, tranche, à déguster à partir du 15.03.01 jusque’au 30. 03. 01, sous la forme de deux tranches de 1,0 à 1,2 cm d’épaisseur, fibres perpendiculaires au plan de coupe. Les expériences sont réalisées le 20/03/01. A l’ouverture de la barquette, beaucoup de jus s’écoule. On laisse les deux morceaux de viande sur du papier absorbant, pour les sécher, et ils continuent à perdre du jus. La viande a un bel aspect, elle est d’un joli rouge. On attend afin que les morceaux (sortis du réfrigérateur), soient à température ambiante. Pour l’analyse, on prélève en petit morceau. On coupe les tranches en deux : Partie de gauche de la tranche A : échantillon 1 Partie de droite de la tranche A : échantillon 3 Partie de gauche de la tranche B : échantillon 2 Partie de droite de la tranche B : échantillon 4. Les échantillons 1 et 2 sont salés 2 mn avant cuisson (1g de sel fin fluoré iodé La Baleine) Les échantillons 3 et 4 sont salés après cuisson (1g de sel fin fluoré iodé La Baleine) 1

Déroulement :<br />

Compte rendu du Séminaire N°6<br />

<strong>de</strong> Gastronomie moléculaire<br />

INRA/Collège <strong>de</strong> <strong>France</strong>/ ESCF<br />

Du 12 <strong>avril</strong> <strong>2001</strong><br />

I. Introduction :<br />

On rappelle que les personnes qui présentent <strong>de</strong>s résultats ou les communiquent<br />

pour ces comptes rendus sont responsables <strong>de</strong>s informations données. La publication<br />

dans ces comptes rendus s’effectue sans approbation <strong>de</strong> rapporteurs.<br />

II. Présentation <strong>de</strong> résultats relatifs aux questions posées lors <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts<br />

séminaires.<br />

II.1 A propos du sel sur la vian<strong>de</strong><br />

II.1.1 Expérience effectuée par Rolan<strong>de</strong> Ollitrault, Marie-Paule Pardo et<br />

Hervé This<br />

Objectifs :<br />

On poursuit une étu<strong>de</strong> au microscope électronique à balayage, avec analyse aux<br />

rayons X, afin <strong>de</strong> savoir :<br />

1. Si le sel entre dans la vian<strong>de</strong> quand il est mis sur la vian<strong>de</strong> avant <strong>de</strong> cuisson<br />

2. Si les vian<strong>de</strong>s salées avant ou après cuisson per<strong>de</strong>nt différemment du jus.<br />

Matériels et métho<strong>de</strong>s :<br />

On teste <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> bovine Charal, 316 g, tranche, à déguster à partir<br />

du 15.03.01 jusque’au 30. 03. 01, sous la forme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tranches <strong>de</strong> 1,0 à 1,2 cm<br />

d’épaisseur, fibres perpendiculaires au plan <strong>de</strong> coupe. Les expériences sont réalisées<br />

le 20/03/01.<br />

A l’ouverture <strong>de</strong> la barquette, beaucoup <strong>de</strong> jus s’écoule. On laisse les <strong>de</strong>ux<br />

morceaux <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> sur du papier absorbant, pour les sécher, et ils continuent à<br />

perdre du jus. La vian<strong>de</strong> a un bel aspect, elle est d’un joli rouge. On attend afin que<br />

les morceaux (sortis du réfrigérateur), soient à température ambiante.<br />

Pour l’analyse, on prélève en petit morceau. On coupe les tranches en <strong>de</strong>ux :<br />

Partie <strong>de</strong> gauche <strong>de</strong> la tranche A : échantillon 1<br />

Partie <strong>de</strong> droite <strong>de</strong> la tranche A : échantillon 3<br />

Partie <strong>de</strong> gauche <strong>de</strong> la tranche B : échantillon 2<br />

Partie <strong>de</strong> droite <strong>de</strong> la tranche B : échantillon 4.<br />

Les échantillons 1 et 2 sont salés 2 mn avant cuisson (1g <strong>de</strong> sel fin fluoré iodé<br />

La Baleine)<br />

Les échantillons 3 et 4 sont salés après cuisson (1g <strong>de</strong> sel fin fluoré iodé La<br />

Baleine)<br />

1


Le protocole est le suivant : on pèse tout d’abord la vian<strong>de</strong> crue (on observe<br />

que la balance, à 0,0001 g, ne se stabilise pas, car l’eau s’évapore en continu <strong>de</strong> la<br />

vian<strong>de</strong>). La cuisson est effectuée dans une poêle Téfal sans matière grasse.<br />

* Vian<strong>de</strong> salée avant cuisson :<br />

- salage sur une seule face <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>, répartition du sel aussi homogène que<br />

possible<br />

- attente <strong>de</strong> 2 mn<br />

- cuisson pendant 1 mn <strong>de</strong> chaque côté, en commençant par la face salée<br />

- repos <strong>de</strong> 2 mn sur une assiette garnie <strong>de</strong> papier filtre préalablement pesé<br />

pour recueillir le jus<br />

- pesée <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong><br />

- pesée du jus sur l’assiette.<br />

* Vian<strong>de</strong> salée après cuisson :<br />

- cuisson 1 mn sur chaque face<br />

- salage d’une face <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>, <strong>de</strong> façon homogène, après dépôt sur l’assiette,<br />

garnie <strong>de</strong> papier filtre, préalablement pesée<br />

- vian<strong>de</strong> retournée sur l’autre face<br />

- repos <strong>de</strong> 2 mn<br />

- pesée du jus sur l’assiette.<br />

Une fois les vian<strong>de</strong>s cuites, un échantillon <strong>de</strong> chaque morceau est prélevé pour<br />

analyse X au MEB.<br />

Remarques :<br />

- la vian<strong>de</strong> salée avant cuisson <strong>de</strong>vient grisâtre à la cuisson, et n’est guère<br />

appétissante ; à l’intérieur, elle est bien rouge et saignante<br />

- la vian<strong>de</strong> salée après cuisson est d’aspect bien grillé, rouge et saignante à<br />

coeur<br />

- les vian<strong>de</strong>s se <strong>de</strong>ssèchent lentement.<br />

Cet effet est à rapprocher <strong>de</strong> celui qui s’observe quand on observe du blanc<br />

d’oeuf sur le plat au microscope à force atomique : même à froid, quand un<br />

échantillon est placé sous la pointe du microscope, on voit la surface s’abaisser <strong>de</strong> 75<br />

nanomètres par secon<strong>de</strong>, en raison <strong>de</strong> l’évaporation <strong>de</strong> l’eau du gel chimique que<br />

constitue le blanc d’oeuf cuit.<br />

Notons que cette perte <strong>de</strong> jus correspond à une transformation <strong>de</strong> la texture :<br />

le blanc d’oeuf semble plus caoutchouteux.<br />

Résultats <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> masse :<br />

Échantillon 1 Échantillon 2 Échantillon 3 Échantillon 4<br />

Masse<br />

cuisson<br />

avant 72,3163 64,8073 81,0519 74,1872<br />

Masse du sel 0,9976 0,9961 1,0033 1,0019<br />

Masse totale 73,3139 65,8034 82,0552 75,1891<br />

avant cuisson<br />

Masse après 63,5091<br />

cuisson<br />

52,8913 69,7160 63,5866<br />

2


cuisson<br />

Masse du jus 2,9796<br />

recueilli<br />

2,9906 3,1636 3,9870<br />

Masse totale 66,4887 55,8819 72,8796 67,5736<br />

après cuisson<br />

Perte <strong>de</strong> masse 6,8252 9,92415 9,1756 7,6155<br />

Perte <strong>de</strong> masse 9,30<br />

en %<br />

15,08 11,18 10,13<br />

Résultats <strong>de</strong> l’analyse X par microscopie électronique à balayage :<br />

On indique les pourcentage en masse.<br />

Échantillon 1 Échantillon 2 Échantillon 3 Échantillon 4 Vian<strong>de</strong> crue<br />

Oxygène 77,55 90,01 95,87 90,61 83,97<br />

Sodium 9,91 5,78 0,79 4,64 8,13<br />

Phosphore 2,60 2,87 1,74 1,37 1,7<br />

Soufre 2,13 0,94 1,10 1,41 1,21<br />

Chlore 7,81 0,4 0,50 1,97 4,99<br />

Remarques :<br />

Nous sommes gênés par la forte proportion d’eau dans la vian<strong>de</strong>, comme lors<br />

<strong>de</strong>s expériences précé<strong>de</strong>ntes.<br />

Les vian<strong>de</strong>s cuites à cru contiennent <strong>de</strong> l’aluminium après cuisson, tandis que<br />

celles qui sont cuites avec un corps gras ou du sel n’en contiennent pas. Le sel,<br />

comme l’huile, semblent faire une couche protectrice.<br />

La vian<strong>de</strong> 1 et la vian<strong>de</strong> 2, qui ont subi le même traitement, ne contiennent pas<br />

la même quantité <strong>de</strong> sel. C’est peut-être la perte <strong>de</strong> masse importante <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> 2<br />

qui a entraîné le sel.<br />

Paradoxalement, les vian<strong>de</strong>s salées avant cuisson, puis reposées 2 mn ont un<br />

goût moins salé que les autres salées après cuisson. En outre, elles contiennent moins<br />

<strong>de</strong> sel que la vian<strong>de</strong> crue ! Il est probable que le jus qu'elles per<strong>de</strong>nt entraînerait le<br />

sel, le faisant alors sortir <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. Un dosage du sel dans la vian<strong>de</strong> et dans le jus<br />

conforterait cette hypothèse.<br />

Les étu<strong>de</strong>s par Microscopie Électronique à Balayage ont par ailleurs démontré<br />

que le sel déposé sur une vian<strong>de</strong> ne pénètre pas dans la vian<strong>de</strong>. Ce résultat justifie<br />

que l’on injecte <strong>de</strong> la saumure, en charcuterie, afin <strong>de</strong> saler l'aliment à cœur.<br />

A ce propos, une question adressée aux chefs <strong>de</strong> cuisine fût la suivante :<br />

"Souhaitez-vous toujours que les aliments soient salés à cœur ?"<br />

Cette étu<strong>de</strong> rappelle également le problème <strong>de</strong>s marina<strong>de</strong>s, qui doivent être<br />

très longues pour que la marina<strong>de</strong> pénètre dans l’aliment.<br />

H. This a ainsi mesuré une migration <strong>de</strong> colorant dans un gel <strong>de</strong> gélatine (où la<br />

diffusion est pourtant bien plus rapi<strong>de</strong> que dans la vian<strong>de</strong>) : 12 millimètres par jour<br />

(autrement dit, une marina<strong>de</strong> qui ne dure que dix minutes ne permet qu’une<br />

imprégnation <strong>de</strong> surface).<br />

3


II.1.2 Expériences effectuées par Hervé This et Raphaël Haumont :<br />

Objectif :<br />

On avait précé<strong>de</strong>mment évoqué les pertes <strong>de</strong> jus par les vian<strong>de</strong>s enfouies dans<br />

du sel fin, mais les premières courbes avaient été établies à température ambiante, et<br />

l’on se <strong>de</strong>mandait si le dégorgement serait très différent selon la température.<br />

Protocole :<br />

De nouvelles étu<strong>de</strong>s ont été faites, pour <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> boeuf, coupée<br />

perpendiculairement aux fibres (vian<strong>de</strong> Charal, ten<strong>de</strong> <strong>de</strong> tranche, la même que dans<br />

l’expérience avec Rolan<strong>de</strong> Ollitrault et Marie-Paule Pardot).<br />

Les vian<strong>de</strong>s, couvertes <strong>de</strong> sel fin renouvelé après chaque mesure<br />

(dégorgement maximal), étaient pesées à intervalles réguliers, à <strong>de</strong>ux températures.<br />

Résultats :<br />

Les courbes suivantes ont été obtenues :<br />

1. pour un dégorgement à 43°C :<br />

Masse en grammes<br />

100<br />

90<br />

80<br />

70<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

Vian<strong>de</strong> à 43°C, avec ou sans sel<br />

0 500 1000 1500<br />

Temps en minutes<br />

Masse sans sel<br />

normalisée<br />

Masse avec sel<br />

normalisée<br />

Un agrandissement du début <strong>de</strong> la courbe est donné ci-<strong>de</strong>ssous :<br />

4


100<br />

99,5<br />

99<br />

98,5<br />

98<br />

97,5<br />

97<br />

96,5<br />

96<br />

95,5<br />

Agrandissement<br />

0 5 10 15 20 25 30 35<br />

Masse sans sel normalisée<br />

Masse avec sel normalisée<br />

On observe que le sel tire du jus, conformément à l’idée intuitive.<br />

2. Pour un dégorgement à 95°C :<br />

Masse en grammes<br />

100<br />

80<br />

60<br />

40<br />

20<br />

0<br />

Vian<strong>de</strong> dégorgée à 95°C avec et sans sel<br />

0 200 400 600 800 1000<br />

Temps en minutes<br />

Un agrandissement est donné ci-<strong>de</strong>ssous :<br />

Masse sans sel normalisée<br />

Masse avec sel normalisée<br />

5


masse en grammes<br />

100<br />

99<br />

98<br />

97<br />

96<br />

95<br />

94<br />

93<br />

92<br />

Agrandissement <strong>de</strong> la courbe à 95°C<br />

0 10 20 30<br />

temps en minutes<br />

Masse sans sel normalisée<br />

Masse avec sel normalisée<br />

Cette fois, l’effet inverse est observé, peut-être parce que la croûte <strong>de</strong> sel gêne<br />

l’évaporation <strong>de</strong> l’eau.<br />

II.1.3 A propos du sel :<br />

Une question à été soulevée : le sel <strong>de</strong> Guéran<strong>de</strong>, le sel blanc, celui <strong>de</strong><br />

Noirmoutier ou encore la fleur <strong>de</strong> sel sont utilisés <strong>de</strong> façons diverses en cuisine, et on<br />

leur attribue <strong>de</strong>s effets aromatiques très différents. Pourtant, chimiquement parlant,<br />

NaCl est toujours l'espèce qui sale, quel que soit le sel utilisé. D'où viennent alors ces<br />

différences notables <strong>de</strong> goût ? Des impuretés ? Quelles sont-elles ? Pourrait-on les<br />

i<strong>de</strong>ntifier ? Pourrait-on les introduire en tant que tel dans les mets, si leurs effets sont<br />

intéressants ?<br />

La question est laissée à l’initiative expérimentale <strong>de</strong> chacun.<br />

II.2. A propos <strong>de</strong> la cuisson du chou-fleur<br />

II.2.1. Cuisson vapeur :<br />

Pierre Dominique Cécillon apporte un chou-fleur cuit en sous vi<strong>de</strong>, à la<br />

vapeur. Le chou-fleur est enfermé dans un sac plastique, car il a été cuit sous vi<strong>de</strong>.<br />

Après ouverture du sachet, une o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> chou-fleur apparaît.<br />

II.2.2 Relations arôme-saveur, étudiées par René Le Joncour :<br />

Il avait été signalé que l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> chou-fleur, à la cuisson, était signe <strong>de</strong> goût<br />

du produit.<br />

Le chou-fleur a subit diverses formes <strong>de</strong> cuisson et à été fait goûté par une<br />

classe <strong>de</strong> BAC professionnel, au Lycée Jean Quarré.<br />

Cuits dans <strong>de</strong> l'eau bouillante avec une teneur en jus <strong>de</strong> citron <strong>de</strong> 5%, le choufleur<br />

conserve sa couleur blanche initiale, mais il n’a ni goût ni o<strong>de</strong>ur.<br />

Une cuisson <strong>de</strong> 6 mn dans <strong>de</strong> l'eau bouillante salée (5L d'eau, 50g <strong>de</strong> sel)<br />

provoque chez les élèves une sensation <strong>de</strong> "trop fort en goût"<br />

6


Une cuisson <strong>de</strong> 13 mn dans <strong>de</strong> l'eau bouillante salée (5L d'eau, 50g <strong>de</strong> sel)<br />

provoque chez les élèves une sensation "d'absence goût".<br />

Les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières observations semblent indiquer que le goût disparaît avec<br />

le temps <strong>de</strong> cuisson. Pourtant, il a été constaté que le goût <strong>de</strong> chou-fleur apparaissait<br />

au bout d'un certain temps <strong>de</strong> cuisson. Autrement dit, il existerait une durée <strong>de</strong><br />

cuisson critique, optimale pour développer pleinement le goût.<br />

II.3 Les blancs battus en neige<br />

II. 3 1. Reçu <strong>de</strong> Jacques Adda :<br />

« J’ai interrogé mes collègues <strong>de</strong> Rennes sur le blanc d’oeuf. Ils avouent ne pas<br />

avoir d’explications à bien <strong>de</strong>s phénomènes observés. Le maintient du blanc d’oeuf à<br />

température ambiante et même plus élevée (48 heures à 40°C) assure une <strong>de</strong>struction<br />

<strong>de</strong>s micro-organismes, mais pour <strong>de</strong>s raisons peu claires (le lysozyme n’explique pas<br />

tout). Cela toutefois laisse place à une éventuelle production <strong>de</strong> toxines, ce qui justifie<br />

l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vétérinaires qui s’opposent à l’utilisation du blanc d’oeuf en report.<br />

D’autre part, on ne s’explique pas bien pourquoi ce report favorise la prise <strong>de</strong><br />

mousse. Il ne semble pas qu’il y ait réellement protéolyse. D’ailleurs le blanc d’oeuf<br />

résiste assez bien à la protéolyse. Si on veut la réaliser, il faut utiliser <strong>de</strong>s enzymes<br />

musclées comme la papaïne. Ils se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt si la lyse microbienne ne libère pas,<br />

soit <strong>de</strong>s protéases spécifiques, soit <strong>de</strong>s lipases qui détruisent les traces <strong>de</strong> lipi<strong>de</strong>s qui<br />

existent toujours, améliorant les propriétés fonctionnelles.<br />

Ils indiquent enfin que les protéines du blanc d’oeuf sont très sensibles à<br />

l’action <strong>de</strong> l’air qui provoque leur dénaturation partielle, ce qui favorise la mousse.<br />

Certains industriels pratiquent, paraît-il, à cet effet, un traitement mécanique léger en<br />

vue <strong>de</strong> favoriser la prise <strong>de</strong> mousse ultérieure ».<br />

II. 3. 2 Expériences effectuées par Vincent Bricout :<br />

Objectif :<br />

On a voulu étudier l’influence <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong>s blancs d’oeufs sur la mousse<br />

produite.<br />

Matériels et métho<strong>de</strong>s :<br />

Matériel : 1 fouet à pâtisserie longueur hors manche 15 cm, diamètre 7 cm, 12<br />

branches ; 1 grand saladier en inoxydable ; 6 œufs bio.<br />

Protocole expérimental : Les œufs ont été laissés à une température comprise<br />

entre 13°C et 16°C pendant 8 jours. À 15 jours <strong>de</strong> la date <strong>de</strong> validité <strong>de</strong><br />

consommation, les blancs ont été séparés <strong>de</strong>s jaunes et divisés en 4 parties égales à<br />

l’ai<strong>de</strong> d’une balance. Les blancs étaient conservés <strong>de</strong>hors dans quatre verres, à<br />

l'obscurité. Aucune substance n’a été ajoutée aux blancs lors du battage. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

était effectué à la température <strong>de</strong> 20°C, manuellement, par un gaucher, qui fouettait<br />

toujours dans le même sens. Le battage était poursuivi jusqu’à apparition d’une<br />

texture <strong>de</strong> mousse compacte, jusqu’à ce que l’on puisse retourner le saladier sans que<br />

les blancs tombent, et que la texture soit lisse et sans grain.<br />

Puis, quand les blancs sont montés en neige, on les laisse re<strong>de</strong>scendre au<br />

réfrigérateur (7°C) et on les bat <strong>de</strong>ux jours après, plusieurs fois <strong>de</strong> suite.<br />

Résultats (temps <strong>de</strong> montée dans une pièce à 20°C :<br />

7


Nombre <strong>de</strong> jours Échantillon 1 Échantillon 2<br />

avant la date <strong>de</strong> fin<br />

<strong>de</strong> validité<br />

Échantillon 3 Échantillon 4<br />

15 10 mn<br />

13 9 mn 30s<br />

11 11 mn 10 mn<br />

9 13 mn 14 mn 8 mn<br />

7 Après 25 mn, 11 mn<br />

liqui<strong>de</strong> blanc,<br />

mais<br />

dissocié, qui<br />

12 mn<br />

ne remonte<br />

5<br />

pas en neige<br />

Après 35 mn, 28 mn 22 mn<br />

liqui<strong>de</strong> blanc<br />

3<br />

dissocié, qui ne<br />

remonte pas<br />

Après 30 mn, Après 30 mn,<br />

liqui<strong>de</strong> blanc liqui<strong>de</strong> blanc,<br />

dissocié, qui dissocié, qui ne<br />

ne<br />

pas<br />

remonte remonte pas<br />

1 Après 30 mn,<br />

liqui<strong>de</strong> blanc,<br />

dissocié, qui ne<br />

remonte pas<br />

Remarques effectuées lors du séminaire :<br />

Ces expériences intéressantes apprécient empiriquement l’état <strong>de</strong> la mousse,<br />

laquelle a été obtenue par un battage manuel.<br />

On manque <strong>de</strong> précisions sur les matériels (comment s’est-on assuré que <strong>de</strong>s<br />

parties i<strong>de</strong>ntiques <strong>de</strong> blanc ont été prélevées, pour faire les échantillons, compte tenu<br />

<strong>de</strong> la structure <strong>de</strong>s blancs en zones <strong>de</strong> viscosité différentes, etc.). A cette remarque les<br />

expérimentateurs mentionnent que la répartition en quatre parties égales ne fut pas<br />

facile. En effet, le blanc n’est pas homogène, et il y a <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> différentes<br />

viscosités qu’on ne parvient pas à répartir <strong>de</strong> façon homogène.<br />

Les expériences seront refaites à l’ai<strong>de</strong> d’un robot dont on aura contrôlé la<br />

régularité, ce qui permettra <strong>de</strong> comparer les opérations faites manuellement.<br />

Deuxièmement, l’état final du battage est apprécié à l’oeil, ce qui n’est pas<br />

complètement satisfaisant. Il faut chercher un moyen quantitatif <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r quand les<br />

blancs sont battus.<br />

Troisièmement, on <strong>de</strong>vra répéter les expériences plusieurs fois pour tirer <strong>de</strong>s<br />

conclusions claires. A ce jour, les observations ci-<strong>de</strong>ssus ont été observées <strong>de</strong>ux fois,<br />

par Vincent Bricout et par Sylvie Verrier, avec les mêmes conclusions en ce qui<br />

concerne le temps <strong>de</strong> battage.<br />

8


Quatrièmement, l’état liqui<strong>de</strong> dissocié est-il encore obtenu quand les oeufs<br />

sont dans un récipient clos, sans évaporation? Autrement dit, l’évaporation est elle<br />

un phénomène qui s’agoute au vieillissement <strong>de</strong>s blancs, et aussi à leur battage?<br />

II. 3. 3 Expériences effectuées par Sylvie Verrier :<br />

Objectifs :<br />

Cette étu<strong>de</strong> visait à examiner les propriétés <strong>de</strong> moussabilité <strong>de</strong>s blancs en<br />

fonction <strong>de</strong> leur durée <strong>de</strong> stockage. Des blancs <strong>de</strong> 1 jour, 10 jours, 1 mois et 2 mois<br />

ont été comparés. Il a été mesuré, pour 100 g <strong>de</strong> chacun d'eux, le temps <strong>de</strong><br />

foisonnement (à la main), le volume <strong>de</strong> mousse obtenu, la stabilité (drainage).<br />

L'aspect et la taille <strong>de</strong>s bulles ont été observés visuellement.<br />

Matériels :<br />

Pour chaque essai, 100 g <strong>de</strong> blancs obtenus par clarification à température<br />

ambiante ont été montés au fouet, à la main, par une même personne. Le volume <strong>de</strong><br />

mousse était déterminé à l’ai<strong>de</strong> d’une boite en plastique : on mesurait la hauteur et<br />

on obtenait le volume.<br />

Chaque essai était réalisé trois fois, et la moyenne <strong>de</strong>s résultats est donnée.<br />

Résultats :<br />

Essais 1 2 3 4<br />

Masse <strong>de</strong> 100 100 100 100<br />

l’échantillon (g)<br />

Durée<br />

conservation<br />

<strong>de</strong> 1 jour 10 jours 1 mois 2 mois<br />

<strong>de</strong>s<br />

4°C<br />

blancs à<br />

Temps <strong>de</strong> 2 mn 15 s 2 mn 15 s 2 mn 35 s 2 mn 45 s<br />

foisonnement<br />

Volume<br />

mousse<br />

obtenue<br />

<strong>de</strong> 420 cm3 420 cm3 450 cm3 520 cm3 Aspect <strong>de</strong> la bien ferme, ferme, plus serrée, très légère,<br />

mousse résistante, résistante, moins mousseuse,<br />

blanchâtre blanchâtre résistante, lisse, peu<br />

blanchâtre résistante, très<br />

blanche<br />

Début <strong>de</strong> immédiat après 5 mn après 25 mn après 35 mn<br />

déstabilisation<br />

<strong>de</strong> la mousse<br />

Masse <strong>de</strong> blanc 70 g<br />

re<strong>de</strong>venue<br />

liqui<strong>de</strong> après 20<br />

heures<br />

70 g 60 g 60 g<br />

9


heures<br />

Observations et discussions :<br />

Temps <strong>de</strong> foisonnement. Alors qu'un blanc frais nécessite 2'15'' pour être<br />

monté, il faut 2'45'' pour obtenir un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> foisonnement analogue sur un blanc âgé<br />

<strong>de</strong> 2 mois. Notons que ces durées sont propres aux impressions et sensations <strong>de</strong><br />

l'expérimentateur -qui juge <strong>de</strong> s’arrêter <strong>de</strong> battre quand bon lui semble-, et sont, en ce<br />

sens, subjectives. Des mesures quantitatives seraient souhaitables afin <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s<br />

conclusions soli<strong>de</strong>s.<br />

Remarques du Séminaire :<br />

On ignore la précision <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> masse initiale.<br />

Sachant que les blancs d’oeufs sont composés <strong>de</strong> zones <strong>de</strong> viscosité différentes,<br />

on ignore quelle partie a été retenue ou éliminée (ces différentes parties ont <strong>de</strong>s<br />

moussabilités différentes).<br />

Le battage manuel n’est pas régulier. Pour s’assurer qu’il donne <strong>de</strong>s résultats<br />

constants, il faudrait avoir effectué l’expérience plusieurs fois.<br />

Quelle est la précision <strong>de</strong>s mesures?<br />

Plutôt qu’une masse <strong>de</strong> blanc re<strong>de</strong>venue liqui<strong>de</strong>, pourquoi ne pas avoir<br />

indiqué un volume <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> drainé?<br />

Les propriétés moussantes d'un système (ici, les protéines du blanc d'œuf)<br />

sont différentes selon le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'obtention <strong>de</strong> la mousse : traitement mécanique<br />

(fouet) ou bullage (introduction d'air).<br />

Quand on caractérise les mousses, pourrait-on donner <strong>de</strong>s indications<br />

quantitatives (diamètre <strong>de</strong>s bulles)?<br />

On pourrait aussi mesurer la consistance <strong>de</strong>s blancs pour déterminer quand la<br />

neige est obtenue, sans quoi comment indiquer fiablement le temps <strong>de</strong> foisonnement.<br />

On conclut que l’expérience sera refaite au Laboratoire <strong>de</strong> chimie <strong>de</strong>s<br />

interactions moléculaires du Collège <strong>de</strong> <strong>France</strong>, lequel est notamment équipé d’un<br />

microscope, d’un batteur électrique, d’une balance précise, etc.<br />

Ghislaine Lepetit :<br />

II. 3. 4. Remarques sur la conservation <strong>de</strong>s blancs d’oeufs, par<br />

Les normes d'hygiènes imposées au mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la restauration, et <strong>de</strong> surcroît <strong>de</strong><br />

plus en plus draconiennes, interdisent formellement l'utilisation <strong>de</strong> vieux blancs,<br />

conseillés et utilisés jusqu’alors dans la fabrication <strong>de</strong>s macarons.<br />

Des mesures microbiologiques ont démontré que le taux <strong>de</strong> bactéries présentes<br />

dans le blanc d'œuf décroissait avec sa durée <strong>de</strong> stockage. Néanmoins, les bactéries<br />

disparaissent aux profits <strong>de</strong> redoutables toxines, d'où cette interdiction. Aussi, une<br />

hypothèse possible pour expliquer le volume plus important <strong>de</strong>s blancs en neige<br />

issus <strong>de</strong>s vieux œufs est qu'à la mort <strong>de</strong> ces bactéries, leurs décompositions<br />

libéreraient <strong>de</strong>s enzymes, nommées lipases, qui auraient pour vertu d'éliminer les<br />

traces <strong>de</strong> graisse toujours laissées en quantité infime par le jaune. Cette disparition <strong>de</strong><br />

corps gras améliorerait ainsi la montée <strong>de</strong>s blancs. Ce <strong>de</strong>rnier point reste<br />

10


actuellement un sujet <strong>de</strong> recherche mettant en œuvre d'autres hypothèses et<br />

phénomènes tels que l'interaction protéine-air ou encore le rôle <strong>de</strong> la viscosité et son<br />

évolution au cours du temps.<br />

II. 4 A propos <strong>de</strong>s blancs battus sucrés (meringue)<br />

Quelques données :<br />

Les meringues sont <strong>de</strong>s mousses <strong>de</strong> blancs d'œufs obtenues par battage du<br />

blanc d’œuf avec du sucre. Ce sont <strong>de</strong>s mousses ou dispersions <strong>de</strong> gaz dans un<br />

liqui<strong>de</strong>.<br />

Le blanc d’oeuf est une solution dans l’eau <strong>de</strong> protéines (par <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong><br />

chromatographie, on en i<strong>de</strong>ntifie environ 12 sortes) et <strong>de</strong> divers autres molécules<br />

(vitamine B1, ou thiamine, qui donne la couleur jaune, par exemple).<br />

Le blanc d’oeuf mousse, car les protéines du blanc sont <strong>de</strong> bons agents<br />

tensioactifs. Lors du battage, le fouet introduit <strong>de</strong>s bulles d’air qui sont divisées par<br />

l’action du batteur. Comme les forces <strong>de</strong> pesanteur (qui tirent l’eau vers le bas et<br />

poussent les bulles vers le haut) sont inférieures aux forces <strong>de</strong> tension superficielles,<br />

la mousse est stabilisée.<br />

Trois protéines sont particulièrement importantes :<br />

les globulines (dont le lysozyme), qui sont <strong>de</strong> bons agents moussants<br />

l’ovomucine, qui stabilise la mousse<br />

l’ovalbumine, sensible à la dénaturation thermique, qui assura la stabilité <strong>de</strong><br />

la mousse au cours <strong>de</strong> la cuisson <strong>de</strong> meringues.<br />

L’ajout <strong>de</strong> sucre augmente la viscosité <strong>de</strong> la phase continue, ce qui augmente<br />

la stabilité <strong>de</strong> la mousse et ralentit son écoulement.<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> la conservation <strong>de</strong> l’œuf sur les propriétés moussantes du<br />

blanc d’œuf<br />

Les recettes indiquent que les blancs d’œufs <strong>de</strong> 3 à 4 jours ont un pouvoir<br />

moussant supérieur à celui <strong>de</strong>s oeufs frais.<br />

Le phénomène est attribué à une dégradation <strong>de</strong> l’ovomucine ; à la disparition<br />

du complexe lysozyme-ovomucine, responsable <strong>de</strong> la structure gel du blanc d’œuf ; à<br />

une « liquéfaction » <strong>de</strong> l’albumen.<br />

L’ajout <strong>de</strong> citron ou <strong>de</strong> sel aurait <strong>de</strong> l’effet parce que : les ions H + rompent les<br />

liaisons intramoléculaires faibles, <strong>de</strong> sorte que les protéines se repoussent moins, que<br />

la coagulation <strong>de</strong>s protéines autour <strong>de</strong>s bulles d'air est facilitée, ce qui stabilise la<br />

mousse.<br />

La présence <strong>de</strong> traces <strong>de</strong> jaune ou <strong>de</strong> matières grasses aurait un effet sur la<br />

mousse, parce que les graisses, en se liant aux parties hydrophobes <strong>de</strong>s tensioactifs,<br />

réduiraient la disponibilité <strong>de</strong> ceux-ci pour enrober les bulles d’air, gêneraient<br />

l’établissement du réseau protéique, affaibliraient l’interface eau-air, diminueraient<br />

l’expansion <strong>de</strong> la mousse en fragilisant le film autour <strong>de</strong>s bulles.<br />

II.4.1. Reçu <strong>de</strong> Nathalie Brau, Marie-Pierre Membrives, Aurélie Noel :<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong> la granulométrie du sucre dans les meringues ; travail<br />

effectué à l’ENSBANA (Dijon), avec la collaboration <strong>de</strong> Mesdames Le Meste M. et<br />

Roudaut G. (Février-Mars <strong>2001</strong>)<br />

11


Analyse du problème :<br />

Le sucre augmente la viscosité dans une mousse<br />

+ granulométrie est fine,<br />

+ viscosité est importante (résistance à l'écoulement),<br />

+ résistance du film à la rupture est gran<strong>de</strong>,<br />

donc + la mousse est stable.<br />

Hypothèse :<br />

+ le sucre est fin, + la mousse est stable<br />

Le plus adapté à la fabrication d'une mousse ferme et stable = sucre glace.<br />

Certains cuisiniers conseillent d’ajouter une partie du sucre au début du<br />

battage, et une partie à la fin.<br />

Hypothèses :<br />

Le sucre incorporé juste avant le battage capte l’eau <strong>de</strong>s blanc, ce qui gêne la<br />

constitution <strong>de</strong> la paroi <strong>de</strong>s bulles, déshydrate les protéines. L’augmentation <strong>de</strong><br />

viscosité gênerait la constitution <strong>de</strong> la mousse, mais augmenterait la stabilité.<br />

Le sucre incorporé à la fin sécherait la mousse, donnant <strong>de</strong> la fermeté.<br />

Incorporation en <strong>de</strong>ux fois (au début et à la fin) : les <strong>de</strong>ux intérêts seraient<br />

conjugués (Sucre au début augmente la viscosité et donne <strong>de</strong> la stabilité ; Sucre à la<br />

fin sèche la mousse, ce qui assure la fermeté et n'empêche pas le bon foisonnement).<br />

Matériels et métho<strong>de</strong>s<br />

On utilise 150 g <strong>de</strong> blanc d’oeuf et 75 g <strong>de</strong> sucre par essai.<br />

Les blancs sont battus par 3 batteurs électriques i<strong>de</strong>ntiques.<br />

On effectue neuf essais différents : incorporation au début, à la fin, moitié au<br />

début et moitié à la fin, pour trois sortes <strong>de</strong> sucre (glace, semoule, cristal).<br />

Protocole :<br />

1. élaboration <strong>de</strong> la mousse (temps total <strong>de</strong> battage 5 mn)<br />

2. mesure du foisonnement (volume foisonné – volume avant foisonnement)<br />

pour 100 g <strong>de</strong> blanc d’œuf<br />

3. mesure <strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong> la mousse crue (relevé <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong><br />

exsudée toutes les 15 mn pendant 1 h 30 mn)<br />

4. observations microscopiques <strong>de</strong> dissolution <strong>de</strong>s cristaux <strong>de</strong> sucre<br />

Résultats<br />

1. Sur le foisonnement :<br />

Le foisonnement dépend la viscosité <strong>de</strong> la phase continue et <strong>de</strong> la présence ou<br />

non <strong>de</strong> particules (impuretés).<br />

Effet <strong>de</strong> la granulométrie<br />

+ les cristaux sont fins, + ils se dissolvent facilement, + la viscosité <strong>de</strong> la phase<br />

continue augmente.<br />

Si la phase aqueuse est trop visqueuse, les bulles se forment difficilement ; le<br />

foisonnement est donc moins bon.<br />

12


En théorie, le meilleur foisonnement <strong>de</strong>vrait être obtenu avec le sucre<br />

cristallisé.<br />

Mais en fait, il faut tout <strong>de</strong> même une certaine viscosité pour que les bulles<br />

puissent se former et il ne faut pas qu’il y ait trop <strong>de</strong> cristaux <strong>de</strong> sucre non dissous<br />

susceptibles <strong>de</strong> rompre la paroi <strong>de</strong>s bulles.<br />

Par conséquent, le sucre semoule est le meilleur compromis, car il permet<br />

d’avoir une viscosité suffisante pour que les bulles puissent se former mais pas trop<br />

importante (pour ne pas gêner). De plus, tous les cristaux <strong>de</strong> sucre semoule sont<br />

dissous (résultats <strong>de</strong>s observations microscopiques) donc pas <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> rupture<br />

<strong>de</strong>s parois <strong>de</strong>s bulles.<br />

Remarque : Le sucre semoule utilisé provenait <strong>de</strong> la fin d’un paquet, d’où une<br />

irrégularité <strong>de</strong> la taille <strong>de</strong>s cristaux et <strong>de</strong>s résultats non conformes à ceux attendus. Il<br />

aurait été intéressant <strong>de</strong> renouveler la série <strong>de</strong> manipulations dans <strong>de</strong>s conditions<br />

optimales.<br />

Effet du moment d’incorporation<br />

Si l’incorporation du sucre a lieu au début, la dissolution <strong>de</strong>s cristaux est<br />

efficace et la viscosité <strong>de</strong> la phase continue augmente dès le début du battage.<br />

Si l’incorporation du sucre a lieu à la fin, les cristaux ne sont pas totalement<br />

dissous, ce qui provoque une rupture <strong>de</strong> la paroi <strong>de</strong>s bulles.<br />

Si incorporation <strong>de</strong> la moitié du sucre au début (t = 0 mn) et <strong>de</strong> la moitié à la<br />

fin (t = 4 mn), on a une viscosité <strong>de</strong> départ pas trop importante et les cristaux sont<br />

correctement dissous. Cette alternative constitue le meilleur compromis<br />

envisageable.<br />

Type <strong>de</strong> sucre Moment<br />

d’incorporation<br />

du sucre<br />

Foisonnement<br />

en cm 3<br />

Cristal début 636,9 +<br />

Cristal fin 612,3 +++<br />

Cristal ½ début, ½ fin 637,5 ++<br />

Semoule début 678,6 -<br />

Semoule fin 677,9 -<br />

Semoule ½ début, ½ fin 502,6 -<br />

Glace début 622,1 -<br />

Glace fin 584,5 +++<br />

Glace ½ début, ½ fin 608,4 ++<br />

Quantité <strong>de</strong><br />

cristaux au<br />

microscope<br />

2. Stabilité <strong>de</strong>s mousses obtenues :<br />

+ les cristaux sont fins, + ils se dissolvent bien, + la phase continue est<br />

visqueuse et + la mousse est stable.<br />

Globalement, on peut dire que les mousses obtenues sont très stables (pas <strong>de</strong><br />

drainage avant 30 mn).<br />

En théorie, le sucre glace <strong>de</strong>vrait conduire à la meilleure stabilité. Cependant,<br />

le sucre glace utilisé était un sucre glace du commerce à 3% d’amidon. On ne sait pas<br />

13


si cet amidon est natif ou gélatinisé mais dans l’un ou l’autre <strong>de</strong>s cas, il ne peut<br />

qu’avoir un effet négatif car son addition constitue un apport supplémentaire <strong>de</strong><br />

particules.<br />

Une fois <strong>de</strong> plus, le sucre semoule <strong>de</strong>vrait être le meilleur compromis.<br />

Le moment d’incorporation joue un rôle sur le drainage car il a un effet sur la<br />

viscosité <strong>de</strong> la phase continue. Une incorporation en fin <strong>de</strong> battage provoque la<br />

rupture <strong>de</strong>s bulles.<br />

Le meilleur compromis consiste donc à incorporer la moitié du sucre au début<br />

et l’autre moitié en fin <strong>de</strong> battage.<br />

Conclusion :<br />

Pour obtenir le meilleur compromis stabilité / foisonnement, il faudrait<br />

utiliser du sucre semoule en incorporant la moitié du sucre en début <strong>de</strong> battage et<br />

l’autre moitié en fin <strong>de</strong> battage (à vérifier expérimentalement en éliminant les aléas<br />

opératoires.<br />

En effet cette solution permet d’avoir une viscosité intermédiaire pour la<br />

phase continue et permet une dissolution totale <strong>de</strong>s cristaux <strong>de</strong> sucre (résultats <strong>de</strong>s<br />

observations microscopiques).<br />

L’intérêt d’un bon foisonnement et d’une bonne stabilité est variable selon les<br />

utilisations envisagées.<br />

Remarques :<br />

Pour la recette 6, les résultats ne sont pas comparables aux autres, car fin <strong>de</strong><br />

paquet (changement <strong>de</strong> granulométrie)<br />

Température <strong>de</strong>s œufs non relevée<br />

Temps (temps entre la fabrication et les mesures) or la cinétique est<br />

primordiale dans ces phénomènes <strong>de</strong> dissolution du sucre.<br />

Amidon dans le sucre glace<br />

III. Thématique du mois : la cuisson <strong>de</strong>s asperges<br />

III. 1. Reçu <strong>de</strong> Jacques Adda:<br />

Un article sur l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’urine <strong>de</strong>s personnes qui ont mangé <strong>de</strong>s asperges :<br />

RH Waring, SC. Mitchelli, GR Fenwick, The chemical nature of the urinary odour<br />

produced by man after asparagus intestion, in Xenobiotica, 1987, vol 17, n° 11, 1363-1371.<br />

Résumé (traduction) : « L’o<strong>de</strong>ur puissante que prend, dans les heures après la<br />

consommation, l’urine <strong>de</strong> certains individus qui ont mangé <strong>de</strong>s asperges est due à la<br />

combinaison <strong>de</strong> composés soufrés : le méthanethiol, le diméthyl sulfure, le diméthyl<br />

disulfure, le bis-méthylthiométhane, le diméthyl sulfoxy<strong>de</strong> et la diméthyl sulfone.<br />

Les rôles possibles <strong>de</strong> la S-méthylmethionine et <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> asparagusique, comme<br />

précurseur <strong>de</strong> ces substances odorantes est discuté. »<br />

III. 2. Reçu <strong>de</strong> Hervé This:<br />

1. A propos <strong>de</strong> la cuisson :<br />

Pour obtenir une cuisson uniforme, il est recommandé <strong>de</strong> choisir <strong>de</strong>s asperges<br />

<strong>de</strong> même calibre.<br />

14


2. A propos du sel :<br />

Christian Conticini me signale que les asperges peuvent cuire dans une eau<br />

très salée, sans capter le sel excessivement.<br />

3. A propos <strong>de</strong> l’o<strong>de</strong>ur communiquée aux urines :<br />

Jules Besset, L’art culinaire, p. 336 : « L’o<strong>de</strong>ur féti<strong>de</strong> que les asperges<br />

communiquent aux urines peut être changée en une o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> violette très marquée<br />

en y versant seulement quelques gouttes d’essence <strong>de</strong> térébenthine ».<br />

Baron Brisse, La petite cuisine du Baron Brisse, E. Donnaud, 1875, p. 126 :<br />

« [L’asperge] a, il est vrai, <strong>de</strong>s effets diurétiques tristement odorants, mais, comme il<br />

suffit <strong>de</strong> quelques gouttes d’essence <strong>de</strong> térébenthine pour la transformer en extrait <strong>de</strong><br />

violette <strong>de</strong> Parme, on ne peut lui en faire un crime »<br />

A noter que l’expérience a été faite, d’ajouter <strong>de</strong> l’essence <strong>de</strong> térébenthine dans<br />

les toilettes, après que celles-ci aient reçu <strong>de</strong> l’urine à o<strong>de</strong>ur d’asperge : l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

violette n’a pas été sentie!<br />

4. Carême, L’art <strong>de</strong> la cuisine française, p. 180 conseille d'ajouter <strong>de</strong> la cendre<br />

<strong>de</strong> bois à l'eau bouillante où l'on cuit <strong>de</strong>s asperges pour les obtenir d'un vert<br />

printanier. I<strong>de</strong>m pour les haricots verts et les petits pois.<br />

A noter que certaines cendres contiennent <strong>de</strong> la potasse, laquelle a une action<br />

analogue à celle du bicarbonate <strong>de</strong> sodium.<br />

5. Auguste Colombié, Traité pratique <strong>de</strong> cuisine bourgeoise, p.60 : « Mettons les<br />

[asperges] à l’eau légèrement salée et bouillante, dans une casserole émaillée ou en<br />

cuivre non étamé <strong>de</strong> préférence, ce qui leur donne une couleur vert tendre ».<br />

A noter l’effet du cuivre, qui vient remplacer le magnésium, dans la molécule<br />

<strong>de</strong> chlorophylle, et accentue la couleur verte.<br />

6. Dictionnaire <strong>de</strong>s plantes alimentaires, p. 27 : « Moyen pour détruire l’o<strong>de</strong>ur<br />

désagréable que les asperges donnent aux urines lorsqu’on en fait usage pour<br />

aliments. On met au fond du vaisseau dont on se sert pour uriner, <strong>de</strong> l’eau chargée<br />

d’aci<strong>de</strong> marin, connu sous le nom d’esprit <strong>de</strong> sel ».<br />

Effet à tester<br />

III. 3. Reçu <strong>de</strong> René Le Joncour :<br />

Les asperges absorbent-elles ou non le sel <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> cuisson?<br />

Des tests culinaires ont été effectués par la classe <strong>de</strong> BAC professionnel au<br />

Lycée Jean Quarré.<br />

15


Concentration<br />

en sel dans<br />

l'eau <strong>de</strong><br />

cuisson<br />

Commentaires<br />

gustatifs sur les<br />

asperges<br />

10g au<br />

litre<br />

Goût<br />

moyen.<br />

20g au litre<br />

30g au litre<br />

Bon goût Première sensation<br />

trop salée mais<br />

asperges<br />

excellentes<br />

40g au litre<br />

Trop salé en<br />

bouche.<br />

Conditions <strong>de</strong> cuisson : 100g d'asperge le plus homogène possible en taille et<br />

circonférence, cuits dans 1 L d'eau auxquels est ajouté le sel en concentration voulue.<br />

III. 4. Reçu <strong>de</strong> Pierre Dominique Cécillon :<br />

Cuisson <strong>de</strong>s asperges dans<br />

un four vapeur sous<br />

pression.<br />

Cuisson <strong>de</strong>s asperges<br />

classique<br />

Cuisson sous vi<strong>de</strong><br />

Variété : Château Jourets Variété : Château Jourets Variété : Château Jourets<br />

verte plus 16 (Château verte plus 16 (Château verte plus 16 (Château<br />

Renard)<br />

Renard)<br />

Renard)<br />

Poids brut : 329 g Poids brut : 323 g Poids brut : 317 g<br />

Poids net : 189 g Poids net : 189 g Poids net : 184 g<br />

Préparation pour cuisson : Préparation pour cuisson : Préparation pour cuisson :<br />

sans<br />

en vrac<br />

mis sous vi<strong>de</strong> à 3 bar<br />

Éléments <strong>de</strong> cuisson : Éléments <strong>de</strong> cuisson : 4,125 Éléments <strong>de</strong> cuisson<br />

vapeur<br />

L d’eau à 95°C, 40 g <strong>de</strong> sel :vapeur à 92°C<br />

Matériel <strong>de</strong> cuisson : four Matériel <strong>de</strong> cuisson : Matériel <strong>de</strong> cuisson : four à<br />

vapeur sous pression 1 bar Ron<strong>de</strong>au inox<br />

vapeur régulé<br />

Temps <strong>de</strong> cuisson : 2 mn Temps <strong>de</strong> cuisson : 6 mn Temps <strong>de</strong> cuisson : 20 mn<br />

Poids après cuisson : 181 g Poids après cuisson : 194 g Poids après cuisson : 163 g<br />

Observations : asperges Observations : asperges Observations : vert terne<br />

légèrement croquante, <strong>de</strong> d’un beau vert brillant, le tirant sur le marron, très<br />

couleur un peu terne blanc ayant pris un peu <strong>de</strong> bon goût d’asperges<br />

(sable).<br />

couleur verte.<br />

VII. Organisation prévue pour le Séminaire 4 :<br />

Dans la première partie, on rapportera les expériences qui auront été faites sur<br />

les thèmes <strong>de</strong>s séminaires précé<strong>de</strong>nts.<br />

Puis, dans la secon<strong>de</strong> partie, on évoquera les pratiques, dictons, tours <strong>de</strong> main<br />

relatifs à l’artichaut.<br />

16


Nous vous invitons donc à ce titre, à collecter dès aujourd'hui <strong>de</strong>s dictons<br />

culinaires sur ce thème, à noter vos tours <strong>de</strong> mains ou vos techniques particulières<br />

pour ce légume, à relever son comportement singulier selon les traitements<br />

subis…afin que nous puissions en débattre, la fois prochaine, afin <strong>de</strong> mieux le<br />

comprendre et l'appréhen<strong>de</strong>r.<br />

17

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!