Finistère Penn-Ar-Bed n° 107 (pdf - 4,16 Mo) - Conseil Général du ...

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ENJEUX Accueillant familial Liliane Van Veirdegen (photo page 15) accueille depuis dix ans des personnes âgées en sa jolie demeure à Plonéour- Lanvern. À l’abri d’une longère bigoudène pleine de charme, Thérèse soupire, un léger sourire fl ottant sur les lèvres, « ici, c’est le paradis ». Des notes bleues habitent la demeure de Liliane Van Veirdegen, le jazz apaise les esprits. Un Ara multicolore, nommé Zanzibar, se déplace sans brusquerie derrière les barreaux de sa cage. Un couple de Gris du Gabon se tient coi. Thérèse noircit les grilles des mots croisés, épluche les légumes, balaie les feuilles mortes. Le ciel est bleu, la vaisselle attendra un peu, une balade s’impose, toutes deux se gorgent d’énergie, respirent la mer, regardent pousser les plantes du jardin. Demain, elles iront chercher un rosier rouge écarlate, un Paul’s Scarlet. Il courra le long de la porte-fenêtre. De son fauteuil, Thérèse l’admirera. « Il faut beaucoup échanger afi n que les personnes se sentent mieux. C’est un métier que j’aime. Ce que je souhaite, c’est que nous obtenions une reconnaissance. » 20 FINISTÈRE PENN-AR-BED I I N°107 À Briec, Patrick Saliou est, avec son épouse Sylvia, accueillant familial de personnes handicapées venues de l’association Kan ar Mor. « On ne peut pas être accueillant familial d’une personne qui ne se plaît pas chez vous. » Des palmiers dans le jardin, un bassin à poissons, une peinture murale représentant la plage, la forêt équatoriale, les cascades, le dodo de l’île Maurice d’où est originaire Sylvia Saliou… Aussi investie que son époux, Sylvia prépare des plats français, créoles et chinois aux pensionnaires. Marcel est là depuis cinq ans. Thierry depuis quelques semaines. Tous les deux ans, la famille Saliou s’envole pour l’île Maurice. Au grand complet puisque Marcel les accompagne. « Tu mets de l’argent de côté ! Tu prépares ta valise ! », s’enthousiasme Marcel qui se frotte les mains et se prépare, déjà, pour le grand départ, le 25 juin. Depuis qu’il réside ici, Marcel a changé, il s’intéresse au vaste monde. ■ Le guide de l’emploi à domicile a été édité par le Conseil général avec la par- ticipation du Conseil régional de Bretagne, des centres d’information et d’orientation du Finistère, et de l’association de gestion des emplois familiaux de Brest. Disponible sur demande au Conseil général, dans les CIO, les missions locales, ANPE. w À télécharger sur le site : www.cg29.fr Assistant familial Longtemps, ils furent sept à table. Christiane Riouat, assistante familiale à Plougastel-Daoulas, sait trouver les mots qui soignent les maux de ces enfants bousculés par la vie. « Pour certaines personnes, nous gardons des enfants », remarque Christiane Riouat, qui entame sa dix-huitième année d’assistante familiale. Il ne s’agit pourtant pas seulement d’héberger, mais bien d’accompagner, d’aider à se construire. L’assistant familial accueille à son domicile, jour et nuit, des enfants qui pour des raisons majeures ne peuvent demeurer dans leur propre famille. Il supplée temporairement à la famille naturelle sans l’exclure. Il apporte l’affection et les conditions matérielles nécessaires à l’épanouissement. Christiane se remémore son premier placement, c’était un bébé d’un mois. Durant quatre ans, il a vécu au sein de la famille Riouat. Puis il a été adopté. Régulièrement, il rend visite à sa première demeure. En lui persiste le doux souvenir de ces années passées au bord de l’Elorn. Deux frères lui ont succédé. Ils sont restés douze ans. Christiane a, dans ce cas, été soutenue par une équipe d’éducateurs et de psychologues de l’association brestoise Ty-Yann qu’elle pouvait appeler à tout moment. Réparer. Donner des repères. Contenir la détresse. « Chaque enfant a son histoire. Il doit trouver sa place. » ■

Grand-mère Thérèse chez Liliane La famille de Thérèse a fait le choix des services d’un accueillant familial depuis août 2007. Un mode d’accueil original et convivial pour les personnes âgées. « Nous apprécions la prise en charge personnalisée. Ce qui nous importe, c’est la sérénité de maman. » Thérèse qui vient de fêter ses quatre-vingt-un ans a trois enfants. Marie qui réside à Quimper, Anne- Marie à Plouhinec et Philippe, à Valence dans le sud de la France. Ainsi que cinq petits-enfants et un arrière-petit-fi ls. « Je situe le début de la maladie il y a cinq ans », se remémore Marie. « Elle était devenue confuse… » Une erreur dans la prise de ses médicaments déclenche une hypotension. La famille met en place le passage régulier d’une infirmière. En octobre 2006, c’est au tour d’une aide ménagère d’effectuer deux heures par semaine au logis de Thérèse. « Maman, si vive autrefois, ne parvenait plus à faire les menus gestes quotidiens, elle s’énervait contre elle, contre les autres. » En mai 2007, Marie de passage chez Thérèse, comme tous les soirs, s’aperçoit avec surprise que les fenêtres sont grand ouvertes, le chauffage allumé, les plaques vitrocéramiques brûlantes. Au cours de l’été, c’est une voisine qui l’appelle à la rescousse : « votre mère s’est perdue dans le bourg, elle ne sait plus où elle habite. » La famille se rend à l’évidence. Thérèse ne peut plus rester seule chez elle. « Nous nous sommes démenés pour trouver une solution. Nous ne pensions pas y être contraints aussi rapidement. Nous avions visité des maisons de retraite, mais nous pensions avoir le temps. Personne n’est préparé à cette maladie. » C’est Philippe qui émet l’idée d’appeler le service social du Conseil général. Quelques jours plus tard, on leur propose une famille d’accueil à Plonéour-Lanvern. À proximité de Quimper, de Plozévet où exerce Anne-Marie, de Pont-L’Abbé où travaille Marie, de Tréogat, le village natal de Thérèse. « Géographiquement, c’était excellent ! » Restait à découvrir la maison. Le 6 août 2007, toutes trois rendent visite à Liliane. « Nous sommes restées une bonne heure. Maman semblait se sentir bien. Elle était détendue, souriante. C’était apaisant. » ■ Auxiliaire de vie sociale « Ah te voilà ! Cela fait plaisir de te voir ! » Marine Gomez est aide à domicile hygiène et assistance aux personnes. Elle travaille à Brest Centre pour ADHAP Services. Titulaire d’un diplôme d’État d’auxiliaire de vie sociale (DEAVS) obtenu au lycée Fénelon à Brest, Marine Gomez est auxiliaire de vie sociale depuis juin 2007. Au cours de ses études en BEP carrière sanitaire et sociale, Marine s’imagine travailler auprès des jeunes enfants. C’est la rencontre “formidable” d’une dame centenaire lors d’un stage en maison de retraite qui change la perspective. Marine est séduite. L’auxiliaire de vie sociale prend en charge les tâches quotidiennes, la toilette, le repas en respectant les goûts et le régime alimentaire, le ménage, participe aux jeux, aux promenades, pratique l’art de la conversa- tion, ravive les souvenirs. « Je sais que je peux aider la personne à aller mieux et à rester chez elle, dans la maison qu’elle a toujours connue. » Du matin au soir, la jeune femme est entourée de mamies qui parfois pensent bavarder avec leur petite-fi lle. Marine masse les mains fatiguées, enduit soigneusement les ongles de vernis. Toujours attentive aux états d’âme, l’auxiliaire de vie sociale transmet ses impressions à la famille, aux infi rmières, aux collègues par le biais du classeur laissé au domicile. « C’est un grand métier, c’est un métier qui va beaucoup progresser. Lorsque je rentre chez moi, je suis fi ère de ce que j’ai accompli. » ■ N°107 I FINISTÈRE PENN-AR-BED 21 w

ENJEUX<br />

Accueillant familial<br />

Liliane Van Veirdegen (photo page 15)<br />

accueille depuis dix ans des personnes<br />

âgées en sa jolie demeure à Plonéour-<br />

Lanvern.<br />

À l’abri d’une longère bigoudène pleine<br />

de charme, Thérèse soupire, un léger<br />

sourire fl ottant sur les lèvres, « ici, c’est<br />

le paradis ». Des notes bleues habitent<br />

la demeure de Liliane Van Veirdegen, le<br />

jazz apaise les esprits. Un <strong>Ar</strong>a multicolore,<br />

nommé Zanzibar, se déplace sans<br />

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cage. Un couple de Gris <strong>du</strong> Gabon se<br />

tient coi. Thérèse noircit les grilles des<br />

mots croisés, épluche les légumes, balaie<br />

les feuilles mortes. Le ciel est bleu,<br />

la vaisselle attendra un peu, une balade<br />

s’impose, toutes deux se gorgent<br />

d’énergie, respirent la mer, regardent<br />

pousser les plantes <strong>du</strong> jardin. Demain,<br />

elles iront chercher un rosier rouge<br />

écarlate, un Paul’s Scarlet. Il courra le<br />

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Thérèse l’admirera. « Il faut beaucoup<br />

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se sentent mieux. C’est un métier que<br />

j’aime. Ce que je souhaite, c’est que<br />

nous obtenions une reconnaissance. »<br />

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À Briec, Patrick Saliou est, avec son<br />

épouse Sylvia, accueillant familial de<br />

personnes handicapées venues de<br />

l’association Kan ar <strong>Mo</strong>r.<br />

« On ne peut pas être accueillant familial<br />

d’une personne qui ne se plaît pas<br />

chez vous. » Des palmiers dans le jardin,<br />

un bassin à poissons, une peinture<br />

murale représentant la plage, la forêt<br />

équatoriale, les cascades, le dodo de<br />

l’île Maurice d’où est originaire Sylvia<br />

Saliou… Aussi investie que son époux,<br />

Sylvia prépare des plats français, créoles<br />

et chinois aux pensionnaires. Marcel est<br />

là depuis cinq ans. Thierry depuis quelques<br />

semaines. Tous les deux ans, la famille<br />

Saliou s’envole pour l’île Maurice.<br />

Au grand complet puisque Marcel les<br />

accompagne. « Tu mets de l’argent de<br />

côté ! Tu prépares ta valise ! », s’enthousiasme<br />

Marcel qui se frotte les mains<br />

et se prépare, déjà, pour le grand départ,<br />

le 25 juin. Depuis qu’il réside ici,<br />

Marcel a changé, il s’intéresse au vaste<br />

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Le guide de l’emploi à domicile a été édité par le <strong>Conseil</strong> général avec la par-<br />

ticipation <strong>du</strong> <strong>Conseil</strong> régional de Bretagne, des centres d’information et d’orientation<br />

<strong>du</strong> <strong>Finistère</strong>, et de l’association de gestion des emplois familiaux de Brest. Disponible sur<br />

demande au <strong>Conseil</strong> général, dans les CIO, les missions locales, ANPE.<br />

w À télécharger sur le site : www.cg29.fr<br />

Assistant familial<br />

Longtemps, ils furent sept à table. Christiane Riouat, assistante<br />

familiale à Plougastel-Daoulas, sait trouver les mots<br />

qui soignent les maux de ces enfants bousculés par la vie.<br />

« Pour certaines personnes, nous gardons des enfants », remarque<br />

Christiane Riouat, qui entame sa dix-huitième année<br />

d’assistante familiale. Il ne s’agit pourtant pas seulement<br />

d’héberger, mais bien d’accompagner, d’aider à se construire.<br />

L’assistant familial accueille à son domicile, jour et nuit, des<br />

enfants qui pour des raisons majeures ne peuvent demeurer<br />

dans leur propre famille. Il supplée temporairement à la<br />

famille naturelle sans l’exclure. Il apporte l’affection et les<br />

conditions matérielles nécessaires à l’épanouissement. Christiane<br />

se remémore son premier placement, c’était un bébé<br />

d’un mois. Durant quatre ans, il a vécu au sein de la famille<br />

Riouat. Puis il a été adopté. Régulièrement, il rend visite à sa<br />

première demeure. En lui persiste le doux souvenir de ces années<br />

passées au bord de l’Elorn. Deux frères lui ont succédé. Ils<br />

sont restés douze ans. Christiane a, dans ce cas, été soutenue<br />

par une équipe d’é<strong>du</strong>cateurs et de psychologues de l’association<br />

brestoise Ty-Yann qu’elle pouvait appeler à tout moment.<br />

Réparer. Donner des repères. Contenir la détresse. « Chaque<br />

enfant a son histoire. Il doit trouver sa place. » ■

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