Télécharger - Trempolino
Télécharger - Trempolino
Télécharger - Trempolino
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
n° 18 - automne 2010 - gratuit<br />
Unit<br />
Akalmy<br />
Djak<br />
Novels<br />
Dossier :<br />
Vous<br />
avez dit<br />
concert ?
2<br />
©David Brown<br />
10<br />
Culture<br />
Bar-Bars<br />
3 Gérôme Guibert<br />
4 brèves<br />
6 Novels<br />
8 Unit<br />
11 Du tag au tag<br />
12 Akalmy<br />
14 Vous avez dit concert ?<br />
20 livres<br />
22 Djak<br />
25 disques<br />
Photo couverture : Novels (JP Bouix)<br />
Directeur de la publication : Vincent Priou<br />
Rédactrice en chef : Cécile Arnoux<br />
Ont participé à ce numéro : Mickaël Auffray,<br />
Yasmine Bentata, Arnaud Bénureau,<br />
Jean-François Bodinier, Jean-Jacques Boidron,<br />
Emmanuel Bois, Lucie Brunet, Benoît Devillers,<br />
Denis Dréan, Jonathan Duclaut, Eric Fagnot,<br />
Georges Fischer, Gérôme Guibert, Patricia<br />
Guyon, Marie Hérault, Cédric Huchet, Gilles<br />
Lebreton, Chloé Nataf, Emmanuel Parent,<br />
Benjamin Reverdy, Jérôme Simmoneau,<br />
Sociolog 2 L’West, Olivier Tura.<br />
Conception graphique : Christine Esneault<br />
Impression : Imprimerie Chiffoleau<br />
Tirage : 13 000 exemplaires – Papier recyclé<br />
Siret : 37992484800011<br />
ISSN : 2109-0904<br />
Tohu Bohu est une publication de <strong>Trempolino</strong>,<br />
51 bd de l’Égalité, 44100 Nantes, et du réseau<br />
info-ressources musiques actuelles des Pays de<br />
la Loire : Tohu Bohu.<br />
Prochaine parution : février 2011<br />
Bouclage : 4 janvier 2011<br />
©DR<br />
21<br />
Rigolboch’<br />
Kizmiaz<br />
31<br />
24<br />
le Chant de Foire<br />
le site Tohu Bohu<br />
Le réseau Tohu Bohu<br />
coordination : Cécile Arnoux / T. 02 40 46 66 33 / cecile@trempo.com<br />
CHABADA Jérôme [Kalcha] Simonneau<br />
Chemin Cerclère, Route de Briollay, 49100 Angers<br />
T. 02 41 34 93 87 / jsimonneau@lechabada.com / www.lechabada.com<br />
BEBOP Emmanuel Bois<br />
28 avenue Jean Jaurès, 72100 Le Mans<br />
T. 02 43 78 92 30 / crim@bebop-music.com / www.oasislemans.fr<br />
FUZZ’YON Benoit Devillers<br />
18 rue Sadi Carnot, 85005 La Roche-sur-Yon cedex<br />
T. 02 51 06 97 70 / ben@fuzzyon.com / www.fuzzyon.com<br />
LES ONDINES Éric Fagnot<br />
Place d’Elva, 53810 Changé<br />
T. 02 43 53 34 42 / pole-ressources@wanadoo.fr / www.lesondines.org<br />
TREMPOLINO Lucie Brunet<br />
51 bd de l’Egalité, 44100 Nantes<br />
T. 02 40 46 66 99 / lucie@trempo.com / www.trempo.com<br />
VIP<br />
Base sous-marine, bd Légion d’Honneur, 44600 Saint-Nazaire<br />
T. 02 40 22 66 89 / www.les-escales.com<br />
©DR
©Sandrine Emin-Guibert<br />
gerome<br />
i<br />
i i<br />
EN CONCRET<br />
guibert<br />
PAR ERIC FAGNOT<br />
Figure emblématique des musiques actuelles, Gérôme Guibert apporte sa contribution scientifique à<br />
un secteur toujours en quête de légitimité. Doté d'une solide culture musicale, cet encyclopédiste de<br />
la musique cumule les fonctions (chroniqueur, auteur, chercheur, docteur…) pour mieux servir les<br />
musiques populaires. Retour sur la trajectoire professionnelle de ce chercheur militant, fan de<br />
musique et fraîchement nommé Maître de conférences à la Sorbonne.<br />
Qui n'a jamais entendu, au détour d'une rencontre, ce spécialiste des musiques populaires disserter<br />
sur l'apparition des premiers sound systems dans les fêtes foraines des années 50 ou sur<br />
l'importance des pratiques numériques dans l'économie de la musique. Devant un auditoire attentif,<br />
l'homme maitrise son sujet et sait de quoi il parle. Rien de plus normal puisque c'est son métier :<br />
chercheur en sociologie des musiques populaires.<br />
“Quand j'ai commencé à bosser là-dessus en 1994, j'étais bien seul, à part deux ou trois articles, il<br />
n'y avait rien. À l'époque, la bibliographie en français sur les musiques populaires tenait dans un petit<br />
carton. Or, je voyais bien que les sociologues parlaient de trucs intéressants mais pas concernant la<br />
musique. J'avais donc envie de creuser ça, surtout qu'en entendant les gens parler, y compris les<br />
professionnels, je me rendais compte qu'ils bloquaient sur plein d'incompréhensions. Il y avait<br />
quelque part un aspect citoyen et aussi un souhait de transmettre des clés pour les gens qui ne<br />
comprenaient pas les musiques populaires ou qui pensaient que c'était naze ou que c’était pour leurs<br />
enfants…”<br />
Cela fait donc plus de 15 ans que Gérôme Guibert observe le monde diffus des musiques populaires,<br />
notamment la diversité des scènes qui les composent. Du métal vendéen au rap underground,<br />
l'ethnographe noctambule a multiplié les enquêtes de terrain qu'il a, par la suite, restituées dans des<br />
colloques et ouvrages universitaires. Il en publia deux sur les musiques amplifiées. Avec d'autres<br />
sociologues, il est aussi à l'initiative de la création de la seule revue de recherche française sur les<br />
musiques populaires Volume !, dont il codirigea le numéro sur le métal. Mais le point culminant de<br />
son parcours universitaire reste sa récente nomination à la Sorbonne comme Maître de conférences<br />
en sociologie de la culture. Longtemps impensable, l'intégration des musiques populaires dans le<br />
haut du pavé de la recherche française marque un changement important dans ce qu'elles peuvent<br />
représenter dans la société. “En sociologie il n'y a jamais eu un seul poste de prof à la fac avec un<br />
profil ‘sociologie des musiques amplifiées’. Mais bon, tout cela change pour plein de raisons. Les<br />
étudiants sont intéressés par ces sujets, les nouveaux enseignants-chercheurs écoutent du rock ou<br />
du rap, au moins en sociologie. Donc de l'eau a coulé sous les ponts mais ce n'est pas encore la<br />
panacée. Heureusement, la sociologie compréhensive a mis en avant à quel point la musique était<br />
importante, ne serait-ce qu'en terme de sociabilité, mais aussi peut être de manière fondamentale<br />
pour la construction de la personnalité.” C'est sans nul doute l'une des caractéristiques principales<br />
des travaux de Gérôme Guibert que de militer pour la reconnaissance et la valorisation des recherches<br />
sur les musiques populaires et les cultures musicales. Une forme de militantisme singulière mais<br />
terriblement probante dans sa manière de percevoir les musiques amplifiées aujourd'hui.<br />
3
4<br />
Hors-Sillon est le nouveau<br />
blog de <strong>Trempolino</strong> sur les<br />
musiques enregistrées* que<br />
pilote la spécialiste Chloé<br />
Nataf. Il vous informe sur les<br />
dispositifs en place (duplication<br />
de disques…), les chantiers<br />
en cours de <strong>Trempolino</strong> et<br />
l'actualité (Hadopi…).<br />
N'hésitez pas à y faire un<br />
tour, et à réagir !<br />
* CD, MP3, vinyle...<br />
www.trempo.com/hors-sillon<br />
Nouveau fanzine, le MicMac<br />
est édité par le réseau<br />
HAMAC, qui regroupe<br />
plusieurs assos musicales<br />
du Pays Segréen. Ce réseau<br />
a pour missions de dynamiser<br />
le territoire, de soutenir les<br />
initiatives, et les associations<br />
adhérentes. En plus d'une<br />
version papier, le Mic Mac a<br />
aussi son blog :<br />
www.lemicmac.blogspot.com<br />
En dépit de la perte tragique<br />
de Iain Burgess, le studio<br />
Black Box (qui a vu, excusez<br />
du peu, ses murs trembler<br />
aux sons de Shellac, Deus,<br />
Miossec, Sloy...) poursuit ses<br />
activités de studio d'enregistrement<br />
avec, pour cette<br />
rentrée, l'opération “First<br />
recording at Black Box”.<br />
Une offre destinée aux jeunes<br />
groupes et musiciens qui ne<br />
sont jamais venus au studio.<br />
Plus d'infos sur :<br />
http://www.studioblackbox.fr<br />
Bebop Festival - le 24 e ! Au<br />
programme : 5 jours du 9 au<br />
13/11), 6 lieux, plus de 20<br />
groupes, des rencontres…<br />
Pour une programmation à<br />
l'équilibre astucieux entre<br />
groupes, dont la renommée<br />
n'est plus à faire, et découvertes<br />
artistiques pop, rock, chanson,<br />
électro et set DJ.<br />
www.bebop-festival.com<br />
Le label Irie Ites Records livre<br />
une perle du reggae roots<br />
70's revisitée et rejouée par<br />
les incontournables Mafia &<br />
Fluxy. Il s'agit d'une production<br />
Studio 1 (Party Time Riddim)<br />
chantée à l'époque, et encore<br />
aujourd'hui pour l'occasion,<br />
par Leroy Sibbles (Heptones).<br />
On y retrouve aussi :<br />
Spectacular, Glen<br />
Washington, Ilements, Perfect<br />
et bien d'autres…<br />
www.irieites.net<br />
Une véritable caverne d'Ali<br />
Baba ! Bientôt, nouvelle<br />
boutique située à Nantes,<br />
défend les petits : éditeurs,<br />
créateurs, musiciens, en plus<br />
de proposer de la création<br />
graphique. Vous y trouverez<br />
des disques, des livres, des<br />
sacs, des badges, des cartes<br />
postales, des lithographies...<br />
et l'accueil de Medhi qui, lui,<br />
n'a pas de prix.<br />
www.toutbientot.fr<br />
Saint-Nazaire et la musique,<br />
une thématique qui fera<br />
bientôt l'objet d'un livre édité<br />
par Saint-Nazaire Associations.<br />
À pied d'œuvre depuis deux<br />
ans, l'association Les Martins<br />
Pêcheurs recherche des<br />
“raretés” comme affiches,<br />
billets de concert, disques,<br />
fanzines, photographies, etc.<br />
Appel aux bonnes volontés<br />
pour fouiller leur grenier !<br />
lesmartins.accueil@wanadoo.fr<br />
Malgré la sortie récente de<br />
leur album, les métalleux<br />
herbretais de Saw arrêtent le<br />
groupe après 5 ans d'activité.<br />
Mais ils ne jettent pas<br />
l'éponge pour autant,<br />
puisqu'on retrouve la plupart<br />
des musiciens dans Sore<br />
Breathing Cold, nouveau<br />
projet plus mélodique. Un EP<br />
est en cours et sera téléchargeable<br />
libre sur leur Myspace<br />
(en cours de création)...<br />
Joli tour de quelque neuf<br />
festivals de l'Ouest en images.<br />
Ce hors série n°6 du Haut<br />
Parleur nous fait revivre ou<br />
découvrir les artistes qui ont<br />
enjoué le public, et ce même<br />
public dont quelques clichés<br />
expriment largement les<br />
émotions. Joli joli live report !<br />
En ligne sur :<br />
http://www.lehautparleur.com<br />
Un petit coup de coeur démo<br />
avec celle du projet angevin<br />
Intimacy. Des inspirations
Boards of Canada, des côtés<br />
parfois Mice Parade, ou<br />
Savath and Savalas, des<br />
parallèles à faire avec Steve<br />
Reich aussi, ce mélange<br />
électro/ambiant surprend.<br />
http://www.myspace.com/<br />
mickaelauffray<br />
Bougez Citoyens ! Voici la<br />
thématique de la 19 e édition du<br />
festival nantais Tissé Métisse.<br />
Moment toujours très axé<br />
autour de valeurs collectives<br />
et de solidarité, moment<br />
musical riche et engagé<br />
(Mouss et Hakim, Lokua<br />
Kanza..), moment qui met en<br />
lumière des associations,<br />
syndicats, organisations…<br />
Des groupements, qu'il faut,<br />
à l'époque formidable que<br />
nous vivons, urgemment<br />
soutenir !<br />
www.tisse-metisse.org<br />
Du 4 au 30 novembre se<br />
déroule la 9 e édition du festival<br />
régional Jazz Tempo porté<br />
par le Collectif régional de<br />
diffusion du jazz (CRDJ). De<br />
Nantes à Fontenay-le-Comte,<br />
en passant par Cholet,<br />
Saint-Nazaire ou encore<br />
Le Mans, 25 concerts feront<br />
la part belle à la scène jazz<br />
ligérienne et nationale.<br />
www.crdj.org<br />
Concert de soutien à l'asso<br />
Bô Soleil avec La Rue<br />
Kétanou, les Batignoles,<br />
Florent Vintrigner et À la<br />
gueule du Ch'val le 27<br />
novembre 10 au parc expo<br />
de Segré (49).<br />
assobosoleil@gmail.com<br />
Saluons l'arrivée à Laval d'un<br />
nouveau studio d'enregistrement<br />
: Coreprod. Home-studio<br />
à l'origine, Coreprod c'est<br />
désormais une régie de 18m 2 ,<br />
une cabine d'enregistrement<br />
de 25m 2 , du matériel<br />
performant, le tout piloté par<br />
le maître des lieux : Amaury<br />
Sauvé, le batteur énergique<br />
du groupe métal mayennais<br />
As We draw. Depuis son<br />
ouverture, le carnet de<br />
commandes ne désemplit<br />
pas. The Forks et Homestell<br />
sont au programme des<br />
prochaines sessions<br />
d'enregistrement.<br />
www.myspace.com/<br />
coreprodasso<br />
Le fanzine mayennais<br />
Le Tranzistor vient de sortir<br />
son 40 e numéro, avec une<br />
nouvelle maquette et une<br />
couv' en couleur. Ça fait 10<br />
bougies sur le gâteau !<br />
www.tranzistor.org.<br />
Le Scéno (Angers) fête quant<br />
à lui son 50 e numéro et ses 5<br />
ans d'existence.<br />
www.sceno.fr<br />
BB&PP propose aux artistes<br />
de disposer d'un service de<br />
“cd on demand” sur une<br />
plateforme de distribution<br />
personnalisable. Les internautes<br />
choisissent les titres, les<br />
visuels, le packaging, BB&PP<br />
s'occupe de la fabrication et<br />
de l'envoyer directement !<br />
Le groupe Smooth s'est déjà<br />
laissé séduire par cette<br />
formule, alors pourquoi pas<br />
vous ? http://www.bb-pp.fr/fr<br />
Le 6PAR4 (Laval) organise,<br />
pour la deuxième année<br />
consécutive, le dimanche 12<br />
décembre, la Journée du<br />
Disque. La salle de concerts<br />
accueillera une dizaine<br />
d'exposants de microsillons<br />
rares et précieux. Du CD,<br />
vinyle, DVD, de tous styles<br />
orneront le lieu qui se<br />
transformera pour l'occasion<br />
en un véritable bric à brac<br />
sonore. De quoi satisfaire<br />
l'appétit du connaisseur, mais<br />
aussi la curiosité de l'amateur.<br />
La collection automne des<br />
Z’eclectiques présente de<br />
bien beaux mannequins :<br />
Katerine, Beat Torrent, Public<br />
Ennemy... les 11, 12 et 13<br />
novembre à Chemillé (49).<br />
www.leszeclectiques.com<br />
5
6<br />
novels ROCK YOU !<br />
PAR EMMANUEL BOIS<br />
PHOTO : JP BOUIX<br />
Après un 1 er EP, “Picture Perfect”, sorti en 2006, le trio rock manceau avance et confirme sa<br />
progression en sortant “Savior” en ce mois d'octobre 2010. Rencontre avec Fred (basse), Franz<br />
(guitare/chant) et David (batteur).<br />
Il y a 10 ans, vous répétiez entre deux cours à la<br />
fac et deux sessions de skateboard… Pouvezvous<br />
nous raconter votre parcours depuis ?<br />
A la base Novels se nommait Nameless et David ne<br />
faisait pas encore partie du groupe, mais on répétait<br />
ensemble pour le plaisir et on se faisait quelques<br />
bœufs. On faisait aussi des concerts avec d'autres<br />
groupes avec qui on fonctionnait sur échange entre<br />
nos villes respectives. David jouait dans un groupe<br />
angevin The Red Lord Eskortt. Il y avait aussi Nolid<br />
avec qui on évoluait tranquillement. À cette époque,<br />
on apprenait et s'imprégnait de la musique qui nous<br />
faisait vibrer.<br />
À la fin de Nameless, on commençait à avoir de<br />
belles dates. Et quand il fut question d'aller plus loin,<br />
notre batteur n'a pas souhaité passer le cap. Le<br />
groupe de David a splitté et il nous a rejoint pour<br />
s'emparer de la batterie (à la base, il était au<br />
chant/guitare - NDLR). Puis, une interview dans<br />
Guitar Part a marqué un tournant pour nous et nous<br />
a fait prendre le pari de s'investir tous les trois à fond.<br />
En 2007, Franz étudiait aux Etats-Unis et continuait<br />
de composer. David et Fred répétaient et maquettaient.<br />
Franz faisait des rencontres, on nous a<br />
proposé de faire des dates et en février 2008 une<br />
tournée de 10 dates était calée (New-York, Seattle,<br />
Los-Angeles…).<br />
C'était pour nous la concrétisation de nos rêves.<br />
Notre musique est fortement influencée par la culture<br />
rock américaine, mais nous y apportions une touche<br />
“éxotique”. On a ensuite été diffusé en radio, on est<br />
passé sur Fox News… La rencontre avec des gens<br />
du label Sub Pop (Nirvana…) et un concert au El<br />
Corazon à Seattle fut un vrai symbole pour nous et<br />
une certaine reconnaissance pour ce que nous faisions.<br />
N'êtes-vous pas nostalgiques d'un certain âge<br />
d'or de la culture pop/rock/grunge américaine ?<br />
Comment faites-vous pour aller plus loin et ne<br />
pas tomber dans le cliché ?<br />
Cliché ? C'est en France que ça pose problème, on<br />
est trop influencé par les phénomènes de mode, on<br />
a toujours besoin d'intellectualiser les choses… Aux<br />
USA, cette culture est omniprésente, identitaire et<br />
intemporelle. En France, le rock des années 70 refait<br />
surface aujourd'hui, et on nous dit que ce que nous<br />
faisons est “has been”… On fait avant tout ce<br />
qu'on aime. On ne se pose pas de question de<br />
savoir si ça rentre dans les clous ou non !
Comment trouvez-vous que vous avez évolué<br />
depuis “Picture Perfect” ?<br />
“Picture Perfect” a été enregistré en 3-4 jours, spontanément<br />
et avec peu de moyens. Aujourd'hui, on va<br />
plus loin dans la démarche de création, on apporte<br />
plus de nuances. “Picture Perfect” était une étape<br />
d'humour, un pur délire, plus bourrin. Aujourd'hui<br />
notre musique est plus aérienne et pour surprendre<br />
on allie l'aérien et le bourrin.“Savior” est une nouvelle<br />
étape pour gravir une autre marche. Au début,<br />
la musique était plus un exutoire, maintenant on est<br />
plus dans le fun et on va à l'essentiel ! Côté scène,<br />
on joue plus sur l'humeur, on a su l'apprivoiser, on<br />
est plus à l'aise et plus libre.<br />
Vous êtes allés faire le mastering de “Savior”<br />
au studio Sterling Sound à New-York... C'était<br />
une nécessité, une opportunité ?<br />
On avait envie de pousser les choses à leur<br />
paroxysme et réaliser un rêve d'ado. On a alors<br />
scruté où nos références enregistraient, on a rêvé,<br />
développé le projet, et finalement on a rassemblé<br />
suffisamment d'argent pour le concrétiser. Il y a aussi<br />
une part d'histoire avec ce studio. Nous y avions<br />
déjà enregistré quatre titres et on a découvert qu'il<br />
pouvait optimiser ce qu'on voulait faire ! On en est<br />
ressorti avec l'objectif de repousser nos limites et<br />
depuis nous composons énormément.<br />
Vous avez fait un gros pari de dédier entièrement<br />
votre temps à la musique. Comment s'est<br />
fait ce choix et comment on s'organise ?<br />
Le choix était évident ! Le plaisir de se lever le matin<br />
et d'y aller à fond même sans argent. On a un peu<br />
investi personnellement et fait quelques sacrifices,<br />
mais on a surtout fait les démarches nécessaires<br />
pour équilibrer le projet et le rendre viable. Pour le<br />
travail de développement, on le fait nous-même. On<br />
se répartit les différentes tâches (booking, management,<br />
communication, infographie…). On est allé<br />
de l'avant et on a appris à faire ce que nous ne<br />
connaissions pas. On ressent parfois une frustration<br />
quand il y a des semaines où on est focalisé sur le<br />
développement et qu'on ne touche pas aux instruments.<br />
Mais, lorsqu'on arrive en répé, on y va à<br />
fond. Ça a l'avantage de nous rendre plus efficace<br />
dans le travail de composition et de répétition.<br />
Qu'est-ce qui vous manque aujourd'hui pour<br />
aller plus loin ?<br />
Un appui en communication, des thunes et un<br />
tourneur ! On a décroché une distribution nationale<br />
avec Anticraft et Believe Digital, mais on doit être<br />
plus fort sur la promo. Dans la perspective d'un<br />
autre album courant 2011, nous souhaitons<br />
travailler avec un réalisateur et développer le mix.<br />
Vous êtes donc en pleine phase de développement<br />
autour du disque et de la recherche<br />
de concerts… Vous avez joué aux USA, vous<br />
êtes passés par le Hellfest et Art Sonic cet<br />
été. Quelles sont vos perspectives ?<br />
Au niveau de la scène, on veut continuer à progresser<br />
et s'entourer pour pouvoir nous exporter. On a<br />
cerné que la scène rock était omniprésente dans le<br />
nord, en Belgique… Pour les USA, on a envie d'y<br />
retourner c'est sûr. Le fonctionnement y est différent<br />
et le sens du partage très fort. T'es là pour jouer !<br />
On a envie de vivre notre rock comme une aventure.<br />
On joue rock et on vit rock ! On veut du fun et<br />
s'exprimer comme on l'entend.<br />
Vous venez de diffuser votre 1 er clip. On y voit<br />
la participation d'une violoncelliste. Y a-t-il<br />
d'autres expériences de ce genre à venir ?<br />
C'était une histoire de rencontre. Nous n'avons pas<br />
de plan précis pour le moment. C'était un one shot<br />
sans direction artistique vraiment pensée. On souhaitait<br />
seulement marquer encore plus les extrêmes.<br />
Si vous aviez quelque chose à rajouter…<br />
Laissez les Roms tranquilles et n’arrête d'être<br />
rockeur parce que t'as 29 ans ! Au début on nous<br />
disait d'arrêter et maintenant que ça commence à<br />
fonctionner, on nous dit que nous avions raison. On<br />
a besoin de le vivre jusqu'au bout. C'est notre mode<br />
de vie… et de travail. On reste nous-même à tout<br />
prix. C'est ce qui nous aide à évoluer sans cesse.<br />
Novels<br />
Savior<br />
Yr Letter Records - Anticraft / Believe Digital<br />
Trois ans déjà que les frères<br />
Hugonnier avaient séduit la scène<br />
rock avec leur opus “Picture<br />
Perfect”. Quelques dates en France,<br />
Belgique et 2 tournées aux USA<br />
après, Novels revient avec Savior,<br />
un 1er album qui sent bon le gros<br />
rock 90's revu et corrigé. Ainsi, le<br />
trio a eu le temps et l'énergie de digérer ses influences<br />
(allant de Rage Against The Machine à Björk),<br />
d'affiner son style. Novels passe l'essai du long format<br />
haut la main : les 10 titres mêlant ambiances pop<br />
et riffs métal destructeurs, sublimés par un chant en<br />
anglais, sont arrangés d'une manière qui fait d'eux un<br />
groupe au son assurément reconnaissable. Rassurezvous,<br />
le master de Ted Jensen (Muse, Deftones) ne<br />
gâche rien... Et Yr Letter Records ne s'est pas<br />
trompé : ces gars-là vont tout casser !<br />
Julien Martineau<br />
Infos<br />
www.myspace.com/novelsmusic<br />
7
8<br />
unit<br />
PAR CECILE ARNOUX<br />
PHOTO : MATTHIEU DONARIER<br />
Quel est l'axe musical de Unit ?<br />
Sébastien : Le jouage, c'est-à-dire la focalisation, non<br />
pas sur l'écriture, mais sur des espaces libres<br />
permettant aux solistes de s'exprimer le plus possible.<br />
Le groupe a vu quelques changements de line-up<br />
et le choix porté sur les musiciens est fondé sur<br />
leur ouverture musicale, leur qualité de soliste et<br />
d'improvisateur. Dans l'équipe de départ, il y a eu<br />
Laurent Blondiau et Matthieu Donarier qui sont<br />
toujours présents, Gabor Gado et Stéphane Pasborg,<br />
batteur danois. Nous avons sorti un 1 er disque sur le<br />
label hongrois BMC. Certains sont partis, Mika Kallio<br />
est arrivé. Unit est maintenant un quartet qui invite un<br />
5 e élément, en l'occurrence l’accordéoniste finlandais<br />
Veli Kujala sur leur nouvel album.<br />
Et tu prends la posture de chef d'orchestre ?<br />
S : Disons que je porte la démarche, je suis un peu<br />
fédérateur dans cette aventure, “leader” mais surtout<br />
pas dictateur. Je compose autant la musique que<br />
la situation (choix des musiciens, de l'équilibre<br />
impro/écrit, concerts avec ou sans sono). J'aime<br />
autant l'improvisation à l'écriture. Je propose des<br />
FIGURES LIBRES<br />
Unit ouvre ses petits yeux brillants et malicieux en 2003, à la suite d'une commande passée à<br />
Sébastien Boisseau et Matthieu Donarier par le CRDJ (Centre régional de diffusion du jazz). Sébastien<br />
se lance dans la pérennisation du projet, avec Matthieu en second et la ferme idée d'y intégrer des<br />
musiciens européens rencontrés au fil des tournées. Petit focus sur un projet cosmopolite par deux<br />
porte-paroles bavards et heureux.<br />
directions artistiques, j'apporte quelques morceaux,<br />
au même titre que les autres. Je m'occupe des<br />
concerts, de l'enregistrement du disque, je l'ai<br />
produit, j'ai fait le choix des morceaux, j'ai mixé le<br />
disque avec l'avis des musiciens. J'aime englober<br />
les personnes avec lesquelles je travaille dans le<br />
processus. Pour Unit, je tiens un peu le cap.<br />
En quoi Unit est différent des autres projets ?<br />
S : Je suis side-man dans plusieurs groupes, mais<br />
avec Unit, j'ai la liberté de pouvoir m'en occuper, de<br />
travailler quand j'ai le temps, l'envie, sans aucune<br />
pression car ce n'est pas le groupe qui me fait vivre.<br />
Matthieu : Unit a une vision globale avec la musique<br />
comme seul moteur. On y joue ce qui nous<br />
est propre, sans sophistication. C'est aussi le projet<br />
de Seb, et j'ai souvent remarqué que les<br />
bassistes/contrebassistes avaient une vision globale,<br />
ils écoutent plus que les autres ce qui se passe<br />
autour d'eux. Et puis, nous composons tous des<br />
morceaux. L'important, c'est bien ce qui se passe<br />
ensemble sur le moment. Nous travaillons le son<br />
comme matière, les épaisseurs de cette matière, et
nous combinons des choses chargées ou épurées.<br />
S : J'ai la liberté de pouvoir explorer une musique<br />
hors-format, de me rapprocher de l'essence du jazz.<br />
Ce n'est pas un projet foncièrement original ou<br />
innovant dans l'instrumentation, mais j'ai champ libre<br />
pour travailler des textures dans l'instant, des alliages<br />
sonores, et soigner le mélange des timbres.<br />
Je défends la spontanéité et pas que dans la destruction,<br />
terme qui colle un peu trop à l'improvisation.<br />
Pour moi, c'est tout l'inverse, il s'agit d'une architecture<br />
spontanée. J'aime l'énergie dans un groupe, j'aime<br />
être touché par la musique. Un virtuose classique ou<br />
de musique métal peuvent m'ennuyer malgré leur<br />
énergie, en revanche le minimalisme d'Alva Noto<br />
avec Ryuichi Sakamoto ou un groupe de rock au son<br />
crade comme les White Stripes peuvent me scotcher,<br />
Meg White joue simple mais ça tue ! Cela pose la<br />
question de la justesse d'un propos. Faut-il apprécier<br />
la musique pour l'image qu'elle véhicule ou pour les<br />
émotions qu'elles vous procurent ?<br />
Qu'est-ce-que l'essence du jazz justement ?<br />
S : Ce serait mêler de la musique écrite et improvisée,<br />
avec des repères qui sont pour moi la façon d'aborder<br />
l'improvisation, la pulsation. Cette musique permet<br />
vraiment aux musiciens d'appréhender le morceau à<br />
jouer et l'instant de manière différente à chaque fois<br />
et d'offrir au public un instant différent. La partie écriture<br />
sert de prétexte et de lancement à des modes de<br />
jeux, on n'est jamais deux fois dans la même énergie.<br />
J'ai envie de jouer dans des projets où il y a cette<br />
liberté de jouer avec l'instant, se mettre en danger, se<br />
jeter dans le bain sans connaître la température de<br />
l'eau.<br />
M : Le fait de prendre un matériau et de le traiter<br />
comme on veut, c'est peut-être la définition du jazz.<br />
C'est une musique de liberté, nous ne sommes pas<br />
assujettis à la partition.<br />
Comment travaille-t-on avec des musiciens<br />
étrangers ? Y-a-t-il des codes, des repères ?<br />
S : La culture musicale de chacun est source de<br />
repère. L'ouverture sur l'autre permet la rencontre.<br />
Ensuite, pour moi, la musique est comme un langage,<br />
j'ai appris à l'écrire, à la parler et lorsque l'on joue<br />
ensemble, on utilise l'improvisation comme un langage<br />
universel. On communique en anglais, mais dans le<br />
jeu on comprend facilement l'autre dès lors qu'il a<br />
joué trois notes (...). Même si l'accordéoniste Veli<br />
Kujala peut nous surprendre parfois par son expression<br />
avec l'accordéon en quart de ton.<br />
Et comment vous jonglez entre ces improvisations,<br />
ces personnes qui changent parfois, et le<br />
fait de devoir fixer des sons sur un disque ?<br />
M : On enregistre un étalon, pas un morceau tel qu'il<br />
devrait être. L'enregistrement doit être dynamique,<br />
fluide, et mettre l'accent sur l'instant. Je crois qu'à<br />
chaque fois qu'on joue, on ne joue pas foncièrement<br />
différemment le morceau ; on avance plutôt dans la<br />
nature même du morceau.<br />
S : Disons que les morceaux seraient des sujets, et<br />
nos manières de jouer des discussions autour des<br />
sujets. On n'a jamais la même discussion autour d'un<br />
même sujet, c'est le choix du jazzman. Sachant cela,<br />
on sait qu'on ne va pas faire vingt prises du même<br />
morceau. En général, on fait deux prises, ce qui<br />
explique la présence de prises alternatives sur<br />
certains disques anciens (...).<br />
Le collectif musical que vous défendez dans<br />
Unit se retrouve aussi dans le collectif humain<br />
de Yolk ?<br />
M : C'est une communauté de pensée qui ne s'arrête<br />
pas qu'à la musique. On diffère parfois plus sur nos<br />
goûts musicaux que sur nos choix de vie.<br />
S : Oui, Yolk fédère de nombreux musiciens, pour<br />
travailler sur d'autres schémas de pensée et d'action.<br />
Parmi les applications concrètes, on peut évoquer le<br />
disque à 10€. Il y aussi le fait que ce sont les<br />
musiciens qui produisent (...), pas d'intermédiaires<br />
entre le public et nous. On se positionne un peu<br />
comme un label équitable.<br />
Des petits coups de coeur pour des jeunes<br />
formations en région ?<br />
S et M : Sidony Box de Nantes qui va prochainement<br />
sortir son 1 er disque sur Yolk. Et puis Kokartet, un bon<br />
groupe de Cholet avec deux guitaristes très doués.<br />
Retrouvez l’interview intégrale sur<br />
http://tohubohu.trempo.com<br />
Unit<br />
Wavin<br />
Yolk / Fiasko 2010<br />
Unit fait le grand écart, Unit élargit<br />
le spectre musical du jazz. Si l'on<br />
pense parfois que certains titres<br />
pourraient illustrer des séquences<br />
de film, si certaines pièces évoquent<br />
des références du label américain<br />
Thrill Jockey, si l'on est parfois<br />
dérouté, puis raccroché par certains<br />
thèmes, Unit a sans doute réussi<br />
quelque chose. Évocateur d'ambiances, d'images,<br />
“Wavin” est un recueil, un diaporama, un carnet de<br />
bord, un livre de photographies, tout cela à la fois.<br />
Les pièces écrites alternent avec des petites virgules<br />
improvisées, et l'équilibre est trouvé. Les instruments<br />
que sont les percussions, cuivres, accordéon et<br />
double bass, rigolent ensemble, s'expriment individuellement<br />
et parviennent à produire quelque chose<br />
d'assez envoûtant. Un véritable trip ! Cécile Arnoux<br />
Infos<br />
www.yolkrecords.com<br />
9
10<br />
culture<br />
bar bars<br />
PAR LUCIE BRUNET<br />
PHOTOS : GUY YOYOTTE-HUSSON / VAL K<br />
DES BARBARES INTELLIGENTS…<br />
En 1999, 14 patrons de bars de l'agglomération nantaise décident de se réunir pour former le collectif<br />
Culture Bar-Bars. Leur objectif était d'identifier leurs problématiques communes, de faire avancer les<br />
choses sur les pratiques culturelles et sur l'aspect social (prévention et droit à la fête). Aujourd'hui, le<br />
collectif regroupe près de 200 adhérents et s'est étendu sur 8 régions.<br />
Favoriser les rencontres et la convivialité, soutenir la création et la diffusion des cultures<br />
Les bars sont souvent associés à une image négative de lieux où les jeunes s'alcoolisent, où l'on fait du<br />
bruit… Mais ils jouent un rôle social primordial dans cette société individualiste... “Nous estimons qu'il vaut<br />
mieux consommer dans un bar que seul dans la rue”, explique David Milbéo, chargé de l'animation et du<br />
développement du collectif. D'autant qu'à Culture Bar-Bars on souhaite assumer ses responsabilités. “Les<br />
bars et les discothèques ont une grande importance dans la gestion de la vie nocturne, mais ils ne sont pas<br />
seuls. Les collectivités, les voisins, les étudiants, les associations, les parents sont également concernés.”<br />
Le collectif défend également son rôle culturel : “Nous considérons que les bars sont des maillons essentiels<br />
de la chaîne de diffusion culturelle”. En effet, la plupart des adhérents proposent une programmation<br />
culturelle occasionnelle ou régulière qui permet à de nombreux artistes de se produire dans leurs murs,<br />
dans un contexte où les salles de spectacles sont sur-sollicitées…<br />
Revendiquer un statut et des normes adaptées à la taille de ces lieux<br />
Les cafés-cultures sont face à un contexte juridique compliqué et inadapté à leur activité culturelle. En<br />
1998, la Loi Anti-bruit a fait fermer beaucoup de bars. L'insonorisation des lieux est lourde et coûteuse. La<br />
licence d'entrepreneur (obligatoire pour les structures organisant plus de 6 évènements par an) et le salariat<br />
des artistes (obligatoire car la pratique amateur n'est pas reconnue par la loi) ne permettent pas aux bars<br />
d'ouvrir leurs murs régulièrement aux artistes dans une légalité totale. “On considère qu'il peut y avoir de<br />
la culture dans tous les établissements même dans les plus petits et sans grands moyens techniques.<br />
L'essentiel est que l'accueil des artistes et du public soit de qualité !”, précise David.<br />
Établir un dialogue, une concertation et une réflexion avec les administrations publiques<br />
L'initiative nantaise a permis la mise en place d'une plate-forme nationale des cafés-cultures. “On travaille<br />
sur l'aspect juridique, l'aspect diffusion des pratiques amateurs/professionnelles. On est sur la mise en<br />
place d'une fondation d'aide à l'emploi artistique direct, gérée par le Guso (Guichet unique du spectacle<br />
occasionnel), afin d'aider les bars à payer les artistes”, déclare David.<br />
Mettre en lumière le collectif via un festival engagé<br />
Dès 1999, le festival Culture Bar-Bars a vu le jour afin de faire parler du collectif et de le développer. Chaque<br />
bar fait sa programmation. Le collectif assure la communication globale, la prévention (éthylotests,<br />
bouchons d'oreille) et un sevice de transport en soirée.<br />
Les perspectives ?<br />
“Le but est de faire de la culture dans les bars tout au long de l'année, sans difficulté !”<br />
Infos<br />
http://www.bar-bars.com
Rares sont les lecteurs de fichiers audios numériques qui n'affichent pas, simultanément à la diffusion de ceux-ci,<br />
leurs informations descriptives appelées tags. Que ce soient les formats lossy comme le MP3, WMA, AAC, OGG ou<br />
encore les loss less tel que le FLAC, pour ne citer que les plus populaires, tous intègrent ces fameuses étiquettes.<br />
Essentiellement composés de champs de texte mais parfois aussi graphiques, ils contiennent le nom de<br />
l'interprète, le titre du morceau, le nom et la pochette de l'album, les paroles, etc. Ces métadonnées sont structurées<br />
suivant un standard propre à chaque format audio. L'ID3, précurseur dès 1996, est sans aucun doute le plus<br />
connu. Inclus dans le dominant MP3, il n'a pas été adopté par les autres formats, mais le transfert de ces balises<br />
lors d'une éventuelle conversion, est généralement compatible.<br />
L'édition de ces données, peut s'opérer manuellement dans la plupart des logiciels qui acceptent les<br />
fichiers audios. Cependant, cela peut s'avérer long et laborieux quand on souhaite intervenir sur un<br />
nombre important de titres. C'est pourquoi on lui préfèrera les méthodes automatiques, garantissant<br />
un peu plus d'uniformité.<br />
Une première solution est envisageable dès la création du fichier. Lorsque que l'on “rippe” la piste d'un<br />
CD original vers un ordinateur, le logiciel qui vous assiste dans cette tâche 1 propose d'importer toutes<br />
les infos sur l'album concerné, depuis une base de données spécifique et accessible via internet. Pour<br />
se faire, il analyse le CD (durée de l'album, nombre et position temporels des pistes) puis calcule un<br />
identifiant que l'on nomme DiscId. La requête est alors possible, obtenant pour résultat l'import des<br />
tags. Il existe plusieurs bases de tags à travers le web. La plus ancienne, donc la plus fournie, se<br />
nomme Gracenote. D'abord libre sous le nom de CDDB, elle est rebaptisée lors de son rachat par<br />
Sony, la multinationale contraignant au passage son usage par une licence propriétaire. Ce revirement,<br />
mal digéré par la communauté des défenseurs de l'open source, est à l'origine de l'autre grande base :<br />
FreeDB. Ce projet dissident n'est pas l'unique choix pour contrer la douteuse manœuvre nippone,<br />
surtout si l'on dispose de fichiers issus d'une autre source qu'un CD, un vieux vinyle par exemple.<br />
du tag au<br />
DENIS DRÉAN<br />
tagPAR<br />
Une autre technique de reconnaissance s'impose alors, l'audio fingerprint. Les possesseurs de smartphones<br />
connaissent très bien le principe grâce notamment à l'application Shazam. Pour les autres,<br />
testez Tunatic 2 ou bien encore le site web Midomi 3 , pour, à votre tour, découvrir l'incroyable champ<br />
d'actions que laisse entrevoir cette technologie. Elle utilise une méthode d'analyse acoustique du<br />
signal audio 4 , afin d'obtenir une empreinte unique engendrant alors un identifiant, l'AudioID. Là encore,<br />
on soumettra le résultat à une base, recevant alors les tags en réponse. La base MusicBrainz se<br />
distingue dans ce domaine et son efficacité s'accroît au rythme de l'enrichissement collaboratif. De<br />
plus, ce qui ne gâche rien, la participation des contributeurs, comparable à un Wikipedia, limite les<br />
imperfections des gestions parfois anarchiques de certaines bases.<br />
Les logiciels qui exploitent l'édition automatique ne sont pas encore légion. On notera le complet<br />
Jaikoz 5 mais pour en profiter il faudra se délester de quelques euros. MusicBrainz, quant à lui, propose<br />
son propre soft multiplate-forme, sous le nom de Picard, plus épuré mais suffisant pour geler<br />
efficacement les tags de vos MP3.<br />
1<br />
Exemples de logiciels http://www.freedb.org/en/applications__freedb_aware_applications.9.html<br />
2<br />
http://www.wildbits.com/tunatic/<br />
3<br />
http://www.midomi.com<br />
4<br />
Pour plus de technique http://liris.cnrs.fr/m2disco/coresa/coresa-2006/files/127.pdf<br />
5<br />
http://www.jthink.net/jaikoz/jsp/startup.jsp<br />
11
12<br />
akalmy<br />
PAR SOCIOLOG 2 L'WEST<br />
PHOTO : STÉPHANIE VILLION<br />
Genèse<br />
La pertinence d'Akalmy, et sa stature de groupe<br />
de rap leader aujourd'hui dans l'Ouest, provient<br />
d'une conjonction de variables lui donnant un<br />
statut qu'il serait dorénavant difficile de remettre en<br />
cause. Commençons par l'origine du groupe. Car<br />
comme le dit Bob Marley : “Celui qui oublie ses<br />
racines ne prend pas le bon chemin”.<br />
Akalmy est composé de deux rappers, JM et Trez,<br />
originaires du Mans et basés à Nantes depuis la fin<br />
des années 90 et soutenus par DJ Sandro, platiniste<br />
de la scène nantaise et cheville ouvrière du beatmaking<br />
au sein de Kontrat-Dixion depuis maintenant<br />
près de 10 ans. Akalmy n'est pas né de la dernière<br />
pluie. Ils ont la trentaine. Quand on les interroge<br />
sur leur rapport au rap en région et à son histoire,<br />
on se rend rapidement compte qu'ils en sont<br />
acteurs depuis longtemps.<br />
JM est le maître. Il a commencé à rapper<br />
en 1993, à peine adolescent. Au Mans, il a été<br />
formé à bonne école, au sein du possee des<br />
LA PUISSANCE EST<br />
LE PRODUIT DE LA FORCE<br />
ET DE LA VITESSE<br />
Pour ceux qui ne sont pas encore à la page, il est temps de se poser cinq minutes. Pour ceux qui<br />
savent, une piqûre de rappel est toujours positive. Il serait dommage en effet de passer à côté<br />
d'Akalmy, un projet hip hop aussi résistant que l'adamantium de Wolverine. À cet égard,<br />
interviewer le groupe revient à prendre une leçon de vie inestimable.<br />
leaders du rap de l'Ouest, son grand frère faisait<br />
parti du mythique Baraka Possa, l'un des groupes<br />
du label Angevin Sysmix Recordz et il fut un leader<br />
de Balistik Escadron en compagnie de Messaoud<br />
(d'ailleurs en featuring sur l'album d'Akalmy). De<br />
cette période de gestation, JM a gardé une<br />
passion pour le flow. Tel un artisan, peut-être aussi<br />
porteur d'une certaine classe africaine, il estime<br />
que la forme est décisive pour donner son impact<br />
au fond. Il déplore d'ailleurs le fait que nombre<br />
de rappeurs, précipités, brouillons, oublient de<br />
prendre en compte l'esthétique du contenant…<br />
Marshall McLuhan l'a pourtant dit : “The medium is<br />
the message”. Mais aussi beau soit-il, le paquet<br />
cadeau n'est qu'un prétexte pour ce qu'il<br />
renferme, et Akalmy en a bien conscience, alignant<br />
dans son album un ensemble de bombes<br />
puissamment argumentées.<br />
Un positionnement esthétique,<br />
un positionnement philosophique<br />
C'est là qu'entre en jeu Trez, le théoricien, formé
à l'université et par ses lectures à la critique<br />
politique, mais aussi à l'importance de la culture<br />
dans ce processus militant (il a rédigé voilà<br />
quelques années un mémoire sur les films blacksploitation).<br />
Arrivé au rap peu après son actuel<br />
acolyte, il a été formé par JM, réalisant les back<br />
pour lui sur scène et sur son album “L'avenir des<br />
Hommes” (2006). Une réciprocité solidaire a voulu<br />
que JM travaille ensuite sur l'album de Trez<br />
“Identité XIII” (2007), toujours en compagnie de DJ<br />
Sandro. Un accord était scellé, une mécanique en<br />
marche, qui allait donner lieu au projet Akalmy,<br />
“dont la finalité est avant tout le partage”, selon<br />
JM, qui, fort de son expérience, possède un peu<br />
de l'attitude zen des samouraïs d'Extrême-Orient.<br />
Il est vrai qu’Akalmy revendique une énergie<br />
positive. Ce qui ne veut pas dire abandonner le<br />
combat face au contexte de crise. Ceux qui en<br />
douteraient n’ont qu’à écouter les très actuels<br />
titres “Contrôles”, “Sous Pression”, ou encore<br />
“Télésurveillance” (survitaminé par la caution de<br />
Prince Da). Mais les contributions à la cause<br />
proposées par Akalmy ne se limitent pas au<br />
constat, elles lui associent un message de<br />
conscience et d’action collective, comme le très<br />
bon refrain de “Précaire” que tout auditeur se<br />
surprendrait à chanter.<br />
“Jeune précaire, RMIste, insurgé, rebu, paria,<br />
exclu, main tendue - on dévoile les abus<br />
Intérimaire, chômeur, sans papier, crève la dalle,<br />
main levée – c’est maintenant ou jamais tu sais<br />
Altermondialiste, gauchiste, Artiste, tous en piste –<br />
la révolte gronde même du fond des abysses<br />
Travailleur pauvre, endetté, smicard - la bagarre se<br />
fera, nos convictions sont claires”<br />
Originaux - Réglos - Professionnels<br />
Akalmy chez Kontrat-Dixion, c'est sûrement pas<br />
une solution par défaut. Ce sont des valeurs en<br />
commun avec Mossah et le collectif hip hop<br />
nantais. La solidarité comme élément primordial<br />
pour la révolte mais aussi pour la construction d'un<br />
monde alternatif. Et aussi, un rejet de certaines<br />
postures du hip hop qui ont viré au cliché. Par<br />
exemple, Akalmy “reprezent” quoi ? Nantes ? Le<br />
Mans ? L'Ouest ? La rencontre de l'Europe et de<br />
l'Afrique ? Peut importe en fait pour le duo de<br />
rappeurs. “On sait d'où on vient, on connait les<br />
nôtres, mais revendiquer comme ça un endroit<br />
forcément restreint face au reste du monde, c'est<br />
sûrement pas la priorité”.<br />
Le rap contre certains genres musicaux ? Le métal<br />
par exemple ? Fausse question… Pour Akalmy : “Il<br />
y a des instrus qui claquent, et d'autres qui sont<br />
hors de propos. Il faut donc voir comment<br />
fonctionne un morceau par rapport à un texte, on<br />
ne se pose de ce point de vue aucune contrainte”.<br />
En général : “Quand tu travailles dans des rapports<br />
de confiance et d'émulation avec des gens, c'est<br />
là que ça sonne bien. Au-delà des contrats, faut<br />
voir les rapports humains”. D'où deux morceaux<br />
avec des riffs coulés dans le plomb : “Sous<br />
Pression” et “Délétère” (feat. Gokan, groupe de<br />
métal justement) qui valent le détour.<br />
L'intérêt d'Akalmy, sa pertinence au sein du<br />
monde de la musique, c'est sa liberté d'action.<br />
“On écoute ce qui se fait en rap, et dans tous les<br />
genres, il y a du bon partout”. L'imprévisibilité et<br />
l'ouverture, n'est-ce pas ce qui a constitué le rap<br />
dès sa naissance avec les block parties ? Tout cela<br />
fait que le groupe met les points sur les “i” aussi<br />
bien sur scène (mémorable ouverture pour EPMD<br />
à L'Olympic en 2009) qu'en studio. Et une médaille<br />
accroché sur leur poitrine conquérante, le featuring<br />
avec B-Real de Cypress Hill - excusez du peu -<br />
enregistré au states et édité cette année sur ce<br />
premier album. “Ce fut une aventure humaine, et<br />
un respect mutuel. On a rien contre son mode de<br />
vie fondé sur l'herbe même si pour notre part, on<br />
reste straight concernant la drogue”. On ne va pas<br />
critiquer des gens qui savent ce que veut dire<br />
l'expression “opium du peuple”.<br />
Akalmy<br />
Akalmy<br />
Dixit-Records 2010<br />
On s'étonnerait presque du nom<br />
de ce combo rap à l'écoute de leur<br />
album qui entend maintenir une<br />
pression explosive tout au long<br />
des 17 titres qui le composent. De<br />
“Contrôle” à “Délétère”, les morceaux<br />
s'enchaînent et dressent un constat<br />
critique et implacable des dérives<br />
sécuritaires et populistes de la société (la “télétélé-surveillance”<br />
dénonce rageur et un brin ironique<br />
Prince Da en featuring). Les refrains sont comme des<br />
bombes où se croisent, se claquent et se répondent<br />
avec tranchant les flows de JM et Trez. On reproche<br />
souvent au rap français d'avoir oublié ses valeurs et<br />
ses combats à l'issue des années 1990. Il n'en est<br />
rien dans ce projet solide où le fond et la forme se<br />
servent mutuellement pour entretenir le feu sacré du<br />
rap conscient. “Akalmy dans la machine observe le<br />
feu dans nos rétines !”<br />
Emmanuel Parent<br />
Infos<br />
www.myspace.com/akalmy44<br />
13
14<br />
PAR KALCHA<br />
ILLUSTRATIONS : GROMIK<br />
VOUS AVEZ DIT<br />
CONCERT ?<br />
Le batteur hirsute martyrise ses ballets<br />
sur son tambourin. Derrière lui le bassiste<br />
se dandine. Sur le côté, trois guitaristes<br />
assis sur une fesse s'énervent sur<br />
leurs six-cordes. L'un deux souffle<br />
même dans une trompette quand il<br />
ne chante pas. Ah, et il y a une jolie<br />
violoniste aussi. Bref, un concert<br />
presque normal pour le groupe<br />
d'americana/folk chicagoan Jon<br />
Drake & The Shakes. À ce petit détail<br />
près qu'ils jouent dans une baignoire (!!!).<br />
Qui elle-même se trouve dans la petite<br />
salle de bain de l'appartement<br />
d'Audrey, une jeune demoiselle qui<br />
s'est proposé pour accueillir le groupe<br />
sur www.scenedebain.com, comme<br />
les sept autres chanceux qui ont<br />
assisté à la prestation ce jour-là. Le reste<br />
du monde peut se consoler sur le site, où<br />
ce concert en salle de bain, et plusieurs<br />
autres, sont à visionner librement. Concert<br />
rock, performance arty, vidéo clip, acte<br />
politique, coup de com' ou simple boutade ? On<br />
ne sait plus trop où ranger cette nouvelle offre<br />
culturelle. Quels critères permettent de trancher<br />
de toute façon ? Le nombre de personnes dans le<br />
public ? Le lieu ? La notoriété de l'artiste ? Arcade<br />
Fire jouait sur un parking à Montréal il y a quelques<br />
mois, et on a tous malheureusement vu des bons<br />
groupes jouer devant 10 personnes dans des<br />
cafés-concerts. Toujours est-il que les alternatives<br />
au show “classique” (comprendre pour le coup<br />
sur une scène surélevée dans une salle identifiée<br />
par un public qui a payé pour s'y rendre) se<br />
multiplient, du concert chez l'habitant au spectacle<br />
virtuel sur Internet, en passant par le concert en<br />
voiture ou l'appropriation d'un lieu étranger au<br />
monde de la musique (entrepôt, cave à vin, etc.).<br />
Aussi étonnant que cela puisse paraître de prime<br />
abord, ce n'est pourtant pas la première fois dans<br />
l'Histoire que les musiciens et le public se<br />
retrouvent ailleurs que dans une salle de concert.<br />
Mais est-ce différent aujourd'hui? Quelles sont<br />
les motivations des organisateurs ? Du public ?<br />
Des artistes ?<br />
Est-ce une réelle alternative ? Le sujet n'ayant<br />
encore été que peu traité par nos sociologues, ce<br />
dossier n'aura pas la prétention d'apporter des<br />
réponses définitives à ces questions. Il se pourrait<br />
même qu'il en soulève d'autres auxquelles il<br />
n'avait pas pensé. Nous vous laisserons donc<br />
en débattre entre la brosse à dents et le sèchecheveux<br />
de votre voisine de palier.<br />
Vous avez dit Histoire ?<br />
Si aujourd'hui nous pouvons être surpris de<br />
trouver un batteur dans notre baignoire, c'est<br />
surtout parce que nous sommes devenus le<br />
produit de deux bons siècles de concerts en salle.<br />
Avant la Révolution Française, et ce pendant<br />
plusieurs siècles, les musiciens se produisaient<br />
très fréquemment chez l'habitant, même si cet<br />
habitant était en général noble et riche. On invitait<br />
alors ses amis et/ou sa cour à venir se distraire<br />
devant le spectacle d'artistes dont on était le<br />
mécène. La révolution ayant quelque peu fait le
ménage chez les habitants nobles et riches, les<br />
musiciens ont dû trouver d'autre moyens de se<br />
produire, et donc de subsister. Au XX e siècle, avec<br />
la popularisation de la musique comme divertissement<br />
des masses, monsieur tout-le-monde a eu<br />
plus souvent l'occasion d'associer la notion de<br />
concert à un stade surpeuplé plutôt qu'à une salle<br />
de bain. Notons pourtant qu'au départ l'un n'était<br />
guère plus approprié que l'autre pour accueillir<br />
des musiciens. Dans l'ombre, des courants musicaux<br />
underground ont néanmoins régulièrement<br />
investi des endroits insolites pour rencontrer leur<br />
public. Les jazzmen de Harlem jouaient déjà chez<br />
les habitants du quartier quand ils n'arrivaient pas<br />
à trouver de contrats dans les clubs. Plus tard, les<br />
premiers rappeurs ont envahi les parcs du Bronx<br />
pour organiser leurs block-parties. Au même<br />
moment, les punks arty du mouvement No Wave<br />
improvisaient des salles de concert dans de<br />
grands lofts ou des galeries d'Art de l'East Village.<br />
Dans les années 80 les rockeurs alternatifs<br />
pouvaient traverser l'Europe en faisant la tournée<br />
des squats. Dix ans plus tard, les premières raves<br />
parties effrayaient le monde entier par leur<br />
capacité à rassembler des milliers de personnes<br />
dans les endroits les plus incongrus. Ces pratiques<br />
avaient néanmoins toutes en commun de participer<br />
à l'émancipation d'un mouvement musical, alors<br />
encore ignoré par le grand public. Ce qui n'est<br />
plus du tout le cas avec nos concert à domicile<br />
d'aujourd'hui. Vous pourrez en effet facilement<br />
entendre du folk, de la chanson, du jazz, du blues,<br />
des musiques du monde ou de l'expérimental en<br />
appartement. Mais toutes ces musiques existent<br />
depuis plusieurs décennies et ont toutes leurs<br />
stars. Elles ont surtout en commun d'être peu ou<br />
pas amplifiées, ce qui est bien souvent (mais il<br />
existe des contre-exemples) une des conditions<br />
sine qua non pour pouvoir organiser un concert<br />
chez soi en ville sans risquer de se brouiller avec<br />
tout le voisinage.<br />
“Un boulevard pour des gens qui<br />
ont envie de proposer quelque<br />
chose de différent”<br />
Après avoir connu son apogée lors des deux<br />
dernières décennies du XX e siècle - cf. les grandsmesses<br />
en 5.1 devant 200 000 personnes ou les<br />
émissions de télé-réalité qui voudraient fabriquer<br />
un artiste accompli en trois mois - la starification<br />
à outrance du musicien a aujourd'hui fini par lasser<br />
une bonne partie du public. Ces spectateurs<br />
potentiels sont des consommateurs comme les<br />
autres, et ils suivent la tendance actuelle du retour<br />
à une certaine proximité du produit. Tout comme<br />
il a précipité (nous n'avons pas dit causé) la crise<br />
du disque, Internet et ses réseaux sociaux ont<br />
modifié notre façon d'appréhender les autres. Les<br />
internautes ont en effet vite compris qu'il était<br />
désormais possible de se passer de beaucoup<br />
d'intermédiaires, qu'on pouvait organiser et<br />
communiquer sur des événements (cf. les apéros<br />
géants) auprès de gens qu'on ne connaissait pas<br />
forcément auparavant. Tout est désormais possible.<br />
Ajoutez à cela une crise du secteur des musiques<br />
actuelles depuis quelques années (modification<br />
du régime de l'intermittence, crise du disque,<br />
diminution des subventions…) et vous obtenez un<br />
boulevard pour des gens qui ont envie de proposer<br />
quelque chose de différent.<br />
Vous avez dit organisateurs ?<br />
Qui sont-ils ? Vous, nous, eux. Très souvent<br />
l'organisation d'un concert à domicile part d'une<br />
initiative individuelle. On connaît un artiste qu'on<br />
estime méconnu, on a la place chez soi, et on se<br />
dit qu'on trouvera bien une quarantaine d'amis<br />
qui seront intéressés. Il ne s'agit donc pas d'un<br />
réseau organisé. Bien entendu, il n'est pas rare de<br />
retrouver des personnes qui font déjà partie du<br />
circuit culturel traditionnel (programmateur de salle,<br />
15
16<br />
tourneur, professeur, etc.) parmi les organisateurs<br />
puisqu'ils sont en contact avec beaucoup d'artistes<br />
dans leur vie professionnelle. “Le but premier<br />
est vraiment de se faire plaisir, affirme Virginie<br />
Guilmault qui fait par ailleurs tourner des artistes<br />
dont Marc Morvan et Ben Jarry. Dans mon métier,<br />
je vois tous les jours la difficulté qu'ont les<br />
programmateurs des vraies salles à se faire<br />
encore plaisir à cause de l'obligation de rentabilité<br />
à laquelle ils sont tenus. Quand tu organises un<br />
concert chez toi, il n'y a pas d'enjeu financier,<br />
donc tu choisis l'artiste que tu as envie de faire<br />
connaître à tous tes amis, c'est un vrai moment<br />
de partage. Et puis on organise environ deux<br />
concerts par an, donc ça ne devient pas non plus<br />
une routine.” L'obligation de rentabilité est loin<br />
d'être la seule à laquelle est tenue une véritable<br />
salle de concert. Il lui faut déclarer les artistes, les<br />
techniciens, respecter certaines règles de sécurité…<br />
Autant de choses déjà difficiles pour un<br />
café-concert. On imagine donc que c'est encore<br />
plus compliqué pour un particulier.<br />
Frédéric Roy, régisseur de production/programmateur<br />
au Pannonica et organisateur de concerts<br />
chez lui, confirme : “Pour les règles de sécurité,<br />
c'est très clairement impossible. Qui a des<br />
trappes d'évacuation et des extincteurs chez lui<br />
? Qui a calculé le nombre de personnes qu'il<br />
pouvait accueillir et les unités de passage<br />
qui vont avec ? Au sujet de la<br />
partie administrative, je pense qu'il<br />
y a différents cas de<br />
figure : soit le groupe<br />
a une structure qui<br />
rémunère les artistes<br />
avec ses subsides et<br />
l'argent glané<br />
pendant les<br />
concerts chez<br />
l'habitant, soit ça<br />
passe par une<br />
structure avec<br />
licence qui<br />
demande classiquement<br />
des subventions à des<br />
collectivités,<br />
cette structure<br />
organisant la<br />
tournée du ou des artistes chez l'habitant et le(s)<br />
rémunérant (comme pour Chant'Appart par<br />
exemple, voir ci-dessous), soit encore les artistes<br />
se rémunèrent avec la recette et là c'est à peu<br />
près sûr qu'ils ne peuvent pas se faire un cachet<br />
digne de ce nom.”<br />
Bien souvent les concerts chez l'habitant frisent<br />
donc l'illégalité totale (sauf si le concert est gratuit<br />
et que les règles de sécurité sont respectées).<br />
Il existe néanmoins quelques cas de figures où le<br />
concert à domicile est organisé dans les règles de<br />
l'art. Depuis 17 ans, l'association vendéenne<br />
Chants Sons propose un véritable réseau alternatif<br />
avec ses Chant'Appart. Entre le 6 février et le 29<br />
mars 2011, une trentaine d'artistes axés sur la<br />
chanson francophone au sens très large produiront<br />
ainsi 80 spectacles chez l'habitant un peu partout<br />
dans la région des Pays de Loire. Avec à chaque<br />
fois à l'affiche un artiste régional et un artiste hors<br />
région (voire étranger). L'association a ainsi une<br />
réelle volonté de connecter des artistes entre eux<br />
pour que les échanges se poursuivent après le<br />
concert et que les groupes régionaux aient des<br />
opportunités de jouer hors de nos frontières.<br />
“La personne [qui accueille un<br />
concert] est chargée d'héberger les<br />
groupes et de préparer un buffet<br />
pour les spectateurs que nous<br />
lui remboursons. La formule plait<br />
énormément”<br />
Les 27 personnes du conseil d'administration de<br />
l'association doivent construire leur programmation<br />
parmi des centaines de disques arrivant de tout le<br />
monde francophone, et aussi faire face à des tas de<br />
demandes d'accueil de concert. “La personne<br />
accueillant le concert est chargée d'héberger<br />
les groupes et de préparer<br />
un buffet pour<br />
les spectateurs<br />
que<br />
nous lui<br />
remboursons.<br />
La<br />
formule<br />
p l a i t<br />
énormément,<br />
nous<br />
sommes<br />
même obligés d'imposer<br />
un turnover des maisons<br />
accueillantes car nous avons<br />
trop de demandes. Accueillants, musiciens et<br />
public sont tous ravis…”, explique Christian<br />
Gervais, le président de Chants Sons.<br />
La Mairie d'Indre, petite bourgade de 3 700<br />
habitants de Loire-Atlantique, a quant à elle eu
l'idée du SIÈCLE : plutôt que d'investir dans une<br />
salle de spectacles, le service culturel propose<br />
dans sa programmation officielle des concerts<br />
chez l'habitant, dans la rue ou sous chapiteau.<br />
“On s'est dit que c'était un moyen pas plus bête<br />
qu'un autre pour que les habitants de la ville se<br />
sentent concernés par nos projets. On croit beaucoup<br />
à cette idée du lien social par la culture,<br />
même si c'est une idée parfois galvaudée dans<br />
les discours politiques”, explique Olivier Langlois du<br />
service culturel de la Mairie d'Indre. “Nous avons<br />
aujourd'hui 80 bénévoles et une vingtaine de maisons<br />
qui accueillent des spectacles. La Ville assure<br />
la rémunération des groupes et récupert la billetterie<br />
qui est à 8€”.<br />
Est-ce que ces nouvelles formes de concert ne<br />
risquent pas de faire de la concurrence aux<br />
salles de concert qui ont déjà<br />
bien des difficultés à atteindre<br />
leurs jauges de rentabilité ?<br />
“Personnellement, je ne crois<br />
déjà pas beaucoup à cette<br />
histoire de concurrence entre<br />
les structures traditionnelles,<br />
alors entre les<br />
concerts en salle et<br />
les concerts chez<br />
l'habitant... C'est<br />
sûr et certain que<br />
ça complète.<br />
D'une part parce<br />
que les artistes que<br />
nous avons<br />
accueillis ne<br />
jouent pas tous<br />
les jours, parce<br />
que c'est une<br />
autre forme de<br />
concert, parce que le<br />
coût est plus abordable.<br />
Ensuite, les artistes que nous<br />
avons accueillis sont plutôt des<br />
citadins qui se produisent très peu à la<br />
campagne, là où nous habitons”, résume Frédéric<br />
Roy du Pannonica à Nantes. Stéphane Martin,<br />
programmateur du Chabada à Angers, va dans le<br />
même sens : “Dans l'absolu, je trouve que ces<br />
concerts à domicile sont une bonne chose : plus la<br />
musique circule et mieux c'est pour tout le monde<br />
de toute façon. Le public y découvrira des artistes<br />
qu'il viendra peut-être revoir chez nous dans<br />
d'autres conditions. Il y découvrira peut-être même<br />
tout simplement le plaisir de voir un concert…”<br />
Vous avez dit public(s) ?<br />
“Le public varie énormément selon les territoires<br />
où nous organisons un Chant'Appart. On n'aura<br />
pas le même type de public selon qu'on se trouve<br />
dans une grande ville ou dans un petit village.<br />
N'allez d'ailleurs pas croire qu'il y a moins de gens<br />
dans ce deuxième cas. Au contraire, les offres<br />
culturelles étant plus rares et les gens se connaissant<br />
souvent mieux, on fait régulièrement le plein<br />
en zone plus rurale”, s'enthousiasme Christian<br />
Gervais.<br />
“Les gens qu'on croise aux<br />
concerts que nous organisons sont<br />
pratiquement tous des amis ou des<br />
amis d'amis”<br />
En règle générale, le public qui se déplace à un<br />
concert à domicile connaît davantage<br />
l'organisateur que l'artiste.<br />
On connaît beaucoup de<br />
programmateurs<br />
de salles de<br />
concert traditionnelles<br />
qui rêveraient<br />
d'une telle relation<br />
de confiance. “Les<br />
gens qu'on croise<br />
aux concerts que<br />
nous organisons<br />
sont pratiquement<br />
tous des amis ou<br />
des amis d'amis.<br />
Ce sont des gens<br />
qui ont ou qui ont<br />
eu des pratiques<br />
culturelles plus classiques<br />
mais dont la<br />
vie quotidienne est<br />
devenue aujourd'hui<br />
trop remplie pour qu'ils<br />
continuent à se tenir au fait.<br />
Du coup, ils nous font confiance…<br />
Pour l'instant, les gens ont toujours été très<br />
contents du spectacle qu'ils voyaient. Ils aiment<br />
pouvoir aller discuter avec l'artiste après le concert,<br />
échanger. Il y a une dimension émotionnelle qu'il<br />
est forcément plus difficile à recréer dans le cadre<br />
d'un concert plus classique”, explique Virginie<br />
Guilmault. “Nous le voyons bien sur les concerts<br />
au Chabada. La scène a un côté intimidant. Ça crée<br />
une distance difficilement franchissable entre<br />
l'artiste et le public. Donc je comprends tout à fait<br />
17
18<br />
qu'une fois cette barrière brisée - au propre<br />
comme au figuré - dans un concert chez l'habitant<br />
l'ambiance soit très différente, et par conséquent<br />
que la proposition artistique soit aussi différente”,<br />
analyse Stéphane Martin.<br />
Vous avez dit artistes ?<br />
Unanimement les artistes disent en effet<br />
apprécier cette très grande proximité avec le<br />
public. Le fait d'être au même niveau qu'eux,<br />
sans piédestal. En gros, ils apprécient le fait<br />
de ne plus être considérés comme<br />
des Artistes. De se mettre suffisamment<br />
en danger pour se sentir pleinement<br />
dans leur art. “C'est un brin intimidant<br />
cette proximité, on sent les gens, on<br />
saisit le moindre regard… C'est assez<br />
particulier mais finalement super appréciable<br />
de jouer pour quelqu'un qu'on<br />
ressent aussi près” explique JC de Gong<br />
Gong qui a eu plusieurs expériences avec<br />
son groupe ou en accompagnateur de<br />
The Healthy Boy. “C'est aussi l'occasion<br />
parfois de roder un set qu'on jouera<br />
dans une salle plus tard, mais c'est<br />
avant tout une rencontre particulière,<br />
la garantie d'un accueil soigné, un<br />
grand partage parce que le public<br />
reste, les échanges se créent...”<br />
Cette notion d'échange est vécue par<br />
tous ceux qui ont tenté l'expérience. L'artiste<br />
pianiste improvisateur POL y voit même un<br />
moteur pour son travail : ”La proximité avec les<br />
personnes tisse des liens forts. Les personnes qui<br />
m'ont accueilli en résidence suivent mon parcours<br />
d'artiste depuis. Elles me soutiennent pour beaucoup<br />
à distance ou concrètement en participant à<br />
la mise en oeuvre de nouvelles rencontres”.<br />
“Chez l'habitant, la liberté logistique et<br />
horaire nous permet d'être totalement<br />
investi dans notre musique. On peut<br />
décider de jouer à n'importe quel<br />
moment, n'importe où dans la maison,<br />
c'est énorme !”<br />
L'autre intérêt que vantent tous les artistes<br />
interrogés est la grande liberté qui leur est offerte.<br />
Flo, batteur du groupe math-noise The Forks<br />
(comme quoi les concerts chez l'habitant peuvent<br />
aussi parfois faire du bruit), opine : “Jouer dans<br />
une salle, surtout en compagnie d'autres groupes,<br />
demande une organisation nécessaire mais<br />
parfois difficile à intégrer pour nous. Chez l'habitant,<br />
la liberté logistique et horaire nous permet d'être<br />
totalement investi dans notre musique. On peut<br />
décider de jouer à n'importe quel<br />
moment, n'importe où dans la<br />
maison, c'est énorme !”<br />
Doit-on comprendre à cet<br />
enthousiasme que le réseau des<br />
salles traditionnelles ne réussit<br />
pas pleinement sa mission : à<br />
savoir offrir les meilleures dispositions<br />
pour qu'un échange puisse avoir<br />
lieu entre un artiste et son public ?<br />
“Bien sûr, le formatage de<br />
l'industrie musicale lors de la<br />
seconde moitié du 20 e siècle<br />
a été très puissant.” C'est<br />
Vincent Moon qui parle. Ce<br />
réalisateur a longtemps<br />
approvisionné le site de La<br />
Blogothèque en “Concerts à<br />
emporter”. Ces vidéos mettent en<br />
scène un artiste, parfois très<br />
connu (REM, Arcade Fire, Liars,<br />
etc.), dans une situation totalement<br />
inhabituelle pour lui : jouer<br />
dans un camion, dans le métro,<br />
dans un ascenseur… “Avec ces petits<br />
films, le but est bien de renouer avec une pratique<br />
originelle (que l'on continue, bien entendu, de<br />
trouver dans d'autres cultures, africaines ou<br />
arabes) et non de prétendre à quoi que ce soit de<br />
nouveau. Mais l'idée du challenge est bien<br />
présente un peu partout, mettre en danger la<br />
musique mais aussi, espérons-le, se mettre soimême<br />
en danger à chaque fois.”<br />
Vous avez dit alternative ?<br />
Quand un système ne marche pas (ou mal), les<br />
alternatives se développent naturellement. Le<br />
concert chez l'habitant est la quasi-certitude pour<br />
l'artiste de jouer devant du public. Ce qui - pour<br />
les groupes qui évoluent dans une niche assez<br />
spécialisée - est une motivation moteur. Flo de<br />
The Forks s'emballe : “On réfléchit à plein de<br />
manières de renouveler l'expérience le plus<br />
souvent possible, notamment par la distribution<br />
de golden tickets dans les albums. Le but est de<br />
jouer le plus possible chez les gens en leur<br />
confiant l'organisation, la personne qui écoute<br />
notre musique connaît forcément d'autres
personnes qui peuvent aimer et est capable de<br />
trouver un lieu de diffusion adéquat.” POL pose<br />
même le débat sur des bases plus politiques :<br />
“L'offre musicale exponentielle versus le réseau<br />
de diffusion scénique limité structurellement : les<br />
concerts à domicile ou autre lieu de proximité<br />
constituent une voie tangible et économiquement<br />
viable si elle est accompagnée. Elle sera de plus<br />
en plus exploitée c'est sûr. La question est plutôt :<br />
cette formule servira-t-elle le développement de la<br />
diversité culturelle ou les seules logiques du<br />
marché ? Il y a des citoyens qui programment<br />
régulièrement des artistes dans leur salon et<br />
rémunèrent au chapeau. C'est leur initiative, ils<br />
font leur programmation et partagent avec leur<br />
entourage... Ça, c'est de la diversité culturelle, la<br />
politique culturelle est alors reprise par ceux qui<br />
sont concernés plutôt que des élus ou ‘experts’<br />
qui décident pour ces administrés. Là est la base<br />
d'une véritable révolution du système pour plus de<br />
diversité.”<br />
“Je ne doute pas que beaucoup des<br />
personnes qui organisent des concerts<br />
chez eux le font pour proposer des<br />
choses différentes, pour faire partie<br />
d'un mouvement alternatif, et donc<br />
d'une certaine manière comme un acte<br />
politique. Mais je reste aussi persuadé<br />
que d'autres le font de manière un peu<br />
plus bobo.”<br />
Est-ce pour autant une réelle alternative ? Ou en<br />
tout cas une alternative viable ? Stéphane Martin<br />
“bémolise” : “Je ne doute pas que beaucoup des<br />
personnes qui organisent des concerts chez eux le<br />
font pour proposer des choses différentes, pour<br />
faire partie d'un mouvement alternatif, et donc<br />
d'une certaine manière comme un acte politique.<br />
Mais je reste aussi persuadé que d'autres le font<br />
de manière un peu plus bobo. Avant on passait<br />
des disques chez soi pendant les soirées entre<br />
amis, puis il a été de bon ton de faire venir des DJ,<br />
et aujourd'hui on invite peut-être aussi des<br />
groupes pour épater ses amis ? Ce petit côté<br />
élitiste, ou en tout cas restrictif, me dérange un<br />
peu quand même…”. Cette vision des choses<br />
rappelle étrangement nos musiciens qui jouaient<br />
chez l'habitant noble et riche.<br />
Virginie Guilmault admet également : “C'est sûr<br />
que c'est ultra-réjouissant de pouvoir organiser<br />
des concerts chez soi. Mais c'est aussi frustrant<br />
parfois. Car on a vite conscience que ça sera<br />
difficile de pousser les choses plus loin pour<br />
l'artiste. À défaut de trouver un moyen simple et<br />
légal de payer les groupes, et de construire un<br />
réseau qui leur permettrait de jouer en dehors de<br />
nos frontières locales, comme ça pouvait l'être<br />
pour le réseau des squats à l'époque du rock<br />
alternatif. Il y a très peu d'associations comme<br />
Chant'Appart qui ont passé le cap. Ça reste des<br />
actions très individuelles, et donc fragiles.”<br />
“L'entrée d'un Chant'Appart est de 15€ pour un<br />
double plateau. Mais il faut savoir que chaque<br />
spectacle est déficitaire de 800 à 1200€. Nous ne<br />
pourrions pas continuer sans nos différents<br />
subventionneurs”, précise aussi Christian Gervais.<br />
Un discours qui rappellera quelque chose à tous<br />
ceux qui fréquentent des administrateurs de<br />
salles de concerts plus traditionnelles.<br />
Olivier Langlois de la Mairie d'Indre soulève même<br />
un souci plus surprenant : “Après quatre ans<br />
d'activité, on se rend compte qu'on a beaucoup<br />
de mal à renouveler le public. On retrouve<br />
toujours les mêmes têtes. On croise beaucoup de<br />
personnes sur les manifestations qu'on organise<br />
sous chapiteau ou autre qui nous expliquent<br />
qu'elles ne se voient pas venir chez quelqu'un<br />
qu'elles ne connaissent pas. C'est comme aller à<br />
une fête chez des gens qu'on ne connaît pas et<br />
où on risque d'être le seul à ne connaître<br />
personne. Il y a une sorte de blocage. Et comme<br />
les groupes sont rarement assez connus pour<br />
faire franchir le pas, le problème est difficilement<br />
soluble”.<br />
Solutions d'avenir ou feux de paille ? Difficile à dire<br />
donc. Quoi qu'il en soit, ces concerts différents<br />
ont le mérite de questionner nos vieilles habitudes<br />
et de remettre en cause nos systèmes. N'est-ce<br />
pas ce qui a motivé les premiers artistes à se<br />
produire devant un public ?<br />
TOHU BOHU SUR LES ONDES<br />
Vous avez-dit concert ?<br />
vendredi 12 novembre 2010<br />
de 18h30 à 20h,<br />
Le Bar’Ouf (Le Mans),<br />
à l’occasion du festival<br />
Bebop, en direct<br />
sur Jet FM et Radio Alpa.<br />
À retrouver sur :<br />
19
20<br />
ARTÈRES SOUTERRAINES<br />
Warren Ellis, Éditions Au Diable Vauvert, 2010.<br />
Y aurait-il quelque chose de faisandé au Royaume d'Amérique ? À lire ce roman noir, on se<br />
dit que oui. Warren Ellis, britannique, compère de Nick Cave, musicien et scénariste de<br />
Comics, dépeint ici l'Amérique du vice, des damnés, des rejetons de l'american dream. Ici,<br />
les super-loosers ont remplacé les super-heroes, les garçons en quête de virilité s'injectent<br />
des solutions salines dans les couilles et le Gouvernement est à la recherche d'une<br />
Constitution pirate rédigée à l'encre alien. Mike, détective privé et son acolyte féminine Trix<br />
sont chargés de retrouver ce document classé top secret, et, pour se faire, doivent traverser<br />
les Etats-Unis. Ils croiseront sur leur route des geeks, des sadiques, des vieux richards<br />
complètement cinglés. Mais n'ayez pas peur, même si ce roman, le premier d'Ellis, est<br />
vraiment barré, il n'en ait pas pour autant privé d'humour. On y sent un arrière-goût de Dick,<br />
un peu de Bukowski, voire même des dialogues à la Audiard (oui, bon, peut-être un Audiard<br />
sous amphets !). C'est drôle, jouissif par son immoralité, terriblement percutant. L'Évangile<br />
selon Ellis se mange chaud, sur une bande-son de Nick Cave, assurément !<br />
Benjamin Reverdy<br />
JE NE SAIS PAS<br />
Mathieu Booagerts, Éditions La Machine à Cailloux, 2010.<br />
Depuis 2006 La Machine à Cailloux édite des ouvrages dédiés à la création à travers sa<br />
collection “Carré” dans laquelle elle propose à des musiciens d'écrire sur leur métier.<br />
Après les essais d'Albin de la Simone ou de Dominique A, elle invite cette fois-ci Mathieu<br />
Boogaerts à venir s'exprimer sur la manière de réaliser un album. L'exercice peut s'avérer<br />
périlleux. Rompre avec l'éternel silence du mystère de la création revient en quelque<br />
sorte à dévoiler une partie de son intimité créative. Sans se mettre totalement à nu,<br />
Mathieu Boogaerts réussit dans ce premier livre “Je ne sais pas” à nous transmettre avec<br />
humilité le long processus de fabrication d'un album. Découpées en 4 phases distinctes,<br />
l'artiste revient sur les différentes étapes de réalisation. Des premières maquettes à l'enregistrement,<br />
il nous livre ses secrets de fabrication : la guitare et l'exil pour l'inspiration,<br />
un dictaphone pour s'en souvenir et des heures de travail pour finaliser le tout. La plume<br />
douce et facétieuse de Mathieu Boogaerts contraste avec le besogneux travail de maturation<br />
pour arriver à la réalisation d'un album. Monté comme un “work in progress”, ce<br />
livre passionnant foisonne de conseils utiles pour un musicien qu'il soit débutant ou<br />
confirmé. À dévorer à pleines oreilles.<br />
Eric Fagnot<br />
JIMI HENDRIX LE RÊVE INACHEVÉ<br />
Régis Canselier, Éditions Le Mot et le Reste, 2010.<br />
On célébrait, le 18 septembre dernier, le quarantième anniversaire de la disparition de Jimi<br />
Hendrix. La simple évocation de son nom fait ressurgir l'image du guitariste possédé qui<br />
faisait hurler sa guitare avec les dents. Pourtant Hendrix n'était pas qu'un technicien de<br />
génie. De Miles Davis à Four Tet, on ne compte plus les musiciens qui louent aussi l'avantgardisme<br />
du gaucher en termes de production, d'arrangements, de mélodies ou de<br />
poésie. Un tel talent attire toujours les vautours. Il y a aujourd'hui beaucoup plus d'albums<br />
de Hendrix sortis post-mortem que publiés de son vivant. Pas simple donc de savoir si tel<br />
ou tel disque a vraiment un intérêt artistique ou purement commercial. Le Choletais Régis<br />
Canselier, administrateur du forum francophone de référence dédié au Voodoo Child et<br />
guitariste du groupe Pangaea (Saint-Nazaire), propose un véritable guide dans la jungle<br />
hendrixienne, analysant et documentant minutieusement une discographie pléthorique et<br />
ses concerts les plus prestigieux pour enfin appréhender un musicien aujourd'hui occulté<br />
par sa légende. Un ouvrage passionnant, qu'on conseillera quand même plutôt aux<br />
initiés, et qui devrait vous donner envie de ressortir vos vieux vinyles.<br />
Kalcha
igolboch ricordz<br />
kizmiaz Rds<br />
PAR KALCHA<br />
PHOTOS : DR<br />
VOIX DE GARAGE<br />
Quelle est la différence entre le rock et le garage rock ? Bonne question. Usons d'une petite métaphore<br />
capillaire : le rock, c'est Elvis qui remue de la guibole, la banane gominée bien en place ; le garage rock,<br />
c'est Elvis qui se déboîte un genou, la banane complètement partie en sucette ! Vous visualisez mieux ?<br />
“À l'origine, c'est une appellation donnée aux groupes de rock'n'roll qui répétaient dans leur garage durant<br />
les années 60. C'est avant tout une histoire de son plus sale que la norme, une sorte de rock'n'roll qui<br />
revient à la source, une voix sauvage, puissante, des guitares qui déchirent, et souvent un orgue un peu<br />
funky”, précise David du label nantais Kizmiaz Records. Une attitude, un son, plus qu'un genre en soi<br />
donc. On trouve en effet des groupes très différents derrière l'étiquette garage : certains ont un côté plus<br />
voodoo blues, d'autres rockabilly, d'autres encore psychédéliques, surf ou même soul punk. Rigolboch<br />
Ricordz et Kizmiaz Rds, tous deux créés en 2008, sont les plus ardents propagateurs de cette vision du<br />
rock'n'roll dans nos contrées.<br />
“Je suis un passionné de musique, j'ai touché à l'organisation de concerts, je tenais les baguettes dans divers<br />
groupes rock, j'ai travaillé dans une radio associative et participé à des émissions, je fais régulièrement le<br />
DJ… Il manquait le label !!!”, se marre Johnny de Rigolboch. Les deux labels dégotent donc des artistes<br />
aux noms improbables (allez voir leur playlist en fin de Tohu Bohu) sur la Toile et sortent aussi souvent que<br />
possible albums, compilations et 45-Tours pour tous les mordus du genre qui vivent dans l'ombre. Une<br />
troisième compilation, “The astounding freak party : Dance with the ghoul”, sort d'ailleurs à l'automne chez<br />
Rigolboch.<br />
Étonnamment, le mouvement garage rock est aujourd'hui confiné à un petit réseau d'irréductibles activistes<br />
alors qu'il a connu des heures de gloire. Ça n'empêche pas Johnny de philosopher : “Des titres comme<br />
‘Surfin' Bird’, ‘Louie Louie’, ‘Psycho’, ‘Wild Thing’ restent pourtant des titres mondialement connus et pas<br />
seulement d'un public spécialisé. Combien de films ont dans leur B.O. un de ces titres ? Combien de groupes<br />
connus les ont repris ? Quand The Sonics, The Seeds, The Kinks ou The Trashmen se produisaient, les<br />
salles étaient pleines !!! Les radios internationales diffusaient leur musique et les singles se vendaient bien.<br />
Tu pouvais entendre leurs morceaux sur RTL, Europe 1 au même titre que Sheila, Ringo, Mireille Mathieu<br />
ou Dalida…. Dorénavant les groupes garage rock passent dans des émissions radio spécialisées, réalisées<br />
par des amateurs éclairés. Mais, après tout, une diffusion pour le grand public est-elle réellement nécessaire,<br />
du moment que les groupes tournent, que les labels vendent leurs disques, et que le public concerné soit<br />
tenu au courant ?”. C'est sûr.<br />
Bon, et si on se déboîtait un genou maintenant ?<br />
Infos<br />
www.myspace.com/rigolbochricordz<br />
www.myspace.com/kizmiazrecords<br />
21
22<br />
Djak HIT<br />
PAR KALCHA<br />
PHOTO : LOUISE POULAIN<br />
Récemment un journaliste anglais du New<br />
Musical Express a dit de vous - dans le cadre<br />
d’un concours organisé par les Trans<br />
Musicales - que vous étiez probablement la<br />
prochaine sensation de la pop française. Ça<br />
fait quoi ?<br />
C’est très flatteur, même s’il y a beaucoup d’autres<br />
groupes qui peuvent prétendre à ça. En tout cas<br />
on va tout faire pour confirmer.<br />
Paradoxalement, même si les retours pros<br />
sont souvent très bons, on a l’impression que<br />
c’est encore difficile de faire décoller les choses.<br />
Il vous manque quoi aujourd’hui pour<br />
que la mayonnaise prenne vraiment ? De la<br />
presse ? Des dates ? Des passages radio ?<br />
Au niveau des dates, on en a pas mal et dans des<br />
lieux intéressants. On pourrait peut-être viser un<br />
THE ROAD DJAK !<br />
Ils sont programmés en découverte des prochaines Trans Musicales de Rennes (scène Focus* au<br />
4Bis/Crij Bretagne). Espérons que le célèbre festival breton fasse office d’étincelle pour mettre le feu<br />
aux poudres de la reconnaissance publique pour Djak. Le quatuor angevin a vraiment tout ce qu’il faut<br />
sous le pied pour devenir The next big thing : du style, une voix, du groove et des mélodies<br />
imparables ! Matthieu (chant) répond à nos questions.<br />
peu plus loin, aller nous tester à l’étranger par<br />
exemple. Mais ce sont certainement les médias<br />
qui propulsent définitivement les groupes sur le<br />
devant de la scène. On a de bons retours des<br />
professionnels et du public mais pour accélérer<br />
les choses c’est sûr que la radio ou certains<br />
magazines pourraient nous aider. Et puis il y a<br />
toujours une rencontre, un coup de chance qui<br />
peut tout changer. On fait de notre côté le<br />
maximum, mais il n’y a pas de la place pour tout le<br />
monde, l’industrie musicale est assez frileuse<br />
depuis l’ère numérique. C’est pourtant bien un<br />
appui dans le domaine qui nous manque mais<br />
certaines accroches nous laissent tout de même<br />
optimistes. Peut-être aussi qu’on a encore un<br />
palier à franchir au niveau de notre musique pour<br />
que ça “décolle”. Bref beaucoup de facteurs<br />
rentrent en jeu mais on y croit.
Pendant plusieurs années, il a fallu chanter<br />
en français pour espérer avoir du succès.<br />
Est-ce encore le cas aujourd’hui ? On a<br />
l’impression que toute une scène pop<br />
française qui chante en anglais commence à<br />
faire son trou ?<br />
Il y a une culture mainstream, une mondialisation<br />
indiscutable qui fait que chanter en anglais devient<br />
plus simple pour tout le monde. C’est aussi clairement<br />
LA langue qui correspond à la musique<br />
qu’on veut faire. Mais j’aurais personnellement<br />
adoré relever le défi du français lié à la pop,<br />
simplement on se rend vite compte que notre langue<br />
influence la musique, le flow n’est pas le<br />
même. On avait rapidement tenté l’expérience au<br />
début, ça n’était pas vraiment concluant. Il aurait<br />
fallu réadapter notre musique. En tout cas il est<br />
clair que de plus en plus de groupes rock-pop font<br />
naturellement ce choix de l’anglais, et que cela<br />
commence à fonctionner en France. Certains sont<br />
là pour le prouver, Stuck In The Sound, Pony Pony<br />
Run Run, Cocoon, The Dodoz. L’avantage de<br />
l’anglais c’est qu’il s’exporte plus facilement. Je<br />
crois savoir par exemple que Phoenix connaît<br />
autant de succès en France qu’au Japon ou aux<br />
Etats-Unis.<br />
Y a-t-il des noms que vous voyez apparaître<br />
dans vos chroniques dont vous ne comprenez<br />
pas ce qu’ils ont à voir avec votre musique ?<br />
Et au contraire y a-t-il des groupes dont on<br />
ne parle jamais et qui sont pourtant très<br />
importants dans votre background musical ?<br />
On a vraiment baigné dans le rock anglo-saxon, de<br />
la période 70’s jusqu’à aujourd’hui, on apprécie<br />
beaucoup certains groupes mais on est parfois<br />
surpris de voir des références à Muse, Radiohead,<br />
qui sont d’une part tout simplement monstrueux,<br />
et qui n’ont pas grand chose à voir avec ce qu’on<br />
veut faire. On est plus dans ce qu’on ressent<br />
quand on voit apparaître Bloc Party, Franz<br />
Ferdinand, Arctic Monkeys, même si là encore on<br />
est assez éloignés. En vérité on est très influencés<br />
par la musique format radio, et on est aussi curieux<br />
de tout globalement. On va donc dire qu’on essaie<br />
de faire une pop radiophonique alambiquée, sans<br />
influence claire.<br />
Il y a quelques années un groupe de votre<br />
niveau aurait déjà un ou deux albums à son<br />
actif. Vous n’avez pourtant sorti que quelques<br />
démos, pour des raisons financières, on<br />
imagine. Quel est votre rapport au disque ?<br />
Est-ce que c’est encore une finalité ? Voire<br />
même un passage obligé pour un groupe<br />
aujourd’hui ?<br />
C’est clair qu’on a changé d’époque, un album<br />
n’est plus une finalité pour beaucoup de groupes<br />
aujourd’hui, on est dans l’immédiat, le mp3, le web<br />
2.0, l’enregistrement sur le fil avec les moyens du<br />
bord, mix-mastering, et on envoie ça sur la toile.<br />
Bien sûr on presse quelques galettes qu’on vend<br />
en concert et qu’on envoie aux pros. Dans la<br />
situation actuelle, on a ni le temps ni les moyens<br />
financiers d’aller enregistrer une dizaine de titres en<br />
studio. Il nous faudrait tout simplement signer sur<br />
un label pour pouvoir faire un album. Et puis, un<br />
album c’est un véritable projet qui doit être<br />
homogène, et se tenir du début à la fin. On espère<br />
y parvenir un jour.<br />
Depuis une petite dizaine d’années, le rock<br />
a retrouvé le chemin des dancefloors, brouillant<br />
un peu plus les frontières entre pop et<br />
electro. Pensez-vous à vous faire remixer ?<br />
Des noms en tête, même inaccessibles ? Et<br />
aimeriez-vous remixer le travail de quelqu’un<br />
d’autre ?<br />
On a déjà eu quelques propositions de remixes qui<br />
n’ont jamais abouti, peut-être parce que notre<br />
musique n’est pas forcement adaptée pour ce<br />
genre d’exercice, ou que les mecs manquaient<br />
d’inspiration. Mais le pied serait de se faire remixer<br />
par Justice, MSTKRFT, Vitalic, The Bloody<br />
Beetroots, ou un de ces grands noms de l’électro.<br />
Remixer un groupe pourrait aussi être intéressant<br />
mais je crois sincèrement que ça n’est pas faisable<br />
à plusieurs. Ça se ferait plus dans un esprit<br />
individuel, une personne du groupe s’attacherait à<br />
faire un remix avec une vision bien à lui. Ce qu’on<br />
peut faire avec le groupe c’est une reprise, mais on<br />
a encore jamais trouvé celle qui nous colle bien.<br />
Mais si la motivation pour un remix se fait sentir, je<br />
choisirais personnellement un groupe avec des<br />
lignes de chant bien prononcées, avec des voix<br />
puissantes et une énergie musicale rock, type<br />
Gossip, ou Cold War Kids, et j’essaierais d’en faire<br />
un truc lancinant et bien dansant.<br />
Focus* : dispositif piloté par <strong>Trempolino</strong>, en partenariat avec Le<br />
Chabada, Le 6PAR4, Le Fuzz’Yon, le VIP, Le Silo, L’Excelsior, qui<br />
accompagne des groupes dans le cadre des Trans Musicales de<br />
Rennes. Ce dispositif est soutenu par la Région Pays de la Loire.<br />
Infos<br />
www.myspace.com/djakrecords<br />
http://wearedjak.tumblr.com<br />
23
24<br />
le chant de foire<br />
Garden party sans chichi<br />
PAR BEN DEVILLERS<br />
PHOTO : DAVID GALLARD (MR GUEP)<br />
15 e édition, 300 bénévoles, 4 200 personnes réunies les 23 et 24 juillet derniers dans le petit village de<br />
Bournezeau (85) au Festival du Chant de Foire, qui réitère son savoir-faire indiscutable : proposer une<br />
affiche fédératrice et exigeante en pleine campagne vendéenne.<br />
Quelques années que je fréquente cette jolie Prairie aux Papillons (où je n'ai d'ailleurs jamais croisé un<br />
papillon, au pire quelques poulets…), en plein cœur du village de Bournezeau. Une grosse fête dans un<br />
cadre verdoyant, genre de Garden party sans chichi en compagnie d'inconnus bien urbains. Pas dégueu<br />
en plus puisqu'on y mange bien, qu'on y apprécie les spécialités locales (parfois traîtres au discernement)<br />
et surtout qu'on y voit de bons concerts, attirant à la fois le chaland avide de têtes d'affiche et le<br />
“pointard” en quête de pépites.<br />
15 e édition du Chant de Foire pour l'association La Belle Équipe. On pourrait croire la manifestation ancrée<br />
dans le paysage festivalier de l'Ouest. C'est pourtant un challenge tous les ans renouvelé : l'autofinancement<br />
est fort (plus de 90%) et le subventionnement des collectivités faible, même si la tendance est à<br />
l'augmentation - timide - mais réelle. On ne saurait assez rappeler la nécessité de ce type d'évènement,<br />
fédérateur et exigeant, dans un milieu rural assez déserté par la chose culturelle. Mais la marge de manœuvre<br />
reste faible quand la jauge est limitée (2 500 places) et que les cachets explosent. Il s'en est fallu de peu qu'il<br />
n'y ait pas d'édition 2010 suite au gadin de 2009. Un concert de soutien des Ogres de Barback a permis de<br />
remettre le navire à flot, au moins pour que cette savoureuse édition puisse avoir lieu.<br />
Le contraire eut été déprimant puisque cette année, du côté des squatteurs d'affiches estivales, on prônait à<br />
la fois l'abus de sexe, d'accordéon et d'alcool (Java) et la lutte contre le cholestérol (Danakil), on tapait dans<br />
la restauration rapide de monument bordelais (Eiffel), on dégustait du beat chinois au sérieux arrière-goût<br />
d'anis (Chinese Man) et on digérait le tout à grands coups de basses massives (High Tone). Voilà pour la<br />
vitrine. Mais comme dans toutes les bonnes enseignes, c'est en “farfouinant” qu'on trouve les bonnes<br />
affaires, notamment au rayon local, avec les prometteurs Von Pariahs de Fontenay-le-Comte et les Nantais<br />
d'Elephanz. La bête de scène était lâchée avec Casey qui, bien qu'étant un peu l'ovni de la party, a su<br />
dompter le public par sa force de persuasion scénique. Et côté import, il y avait vraiment de quoi se faire<br />
plaisir, “Made in Canada” en tête, avec l'électro hip hop foutraque 8Bit de Misteur Valaire et la grosse machine<br />
fusionnante de Beast. Excellente surprise reggae/soul de la généreuse Jaqee, qui fait d'ailleurs regretter le<br />
manque de voix féminine dans ce genre finalement assez macho… Deux regrets : l'annulation de Miss Li,<br />
remplacée par la pop belge un peu formatée de My Little Cheap Dictaphone, et mon craquage sur Ali<br />
Harter : arrivé à la bourre. Dommage, elle qui a en plus donné un mini-concert à la maison de retraite du coin<br />
qu'il m'eut été plaisant de rapporter. J'aurais pu parler du off du festival, qui a pris une réelle ampleur avec<br />
groupes locaux, perfs et concert jeune public des excellents Wackids. Mais j'étais pas là non plus… Nul !<br />
Par contre j'ai appris un truc essentiel : je dors très bien dans ma nouvelle Clio.
www.lesallumesdubidon.fr<br />
www.myspace.com/backdoormenband<br />
Force est de constater qu'avec LES ALLUMÉS<br />
DU BIDON, le steel-drum ne se cantonne pas<br />
seulement aux sons traditionnels de Trinidad-et-<br />
Tobago, il explore d'autres contrées musicales<br />
allant de Goran Bregovic à Kassav. Enregistré au<br />
Théâtre de Laval en novembre 2009, cet album<br />
live vous invite à un voyage sensoriel. Un esprit<br />
festif traverse les 11 plages de ce live savamment<br />
orchestré, renforcé pour l'occasion par une<br />
section cuivre endiablée. Accompagné par<br />
Duvone Stewart, le véritable maître à jouer du<br />
steel-drum, les Allumés nous livrent là un show<br />
des plus déjantés au fil de l'écoute. Et pour ceux<br />
qui aiment allier le son à l'image, vous prendrez<br />
également plaisir à visionner le DVD qui accompagne<br />
le CD live. Un spectacle décapant devant<br />
lequel votre corps aura bien du mal à rester<br />
inactif au fond du canapé.<br />
Jean-François Bodinier<br />
Les allumés<br />
du Bidon<br />
Steel band live<br />
Avec sa voix de vieux<br />
baroudeur des Montagnes<br />
Rocheuses, Thierry Gautier nous assène un blues<br />
en apparence musclé, bien servi par une rythmique<br />
tonique. Et pourtant les trémolos de sa voix<br />
trahissent une belle sensibilité propre au blues<br />
pour un rendu sobre non dénué de personnalité,<br />
la part instrumentale étant suffisamment<br />
gourmande et variée pour ne pas laisser s'installer<br />
le convenu. Malgré cela, les mélodies sont<br />
repérables et on en vient très vite à les fredonner<br />
(comme dans “Chooolaba Woman”). Mais pourquoi<br />
diable utiliser une voix féminine de déco d'arrièreplan<br />
quand le blues est résolument féminin (pour<br />
peu qu'elles prennent une vraie place). La bonne<br />
surprise sera pour la fin, dans deux bonus très<br />
originaux ou plutôt originels avec un jeu<br />
primitif qui nous emmènerait dans l'Afrique<br />
nourricière. Et là BACK DOOR MEN sort de l'ombre.<br />
C'est lumineux et d'une grande inspiration.<br />
Gilles Lebreton<br />
Quand j’ai écouté Sweet Angel Dust, j’ai pris une<br />
grosse claque. Il a fallu m’asseoir quelques minutes<br />
sur mon canapé. Ce disque tue tout. Si le<br />
groupe est aussi bon sur scène qu’en studio,<br />
voici le futur du métal. C’est tellement beau qu’il<br />
s’agit quasiment d’une preuve que Dieu existe.<br />
On pourrait parler d’intelligent death metal,<br />
pour reprendre le vocable utilisé par Gojira,<br />
puisqu’ARCANIA ferait concurrence aux meilleurs<br />
morceaux de nos champions nationaux.<br />
Eux préfèrent parler de thrash progressive metal,<br />
ce qui convient également aux complexes et<br />
solides constructions à tiroir qui renvoient<br />
notamment au Metallica d’And Justice For All.<br />
Les riffs en doubles croches sont dévastateurs et<br />
hyper élaborés, les arpèges cristallins sont à<br />
pleurer, le son est mat, sec et brut. Trop bien.<br />
Gérôme Guibert<br />
CD AP 2010<br />
CD<br />
CD<br />
Back Door Men<br />
What's new in<br />
the blue world<br />
AP 2010<br />
Arcania<br />
Sweet angel dust,<br />
AP/Greatdanerecords 2010<br />
Jorge Bernstein<br />
& the<br />
Pioupioufuckers<br />
Join the Bernstein<br />
Corporation<br />
Super Apes Records 2010<br />
www.myspace.com/arcaniamusic<br />
VINYLE<br />
www.myspace.com/superapeslabel<br />
Colored vinyl - 25 cm - 100% rock'n'roll garage :<br />
voici les signes particuliers du trio nantais JORGE<br />
BERNSTEIN & THE PIOUPIOUFUCKERS. Un brin<br />
ironique dans les patronymes, les textes, l'image<br />
que le groupe donne de lui-même (http://superapes.blogspot.com),<br />
ces déjantés interprètent un<br />
punk-garage au son très saturé et assez grave,<br />
ce qui les démarque un peu de cette famille musicale.<br />
Inutile de dire qu'énergie et fougue sont au rendezvous<br />
de ce second album qui sort sur leur propre<br />
label. Une voix à faire pâlir Jon Spencer, une<br />
basse qui groove un peu les compos, des guitares<br />
saillantes, Monsieur Bernstein et ses “sodomiseurs”<br />
de poulets prend le meilleur du rock, y met beaucoup<br />
d'âme, et le résultat est plus que convaincant !<br />
“Qu'est ce que le garage punk sinon des guitares<br />
cheap et des gros mots en langue étrangère”,<br />
comme ils le déclament !<br />
Cécile Arnoux<br />
25
www.myspace.com/charivari<br />
www.myspace.com/depthaffect<br />
26<br />
Après un premier essai de 7 titres en 2008, les<br />
Manceaux de CHARIVARI reviennent en 2010<br />
avec leur 1 er album, Manège. Toujours fidèles à<br />
leur répertoire aussi bien léger que profond dans<br />
le texte, les charivariens nous livrent ici une playlist<br />
orchestrée entre les joies et les délires de<br />
leurs humeurs changeantes, et leurs amours et<br />
peines de cœur. Leur chanson française métissée<br />
aux accents rock, devenue électrique et plus<br />
percutante, est une invitation à la danse telle une<br />
valse festive parfois mélancolique sans être<br />
nostalgique. Quelques changements opérés<br />
dans la formation se font entendre et la font<br />
évoluer : le lègue de la voix principale, l'arrivée<br />
d'une batterie et une “électronisation” des guitares<br />
apportent de l'ampleur aux compositions et<br />
métamorphosent la fougue de leurs premiers<br />
amours en une énergie maîtrisée.<br />
Emmanuel Bois<br />
CD<br />
VINYLE<br />
MAXI<br />
NUMÉRIQUE<br />
Charivari<br />
Manège, R & Cie<br />
Syncope Management - Mosaïc<br />
Musique 2010<br />
Depth Affect<br />
Chorea<br />
Autres Directions in Music /<br />
La Baleine 2010<br />
En deux albums remarquables,<br />
le quatuor s'est fait une belle<br />
petite réputation, reflétant les<br />
contre-jours éléctros d'un Warp, les audaces<br />
rythmiques d'un Anticon, voire même les mélodies<br />
ciselées d'un Morr Music. Et c'est Autres Directions<br />
in Music qui les accompagne depuis le début,<br />
jusqu'à l'arrivée de Chorea, EP tout aussi fin et<br />
ingénieux que ses prédécesseurs, grâce au subtile<br />
mélange de beats hip hop triturés, de fines pincées<br />
d'electronica, de nappes aériennes ou de strates<br />
frénétiques. Après les collaborations passées avec<br />
Awol One, Subtitle, Alias et Cyne, c'est au tour de<br />
Riddlore ?, rappeur de Los Angeles d'appuyer le<br />
tubesque “Else's Vision”. De leurs platines, machines,<br />
claviers, sortent des ambiances singulières,<br />
qualifiées de neo-pop, qui révèlent dans ces enchevêtrements<br />
de sons synthétiques, toujours un sens<br />
affûté de la mélodie et dont on se prend maintenant<br />
à dire : “Tiens, ce ne serait pas le dernier DEPTH<br />
AFFECT ?”. De quoi leur augurer un bel avenir…<br />
Cédric Huchet<br />
Depuis quelques années, ce jeune artiste autodidacte<br />
Degiheugi sème sur la toile d'excellentes<br />
productions en libre téléchargement. Particularité<br />
par rapport à ces précédents albums,<br />
DEGIHEUGI met en avant la voix en invitant<br />
pléthores de mcs, chanteuses et beatboxeurs,<br />
suivant le fil rouge : des cuts et de vieux samples<br />
venus de tous horizons. Si certaines compositions<br />
relèvent de la préference française Wax<br />
Tailor en matière d’abstract hip hop, il faudra<br />
plutôt lorgner du coté des artistes de Ninja Tune<br />
ou d'Anticon pour réellement comprendre la<br />
richesse des productions et du travail de ce beatmaker.<br />
Autre particularité, ce dernier album n'est<br />
disponible qu'en cd, à commander sur internet.<br />
Qu'à cela ne tienne, en attendant d'être livré,<br />
vous pourrez toujours vous procurer les<br />
précédents opus en libre télechargement sur<br />
www.degiheugi.com<br />
Yasmine Bentata<br />
Degiheugi<br />
Abstract<br />
symposium<br />
AP 2010<br />
www.myspace.com/degiheugi<br />
CD<br />
Granit 665<br />
The Fine Art of<br />
Poisoning<br />
Chanmax Records 2010<br />
CD<br />
Voisin de la bête, GRANIT<br />
665 nous propose un son<br />
sorti tout droit des entrailles<br />
de la terre et des tréfonds de l'âme. Une âme<br />
plutôt tourmentée, on l'aura compris, errant dans<br />
un registre sludge/doom/stoner/post hardcore, à<br />
la croisée des compos d'Eyehategod et des titres<br />
les plus lourds d'Unsane. Si la formation du<br />
combo vendéen reste fraîche, on n'a pas non<br />
plus ici affaire à des lapins de six semaines<br />
puisqu'on retrouve dans le line-up Lionel Fahi,<br />
ancien gratteux des Portobello Bones et Maël Le<br />
Gallo (ex-U'ZY) derrière les fûts. Sorti sur le label<br />
punk Chanmax Records, d'ailleurs lancé dans le<br />
métal avec un split Granit 665/Goudron, “The<br />
Fine Art of Poisoning” répand 10 plages lancinantes,<br />
hors format, aussi insidieuses que toxiques. À<br />
noter la présence des Granit sur la compil'<br />
Psychotic Reactions, aux côtés des Junkyard<br />
Birds, Mudweiser, Cafe Flesh, Kubota ou Karma<br />
to Hell.<br />
Benoît Devillers<br />
www.myspace.com/granit665
www.myspace.com/totalgratuit<br />
www.myspace.com/hamonerwan<br />
Alors que le volcan Belone Quartet était toujours<br />
en activité rock, Antoine Bellanger avait déjà<br />
initié un side project : Cheval Monamour. Avec<br />
une approche ultra lo-fi et ultra confidentielle, ce<br />
dernier préfigurait ce qui allait devenir GRATUIT.<br />
En ce sens où il mettait déjà du français dans le<br />
grand shaker de la musique indé. Les bidouillages<br />
électroniques étaient également de la partie !<br />
Malgré tout, avec Gratuit, le Nantais a radicalisé<br />
sa vision de l'indie musique. Le temps d'un disque,<br />
dont on saluera la qualité de l'objet, il abat toutes<br />
les cloisons à grands coups de batte de baseball.<br />
Gratuit, c'est punk, rock, électro, dark et surtout<br />
passionnant ! On pense bien évidemment à Sexy<br />
Sushi. Mais Bellanger se révèle aussi être le fils<br />
caché de Programme et Orelsan. Il dissèque<br />
l'époque comme personne. Et, tout le monde<br />
prend cher.<br />
Arnaud Bénureau<br />
VINYLE<br />
Gratuit<br />
Rien<br />
Ego Twister / Kythibong /<br />
Les Pourricords / Hang up the<br />
DJ / Tool Box Records 2010<br />
Hamon au coffre, Martin aux<br />
soufflets, ces deux-là ne manquent<br />
pas d'air. Ni de doigts à<br />
courir les boutons et les clés pour donner à leur nouveau<br />
souffle des reliefs inattendus. Flûte, bombarde,<br />
diatonique, trio sonnant pour couple de sonneurs et<br />
public un peu sonné par l'écho. Sans doute un<br />
besoin de se retrouver à 2, pour faire le point avec les<br />
instruments du bord, sortir les vieilles cartes des<br />
tiroirs, et tirer de nouveaux plans, sur de nouvelles<br />
pistes. On sait bien ce qu'on doit au trad' et combien<br />
il a nourri le parcours, on sait aussi qu'on a mûri,<br />
qu'on sort des sentiers battus pour dessiner son<br />
propre chemin. Un art consommé qui atteint des<br />
sommets, des attaques toujours plus incisives, des<br />
accroches qui retiennent jusqu'au bout des phrases,<br />
des rythmes qui s'endiablent à damner nos oreilles,<br />
ou qui se posent pour reprendre haleine. 13 morceaux<br />
à la douzaine, comme tout ce qui est essentiel,<br />
comme une cerise sur la galette d'argent des<br />
magiciens d'An Naer, petit éditeur trégorrois aussi<br />
discret que pertinent. Une eau-forte en couleurs de<br />
vérités premières, à distiller de la tête aux pieds...<br />
Jean-Jacques Boidron<br />
Démarrage en trombe pour ALEX GRENIER dans<br />
une performance à la Bjorn Berge, sur un jazzguitare,<br />
et bottle-neck incisif, au phrasé bien<br />
enlevé, dont la maîtrise laisse poindre un soupçon<br />
de retenue. Puis changement de couleur<br />
pour la suite qui se veut plus électro-jazz. Avec<br />
ses phrases musicales en répétition à la guitare,<br />
sur une rythmique mécanique aux samples, Alex<br />
cherche à nous hypnotiser. Son jeu s'arrondit<br />
parfois, se fait velours, aux notes de fruits rouges,<br />
mais le métronome de la boîte à rythme nous<br />
retient dans l'envoûtement. Peut-être manque-t-il<br />
encore à cette musique hybride qu'est l'électrojazz<br />
une âme pour qu'elle devienne Vaudou.<br />
Malgré cela, le son de sa guitare, somme toute<br />
classique dans le répertoire du jazz, révèle ses<br />
qualités incontestables de guitariste. Cela crée<br />
un contraste frémissant avec les sons synthétiques<br />
des machines pour nous<br />
souffler le chaud et le froid.<br />
Gilles Lebreton<br />
Alex Grenier<br />
Wasabi<br />
NUMÉRIQUE AP 2010<br />
CD<br />
CD<br />
Hamon & Martin<br />
Sous le Tilleul<br />
An Naer Produksion 912<br />
www.myspace.com/alexandregrenier<br />
Hatebonz<br />
Screenplay for<br />
a Dead City<br />
Squealophrenic Treatments /<br />
La Machine Folle 2010<br />
CD<br />
Après avoir tenu la basse<br />
dans Earl et les Zetlas, se la<br />
jouer Rémy Bricka version blues cradingue du<br />
bayou dans Hungart Thorsen, Gib is back avec<br />
un nouvel EP d'HATEBONZ… Ce projet, initialement<br />
solo et issu des âges farouches adolescents, a<br />
désormais mué en un vrai groupe (avec des<br />
membres d'Earl et Daria) pour débiter en 6 titres<br />
plus de rondins qu'un bûcheron de Winnipeg. Au<br />
programme un hardcore plus conventionnel<br />
qu'avant mais un hardcore++, invoquant à la fois<br />
l'urgence rock'n'roll, la nervosité punk, la puissance<br />
métal et dévoilant un petit horizon southern rock.<br />
On le situerait bien entre Nailbomb, Unsane ou<br />
Dillinger Escape Plan… Avec en sus la scansion<br />
singulière de Gib, entre croon rugueux et raclage<br />
de gorge exulté. Ajoutez à cela un packaging très<br />
classe, fait maison comme tout ce qui sort de<br />
chez “La Machine Folle”, voilà un objet bien<br />
réjouissant, dans le fond comme dans la forme.<br />
www.myspace.com/hatebonz<br />
Benoît Devillers<br />
27
www.myspace.com/hellnino<br />
www.myspace.com/insidelemurya<br />
28<br />
On démarre ce EP de 4 titres avec un morceau à<br />
l'ambiance “monstres gentils” qui s'invitera<br />
volontiers dans votre salon lors du prochain<br />
Halloween. État d'esprit plus grave sur le<br />
deuxième titre guidé par le train de notes du<br />
bassiste qui cherche à nous extirper des lieux<br />
communs. On fait endosser au quatuor de nombreuses<br />
influences plus ou moins pertinentes,<br />
mais une chose paraît évidente sur le titre<br />
“Songes”, c'est la filiation avec des groupes<br />
comme Portishead. Ce morceau très bien mené<br />
du début à la fin marque le climax de ce EP. Sur<br />
les autres titres, j'y trouve parfois un certain<br />
attachement avec le “becoming X” de Sneaker<br />
Pimps. Toujours est-il qu'il y a petit air de Bristol<br />
qui souffle dans les amplis de ces enfants<br />
terribles. Phénomène musico-climatique qui<br />
cherche à créer son propre courant, Romy-<br />
Alysée (la chanteuse) et ses acolytes attendent<br />
certainement un vent favorable<br />
avant de nous proposer<br />
un album.<br />
Mickaël Auffray<br />
CD<br />
MAXI<br />
CD<br />
Hell Nino<br />
Civil Disobedience<br />
AP 2010<br />
Lemurya<br />
Soma<br />
AP 2010<br />
Dans ce disque à orientation<br />
variable, LEMURYA vous<br />
transporte sur la planète<br />
Elcmar. Délire tragique aux frontières de la littérature<br />
fantasy. Sublimé par un jeu incisif doublé d'un<br />
véritable savoir-faire de guitariste, les hommes de<br />
Lemurya livrent ici un premier album patchwork<br />
qui ne manque pas d'idées bien senties. Tantôt<br />
prog, tantôt free, situé quelque part entre<br />
Radiohead et Mars Volta, l'opus regorge de<br />
constructions mélodiques étonnantes habilement<br />
soutenues par un jeu des plus sérieux. Les signatures<br />
rythmiques proposées sont d'une qualité<br />
peu commune, et ce grand huit du métronome<br />
évoque le rock foutraque de Mr. Bungle, son<br />
leader Mike Patton, et ses délires qu'on lui<br />
connaît. Pourquoi faut-il acheter ce disque ? Tout<br />
simplement parce que les membres de Lemurya<br />
proposent autre chose; parce qu'ils ont choisi la<br />
difficulté, par goût, et qu'ils maîtrisent remarquablement<br />
leur création.<br />
Jonathan Duclaut<br />
La pochette comme le titre en dérouteront plus<br />
d’un. Et avant même de l'écouter, cette immaculée<br />
conception s'annonce auréolée de gloire : Victoire<br />
de “Vive la reprise 2010”, prix de l'UNAC, prix “Le<br />
Mans Cité Chanson”..., rien que ça. Assurément, le<br />
contenu vaut le veston d'officier couvert de<br />
médailles. Les 3/4 du temps, on grince des dents<br />
lorsqu'on lit “fils spirituel ou digne héritier de<br />
Brassens”. Sauf que cette fois-ci c'est vrai. Fils de<br />
Bourvil aussi, digne héritier de Chasseloup ou de<br />
Bobby Lapointe. Voilà un album qui s'écoute et qui<br />
s'imagine, les textes sont tendres et coquins, voire<br />
faussement grivois. La drôlerie et parfois la<br />
mélancolie des textes se font plus profondes grâce<br />
aux quelques touches impressionnistes d'une voix<br />
féminine. Chaque bouchée est un morceau de vie<br />
qu'on souhaiterait voir mis en scène, “Vierge” est un<br />
album-théâtre pour le spectacle, à voir vite en<br />
concert pour une satisfaction et une digestion<br />
complète (le 22 octobre 2010<br />
au Chabada).<br />
Marie Hérault<br />
Henri, Leon et<br />
les Autres<br />
56 min 12 chansons<br />
AP 2010<br />
CD<br />
www.myspace.com/henrileonetlesautres<br />
Machin Bidulle<br />
Chouette<br />
Le Grenier magique<br />
Mus'azik 2010<br />
CD<br />
Wok'en'woll on the road<br />
again yeah ! L'ambiance du<br />
grenier magique de chez<br />
mémé a bien changé et a pris un sacré coup de<br />
dépoussiérant ! Grosse gratte, harmonica et<br />
influence folk, le “Grenier magique” tiré du spectacle<br />
du même nom, raconte l'histoire de 4 potes<br />
(Brutos, La Frousse, Ouin-Ouin et Dodo le couche<br />
tôt) qui se retrouvent après 25 ans dans un grenier.<br />
Ils y échangent leurs souvenirs et tout ce qui fait<br />
le sel (et le poivre…) de l'enfance : l'école, les<br />
vacances, les mercredis pourris chez la grandmère,<br />
la soupe traumatisante, les histoires qui<br />
font peur, les chevaliers, les “Fais-pas ci, fais pas<br />
ça !”, etc. Toutes simples et super entraînantes, les<br />
mélodies donnent envie aux minots de se démener<br />
sur dancefloor, et alternent avec quelques<br />
morceaux plus doux. Seul bémol, les textes sont<br />
parfois un peu sombres et un chouïa tristounets…<br />
En effet, même si les 4 compères chantent<br />
l'enfance et ses réminiscences, on se demande<br />
du coup si être un adulte n'est pas plus sympa.<br />
Marie Hérault<br />
www.myspace.com/machinbidulechouette44
www.myspace.com/mixcityontrack<br />
www.myspace.com/diveinthenettles<br />
“La certitude d'être dans le doute” voilà comment ce<br />
quatuor se présente. Un quatuor bigarré puisqu'il<br />
réunit deux danseurs de la Cie KLP, et deux musiciens<br />
de MIX CITY. “A story about... being free” n'est<br />
autre qu'une fusion artistique, sonore et visuelle, où<br />
chacun des deux sens sert l'autre. Spectacle mais<br />
aussi disque puisque la musique imaginée pour l'occasion<br />
s'en retrouve gravée. À la croisée du jazz, de<br />
la soul, d'un hip hop assez abstrakt, des musiques<br />
du monde, de l'ambient, façonnée via batterie, claviers,<br />
samples et scratches, la sculpture est protéiforme.<br />
On imagine aisément les danseurs se laisser<br />
mouvoir sur ces mélodies rythmées ou, à l'inverse,<br />
l'inspiration née ou l'interprétation musicale induite<br />
par deux corps appliqués. Les incursions vocales<br />
(choeurs ou voix tirées de dialogues de film) et la<br />
richesse des sons les rapprocheraient musicalement<br />
de Cinematic Orchestra ou plus largement des productions<br />
Ninja Tune. Reste à découvrir la formule<br />
scénique qui doit nul doute<br />
amplifier une coalescence au<br />
service de l'art.<br />
Cécile Arnoux<br />
Mix City<br />
A story about...<br />
being free<br />
Le ciel est bas, les nuages<br />
menacent, le paysage n'est<br />
que désolation autour de moi, et je roule, je roule<br />
au milieu des grands espaces américains, sans<br />
âme qui vive autour de moi, je roule sans savoir<br />
où aller avec l'impression d'être actrice d'un film<br />
de David Lynch, coincée entre deux mondes, ne<br />
sachant pas où le prochain virage me mènera...<br />
Vous trouvez que j'en fais trop ? Et pourtant...<br />
Une batterie lourde, des envolées de guitares,<br />
des bruits d'insectes non répertoriés, tout est<br />
dans l'ambiance chez PILLOW PILOTS, duo nantais,<br />
formé par JF Lecoq (Margo) et JC Beaudoin<br />
(Gong Gong). Les spectres de Sonic Youth et de<br />
Labradford rôdent tout au long de cet EP 5 titres<br />
sortis sur le label Twin Daisies, et malgré cet<br />
oscillement continu entre cauchemar éveillé et<br />
réalité subjuguée, je suis persuadée que bien<br />
calée sur mon oreiller, par aucune ortie je ne me<br />
ferais piquer.<br />
Chloé Nataf<br />
NIOBÉ, c'est la générosité. Générosité de ces<br />
mots accueillants, bienveillants, entraînants que<br />
lui taille sur mesure Lionel Tua ; générosité de<br />
cette voix chaude ; générosité des orchestrations<br />
où ses cuivres croisent leur métal avec les peaux<br />
des percus, le bronze des guitares et des<br />
scratchs électriques. Avec ses acolytes et<br />
quelques invités, dont l'imposant René Lacaille,<br />
le chanteur, musicien, comédien, Niobé porte<br />
avec force un univers unique. Il y a quelque chose<br />
de François Béranger dans la fougue de ce<br />
chantre des petits matins qui feront peut-être des<br />
grands soirs. Mais le propos est personnel aussi.<br />
Ainsi, cette remarquable “Petite fleur sauvage”<br />
dont la poésie intimiste trouve de belles<br />
traductions sonores, ou ce duo “Sur le quai”, rupture<br />
tendue sur le fil de quelques notes de la trompette<br />
de Niobé. Aimez-le, il vous le rend bien.<br />
Georges Fischer<br />
Niobé<br />
Manifeste<br />
CD AP 2010<br />
AP2010<br />
CD<br />
CD<br />
Pillow Pilots<br />
We used to dive<br />
in the nettles<br />
Twin Daisies Records 2010<br />
Rhum For<br />
Pauline<br />
Miami, Futur<br />
La Baleine /<br />
Believe Digital 2010<br />
Si parmi les amis Myspace<br />
des RHUM FOR PAULINE,<br />
on retrouve Daniel Johnston, Curtis Mayfield,<br />
Coco Rosie ou encore les Beastie Boys, c'est<br />
déjà admettre que ces quatre apaches sont plutôt<br />
curieux. Et pour résumer en un mot ce premier<br />
album, parlons de “désinvolture”. Rock désinvolte<br />
où se mêlent le psychédélisme des années 70,<br />
des mélodies et sonorités garage, surf ou punk,<br />
bref peut-être les sous-familles du rock les plus<br />
énergiques. Mais ce “Miami” s'octroie aussi les<br />
bienfaits de la soul et du funk, avec ne le nions<br />
pas une voix digne d'un Neil Hannon ou d'un Jim<br />
Morrison parfois (cf. “Goog player in the wrong<br />
game”). Une simplicité dans le son, dans le jeu,<br />
Rhum for Pauline semble prendre du plaisir, et se<br />
targuer d'une étiquette qu'on va chercher à leur<br />
coller. Mais sur le sens de la mélodie, ils<br />
mettent tout le monde d'accord !!!<br />
Cécile Arnoux<br />
www.myspace.com/niobejp<br />
CD<br />
NUMÉRIQUE<br />
www.myspace.com/rhumforpauline<br />
29
www.myspace.com/sinscale<br />
www.myspace.com/ultramilkmaids<br />
30<br />
SINSCALE n'est pas le nom d'un portail web<br />
pour no-life monomaniaque de Final Fantasy,<br />
mais bien celui d'un nouveau combo métal<br />
vendéen sur lequel il va falloir désormais compter !<br />
En guise de premier méfait, ils nous ont concocté<br />
un très bon EP 5 titres où s'enchaînent fulgurances<br />
black & death, avec déluge de riffs et blast<br />
beats à n'en plus savoir où secouer la tête. Mais<br />
s'arrêter là serait réducteur. N'étant pas un grand<br />
amateur de cette corpo du métal, c'est surtout la<br />
richesse des compos qui m'a séduit, faisant<br />
notamment appel à des pulsions primaires pour<br />
un résultat des plus jouissifs, proche d'un son<br />
voisin de Trepalium, dont ils sont par ailleurs<br />
proches. Une voix bien plus hardcore que chewbaquesque,<br />
s'autorisant quelques heureuses<br />
tocades mélodiques, sur fond de bons gros<br />
breaks bien plus power que ranger (…) et de<br />
salves hardcore/métal à<br />
vous retourner un pit en moins<br />
de deux.<br />
Benoît Devillers<br />
CD<br />
Sinscale<br />
Night speculations<br />
Je n'écoute plus d'ambient.<br />
Ce courant musical me<br />
fatigue, asphyxié par ses<br />
héros momifiés et sa jeune garde sans ambition.<br />
Alors quand un nouvel album déroge à la règle,<br />
parlons-en ! Les Français d'ULTRA MILKMAIDS<br />
sortent Medecine, une nouvelle production chez<br />
Ant-Zen et affirment une fois encore leur singularité<br />
au sein de la famille indus/noise du label allemand.<br />
Rien n'est simple dans cet album : les guitares<br />
sont saturées et rappellent The Charalambides<br />
(Cotton Energy), les violons sont liturgiques et ne<br />
dénoteraient pas chez Arvö Part (Elixir). Cette<br />
ambiguïté entre sacré et contemporain, disparaît<br />
peu à peu pour faire place à un mouvement<br />
musical cohérent, où souvent des éclairs drone<br />
surgissent (“Injection N°1” et “N°2”). Le classicisme,<br />
assumé ici, est clairement le véhicule adéquat<br />
pour une musique qui déjoue intelligemment les<br />
raccourcis, pour émouvoir et stimuler tout<br />
simplement.<br />
Olivier Tura<br />
SWING : style jazz illustré par Django Reinhart -<br />
SOFA : mot turque pour une estrade avec des<br />
tapis. Un joli son acoustique constitue l'écrin folk,<br />
groove et parfois latino d'une chanteuse de<br />
caractère. Il faut attendre la dernière plage pour<br />
découvrir une chanson swing aux accents<br />
manouches toniques. Deux guitares, basse,<br />
quelques chœurs et percussions : la pâte sonore<br />
homogène et parfois virtuose sait se couler sous<br />
la voix et les textes oniriques d'Aurélie Breton.<br />
Celle-ci porte ceux-là d'une voix tendue, puissante<br />
et aventureuse jusqu'à des vocalises hardies<br />
soutenues par un chœur de voix mâles dans le<br />
final de Natzalémo. Pourtant, toutes ces qualités<br />
peinent à trouver le souffle de liberté dont cette<br />
production appliquée manque aux instants où on<br />
l'attendrait. Quand on entend le son beaucoup<br />
plus rock de certains titres sur le Myspace, il nous<br />
manque. À suivre à la scène.<br />
Georges Fischer<br />
Swing Sofa<br />
Pirato-bohème<br />
MAXI AP 2010<br />
AP 2010<br />
CD<br />
VINYLE<br />
Ultra Milkmaids<br />
Medecine<br />
Ant-Zen Records 2010<br />
Von Pariahs<br />
Ep#01<br />
AP 2010<br />
Heu... comment dire, une<br />
énorme surprise ! Les VON<br />
PARIAHS font parler d’eux<br />
(en décembre aux Trans Musicales). L’heure est au<br />
disque et quel disque bluffant ! From Fontenay-le-<br />
Comte, capitale du rock dans les années 90, à la<br />
bonne école donc, ces jeunes gars qui, à l'époque<br />
du mythique Festival Rock n'avaient pas le droit de<br />
sortir, ont dû malgré tout respirer un air de<br />
novembre à pleins poumons. Cet oxygène les<br />
amène aujourd'hui à composer des titres sauva-<br />
gement rock'n roll, sans tomber dans le rock si<br />
répété et pâlichon du moment. Non, les Von<br />
Pariahs sortent de ce lot, ils construisent des<br />
titres alambiqués, varient les ambiances, puisent<br />
dans la fougue des Thugs ou de Joy Division,<br />
dans l'énergie du Blues Explosion, cassent les<br />
rythmes, et surprennent. Avec un chanteur<br />
d'origine écossaise, on aurait pu croire à un<br />
combo anglais tant leur répertoire est fourni et<br />
rudement accrocheur. Préparez-vous à être<br />
conquis, et ce, avec seulement quatre morceaux !<br />
Cécile Arnoux<br />
www.myspace.com/swingsofa<br />
CD<br />
MAXI<br />
www.myspace.com/vonpariahs
L’OUTIL RÉGIONAL QUI MANQUAIT !<br />
réseau ressources musiques actuelles des Pays de la Loire<br />
http://tohubohu.trempo.com<br />
Le site Tohu Bohu, c’est un support de valorisation des artistes, des assos, festivals...<br />
de la région, et un outil d'informations, de ressources.<br />
- un annuaire régional (le tout premier en région) qui propose déjà plus de 1 700 fiches structures issues<br />
des contacts des membres du réseau. Vous cherchez un label, des lieux pour jouer, un studio d'enregistrement,<br />
un groupe à programmer... Tout est dans l'annuaire. N'hésitez pas à vous inscrire et à le mettre<br />
à jour ! Cet annuaire est mutualisé et doit être utile à tout le monde. Il est important que ses données<br />
soient justes. Si vous êtes un artiste ou un groupe, vous pouvez aussi déposer des morceaux, des<br />
photos, une bio, etc.<br />
- des petites annonces. Vous pouvez consulter les offres, et déposer gratuitement une annonce si vous<br />
vendez un instrument, louez un camion, cherchez un trompettiste...<br />
- un fonds documentaire. Réseau Docs vous proposera des références bibliographiques, avec les bouquins<br />
consultables dans les centres-infos du réseau.<br />
- le magazine que vous tenez entre vos petites mains (souvent épuisé ou quasi) en téléchargement.<br />
En complément des articles papiers, nous allons mettre en écoute des interviews, proposer des versions<br />
longues de certaines interviews, etc.<br />
- un flux Twitter avec des infos en continu (tremplins, sorties de disques...)<br />
Et puis, et puis, plein d'idées pour développer ce nouvel outil, un partenariat avec la Frap Music<br />
(Fédération des radios associatives en Pays de la Loire) pour proposer de nouveaux contenus.<br />
À terme, le site Tohu Bohu proposera un lien pour acheter les références régionales (autoproduits ou<br />
signés) : une véritable plate-forme de la musique en région !<br />
A vous de vous approprier le site, toute remarque est la bienvenue !<br />
31
32<br />
Playlists<br />
Gérôme Guibert, sociologue<br />
KATERINE, Allô la France ?... Moshi Moshi ?, BMG Japon, 1999<br />
(chanson, pop, rock...)<br />
“En 1999, la branche japonaise de BMG commandait à Philippe Katerine (qui était déjà une star là-bas<br />
après ses compositions pour Kahimi Karie) une compilation des artistes français à découvrir. On retrouve<br />
notamment sur le disque les Nantais Little Rabbits, Pierre Bondu, Françoiz Breut ou Yann Savel…”<br />
THE PATRIOTIC SUNDAY, Lay Your Soul Bare, Effervescence 2005 (pop folk)<br />
“Pour moi, avec ce disque, l'indie folk nantaise tutoyait la perfection et Eric Pasquereau posait<br />
les premiers jalons d'une production impressionnante. J'hésitais entre ce disque et, dans un style<br />
proche, ‘Jusqu'à ce que nous soyons repus’, le second disque de Healthy Boy (2008) qui a<br />
également marqué durablement ma vie.”<br />
THE SWINDLERS, First Issue, Dig It, 1997 (garage)<br />
“Un garage band de Fontenay-le-Compte qui, en gravant quelques vinyles, dont ce premier album,<br />
portait la quintessence du festival alternatif de l'ancienne capitale vendéenne. Ils obtinrent même<br />
un papier dans le mythique fanzine américain Maximum Rock'n'Roll. Bon, j'aurais aussi pu choisir<br />
Réseaux d'Ombres de Laval ou les Thugs d'Angers mais c'est un top 3… Alors.”<br />
Franz et David, chanteur et batteur du groupe NOVELS<br />
MASTODON, Crack the Skye, Reprise Records, 2009 (métal psyché)<br />
“J'ai découvert cet album lors de notre tournée aux USA. On écoutait la radio dans la voiture et on<br />
tombe sur ce son vraiment bizarre au premier abord. Je n'ai toujours pas décroché de cette musique<br />
hallucinogène : aérienne, puissante... Des zicos qui mettent la technique au service des morceaux, ça<br />
fait plaisir !”<br />
THE SHINS, Oh, Inverted World, Sub Pop, 2001 (pop indé)<br />
“Ecoute ça, ça va changer ta vie !” (cf. Natalie Portman dans le film “Garden State”)<br />
LTSP, My Time, autoproduit, 2010 (power pop)<br />
“Premier single de ce jeune trio manceau pas comme les autres. Une batterie marimba électro,<br />
un clavier-chant et une guitare-chant. Un résultat mélodique, noise, prometteur !”<br />
Johnny Buenda, Rigolboch Ricordz et Yannick, Kizmiaz Rds<br />
KING SALAMI & THE CUMBERLAND THREE, Fourteen Blazin' Bangers !!!,<br />
Soundflat Records / Dirty Water Records, 2010 (rock'n'roll)<br />
“Parce que leurs compos bourrées d'énergie puisent dans les racines du rhythm'n'blues, du<br />
rock'n'roll et parfois même du Calypso, cet album restera un bon moment sur ma playlist. Leur<br />
show au Cosmic Trip 2010 n'aura fait qu'amplifier mon addiction. Shake it! Shake it! Shake it wild!”<br />
HIPBONE SLIM & THE KNEE TREMBLERS,<br />
The Kneeanderthal Sounds Of, Voodoo Rhythm Rds, 2010 (rock'n'roll)<br />
“4 e opus des 3 briscards anglais. Du rock'n'roll à l'ancienne : son chaloupé, voix 50's, contrebasse et une<br />
classe naturelle, toujours sur le très recommandable label suisse du Rev. Beatman, ‘Voodoo Rhythm’.”<br />
SLIM WILD BOAR HIS FORESAKEN SHADOW, Water On A Dirty<br />
Ground, Beast Rds, 2010 (country)<br />
“Le duo renno-angevin signe ce 2 e album de country/dark folk aux mélodies classieuses.<br />
Un chanteur à la voix imparable. Un des plus beaux albums de l'année !”