michel rolland nantes allez les filles longueur d'ondes marta ... - Spirit
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entre actes<br />
Orphée et Eurydice,<br />
d’après C.W. Gluck,<br />
direction musicale<br />
G. Jourdain, mise<br />
en scène D. Pitoiset<br />
et S. Taylor, du 9 au<br />
13 mai, TnBA,<br />
www.tnba.org<br />
32 • <strong>Spirit</strong> le CaraCtère Urbain<br />
TnBA : l’attente infernale<br />
Dominique Pitoiset, metteur en scène et directeur en fin de mandat, présente sa version<br />
d’Orphée et Eurydice, au moment où planent beaucoup d’incertitudes sur le devenir du tnba.<br />
le ministère de la Culture aurait enfin lancé un appel à candidatures. et le sortant pourrait<br />
être candidat à sa succession. Décryptage.<br />
Le planning 2012 de Dominique Pitoiset est assez<br />
chargé. Commençons par l’artistique : après<br />
la création de l’aquatique Maître des marionnettes,<br />
la reprise de la Mort d’un commis voyageur,<br />
l’édition en avril d’un numéro d’Alternatives<br />
théâtra<strong>les</strong> consacré pour une bonne part à son<br />
travail, et, avant un Cyrano avec Philippe Torreton<br />
annoncé pour 2013, le directeur du TnBA<br />
présente ce mois-ci un Orphée et Eurydice,<br />
adaptation de l’Opéra de C.W. Gluck (1762),<br />
dont il signe la scénographie et cosigne (avec<br />
Stephen Taylor) la mise en scène.<br />
Ni barda mythologique ni castrat baroque :<br />
l’équipe autour du chef Geoffroy Jourdain a<br />
choisi une adaptation proche de<br />
la « version Berlioz » – Orphée<br />
joué par une femme mezzo-soprano,<br />
sur un livret français – et<br />
une mise en scène à l’esthétique<br />
très contemporaine, version épurée<br />
chic, un peu rock. Orphée en veste noir<br />
glam, l’Amour en perfecto rouge, dans un appartement<br />
girouette, lieu de tous <strong>les</strong> vertiges pour<br />
un voyage mental, du réalisme au fantastique.<br />
« J’ai beaucoup secoué la bête, prévient Pitoiset.<br />
Orphée descend aux enfers intérieurs à travers<br />
<strong>les</strong> meub<strong>les</strong>, <strong>les</strong> objets, <strong>les</strong> fantômes, jusqu’à<br />
son Eurydice. » La pièce a été créée l’an dernier<br />
à Bobigny avec <strong>les</strong> solistes de l’Atelier lyrique de<br />
l’Opéra de Paris ; dans la version bordelaise, ils<br />
seront accompagnés par l’orchestre du conservatoire<br />
et <strong>les</strong> chœurs de l’Opéra de Bordeaux.<br />
La jeune Marianne Crebassa, l’un des espoirs<br />
lyriques du moment, interprète le rôle-titre.<br />
Ensuite ? On devrait assister à l’annonce de la<br />
prochaine saison dans le Port de la Lune, et<br />
c’est là que ça se complique. Dominique Pitoiset<br />
gère le lieu depuis 2004 et son troisième<br />
contrat s’achève en décembre 2012. La règle –<br />
formalisée par une circulaire de 2009, mais pas<br />
toujours respectée depuis – prévoit dans ce cas<br />
que le poste soit remis en concurrence, via un<br />
appel à candidatures initié par le ministère de la<br />
Culture. Mais cette décision s’est fait attendre, et<br />
cette incertitude pesait sur le théâtre, obligé de<br />
réduire la voilure pour la saison 2013.<br />
« C’est très inconfortable, pour la création, et<br />
pour l’équipe », disait Dominique Pitoiset, inter-<br />
J’ai beaucoup secoué la bête<br />
rogé le mois dernier. « La question n’est pas<br />
tant : Est-ce que je serai directeur l’an prochain ?<br />
Mais : Quel projet culturel ? Quels moyens pour<br />
le TnBA ? » L’homme invoquait le gel budgétaire<br />
en cours depuis 2007, l’augmentation de la TVA,<br />
l’ambiance fin de règne du ministère de Frédéric<br />
Mitterrand (« Il n’y a pas de pilote dans l’avion. »)<br />
et la déshérence de la culture en général.<br />
Bref, tout cela fait désordre. Quelques jours plus<br />
tard, l’équipe du TnBA annonce que le ministère<br />
a prévenu le directeur de « l’imminence » d’un<br />
appel à candidatures pour le prochain mandat<br />
du CDN bordelais. Si elle parvient à Bordeaux<br />
(ce qui n’est pas fait au moment où nous bou-<br />
© Cosimo Mirco Magliocca<br />
clons cette édition), la lettre de la rue de Valois<br />
viendrait confirmer le scénario cité plus haut, qui<br />
laisse au sortant la possibilité de postuler à sa<br />
propre succession.<br />
Alors, quelle issue ? On rappellera que le directeur<br />
gérant du TnBA est de fait désigné par <strong>les</strong><br />
trois principa<strong>les</strong> tutel<strong>les</strong> du CDN : État, Ville de<br />
Bordeaux et Région. Il faut que tous soient d’accord,<br />
ce qui n’est jamais gagné. On aura compris<br />
que le jeu se complique avec la présidentielle<br />
et la probabilité d’un changement de tête et<br />
de couleur politique au ministère.<br />
Du côté de la mairie, <strong>les</strong> choses ne sont pas<br />
plus claires : la direction culturelle aurait un<br />
autre candidat, mais tous<br />
au palais Rohan ne suivraient<br />
pas. On ignore <strong>les</strong><br />
intentions d’Alain Juppé<br />
(qui, paraît-il, est très pris<br />
en ce moment) envers<br />
le sortant. On ajoutera que <strong>les</strong> candidatures,<br />
parrainées ou spontanées, nationa<strong>les</strong> ou régiona<strong>les</strong>,<br />
vont se multiplier lorsque l’appel sera<br />
officialisé. On en pressent quelques-unes, mais<br />
mieux vaut attendre un peu avant de se livrer<br />
au name dropping. Et celle de Dominique Pitoiset<br />
? Elle paraît probable, même si l’homme<br />
laisse planer le doute sur ses intentions – tout<br />
en s’appliquant à soigner ses bilans artistique<br />
et financier. Bref, le jeu semble ouvert. Il pourra<br />
durer jusqu’en septembre, prévoit-on. Et là, ce<br />
sera comme Orphée revenant des enfers sans<br />
son Eurydice : à la fin, il n’en sortira qu’un.<br />
pégase Yltar.