échappée belle 20 • <strong>Spirit</strong> le CaraCtère Urbain NaNtes, l’enChantée navale <strong>nantes</strong> est une ville vivante et assurément mouvante. riche de son passé et toujours dans le mouvement de sa transformation. Une destination à croquer comme un petit lU : en commençant par le coin que l’on veut. Par Guillaume Gwardeath. Photo ile de Nantes / la grue titan © le voyage à Nantes vu par patrick Messina
À peine arrivé dans le centre de Nantes, place de la Duchesse-Anne, on se met à tourner la tête. Les bâtiments qui s’imposent au regard se présentent déjà comme <strong>les</strong> facettes d’une cité qui s’est enrichie de ses mutations. Les douves et remparts du château des ducs de Bretagne d’abord, telle une preuve massive, certifiant que l’on visite bien une « ville d’art et d’histoire », comme le tamponne le label du ministère. À l’opposé, la tour de l’ancienne usine LU, fier vestige du passé industriel et sémaphore symptomatique d’un dynamisme galvanisé grâce à une forte politique culturelle. Chacun choisit sa promenade : Nantes médiévale, Nantes classique, circuit des sites reconvertis, repérage de formes architectura<strong>les</strong>, comme en un musée à ciel ouvert. La visite « à la papa » peut aussi comporter ses surprises. L’illustre château sera perçu, selon votre angle d’observation, comme un château fort, un château breton du XV e siècle, un château de la Loire. Sur la ville, elle-même, le point de vue pourra varier, selon votre interlocuteur, et prendre parfois le ton de la polémique. Parle-t-on de Nantes, métropole de Loire-Atlantique, ou de Naoned, porte sud de la Bretagne ? Le débat pourra vous mener tard dans la nuit, à écouter <strong>les</strong> arguments d’universitaires, d’historiens, de géographes, ou juste ceux de gars au comptoir des bistrots. Poussée de modernité déjà bien datée, la tour de Bretagne, 144 m de verticalité 70’s, une présence de laquelle on se console en notant qu’après tout elle sert de point de repère pratique et immanquable. Spécialité locale sans doute, c’est le projet artistique qui vient panser <strong>les</strong> plaies. Cet été, <strong>les</strong> Nantais pourront prendre possession d’un de ses étages, avec point de vue panoramique et action culturelle in situ. Ce sera une des étapes du Voyage à Nantes, proposition de transformation de la ville par l’art, pilotée par Jean Blaise, le créateur du festival Les Allumées, et ancien directeur du Lieu Unique. Mais il est des plaies bien plus profondes que <strong>les</strong> mauvais souvenirs d’un territoire brutalement aménagé pour s’adapter à la montée en puissance du secteur tertiaire. La ville sait qu’au XVIII e elle a dû sa prospérité au commerce des esclaves. Nantes fut le premier port négrier de France. Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage a été inauguré au printemps dernier, à grands renforts de débats, de visites commentées et de présence permanente de médiateurs sur le site. Une manière de marquer avec solennité le rapport de Nantes avec son passé. Le Château des ducs de Bretagne © le voyage à Nantes vu par Patrick Messina En traversant la passerelle Victor-Schoelcher, on pénètre dans l’ancien cœur de l’activité de la ville, en pleine renaissance aujourd’hui. C’est par <strong>les</strong> loisirs, la créativité et la curiosité que l’île de Nantes retrouve son importance. Aux beaux jours, on peut presque s’y croire à la plage – si on ne lève pas trop le regard sur la Loire et le centre historique. De 1840 jusqu’à la fin des années 1980, le site a connu le bruit et la fureur de l’industrie navale. Bateaux et sous-marins sortaient des ateliers que l’on surnommait « fabrique des sourds ». Au rythme de l’ensablement progressif du fleuve, des restructurations industriel<strong>les</strong> et des crises radica<strong>les</strong>, l’activité portuaire a connu un irréversible déclin. C’est de la trompe d’un éléphant mécanique que sortent aujourd’hui des jets d’eau. Le pachyderme est une icône : le marathon porte son nom (Les Foulées de l’éléphant), et il est la star des panneaux indicateurs. Cette monumentale attraction est une création de Pierre Oréfice et François Delarozière. Installée dans <strong>les</strong> nefs où étaient construits <strong>les</strong> grands navires, la compagnie de théâtre de rue a fait le vœu d’imaginer la ville de demain, et de transformer nos regards. La voilà qui harangue aujourd’hui le visiteur : chevauchez un crabe ! Explorez <strong>les</strong> abysses ! Affrontez la tempête ! Domptez le calamar géant ! Le Carrousel des mondes marins sera inauguré le 14 juillet. Une incroyable machinerie qui fait la Le grand Eléphant © JD Billaud Pourquoi y aller ? Pour découvrir <strong>les</strong> extraordinaires machines de l’île, monter à bord du grand éléphant et inaugurer le Carrousel des mondes marins. Pour se laisser surprendre par le Voyage à Nantes, parcours urbain où l’art promet de s’inviter à chaque coin de rue (du 15 juin au 19 août). Pour savourer <strong>les</strong> vins de la Loire, muscadet, coteaux-d’Ancenis, gros-plant et autres vins légers et fruités. Pour apprécier la qualité de vie et se prélasser sur <strong>les</strong> espaces verts. La ville a été élue capitale verte de l’Europe pour l’année 2013. Pour y passer une Folle Journée : la prochaine édition de ce long week-end de musique classique aura lieu du 30 janvier au 3 février 2013. Pour flâner sur l’eau, en croisière au fil de l’Erdre ou en traversée de la Loire en navibus, pour une visite au village de Trentemoult. Pour s’attabler dans <strong>les</strong> nombreux cafés et restaurants. Pour plonger dans la vie nocturne, à l’heure où <strong>les</strong> Anneaux colorés, de Daniel Buren, illuminent le port depuis l’ancien hangar à bananes. promesse de réveiller l’art forain, comme sortie directement du dessin d’un concepteur illuminé : 25 m de hauteur, 22 m de diamètre, pouvant accueillir 300 enfants ou grands enfants. Gardés par 16 pêcheurs venus de tous <strong>les</strong> océans du monde, 3 manèges empilés dans une dentelle de béton, et surmontés d’un chapiteau orné de frontons. À son faîte, un poisson en guise de girouette. Rien d’étonnant pour l’endroit le plus maritime de la ville. Sur la rive d’en face, on distingue la villa du musée Ju<strong>les</strong>-Verne à la porte de laquelle le petit Ju<strong>les</strong>, dans sa sculpture, est représenté rêvant vers le large. Sur l’ancien fief de Nantes la Rouge, <strong>les</strong> hôtels particuliers sont réhabilités en bureaux, mais la politique d’aménagement a évité le piège du waterfront moderne et consumériste. La grue Titan, monstre des années 1950, veille au grain. Avec sa couleur jaune emblématique, et son piétement à quatre branches, on dirait un canari géant posé en bord de quais. Le chemin de ballast accueille un jardin à présent, et <strong>les</strong> roues des vélos tournent sur <strong>les</strong> platelages métalliques de l’ancienne cale ouverte. Autant de traces maintenues volontairement. Des repères visuels. Des souvenirs forts. Des signatures temporel<strong>les</strong>. Un patrimoine. NaNtes, mode d’emPloi Le Carrousel des Mondes Marins © dessin de Françoise Delarozière – compagnie La Machine Y aller Bordeaux-Nantes : 325 km, soit environ 4 heures de route Gare SNCF et aéroport Nantes Atlantique. Nantes.tourisme 0 892 464 044 (0,34 €/min) www.<strong>nantes</strong>-tourisme.com levoyagea<strong>nantes</strong>.fr L’appli <strong>nantes</strong>.fr Infos pratiques et actualités avec mise à jour hebdo et géolocalisation. Un concentré de la ville dans son smartphone, avec l’application gratuite à télécharger sur l’Apple Store ou Google Play. Pulsomatic Tous <strong>les</strong> mois, sous forme de magazine gratuit, l’agenda exhaustif des sorties culturel<strong>les</strong> de la région nantaise. Coups de cœur, coups de griffe, mais bon esprit, et des rédacteurs qui maîtrisent leur(s) sujet(s). Le Pulso se compulse aussi en ligne. www.pulsomatic.com le CaraCtère Urbain <strong>Spirit</strong> • 21