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dimanche 23 septembre

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il ii11 PREMIÈRE ANNÉE : N° 30 """ iiiiiisiiiiiiiiiiiiiiiiiiiu i iiiiiiiiiiiiiiiiin iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimtiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinii n iiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniii lin I,E <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> Hiinrt»<br />

CE SUPPLÉMENT AU NUMÉRO QUOTIDIEN D'EXÇELSIOR, DATÉ DU <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong>, NE PEUT ÊTRE VENDU A PART<br />

iiiiiE3iiiiiiEiiiii;:E3i!iiii!ci:iiiEiiiiiiiiiit tiiii!ii3ii9aitiMiilliiiiiiiiMiiii>iiiiiiiiiiiiil!3ii>iiiiiiiiiiiliaii:iii^i:iiii:siil>ili9liiEiiiiiiiiii:siiiiii!iiii3iiiiiiii]iiiEii;3iif[iiii:iiii;iisigi:sii] :!S3i33iii:iaii:iEiiiiii]i3iiiiiiii!3ii:::]!::!iEii9ill:iiii!E


ninini EXCELSIOR» DIMANCHE ""» niiiniiiii i iiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiii iiiiiiniiimiin 2 imiiiiiiiiiiiimiiuiii iiiiiiHiiHiiimi mini min «H " LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 1S<strong>23</strong> ■■■■■nn<br />

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Nous avions donc le moyen de correspondre<br />

avec Paris, mais la vie continuait hors de<br />

notre capitale transformée en îlot. Le stock<br />

de timbres envoyés de Paris menaçait<br />

de s'épuiser rapidement ; aussi, dès le<br />

22 octobre 1870, ordre était donné à la Monnaie<br />

de Bordeaux de commencer la fabrication<br />

des timbres-poste et d'adopter le type<br />

des timbres de 1849.<br />

Le traité du 3 novembre signé entre<br />

M. Delebecque, directeur de la Monnaie, et<br />

le Gouvernement, fixait au 13 novembre<br />

la mise en circulation des nouveaux timbres.<br />

Il fut impossible de denteler les vignettes<br />

et on ne put songer à tirer des clichés comme<br />

à Paris; on se décida donc à imprimer ces<br />

timbres en lithographie.<br />

Le 20 centimes fut d'abord dessiné à la<br />

plume, mais le report en fut si difficile qu'on<br />

fit une matrice en pierre pour le deuxième<br />

type et pour toutes les autres valeurs. Ces<br />

matrices servirent à faire les reports.<br />

La fabrication se continua du 15 novembre<br />

1870 au 18 mars 1871. En août 1871,<br />

les matrices furent détruites.<br />

Après la paix, une partie de ce stock fut<br />

envoyée dans les bureaux de l'Est et du<br />

Nord et même dans la principauté de Monaco.<br />

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«mimii LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> iiiiiiinuniuiiiniiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin 3 iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiii RE ANNÉE : N° 30 »'»"""<br />

EXCELSIOR-DIMANC<br />

A<br />

ENTRE NOUS<br />

u lendemain de l'armistice, le maréchal<br />

Joffre acheta une péniche en disant :<br />

- Voilà qui va me permettre<br />

de voyager tranquillement... Et je ne la<br />

baptiserai même pas la Marne!<br />

Mais le maréchal, réclamé par tant de<br />

commémorations, d'inaugurations et de<br />

missions officielles, dut renoncer à ce<br />

projet. Il a revendu sa péniche, — qui est<br />

d'ailleurs amarrée non loin des Invalides.<br />

Voyager tranquillement, pas trop vite,<br />

loin des raseurs, des agités, des mufles,<br />

n'est-ce pas le rêve?<br />

Il semble qu'une réaction se dessine contre<br />

cette déesse de la vitesse, à laquelle tant<br />

de nos contemporains ont sacrifié leur<br />

argent, leur intelligence et même leur vie.<br />

On voit des sages qui font le tour du<br />

monde à pied, des philosophes qui remplacent<br />

leur limousine par une roulotte, et l'équitation<br />

— cette victime du moteur — est en<br />

train de prendre sa revanche.<br />

Mieux encore, un sportsman connu,<br />

M. Alain Gerbault, s'est mis en tête de<br />

traverser l'Atlantique (sans parler d'un<br />

bon bout de la Méditerranée) à bord d'un<br />

petit hateau à voiles. Et, après trois mois<br />

de navigation, il est arrivé sur sa coquille<br />

de noix, devant les gratte-ciel de New-York.<br />

Trois mois pour aller en Amérique !<br />

C'est un progrès.<br />

M. Alain Gerbault me paraît être le<br />

champion, non seulement de l'audace et<br />

de la ténacité, mais encore de la lenteur...<br />

Il ne croit pas utile d'aller à New-York en<br />

cinq ou six jours, sur un bateau grand<br />

comme la place de la Concorde et où tout<br />

est combiné pour chasser de l'esprit des<br />

voyageurs cette idée qu'ils ont pas mal de<br />

brasses d'eau sous les pieds.<br />

Non, ce citoyen de la dernière édition<br />

n'est pas pressé et il navigue comme au<br />

temps de Christophe Colomb.<br />

— Aviez-vous la T. S. F.? lui demandèrent<br />

les reporters américains en le voyant<br />

débarquer de sa nacelle.<br />

— Jamais de la vie, répondit notre<br />

homme... Vous comprenez, je tenais à être<br />

tranquille. D'ailleurs, quand j'aurai lu les<br />

journaux pendant cinq minutes, j'en saurai<br />

autant que vous.<br />

* *' *<br />

E besoin de cette douce et bienfaisante<br />

L tranquillité se fait d'autant plus vivement<br />

sentir que notre époque est d'une<br />

agitation extrême.<br />

Cet été, nous avons vu de nombreux<br />

cars automobiles dégringoler dans le ravin,<br />

la guerre nous a menacés deux ou trois<br />

fois, un tremblement de terre a détruit<br />

plusieurs grandes villes et provoqué la<br />

mort de deux ou trois cent mille personnes<br />

(nous n'en sommes plus à cent mille près) et<br />

une révolution a secoué nos voisins de tra los<br />

montes. La saison n'est d'ailleurs pas finie...<br />

Et dire que tant de gens soupirent en<br />

lisant leur journal :<br />

— Rien de nouveau ! Que la vie est<br />

donc quotidienne !<br />

Il est vrai qu'on s'habitue à tout, même<br />

au pire. Rien ne blase comme l'abus des<br />

coups de théâtre... Et c'est ainsi que la<br />

surabondance des événements n'empêche<br />

pas nos contemporains de dormir : au<br />

contraire, elle les plonge dans une sorte de<br />

torpeur faite d'indifférence et d'égoïsme.<br />

Et si on leur annonçait la fin du monde,<br />

à peine, sans doute, consentiraient-ils à<br />

se déranger pour aller voir ça.<br />

Je crois- d'ailleurs que, plus nous irons,<br />

plus les catastrophes de tous genres se<br />

multiplieront sur le menu de l'actualité.<br />

Les gens, les véhicules, les cerfs-volants<br />

-mécaniques, les peuples vont de plus en plus<br />

vite et dans -tous les sens : comment voulezvous<br />

que les uns et les autres ne s'entrechoquent<br />

pas dans un monde devenu trop petit?<br />

Pour respirer à l'aise et coûter les joies de la<br />

solitude, il faut traverser l'Atlantique sur un<br />

petit bateau à voiles.<br />

JEAN STYLO.<br />

REFLEXIONS DU DIMANCHE<br />

OBSERVEZ dix personnes qui passent<br />

dans la rue: six d'entre elles ont les lèvres<br />

enlr'ouvertes ; vous pouvez être sûr quelles<br />

respirent par la bouche.<br />

En v


îmnim EXCELSIOR-DIMANCHE '" iiiiiiiiiiiniHmiiiiiniiiiiiîiniiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinii>miimiiiinîi 4 flnii i iiiiiim iiuiiiiiiiiHii iiiiiiiiiiiin i iimiii""' LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> » nît<br />

LA SEMAINE QUI VIENT DE S'ÉCOULER<br />

38 e Semaine de l'Année — Reste à courir 14 semaines<br />

'EN ESPAGNE<br />

LES PREMIERS ACTES<br />

DU "DIRECTOIRE"<br />

L<br />

Un nouveau parlement élaborera<br />

une nouvelle constitution<br />

pour l'Espagne.<br />

E général Primo de Rivera, mandé samedi<br />

à Madrid par le roi Alphonse XIII, et<br />

qui avait quitté Barcelone par le rapide<br />

Barcelone-Madrid, a été reçu à midi par le roi<br />

auquel il a soumis les premiers décrets.<br />

Après qu'il eut prêté serment, le général<br />

de Rivera a composé le Directoire de la façon<br />

suivante : généraux Vallespinosa, Hermoso,<br />

Navarro, Rodriguez, Mayandia, Jordana,<br />

Ruisportal, Muslera et contre-amiral Maz.<br />

Lundi, le roi a signé plusieurs décrets, notamment<br />

ceux portant dissolution du Parlement<br />

et régularisation du travail des fonctionnaires<br />

publics. Ces derniers devront arriver ponctuellement<br />

dans les bureaux à neuf heures du<br />

matin et à deux heures de l'après-midi. L'accès<br />

des bureaux reste interdit aux personnes étrangères<br />

aux départements ministériels.<br />

Un autre décret déclare destitués tous les<br />

gouverneurs civils.<br />

Enfin, un quatrième décret confirme la<br />

déclaration de l'état de siège dans toute la<br />

péninsule.<br />

Les projets de M. de Rivera<br />

Le général Primo de Rivera a déclaré qu'une<br />

offensive serait immédiatement déclanchée<br />

au Maroc, mais que le général Aixpuru, le<br />

précédent ministre de la Guerre, va se rendre<br />

au Maroc pour régler sur place le problème<br />

tout entier, militaire et politique.<br />

Le général ajouta qu'il allait être procédé<br />

à l'élection d'un nouveau Parlement, qui<br />

élaborerait une nouvelle Constitution pour<br />

l'Espagne.<br />

Il fit nettement ressortir la distinction entre<br />

son propre mouvement et le fascisme. II déclara<br />

de plus qu'il avait l'intention de lever une<br />

garde spéciale de 450.000 hommes, pour maintenir<br />

l'ordre et appuyer les mesures prises par<br />

le nouveau gouvernement.<br />

La vie est redevenue rapidement tout à fait<br />

normale à Madrid. Les troupes ne sont plus<br />

consignées dans les casernes. La censure autorise<br />

les critiques contre le régime actuel pourvu<br />

qu'elles n'aient aucun caractère de violence.<br />

Comme il fallait s'y attendre, le public qui<br />

croyait, au premier moment, que le nouveau<br />

gouvernement allait accomplir beaucoup de<br />

réformes, commence à marquer une certaine<br />

déception en constatant que, sauf certaines<br />

mesures, rien n'est changé, ou à peu près, en<br />

Espagne.<br />

ww<br />

LE CHIFFRE DES VICTIMES<br />

AU JAPON •<br />

On évalue à 77.8<strong>23</strong> le nombre des morts<br />

dans Tokio et le département de Tokio, et<br />

à 120.070 le nombre des manquants. Plus<br />

d'un million de réfugiés ont déjà quitté Tokio<br />

pour la campagne.<br />

LES TROUBLES AGRAIRES EN BULGARIE<br />

Une insurrection paysanne a éclaté en<br />

Bulgarie. Des combats acharnés sont engagés<br />

sur plusieurs points du territoire bulgare,<br />

entre les troupes gouvernementales et les<br />

éléments communistes et agrariens.<br />

Au sud-ouest de la capitale, à Radomir, les<br />

insurgés ont infligé une sérieuse défaite aux<br />

gendarmes et aux soldats. Sur ce seul point,<br />

on compte déjà plusieurs centaines de tués<br />

de part et d'autre.<br />

Un gouvernement révolutionnaire provisoire<br />

a été établi à Radomir. Les insurgés<br />

ont démoli toutes les routes et voies ferrées<br />

aux abords de cette ville, pour contenir<br />

l'avance des troupes gouvernementales.<br />

On signale d'autres batailles sanglantes<br />

à Karlovo, Pubnitza et à Salkovo, où les<br />

éléments communistes et agrariens, réunis<br />

en forces supérieures, ont battu les troupes<br />

gouvernementales et capturé de grandes quantités<br />

d'armes et de munitions.<br />

FIUME A UN NOUVEAU GOUVERNEUR<br />

M. Dépoli, qui gérait les affaires de l'Etat<br />

autonome de Fiume, ayant donné sa démission,<br />

le gouvernement italien nomme un gouverneur<br />

militaire : le général Giardino.<br />

TROIS DISCOURS<br />

DE M. POINCARÉ<br />

Certains journaux allemands ont annoncé<br />

qu'une démarche concertée avait été effectuée<br />

auprès du président du Conseil français par les<br />

représentants diplomatiques d'Angleterre et de<br />

Belgique, pour le prier de consentir à un arrangement<br />

qui permettrait l'évacuation de la Ruhr.<br />

A Berlin, on semble avoir cherché à authentifier<br />

cette prétendue démarche, en assurant que<br />

non seulement le gouvernement allemand ne<br />

l'avait pas inspirée, mais qu'il n'en avait eu<br />

connaissance qu'après coup.<br />

Le ministère des Affaires étrangères déclare<br />

qu'aucune démarche, ni concertée, ni séparée,<br />

ni de l'Angleterre, ni de la Belgique n'a été<br />

faite auprès du gouvernement français et que<br />

les informations dont il s'agit sont fausses de<br />

tous points.<br />

Une note officieuse de Berlin<br />

Le gouvernement du Reich a fait publier,<br />

jeudi, une note officieuse disant que l'Allemagne<br />

est toute disposée à faire tout ce qui<br />

est en son pouvoir pour amener une reprise<br />

de l'activité économique dans la Ruhr, mais<br />

qu'à son avis, il sera difficile de réaliser la<br />

reprise du travail si les condamnés ne sont<br />

pas amnistiés, si les expulsés ne sont pas<br />

autorisés à rentrer et si l'administration<br />

allemande n'est pas rétablie dans ses droits ;<br />

le trafic libre entre les régions occupées et<br />

non occupées devrait être également rétabli.<br />

Si, un état de choses semblable était réalisé<br />

promptement, la question des réparations<br />

pourrait être résolue par des paiements effectifs,<br />

de telle façon que l'évacuation de la<br />

Ruhr et le rétablissement d'un état de choses<br />

normal dans les pays rhénans en serait le<br />

résultat. La nomination des représentants<br />

diplomatiques à Paris et à Bruxelles aurait lieu<br />

aussitôt que la possibilité des pourparlers<br />

serait devenue évidente.<br />

LE MOUVEMENT SÉPARATISTE<br />

EN RHÉNANIE<br />

Dimanche, à Aix-la-Chapelle, une grande<br />

manifestation rhénane a eu lieu, au cours de<br />

laquelle, et devant un auditoire considérable,<br />

M. Mathes stigmatisa l'attitude de la Prusse<br />

dans le conflit de la Ruhr et déclara, chiffres<br />

en main, que le conflit de la Ruhr a coûté à<br />

l'Etat allemand 150 milliards de marks-or,<br />

alors que les réparations ne sont que de 132 milliards.<br />

On aurait donc pu payer et éviter l'occupation<br />

de la Ruhr.<br />

M. Mathes a clos la séance en donnant lecture<br />

d'une résolution qui a été adoptée. Cette<br />

résolution réclame la création d'urgence d'une<br />

république rhénane ; elle demande que, d'accord<br />

avec les autorités alliées, l'administration<br />

allemande soit expulsée au complet<br />

et que l'administration soit prise en main par<br />

les alliés, ceci transitoirement, jusqu'à ce que<br />

la Rhénanie puisse elle-même pourvoir à son<br />

administration.<br />

LES RÉPARATIONS<br />

APRÈS L'ENTREVUE<br />

POINCARÉ-BALDWIN<br />

" Nous garderons nos gages "<br />

AHattonchâtel, petit village meusien situé Le communiqué fait après la<br />

sur les Hauts de Meuse, le président du conversation des ministres<br />

Conseil a inauguré le nouveau village, semble des plus rassurants.<br />

reconstruit grâce aux dons généreux d'une<br />

m<br />

Américaine, miss Belle Skinner, qui connais-<br />

ERCREDI dernier, un déjeuner était offert<br />

sait Hattonchâtel avant la guerre.<br />

à l'ambassade d'Angleterre en l'honneur<br />

Il a inauguré également le monument élevé M de M. Baldwin, qui rentrait d'Aix-lesaux<br />

morts. M. Poincaré, retraçant les actes Bains, et M. Raymond Poincaré.<br />

d'héroïsme franco-américains qui permirent A la fin du repas, les deux ministres, suivis<br />

de reprendre Saint-Mihiel, a rappelé les termes de l'interprète officiel, se retirèrent ^ dans un<br />

du télégramme qu'il adressa, après la victoire, salon voisin, où ils délibérèrent jusqu'à 3 h. 50.<br />

au président Wilson.<br />

Après cette conversation, le communiqué<br />

Puisque la cérémonie actuelle coïncide suivant était donné :<br />

avec l'anniversaire d'une victoire à laquelle " Cet après-midi a eu lieu une rencontre<br />

les troupes des Etats-Unis ont pris une part des premiers ministres de France et de Grandedécisive,<br />

je répondrai, j'en suis sûr, aux vœux Bretagne, dont ils ont profité pour procéder à<br />

de nos morts, si j'adresse, en même temps un échange de vues sur la situation politique<br />

qu'à eux, un pieux et reconnaissant souvenir générale.<br />

à ceux de leurs camarades américains qui sont " On ne peut s'attendre à ce que, au cours<br />

tombés, eux aussi, au champ d'honneur et d'une seule entrevue, M. Poincaré et M. Bald-<br />

qui dorment maintenant dans les replis du win aient pu arrêter des solutions définitives,<br />

sol de France.<br />

mais ils ont été heureux d'établir leur commune<br />

Le lendemain, à Dun-sur-Meuse, le pré- manière de voir et de constater que, sur aucune<br />

sident du Conseil termina son discours en question, il n'existe de différence de but ni de<br />

disant : " Nous tenons des gages ; nous les divergence de principe qui puisse compro-<br />

garderons jusqu'à ce que nous ayons reçu mettre la collaboration des deux pays, dont<br />

satisfaction.<br />

dépendent, dans une si large mesure, la sta-<br />

A Brieulles-sur-Meuse, le même jour, il bilisation et la paix du monde. "<br />

définit les garanties qu'exigent la sécurité Après sa conversation avec le président du<br />

de la France et la paix du monde, et ajoute : Conseil, M. Baldwin s'est rendu à Rambouillet,<br />

" Nous ne nous laisserons pas leurrer par des où il prit le thé avec le président de la Répu-<br />

appeaux. Nous gardons les sûretés que nous blique et M<br />

a données le traité. "<br />

Le règlement de la paix<br />

me Millerand.<br />

Puis M. Millerand et M Baldwin conférèrent<br />

en présence de l'ambassadeur et de<br />

M. Camerlynck, dans le cabinet présidentiel,<br />

pendant plus d'une heure.<br />

Après avoir consacré l'après-midi de jeudi<br />

à la visite du château de Versailles, M. Baldwin<br />

est venu dans la soirée au quai d'Orsay prendre<br />

congé de M. Poincaré. Le premier ministre anglais<br />

est reparti pour Londres vendredi à midi.<br />

DEUX BANDITS ARMÉS DÉVALISENT<br />

EN PLEIN JOUR DEUX EMPLOYÉS<br />

ET TUENT L'UN D'EUX<br />

Jeudi, à Marseille, deux employés de la<br />

Compagnie des tramways de Marseille, qui<br />

portaient la somme consacrée au paiement<br />

du personnel, 130.000 francs, ont été attaqués<br />

à 12 h. 45, dans le tramway de la ligne Saint-<br />

Giniez-Chartreux, par deux hommes sautant<br />

sur la plate-forme où ils se trouvaient. L'un<br />

des inconnus frappa un employé, M. Noguier,<br />

d'un coup de bâton sur la tête. L'autre employé,<br />

M. Padovani, fut grièvement blessé au ventre<br />

par une balle de revolver, tirée par l'autre<br />

inconnu. Les bandits s'emparaient de leur<br />

sacoche, sautaient du tramway, s'engouffraient<br />

dans une auto qui le suivait et qui s'éloignait<br />

à toute vitesse.<br />

Le drame avait été si rapide que les voyageurs<br />

du tramway n'eurent pas le temps d'intervenir.<br />

M. Noguier n'est pas en danger. Mais<br />

on a dû opérer immédiatement M. Padovani,<br />

qui succomba quelques heures après.<br />

M œe MAGGIE MELLER EST ACQUITTÉE<br />

M" 18 Maggie Meller, qui comparaissait<br />

devant la chambre criminelle comme inculpée<br />

d'assassinat contre son mari, Fahmi-bey, est<br />

acquittée, le procès ayant démontré qu'elle avait<br />

été l'objet de sévices graves et de menaces caractérisées.<br />

Elle est mise immédiatement en liberté.<br />

LE TENNISMAN GERBAULT<br />

RESTE 142 JOURS EN MER<br />

Samedi est arrivé à Long-Island le Français<br />

Alain Gerbault, qui avait quitté Cannes dans<br />

un sloop de 10 tonneaux. Il avait traversé<br />

l'Atlantique en 142 jours. Assailli par la tempête<br />

et ayant perdu une partie de ses vivres,<br />

il put être ravitaillé par deux paquebots qui<br />

le rencontrèrent en plein océan dans sa fragile<br />

embarcation.<br />

Pareil exploit n'avait jamais été réalisé.<br />

Alain Gerbault fut, avant la guerre, un joueur<br />

de tennis remarquable et, pendant la guerre,<br />

un " as " de l'aviation.<br />

UN AVIATEUR AMÉRICAIN<br />

ATTEINT 428 KILOMÈTRES A L'HEURE<br />

Le lieutenant Ford Williams a atteint sous<br />

l'action du vent, il est vrai, la vitesse de 428 kilomètres<br />

à l'heure.<br />

MEMENTO<br />

POLITIQUE<br />

20 <strong>septembre</strong>. — Au cours d'une séance du Conseil<br />

généra] à Quimper, un incident se produit qui fait<br />

deux conseillers en venir aux mains. La salle des séances<br />

dut être évacuée.<br />

21 <strong>septembre</strong>. — M. Grosdidier, sénateur, ancien<br />

maître de forges, meurt à Commercy.<br />

A LA S. D. N.<br />

20 <strong>septembre</strong>. — Le Conseil de la S. D. N. écaru}<br />

un nouveau débat sur le différent italo-grec.<br />

ÉTRANGER<br />

16 <strong>septembre</strong>. — Une bagarre se produit à Dortmund,<br />

entre ouvriers et policiers. Deux grévistes ont été tués;<br />

sept autres blessés.<br />

17 <strong>septembre</strong>.— Un autocar, en tournée d'excursion,<br />

est tombé au fond d'un ravin, près de Monsal Head,<br />

dans le comté de Derby. Un voyageur a été tué et plusieurs<br />

autres grièvement blessés.<br />

18 <strong>septembre</strong>. — Le commissaire pour la saisie des<br />

devises, D 1 Fellinger, fait procéder à une razzia en règle<br />

dans plusieurs quartiers du centre et de l'ouest deBerlin,<br />

où le trafic des monnaies étrangères se faisait sur une<br />

large échelle.<br />

— Le colonel Moizo, commandant général de l'aéronautique<br />

italienne, tombe d'avion et est grièvement<br />

blessé.<br />

— Une grève générale des typographes de New-York<br />

prive complètement la ville de journaux.<br />

— La cité universitaire de Berkeley, en Californie,<br />

est à moitié détruite par un incendie. Quatre tués.<br />

21 <strong>septembre</strong>. — Un auto-car, transportant vingt-sept<br />

touristes, a heurté le parapet de la route de Binasco,<br />

près de Milan. Tous les voyageurs ont été blessés, et<br />

quatre d'entre eux sont atteints mortellement.<br />

CONGRÈS<br />

16 <strong>septembre</strong>. •— La Semaine du Poisson se tennine<br />

à Boulogne-sur-Mer par une fête de la Mer, présidée<br />

par M. Le Trocquer, ministre des Travaux publics.<br />

MONDANITÉS<br />

20 <strong>septembre</strong>.-— On annonce que le mariage du prince<br />

héritier de Suède et de lady Louise Mountbatten<br />

sera célébré le 3 novembre, en la chapelle royale de<br />

Port Saint-James. Le roi de Suède sera présent à la<br />

cérémonie.<br />

FAITS DIVERS<br />

15 <strong>septembre</strong>. — Un car automobile, transportant<br />

seize voyageurs à la Grande-Chartreuse, tombe dans<br />

le torrent du Cozon d'une hauteur de 10 mètres. Un<br />

mort, seize blessés.<br />

16<strong>septembre</strong>.—Les derniers gaziers grévistes prennent<br />

la décision de rejoindre les usines.<br />

— Au passage à niveau de Vougancourt (Doubs),<br />

un express tamponne une automobile. Ses trois occupants<br />

sont tués.<br />

18 <strong>septembre</strong>.— Trois inspecteurs de la police arrêtent,<br />

9, avenue de Villars, dans l'hôtel du comte de l'Epinay,<br />

deux cambrioleurs qui avaient dévalisé l'hôtel puis<br />

s étaient endormis, la pluie les ayant empêches de sortir<br />

de l'hôtel avec leur butin. Ce sont les nommés : Truffier,<br />

dix-sept ans, et Bernard, seize ans.<br />

— On retire du Gave les trois derniers cadavres des<br />

victimes de la catastrophe de Luz-Saint-Sauveur.<br />

17<strong>septembre</strong>. — Un réfugié russe.nommé Katzenelsori<br />

voulant tuer M. Rappoport, le militant communiste,<br />

tire sur la fille de ce dernier un coup de revolver qui<br />

la blesse assez grièvement. Puis il alla se constituer<br />

prisonnier et déclara qu'il avait eu l'intention de tuer<br />

le père de M l c Rappoport.<br />

— Dans le bois de Vincennes, une camionnette tamponne<br />

une voiture à bras. Trois blessés.<br />

19 <strong>septembre</strong>. — Un surveillant du Nord-Sud, Paul<br />

Nolot, jette dans la Seine son amie, M me Odie, qui lui<br />

avait prêté de l'argent contre reconnaissance de la dette,'<br />

M me Odie put être sauvée. Nolot a été arrêté.<br />

20 <strong>septembre</strong>. — M mc Fielding, qui, le 3 juillet<br />

dernier, avait perdu ses bijoux en sortant d'un musichall<br />

du faubourg Montmartre, perd à nouveau le collier<br />

qui avait été une première fois retrouvé. Elle s'aperçut<br />

de cette disparition en arrivant à Londres, venant<br />

de Nice.<br />

— Une explosion se produit dans une fonderie du<br />

Havre dans laquelle se trouvaient 300 obus et<br />

1.500 douilles. Elle fut immédiatement suivie par un<br />

incendie qui causa d'énormes dégâts.<br />

21 <strong>septembre</strong>. — Au cours d'un incendie qui se<br />

déclare dans une fabrique de celluloïd, 13, rue de f Ancienne-Comédie,<br />

huit personnes sont légèrement brûlées.<br />

SPORTS<br />

16 <strong>septembre</strong>. — Réouverture de l'hippodrome de<br />

Longchamp. Filibert de Savoie, qui gagna le Grand<br />

Prix 19<strong>23</strong>, remporte le " Royal Oak .<br />

— Au vélodrome du Parc des Princes, le coureur<br />

Grasstn bat ses adversaires dont Sérès et Linart, et le<br />

record de l'heure que détenait ce dernier.<br />

— Le rameur Charles gagne le 55 e Championnat de<br />

la Seine.<br />

Les " Enfants de Neptune " de Tourcoing sont<br />

champions de France de water-polo.<br />

20 <strong>septembre</strong>. — A l'arrivée de l'épreuve motocycliste<br />

Paris-les-Pyrénées-Paris, 15 concurrents sur 24<br />

avaient accompli le parcours.Six d'entre eux n'avaient<br />

encouru aucune pénalisation.<br />

— Un avion est précipité de 500 mètres de hauteur<br />

dans 1 avant-port de Brindisi; les deux aviateurs qui<br />

le montaient sont tués.


niiiiimi LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> ■■■■■■■iiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiniHiiiiiii S iiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiimu iiiiiimmiiii ■iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiii EXCELSI DR-DIMANCHE »*<br />

N r—Ov ENDANT sa jeunesse, Louis Bonaparte<br />

j j passa plusieurs années en Italie,<br />

l^*-^ dont tout le Nord était sous la domination<br />

et la tyrannie de l'Autriche.<br />

J v Les sociétés secrètes étaient nombreuses<br />

; elles avaient pour but la<br />

délivrance du pays et la conquête de la liberté.<br />

Aussi, étaient-elles sympathiques à toute<br />

l'Europe libérale. La plupart de ces sociétés<br />

étaient rattachées aux Carbonari, chez qui on<br />

développait ce sentiment que, contre la force<br />

brutale de la tyrannie étrangère, toutes les<br />

armes étaient bonnes pour émanciper le peuple.<br />

Dans ces " ventes ", on liait tous les membres<br />

par des serments, enjoignant à ceux qui les<br />

prêtaient d'obéir aveuglément à ceux qui<br />

dirigeaient les mouvements insurrectionnels.<br />

Les attentats faisaient partie des moyens<br />

prévus et parfois ordonnés.<br />

Louis Napoléon Bonaparte avait prêté<br />

plusieurs de ces serments auxquels, comme<br />

bien d'autres, il n'attachait que l'importance de<br />

simples formalités, mais qu'on devait plus<br />

tard, quand il serait devenu empereur, lui<br />

rappeler d'une manière tragique. Car, presque<br />

tous les attentats dont il fut victime — et ils<br />

furent nombreux — viennent de là. Ils furent<br />

conçus en Italie et préparés à Londres, où<br />

l'Angleterre accordait aux conspirateurs un<br />

asile, ce qui troubla souvent les bonnes relations<br />

politiques entre Rome<br />

et Paris.<br />

On a sauvé des papiers<br />

saisis aux Tuileries, après le<br />

4 <strong>septembre</strong> 1870, un rapport<br />

très précis sur cettesituation,<br />

avec des indications sur<br />

les divers attentats qui précédèrent<br />

celui d'Orsini, le<br />

plus dangereux et le plus sanglant.<br />

Le 29 juin 1852, la police<br />

découvrit, dans une maison<br />

de la rue de la Reine-Blanche,<br />

près de la barrière de Fontainebleau,<br />

tout une fabrique<br />

de machines infernales destinées<br />

à une manifestation<br />

criminelle, préparée à Londres<br />

par des Italiens, et qui<br />

devait éclater au mois d'août.<br />

Tout une volumineusecorrespondance<br />

établissait le complot<br />

d'une façon indubitable.<br />

Six mois après, en janvier<br />

1853, on arrêta à Paris, des<br />

conspirateurs, un Allemand<br />

et deux Italiens, Kelsch, Galli<br />

et Rossi, qui avaient tous trois<br />

préparé leur action en Angleterre.<br />

Kelsch fut envoyé à<br />

Cayenne, où, quelque temps<br />

après, il obtint la grâce de<br />

l'empereur. II aurait fait,<br />

a-t-on dit, des révélations importantes<br />

sur d'autres complots<br />

en cours de préparation.<br />

En 1853 encore, un ancien sergent français,<br />

Boichot, qui avait longtemps habité Londres,<br />

où il était en relations avec les comités italiens<br />

recevant leurs inspirations de Mazzini, vint à<br />

Paris, où il fut arrêté avant qu'il ait pu exécuter<br />

ses projets. Il fut condamné.<br />

EN 1854, un exilé français, Magen, inventa<br />

des bombes qui devaient éclater par lesimple<br />

choc ; arrêté en Belgique avant qu'il ait pu<br />

pénétrer en France, il réussit à s'échapper, se<br />

réfugia à Londres et on le condamna, à Bruxelles,<br />

par contumace. La même année, on arrêtait<br />

à Paris, aux Batignolles, un Italien nommé<br />

Carpezza qui fut trouvé porteur de bombes<br />

du modèle Magen.<br />

On essaya de le comprendre dans une des<br />

organisations que protégeait Ledru-Rollin,<br />

mais cela fut impossible ; on ne l'en envoya<br />

pas moins à Cayenne, en août 1855, d'où il ne<br />

tarda pas à s'évader avec le consentement<br />

tacite, a-t-on prétendu, des autorités françaises,<br />

en exécution d'instructions que l'empereur<br />

aurait fait transmettre... mais cela n'a<br />

jamais été prouvé.^<br />

Pendant qu'on instruisait les deux affaires,<br />

Magen et Carpezza, on découvrit, sur le chemin<br />

de fer du Nord, une machine infernale comprenant<br />

des bombes du système Magen et qui<br />

devaient éclater sous le train impérial. Si<br />

l'attentat avait réussi, cette machine aurait été<br />

capable de détruire plusieurs wagons. La<br />

police prétendit que cet appareil avait été soit<br />

fabriqué, soit apporté sur la voie, par Louis<br />

Déron (de Lille), Vandomme, les frères Jacquin<br />

(de Bruxelles), d'Hénins et Desquines.<br />

Les quatre premiers furent condamnés à<br />

LES ROMANS DE LA VIE<br />

L'ATTENTAT D' O R S INI<br />

par JEÂM = BEKMÂED<br />

L'attentat d'Orsini où l'Empereur ne fut que très légèrement<br />

blessé, eut cependant un retentissement considérable. Les<br />

souverains se rendaient à la représentation de l'Opéra,<br />

quand, sur le passage du carrosse, éclatèrent plusieurs<br />

bombes. Ce complot, qu'avait tramé, avec plusieurs complices,<br />

Orsini, lui coûta la vie. Ce sont les circonstances<br />

du drame, l'arrestation du coupable et de ses complices,<br />

l'exécution de plusieurs d'entre eux et les précautions<br />

extrêmes prises par la police que nous conte ici Jean-Bernard.<br />

mort par contumace ; Déron put se sauver à<br />

Londres.<br />

Le 28 avril 1854, un Italien, Pianori, tira,<br />

presque à bout portant, deux coups de pistolet<br />

sur l'empereur, avenue des Champs-Elysées,<br />

et le manqua. Condamné à mort, il fut guillotiné.<br />

Un peu plus tard, trois Italiens, exécutant<br />

les ordres de comités secrets de Londres,<br />

Thibaldi, Grilli et Bartholotti, vinrent à Paris<br />

pour assassiner l'empereur. Ils furent arrêtés<br />

avant d'avoir pu mettre leur projet à exécution.<br />

Le rapport confidentiel dont nous parlons<br />

J<br />

été gravement blessés. Un des quatre chevaux<br />

de la voiture impériale avait été tué et c'est à la<br />

mort de ce cheval qu'on attribua le salut, tout<br />

à fait providentiel, du couple impérial. En<br />

tombant, le cheval imprimait un mouvement à<br />

la voiture vers la droite et l'éloignait de l'endroit<br />

où les bombes éclataient. Sans cela, le<br />

caisson eût été pulvérisé. Un des chevaux que<br />

montait un sous-officier se tenant à la portière,<br />

du côté de l'impératrice, avait "attrapé une<br />

grosse partie de la décharge ".<br />

Par un singulier hasard, au moment où se<br />

L'ATTENTAT CONTRE LA VIE DE NAPOLÉON III ET QUI JETA L'ÉPOUVANTE<br />

DANS PARIS LE 14 JANVIER 1858, A HUIT HEURES ET DEMIE DU SOIR<br />

Ce cliché est la reproduction d'une image d'Epinal de l'époque, conservée au Cabinet des estampes de la Bibliothèque Nationale<br />

rattache l'attentat d'Orsini du 14 janvier 1858<br />

aux précédents complots dont il ne serait que<br />

la suite. Comme les autres, celui-ci fut préparé<br />

à Londres et son exécution confiée à quatre<br />

Italiens.<br />

Il était 8 heures et demie du soir ; l'empereur et<br />

l'impératrice se rendaient en voiture à l'Opéra,<br />

alors rue Lepelletier, quand, au moment où ils<br />

allaient descendre, des bombes éclatèrent avec<br />

un bruit formidable. Il y eut un moment de<br />

panique. Lorsque le couple impérial réussit<br />

enfin à quitter sa voiture, on s'aperçut que la<br />

robe de l'impératrice portait de nombreuses<br />

taches de sang. Les deux souverains n'avaient<br />

que des éraflures, mais ils avaient échappé<br />

à la mort par le plus grand des hasards. Le<br />

maréchal Vaillant, ministre de la Guerre,<br />

écrivait, le lendemain, au maréchal de Castellane<br />

:<br />

L'Empereur a reçu une égratignure au<br />

bout du nez, ce n'est rien. L'Impératrice a<br />

reçu un petit éclat dans le coin interne de<br />

l'œil gauche ; l'œil est rouge, mais non douloureux.<br />

"Le panneau de la voiture a cinquante empreintes<br />

dont plusieurs ont traversé. Roguet<br />

(le général) a une forte contusion à la mâchoire<br />

et son paletot a été percé à fourrer le poing par<br />

le trou. "<br />

Quoique naturellement très émue, l'impératrice<br />

voulut assister, quand même, à la représentation<br />

où le public l'applaudit chaleureusement.<br />

Pendant que les artistes jouaient et chantaient,<br />

on procédait aux premières constatations.<br />

II y avait de nombreux blessés, cent quarante,<br />

et plusieurs tués, neuf.<br />

Les deux valets de pied et le cocher avaient<br />

passait ce drame, le cousin de l'empereur, le<br />

prince Napoléon, donnait une soirée au Palais-<br />

Royal et on jouait la comédie d'Alfred de<br />

Vigny : Quitte pour la peur.<br />

Les auteurs de l'attentat furent vite arrêtés ;<br />

c'étaient quatre Italiens : Orsini, Pietri et deux<br />

autres, qui reconnurent leur participation.<br />

Orsini était d'une bonne famille, remontant<br />

au XVII E siècle, famille dans laquelle il y avait<br />

des cardinaux. Il fut défendu par Jules Favre.<br />

Trois des participants furent condamnés à<br />

mort ; deux, Orsini et Pietri furent exécutés<br />

(13 mars). L'empereur voulait faire grâce, mais<br />

il en fut détourné par son entourage.<br />

Orsini avait toujours fait partie des groupes<br />

patriotes opprimés ; il était récemment sorti de<br />

la citadelle de Mantoue où les Autrichiens<br />

l'avaient longtemps détenu prisonnier. A peine<br />

libéré, il se rendit à Londres où furent fabriquées<br />

les bombes qu'il vint jeter sous la voiture<br />

de Napoléon III.<br />

Orsini semble avoir été un exalté, luttant pour<br />

un idéal ; l'indépendance italienne n'eut pas<br />

cependant de meilleur soutien que celui qu'il<br />

avait failli assassiner. Du fond de la prison, le<br />

condamné écrivait de longues lettres à l'empereur.<br />

Dans l'une d'elles, il lui disait :<br />

" Est-ce que je demande, pour la délivrance<br />

de l'Italie, que le sang des Français soit répandu?<br />

Je ne vais pas jusque là. L'Italie<br />

demande que la France n'intervienne pas<br />

contre elle ; elle demande que la France ne<br />

permette pas à l'Allemagne d'appuyer l'Autriche<br />

dans les luttes qui vont peut-être s'engager<br />

- ", ,<br />

Les événements de l'année suivante prouvèrent<br />

que la France alla beaucoup plus loin<br />

qu'Orsini le désirait, car les régiments français<br />

allèrent combattre l'Autriche et versèrent leur<br />

sang sans lequel l'indépendance italienne<br />

n'aurait jamais été obtenue.<br />

Quoi qu'il en soit, Orsini mourut avec<br />

beaucoup de courage et son dernier cri fut :<br />

" Vive la France ! et vive l'Italie ! "<br />

LE lendemain même de l'attentat, le précepteur<br />

du duc d'Aumale, M. Cuvelier-Fleury,<br />

qui était demeuré son ami et son conseil, lui<br />

écrivait, dans une lettre particulière :<br />

" L'événement est immense. II augmentera<br />

la solidité du trône impérial, si ce n'est sa<br />

sécurité. L'indignation qu'inspire justement un<br />

pareil crime, profitera à celui qui a failli de si peu<br />

en être la victime. Les machines infernales*ont<br />

beau voler en éclats et répandre la mort autour<br />

d'elles avec leurs débris : elles affermissent les<br />

princes qu'elles ne tuent pas. Le 3 nivôse, la<br />

machine infernale mettait le Premier Consul<br />

sur le chemin de l'Empire; Fieschi sauvait la<br />

monarchie de Juillet des excès de la presse<br />

démagogique.<br />

" L'attentat du 14 janvier fera serrer les rangs<br />

autour du nouvel empereur. C'est bien souvent,<br />

le châtiment des grands crimes que de tourner<br />

contre le but même que se proposaient les<br />

auteurs, et cela seul devrait en détourner les<br />

misérables insensés qui les conçoivent. "<br />

Cette lettre du confident<br />

le plus intime du duc d'Aumale<br />

fut lue par le Cabinet<br />

noir qui fonctionnait avec une<br />

inlassable activité, et fut communiquée<br />

à l'empereur qui<br />

aurait voulu en remercier son<br />

auteur, mais il ne le fit pas,<br />

ne pouvant avouer qu'on avait<br />

intercepté la lettre. Cependant,<br />

M. Cuvelier-Fleury<br />

s'étant présenté quelque<br />

temps après, Napoléon III fit<br />

vivement appuyer sa candidature<br />

par ses amis qui lui<br />

étaient opposés.<br />

Le duc d'Aumale répondait<br />

à son précepteur, deTwickenham,<br />

où il était exilé :<br />

" Je ne vous parle pas politique<br />

; le vent n'y est pas. Je<br />

n'ai, d'ailleurs pas besoin de<br />

vous dire combien j'ai horreur<br />

de l'assassinat et des tentatives<br />

semblables à celles qui<br />

ont si souvent menacé la vie<br />

de mon père. "<br />

Cet attentat changea toute<br />

la politique intérieure de la<br />

France. On demanda au corps<br />

législatif la loi de sûreté générale,<br />

qui donnait au gouvernement<br />

un pouvoir discrétionnaire<br />

sur les individus<br />

condamnés pour délits politiques.<br />

" Cette loi, a écrit M. Ducoudray,<br />

dans son Histoire à l'usage des<br />

écoles, ne fut point une lettre morte, et les<br />

emprisonnements, les envois en Algérie, recommencèrent<br />

comme au lendemain du 2 décembre.<br />

Le ministère de l'Intérieur fut confié<br />

au général Espinasse. On divisa la France<br />

en cinq commandements militaires donnés à<br />

des maréchaux, et le gouvernement tendit ses<br />

ressorts. "<br />

La police multiplia, naturellement, les précautions<br />

à la frontière et on alla jusqu'à<br />

saisir des balles pour le jeu de la pelote<br />

basque.<br />

A la douane, des produits venant d'Espagne,<br />

on examinait avec un soin spécial les caisses<br />

d'oranges expédiées en France.<br />

Toutes ces mesures n'empêchaient pas les<br />

complots de continuer et, en <strong>septembre</strong>,<br />

on saisissait à Saint-Etienne un caisson de<br />

bombes du même modèle qui avaient servi<br />

à Orsini.<br />

Nous avons dit que l'impératrice avait<br />

montré beaucoup de sang-froid, mais elle n'en<br />

avait pas moins éprouvé une impression forte<br />

et, quand elle traversait la foule en voiture, elle<br />

avait toujours peur d'un nouvel attentat.<br />

Cette crainte persista plusieurs années et deux<br />

ans après, en 1860, pendant un voyage que<br />

les souverains firent à Lyon, tandis que la<br />

voiture se rendait à l'Hôtel de Ville, un<br />

homme se précipita pour jeter une pétition<br />

dans le landau. L'impératrice fit un mouvement<br />

d'effroi :<br />

" C'est bien simple, a écrit le maréchal de Castellane,<br />

elle se rappelait les bombes d'Oi'snu<br />

devant l'Opéra. '<br />

JEAN-BERNARD.


imiiiiiî. EXCELSIOR-DIMANCHE ■"»"'" "«»»•" "" iiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiii 6 '»< ummiiininiiiiu i uni mmn " ' '" LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> mimiHi.<br />

LES CONTES D'ACTION<br />

LA LIGUE DES VIEUX<br />

UX casernes, on jugeait un homme<br />

/Â\ dont la tête était en jeu. C'était un<br />

Il\\ vieillard, un indigène de la rivière<br />

des Truites, qui déverse ses eaux<br />

dans le Yukon, au-dessous du lac<br />

Le Barge.<br />

Il avait .'es mains rouges du sang de tant de<br />

victimes, que les crimes qu'on lui imputait<br />

défiaient tout dénombrement précis.<br />

Lorsqu'enfin, Imber vint de lui-même se<br />

livrer à la justice, le mystère ne fit que s'approfondir.<br />

Vers la fin d'un beau printemps, à<br />

l'époque où le Yukon se tord sous la glace,<br />

le vieil Indien, émergeant de la piste qui longe<br />

le fleuve, gravit sa berge et se trouva dans la<br />

prirtcipale rue. Ses yeux clignotèrent au soleil.<br />

Les témoins de son arrivée remarquèrent sa<br />

faiblesse et le virent chanceler quand il s'assit<br />

sur un tas de bûches. II y resta tout un jour,<br />

contemplant de ses yeux fixes le flot continu<br />

de blancs qui déferlait devant lui. Bien des<br />

têtes curieuses se détournèrent pour rencontrer<br />

son regard, et mainte remarque fut échangée sur<br />

le compte du vieux Siwash, si étrange d'aspect.<br />

Us sont innombrables ceux qui, plus tard, se<br />

rappelèrent avoir été frappés par sa tournure<br />

bizarre, et se vantèrent, par là suite, d'avoir<br />

aussitôt flairé quelque chose d'anormal.<br />

Mais le plus fort de tous devait être Dickensen,<br />

le petit Dickensen. Il était venu dans le<br />

pays avec des rêves mirifiques et les poches<br />

pleines ; mais l'argent s'était évanoui et les<br />

rêves aussi, et pour gagner de quoi retourner<br />

jusqu'aux Etats-Unis, il avait accepté une<br />

place de commis dans la maison de commerce<br />

Holbrook et Mason.<br />

Devant son bureau, de l'autre côté de la<br />

' rue, se trouvait le tas de bois sur lequel Imber<br />

était assis. Avant d'aller déjeuner, Dickensen<br />

jeta un coup d'œil par la fenêtre et vit l'homme ;<br />

à" son retour, il répéta son geste, le vieux<br />

Siwash était toujours là.<br />

Dans l'après-midi, Dickensen sortit sur le<br />

trottoir pour fumer un cigare et prendre le<br />

frais. Quelques instants après, Emilie Travis<br />

s irgissait. Elle était mignonne, délicate et<br />

originale, cette Emilie Travis ; au Klondike,<br />

elle s'habillait comme il sied à la fille d'un<br />

ingénieur de mines millionnaire. Le petit<br />

Dickensen déposa son cigare sur le rebord<br />

d une fenêtre où il'pourrait le retrouver, et<br />

souleva son chapeau.<br />

Ils bavardaient depuis dix minutes, lorsque<br />

Emilie, jetant un coup d'œil par-dessus<br />

l'épaule de Dickensen, poussa soudain un<br />

petit cri d'émoi. Lui se détourna pour voir et<br />

tressaillit aussi. Imber avait traversé la rue et se<br />

tenait debout, là, ombre affarrree et sinistre,<br />

les yeux rivés sur la jeune fille.<br />

— Que voulez-vous ? demanda le petit<br />

Dickensen d'un cœur hardi mais d'une voix<br />

tremblotante.<br />

Imber grogna quelque chose et s'avança<br />

majestueusement vers Emilie. Il promena sur<br />

elle un regard perçant et attentif. Il semblait<br />

s'intéresser tout spécialement à sa chevelure<br />

brune, soyeuse, à la couleur de sa joue, légèrement<br />

poudrée, douce comme le frais duvet<br />

d'une aile de papillon.<br />

Puis il émit quelques syllabes gutturales,<br />

tourna le dos à la jeune fille, et s'adressa à<br />

Dickensen.<br />

Celui-ci ne pouvait comprendre son discours<br />

et Emilie se mit à rire. Imber se tournait de<br />

l'un à l'autre, fronçant les sourcils, mais tous<br />

les deux hochaient la tête. Il était sur le point<br />

de s'en aller, lorsqu'elle cria :<br />

— Ohé, Jimmy ! Par ici !<br />

ife $ i<br />

JIMMY s'avança de l'autre côté de la rue<br />

C'était un Indien gras et solidement charpenté,<br />

vêtu à la mode des blancs et coiffé<br />

d'un sombrero digne d'un roi de l'Eldorado.<br />

Il échangea avec Imber quelques mots hésitants.<br />

Jimmy était un Sitkan et ne possédait<br />

qu'une connaissance rudimentaire des dialectes<br />

de l'intérieur du pays.<br />

— Lui homme tribu des Truites, dit-il à<br />

Emilie Travis. Moi pas savoir parler lui beaucoup.<br />

Lui vouloir voir chef blanc.<br />

— Le gouverneur, insinua Dickensen.<br />

Jimmy causa encore quelques instants avec<br />

l'homme des Truites, et son visage s'assombrit<br />

et devint perplexe.<br />

— Moi croire lui vouloir Capt'ne Alexandre,<br />

expliqua-t-il. Lui dire tuer homme blanc,<br />

femme blanche, garçon blanc, lui tuer beaucoup<br />

blancs.<br />

Un policeman monté (à pied pour le service<br />

du Klondike) joignit le groupe, et entendit<br />

Imber réitérer son désir.<br />

par JACK LONDON<br />

C'est en vérité toute l'apologie de la lutte des blancs<br />

et des peaux-rouges que nous présente Jack London<br />

dans ce récit qu'il aima le mieux parmi tous ceux de son<br />

œuvre considérable. Du vieil Indien qui se glorifie d'avoir<br />

tué les blancs ou des blancs qui sont allés piller les<br />

territoires du vieil Indien, qui a tort ? qui a raison ?<br />

— Allons, vous, suivez-moi, dit-il d'un air<br />

renfrogné, se frayant de l'épaule un passage<br />

à travers la foule.<br />

C'est ainsi qu'Imber arriva jusqu'aux<br />

casernes, où il fit, de lui-même, des aveux<br />

complets, et d'où il ne devait jamais plus sortir.<br />

Il paraissait exténué. Ses traits étaient tirés<br />

par la fatigue du désespoir et des ans. Ses<br />

épaules s'affaissaient et ses yeux avaient perdu<br />

tout leur éclat. Sa tignasse aurait dû être<br />

blanche» mais le soleil et les tempêtes l'avaient<br />

tellement brûlée et battue qu'elle pendait<br />

flasque, terne et sans vie. Il ne prenait aucun<br />

intérêt à tout ce qui se passait autour de lui.<br />

La salle de justice était pleine à craquer<br />

d'hommes venus des creeks et des pistes, et<br />

dans le brouhaha de leurs voix contenues, il y<br />

avait une note sinistre qui parvenait à ses<br />

oreilles comme le grondement de la mer dans<br />

les profondes cavernes.<br />

Tandis que leurs regards se concentraient<br />

sur lui et que, farouches, ils dégustaient à<br />

l'avance la peine qu'il allait encourir, Imber<br />

les contemplait, songeait à leurs manières, à leur<br />

loi qui ne dormait jamais, mais s'exécutait sans<br />

répit, que les temps fussent bons ou mauvais,<br />

pendant les inondations et la famine, malgré les<br />

tourments, l'épouvante et la mort, et qui<br />

continuerait ainsi, lui semblait-il, jusqu'à la<br />

consommation des siècles.<br />

Un homme frappa un coup sur la table. Les<br />

bourdonnements cessèrent et le silence s'établit.<br />

Imber regarda l'homme. Il lui parut être un<br />

représentant de la loi, mais le vieillard devina<br />

que le personnage au front carré, assis devant<br />

un bureau un peu plus loin par derrière, devait<br />

être le chef suprême, au-dessus même de<br />

l'homme qui avait frappé. Un deuxième indi-<br />

vidu assis à la même table se leva et se mit à lire<br />

à haute voix les feuillets d'une liasse de papier<br />

fin. Arrivé au haut de chaque page, il s'éclaircissait<br />

la voix et, au bas, il s'humectait les<br />

doigts. Imber ne saisissait pas ce qu'il disait,<br />

mais les autres le suivaient, et il comprit que<br />

cette lecture déchaînait de l'hostilité contre lui.<br />

Parfois, leur colère éclatait : un homme lui<br />

lança quelques malédictions, sèches et mordantes,<br />

mais un autre le rappela au silence.<br />

Pendant un temps interminable, l'homme<br />

continua de lire. Son débit monotone et chantant<br />

berçait Imber, qui crut sortir d'un rêve<br />

lorsque la voix cessa. Un autre parla dans sa<br />

langue maternelle, et il se leva, sans surprise,<br />

dévisageant le fils de sa sœur, un jeune homme<br />

qui avait déserté la tribu depuis de longues<br />

années déjà pour aller vivre avec les blancs.<br />

— Tu ne te souviens pas de moi, dit celui-ci<br />

en guise de salutation.<br />

— Mais si ! répondit Imber, tu es Howkan,<br />

qui s'est enfui. Ta mère est morte.<br />

— C'était une vieille femme, dit Howkan.<br />

Mais Imber n'entendait pas et Howkan,<br />

d'un coup de main sur son épaule, le réveilla.<br />

— Je vais te répéter ce que l'homme a dit :<br />

l'histoire des maux que tu as causés et que tu<br />

as révélés,espèce de fou, au capitaine Alexandre.<br />

Et tu devras me suivre et déclarer si ce<br />

que je vais dire est vrai ou faux. Ainsi le veut<br />

la loi.<br />

Howkan était tombé parmi les gens de la<br />

mission, qui lui avaient appris à lire et à écrire.<br />

Il tenait le cahier où l'homme avait lu à haute<br />

voix. Un clerc y avait consigné la confession<br />

qu'Imber avait faite par la bouche de Jimmy,<br />

au capitaine Alexandre. Howkan se mit à lire.<br />

Imber l'écoutait depuis un instant, lorsqu'une<br />

Imber se tenait là, ombre affamée et sinistre, les yeux rivés sur la jeuie fille,<br />

— Que vculez-vous? demanda le petit Dickensen d'un cœur hardi mais d'une voix tremblotante.<br />

expression d'étonnement parut sur son visage.<br />

Il s'interrompit soudain :<br />

— C'est moi qui ai dit cela, Howkan. Pourtant,<br />

cela vient de tes lèvres et tes oreilles ne<br />

l'ont pas entendu.<br />

Howkan, satisfait de lui-même, eut un<br />

sourire de béatitude. 'Ses cheveux étaient<br />

séparés sur son front.<br />

■ — Bien mieux : tout cela vient du papier,<br />

ô Imber. Mes oreilles n'ont jamais rien entendu.<br />

Cela vient du papier, par mes yeux, dans ma<br />

tête, et cela sort de ma bouche pour aller à toi.<br />

Voilà comme cela vient.<br />

— Cela vient ainsi ? C'est sur le papier ?...<br />

La voix d'Imber se confondit en un murmure<br />

de frayeur, tandis qu'il froissait les feuillets<br />

entre le pouce et l'index, les yeux attachés sur<br />

les caractères qui y étaient griffonnés.<br />

...Voilà une fameuse sorcellerie, Howkan, et<br />

tu es un faiseur de merveilles.<br />

— Cela n'est rien, cela n'est rien, répondit<br />

le jeune homme négligemment et avec suffisance.<br />

Il lut au hasard sur le document :<br />

" En cette année-là, avant la débâcle des glaces,<br />

vinrent un vieillard et un garçon qui boitait.<br />

Ceux-là, je les ai tués aussi, et le vieux fit beaucoup<br />

de bruit... "<br />

— C'est vrai, interrompit Imber d'une voix<br />

entrecoupée. Il fit beaucoup de bruit et pendant<br />

longtemps il ne voulait pas mourir. Mais<br />

comment le sais-tu, Howkan ? Le chef des<br />

blancs,te l'a dit, sans doute ? Personne ne m'a<br />

vu et à lui seul je l'ai dit.<br />

Howkan hocha la tête avec impatience :<br />

— Ne t'ai-je pas dit que cela était sur le<br />

papier, ô fou !<br />

* * *<br />

I<br />

MBER regarda durement la surface barbouillée<br />

d'encre.<br />

— Comme le chasseur qui cherche dans la<br />

neige dit : ici, pas plus tard qu'hier, est passé<br />

un lapin ; près du buisson de saules, il s'est<br />

arrêté, a tendu l'oreille, il a entendu et il a eu<br />

peur, et plus loin, il est revenu sur la piste et<br />

il s'est enfui à toute allure, avec de larges<br />

bonds ; et là, à une vitesse double et avec des<br />

sauts plus longs, arriva un lynx ; à cet endroit,<br />

où les griffes ont creusé profondément la<br />

neige, le lynx fit un énorme bond, puis il<br />

atteignit le lapin, le roula sous lui, ventre en<br />

l'air ; et, à partir d'ici, on ne voit plus que la<br />

trace du lynx, et il n'y a plus de lapin; comme<br />

le chasseur examine les marques sur la neige<br />

et dit : voyez ici toute l'histoire, ainsi toi;<br />

pareillement, tu regardes le papier et tu dis :<br />

voyez ici toute l'histoire des méfaits que le<br />

vieux Imber a con-mis.<br />

— C'est cela même, dit Howkan. Et maintenant,<br />

veuille écouter et garder ta langue de<br />

femme dans ta poche jusqu'à ce qu'on te donne<br />

la parole.<br />

Là-dessus, et pendant longtemps, Howkan<br />

lui lut la confession, et Imber demeura rêveur<br />

et silencieux. A la fin, il dit :<br />

— Ce sont mes paroles, mes vraies paroles,<br />

mais je deviens vieux, Howkan, et il me revient<br />

des souvenirs depuis longtemps effacés que ce<br />

chef là devrait bien connaître. D'abord, je vais<br />

te parler de l'homme qui franchit la montagne<br />

de glace avec des trappes de sorcier en fer, qui<br />

poursuivait les castors de la rivière aux Truites.<br />

Je l'ai tué. Puis vinrent trois hommes qui<br />

cherchaient de l'or sur la rivière, il y a bien<br />

longtemps. Ceux-là aussi je les ai tués et abandonnés<br />

aux wolverines. Et j'ai vu, aux Five-<br />

Fingers, un homme sur un radeau, chargé de<br />

beaucoup'de viande.<br />

Pendant les intervalles, où Imber s'arrêtait<br />

pour fouiller dans sa mémoire, Howkan traduisait<br />

et un clerc résumait ses paroles par<br />

écrit. L'auditoire écoutait, bouche bée, chacune<br />

des petites tragédies racontées dans toute leur<br />

brutalité, jusqu'au moment où Imber parla<br />

d'un homme aux cheveux roux et aux yeux<br />

louches, qu'il avait tué à une très longue portée.<br />

— Malédiction ! proféra un homme qui se<br />

trouvait au tout premier rang des spectateurs. Sa<br />

voix était émue et douloureuse. Il avait, lui aussi,<br />

la tête flamboyante. " C'était mon frère Bill! "<br />

Et, à intervalles réguliers, pendant toute la<br />

séance, son solennel juron se fit entendre dans<br />

toute la salle. Ses camarades ne l'interrompirent<br />

pas, et l'homme assis à la table ne frappa<br />

point pour le rappeler à l'ordre.<br />

La tête d'Imber s'affaissa une fois de plus et<br />

son regard devint terne, comme si un nuage<br />

s'était levé et lui avait intercepté le monde. Et<br />

il rêva, comme seuls les vieillards peuvent le<br />

faire, sur l'immense futilité de la jeunesse.<br />

Ensuite, Howkan le réveilla et lui dit :<br />

— Debout, ô Imber. La loi ordonne que


minraii LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> • "»'» • miiiiiiiiimïiiiii niiiinmiiiniiinniiirauiiniinii 7 iiiiiiiiiiiiïiiiiiiiiiiiiniiiiin iiiiiiiHiiiniiiiiiiiniinniminiiimiiiiiiiiiiriiiiiii EXCELSIOR-DIMANCHE «iminai<br />

tu racontes pourquoi tu as causé toutes ces<br />

peines, pourquoi tu as tué ces gens, et pourquoi,<br />

enfin, tu as cheminé jusqu'ici pour réclamer la<br />

loi.<br />

Imber se leva faiblement et se dodelina en<br />

avant et en arrière. Il se mit à parler d'une voix<br />

basse et un peu grondante, mais Howkan<br />

l'interrompit.<br />

— Cet homme est un vieux fou, dit-il en<br />

anglais à l'homme au front carré. Sa conversation<br />

est stupide ; il parle comme un enfant.<br />

— Nous voulons entendre ses paroles qui<br />

ressemblent à celles d'un enfant, dit l'homme<br />

qui venait d'être interpellé. Et nous voulons<br />

les entendre, sans en perdre une seule, telles<br />

qu'elles sortiront de sa bouche. Comprenezvous<br />

?<br />

Howkan avait compris, et un éclair passa<br />

dans les yeux d'Imber, car il avait vu clairement<br />

le jeu du fils de sa sœur vis-à-vis du<br />

représentant de la loi.<br />

Et alors commença l'histoire épique d'un<br />

patriote endurci, qu'on aurait dû graver dans le<br />

bronze pour les générations futures.<br />

U<br />

* & A<br />

N étrange silence pesait sur la foule. Le<br />

juge au front carré prit sa tête dans ses<br />

mains et scruta son âme et celle de sa<br />

race. On entendait seulement les intonations<br />

graves d'Imber, alternant rythmiquement avec<br />

la voix perçante de l'interprète, et, de temps<br />

à autre, comme un glas, le juron obstiné de<br />

l'homme aux cheveux roux.<br />

— " Je suis Imber, de la tribu des Truites ".<br />

Ainsi commençait la traduction de Howkan.<br />

Sa barbarie innée reprenait ses droits et, à<br />

mesure qu'il se laissait gagner par le rythme et<br />

le timbre sauvage de l'histoire du vieil Indien,<br />

il perdait le vernis de civilisation acquis à la<br />

mission.<br />

" ... Mon père était un Otsbaok, un rude<br />

homme. Le soleil et l'allégresse réchauffaient<br />

la terre au temps de mon enfance. Les gens ne<br />

désiraient pas monts et merveilles, n'écoutaient<br />

pas l'appel de nouveaux besoins et les mœurs<br />

de leurs pères étaient les leurs. Les femmes<br />

trouvaient grâce aux yeux des jeunes hommes<br />

et ceux-ci les regardaient avec plaisir. Les<br />

bébés étaient suspendus aux seins des femmes,<br />

dont les maternités successives avaient élargi<br />

les hanches. Les hommes étaient des hommes,<br />

en ces temps-là. Dans la paix et l'abondance,<br />

dans la guerre comme dans la famine, ils<br />

restaient des hommes.<br />

" Il y avait alors beaucoup plus de poissons<br />

dans l'eau qu'aujourd'hui, et aussi plus de<br />

viande dans la forêt. Nos chiens étaient des<br />

loups, protégés par leurs peaux épaisses et<br />

endurcis au froid et à la tempête. Et il en était<br />

de même de nous, car nous ne redoutions ni<br />

l'un ni l'autre. Et quand les Pellys pénétrèrent<br />

dans notre terre, nous les tuâmes et laissâmes<br />

des nôtres. Parce que nous étions des hommes,<br />

nous autres de la tribu des Truites, et nos<br />

aïeux et nos pères avaient combattu contre les<br />

Pellys et fixé les limites de notre terre.<br />

" Un jour apparut le premier blanc. Il se<br />

traînait comme ça, sur les genoux et les mains,<br />

dans la neige. II avait la peau collée aux os.<br />

Aucun d'entre nous ne se rappelait avoir vu<br />

pareil homme, et nous nous demandions à<br />

quelle tribu il appartenait, et à quelle terre. Et<br />

il était faible, très faible, comme un petit<br />

enfant. Aussi nous lui offrîmes une place à notre<br />

feu, de chaudes fourrures pour se coucher et de<br />

la nourriture comme on en donne aux jeunes<br />

enfants.<br />

" 11 était accompagné d'un chien, trois fois<br />

plus gros que les nôtres, et très affaibli lui aussi.<br />

Ce chien avait un poil ras qui ne le garantissait<br />

pas du tout du froid, et la queue était à tel<br />

point gelée que le bout s'en détacha. Nous lui<br />

offrîmes à manger, à cet étrange animal, nous<br />

le fîmes s'étendre près du feu et nous le<br />

défendîmes contre nos chiens, qui autrement<br />

l'auraient massacré. Et, grâce à la viande d'élan<br />

et au saumon séché au soleil, l'homme et le<br />

chien reprirent leurs forces ; ils s'engraissèrent<br />

et se montrèrent arrogants. L'homme parlait<br />

haut.se moquait des vieux hommes et des jeunes<br />

et regardait les filles avec effronterie. Le chien<br />

se battit avec les nôtres et, malgré son poil ras<br />

• et sa mollesse, il en tua trois le même jour.<br />

" Quand nous posâmes à notre hôte des<br />

questions sur les gens de son pays, il répondit :<br />

" J'ai beaucoup de frères ', puis il fit entendre<br />

un rire qui sonnait faux. Une fois ses forces<br />

tout à fait revenues, il s'éloigna, et Noda, la<br />

fille du chef, le suivit.<br />

" Ce n'était que le commencement. Survint<br />

un second homme blanc, accompagné de chiens<br />

au poil ras, qu'il laissa derrière lui après son<br />

départ. 11 emmena six de nos plus forts chiens<br />

contre lesquels il avait troqué, avec Koo-So-<br />

Tee, le frère de ma mère, un pistolet merveilleux<br />

qui tirait six coups très rapides. Koo-So-<br />

Tee était déjà très fier. Ce fut bien autre chose<br />

lorsqu'il eut le pistolet. Il se moquait de nos<br />

flèches et de nos arcs. " Bon pour les femmes ",<br />

disait-il, et il partait à la rencontre de l'ours<br />

Ma flèche chanta dans l'air, tout droit, jusqu'à sa gorge, et il apprit ce que je voulais de lui. Le deuxième homme,<br />

qui tenait les pagaies à l'arrière, amenait son rifle à mi-épaule lorsque le premier ,de mes javelots le transperça.<br />

dent de chasser la " gueule chauve "au pistolet,<br />

mais, alors, comment aurions-nous pu le savoir,<br />

lui et nous ? Il marcha donc, très brave, contre<br />

l'ours et lui envoya six coups de feu très<br />

rapides. La gueule chauve ne fit que grogner<br />

et le broya dans son étreinte. Comme le contenu<br />

d'un œuf brisé, ou comme le miel qui coule<br />

du nid des abeilles, la cervelle de Koo-So-Tee<br />

dégoutta sur le sol. C'était un-bon chasseur, et<br />

il n'avait pas son pareil pour rapporter de la<br />

viande à sa squaw et à ses enfants. Sa mort<br />

nous fut sensible et nous fit penser que ce qui<br />

est bon pour les hommes blancs ne l'est pas<br />

pour nous. Et c'est la vérité : les blancs peuvent<br />

être nombreux et gras, mais leurs actes nous<br />

ont rendus rares et maigres.<br />

D ! autres blancs vinrent au cours des<br />

années et, séduits par l'argent et les présents,<br />

nos jetines hommes partirent avec eux. Parfois,<br />

ils revenaient avec d'étranges récits des dangers<br />

et fatigues qu'ils avaient encourus dans les<br />

terres au-delà des Pellys. Parfois aussi, on ne<br />

les revoyait plus. '<br />

"Et nous disions : s ils font aussi bon<br />

marché de leur «je, ces hommes blancs, c'est<br />

qu'ils en possèdent jilusieurs ; mais nous nous<br />

faisons rares, nous autres de la tribu des<br />

Truites, et les jeunes gens ne s'en iront plus.<br />

Ils continuèrent à nous abandonner ; les<br />

femmes s'y mirent aussi, et notre courroux<br />

ne connut plus de bornes.<br />

" 11 est vrai que nous mangions de la farine,<br />

du porc salé et que nous buvions du thé qui<br />

était un vrai délice ; seulement, quand nous ne<br />

pouvions nous en procurer, nous en souffrions,<br />

nous devenions avares de paroles et prodigues<br />

de colère. En sorte que nous finîmes par désirer<br />

avidement les choses que les blancs apportaient<br />

dans leur commerce. Le Commerce ! le<br />

: Commerce ! On n'entendait que ce mot-là !<br />

erizzly à gueule chauve, pistolet en main. Tout Un hiver, nous troquâmes notre viande contre<br />

r i 1 , il « i î<br />

le monde sait maintenant qu'il n'est pas pru- ' des pendules qui ne marchaient pas. des<br />

montres aux i ressorts brisés, des limes aux<br />

dents usées et des pistolets sans cartouches.<br />

Alors vint la famine. Nous nous retrouvâmes<br />

sans viande et vingt d'entre nous moururent<br />

avant le printemps.<br />

" Maintenant que nous sommes faibles ',<br />

disions-nous, " les Pellys vont fondre sur nous<br />

et renverser nos frontières. Mais de notre<br />

sort, les Pellys avaient eu leur part et ils étaient<br />

trop faibles pour nous attaquer. i<br />

" Mon père, Otsbaok, un rude homme, était<br />

devenu vieux et très sage. Il parla au chef :<br />

— Regarde ! nos chiens ne valent rien.<br />

Ils n'ont plus de force. Leurs fourrures<br />

épaisses s'en sont allées et ils meurent de froid<br />

sous le harnais. Allons au village et tuons-les<br />

Gardons seulement les chiennes-louves et<br />

avec les loups sâuvages de là forêt,' nous<br />

aurons des chiens poilus et solides.<br />

" On écouta ses paroles-. Et la Tribu des<br />

Truites fut renommée pour-ses chiens, qui<br />

n'avaient pas d'égaux dans le pays. Mais nous,<br />

les hommes, nous n étions pas renommés<br />

pour nous-mêmes. La fleur de nos jeunes<br />

gens et de nos femmes étaient partis avec les<br />

blancs, au hasard des pistes et des fleuves,<br />

vers des régions lointaines. Les jeunes gens<br />

revenaient parfois s asseoir pendant quelque<br />

temps à notre feu, mais leur langage et leurs<br />

manières étaient devenus grossiers. Ils absorbaient<br />

des mauvaises boissons, passaient de<br />

longs jours et de .longues nuits à jouer, le<br />

cœur plein d inquiétude, jusqu'au jour où,<br />

répondant à l'appel des blancs, ils repartaient<br />

avec eux vers des endroits inconnus. Ils<br />

avaient à jamais perdu l'honneur et le respect<br />

d'eux-mêmes. Ils raillaient les coutumes<br />

traditionnelles et riaient au nez des chefs et<br />

des shamans.<br />

"Aussi vrai que je le dis, nous autres,<br />

hommes de la tribu des Truites, nous étions<br />

devenus une race abâtardie. Nous vendions '<br />

nos chaudes fourrures et nos peaux pour du<br />

tabac, du whisky, des franfreiuches de coton<br />

sous lesquelles nous grelottions. La maladie<br />

de la toux s'abattit sur nous ; hommes et<br />

femmes, nous n'arrêtions pas de tousser et<br />

de transpirer durant les- longues nuits, et les<br />

chasseurs sur la piste crachaient du sang<br />

dans la neige. La bouche pleine de caillots,<br />

1s mouraient les uns après les autres. Les<br />

femmes portaient peud'eiifants, et ceux qu'elles<br />

mettaient au monde étaient débiles et sacrifiés<br />

d'avance à cette maladie.<br />

" Cependant — et voici où la chose devient<br />

étrange — les blancs viennent comme l'haleine<br />

de la mort ; tous leurs procédés conduisent<br />

à la mort : et ils ne meurent pas. A eux le<br />

whisky, le tabac, les chiens à poil ras ; à eux<br />

les nombreuses maladies, la toux et la bouche<br />

écumante de sang ; à eux, enfin, les pistolets<br />

qui tirent six coups très rapides et ne valent<br />

rien. Ces nombreux fléaux ne les empêchent<br />

pas d'engraisser, de prospérer, d'abattre une<br />

lourde main sur le monde entier et d'en fouler<br />

aux pieds les populations. Et leurs femmes<br />

sont délicates et fragiles comme de petits<br />

enfants, mais elles ne se brisent jamais et<br />

elles enfantent des hommes. Et de toute cette<br />

faiblesse, maladie et douceur, naissent la<br />

force, le pouvoir, l'autorité. Eux sont les<br />

diables, ou les dieux, suivant le cas. Je n'en<br />

sais rien. Que sais-je, moi, le vieil Imber de<br />

la tribu des Truites ?<br />

" Ainsi la viande dans la forêt diminua de<br />

plus en plus. C'est vrai : le fusil du blanc<br />

est sans pareil et tue à une très grande distance;<br />

mais, à quoi bon le fusil, lorsqu'il n'y a plus<br />

de viande à tuer? Aux jours de mon enfance,<br />

l'élan abondait sur chaque colline, et chaque<br />

année, le caribou venait par bandes innombrables.<br />

Mais, à présent, le chasseur a beau<br />

prendre la piste pendant dix jours, pas un<br />

élan ne réjouira sa vue, et le caribou familier<br />

n'a pas reparu. Je le répète : à quoi sert le<br />

fusil tuant à longue portée, quand il ne reste<br />

plus rien à tuer?<br />

" Et moi, Imber, je songeais à tout cela,<br />

tandis que je voyais les Truites et les Pellys,<br />

et toutes les tribus du pays, disparaître comme<br />

avait disparu la viande de la forêt. Je m'absorbai<br />

longtemps dans ces réflexions. Je pris conseil<br />

des shamans et des vieillards, tous hommes<br />

sages. Je m'écartai du village afin de ne pas<br />

être dérangé par ses bruits, et je ne mangeai<br />

pas de viande pour que le poids de mon ventre<br />

ne gênât pas mon ouïe et ma vue. Je m'assis<br />

de longues heures, sans dormir, dans la forêt,<br />

les yeux grands ouverts, les oreilles patiemment<br />

tendues, dans l'espoir du signe, du mot,<br />

qui allait peut-être venir. Et j'errai seul dans<br />

la nuit noire jusqu'à la berge du fleuve, où<br />

j'entendais les plaintes'du vent et les sanglots<br />

de l'eau. J'étais venu demander la sagesse aux<br />

ombres des vieux shamans, parmi les arbres<br />

et les choses mortes.<br />

" Et, à la fin, comme dans une vision, les<br />

chiens détestables à poil court s'approchèrent<br />

de moi et j'aperçus la voie à suivre. Par la<br />

sagesse d'Otsbaok, mon père, un rude homme,<br />

le sang de nos chiens-loups n'avait pas été<br />

souillé ; par suite, ils avaient conservé la chaleur<br />

de leur peau et la force au harnais. Je<br />

retournai donc au village et fis cette harangue<br />

aux hommes : " C'est une tribu, ces hommes<br />

blancs, dis-je. Une très grande tribu et sans<br />

doute ne reste-t-il plus de viande dans leur<br />

pays. Ils sont venus parmi nous dans l'intention<br />

de se faire une nouvelle patrie. Mais ils nous<br />

affaiblissent et nous périssons. Ce sont des<br />

gens très voraces. Déjà, ils nous ont supprimé<br />

notre viande et il serait bon, si nous voulons<br />

vivre, d'agir envers eux comme nous avons<br />

agi envers leurs chiens.<br />

E<br />

T je poursuivis mon discours. Je leur con-<br />

seillai la lutte. Les hommes de la tribu des<br />

Truites prêtaient tous l'oreille. Les uns<br />

disaient ceci, les autres cela, et d'aucuns parlaient<br />

de choses tout à fait en dehors et sans la<br />

moindre importance. Pas un n'eut le courage<br />

de réclamer des actes et la guerre. Laissant de<br />

côté les jeunes, mous comme l'eau et effrayés,<br />

je regardais les vieux hommes assis en silence,<br />

et je voyais, dans leurs yeux, des flammes<br />

aller et venir. Et plus tard, quand le village<br />

se fut endormi, et à l'insu de tous, j'attirai<br />

les vieux loin dans la forêt et leur parlai<br />

encore. Et alors nous fûmes tous d'accord.<br />

Nous évoquâmes les bons jours passés, notre<br />

terre libre ; les époques d'abondance, et la<br />

joie, et le soleil ; nous nous appelâmes frères<br />

et nous jurâmes d'observer le secret le plu3<br />

absolu : de nettoyer la terre de l'engeance<br />

malfaisante qui l'avait envahie. Nous étions<br />

des fous, c'est simple à voir, mais comment<br />

pouvions-nous le comprendre, nous autres,<br />

vieillards de la tribu des Truites ?<br />

" Et pour leur donner du cœur au ventre,<br />

j'accomplis le premier exploit. Je montai la<br />

garde sur le Yukon jusqu'à ce que je vis<br />

descendre la première pirogue. Deux hommes<br />

(Lire la suite page 15.)


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DANb LE Cl ROUE _£Oi"tMÊ,CA<br />

JE NE SERAI pAb CONDAMNE.<br />

A LA SOCIÉTÉ OÊ CE"? ÇtN'a,<br />

EN NuyeUXv,<br />

^IEL^ÇL/E Cf_b ÉLÉPHAMÏS<br />

2>ONT ALTÉRÉS ! fe.A FAIT "<br />

\ LE DIXIEME SE-AU ÇOE-<br />

| JE L£oR APPORTE '


imiiiuM EXCELSIOR-DIMANCHE mmnm iiiimmiiiii iiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii 10 IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII iiiiiiiiiii iniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii n IIIIIIIIIIII LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> imum*<br />

JE VOUDRAIS BIEN SAVOIR...<br />

Comment est organisée la justice ?<br />

L<br />

A France est organisée en quatre espèces<br />

de juridictions différentes par leur objet,<br />

leur but et leur magistrature :<br />

1 0 Les juridictions civiles. Elles comprennent<br />

les justices de paix, les tribunaux de première<br />

instance, les cours d'appel ;<br />

2° Les juridictions criminelles. Elles comprennent<br />

les tribunaux de simple police, les<br />

tribunaux correctionnels, tes cours d'appel,<br />

les cours d'assises ;<br />

3° Les juridictions commerciales. Elles<br />

comprennent les conseils de prud'hommes<br />

et les tribunaux de commerce.<br />

4° Les juridictions administratives. Elles<br />

comprennent les conseils de préfecture, le<br />

conseil d'Etat, la cour des Comptes, les conseils<br />

de guerre, les tribunaux maritimes et toutes<br />

autres juridictions exceptionnelles.<br />

La cour de cassation est une juridiction<br />

en dernier ressort, placée au-dessus des<br />

premières.<br />

A A 4o<br />

Ce que l'État (ait pour le repeuplement<br />

des chasses ?<br />

L<br />

ES régions de la France qui servaient de<br />

théâtre aux opérations de guerre sont,<br />

en effet, gravement dépeuplées en gibier.<br />

Le gouvernement avait essayé d obtenir<br />

de l'Allemagne une restitution de diverses<br />

espèces de gibier, comme pour le cheptel.<br />

Mais l'Allemagne ne s'exécuta pas.<br />

Le ministère de 1 Agriculture prévoit donc —<br />

et c est actuellement le seul recours — quelquss<br />

crédits à allouer sur son propre budget aux<br />

présidents de sociétés de chasse, aussi bien<br />

des régions dévastées par la guerre que des<br />

autres contrées de France.<br />

Une demande doit être adressée dans<br />

ce sens à l'inspecteur des eaux et forêts<br />

local, qui la transmet au ministère de l'Agriculture.<br />

11 va sans dire que, seules, bénéficient de<br />

ces crédits les sociétés de chasse qui sont susceptibles<br />

d'entreprendre une œuvre de repeuplement<br />

de gibier d intérêt général.<br />

A A<br />

Combien il y a de kilemètres de lignes<br />

de Métro dans Faris; quelles sont les<br />

lignes projetées et quelle longueur elles<br />

représenteront ?<br />

L<br />

E Métropolitain comprend actuellement<br />

12 lignes dont six sont entièrement<br />

achevées et exploitées, les six autres<br />

n'étant que partiellement exploitées. Le kilométrage<br />

total d'exploitation est de 95 km. 296.<br />

Les six lignes non achevées et dont le<br />

prolongement est projeté, sont les suivantes :<br />

Ligne n° 7. — Palais-Royal-Porte d'Ivry<br />

(8 km. 320) ; - ;<br />

Ligne n° 8. — Opéra-Porte Dorée (9km.).<br />

Ligne n° 9. — Carrefour Richelieu Drouot-<br />

Porte de Montreuil (7 km. 379) ;<br />

Ligne n° 10. — Invalides-Bastille (8 km. 52).<br />

(Cette ligne est déjà entièrement construite<br />

entre les Invalides et la rue Dufour et partiellement<br />

construite de la rue Dufour au boulevard<br />

Saint-Michel. C'est la seule ligne.d'ailleurs,<br />

où les travaux aient été exécutés : les<br />

autres lignes n'étant qu'à l'état de projet) ;<br />

Ligne n° 11. — Porte des Lilas-Hôtel de<br />

Ville (5 km. 729) ;<br />

Ligne n° 12. — Porte d'Orléans-Porte<br />

d'Italie (3 km. 02).<br />

Lorsque ces six lignes seront terminées,<br />

elles représenteront une nouvelle longueur<br />

d'environ 44 kilomètres, ce qui, ajouté aux<br />

95 kilomètres déjà existants, représentera<br />

une exploitation totale de plus de 139 kilomètres.<br />

L'exploitation définitive du réseau ^est<br />

d'ailleurs prévue que d'ici une dizaine d années.<br />

Comment on fait un testament ?<br />

L<br />

A condition que le Code exige d'une<br />

manière spéciale, c est que le testateur<br />

soit sain d'esprit. L'imbécillité, la démence<br />

et 'la fureur '. pour rendre inhabile à<br />

tester, n ont pas besoin d être légalement constatées<br />

au moyen d'une interdiction judiciaire.<br />

Tout ce qui priverait le testateur de sa liberté<br />

morale, comme 1 ivresse, une passion injuste<br />

et violente-, la captation et la suggestion,<br />

peuvent, pourvu que les faits soient graves et<br />

concluants, motiver une demande en nullité<br />

de l'acte testamentaire. Sont incapables de<br />

disposer par testament : le mineur âgé de moins<br />

de seize ans, l'interdit, et celui qui est mort<br />

civilement, par suite d'une condamnation à<br />

une peine afflictive perpétuelle.<br />

an i iiiiiiui uiiiinuiHiiiiiiiiiillHIHiiuiiiliiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii""" iiiiiiiiiiiiHiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiï<br />

ï Cette rubrique est ouverte à ious nos lecteurs. Elle leur |<br />

I permettra de se tenir en contact constant avec leur journal §<br />

| qui les renseignera volontiers sur tous les faits d'un intérêt §<br />

général et d'ordre documentaire ou pratique.<br />

r.lli!iBillI!E|]IEIMtllllIllllfl>llllEIIIIIIIlllIIllllllIill[llllllIIMIIS1iltI>II>lilIltllIlllIIIIIttlIIIIIi:ii:iEtlllIIIIIll ! I ■ Il ■ ■ 11 ■ ■ 1111N1111 il I II ■ ■ 11 ■ III11 II i: 13 ] gT<br />

La femme mariée peut tester sans l'autorisation<br />

de son mari. La loi n'a point égard à<br />

l'incapacité passagère, qui serait survenue<br />

dans le temps intermédiaire entre le testament<br />

et le décès.<br />

La loi accorde à l'intéressé la liberté du choix<br />

entre trois formes de testaments : 1° le testament<br />

olographe ; 2° le testament par acte 'public<br />

ou notarié ; 3° le testament mystique.<br />

Le testament olographe est celui que le testateur<br />

rédige, date et signe de sa propre main.<br />

Le testament par acte public ou notarié doit<br />

être reçu par un notaire en présence de quatre<br />

témoins, ou par deux notaires, en présence<br />

de deux témoins: Le Code exige, à peine de<br />

nullité, que le testament soit dicté par le testateur<br />

au notaire ou à l'un des notaires rédacteurs,<br />

qu'il soit écrit par le notaire tel qu'il est<br />

dicté, que lecture en soit donnée au testateur<br />

en présence des témoins, qu'il soit signé du<br />

testateur — ou que mention soit faite qu il<br />

ne peut signer — et des témoins. Le testament<br />

mystique ou secret est celui que le testateur<br />

écrit ou lait écrire, signe, et présente, clos et<br />

scellé à un notaire qui dresse un acte de dépôt.<br />

Ce dépôt se fait en présence de six témoins<br />

qui signent l'acte de suscription avec le testateur.<br />

Un testament annule les précédents et c est<br />

le dernier en date qui est seul valable.<br />

A * *<br />

Si les piqûres de vipères sont mortelles ?<br />

C<br />

ES serpents venimeux sont assez rares<br />

en France, et l'on peut parfaitement<br />

s'en protéger. Le moyen préventif est<br />

de porter des souliers de cuir montants et des<br />

guêtres.<br />

Le moyen curatif est le suivant : ligaturer<br />

immédiatement le membre piqué pour en<br />

arrêter la circulation ; élargir la plaie à l'aide<br />

d'une pointe de canif trempé préalablement<br />

dans l'alcool ; layer cette plaie avec une solution<br />

d hypochlorite à 1/60 ; injecter 20 centimètres<br />

cubes du sérum découvert par le<br />

docteur Calmette (10 centimètres cubes pour<br />

les enfants et les chiens).<br />

Il est évident qu'on doit posséder sur soi,<br />

quand on s'engage dans une région habitée<br />

par les vipères : l'alcool, le canif, la solution<br />

d'hypochlonte, la seringue de Pravaz et le<br />

sérum de Calmette. Pour ce dernier, d ailleurs,<br />

l'Institut Pasteur en délivre des doses, sous<br />

forme de paillettes, qu'on fait dissoudre dans<br />

l'eau bouillie au moment de s'en servir.<br />

A ce prix, la piqûre de vipère n'est iamais<br />

mortelle.<br />

A A A<br />

Quand les premiers sous-marins firent<br />

leur apparition?<br />

L<br />

E premier type connu d'un bateau destiné<br />

à aller sous l'eau date de 1624. Il fut<br />

inventé par un Hollandais, Van Drebble<br />

Carmelis, et expérimenté à Londres, dans la<br />

Tamise. Le roi Jacques I er y pénétra et fut<br />

ainsi le premier chef d'Etat qui pratiqua la<br />

navigation sous-manne.<br />

A la fin du XVIII E siècle, Fulton, venu en<br />

France, pour aider Napoléon dans sa lutte<br />

contre l Ângleterre, voulut mettre à sa disposition<br />

des " nautiles " ou bateaux plongeurs.<br />

Laplace et Monge . le soutenaient. Mais<br />

Decrés, le ministre de la Marine d'alors, le<br />

combattit, et Napoléon, plus clairvoyant d'ordinaire,<br />

ne crut pas en Fulton.<br />

Plusieurs chercheurs depuis s'attaquèrent<br />

au problème sous-marin, théoriquement et<br />

pratiquement, et en 1864, Aunley et Dixon,<br />

durant la guerre de Sécession, trouvèrent la<br />

mort à bord du David, qui avait été inventé<br />

par Aunley et qui, un jour, ne put remonter<br />

à la surface. Aunley périt asphyxié. Quant au<br />

David, il fut renfloué et à son bord Dixon alla<br />

faire^-sauter la corvette à vapeur Hansatannic,<br />

mais l'explosion fit couler aussi le sous-marin,<br />

et Dixon périt avec lui.<br />

Le premier sous-marin construit en France<br />

fut le Gymnote. Il date de 1888. Il avait<br />

17 mètres de long. Construit dix ans plus<br />

tard, le Gustave-Zédé (il portait le nom de son<br />

inventeur), long de 48 mètres, réussit à faire,<br />

complètement immergé, plus de 12 kilo-<br />

IIHVÏFÎS à l'heure. Le président Emile Loubet.<br />

en 1901, effectua à son bord une plongée de<br />

vingt minutes. Puis Goubet et Laubeuf<br />

vinrent et, par les perfectionnements qu'ils y<br />

apportèrent, permirent aux sous-marins d'affronter<br />

la haute mer et de devenir les redoutables<br />

appareils de combat qu'ils sont aujourd'hui.<br />

* * *<br />

Si les exportations et les importations<br />

de la France sont revenues au niveau<br />

de celles d'avant-guerre?<br />

E<br />

N examinant le tableau comparatif en<br />

valeur et en tonnage de nos importations<br />

et de nos exportations, pour les<br />

sept premiers mois des années 19<strong>23</strong>, 1922<br />

et 1913 (cette dernière étant considérée comme<br />

la dernière année normale d'avant-guerre,<br />

on relève les chiffres suivants :<br />

1° Importations. — Le total de nos importations<br />

(objets d'alimentation, matières nécessaires<br />

à l'industrie — dont houille crue, carbonisée<br />

et agglomérée — objets fabriqués), pour<br />

les sept premiers mois de cette année, s élève<br />

à la somme de 17.305.107.000 francs, pour<br />

30.555.462 tonnes, présentant ainsi une augmentation<br />

de 4.672.979.000 francs et 1.898.382<br />

tonnes par rapport à 1922, et une augmentation<br />

de 12.394.527.000 francs et 4.901.683<br />

tonnes par rapport a 1913.<br />

2° -Exportations. — Le total de nos exportations<br />

(objets d'alimentation, matières nécessaires<br />

à l'industrie, objets fabriqués et colis<br />

postaux) atteint la somme de 16.585.246.000<br />

francs pour 13.320.665 tonnes, présentant<br />

ainsi une augmentation de 4.945.777.000 francs<br />

et 1.794.053 tonnes par rapport à 1922, et<br />

une augmentation de 12.674.363.000 francs et<br />

1.767.819 tonnes, par rapport à 1913.<br />

On voit par ces chiffres, que le commerce<br />

actuel de la France s'est considérablement<br />

relevé depuis l'armistice, et que son importance<br />

même a dépassé celle d'avant-guerre.<br />

A A A<br />

De qui est ce vers : " Glissez mortels,<br />

n'appuyez pas? "<br />

I<br />

L a été écrit dans la première moitié du<br />

XVIII E siècle pour les... patineurs. A cette<br />

époque, vivaient le graveur Larmessin et le<br />

poète Roy. Le patinage avait les honneurs de la<br />

cour. Au-dessous d'une estampe du graveur, le<br />

poète avait écrit ce quatrain :<br />

Sur un mince cristal, l'hiver conduit vos pas.<br />

Le pré:ipce est sous la glace,<br />

Telle est de vos plaisir; la légère surface.<br />

Glissez morlels, n'appuyez pas.<br />

Et il a peut-être été inspiré au poète par<br />

des accidents, mais il a plus fait pour sa<br />

mémoire que ses opéras, ses ballets et ses<br />

tragédies.<br />

A A A<br />

A combien on peut évaluer le nombre<br />

des bicyclettes qui roulent en France?<br />

I<br />

L y a une vingtaine d'années, en 1902, on<br />

comptait sur l'ensemble du territoire<br />

831.739 vélocipèdes. Cinq années pins<br />

tard, en 1906,1 effectif de ces appareils en circulation<br />

se trouvait porté à 1.790.679. Déjà,<br />

en cinq ans, le nombre des vélocipèdes ordinaires<br />

avait donc plus que doublé.<br />

Mais ce fut, à vrai due, l'application des<br />

dispositions de la loi du 31 janvier 1907 qui fit<br />

laire un bond prodigieux au cyclisme. On sait,<br />

en effet, qu'une disposition de cette loi a<br />

ramené de 6 francs à 3 francs le taux del impct<br />

frappant les vélocipèdes. Toutefois, l'impôt<br />

devait êtie perçu d après le nombre de places<br />

que comptait l'appareil. Cette mesure de<br />

bienveillance eut pour conséquence directe<br />

d accroître singulièrement la circulation des<br />

vélocipèdes. En 1907. le nombre des plaques<br />

à 3 francs vendues et correspondant au nombre<br />

des places des appareils s'éleva à 2.059.740. —<br />

Discns entre parenthèses que le nombre des<br />

appareils est à peu près égal à celui des<br />

places. — A compter de cette date, l'effectif<br />

des vélocipèdes ne fit que s'enfler. En<br />

1910, l'impôt frappait 2.980.985 places, puis<br />

à iï veille de la guerre, au 1 er janvier 1914,<br />

3.552.447.<br />

Comme bien on pense, durant les hostilités,<br />

par suite de la mobilisation, le nombre<br />

des cycles diminua fortement. Ce n'est qu'à<br />

partir de 1919 que le cyclisme reprenait tout<br />

son essor. Au cours de cette année, 3.229.315<br />

plaques à 3 francs étaient délivrées ; puis<br />

Tannée suivante 4.308.129 et enfin en 1921,<br />

4.845.714.<br />

Malh eureusement, l'énormité des charges<br />

du pays imposa au Parlement l'obligation 0 de<br />

majorer le taux de l'impôt sur les vélocipèdes.<br />

Ce tarif fut porté par la loi du 31 décembre 1921<br />

de 3 francs à 5 francs, à compter du l er ianvier<br />

1922. Empressons-nous de dire que cette<br />

majoration n'eut pas pour effet d'entraver le<br />

développement du cyclisme en France. En<br />

1922, il a été vendu 5.362.474 plaques.<br />

Ainsi actuellement près de 5 millions et<br />

demi de vélocipèdes, sans compter bien<br />

entendu les motocycles, roulent sur les routes<br />

de France.<br />

A A A<br />

En quelles occasions on doit faire des<br />

visites ?<br />

N fait des visites pour le nouvel an : elles<br />

servent à l'expression des vœux d'usage;<br />

O on fait des visites de politesse qui peuvent<br />

ne pas excéder un quart d'heure. Dans cette<br />

catégorie, peuvent être classées celles qui précèdent<br />

un départ ou succèdent à un retour. On<br />

fait des visités dites de digestion dans les huit<br />

jours, quand on s'est assis à la table de personnes<br />

avec lesquelles on n'a pas de relations<br />

fréquentes. On peut en faire aussi après une<br />

réception, bal ou soirée. On fait des visites de<br />

reconnaissance aux personnes qui vous ont<br />

envoyé un cadeau ou rendu un service. Qn fait<br />

enfin des visites de félicitations, par exemple, à<br />

l'occasion d'un mariage, de condoléances à<br />

l'occasion d'un deuil, de complaisance ou de<br />

charité.<br />

Les visites intimes se font aux personnes<br />

dont on est sûr qu'elles tirent un plaisir véritable<br />

de votre présence.<br />

Les visites officielles et de cérémonie sont<br />

réglées par un protocole particulier pour les<br />

fonctionnaires et les officiers.<br />

Toutes, à part les visites particulières, se<br />

font aux jours et aux heures de réception, et<br />

c est à la maîtresse de maison que s'adresse<br />

cette forme de politesse.<br />

A A *<br />

Ce qu'est l'École Normale supérieure et<br />

comment on y est admis ?<br />

'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE a pour princi-<br />

L pal objet de former des professeurs<br />

pour toutes les branches de l'enseigne-<br />

ment secondaire. Les études sont dirigées<br />

en vue de la préparation à l'agrégation des<br />

lycées et collèges.<br />

Mais l'Ecole Normale supérieure est en<br />

même temps un centre d'études supérieures,<br />

où se forment des travailleurs pour les laboratoires,<br />

des élèves pour les Ecoles de Rome,<br />

d'Athènes, du Caire, etc., des futurs docteurs et<br />

professeurs de Facultés de Lettres et deSciences.<br />

Elle est divisée en deux sections : section<br />

des Lettres et section des Sciences.<br />

Les élèves se recrutent par voie de concours.<br />

Ce concours est commun pour l'admission<br />

à i Lcole Normale et aux bourses de licences.<br />

Le nombre des candidats à admettre dans<br />

chaque section est fixé chaque année par<br />

arrêté ministériel.<br />

A * A<br />

Dans quels cas on doit payer tes droits<br />

de timbre et d'enregistrement?<br />

E droit de timbre est établi sur tous les<br />

L papiers destinés aux actes civils et judiciaires<br />

et aux écritures qui peuvent être<br />

produites en justice. Ce sont les lois du 13 brumaire<br />

anVII et du28août 1816, qui règlent cette<br />

matière au principal, sauf, en ce qui concerne<br />

la pénalité et la quotité des droits.<br />

Il y a deux sortes de droits de timbre : celui<br />

imposé en raison de la dimension du papier<br />

et celui gradué en raison des sommes exprimées<br />

dans des effets négociables.<br />

Les droits d'enregistrement, ou fixes ou proportionnels,<br />

s'appliquent : les premiers, aux<br />

actes soit civils, soit judiciaires ou extrajudiciaires<br />

qui ne contiennent ni obligation, ni libération,<br />

m condamnation, collocation ou liquidation<br />

de sommes ou valeurs, ni transmission<br />

de propriété, d'usufruit ou de jouissance<br />

de biens, meubles ou immeubles ; les seconds<br />

aux obligations, libérations, condamnations,<br />

collocations ou liquidations de sommes ou<br />

valeurs, et à toute transmission de prepriété,<br />

d usufruit ou de jouissance de biens meubles<br />

ou immeubles, soit entre vifs, soit par décès i<br />

1 (loi du 22 frimaire an VII).


*> >■> LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 18<strong>23</strong> '•"■■■■■iiuiiiiuiiiiiuuiiiiiiMiuiiuiMiiuHininuiiiuiiiiiiiiiii m 1111111 n iiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ii iiiiiiiiiiiiiiini iiiiiiiiin EXCELSIOR-DIMANCHE<br />

C<br />

GRÉGOIRE DE TOURS<br />

PROFITONS DE NOS LOISIRS DU DIMANCHE<br />

POUR NOUS INSTRUIRE UN PEU<br />

GRÉGOIRE DE TOURS<br />

ET évêque du VI E siècle, qui, à divers<br />

titres, se classe parmi les prélats ayant<br />

le plus contribué à créer une morale<br />

dans la Gaule à demi-barbare, eut également<br />

l'honneur d'être le premier écrivain de chez<br />

nous à dresser l'histoire de son pays ; aussi<br />

l'a-t-on surnommé : le<br />

père de notre histoire.<br />

Grégoire de Tours<br />

naquit à Clermont,<br />

cité des Arvernes, en<br />

538. Il appartenait,<br />

par la famille de son<br />

père, aux meilleures<br />

familles sénatoriales<br />

de la Gaule et comptait<br />

parmi ses ascendants<br />

plusieurs évêques<br />

et même un<br />

martyr, Vettius Epa-<br />

gathus. Favori du roi<br />

d'Austrasie Sigebert,<br />

il fut néanmoins élevé<br />

à la dignité d'évêque de Tours par acclamation<br />

du peuple et du clergé. C'était en 573, et déjà<br />

sa foi. sa charité, sa fermeté de caractère, en<br />

un mot sa sainteté, étaient universellement<br />

reconnues. Evêque, il sut, au cours des terribles<br />

luttes entre l'Austrasie et la Neustrie, défendre<br />

avec une magnifique énergie le troupeau dont<br />

il était le pasteur. Il sut inspirer un respect religieux<br />

aux personnages barbares qu'étaient les<br />

rois Francs, tels Chilpéric ou Childebert,<br />

vis-à-vis desquels il garda toujours son franc<br />

parler. Grégoire se signala' également par son<br />

admirable dévouement pendant les terribles<br />

épidémies qui désolèrent son diocèse. Défendant<br />

les faibles contre les forts, obligeant les<br />

rois à la justice, prêchant la foi et la charité,<br />

offrant sa vie elle-même en exemple, l'évêque<br />

de Tours occupait ses loisirs à des travaux<br />

historiques. Il donna notamment YHistoria<br />

Ftancorum en dix volumes, qui, dans un style<br />

naïf, résume l'histoire universelle et conte en<br />

détail les annales de la Gaule.<br />

Le sens critique manque sans doute à cet<br />

ouvrage, mais le récit, qui contredit souvent<br />

le jugement de l'auteur, paraît absolument<br />

sincère. On y trouve un tableau unique de la<br />

société aux et VI E siècle, société pour laquelle<br />

Grégoire de Tours montre une tendresse<br />

incompatible avec les détails qu'il donne sur<br />

elle.<br />

La bienveillance du prélat qui pardonne<br />

les offenses, l'emportait en lui sur le moraliste.<br />

Le saint évêque mourut en 593 ou 594.<br />

L<br />

LE PANTHÉON<br />

E Panthéon, qui s'élève à Paris face au<br />

jardin du Luxembourg, à l'extrémité de<br />

la rue Soufflot, ne porta pas toujours,<br />

au-dessus de sa colonnade, l'inscription bien<br />

connue : " Aux grands hommes, la patrie reconnaissante<br />

". Ce monument, depuis sa construction,<br />

connut, en effet, des fortunes diverses.<br />

Lorsque Louis XV eut à Metz cette grave<br />

maladie qui lui valut, tant l'angoisse du peuple<br />

avait été grande, le surnom de Bien-Aimé, il<br />

fit le vœu d'édifier à .Paris une église dédiée<br />

à sainte Geneviève, sur l'emplacement d'une<br />

ancienne nef ruinée, consacrée également à<br />

la patronne de Paris. Le roi, en 1764, posa<br />

la première pierre du temple, dont il confia<br />

la construction à l'architecte Soufflot. A l'époque<br />

de la Révolution, le monument n'était<br />

pas encore complètement achevé. L'Assemblée<br />

constituante décréta qu'il ne serait pas destiné<br />

au culte, mais à recevoir les restes des grands<br />

hommes. Les cendres de Mirabeau, puis celles<br />

de Voltaire, Lepeletier de Saint-Fargeau et<br />

Rousseau y furent transportées. Sous la Terreur,<br />

la Convention décida d'exclure Mirabeau<br />

du Panthéon et y fit conduire en grande pompe<br />

le corps de Marat assassiné. En 1795, ce dernier<br />

fut, à son tour, enlevé.<br />

Sous l'Empire, le Panthéon devint église<br />

catholique. L'on continua, néanmoins, à y<br />

LE PANTHÉON<br />

ensevelir d'illustres personnages, notamment<br />

le maréchal Lannes et Bougainvillé. Mieux<br />

qu'au culte, en effet, ce monument se prête<br />

à servir de nécropole. La crypte, creusée sous<br />

le gros œuvre, atteint presque les mêmes<br />

dimensions que l'édifice, qui a 110 mètres de<br />

long et 82 mètres de large.<br />

En 1830, le Panthéon redevient uniquement<br />

sépulture des grands hommes ; mais, en 1851,<br />

il reprend de nouveau le nom d'église Sainte-<br />

Geneviève. En 1871, les communards y installent<br />

lèur quartier général ; en 1874, on décide<br />

de décorer ses murs intérieurs de fresques<br />

représentant les grands faits de notre histoire.<br />

Les meilleurs artistes de l'époque entreprennent<br />

le travail, et Puvis de Chavannes donne son<br />

admirable panneau : Sainte Geneviève veil~<br />

tant sur Paris. En 1885, à la mort de Victor<br />

Hugo, le monument est définitivement repris<br />

au culte. On y ensevelit le poète, puis les<br />

cendres de Lazare Carnot, LaTour d'Auvergne,<br />

Marceau, Baudin, Sadi Carnot, le cœur de<br />

Gambetta, etc..<br />

Le Panthéon, avec la lanterne à colonnades<br />

de son dôme qui le surmonte, est un des plus<br />

hauts monuments de Paris. Il atteint, en effet,<br />

92 mètres de hauteur.<br />

* * *<br />

C<br />

DANTON<br />

DANTON<br />

'EST par l'insurrection dans la rue que<br />

Danton acquit d'abord la notoriété.<br />

Jusqu'en 1789, il avait vécu modeste-<br />

ment de sa charge d'avocat au Conseil du roi.<br />

Les 13 et 14 juillet 1789, il apparaît parmi<br />

les hommes qui, au Palais-Royal et dans la<br />

rue, excitent le peuple à prendre les armes<br />

pour s'emparer de la Bastille. Dans les mois<br />

qui suivent, tandis que des symptômes d'anarchie<br />

troublent le pays, on le trouve hésitant<br />

sur le parti à prendre. Mais il est déjà puissant<br />

dans les faubourgs, et il règne bientôt sur le<br />

Club des Cordeliers qu'il crée en 1790. Orateur<br />

fougueux, esprit audacieux, dès juillet<br />

1791, au Champ de Mars, il pousse la multitude<br />

à l'insurrection, ce qui aboutit à une<br />

inutile fusillade. Cependant, habile et ambitieux,<br />

il s'est glissé dans l'intimité des Girondins,<br />

qu'il sent devoir<br />

être bientôt les maîtres<br />

de l'heure et auxquels<br />

il apporte les forces<br />

populaires et l'appui<br />

de ia Commune de<br />

Paris, où il se trouve<br />

en qualité de substitut<br />

au procureur.<br />

Dans une petite maison<br />

isolée de Charenton,<br />

il organise avec<br />

eux le coup de force<br />

du 20 iuin, puis, plus<br />

tard, celui du 10 août<br />

qui réussit mieux et<br />

emporte la monarchie.<br />

Il devient, le soir même, ministre de ia justice,<br />

seul représentant de la Commune dans le cabinet<br />

formé par les Girondins. Il se précipite aussitôt<br />

à l'Hôtel de Ville, proférant ces paroles pleines<br />

de menaces pour ses collègues : " J'ai été<br />

porté au pouvoir par un boulet de canon ; je<br />

veux que la révolution entre avec moi au pouvoir<br />

". Son aspect débraillé, sa virulence, les<br />

vices qu'on lui prête, éveillent la défiance des<br />

Girondins. M me Roland s'écrie : " Quelle<br />

honte que le conseil soit souillé par ce Danton !<br />

— Que voulez-vous, lui répond Brissot, il<br />

faut prendre la force où elle se trouve.<br />

Danton, appuyé sur la Commune, détient<br />

dès lors, en réalité, le pouvoir. Il obtient de<br />

l'Assemblée le droit de visites domiciliaires,<br />

qui permettent de remplir les prisons d'une<br />

foule de suspects. Les massacres de <strong>septembre</strong><br />

ont lieu aussitôt après cette rafle. Accusé par<br />

Roland à la Convention d'avoir organisé les<br />

tueries, Danton ne s'en défend pas et déclare :<br />

J'ai regardé mon crime en face et je l'ai<br />

commis ".<br />

Cependant Danton, de sa parole enflammée,<br />

soutenait les courages contre l'ennemi exté<br />

rieur qui venait de prendre Verdun, et prononçait<br />

ces paroles restées célèbres : " Le canon<br />

que vous entendez n'est point le canon d'alarme<br />

c'est le pas de charge sur les ennemis de h<br />

patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l'audace,<br />

encore de l'audace, toujours de l'audace !<br />

Nommé plus tard membre du comité de salut<br />

public, il fit adopter toutes les mesures propres<br />

à assurer la victoire, telles que la levée de<br />

300.000 hommes en <strong>septembre</strong> 1793.<br />

A l'intérieur, Danton comprit, avant même<br />

la chute des Girondins, vers quel régime dévorateur<br />

Robespierre entraînait le pays. Luimême,<br />

qui avait contribué à le rendre terrible,<br />

estimait que la terreur ne devait être qu'un<br />

moyen provisoire de gouverner, tant que l'exis-<br />

tence du pays serait menacée. Robespierre,<br />

qui redoutait sa popularité, l'accusa à ce sujet<br />

de modérantisme et aussi d'avoir dissipé les<br />

deniers publics pour les besoins de sa vie déréglée.<br />

Il obtint sa mise en accusation. Danton<br />

fut., en germinal 1794, condamné à mort par<br />

ce tribunal révolutionnaire que, ministre de<br />

la justice, il avait organisé. Avant de mourir,<br />

il dit au bourreau : " Tu montreras ma tête<br />

au-peuple ; elle en vaut bien la peine.<br />

A1<br />

A A A<br />

HOLBEIN<br />

N tous pays, le monde qui gravite<br />

autour des hommes de loi et des<br />

E palais de justice a fourni une source<br />

inépuisable de sujets comiques, satiriques et<br />

même dramatiques aux écrivains. C'est à ce<br />

monde bien connu de lui, que Charles Dickens<br />

a particulièrement emprunté ses personnages<br />

de caricatures.<br />

Le grand romancier anglais naquit à Portsmouth<br />

en 1812, mais vint très jeune à Londres<br />

où il eut l'occasion de se mêler dès l'enfance<br />

à tous ces petits bourgeois qui circulent,<br />

empressés, inquiets et ridicules, dans les<br />

couloirs des tribunaux et viennent épancher<br />

à l'oreille des avocats et des avoués leurs<br />

haines mesquines, leurs soucis vulgaires et<br />

leurs histoires compliquées, si drôles pour<br />

l'observateur désintéressé. Et l'observateur<br />

était là, bientôt embusqué au centre même<br />

d'une officine à plaideurs. Charles Dickens,<br />

en effet, était devenu clerc d'avocat, afin<br />

d'achever ses études de droit. Un peu plus<br />

tard, il étai{ sténographe rédacteur des séances<br />

du parlement et pouvait ainsi étendre le<br />

champ de sa vision sur d'autres personnages<br />

plus considérables.<br />

Le romancier allait bientôt faire connaître<br />

sa gaîlé, son observation très juste des petits<br />

faits et gestes de ses contemporains, sa façon<br />

alerte et colorée de peindre les sentiments, les<br />

choses et les gens. Sous le pseudonyme de<br />

Boz, parurent en 1836-1837, pleines d'une<br />

bonne humeur excentrique, les Esquisses de<br />

Londres, dont l'inspiration fraîche et tout à fait<br />

nouvelle enchanta le public londonien. Les<br />

Pickwik-Papers, qui furent publiés un an après<br />

dans des cahiers hebdomadaires, eurent un<br />

succès beaucoup plus considérable encore.<br />

Dickens, qui dès lors<br />

se met à produire<br />

avec abondance, atteint<br />

des tirages fabuleux<br />

; la critique faitelle<br />

observer à peine<br />

que, doué d'une infinité<br />

de qualités :<br />

gaîté, sensibilité,<br />

pittoresque, imagination,<br />

observation,<br />

l'auteur pèche peutêtre<br />

dans chacun de<br />

ses livres par l'abus<br />

des'détails et des per-<br />

LORS qu en ce temps-là les grands<br />

artistes italiens travaillaient à leurs<br />

chefs-d'œuvre dans la joie et le faste<br />

que leur accordaient les princes généreux de la<br />

Renaissance, la vie était dure aux meilleurs<br />

peintres d'Allemagne. Holbein dit le Jeune, le<br />

plus illustre d'entre eux, était né à Augsbourg<br />

enl 497, d'un peintre de talent lui aussi, mais qui<br />

avait été obligé de traîner une vie nomade et<br />

misérable dans un pays où les mécènes étaient<br />

rares. Après avoir étudié les principes de son<br />

art, dès son plus jeune âge, sous la direction<br />

paternelle, Holbein s'échappa rapidement de<br />

sa patrie. En 1515, il est installé à Bâle, où<br />

bientôt s'affirment sa manière d'un réalisme<br />

saisissant, la puissance de son pinceau qui<br />

dramatise ses modèles et les assombrit. Les<br />

origines du peintre se lisent sur ses toiles.<br />

Holbein fait connaissance d'Erasme, qui<br />

l'engage à voyager et le recommande à Londres<br />

à Thomas Morus. Il parcourt alors la France et<br />

l'Angleterre. Dans ce dernier pays il gagne la<br />

faveur de la cour et d'Henri VIII lui-même, qui<br />

lui propose de rester à son service. Cependant,<br />

en 1528, Holbein revient à Bâle. Dans cette<br />

ville, il produit une quantité d'oeuvres remarquables,<br />

dont le Bourgmestre Meyer et sa<br />

femme, le Christ mort, Erasme écrivant, tableau<br />

qui est au Louvre, l'Adoration des Mages et<br />

cette étrange et saisissante Danse des morts,<br />

qui caractérise un des aspects les plus particuîers<br />

de son génie.<br />

Holbein quitte définitivement Bâle pour<br />

Londres, où il consacrera les douze dernières<br />

années de son existence à produire uniquement<br />

des portraits. Au reste,<br />

il est l'objet d'une<br />

sonnages.<br />

CH. DICKENS<br />

Olivier Twist, Carillon<br />

de Nozl, Chimes David Copperfield, etc..<br />

s'enlèvent chez les libraires par centaines de<br />

mille exemplaires. Dickens voyage, il donne des<br />

notes sur l'Amérique, des descriptions de<br />

l'Italie. Il fonde avec des amis le grand journal<br />

libéral Daily News, dont le succès est tel qu'il se<br />

retire bientôt de l'affaire en réalisant un bénéfice<br />

considérable. Il crée alors une nouvelle<br />

feuille, hebdomadaire celle-ci, les Houschod<br />

Words, destinée aussi bien à instruire qu'à<br />

amuser et dont il est le principal rédacteur.<br />

Peu après, il écrit une histoire d'Angleterre<br />

racontée aux petits enfants.<br />

Charles Dickens a acquis alors une gloire<br />

incontestée en Angleterre aussi bien chez les<br />

lettrés que chez le peuple, dont il exprime les<br />

sentiments et met en scène jusqu'aux personnages<br />

les plus infimes. Ses œuvres sont traduites<br />

dans toutes les langues. Sa fortune est<br />

considérable. I! meurt en 1870.<br />

La marque bien caractéristique du génie<br />

de Dickens, c'est que nous le comprenons<br />

admirablement. I! nous fait connaître l'Angleterre<br />

et nous y promène avec une bonne humeur,<br />

une sensibilité propres à l'humanité tout<br />

entière.<br />

rare faveur de la part<br />

des plus grands per-<br />

A A A<br />

sonnages du Royaume<br />

Uni. Il exécute plusieurs<br />

portraits du roi<br />

Henri VIII, ceux du<br />

prince Edouard, de la<br />

plupart des princesses<br />

du sang, ceux également<br />

de son ami Thomas<br />

Morus et des parents<br />

de ce dernier et<br />

e sien propre.<br />

En 1543, Holbein<br />

HOLBEIN<br />

est victime d'une<br />

grande peste qui ravage Londres. Les œuvres<br />

d'Holbein le Jeune sont réunies pour la plus<br />

grande part au musée de Bâle et dans les<br />

musées ou palais britanniques. Le Louvre<br />

possède, outre Erasme écrivant, les portraits<br />

d Anne de Clèves et de Nicolas Kratzer.<br />

L'ENLEVEMENT DES SABINES<br />

ES Sabins formaient un peuple qui prétendait<br />

descendre d'une colonie de Spar-<br />

L tiates et qui vivait dans le voisinage de la<br />

ville que venait de fonder Romulus. Dans cette<br />

cité, Rome, à laquelle les dieux avaient prédit<br />

une illustre destinée, Romulus était bien<br />

parvenu à grouper un nombre important<br />

d'hommes, en offrant asile à tous les voleurs,<br />

assassins et bandits des bords de la Méditerranée,<br />

mais aucune femme, suivant la<br />

légende, n'avait accepté d'habiter pareil repaire<br />

et les peuples dont on avait demandé les filles<br />

en mariage, avaient répondu par des railleries.<br />

Les Romains se décidèrent alors d'employer<br />

la ruse. Ils annoncèrent des fêtes et des jeux.<br />

Les Sabins, leurs voisins, accoururent en .<br />

foule, accompagnés de leur famille. Mal leur<br />

en prit, car. à un signal donné, les compa-<br />

* A *<br />

gnons de Romulus se saisirent, les armes à<br />

la main, des femmes et des filles de leurs<br />

DICKENS<br />

invités.<br />

Naturellement, une guerre s'ensuivit, guerre<br />

que le peuple outragé manqua gagner, puisqu'il<br />

s'emfiara de la citadelle de Rome. Mais les<br />

Sabines, devenues fidèles épouses et à 1 appel<br />

de Jupiter Stator qu'avait invoqué Romulus,<br />

se précipitèrent en pleine mêlée entre leurs<br />

parents et leurs époux. Elles arrêtèrent la lutte<br />

et il s'ensuivit une alliance si étroite entre les<br />

Romains et les Sabins que Romulus partagea<br />

le pouvoir avec le roi sabin, Tatius.<br />

De nombreux tableaux rappellent les péripéties<br />

de ces événements; le plus célèbre est<br />

celui de David, au Louvre, qui représente les<br />

armées ennemies séparées par les Sabines,<br />

portant leurs enfants à bout de bras.<br />

LES SABINES


M<br />

EXCELSIOR-DIMANCHE iiimiiiiiiiHinm 11111111111111111111111111111111111111111111111111 miiiiiiiiiii 12 IIIIIIIIIIIIIIIHII • iiiiiiiiiinraiiiiiii MIIII i iiimii LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> Mitiniii<br />

LA SEMAINE COMIQUE<br />

FIVE O'CLOCK<br />

ADAME, avez-vous jamais songé au<br />

nombre incalculable de créatures<br />

vivantes que vous tuez de gaîté de<br />

cœur, quand vous faites bouillir un litre<br />

d'eau ?<br />

Ainsi parla, d'une voix creuse et comminatoire,<br />

le révérend Jackson Poole. Et la baronne<br />

Géomia, la charmante amphytrionne qui, à<br />

cet instant, surveillait le samovar fumant et<br />

se disposait à servir elle-même le thé, sans<br />

cérémonie, aux amis intimes réunis dans son<br />

salon, la baronne Géomia se retourna, interloquée...<br />

Il y eut un froid.<br />

Le révérend Jackson Poole reprit, en levant<br />

un doigt sentencieux :<br />

— Plus une ville contient d'habitants, plus<br />

elle est malsaine et corrompue ; plus une eau<br />

contient de bactéries, plus elle est dangereuse...<br />

Mais ce n'est pas une raison pour la vouer<br />

sans pitié au carnage et à l'extermination. Permettez<br />

donc, Madame, qu'en ma qualité de<br />

membre de la Société protectrice des animaux,<br />

je proteste ici pour le principe, car les infiniment<br />

petits, bien que nous ne puissions pas<br />

'es distinguer à l'œil nu, n'en sont pas moins<br />

des animaux tout comme vous et moi... Si<br />

encore vous vous contentiez de faire bouillir<br />

le l'eau minérale prise à la source, le crime<br />

erait véniel, car cette eau ne contient en<br />

noyenne que trois microbes seulement par<br />

entimètre cube ; et quand on n'a.à se reprocher<br />

que la mort de trois microbes, ce n'est<br />

jas une affaire I... Mais, attention : puisée<br />

fans la vasque, la même eau compte déjà<br />

i5 microbes; au bord de la vasque, 100 mirobes,<br />

et dans les bouteilles, de 500 à 1.000...<br />

Quant à l'eau ordinaire, dite " potable ", elle<br />

■n détient environ 300.000 dans un seul<br />

entimètre cube !... Je vous laisse à penser<br />

i les pauvres microbes doivent être pilés,<br />

à-dedans.<br />

- Oh ! pas plus que nous dans les wagons<br />

du Métro ! observa négligemment un invité...<br />

— Eh bien ! continua M. Jackson Poole,<br />

sans daigner relever ce propos ironique, eh<br />

bien, madame la baronne, tout est relatif icibas,<br />

tout se proportionne à la taille des individus<br />

: à nos yeux, une goutte d'eau n'est rien ;<br />

mais qui sait si, dans cette goutte d'eau, il<br />

n'y a pas un monde plus civilisé que le nôtre,<br />

qui vit, qui s'agite et qui meurt ?... Qui sait<br />

s'il n'y a pas là des philosophes, des poètes,<br />

des orateurs et des hommes politiques, de<br />

grands génies et de grands criminels, des arts,<br />

des littératures et des industries merveilleuses,<br />

(Dess n inéd:t de VERTUS).<br />

LA JUSTE RÉCOMPENSE<br />

AI<br />

Bijou! Bijou! Monsieur ! aidez-moi à rattraper mon chien.<br />

des passions violentes et des guerres meurtrières,<br />

des tramways électriques et des magasins<br />

de nouveautés ? Et pour peu que vous<br />

ayez envie d'une tasse de thé — horreur ! —<br />

c'est tout un monde qui finit !... Vous donnez<br />

la mort à un milliard d'êtres vivants, et, le<br />

sourire aux lèvres, vous buvez des cadavres.<br />

Ah ! Pouah !...<br />

— Ah ! Pouah I... répétèrent toutes les<br />

dames écœurées...<br />

Et M. Jackson Poole se rassit avec componction.<br />

— Alors, lui dit la baronne Géomia, vous<br />

ne prenez jamais de thé ?<br />

— Jamais... A moins que ce ne soit avec<br />

beaucoup de sucre.<br />

— Pourquoi, plutôt avec du sucre ?<br />

— Parce que, si je me résigne à immoler<br />

un monde, je tiens, du moins autant qu'il<br />

m'est possible, à adoucir ses derniers moments.<br />

Et, ayant empilé dans sa tasse fumante<br />

cinq ou six morceaux de sucre, M. Jackson<br />

Poole avala le breuvage en faisant claquer sa<br />

langue.<br />

ROBERT FRANCHEVLLE.<br />

— Enfin! le voilà! — Dans quel étal avez-vous mis<br />

mon pauvre loulou ! imbécile !...<br />

Un peu de fantaisie<br />

I E maître de la chasse, à l'un de ses hommes :<br />

— Tenez, avec la location de Ja chasse, les<br />

appointements des gardes et tous les frais, chaque<br />

perdrix que ) abats me revient au moins à soixante francs.<br />

— Ben vrai !... Eh bien ! je le disais ce matin au<br />

vieux Pierre : " C'est pas possible, le maître doit le<br />

faire exprès de rater les perdreaux I "<br />

|T)ANS le rapide de Calais, deux voyageurs devisent :<br />

— Elle est jolie votre langue française ! dit un<br />

pasteur à son interlocuteur, un monsieur de Paris. Vous<br />

n'avez qu'un verbe pour exprimer votre passion pour<br />

les humains et les objets. Vous dites : " J'aime Léonie<br />

et j'aime la crème au chocolat ", alors que nous avons<br />

lilie et love.<br />

— Vraiment, cher monsieur, répond l'autre, quand<br />

on connaît sa langue, cette subtilité ne nous embarrasse<br />

guère. Ainsi moi je dis : " J'aime Léonie, mais je préfère<br />

la crème au chocolat !<br />

LJENRIETTE a la plus petite pomme. Et l'on demande<br />

à son petit frère :<br />

— Est-ce que tu lui en as laissé le choix, comme je<br />

te l'avais recommandé ?<br />

— Mais voui, petite mère. Je lui ai même dit qu'elle<br />

pouvait choisir !a petite pomme ou rien du tout. Elle<br />

a choisi la petite pomme.<br />

LE BANDIT MASQUE<br />

AUT les mains ! cria le bandit masqué<br />

H en pénétrant dans ce compartiment<br />

de première classe où sommeillait un<br />

voyageur solitaire.<br />

Le voyageur se frotta les yeux, eut une<br />

seconde d'émotion, puis sourit en constatant<br />

qu il avait affaire à un bandit masqué.<br />

— Vous pouvez vous vanter, fit-il avec un<br />

bon sourire, de m'avoir fait une belle peur î<br />

Mais le malandrin, agitant son browning<br />

sous le nez du pâle voyageur :<br />

— Vous ne voyez donc pas que je suis un<br />

bandit masqué et que je veux votre argent et<br />

vos bijoux !<br />

— j'ai parfaitement compris, et c'est pour<br />

ça que je suis si tranquille, vu que je n'ai sur<br />

moi pas seulement la plus fausse épingle de<br />

cravate en imitation de chrysocale, et que mon<br />

porte-monnaie est plus vide d'argent que votre<br />

âme de bonnes intentions. Mais je ne vous<br />

avais pas reconnu sur le moment et c'est pourquoi<br />

vous m'avez flanqué une telle frousse !<br />

Figurez-vous que je vous ai pris pour le contrôleur.<br />

Et le pâle voyageur expliqua :<br />

— Je vais vous dire : je suis obligé d'aile!<br />

dans le Midi et incapable de payer le prix<br />

de ma place, je voyage sans billet.<br />

A cette révélation, le malandrin masqué<br />

esquissa une grimace de commisération et,<br />

apitoyé, il murmura :<br />

— Pauvre bougre !<br />

Puis; ayant songé, il tira de sa poche un gros<br />

sac de toile, compta quelques billets, et les<br />

remettant au pâle voyageur :<br />

— Tenez, fit-il, voilà pour payer votre place<br />

si le contrôleur venait vous surprendre. Je<br />

regrette de ne pouvoir faire davantage, mais,<br />

véritablement, les affaires ne marchent pas en<br />

ce moment !<br />

Et, avec un geste qui repoussait toute gratitude,<br />

il passa dans le compartiment voisin<br />

pour continuer sa petite industrie.<br />

RODOLPHE BRINGER.<br />

TOUT EST RELATIF OU LES PLAISIRS DE LA PLEINE EAU<br />

— Est-ce qu'on a pied ? — Vous m'aviez dit qu'on avait pied !<br />

— Mais certainement l — Mais certainement I (Dess n inédit de PEDRO).


"""' L ^ <strong>23</strong> SEPTEMBRE 1S<strong>23</strong> « »"» iiiiiiiiniiiiiiiiiiimiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiimi i minuit j$ iiiiiiiiiiiimiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiimiiiiiiiii iiimiiiiiiiiuimi m EXCELSlOR-DIMANCHE<br />

—Pourquoine brossez-vouspas Voscheveux ?<br />

— M'sieur, je n'ai pas de brosse. — Prenez<br />

celle de votrepère... — Y n'en a pas m'sieur; il<br />

est chauve /... (Dessin inédit de GASTON MIS.)<br />

— Comme gibier, dans le pays il n'y a rien; seulement tous les <strong>dimanche</strong>s, je lâche dans la<br />

cour un lapin, pour faire tirer mes pensionnaires chasseurs !... (Dessin inédit de M. SAUVAYRE.)<br />

Vous êtes un artiste, m'a t-on dit, monsieur ?<br />

Oui, madame /..»<br />

UNE PREUVE<br />

— // ne faut pas nous raconter d'histoires... Vous ne pourrez pas nier que vous êtes antifasciste,<br />

avec une chemise blanche...<br />

(Dess ! n inédit de MARCOLON.)<br />

— Mais non, mais non, il vous va à ravir,<br />

l'on porte les vestons beaucoup plus longs cette<br />

année l<br />

(Dessin inédit de GEORGES DISAINSJ<br />

— Je vous assure, mademoiselle, que si je suis resté célibataire, c'est par goût ! ! I<br />

— Oui... mais le goût de qui...? (Dessin inédit de S.-M. BERTIK.)<br />

— Regardez...je peux écrire mon nom dans<br />

la poussière !...<br />

—■ Quelle belle chose, madame, que l'instruction<br />

! I (Dessin inédit de A SAINT-OGAN.)<br />

IL Y A ARTISTE... ET ARTISTE...<br />

— Ecrivain ? poète, peut-être ?... — Sculpteur ?<br />

— Non. madamel — Non plus.,;<br />

— Vous peignez ?<br />

— Oui, madame,,,<br />

PRÉTENTION<br />

Comment monsieur désire-t-ilêtre coiffé?<br />

Comme vous, mon ami... en auréole...<br />

(Dessin inédit de R. LENOIR.)<br />

(Dessin inéd ; t d'ARSÈNE BRIVOT.)<br />

Le paysage ?<br />

■ Non, les cheveux l Artiste capillaire, je suis coiffeur l


■un un in EXCELSIOR-DIMANCHE IHIIIIIIIIIIIIIII m nu iiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinHiiiiiiiiiiiiiiiiiiin 14 ■■■■•■■■•■■■■■■■'■■■■■■•■■■■■■■"■■■•■■■iiiiiiiiiiiimniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> ■••■■■■■■m<br />

LA FIN DU MONDE<br />

DANS quelques centaines d'années, la terre<br />

se trouvera enserrée dans une nouvelle<br />

période glaciaire, ce qui amènera la fin de la<br />

race humaine. Cette aimable prédiction est<br />

faite par un savant français, lequel ajoute que<br />

ces circonstances désastreuses résulteront d'une<br />

pénurie de gaz carbonique, corps précieux<br />

que la terre use plus vite qu'elle ne le fabrique.<br />

Mais peut-être n'irons-nous même pas<br />

jusqu'à ces temps de gel excessif, puisqu'un<br />

autre prophète a calculé qu'en l'an 2117 environ,<br />

dans cent quatre vingt-quatorze ans à<br />

peine, la terre porterait le maximum de ce<br />

qu'elle peut nourrir comme population, et<br />

connaîtrait une entre-tuerie générale pour les<br />

vivres.<br />

Il y a trois ans, un professeur anglais, dans<br />

une conférence à la British Association, prédisait<br />

déjà la fin du monde par manque de<br />

gaz carbonique, mais lui, du moins, donnait<br />

aux malheureux humains le temps de prendre<br />

des mesures, puisqu'il n'entrevoyait ce désastre<br />

que dans deux cent mille ans d'ici.<br />

Nous n'en avons pas encore fini avec les<br />

augures pessimistes : voici M. Martel qui voit<br />

diminuer l'eau du globe et périr de soif l'humanité<br />

dans quelques générations. Voici encore<br />

Sir Archibald Geikie, constatant l'affaissement<br />

des terres habitées et prévoyant, " dans<br />

une période relativement courte ", un second<br />

et universel déluge.<br />

Les savants modernes ne s'accordent que<br />

sur un point : la fin de toutes choses. Mais<br />

l'Evangile nous l'avait prédite !<br />

Daily Chronicle.<br />

UN ENFANT PRODIGE<br />

j TNE photographie a, en ce moment, aux<br />

Etats-Unis une vogue extraordinaire,<br />

ile représente sur des coussins Jackie Coogan<br />

Betty Gulick. Vous connaissez Jackie<br />

ioogan, mais vous ignorez Betty Gulick.<br />

est la fillette prodige dont on parle en<br />

mérique. Elle a dix ans et elle va à l'école<br />

oblique à Brooklyn, mais, à ses moments<br />

>erdus, Betty écrit des histoires et elle compose<br />

des poèmes. Ses histoires paraissent simultanément<br />

dans de nombreux journaux ; son<br />

dernier poème : la Berceuse de maman a été<br />

mis en musique et lui a rapporté 5.000 dollars<br />

(environ 85.000 francs). Dès l'âge de quatre<br />

ans, Betty conférenciait pour les enfants<br />

pauvres. Quand on lui demande ses projets<br />

et ses rêves,la fillette prodige n'hésite pas pour<br />

répondre : " Ecrire un autre poème et gagner<br />

assez d'argent pour faire un voyage en Europe. "<br />

Le poète a bien eu raison d'écrire : " L'avenir<br />

de demain ne sera plus qu'aux jeunes ! "<br />

Fantasio.<br />

LES DÉBOUCHÉS DE L'ALLEMAGNE<br />

NOUS ne lisons pas assez les gazettes<br />

allemandes et c'est grand dommage.<br />

Si nous connaissions mieux les journaux<br />

de Berlin, de Leipzig, de Francfort ou de<br />

Cologne, nous saurions, par exemple, que les<br />

Allemands retournent leurs espoirs, déçus du<br />

côté de l'Angleterre et de l'Amérique, vers la<br />

Russie soviétique. On en peut juger par ces<br />

extraits tout récents d'un journal de Francfort :<br />

" La politique douanière de notre gouvernement<br />

doit tendre à faire les plus grandes<br />

concessions aux pays qui peuvent nous fournir<br />

des matières premières, si ces pays veulent<br />

accepter en échange nos produits industriels.<br />

" Nous pouvons renoncer aux oranges, au<br />

vin du midi, etc., par suite de cela également<br />

au placement dans ce pays, mais non pas<br />

aux céréales, aux fourrages, bois, minerais,<br />

huiles. Le traité de Rapollo permet au mar-<br />

BRIC - A - R A C<br />

OUVELL PÂiTOUT<br />

^tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiti^<br />

YOKOHAMA<br />

LE cataclysme sans précédent qui vient de<br />

ravager le Japon n'a laissé que cendres<br />

et ruines du grand port de Yokohama.<br />

Etrange destinée que celle de Yokohama.<br />

Jusqu'en 1859, ce port n'était qu'un refuge<br />

de pêcheurs. A cette époque, il fut ouvert<br />

aux étrangers, s'agrandit et prospéra d'une<br />

façon soudaine et extraordinaire. En 1872,<br />

le premier railway japonais le reliait à Tokio,<br />

et sa population qui, en 1898, était de 133.762<br />

âmes, en comptait 324.776 en 1903 et 450.000<br />

l'an dernier.<br />

La sagesse nipponne voulait que les maisons<br />

fussent en bambous, légères et démontables.<br />

Les Anciens craignaient par-dessus<br />

toutes choses les tremblements de terre. Ils<br />

avaient raison. On enregistre, en moyenne,<br />

au Japon, une secousse sismique par jour.<br />

La Renaissance politique, littéraire et artistique.<br />

| Extrait du PITMAN'S JOURNAL, de Londres \<br />

Organe de Sténo-Dactylographie el de Commerce |<br />

L'Étude du Français. — Une excellente manière d'apprendre le |<br />

1 français, c'est de lire un journal hebdomadaire français. Le choix d'un |<br />

| journal de cette sorte se trouve grandement simplifié depuis qu'un |<br />

| important quotidien de Paris, Excelsior, publie chaque semaine un I<br />

| supplément illustré sous le nom d'Excelsior-Dimanche : ce dernier offre 1<br />

| d'excellents matériaux pour quiconque apprend le français. Il contient |<br />

| chaque semaine de nombreuses illustrations, lesquelles permettent |<br />

| aisément de comprendre le texte clair et précis qui les accompagne. |<br />

| Dans les seize pages de ce journal, il est de nombreux articles, de Ion- |<br />

| gueurs diverses, pour tous les goûts. Une page intitulée : La semaine |<br />

| qui vient de s'écouler est un résumé des principaux événements de |<br />

I la semaine précédente. Le texte de cette page est particulièrement |<br />

| aisé à comprendre. Dans le numéro du 10 juin, par exemple, un court |<br />

| article y était consacré au Derby; un autre parlait de Mr. Phillips à la §<br />

| Chambre des Communes. Une autre page, très intéressante, a pour |<br />

| titre : Profitons de nos loisirs du Dimanche pour nous instruire un peu. |<br />

| D'amusantes pages comiques tentent particulièrement ceux qui sont |<br />

i assez avancés dans l'étude du français. Là aussi des articles variés. I<br />

| Le débutant trouvera dans ce journal un encouragement précieux. |<br />

I II n'est pas inutile de lire les annonces. Les rédacteurs d'annonces |<br />

| eux-mêmes y trouveront la manière de rédiger les leurs dans le langage le |<br />

| plus clair et le plus simple possible. (N° du 15Septembre 19<strong>23</strong>, page 1190.)<br />

^^IlIllIllIllllIlIIIIIlIIIIIIIIIIIIIlIllIIIIIIItlItlIIIlIlttlIlIfllItlIlIllIIIIIIIIlIllIItlIlllIflllllllllllllllllllllllllllllIllllllIllIIIIIIIllllllllIllllllllilllllllIEUI^^<br />

chand allemand de manifester son activité<br />

en Russie, seulement il faut instamment<br />

le mettre en garde contre le fait de se laisser<br />

prendre à l'illusion de pouvoir atteindre des<br />

résultats rapides et instantanés. Les firmes<br />

qui ne veulent pas traiter le Russe comme<br />

partenaire équivalent et croient pouvoir livrer<br />

en Russie de mauvaises marchandises, éprouveront<br />

de cruelles désillusions.<br />

" Si la deutsch-russische A.G. s'est heurtée<br />

à des difficultés auprès des postes administratifs<br />

subalternes, le gouvernement russe<br />

n'a jamais hésité à remplir par une intervention<br />

immédiate les engagements qu'il a pris<br />

par traité ".<br />

Correspondance Rhénane.<br />

UN AVEU A RETENIR<br />

EPT villes revendiquaient l'honneur d'avoir<br />

S donné le jour à Homère. S'il se fût agi<br />

d'un criminel, même illustre, la compétition<br />

eût été moindre, cela va de soi. Prononcez le<br />

nom d'une victoire : les amis de dix généraux<br />

se font forts de détenir la vérité définitive,<br />

laquelle se trouve tout naturellement avantager<br />

leur client. Mais vienne le moment d'attribuer<br />

une défaite, une catastrophe indiscutable, les<br />

amis font silence. A plus forte raison les responsables.<br />

Eh bien ! cette règle souffre des exceptions.<br />

Nous en connaissons du moins une, grâce à<br />

M. Emile Bourgeois, qui vient de faire à<br />

l'Académie des Sciences morales et politiques,<br />

une communication sur les mémoires du feldmaréchal<br />

Conrad von Hœtzendorff, ancien<br />

chef d'état-major de l'armée austro-hongroise.<br />

Cet-officier revendique toute la responsabilité<br />

de la politique autrichienne qui déchaîna le<br />

conflit de 1914. C'est lui, et il le prouve, qui<br />

engagea François-Joseph et ses ministres, dès<br />

1901 „ à une guerre sans merci contre la Serbie.<br />

Inconscience ou cynisme ? Quoi qu'il en<br />

soit, voilà une précieuse contribution à l'histoire<br />

des années terribles. Elle a en tout cas ce mérite<br />

de n'avoir pas été arrachée à son auteur...<br />

• • • - Le Petit Bleû.<br />

UN MORT POUR QUATORZE HABITANTS... EN<br />

CORSE<br />

QUAND on suit, voyageant en Corse, la route<br />

forestière qui part de Calacuccia, la principale<br />

commune du Niolo, on voit se détacher,<br />

au pont situé près de 1 ancien couvent des<br />

Franciscains, un chemin muletier qui s'élève<br />

en serpentant à travers de maigres champs<br />

cultivés. On atteint bientôt le village de Lozzi,<br />

fièrement campé sur une croupe rocheuse à<br />

1.042 mètres d altitude. Là, est la première<br />

étape dans l'ascension du Monte Cinto qui est,<br />

avec ses 2.710 mètres, le point culminant de la<br />

Corse ; là, est un des groupements humains<br />

(1.200 habitants) les plus élevés qui soient.<br />

Mais Lozzi possède désormais un autre renom :<br />

elle est la commune de France qui garde le<br />

douloureux honneur de compter la plus forte<br />

proportion de victimes de la guerre : un mort<br />

pour quatorze habitants.<br />

L'Evénement.<br />

L'ORTOLAN S'EN VA<br />

OUVELLE fâcheuse pour les gourmets :<br />

N l'ortolan, le succulent ortolan, est sur le<br />

point de disparaître.<br />

Jadis ils abondaient dans les Pyrénées-<br />

Orientales, et cela à un point tel qu'ils faisaient<br />

partie de l'ordinaire... ordinaire.<br />

Malheureusement le filet a joué son rôle<br />

néfaste, raflant ortolans adultes et couvées<br />

naissantes ; les arrêtés de protection sont<br />

intervenus trop tard et trop inefficacement.<br />

Aussi l'ortolan est-il devenu une pièce<br />

rare et qui ne demeurera bientôt plus qu'un<br />

agréable souvenir si des mesures radicales ne<br />

sont pas prises.<br />

Car la disparition totale de cette espèce<br />

serait regrettable à tous égards.<br />

Avenir.<br />

LE CURÉ MALIN<br />

ONSIEUR DE LASTEYRIE ne peut arriver à<br />

M boucler son budget.<br />

Il y en a qui, si l'on ose dire, savent se<br />

débrouiller.<br />

Témoin cette petite histoire qui fait les<br />

délices de l'arrondissement de Lannion.<br />

Le curé du petit village de P... se plaignait<br />

depuis quelque temps de la mauvaise volonté<br />

de ses ouailles à garnir le tronc de Saint-<br />

Antoine et pareillement ceux des messes du<br />

culte et des autres.<br />

Après avoir mûrement réfléchi, il eut une<br />

idée ingénieuse : il décida de faire voter ses<br />

paroissiens pour savoir ce qu'ils pensaient de<br />

l'heure d'été.<br />

— Ceux qui sont partisans de l'heure d'été<br />

mettront une pièce de vingt sous dans le tronc,<br />

ceux qui préfèrent 1 heure d'hiver, laisseront<br />

une pièce de quarante sous. Ainsi nous saurons<br />

exactement ce que veut notre village... l'heure<br />

normale ou l'heure d'été..:<br />

Et les ouailles se sont, paraît-il, exécutées<br />

gentiment. .<br />

Or, comme toute la campagne est pour<br />

l'heure ancienne, on imagine si le curé de P...<br />

a ramassé de la galette.<br />

C'est un rien, en effet, mais il fallait y songer.<br />

Le curé de P... ferait un excellent ministre<br />

des Finances.<br />

Pour boucler le budget, si l'on faisait ainsi<br />

les prochaines élections ?...<br />

Le Carnet de la Semaine.<br />

calomniatrice contre la France. Le Comité<br />

" Pour la France par l'Espéranto ", fondé<br />

à la fin de 1914 à Paris et placé sous le patronage<br />

des plus grands noms de la science,<br />

des lettres et de la politique, s'était chargé<br />

à cette époque de répondre à cette campagne<br />

dans les pays alliés et neutres, en répandant<br />

des tracts en espéranto, pour toucher les<br />

mêmes milieux.<br />

Depuis l'armistice, les Allemands qui font<br />

un grand effort de propagande, ont repris<br />

leurs publications en espéranto : " Bulteno<br />

Germanlanda " qui porte en cinq langues<br />

la déclaration suivante : " Pour éviter l'édition<br />

dans plusieurs langues, ce Bulletin ne paraît<br />

qu'en espéranto, langue auxiliaire universelle<br />

neutre. Des interprètes de cette langue se<br />

trouvent dans toutes les places de quelque<br />

importance de tous les pays civilisés ". Ce<br />

Bulletin est rempli de calomnies contre la<br />

France dont on dénature le rôle dans l'histoire.<br />

Il est temps que la propagande française<br />

réponde de nouveau à ces attaques par l'espéranto,<br />

car on ne combat mieux l'adversaire<br />

que par ses propres armes.<br />

Le Chasseur Français.<br />

LA TANCHE, LE THON ET LES ANCHOIS<br />

E n'est pas une fable, c'est le résumé de la<br />

C croisière océanographique de la Tanche,<br />

sous la conduite du commandant Rallier du<br />

Baty au large de Belle-Isle, à la baie de Biscaye,<br />

tout au bord du plateau continental qui, on<br />

le sait, tombe brusquement dans l'Atlantique<br />

avec des chutes dépassant 1.000 mètres. Les<br />

observations faites ont été des plus intéressantes<br />

quant à la nature des fonds repérés,<br />

surtout en des points où les chalutiers fréquentent<br />

peu, et quant aux migrations du<br />

thon. Celui-ci, peu abondant au large de la<br />

Coubre, des îles saintongeoises et de l'île d'Yeu,<br />

a été trouvé en grandes quantités vers Saint-<br />

Jean-de-Luz, où il y a abondance d'anchois.<br />

Les estomacs des thons capturés étaient gavés<br />

de ce poisson.<br />

Eclair.<br />

TÉLÉPHONE AUTOMATIQUE<br />

A<br />

Turin, on installe déjà partout le téléphone<br />

automatique.<br />

C'est-à-dire que ce n'est plus besoin de<br />

" demander " ou d "' attendre ■ la demoiselle,<br />

puis l'appel au bureau, tout ce qui fait du<br />

téléphone une école de patience.<br />

Paris se laisse dépasser.<br />

La Vallée d'Aoste.<br />

FUMÉE<br />

TOUT s'en va en fumée ?<br />

Durant le premier semestre de l'année<br />

en cours, les recettes provenant de la vente du<br />

tabac ont atteint en France 845 millions<br />

475.000 francs, ce qui constitue une augmentation<br />

de 75 millions 727.000 francs sur le<br />

premier semestre de 1922.<br />

Dans le département de la Seine seul et<br />

durant le mois dernier, on a fumé pour 20 millions<br />

141.282 francs de tabac, soit 2 millions et<br />

demi de plus qu'en juin 1922.<br />

Le Rappel.<br />

UN DISCOURS DE VINGT HEURES<br />

EUT-ÊTRE ce record a-t-il, depuis, été battu<br />

P — à Budapest, par exemple — mais, en<br />

1908, on n'avait encore jamais vu parler aussi<br />

longtemps.<br />

Cette année-là, le sénateur La Follette, des<br />

États-Unis d'Amérique, avait résolu de ne pas<br />

laisser le Congrès voter une certaine loi. Mais<br />

il ne put faire partager son avis que par deux<br />

de ses collègues. Prenant pour lui le plus dur<br />

du combat, i! commença par parler sans répit<br />

durant vingt heures. Mr Gore. de l'Oklama,<br />

lui succéda immédiatement et, suivant le plan<br />

établi par les trois conjurés, poursuivit son<br />

discours pendant six heures, jusqu'au moment<br />

où le sénateur Stone, troisième au jeu, devait,<br />

à son tour, prendre la parole. Mais il se<br />

trouva que M. Gore était aveugle, et quand<br />

l'heure sonna où son rôle était rempli, il ne<br />

vit pas que M. Stone s'était absenté momentanément<br />

: il s'assit et fut sans doute étonné<br />

de constater que l'opposition n'était pas continuée<br />

comme convenu.<br />

La question fut immédiatement mise aux<br />

L'ESPÉRANTO AU^ SERVICE DE LA PROPA- voix et la loi passa.<br />

GANDE FRANÇAISE<br />

11 est curieux de penser que sans l'erreur<br />

d'un aveugle, qui arrêta sa péroraison un quart<br />

ES Allemands ont compris depuis la guerre d'heure trop tôt, une minorité de trois aurait<br />

L qu'une édition en espéranto est un empêché de passer une loi qu'approuvait<br />

passe-partout et ils se sont servis de cette tout le reste du Congrès.<br />

langue internationale pour leur propagand»<br />

Morning Post.


Miiiin LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> ■■'■■■■■■■■■■■■"■■>iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiii uiiiiiiiiiiiiiiiiini 15 ■••■■iiiiiiiiiitiiiiui mmu ■■■iiiiimuiiiiiiiu ■iiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiui EXCELSIOR-DIMANCHE ■■■■■■■KI<br />

LA LIGUE DES VIEUX<br />

(Suite du texte de la page 7.)<br />

blancs étaient dedans, et lorsque je me mis<br />

debout sur la berge et levai la main, ils changèrent<br />

de direction et avancèrent vers moi.<br />

Celui qui se trouvait à l'avant levait la tête,<br />

comme ça, se demandant pourquoi je l'appelais.<br />

Ma flèche chanta dans l'air, tout droit,<br />

jusqu'à sa gorge, et il apprit ce que je voulais de<br />

lui. Le deuxièmé homme, qui tenait les pagaies<br />

à l'arrière, amenait son rifle à mi-épaule<br />

lorsque le premier de mes javelots le transperça.<br />

" Voilà les premiers, dis-je, quand les vieux<br />

se réunirent autour de moi. Plus tard, nous<br />

rassemblerons ceux des jeunes qui sont encore<br />

forts, et la tâche deviendra facile.<br />

" Et nous lançâmes les cadavres des deux<br />

blancs au fond du fleuve. Puis, avec la pirogue<br />

qui était très bonne, nous fîmes un feu où<br />

nous jetâmes lès choses qu'elle contenait,<br />

mais non sans les avoir examinées. C'étaient<br />

des poches de cuir, que nous éventrâmes à<br />

coups de couteaux. A l'intérieur, il y avait<br />

beaucoup de papiers, comme celui que tu as<br />

lu, O Howkan, avec des signes qui nous<br />

émerveillèrent, mais qu'il nous était impossible<br />

de comprendre. Maintenant, je deviens<br />

sage, et je sais qu'ils représentent les discours<br />

des hommes, ainsi que tu me l'as expliqué.<br />

U<br />

A * A<br />

N bourdonnement de murmures s'éleva<br />

dans l'auditoire, lorsque Howkan eut<br />

fini d'interpréter l'affaire du canot, et<br />

une voix d'homme proclama :<br />

■— C'était le courrier perdu de 91, piloté par<br />

Peter James et signalé pour la dernière fois<br />

par Matthews à son départ de Le Barge,<br />

r Le clerc griffonnait toujours, sans arrêt. Un<br />

autre paragraphe fut ajouté à l'histoire du Nord.<br />

" Je n'ai pas tout à fait fini, ajouta lentement<br />

Imber. Les choses que nous avons<br />

faites sont là, sur le papier. Nous étions vieux,<br />

nous ne comprenions pas. Moi-même, Imber,<br />

je ne saisis pas encore. Nous tuions secrètement<br />

et sans trêve, car, avec les années, nous<br />

avions acquis la ruse et appris comment,<br />

pour aller vite en besogne, il ne faut pas se<br />

presser. Lorsque des hommes blancs vinrent<br />

parmi nous, le regard sombre, la bouche<br />

pleine de mots grossiers, nous enlever cinq<br />

des jeunes, enchaînés par eux dans des fers<br />

qui paralysaient leurs mouvements, c est<br />

alors que nous décidâmes de multiplier le<br />

nombre de nos victimes. Et, l'un après l'autre,<br />

les vieux, nous partîmes pour remonter ou<br />

descendre le courant du fleuve jusqu'aux<br />

terres inconnues. Il nous fallait du courage.<br />

Nous étions vieux et téméraires, et pourtant<br />

la. crainte des régions lointaines est terriblement<br />

forte chez les vieillards.<br />

" Nous continuâmes donc de tuer, sans hâte<br />

et avec astuce. Nous tuâmes sur le Chilcoot et<br />

dans le Delta, depuis les défilés jusqu'à la<br />

mer, partout où les blancs campaient et croisaient<br />

leurs pistes. Ils mouraient, c'est vrai,<br />

mais cela ne servait à rien. Sans cesse, ils surgissaient<br />

sur les montagnes, ils croissaient et<br />

multipliaient, tandis que nous autres, chargés<br />

d'ans, voyions notre nombre diminuer de<br />

jour en jour.<br />

" Et cela continua ainsi. Tantôt c'était le<br />

tour d'un vieux, tantôt celui d'un autre.<br />

Parfois, nous apprenions longtemps après<br />

comment ils étaient morts, mais souvent<br />

aussi nous n'en entendions jamais plus parler.<br />

Et les vieux des autres tribus étaient faibles<br />

et craintifs : ils refusaient de se joindre à nous.<br />

C'est tout comme je le dis : l'un après l'autre,<br />

jusqu'au moment où je restai seul.<br />

"Je suis Imber, delà tribu des Truites. Je<br />

suis très vieux, très fatigué, et puisqu'il est<br />

vain de lutter contre la Loi, comme tu dis,<br />

Howkan, je suis venu la chercher, cette Loi. "<br />

— O, Imber, tu es vraiment un fou !<br />

dit Howkan.<br />

Mais Imber rêvait. De même le juge au<br />

front carré, dont la race défilait devant ses<br />

yeux en une prodigieuse fantasmagorie — sa<br />

race chaussée d'acier et vêtue de cottes de<br />

mailles, qui crée le monde et fabrique les<br />

lois parmi les familles d'hommes.<br />

'1 la vit poindre, tache vacillante, à travers<br />

les forêts obscures et sur les mers agitées ;<br />

il la vit flamboyer, rouge et sanglante, au<br />

soleil de midi triomphant ; et, en bas de la<br />

pente ombreuse, il vit les grèves, rougies de<br />

sang, se fondre dans la nuit. Et, d'un bout à<br />

l'autre, subsistait la Loi, la Loi forte et sans<br />

merci, plus grande que les atomes humains<br />

qui pliaient devant elle ou étaient écrasés,<br />

plus grande que lui-même, qui sentait dans<br />

son cœur monter l'indulgence.<br />

Traduction de Louis PostiJ.<br />

JACK LONDON.<br />

SITUATI<br />

PROMENADES AUX ENVIRONS DE PARIS<br />

N<br />

Dans notre numéro précédent, nous indiquions à nos lecteurs quelques<br />

belles excursions à faire autour de Paris. Notre collaborateur,<br />

René Bierre, va nous conduire aujourd'hui dans les environs charmants<br />

et presque ignorés de Versailles, l'Isle-Adam et la forêt de Montmorency.<br />

VERSAILLES<br />

ULLE ville des environs n'est plus accessible.<br />

Le chemin de fer et le tramway la<br />

mettent aux portes de la capitale. Ses<br />

trois gares voient débarquer les voyageurs qui<br />

ont pris le train à la gare Saint-Lazare pour<br />

descendre cinquante-cinq minutes après à la<br />

gare rive droite, ou à la gare des Invalides, par<br />

le chemin de fer à traction électrique qui<br />

amène à la gare rive gauche en vingt-cinq minutes,<br />

ou à la gare de transit ries Chantiers<br />

(trains venant de Montparnasse).<br />

A la gare de Versailles (rive gauche), un service<br />

d'autocars permet, chaque jour, d'excursionner<br />

par le circuit A dans la vallée de la<br />

Bièvre : départ, 10 heures ; retour, 12 heures.<br />

Prix, 7 francs. Un circuit B conduit à la vallée<br />

de Chevreuse, Châteaufort, Chevreuse, Port-<br />

Royal : départ, 14 h. 30 ; retour vers 17 heures.<br />

Prix, 12 fr. 75 ; les circuits A et B réunis,<br />

17 fr. 25.<br />

Les jeudi, <strong>dimanche</strong> et jours fériés seulement,<br />

un circuit C dessert la vallée de Chevreuse et les<br />

Vaux de Cernay : départ, 10 heures ; retour,<br />

17 heures. Prix, 17 fr. 25. En ville, voitures,<br />

3 francs ; pour Trianon, 5 francs, 6 francs le<br />

<strong>dimanche</strong>. Des taxis : 3 francs le kilomètre.<br />

La visite du château<br />

ADAME DE SÉVIGNÉ, pénétrant pour la pre-<br />

M mière fois dans la galerie des Glaces,<br />

s'écria: "Cette sorte de royale beauté est unique<br />

dans le monde. " Le château de Versailles est<br />

ouvert tous les jours, sauf le lundi, du Ier avril<br />

au 30 <strong>septembre</strong>, de 10 heures à 17 h. 30 ; du<br />

1er octobre au 31 mars, de 10 heures à 1 ô heures.<br />

La visite du château demanderait plusieurs<br />

jours. Pour en voir les parties essentielles en un<br />

jour, il faut visiter, au rez-de-chaussée, la<br />

galerie Basse, la salle des Portraits ; au premier<br />

étage, la galerie des Batailles, les grands et<br />

petits appartements, les salons, la chapelle, les<br />

jardins et les Trianons, en limitant la visite des<br />

1 rianons aux deux palais et au musée des<br />

carrosses de gala. . -<br />

Les jardins de Versailles sont l'œuvre de<br />

Le Nôtre, qui les fit exécuter de 1661 à 1668.<br />

Les environs de Versailles<br />

N a pu dire des environs de Versailles qu'ils<br />

O étaient la Suisse de l'Ile-de-France. C'est<br />

faire de la Suisse un pays admirable. Aussi<br />

bien les noms qui sont rappelés sur le parcours<br />

de Paris à Versailles sont-ils assez connus pour<br />

qu'il suffise de les énoncer : c'est, en effet,<br />

après la traversée du Bois, et pour ceux qui vont<br />

à Versailles par la route, le pont de Suresnes,<br />

Montretout, le parc de Saint-Cloud, Villed'Avray,<br />

le bois de Fausses-Reposes (Marnes-la-<br />

Coquette et Vaucresson sont à 1 et 3 kilomètres<br />

et le bois de Meudon n'est guère plus loin).<br />

Le chemin de fer électrique de Versailles<br />

(rive gauche) à Meudon-Val-Fleury mène à<br />

l'observatoire et à la terrasse de Meudon.<br />

Le tramway Versailles-Louvre permet, en<br />

descendant au pont de Sèvres, de yisiter la<br />

manufacture nationale de Sèvres, de réputation<br />

mondiale. Visible le <strong>dimanche</strong>.<br />

A Sèvres et par le chemin de fer de Versailles<br />

(rive droite) à Saint-Lazare, en descendant à<br />

Sèvres-Ville-d'Avray, on accède à la villa des<br />

Jardies, illustrée par Balzac et par Gambetta.<br />

Le bureau de renseignements du Syndicat<br />

d'initiative de Versailles, ouvert toute l'année,<br />

est situé sur la place d'Armes (avenue de<br />

Paris).<br />

jft & ^fe<br />

L A<br />

L'ISLE-ADAM<br />

période des bains terminée, l'Isle-Adam<br />

n'est pas désertée. sertée. Elle . demeure un but<br />

touristique des plus intéressants. Elle<br />

est d'ailleurs station de tourisme classée et elle<br />

méritait de l'être. Avec ses îles, les admirables<br />

points de vue de Parmain, elle forme un<br />

LES RUINES DE L'ANCIENNE CHAPELLE DES TEMPLIERS, A MONTMORENCY<br />

Le parc de Saint-Cloud est desservi par le<br />

chemin de fer de Saint-Lazare à Versailles :<br />

station Sèvres-Ville-d'Avray, ou par le tramway<br />

Versailles-Louvre, station pont de Sèvres.<br />

C'est un magnifique domaine, dont les touristes<br />

ne connaissent qu'une petite partie : celle qui<br />

avoisine les allées parallèles à la Seine.<br />

Aux cyclistes, il peut être indiqué commebut<br />

de promenade : l'étang de Saint-Quentin par<br />

Circuit A<br />

CARTE DE LA RÉGION DE L'ISLE-ADAM<br />

(CIRCUITS A ET B)<br />

la route de Trappes avec retour par la Minière<br />

et Bue, et la forêt de Marly en sortant de<br />

Versailles par la grille du boulevard de la Reine<br />

par la route de Rocquencourt, la ferme du<br />

trou d'Enfer, le point de vue Saint-Michel.<br />

De tous les points de vue signalés, on<br />

découvre un admirable spectacle. La marche<br />

qui s'impose pour atteindre à ces hauteurs<br />

ne dépasse pas 8 kilomètres : une saine fatigue<br />

et un spectacle unique.<br />

LA VILLA DES JARDIES, A SÈVRES, ILLUSTRÉE PAR BALZAC ET GAMBETTA<br />

ensemble touristique qui peut être, pour bon<br />

nombre de Parisiens et d'habitants des régions<br />

avoisipantes, un but de déplacement que<br />

l'on appréciera.<br />

On accède à l'Isle-Adam par le chemin de<br />

fer du Nord. Quarante trains quotidiens;<br />

durée du voyage : une heure ; prix des billets<br />

aller et retour : 1 re classe : 10 fr. 40 ; 2 e , 7 fr. 15 ;<br />

3 e , 4 fr. 55. En bicyclette ou automobile,<br />

32 kilomètres, par la porte de Clichy, Gennevilliers,<br />

Epinay, lac d'Enghien, Eaubonne, la<br />

forêt de Montmorency, la forêt de l'Isle-Adam.<br />

Le chemin de fer du Nord organise, chaque<br />

<strong>dimanche</strong>, deux circuits automobiles au départ<br />

de la gare de l'Isle-Adam. Circuit A : départ<br />

9 h. 50, par Champagne-sur-Oise, la Tour-du-<br />

Lay, la Maison-Blanche, Hédouville, la ferme<br />

Launay, les hauteurs de Parmain, l'Isle-Adam.<br />

Retour : 11 h. 45. Prix : 9 francs.<br />

Circuit B : départ 14 h. 10 par le gros chêne,<br />

forêt de l'Isle-Adam, hauteur de Nerville,<br />

la pierre Turquaise, la forêt de Carnelle,<br />

Beaumont-sur-Oise, la table de Cassan, l'Isle-<br />

Adam. Retour : 18 h. 20. Prix : 15 fr. 25. On<br />

peut retenir ses places au guichet 15 de la gare<br />

Paris-Nord et à la gare de l'Isle-Adam. Supplément<br />

: 1 franc par place. RENÉ BIERRE.<br />

Le Gé a it : H. Lz PAGE.<br />

Pars. — HÉMERy, imprimeur, 13, rje d'Enghien.<br />

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Dès le début<br />

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Elle est créée<br />

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aux reins et aux<br />

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Compte chèque postal o° 5970 — 20, me d'Enghien, Paris<br />

Prix pour les abonnés d'Excelsior désireux de<br />

recevoir régulièrement Excelsior-Dimanche :<br />

France 3 mois 2.50 6 mois 4.50 un an 8lr.<br />

Etranger 3 mois 5 fr. 6 mois 9 fr. un an 16 fr.<br />

Abonnement spécial an numéro ordinaire du dimanebe<br />

A'Excelsior et à Excelsior-Dimanche réunis :<br />

France., un an 15 fr. | Étranger un an 30 Ir.<br />

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L'ALPINISME A SAUVÉ LE PRINCE IMPÉRIAL DU JAPON<br />

Au moment même où le pays nippon tremblait de toute sa terre ébranlée par la plus<br />

épouvantable des catastrophes, le jeune prince Chichibu, second fils de l'empereur du<br />

Japon, excursionnait en montagne. Le voici prêt à s'étendre sur sa couchette de<br />

touriste. C'est à cette circonstance qu'il dut d échapper à une mort presque certaine.<br />

COMMENT ON FAIT LE "LOOPING" SUR DES PATINS A ROULETTES<br />

Parmi les procédés les plus amusants pour boucler la boucle, Excelsior-Dimanche montrait<br />

récemment des automobiles exécutant ce tour périlleux. Or voici un sportif acrobate qui<br />

réédite la performance, après s'être chaussé de patins à roulettes. Ayant descendu la première<br />

pente, il ne lui faut que trois cinquièmes de seconde pour se retrouver sur le sol.<br />

LES SPORTS ORIGINAUX : UN MATCH DE POLO EN AUTOMOBILE<br />

Pour être un peu coûteux, ce sport n'en est pas moins original et même assez dangereux.<br />

Il consiste à faire jouer une partie ordinaire par des adversaires montés sur des autos.<br />

La balle du polo est remplacée par le ballon que l'on voit. Le gardien de but est également<br />

dans une des voitures, qui ne doivent pas rouler au-dessous d'une vitesse fixée à l'avance.<br />

BÉBÉ TIGRE EST AU RÉGIME DU BIBERON<br />

Ce charmant petit tigre, qui possède encore toute la candeur et la grâce de l'enfance,<br />

appartient au jardin zoologique de Melbourne (Australie). La personne qui le nourrit<br />

avec tant de soin, missTopsell, s'est acquis à bon droit la reconnaissance de tous les jeunes<br />

fauves du jardin, car c'est elle qui est chargée de leur donner le biberon, chaque jour.<br />

L'ÉCOLE D'OU FUT DIRIGÉE LA BATAILLE DE LA MARNE<br />

On fêtait voici peu, à Meaux, l'anniversaire de la formidable bataille de la Marne, et cette<br />

cérémonie a été fort imposante. A cette occasion il n'est pas sans intérêt de rappeler que<br />

c'est dans cette humble école de village, à Bar-sur-Aube, que le maréchal JofTre<br />

avait établi son quartier général et qu'il dirigeait l'ensemble des opérations en 1914.<br />

LA MANIÈRE D'ENSEIGNER LA PRUDENCE AUX PIÉTONS<br />

Pour diminuer le nombre des accidents de la rue, la ville de Détroit (Michigan) a entrepris<br />

une propagande à outrance pour éduquer les piétons qui, bien souvent, sont dans leur<br />

tort. Voici, à gauche, le monument portant une liste de victimes de la rue. A<br />

droite, un personnage drolatique portant cette inscription ; " Veillez à votre sécurité.

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