You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
il ii11 PREMIÈRE ANNÉE : N° 30 """ iiiiiisiiiiiiiiiiiiiiiiiiiu i iiiiiiiiiiiiiiiiin iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimtiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinii n iiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniii lin I,E <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> Hiinrt»<br />
CE SUPPLÉMENT AU NUMÉRO QUOTIDIEN D'EXÇELSIOR, DATÉ DU <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong>, NE PEUT ÊTRE VENDU A PART<br />
iiiiiE3iiiiiiEiiiii;:E3i!iiii!ci:iiiEiiiiiiiiiit tiiii!ii3ii9aitiMiilliiiiiiiiMiiii>iiiiiiiiiiiiil!3ii>iiiiiiiiiiiliaii:iii^i:iiii:siil>ili9liiEiiiiiiiiii:siiiiii!iiii3iiiiiiii]iiiEii;3iif[iiii:iiii;iisigi:sii] :!S3i33iii:iaii:iEiiiiii]i3iiiiiiii!3ii:::]!::!iEii9ill:iiii!E
ninini EXCELSIOR» DIMANCHE ""» niiiniiiii i iiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiii iiiiiiniiimiin 2 imiiiiiiiiiiiimiiuiii iiiiiiHiiHiiimi mini min «H " LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 1S<strong>23</strong> ■■■■■nn<br />
Gracieux hommage<br />
Le Corset<br />
JUVENIL<br />
est<br />
à l'adolescence<br />
ce qu'est<br />
le calice<br />
à la fleur.<br />
PRIX : de 6 ans à 20 ans<br />
29 fr. 50 à 49 rr. 50<br />
suivant l'âge<br />
FRANCE ET PARIS :<br />
350 dépôts<br />
Salon d'expos, et vente :<br />
35, rue Le Peletier, Paris<br />
Notice itlust. c. 0 fr. 25<br />
CORSETERIE SPECIALE<br />
DE FRANCE<br />
a CHELLES (S.-et-M.)<br />
OUORE DENTIFRICE CHARIARO<br />
"oit*<br />
CONSERVATION et BLANCHEUR des DENTS<br />
rranro-P>'nT , ir*rin.lR.'^fî.Baimo-HoUV»Ua,P:?.r2â<br />
61 FAUT Cttuis>Êtt LA<br />
LAXATIF DEPURATIF PARFAIT contro la<br />
CONSTIPATION et ses conséquences<br />
Migraines, maux d estomac, de l'inlestin p<br />
du sang, de la peau : l'étui 2'50.<br />
•jFOULON. 183 Fa Saint-Martin. Paris, tt ritrciolef»<br />
jxxxxxxxxxxxxxxxxxxra<br />
i Que vous ayez<br />
grande ferme<br />
ou petit jardin<br />
L'AGRICULTURE<br />
- NOUVELLE -<br />
ftrl parait les 2* et 4* SAMEDIS de chauve mot,<br />
vous donne les moyens d'en<br />
tirer la production maximum<br />
par les cultures et les élevages<br />
les mieux appropriés.<br />
12 PAGES DE TEXTE & GRAVURES<br />
Le numéro: 50 cent. En vente partout<br />
Abonnements t 12 francs par an (à l'Administration,<br />
18. Rue d Enghien. ParisV<br />
TxtTxxxxxxxrxxxxxxxxxxxxxxxxS<br />
POUR ACQUÉRIR<br />
UNE ORTHOGRAPHE CORRECTE<br />
A toute personne qui lui en fait la demande,<br />
l'École Universelle, 59, boulevard Exelmans,<br />
Paris (16 e ), adresse gratuitement sa brochure<br />
n° 1862, qui donne le moyen d'acquérir chez<br />
soi, sans déplacement, moyennant une heure<br />
de travail attrayant par jour et pendant<br />
quelques semaines, une orthographe absolument<br />
correcte et un style irréprochable<br />
dans tous les genres de rédaction (lettres,<br />
rapports, comptes rendus, etc.).<br />
RENTREE DES CLASSES<br />
Demandez notre Catalogue N° <strong>23</strong> d'article; spkiaux<br />
provenant des Stocks<br />
STOCK-OFFICE, 315, Rue de Belleville, PARIS<br />
embellit<br />
le<br />
TEINT<br />
PRIX<br />
2 fr.<br />
ft base de Crème Ftodoll, lanoline, Beurre de Cacao,<br />
il blanchit el adoucit merveilleusement l'cpùlermet.<br />
Recommandf par les médecins pour la loilelte<br />
des épidermes délicats des Dames et des Bébés.<br />
SAVON «R0D01L»<br />
GROS : 39, Quai d'Anjou, PARIS i Usine à lyoa-Ouilia»<br />
CARNET D'UN PHILATÉLISTE<br />
Nous avions donc le moyen de correspondre<br />
avec Paris, mais la vie continuait hors de<br />
notre capitale transformée en îlot. Le stock<br />
de timbres envoyés de Paris menaçait<br />
de s'épuiser rapidement ; aussi, dès le<br />
22 octobre 1870, ordre était donné à la Monnaie<br />
de Bordeaux de commencer la fabrication<br />
des timbres-poste et d'adopter le type<br />
des timbres de 1849.<br />
Le traité du 3 novembre signé entre<br />
M. Delebecque, directeur de la Monnaie, et<br />
le Gouvernement, fixait au 13 novembre<br />
la mise en circulation des nouveaux timbres.<br />
Il fut impossible de denteler les vignettes<br />
et on ne put songer à tirer des clichés comme<br />
à Paris; on se décida donc à imprimer ces<br />
timbres en lithographie.<br />
Le 20 centimes fut d'abord dessiné à la<br />
plume, mais le report en fut si difficile qu'on<br />
fit une matrice en pierre pour le deuxième<br />
type et pour toutes les autres valeurs. Ces<br />
matrices servirent à faire les reports.<br />
La fabrication se continua du 15 novembre<br />
1870 au 18 mars 1871. En août 1871,<br />
les matrices furent détruites.<br />
Après la paix, une partie de ce stock fut<br />
envoyée dans les bureaux de l'Est et du<br />
Nord et même dans la principauté de Monaco.<br />
CHAMPAGNE DUIVIÎNY^ d D i man 4 d \<br />
AV (Mame) » FONDÉE EN I8I4 \ Représentants<br />
Liiiiii»i>iiiiiiniii>itiiatiti;i»MMi»N>iviiiii>iiiMHiiMiiNi>yi)MHiiy»H»iniiii<br />
LES MEUBLES DE STYLE<br />
Signés PAUL GIORDANO<br />
qui obtiennent<br />
dans toutes les<br />
Expositions<br />
le succès le plus<br />
mérité, sont<br />
vendus directement<br />
au public<br />
par le Fabricant<br />
Envoi gratuit<br />
sur demande des<br />
Gravures et de la<br />
Revue Illustrée<br />
"NOS MEUBLES"<br />
CHAMBRE A COUCHER N' 28, STYLE LOUIS XVI<br />
Ê USINE - ATELIER - EXPOSITION 22, rue Marsoulan (12') PARIS Ià\ DIDEROT<br />
04-28 = "<br />
"""""""<br />
Les Timbres Français (Suite)<br />
8EB1Ï1 ï Avant de quitter votre Villégiature Em<br />
fous pouvez faire connaître aux quatre coins de la France<br />
CE QUE VOUS OFFREZ ou DEMANDEZ<br />
Que désirez-vous ? « »»■«<br />
DOMESTIQUE<br />
CHAUFFEUR<br />
UN \ GARDIEN DE PROPRIÉTÉ<br />
PRÉCEPTEUR<br />
JARDINIER, ETC.<br />
CUISINIÈRE<br />
FEMME DE CHAMBRE<br />
UNE
«mimii LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> iiiiiiinuniuiiiniiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin 3 iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiii RE ANNÉE : N° 30 »'»"""<br />
EXCELSIOR-DIMANC<br />
A<br />
ENTRE NOUS<br />
u lendemain de l'armistice, le maréchal<br />
Joffre acheta une péniche en disant :<br />
- Voilà qui va me permettre<br />
de voyager tranquillement... Et je ne la<br />
baptiserai même pas la Marne!<br />
Mais le maréchal, réclamé par tant de<br />
commémorations, d'inaugurations et de<br />
missions officielles, dut renoncer à ce<br />
projet. Il a revendu sa péniche, — qui est<br />
d'ailleurs amarrée non loin des Invalides.<br />
Voyager tranquillement, pas trop vite,<br />
loin des raseurs, des agités, des mufles,<br />
n'est-ce pas le rêve?<br />
Il semble qu'une réaction se dessine contre<br />
cette déesse de la vitesse, à laquelle tant<br />
de nos contemporains ont sacrifié leur<br />
argent, leur intelligence et même leur vie.<br />
On voit des sages qui font le tour du<br />
monde à pied, des philosophes qui remplacent<br />
leur limousine par une roulotte, et l'équitation<br />
— cette victime du moteur — est en<br />
train de prendre sa revanche.<br />
Mieux encore, un sportsman connu,<br />
M. Alain Gerbault, s'est mis en tête de<br />
traverser l'Atlantique (sans parler d'un<br />
bon bout de la Méditerranée) à bord d'un<br />
petit hateau à voiles. Et, après trois mois<br />
de navigation, il est arrivé sur sa coquille<br />
de noix, devant les gratte-ciel de New-York.<br />
Trois mois pour aller en Amérique !<br />
C'est un progrès.<br />
M. Alain Gerbault me paraît être le<br />
champion, non seulement de l'audace et<br />
de la ténacité, mais encore de la lenteur...<br />
Il ne croit pas utile d'aller à New-York en<br />
cinq ou six jours, sur un bateau grand<br />
comme la place de la Concorde et où tout<br />
est combiné pour chasser de l'esprit des<br />
voyageurs cette idée qu'ils ont pas mal de<br />
brasses d'eau sous les pieds.<br />
Non, ce citoyen de la dernière édition<br />
n'est pas pressé et il navigue comme au<br />
temps de Christophe Colomb.<br />
— Aviez-vous la T. S. F.? lui demandèrent<br />
les reporters américains en le voyant<br />
débarquer de sa nacelle.<br />
— Jamais de la vie, répondit notre<br />
homme... Vous comprenez, je tenais à être<br />
tranquille. D'ailleurs, quand j'aurai lu les<br />
journaux pendant cinq minutes, j'en saurai<br />
autant que vous.<br />
* *' *<br />
E besoin de cette douce et bienfaisante<br />
L tranquillité se fait d'autant plus vivement<br />
sentir que notre époque est d'une<br />
agitation extrême.<br />
Cet été, nous avons vu de nombreux<br />
cars automobiles dégringoler dans le ravin,<br />
la guerre nous a menacés deux ou trois<br />
fois, un tremblement de terre a détruit<br />
plusieurs grandes villes et provoqué la<br />
mort de deux ou trois cent mille personnes<br />
(nous n'en sommes plus à cent mille près) et<br />
une révolution a secoué nos voisins de tra los<br />
montes. La saison n'est d'ailleurs pas finie...<br />
Et dire que tant de gens soupirent en<br />
lisant leur journal :<br />
— Rien de nouveau ! Que la vie est<br />
donc quotidienne !<br />
Il est vrai qu'on s'habitue à tout, même<br />
au pire. Rien ne blase comme l'abus des<br />
coups de théâtre... Et c'est ainsi que la<br />
surabondance des événements n'empêche<br />
pas nos contemporains de dormir : au<br />
contraire, elle les plonge dans une sorte de<br />
torpeur faite d'indifférence et d'égoïsme.<br />
Et si on leur annonçait la fin du monde,<br />
à peine, sans doute, consentiraient-ils à<br />
se déranger pour aller voir ça.<br />
Je crois- d'ailleurs que, plus nous irons,<br />
plus les catastrophes de tous genres se<br />
multiplieront sur le menu de l'actualité.<br />
Les gens, les véhicules, les cerfs-volants<br />
-mécaniques, les peuples vont de plus en plus<br />
vite et dans -tous les sens : comment voulezvous<br />
que les uns et les autres ne s'entrechoquent<br />
pas dans un monde devenu trop petit?<br />
Pour respirer à l'aise et coûter les joies de la<br />
solitude, il faut traverser l'Atlantique sur un<br />
petit bateau à voiles.<br />
JEAN STYLO.<br />
REFLEXIONS DU DIMANCHE<br />
OBSERVEZ dix personnes qui passent<br />
dans la rue: six d'entre elles ont les lèvres<br />
enlr'ouvertes ; vous pouvez être sûr quelles<br />
respirent par la bouche.<br />
En v
îmnim EXCELSIOR-DIMANCHE '" iiiiiiiiiiiniHmiiiiiniiiiiiîiniiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinii>miimiiiinîi 4 flnii i iiiiiim iiuiiiiiiiiHii iiiiiiiiiiiin i iimiii""' LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> » nît<br />
LA SEMAINE QUI VIENT DE S'ÉCOULER<br />
38 e Semaine de l'Année — Reste à courir 14 semaines<br />
'EN ESPAGNE<br />
LES PREMIERS ACTES<br />
DU "DIRECTOIRE"<br />
L<br />
Un nouveau parlement élaborera<br />
une nouvelle constitution<br />
pour l'Espagne.<br />
E général Primo de Rivera, mandé samedi<br />
à Madrid par le roi Alphonse XIII, et<br />
qui avait quitté Barcelone par le rapide<br />
Barcelone-Madrid, a été reçu à midi par le roi<br />
auquel il a soumis les premiers décrets.<br />
Après qu'il eut prêté serment, le général<br />
de Rivera a composé le Directoire de la façon<br />
suivante : généraux Vallespinosa, Hermoso,<br />
Navarro, Rodriguez, Mayandia, Jordana,<br />
Ruisportal, Muslera et contre-amiral Maz.<br />
Lundi, le roi a signé plusieurs décrets, notamment<br />
ceux portant dissolution du Parlement<br />
et régularisation du travail des fonctionnaires<br />
publics. Ces derniers devront arriver ponctuellement<br />
dans les bureaux à neuf heures du<br />
matin et à deux heures de l'après-midi. L'accès<br />
des bureaux reste interdit aux personnes étrangères<br />
aux départements ministériels.<br />
Un autre décret déclare destitués tous les<br />
gouverneurs civils.<br />
Enfin, un quatrième décret confirme la<br />
déclaration de l'état de siège dans toute la<br />
péninsule.<br />
Les projets de M. de Rivera<br />
Le général Primo de Rivera a déclaré qu'une<br />
offensive serait immédiatement déclanchée<br />
au Maroc, mais que le général Aixpuru, le<br />
précédent ministre de la Guerre, va se rendre<br />
au Maroc pour régler sur place le problème<br />
tout entier, militaire et politique.<br />
Le général ajouta qu'il allait être procédé<br />
à l'élection d'un nouveau Parlement, qui<br />
élaborerait une nouvelle Constitution pour<br />
l'Espagne.<br />
Il fit nettement ressortir la distinction entre<br />
son propre mouvement et le fascisme. II déclara<br />
de plus qu'il avait l'intention de lever une<br />
garde spéciale de 450.000 hommes, pour maintenir<br />
l'ordre et appuyer les mesures prises par<br />
le nouveau gouvernement.<br />
La vie est redevenue rapidement tout à fait<br />
normale à Madrid. Les troupes ne sont plus<br />
consignées dans les casernes. La censure autorise<br />
les critiques contre le régime actuel pourvu<br />
qu'elles n'aient aucun caractère de violence.<br />
Comme il fallait s'y attendre, le public qui<br />
croyait, au premier moment, que le nouveau<br />
gouvernement allait accomplir beaucoup de<br />
réformes, commence à marquer une certaine<br />
déception en constatant que, sauf certaines<br />
mesures, rien n'est changé, ou à peu près, en<br />
Espagne.<br />
ww<br />
LE CHIFFRE DES VICTIMES<br />
AU JAPON •<br />
On évalue à 77.8<strong>23</strong> le nombre des morts<br />
dans Tokio et le département de Tokio, et<br />
à 120.070 le nombre des manquants. Plus<br />
d'un million de réfugiés ont déjà quitté Tokio<br />
pour la campagne.<br />
LES TROUBLES AGRAIRES EN BULGARIE<br />
Une insurrection paysanne a éclaté en<br />
Bulgarie. Des combats acharnés sont engagés<br />
sur plusieurs points du territoire bulgare,<br />
entre les troupes gouvernementales et les<br />
éléments communistes et agrariens.<br />
Au sud-ouest de la capitale, à Radomir, les<br />
insurgés ont infligé une sérieuse défaite aux<br />
gendarmes et aux soldats. Sur ce seul point,<br />
on compte déjà plusieurs centaines de tués<br />
de part et d'autre.<br />
Un gouvernement révolutionnaire provisoire<br />
a été établi à Radomir. Les insurgés<br />
ont démoli toutes les routes et voies ferrées<br />
aux abords de cette ville, pour contenir<br />
l'avance des troupes gouvernementales.<br />
On signale d'autres batailles sanglantes<br />
à Karlovo, Pubnitza et à Salkovo, où les<br />
éléments communistes et agrariens, réunis<br />
en forces supérieures, ont battu les troupes<br />
gouvernementales et capturé de grandes quantités<br />
d'armes et de munitions.<br />
FIUME A UN NOUVEAU GOUVERNEUR<br />
M. Dépoli, qui gérait les affaires de l'Etat<br />
autonome de Fiume, ayant donné sa démission,<br />
le gouvernement italien nomme un gouverneur<br />
militaire : le général Giardino.<br />
TROIS DISCOURS<br />
DE M. POINCARÉ<br />
Certains journaux allemands ont annoncé<br />
qu'une démarche concertée avait été effectuée<br />
auprès du président du Conseil français par les<br />
représentants diplomatiques d'Angleterre et de<br />
Belgique, pour le prier de consentir à un arrangement<br />
qui permettrait l'évacuation de la Ruhr.<br />
A Berlin, on semble avoir cherché à authentifier<br />
cette prétendue démarche, en assurant que<br />
non seulement le gouvernement allemand ne<br />
l'avait pas inspirée, mais qu'il n'en avait eu<br />
connaissance qu'après coup.<br />
Le ministère des Affaires étrangères déclare<br />
qu'aucune démarche, ni concertée, ni séparée,<br />
ni de l'Angleterre, ni de la Belgique n'a été<br />
faite auprès du gouvernement français et que<br />
les informations dont il s'agit sont fausses de<br />
tous points.<br />
Une note officieuse de Berlin<br />
Le gouvernement du Reich a fait publier,<br />
jeudi, une note officieuse disant que l'Allemagne<br />
est toute disposée à faire tout ce qui<br />
est en son pouvoir pour amener une reprise<br />
de l'activité économique dans la Ruhr, mais<br />
qu'à son avis, il sera difficile de réaliser la<br />
reprise du travail si les condamnés ne sont<br />
pas amnistiés, si les expulsés ne sont pas<br />
autorisés à rentrer et si l'administration<br />
allemande n'est pas rétablie dans ses droits ;<br />
le trafic libre entre les régions occupées et<br />
non occupées devrait être également rétabli.<br />
Si, un état de choses semblable était réalisé<br />
promptement, la question des réparations<br />
pourrait être résolue par des paiements effectifs,<br />
de telle façon que l'évacuation de la<br />
Ruhr et le rétablissement d'un état de choses<br />
normal dans les pays rhénans en serait le<br />
résultat. La nomination des représentants<br />
diplomatiques à Paris et à Bruxelles aurait lieu<br />
aussitôt que la possibilité des pourparlers<br />
serait devenue évidente.<br />
LE MOUVEMENT SÉPARATISTE<br />
EN RHÉNANIE<br />
Dimanche, à Aix-la-Chapelle, une grande<br />
manifestation rhénane a eu lieu, au cours de<br />
laquelle, et devant un auditoire considérable,<br />
M. Mathes stigmatisa l'attitude de la Prusse<br />
dans le conflit de la Ruhr et déclara, chiffres<br />
en main, que le conflit de la Ruhr a coûté à<br />
l'Etat allemand 150 milliards de marks-or,<br />
alors que les réparations ne sont que de 132 milliards.<br />
On aurait donc pu payer et éviter l'occupation<br />
de la Ruhr.<br />
M. Mathes a clos la séance en donnant lecture<br />
d'une résolution qui a été adoptée. Cette<br />
résolution réclame la création d'urgence d'une<br />
république rhénane ; elle demande que, d'accord<br />
avec les autorités alliées, l'administration<br />
allemande soit expulsée au complet<br />
et que l'administration soit prise en main par<br />
les alliés, ceci transitoirement, jusqu'à ce que<br />
la Rhénanie puisse elle-même pourvoir à son<br />
administration.<br />
LES RÉPARATIONS<br />
APRÈS L'ENTREVUE<br />
POINCARÉ-BALDWIN<br />
" Nous garderons nos gages "<br />
AHattonchâtel, petit village meusien situé Le communiqué fait après la<br />
sur les Hauts de Meuse, le président du conversation des ministres<br />
Conseil a inauguré le nouveau village, semble des plus rassurants.<br />
reconstruit grâce aux dons généreux d'une<br />
m<br />
Américaine, miss Belle Skinner, qui connais-<br />
ERCREDI dernier, un déjeuner était offert<br />
sait Hattonchâtel avant la guerre.<br />
à l'ambassade d'Angleterre en l'honneur<br />
Il a inauguré également le monument élevé M de M. Baldwin, qui rentrait d'Aix-lesaux<br />
morts. M. Poincaré, retraçant les actes Bains, et M. Raymond Poincaré.<br />
d'héroïsme franco-américains qui permirent A la fin du repas, les deux ministres, suivis<br />
de reprendre Saint-Mihiel, a rappelé les termes de l'interprète officiel, se retirèrent ^ dans un<br />
du télégramme qu'il adressa, après la victoire, salon voisin, où ils délibérèrent jusqu'à 3 h. 50.<br />
au président Wilson.<br />
Après cette conversation, le communiqué<br />
Puisque la cérémonie actuelle coïncide suivant était donné :<br />
avec l'anniversaire d'une victoire à laquelle " Cet après-midi a eu lieu une rencontre<br />
les troupes des Etats-Unis ont pris une part des premiers ministres de France et de Grandedécisive,<br />
je répondrai, j'en suis sûr, aux vœux Bretagne, dont ils ont profité pour procéder à<br />
de nos morts, si j'adresse, en même temps un échange de vues sur la situation politique<br />
qu'à eux, un pieux et reconnaissant souvenir générale.<br />
à ceux de leurs camarades américains qui sont " On ne peut s'attendre à ce que, au cours<br />
tombés, eux aussi, au champ d'honneur et d'une seule entrevue, M. Poincaré et M. Bald-<br />
qui dorment maintenant dans les replis du win aient pu arrêter des solutions définitives,<br />
sol de France.<br />
mais ils ont été heureux d'établir leur commune<br />
Le lendemain, à Dun-sur-Meuse, le pré- manière de voir et de constater que, sur aucune<br />
sident du Conseil termina son discours en question, il n'existe de différence de but ni de<br />
disant : " Nous tenons des gages ; nous les divergence de principe qui puisse compro-<br />
garderons jusqu'à ce que nous ayons reçu mettre la collaboration des deux pays, dont<br />
satisfaction.<br />
dépendent, dans une si large mesure, la sta-<br />
A Brieulles-sur-Meuse, le même jour, il bilisation et la paix du monde. "<br />
définit les garanties qu'exigent la sécurité Après sa conversation avec le président du<br />
de la France et la paix du monde, et ajoute : Conseil, M. Baldwin s'est rendu à Rambouillet,<br />
" Nous ne nous laisserons pas leurrer par des où il prit le thé avec le président de la Répu-<br />
appeaux. Nous gardons les sûretés que nous blique et M<br />
a données le traité. "<br />
Le règlement de la paix<br />
me Millerand.<br />
Puis M. Millerand et M Baldwin conférèrent<br />
en présence de l'ambassadeur et de<br />
M. Camerlynck, dans le cabinet présidentiel,<br />
pendant plus d'une heure.<br />
Après avoir consacré l'après-midi de jeudi<br />
à la visite du château de Versailles, M. Baldwin<br />
est venu dans la soirée au quai d'Orsay prendre<br />
congé de M. Poincaré. Le premier ministre anglais<br />
est reparti pour Londres vendredi à midi.<br />
DEUX BANDITS ARMÉS DÉVALISENT<br />
EN PLEIN JOUR DEUX EMPLOYÉS<br />
ET TUENT L'UN D'EUX<br />
Jeudi, à Marseille, deux employés de la<br />
Compagnie des tramways de Marseille, qui<br />
portaient la somme consacrée au paiement<br />
du personnel, 130.000 francs, ont été attaqués<br />
à 12 h. 45, dans le tramway de la ligne Saint-<br />
Giniez-Chartreux, par deux hommes sautant<br />
sur la plate-forme où ils se trouvaient. L'un<br />
des inconnus frappa un employé, M. Noguier,<br />
d'un coup de bâton sur la tête. L'autre employé,<br />
M. Padovani, fut grièvement blessé au ventre<br />
par une balle de revolver, tirée par l'autre<br />
inconnu. Les bandits s'emparaient de leur<br />
sacoche, sautaient du tramway, s'engouffraient<br />
dans une auto qui le suivait et qui s'éloignait<br />
à toute vitesse.<br />
Le drame avait été si rapide que les voyageurs<br />
du tramway n'eurent pas le temps d'intervenir.<br />
M. Noguier n'est pas en danger. Mais<br />
on a dû opérer immédiatement M. Padovani,<br />
qui succomba quelques heures après.<br />
M œe MAGGIE MELLER EST ACQUITTÉE<br />
M" 18 Maggie Meller, qui comparaissait<br />
devant la chambre criminelle comme inculpée<br />
d'assassinat contre son mari, Fahmi-bey, est<br />
acquittée, le procès ayant démontré qu'elle avait<br />
été l'objet de sévices graves et de menaces caractérisées.<br />
Elle est mise immédiatement en liberté.<br />
LE TENNISMAN GERBAULT<br />
RESTE 142 JOURS EN MER<br />
Samedi est arrivé à Long-Island le Français<br />
Alain Gerbault, qui avait quitté Cannes dans<br />
un sloop de 10 tonneaux. Il avait traversé<br />
l'Atlantique en 142 jours. Assailli par la tempête<br />
et ayant perdu une partie de ses vivres,<br />
il put être ravitaillé par deux paquebots qui<br />
le rencontrèrent en plein océan dans sa fragile<br />
embarcation.<br />
Pareil exploit n'avait jamais été réalisé.<br />
Alain Gerbault fut, avant la guerre, un joueur<br />
de tennis remarquable et, pendant la guerre,<br />
un " as " de l'aviation.<br />
UN AVIATEUR AMÉRICAIN<br />
ATTEINT 428 KILOMÈTRES A L'HEURE<br />
Le lieutenant Ford Williams a atteint sous<br />
l'action du vent, il est vrai, la vitesse de 428 kilomètres<br />
à l'heure.<br />
MEMENTO<br />
POLITIQUE<br />
20 <strong>septembre</strong>. — Au cours d'une séance du Conseil<br />
généra] à Quimper, un incident se produit qui fait<br />
deux conseillers en venir aux mains. La salle des séances<br />
dut être évacuée.<br />
21 <strong>septembre</strong>. — M. Grosdidier, sénateur, ancien<br />
maître de forges, meurt à Commercy.<br />
A LA S. D. N.<br />
20 <strong>septembre</strong>. — Le Conseil de la S. D. N. écaru}<br />
un nouveau débat sur le différent italo-grec.<br />
ÉTRANGER<br />
16 <strong>septembre</strong>. — Une bagarre se produit à Dortmund,<br />
entre ouvriers et policiers. Deux grévistes ont été tués;<br />
sept autres blessés.<br />
17 <strong>septembre</strong>.— Un autocar, en tournée d'excursion,<br />
est tombé au fond d'un ravin, près de Monsal Head,<br />
dans le comté de Derby. Un voyageur a été tué et plusieurs<br />
autres grièvement blessés.<br />
18 <strong>septembre</strong>. — Le commissaire pour la saisie des<br />
devises, D 1 Fellinger, fait procéder à une razzia en règle<br />
dans plusieurs quartiers du centre et de l'ouest deBerlin,<br />
où le trafic des monnaies étrangères se faisait sur une<br />
large échelle.<br />
— Le colonel Moizo, commandant général de l'aéronautique<br />
italienne, tombe d'avion et est grièvement<br />
blessé.<br />
— Une grève générale des typographes de New-York<br />
prive complètement la ville de journaux.<br />
— La cité universitaire de Berkeley, en Californie,<br />
est à moitié détruite par un incendie. Quatre tués.<br />
21 <strong>septembre</strong>. — Un auto-car, transportant vingt-sept<br />
touristes, a heurté le parapet de la route de Binasco,<br />
près de Milan. Tous les voyageurs ont été blessés, et<br />
quatre d'entre eux sont atteints mortellement.<br />
CONGRÈS<br />
16 <strong>septembre</strong>. •— La Semaine du Poisson se tennine<br />
à Boulogne-sur-Mer par une fête de la Mer, présidée<br />
par M. Le Trocquer, ministre des Travaux publics.<br />
MONDANITÉS<br />
20 <strong>septembre</strong>.-— On annonce que le mariage du prince<br />
héritier de Suède et de lady Louise Mountbatten<br />
sera célébré le 3 novembre, en la chapelle royale de<br />
Port Saint-James. Le roi de Suède sera présent à la<br />
cérémonie.<br />
FAITS DIVERS<br />
15 <strong>septembre</strong>. — Un car automobile, transportant<br />
seize voyageurs à la Grande-Chartreuse, tombe dans<br />
le torrent du Cozon d'une hauteur de 10 mètres. Un<br />
mort, seize blessés.<br />
16<strong>septembre</strong>.—Les derniers gaziers grévistes prennent<br />
la décision de rejoindre les usines.<br />
— Au passage à niveau de Vougancourt (Doubs),<br />
un express tamponne une automobile. Ses trois occupants<br />
sont tués.<br />
18 <strong>septembre</strong>.— Trois inspecteurs de la police arrêtent,<br />
9, avenue de Villars, dans l'hôtel du comte de l'Epinay,<br />
deux cambrioleurs qui avaient dévalisé l'hôtel puis<br />
s étaient endormis, la pluie les ayant empêches de sortir<br />
de l'hôtel avec leur butin. Ce sont les nommés : Truffier,<br />
dix-sept ans, et Bernard, seize ans.<br />
— On retire du Gave les trois derniers cadavres des<br />
victimes de la catastrophe de Luz-Saint-Sauveur.<br />
17<strong>septembre</strong>. — Un réfugié russe.nommé Katzenelsori<br />
voulant tuer M. Rappoport, le militant communiste,<br />
tire sur la fille de ce dernier un coup de revolver qui<br />
la blesse assez grièvement. Puis il alla se constituer<br />
prisonnier et déclara qu'il avait eu l'intention de tuer<br />
le père de M l c Rappoport.<br />
— Dans le bois de Vincennes, une camionnette tamponne<br />
une voiture à bras. Trois blessés.<br />
19 <strong>septembre</strong>. — Un surveillant du Nord-Sud, Paul<br />
Nolot, jette dans la Seine son amie, M me Odie, qui lui<br />
avait prêté de l'argent contre reconnaissance de la dette,'<br />
M me Odie put être sauvée. Nolot a été arrêté.<br />
20 <strong>septembre</strong>. — M mc Fielding, qui, le 3 juillet<br />
dernier, avait perdu ses bijoux en sortant d'un musichall<br />
du faubourg Montmartre, perd à nouveau le collier<br />
qui avait été une première fois retrouvé. Elle s'aperçut<br />
de cette disparition en arrivant à Londres, venant<br />
de Nice.<br />
— Une explosion se produit dans une fonderie du<br />
Havre dans laquelle se trouvaient 300 obus et<br />
1.500 douilles. Elle fut immédiatement suivie par un<br />
incendie qui causa d'énormes dégâts.<br />
21 <strong>septembre</strong>. — Au cours d'un incendie qui se<br />
déclare dans une fabrique de celluloïd, 13, rue de f Ancienne-Comédie,<br />
huit personnes sont légèrement brûlées.<br />
SPORTS<br />
16 <strong>septembre</strong>. — Réouverture de l'hippodrome de<br />
Longchamp. Filibert de Savoie, qui gagna le Grand<br />
Prix 19<strong>23</strong>, remporte le " Royal Oak .<br />
— Au vélodrome du Parc des Princes, le coureur<br />
Grasstn bat ses adversaires dont Sérès et Linart, et le<br />
record de l'heure que détenait ce dernier.<br />
— Le rameur Charles gagne le 55 e Championnat de<br />
la Seine.<br />
Les " Enfants de Neptune " de Tourcoing sont<br />
champions de France de water-polo.<br />
20 <strong>septembre</strong>. — A l'arrivée de l'épreuve motocycliste<br />
Paris-les-Pyrénées-Paris, 15 concurrents sur 24<br />
avaient accompli le parcours.Six d'entre eux n'avaient<br />
encouru aucune pénalisation.<br />
— Un avion est précipité de 500 mètres de hauteur<br />
dans 1 avant-port de Brindisi; les deux aviateurs qui<br />
le montaient sont tués.
niiiiimi LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> ■■■■■■■iiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiniHiiiiiii S iiiiiiiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiimu iiiiiimmiiii ■iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiii EXCELSI DR-DIMANCHE »*<br />
N r—Ov ENDANT sa jeunesse, Louis Bonaparte<br />
j j passa plusieurs années en Italie,<br />
l^*-^ dont tout le Nord était sous la domination<br />
et la tyrannie de l'Autriche.<br />
J v Les sociétés secrètes étaient nombreuses<br />
; elles avaient pour but la<br />
délivrance du pays et la conquête de la liberté.<br />
Aussi, étaient-elles sympathiques à toute<br />
l'Europe libérale. La plupart de ces sociétés<br />
étaient rattachées aux Carbonari, chez qui on<br />
développait ce sentiment que, contre la force<br />
brutale de la tyrannie étrangère, toutes les<br />
armes étaient bonnes pour émanciper le peuple.<br />
Dans ces " ventes ", on liait tous les membres<br />
par des serments, enjoignant à ceux qui les<br />
prêtaient d'obéir aveuglément à ceux qui<br />
dirigeaient les mouvements insurrectionnels.<br />
Les attentats faisaient partie des moyens<br />
prévus et parfois ordonnés.<br />
Louis Napoléon Bonaparte avait prêté<br />
plusieurs de ces serments auxquels, comme<br />
bien d'autres, il n'attachait que l'importance de<br />
simples formalités, mais qu'on devait plus<br />
tard, quand il serait devenu empereur, lui<br />
rappeler d'une manière tragique. Car, presque<br />
tous les attentats dont il fut victime — et ils<br />
furent nombreux — viennent de là. Ils furent<br />
conçus en Italie et préparés à Londres, où<br />
l'Angleterre accordait aux conspirateurs un<br />
asile, ce qui troubla souvent les bonnes relations<br />
politiques entre Rome<br />
et Paris.<br />
On a sauvé des papiers<br />
saisis aux Tuileries, après le<br />
4 <strong>septembre</strong> 1870, un rapport<br />
très précis sur cettesituation,<br />
avec des indications sur<br />
les divers attentats qui précédèrent<br />
celui d'Orsini, le<br />
plus dangereux et le plus sanglant.<br />
Le 29 juin 1852, la police<br />
découvrit, dans une maison<br />
de la rue de la Reine-Blanche,<br />
près de la barrière de Fontainebleau,<br />
tout une fabrique<br />
de machines infernales destinées<br />
à une manifestation<br />
criminelle, préparée à Londres<br />
par des Italiens, et qui<br />
devait éclater au mois d'août.<br />
Tout une volumineusecorrespondance<br />
établissait le complot<br />
d'une façon indubitable.<br />
Six mois après, en janvier<br />
1853, on arrêta à Paris, des<br />
conspirateurs, un Allemand<br />
et deux Italiens, Kelsch, Galli<br />
et Rossi, qui avaient tous trois<br />
préparé leur action en Angleterre.<br />
Kelsch fut envoyé à<br />
Cayenne, où, quelque temps<br />
après, il obtint la grâce de<br />
l'empereur. II aurait fait,<br />
a-t-on dit, des révélations importantes<br />
sur d'autres complots<br />
en cours de préparation.<br />
En 1853 encore, un ancien sergent français,<br />
Boichot, qui avait longtemps habité Londres,<br />
où il était en relations avec les comités italiens<br />
recevant leurs inspirations de Mazzini, vint à<br />
Paris, où il fut arrêté avant qu'il ait pu exécuter<br />
ses projets. Il fut condamné.<br />
EN 1854, un exilé français, Magen, inventa<br />
des bombes qui devaient éclater par lesimple<br />
choc ; arrêté en Belgique avant qu'il ait pu<br />
pénétrer en France, il réussit à s'échapper, se<br />
réfugia à Londres et on le condamna, à Bruxelles,<br />
par contumace. La même année, on arrêtait<br />
à Paris, aux Batignolles, un Italien nommé<br />
Carpezza qui fut trouvé porteur de bombes<br />
du modèle Magen.<br />
On essaya de le comprendre dans une des<br />
organisations que protégeait Ledru-Rollin,<br />
mais cela fut impossible ; on ne l'en envoya<br />
pas moins à Cayenne, en août 1855, d'où il ne<br />
tarda pas à s'évader avec le consentement<br />
tacite, a-t-on prétendu, des autorités françaises,<br />
en exécution d'instructions que l'empereur<br />
aurait fait transmettre... mais cela n'a<br />
jamais été prouvé.^<br />
Pendant qu'on instruisait les deux affaires,<br />
Magen et Carpezza, on découvrit, sur le chemin<br />
de fer du Nord, une machine infernale comprenant<br />
des bombes du système Magen et qui<br />
devaient éclater sous le train impérial. Si<br />
l'attentat avait réussi, cette machine aurait été<br />
capable de détruire plusieurs wagons. La<br />
police prétendit que cet appareil avait été soit<br />
fabriqué, soit apporté sur la voie, par Louis<br />
Déron (de Lille), Vandomme, les frères Jacquin<br />
(de Bruxelles), d'Hénins et Desquines.<br />
Les quatre premiers furent condamnés à<br />
LES ROMANS DE LA VIE<br />
L'ATTENTAT D' O R S INI<br />
par JEÂM = BEKMÂED<br />
L'attentat d'Orsini où l'Empereur ne fut que très légèrement<br />
blessé, eut cependant un retentissement considérable. Les<br />
souverains se rendaient à la représentation de l'Opéra,<br />
quand, sur le passage du carrosse, éclatèrent plusieurs<br />
bombes. Ce complot, qu'avait tramé, avec plusieurs complices,<br />
Orsini, lui coûta la vie. Ce sont les circonstances<br />
du drame, l'arrestation du coupable et de ses complices,<br />
l'exécution de plusieurs d'entre eux et les précautions<br />
extrêmes prises par la police que nous conte ici Jean-Bernard.<br />
mort par contumace ; Déron put se sauver à<br />
Londres.<br />
Le 28 avril 1854, un Italien, Pianori, tira,<br />
presque à bout portant, deux coups de pistolet<br />
sur l'empereur, avenue des Champs-Elysées,<br />
et le manqua. Condamné à mort, il fut guillotiné.<br />
Un peu plus tard, trois Italiens, exécutant<br />
les ordres de comités secrets de Londres,<br />
Thibaldi, Grilli et Bartholotti, vinrent à Paris<br />
pour assassiner l'empereur. Ils furent arrêtés<br />
avant d'avoir pu mettre leur projet à exécution.<br />
Le rapport confidentiel dont nous parlons<br />
J<br />
été gravement blessés. Un des quatre chevaux<br />
de la voiture impériale avait été tué et c'est à la<br />
mort de ce cheval qu'on attribua le salut, tout<br />
à fait providentiel, du couple impérial. En<br />
tombant, le cheval imprimait un mouvement à<br />
la voiture vers la droite et l'éloignait de l'endroit<br />
où les bombes éclataient. Sans cela, le<br />
caisson eût été pulvérisé. Un des chevaux que<br />
montait un sous-officier se tenant à la portière,<br />
du côté de l'impératrice, avait "attrapé une<br />
grosse partie de la décharge ".<br />
Par un singulier hasard, au moment où se<br />
L'ATTENTAT CONTRE LA VIE DE NAPOLÉON III ET QUI JETA L'ÉPOUVANTE<br />
DANS PARIS LE 14 JANVIER 1858, A HUIT HEURES ET DEMIE DU SOIR<br />
Ce cliché est la reproduction d'une image d'Epinal de l'époque, conservée au Cabinet des estampes de la Bibliothèque Nationale<br />
rattache l'attentat d'Orsini du 14 janvier 1858<br />
aux précédents complots dont il ne serait que<br />
la suite. Comme les autres, celui-ci fut préparé<br />
à Londres et son exécution confiée à quatre<br />
Italiens.<br />
Il était 8 heures et demie du soir ; l'empereur et<br />
l'impératrice se rendaient en voiture à l'Opéra,<br />
alors rue Lepelletier, quand, au moment où ils<br />
allaient descendre, des bombes éclatèrent avec<br />
un bruit formidable. Il y eut un moment de<br />
panique. Lorsque le couple impérial réussit<br />
enfin à quitter sa voiture, on s'aperçut que la<br />
robe de l'impératrice portait de nombreuses<br />
taches de sang. Les deux souverains n'avaient<br />
que des éraflures, mais ils avaient échappé<br />
à la mort par le plus grand des hasards. Le<br />
maréchal Vaillant, ministre de la Guerre,<br />
écrivait, le lendemain, au maréchal de Castellane<br />
:<br />
L'Empereur a reçu une égratignure au<br />
bout du nez, ce n'est rien. L'Impératrice a<br />
reçu un petit éclat dans le coin interne de<br />
l'œil gauche ; l'œil est rouge, mais non douloureux.<br />
"Le panneau de la voiture a cinquante empreintes<br />
dont plusieurs ont traversé. Roguet<br />
(le général) a une forte contusion à la mâchoire<br />
et son paletot a été percé à fourrer le poing par<br />
le trou. "<br />
Quoique naturellement très émue, l'impératrice<br />
voulut assister, quand même, à la représentation<br />
où le public l'applaudit chaleureusement.<br />
Pendant que les artistes jouaient et chantaient,<br />
on procédait aux premières constatations.<br />
II y avait de nombreux blessés, cent quarante,<br />
et plusieurs tués, neuf.<br />
Les deux valets de pied et le cocher avaient<br />
passait ce drame, le cousin de l'empereur, le<br />
prince Napoléon, donnait une soirée au Palais-<br />
Royal et on jouait la comédie d'Alfred de<br />
Vigny : Quitte pour la peur.<br />
Les auteurs de l'attentat furent vite arrêtés ;<br />
c'étaient quatre Italiens : Orsini, Pietri et deux<br />
autres, qui reconnurent leur participation.<br />
Orsini était d'une bonne famille, remontant<br />
au XVII E siècle, famille dans laquelle il y avait<br />
des cardinaux. Il fut défendu par Jules Favre.<br />
Trois des participants furent condamnés à<br />
mort ; deux, Orsini et Pietri furent exécutés<br />
(13 mars). L'empereur voulait faire grâce, mais<br />
il en fut détourné par son entourage.<br />
Orsini avait toujours fait partie des groupes<br />
patriotes opprimés ; il était récemment sorti de<br />
la citadelle de Mantoue où les Autrichiens<br />
l'avaient longtemps détenu prisonnier. A peine<br />
libéré, il se rendit à Londres où furent fabriquées<br />
les bombes qu'il vint jeter sous la voiture<br />
de Napoléon III.<br />
Orsini semble avoir été un exalté, luttant pour<br />
un idéal ; l'indépendance italienne n'eut pas<br />
cependant de meilleur soutien que celui qu'il<br />
avait failli assassiner. Du fond de la prison, le<br />
condamné écrivait de longues lettres à l'empereur.<br />
Dans l'une d'elles, il lui disait :<br />
" Est-ce que je demande, pour la délivrance<br />
de l'Italie, que le sang des Français soit répandu?<br />
Je ne vais pas jusque là. L'Italie<br />
demande que la France n'intervienne pas<br />
contre elle ; elle demande que la France ne<br />
permette pas à l'Allemagne d'appuyer l'Autriche<br />
dans les luttes qui vont peut-être s'engager<br />
- ", ,<br />
Les événements de l'année suivante prouvèrent<br />
que la France alla beaucoup plus loin<br />
qu'Orsini le désirait, car les régiments français<br />
allèrent combattre l'Autriche et versèrent leur<br />
sang sans lequel l'indépendance italienne<br />
n'aurait jamais été obtenue.<br />
Quoi qu'il en soit, Orsini mourut avec<br />
beaucoup de courage et son dernier cri fut :<br />
" Vive la France ! et vive l'Italie ! "<br />
LE lendemain même de l'attentat, le précepteur<br />
du duc d'Aumale, M. Cuvelier-Fleury,<br />
qui était demeuré son ami et son conseil, lui<br />
écrivait, dans une lettre particulière :<br />
" L'événement est immense. II augmentera<br />
la solidité du trône impérial, si ce n'est sa<br />
sécurité. L'indignation qu'inspire justement un<br />
pareil crime, profitera à celui qui a failli de si peu<br />
en être la victime. Les machines infernales*ont<br />
beau voler en éclats et répandre la mort autour<br />
d'elles avec leurs débris : elles affermissent les<br />
princes qu'elles ne tuent pas. Le 3 nivôse, la<br />
machine infernale mettait le Premier Consul<br />
sur le chemin de l'Empire; Fieschi sauvait la<br />
monarchie de Juillet des excès de la presse<br />
démagogique.<br />
" L'attentat du 14 janvier fera serrer les rangs<br />
autour du nouvel empereur. C'est bien souvent,<br />
le châtiment des grands crimes que de tourner<br />
contre le but même que se proposaient les<br />
auteurs, et cela seul devrait en détourner les<br />
misérables insensés qui les conçoivent. "<br />
Cette lettre du confident<br />
le plus intime du duc d'Aumale<br />
fut lue par le Cabinet<br />
noir qui fonctionnait avec une<br />
inlassable activité, et fut communiquée<br />
à l'empereur qui<br />
aurait voulu en remercier son<br />
auteur, mais il ne le fit pas,<br />
ne pouvant avouer qu'on avait<br />
intercepté la lettre. Cependant,<br />
M. Cuvelier-Fleury<br />
s'étant présenté quelque<br />
temps après, Napoléon III fit<br />
vivement appuyer sa candidature<br />
par ses amis qui lui<br />
étaient opposés.<br />
Le duc d'Aumale répondait<br />
à son précepteur, deTwickenham,<br />
où il était exilé :<br />
" Je ne vous parle pas politique<br />
; le vent n'y est pas. Je<br />
n'ai, d'ailleurs pas besoin de<br />
vous dire combien j'ai horreur<br />
de l'assassinat et des tentatives<br />
semblables à celles qui<br />
ont si souvent menacé la vie<br />
de mon père. "<br />
Cet attentat changea toute<br />
la politique intérieure de la<br />
France. On demanda au corps<br />
législatif la loi de sûreté générale,<br />
qui donnait au gouvernement<br />
un pouvoir discrétionnaire<br />
sur les individus<br />
condamnés pour délits politiques.<br />
" Cette loi, a écrit M. Ducoudray,<br />
dans son Histoire à l'usage des<br />
écoles, ne fut point une lettre morte, et les<br />
emprisonnements, les envois en Algérie, recommencèrent<br />
comme au lendemain du 2 décembre.<br />
Le ministère de l'Intérieur fut confié<br />
au général Espinasse. On divisa la France<br />
en cinq commandements militaires donnés à<br />
des maréchaux, et le gouvernement tendit ses<br />
ressorts. "<br />
La police multiplia, naturellement, les précautions<br />
à la frontière et on alla jusqu'à<br />
saisir des balles pour le jeu de la pelote<br />
basque.<br />
A la douane, des produits venant d'Espagne,<br />
on examinait avec un soin spécial les caisses<br />
d'oranges expédiées en France.<br />
Toutes ces mesures n'empêchaient pas les<br />
complots de continuer et, en <strong>septembre</strong>,<br />
on saisissait à Saint-Etienne un caisson de<br />
bombes du même modèle qui avaient servi<br />
à Orsini.<br />
Nous avons dit que l'impératrice avait<br />
montré beaucoup de sang-froid, mais elle n'en<br />
avait pas moins éprouvé une impression forte<br />
et, quand elle traversait la foule en voiture, elle<br />
avait toujours peur d'un nouvel attentat.<br />
Cette crainte persista plusieurs années et deux<br />
ans après, en 1860, pendant un voyage que<br />
les souverains firent à Lyon, tandis que la<br />
voiture se rendait à l'Hôtel de Ville, un<br />
homme se précipita pour jeter une pétition<br />
dans le landau. L'impératrice fit un mouvement<br />
d'effroi :<br />
" C'est bien simple, a écrit le maréchal de Castellane,<br />
elle se rappelait les bombes d'Oi'snu<br />
devant l'Opéra. '<br />
JEAN-BERNARD.
imiiiiiî. EXCELSIOR-DIMANCHE ■"»"'" "«»»•" "" iiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiii 6 '»< ummiiininiiiiu i uni mmn " ' '" LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> mimiHi.<br />
LES CONTES D'ACTION<br />
LA LIGUE DES VIEUX<br />
UX casernes, on jugeait un homme<br />
/Â\ dont la tête était en jeu. C'était un<br />
Il\\ vieillard, un indigène de la rivière<br />
des Truites, qui déverse ses eaux<br />
dans le Yukon, au-dessous du lac<br />
Le Barge.<br />
Il avait .'es mains rouges du sang de tant de<br />
victimes, que les crimes qu'on lui imputait<br />
défiaient tout dénombrement précis.<br />
Lorsqu'enfin, Imber vint de lui-même se<br />
livrer à la justice, le mystère ne fit que s'approfondir.<br />
Vers la fin d'un beau printemps, à<br />
l'époque où le Yukon se tord sous la glace,<br />
le vieil Indien, émergeant de la piste qui longe<br />
le fleuve, gravit sa berge et se trouva dans la<br />
prirtcipale rue. Ses yeux clignotèrent au soleil.<br />
Les témoins de son arrivée remarquèrent sa<br />
faiblesse et le virent chanceler quand il s'assit<br />
sur un tas de bûches. II y resta tout un jour,<br />
contemplant de ses yeux fixes le flot continu<br />
de blancs qui déferlait devant lui. Bien des<br />
têtes curieuses se détournèrent pour rencontrer<br />
son regard, et mainte remarque fut échangée sur<br />
le compte du vieux Siwash, si étrange d'aspect.<br />
Us sont innombrables ceux qui, plus tard, se<br />
rappelèrent avoir été frappés par sa tournure<br />
bizarre, et se vantèrent, par là suite, d'avoir<br />
aussitôt flairé quelque chose d'anormal.<br />
Mais le plus fort de tous devait être Dickensen,<br />
le petit Dickensen. Il était venu dans le<br />
pays avec des rêves mirifiques et les poches<br />
pleines ; mais l'argent s'était évanoui et les<br />
rêves aussi, et pour gagner de quoi retourner<br />
jusqu'aux Etats-Unis, il avait accepté une<br />
place de commis dans la maison de commerce<br />
Holbrook et Mason.<br />
Devant son bureau, de l'autre côté de la<br />
' rue, se trouvait le tas de bois sur lequel Imber<br />
était assis. Avant d'aller déjeuner, Dickensen<br />
jeta un coup d'œil par la fenêtre et vit l'homme ;<br />
à" son retour, il répéta son geste, le vieux<br />
Siwash était toujours là.<br />
Dans l'après-midi, Dickensen sortit sur le<br />
trottoir pour fumer un cigare et prendre le<br />
frais. Quelques instants après, Emilie Travis<br />
s irgissait. Elle était mignonne, délicate et<br />
originale, cette Emilie Travis ; au Klondike,<br />
elle s'habillait comme il sied à la fille d'un<br />
ingénieur de mines millionnaire. Le petit<br />
Dickensen déposa son cigare sur le rebord<br />
d une fenêtre où il'pourrait le retrouver, et<br />
souleva son chapeau.<br />
Ils bavardaient depuis dix minutes, lorsque<br />
Emilie, jetant un coup d'œil par-dessus<br />
l'épaule de Dickensen, poussa soudain un<br />
petit cri d'émoi. Lui se détourna pour voir et<br />
tressaillit aussi. Imber avait traversé la rue et se<br />
tenait debout, là, ombre affarrree et sinistre,<br />
les yeux rivés sur la jeune fille.<br />
— Que voulez-vous ? demanda le petit<br />
Dickensen d'un cœur hardi mais d'une voix<br />
tremblotante.<br />
Imber grogna quelque chose et s'avança<br />
majestueusement vers Emilie. Il promena sur<br />
elle un regard perçant et attentif. Il semblait<br />
s'intéresser tout spécialement à sa chevelure<br />
brune, soyeuse, à la couleur de sa joue, légèrement<br />
poudrée, douce comme le frais duvet<br />
d'une aile de papillon.<br />
Puis il émit quelques syllabes gutturales,<br />
tourna le dos à la jeune fille, et s'adressa à<br />
Dickensen.<br />
Celui-ci ne pouvait comprendre son discours<br />
et Emilie se mit à rire. Imber se tournait de<br />
l'un à l'autre, fronçant les sourcils, mais tous<br />
les deux hochaient la tête. Il était sur le point<br />
de s'en aller, lorsqu'elle cria :<br />
— Ohé, Jimmy ! Par ici !<br />
ife $ i<br />
JIMMY s'avança de l'autre côté de la rue<br />
C'était un Indien gras et solidement charpenté,<br />
vêtu à la mode des blancs et coiffé<br />
d'un sombrero digne d'un roi de l'Eldorado.<br />
Il échangea avec Imber quelques mots hésitants.<br />
Jimmy était un Sitkan et ne possédait<br />
qu'une connaissance rudimentaire des dialectes<br />
de l'intérieur du pays.<br />
— Lui homme tribu des Truites, dit-il à<br />
Emilie Travis. Moi pas savoir parler lui beaucoup.<br />
Lui vouloir voir chef blanc.<br />
— Le gouverneur, insinua Dickensen.<br />
Jimmy causa encore quelques instants avec<br />
l'homme des Truites, et son visage s'assombrit<br />
et devint perplexe.<br />
— Moi croire lui vouloir Capt'ne Alexandre,<br />
expliqua-t-il. Lui dire tuer homme blanc,<br />
femme blanche, garçon blanc, lui tuer beaucoup<br />
blancs.<br />
Un policeman monté (à pied pour le service<br />
du Klondike) joignit le groupe, et entendit<br />
Imber réitérer son désir.<br />
par JACK LONDON<br />
C'est en vérité toute l'apologie de la lutte des blancs<br />
et des peaux-rouges que nous présente Jack London<br />
dans ce récit qu'il aima le mieux parmi tous ceux de son<br />
œuvre considérable. Du vieil Indien qui se glorifie d'avoir<br />
tué les blancs ou des blancs qui sont allés piller les<br />
territoires du vieil Indien, qui a tort ? qui a raison ?<br />
— Allons, vous, suivez-moi, dit-il d'un air<br />
renfrogné, se frayant de l'épaule un passage<br />
à travers la foule.<br />
C'est ainsi qu'Imber arriva jusqu'aux<br />
casernes, où il fit, de lui-même, des aveux<br />
complets, et d'où il ne devait jamais plus sortir.<br />
Il paraissait exténué. Ses traits étaient tirés<br />
par la fatigue du désespoir et des ans. Ses<br />
épaules s'affaissaient et ses yeux avaient perdu<br />
tout leur éclat. Sa tignasse aurait dû être<br />
blanche» mais le soleil et les tempêtes l'avaient<br />
tellement brûlée et battue qu'elle pendait<br />
flasque, terne et sans vie. Il ne prenait aucun<br />
intérêt à tout ce qui se passait autour de lui.<br />
La salle de justice était pleine à craquer<br />
d'hommes venus des creeks et des pistes, et<br />
dans le brouhaha de leurs voix contenues, il y<br />
avait une note sinistre qui parvenait à ses<br />
oreilles comme le grondement de la mer dans<br />
les profondes cavernes.<br />
Tandis que leurs regards se concentraient<br />
sur lui et que, farouches, ils dégustaient à<br />
l'avance la peine qu'il allait encourir, Imber<br />
les contemplait, songeait à leurs manières, à leur<br />
loi qui ne dormait jamais, mais s'exécutait sans<br />
répit, que les temps fussent bons ou mauvais,<br />
pendant les inondations et la famine, malgré les<br />
tourments, l'épouvante et la mort, et qui<br />
continuerait ainsi, lui semblait-il, jusqu'à la<br />
consommation des siècles.<br />
Un homme frappa un coup sur la table. Les<br />
bourdonnements cessèrent et le silence s'établit.<br />
Imber regarda l'homme. Il lui parut être un<br />
représentant de la loi, mais le vieillard devina<br />
que le personnage au front carré, assis devant<br />
un bureau un peu plus loin par derrière, devait<br />
être le chef suprême, au-dessus même de<br />
l'homme qui avait frappé. Un deuxième indi-<br />
vidu assis à la même table se leva et se mit à lire<br />
à haute voix les feuillets d'une liasse de papier<br />
fin. Arrivé au haut de chaque page, il s'éclaircissait<br />
la voix et, au bas, il s'humectait les<br />
doigts. Imber ne saisissait pas ce qu'il disait,<br />
mais les autres le suivaient, et il comprit que<br />
cette lecture déchaînait de l'hostilité contre lui.<br />
Parfois, leur colère éclatait : un homme lui<br />
lança quelques malédictions, sèches et mordantes,<br />
mais un autre le rappela au silence.<br />
Pendant un temps interminable, l'homme<br />
continua de lire. Son débit monotone et chantant<br />
berçait Imber, qui crut sortir d'un rêve<br />
lorsque la voix cessa. Un autre parla dans sa<br />
langue maternelle, et il se leva, sans surprise,<br />
dévisageant le fils de sa sœur, un jeune homme<br />
qui avait déserté la tribu depuis de longues<br />
années déjà pour aller vivre avec les blancs.<br />
— Tu ne te souviens pas de moi, dit celui-ci<br />
en guise de salutation.<br />
— Mais si ! répondit Imber, tu es Howkan,<br />
qui s'est enfui. Ta mère est morte.<br />
— C'était une vieille femme, dit Howkan.<br />
Mais Imber n'entendait pas et Howkan,<br />
d'un coup de main sur son épaule, le réveilla.<br />
— Je vais te répéter ce que l'homme a dit :<br />
l'histoire des maux que tu as causés et que tu<br />
as révélés,espèce de fou, au capitaine Alexandre.<br />
Et tu devras me suivre et déclarer si ce<br />
que je vais dire est vrai ou faux. Ainsi le veut<br />
la loi.<br />
Howkan était tombé parmi les gens de la<br />
mission, qui lui avaient appris à lire et à écrire.<br />
Il tenait le cahier où l'homme avait lu à haute<br />
voix. Un clerc y avait consigné la confession<br />
qu'Imber avait faite par la bouche de Jimmy,<br />
au capitaine Alexandre. Howkan se mit à lire.<br />
Imber l'écoutait depuis un instant, lorsqu'une<br />
Imber se tenait là, ombre affamée et sinistre, les yeux rivés sur la jeuie fille,<br />
— Que vculez-vous? demanda le petit Dickensen d'un cœur hardi mais d'une voix tremblotante.<br />
expression d'étonnement parut sur son visage.<br />
Il s'interrompit soudain :<br />
— C'est moi qui ai dit cela, Howkan. Pourtant,<br />
cela vient de tes lèvres et tes oreilles ne<br />
l'ont pas entendu.<br />
Howkan, satisfait de lui-même, eut un<br />
sourire de béatitude. 'Ses cheveux étaient<br />
séparés sur son front.<br />
■ — Bien mieux : tout cela vient du papier,<br />
ô Imber. Mes oreilles n'ont jamais rien entendu.<br />
Cela vient du papier, par mes yeux, dans ma<br />
tête, et cela sort de ma bouche pour aller à toi.<br />
Voilà comme cela vient.<br />
— Cela vient ainsi ? C'est sur le papier ?...<br />
La voix d'Imber se confondit en un murmure<br />
de frayeur, tandis qu'il froissait les feuillets<br />
entre le pouce et l'index, les yeux attachés sur<br />
les caractères qui y étaient griffonnés.<br />
...Voilà une fameuse sorcellerie, Howkan, et<br />
tu es un faiseur de merveilles.<br />
— Cela n'est rien, cela n'est rien, répondit<br />
le jeune homme négligemment et avec suffisance.<br />
Il lut au hasard sur le document :<br />
" En cette année-là, avant la débâcle des glaces,<br />
vinrent un vieillard et un garçon qui boitait.<br />
Ceux-là, je les ai tués aussi, et le vieux fit beaucoup<br />
de bruit... "<br />
— C'est vrai, interrompit Imber d'une voix<br />
entrecoupée. Il fit beaucoup de bruit et pendant<br />
longtemps il ne voulait pas mourir. Mais<br />
comment le sais-tu, Howkan ? Le chef des<br />
blancs,te l'a dit, sans doute ? Personne ne m'a<br />
vu et à lui seul je l'ai dit.<br />
Howkan hocha la tête avec impatience :<br />
— Ne t'ai-je pas dit que cela était sur le<br />
papier, ô fou !<br />
* * *<br />
I<br />
MBER regarda durement la surface barbouillée<br />
d'encre.<br />
— Comme le chasseur qui cherche dans la<br />
neige dit : ici, pas plus tard qu'hier, est passé<br />
un lapin ; près du buisson de saules, il s'est<br />
arrêté, a tendu l'oreille, il a entendu et il a eu<br />
peur, et plus loin, il est revenu sur la piste et<br />
il s'est enfui à toute allure, avec de larges<br />
bonds ; et là, à une vitesse double et avec des<br />
sauts plus longs, arriva un lynx ; à cet endroit,<br />
où les griffes ont creusé profondément la<br />
neige, le lynx fit un énorme bond, puis il<br />
atteignit le lapin, le roula sous lui, ventre en<br />
l'air ; et, à partir d'ici, on ne voit plus que la<br />
trace du lynx, et il n'y a plus de lapin; comme<br />
le chasseur examine les marques sur la neige<br />
et dit : voyez ici toute l'histoire, ainsi toi;<br />
pareillement, tu regardes le papier et tu dis :<br />
voyez ici toute l'histoire des méfaits que le<br />
vieux Imber a con-mis.<br />
— C'est cela même, dit Howkan. Et maintenant,<br />
veuille écouter et garder ta langue de<br />
femme dans ta poche jusqu'à ce qu'on te donne<br />
la parole.<br />
Là-dessus, et pendant longtemps, Howkan<br />
lui lut la confession, et Imber demeura rêveur<br />
et silencieux. A la fin, il dit :<br />
— Ce sont mes paroles, mes vraies paroles,<br />
mais je deviens vieux, Howkan, et il me revient<br />
des souvenirs depuis longtemps effacés que ce<br />
chef là devrait bien connaître. D'abord, je vais<br />
te parler de l'homme qui franchit la montagne<br />
de glace avec des trappes de sorcier en fer, qui<br />
poursuivait les castors de la rivière aux Truites.<br />
Je l'ai tué. Puis vinrent trois hommes qui<br />
cherchaient de l'or sur la rivière, il y a bien<br />
longtemps. Ceux-là aussi je les ai tués et abandonnés<br />
aux wolverines. Et j'ai vu, aux Five-<br />
Fingers, un homme sur un radeau, chargé de<br />
beaucoup'de viande.<br />
Pendant les intervalles, où Imber s'arrêtait<br />
pour fouiller dans sa mémoire, Howkan traduisait<br />
et un clerc résumait ses paroles par<br />
écrit. L'auditoire écoutait, bouche bée, chacune<br />
des petites tragédies racontées dans toute leur<br />
brutalité, jusqu'au moment où Imber parla<br />
d'un homme aux cheveux roux et aux yeux<br />
louches, qu'il avait tué à une très longue portée.<br />
— Malédiction ! proféra un homme qui se<br />
trouvait au tout premier rang des spectateurs. Sa<br />
voix était émue et douloureuse. Il avait, lui aussi,<br />
la tête flamboyante. " C'était mon frère Bill! "<br />
Et, à intervalles réguliers, pendant toute la<br />
séance, son solennel juron se fit entendre dans<br />
toute la salle. Ses camarades ne l'interrompirent<br />
pas, et l'homme assis à la table ne frappa<br />
point pour le rappeler à l'ordre.<br />
La tête d'Imber s'affaissa une fois de plus et<br />
son regard devint terne, comme si un nuage<br />
s'était levé et lui avait intercepté le monde. Et<br />
il rêva, comme seuls les vieillards peuvent le<br />
faire, sur l'immense futilité de la jeunesse.<br />
Ensuite, Howkan le réveilla et lui dit :<br />
— Debout, ô Imber. La loi ordonne que
minraii LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> • "»'» • miiiiiiiiimïiiiii niiiinmiiiniiinniiirauiiniinii 7 iiiiiiiiiiiiïiiiiiiiiiiiiniiiiin iiiiiiiHiiiniiiiiiiiniinniminiiimiiiiiiiiiiriiiiiii EXCELSIOR-DIMANCHE «iminai<br />
tu racontes pourquoi tu as causé toutes ces<br />
peines, pourquoi tu as tué ces gens, et pourquoi,<br />
enfin, tu as cheminé jusqu'ici pour réclamer la<br />
loi.<br />
Imber se leva faiblement et se dodelina en<br />
avant et en arrière. Il se mit à parler d'une voix<br />
basse et un peu grondante, mais Howkan<br />
l'interrompit.<br />
— Cet homme est un vieux fou, dit-il en<br />
anglais à l'homme au front carré. Sa conversation<br />
est stupide ; il parle comme un enfant.<br />
— Nous voulons entendre ses paroles qui<br />
ressemblent à celles d'un enfant, dit l'homme<br />
qui venait d'être interpellé. Et nous voulons<br />
les entendre, sans en perdre une seule, telles<br />
qu'elles sortiront de sa bouche. Comprenezvous<br />
?<br />
Howkan avait compris, et un éclair passa<br />
dans les yeux d'Imber, car il avait vu clairement<br />
le jeu du fils de sa sœur vis-à-vis du<br />
représentant de la loi.<br />
Et alors commença l'histoire épique d'un<br />
patriote endurci, qu'on aurait dû graver dans le<br />
bronze pour les générations futures.<br />
U<br />
* & A<br />
N étrange silence pesait sur la foule. Le<br />
juge au front carré prit sa tête dans ses<br />
mains et scruta son âme et celle de sa<br />
race. On entendait seulement les intonations<br />
graves d'Imber, alternant rythmiquement avec<br />
la voix perçante de l'interprète, et, de temps<br />
à autre, comme un glas, le juron obstiné de<br />
l'homme aux cheveux roux.<br />
— " Je suis Imber, de la tribu des Truites ".<br />
Ainsi commençait la traduction de Howkan.<br />
Sa barbarie innée reprenait ses droits et, à<br />
mesure qu'il se laissait gagner par le rythme et<br />
le timbre sauvage de l'histoire du vieil Indien,<br />
il perdait le vernis de civilisation acquis à la<br />
mission.<br />
" ... Mon père était un Otsbaok, un rude<br />
homme. Le soleil et l'allégresse réchauffaient<br />
la terre au temps de mon enfance. Les gens ne<br />
désiraient pas monts et merveilles, n'écoutaient<br />
pas l'appel de nouveaux besoins et les mœurs<br />
de leurs pères étaient les leurs. Les femmes<br />
trouvaient grâce aux yeux des jeunes hommes<br />
et ceux-ci les regardaient avec plaisir. Les<br />
bébés étaient suspendus aux seins des femmes,<br />
dont les maternités successives avaient élargi<br />
les hanches. Les hommes étaient des hommes,<br />
en ces temps-là. Dans la paix et l'abondance,<br />
dans la guerre comme dans la famine, ils<br />
restaient des hommes.<br />
" Il y avait alors beaucoup plus de poissons<br />
dans l'eau qu'aujourd'hui, et aussi plus de<br />
viande dans la forêt. Nos chiens étaient des<br />
loups, protégés par leurs peaux épaisses et<br />
endurcis au froid et à la tempête. Et il en était<br />
de même de nous, car nous ne redoutions ni<br />
l'un ni l'autre. Et quand les Pellys pénétrèrent<br />
dans notre terre, nous les tuâmes et laissâmes<br />
des nôtres. Parce que nous étions des hommes,<br />
nous autres de la tribu des Truites, et nos<br />
aïeux et nos pères avaient combattu contre les<br />
Pellys et fixé les limites de notre terre.<br />
" Un jour apparut le premier blanc. Il se<br />
traînait comme ça, sur les genoux et les mains,<br />
dans la neige. II avait la peau collée aux os.<br />
Aucun d'entre nous ne se rappelait avoir vu<br />
pareil homme, et nous nous demandions à<br />
quelle tribu il appartenait, et à quelle terre. Et<br />
il était faible, très faible, comme un petit<br />
enfant. Aussi nous lui offrîmes une place à notre<br />
feu, de chaudes fourrures pour se coucher et de<br />
la nourriture comme on en donne aux jeunes<br />
enfants.<br />
" 11 était accompagné d'un chien, trois fois<br />
plus gros que les nôtres, et très affaibli lui aussi.<br />
Ce chien avait un poil ras qui ne le garantissait<br />
pas du tout du froid, et la queue était à tel<br />
point gelée que le bout s'en détacha. Nous lui<br />
offrîmes à manger, à cet étrange animal, nous<br />
le fîmes s'étendre près du feu et nous le<br />
défendîmes contre nos chiens, qui autrement<br />
l'auraient massacré. Et, grâce à la viande d'élan<br />
et au saumon séché au soleil, l'homme et le<br />
chien reprirent leurs forces ; ils s'engraissèrent<br />
et se montrèrent arrogants. L'homme parlait<br />
haut.se moquait des vieux hommes et des jeunes<br />
et regardait les filles avec effronterie. Le chien<br />
se battit avec les nôtres et, malgré son poil ras<br />
• et sa mollesse, il en tua trois le même jour.<br />
" Quand nous posâmes à notre hôte des<br />
questions sur les gens de son pays, il répondit :<br />
" J'ai beaucoup de frères ', puis il fit entendre<br />
un rire qui sonnait faux. Une fois ses forces<br />
tout à fait revenues, il s'éloigna, et Noda, la<br />
fille du chef, le suivit.<br />
" Ce n'était que le commencement. Survint<br />
un second homme blanc, accompagné de chiens<br />
au poil ras, qu'il laissa derrière lui après son<br />
départ. 11 emmena six de nos plus forts chiens<br />
contre lesquels il avait troqué, avec Koo-So-<br />
Tee, le frère de ma mère, un pistolet merveilleux<br />
qui tirait six coups très rapides. Koo-So-<br />
Tee était déjà très fier. Ce fut bien autre chose<br />
lorsqu'il eut le pistolet. Il se moquait de nos<br />
flèches et de nos arcs. " Bon pour les femmes ",<br />
disait-il, et il partait à la rencontre de l'ours<br />
Ma flèche chanta dans l'air, tout droit, jusqu'à sa gorge, et il apprit ce que je voulais de lui. Le deuxième homme,<br />
qui tenait les pagaies à l'arrière, amenait son rifle à mi-épaule lorsque le premier ,de mes javelots le transperça.<br />
dent de chasser la " gueule chauve "au pistolet,<br />
mais, alors, comment aurions-nous pu le savoir,<br />
lui et nous ? Il marcha donc, très brave, contre<br />
l'ours et lui envoya six coups de feu très<br />
rapides. La gueule chauve ne fit que grogner<br />
et le broya dans son étreinte. Comme le contenu<br />
d'un œuf brisé, ou comme le miel qui coule<br />
du nid des abeilles, la cervelle de Koo-So-Tee<br />
dégoutta sur le sol. C'était un-bon chasseur, et<br />
il n'avait pas son pareil pour rapporter de la<br />
viande à sa squaw et à ses enfants. Sa mort<br />
nous fut sensible et nous fit penser que ce qui<br />
est bon pour les hommes blancs ne l'est pas<br />
pour nous. Et c'est la vérité : les blancs peuvent<br />
être nombreux et gras, mais leurs actes nous<br />
ont rendus rares et maigres.<br />
D ! autres blancs vinrent au cours des<br />
années et, séduits par l'argent et les présents,<br />
nos jetines hommes partirent avec eux. Parfois,<br />
ils revenaient avec d'étranges récits des dangers<br />
et fatigues qu'ils avaient encourus dans les<br />
terres au-delà des Pellys. Parfois aussi, on ne<br />
les revoyait plus. '<br />
"Et nous disions : s ils font aussi bon<br />
marché de leur «je, ces hommes blancs, c'est<br />
qu'ils en possèdent jilusieurs ; mais nous nous<br />
faisons rares, nous autres de la tribu des<br />
Truites, et les jeunes gens ne s'en iront plus.<br />
Ils continuèrent à nous abandonner ; les<br />
femmes s'y mirent aussi, et notre courroux<br />
ne connut plus de bornes.<br />
" 11 est vrai que nous mangions de la farine,<br />
du porc salé et que nous buvions du thé qui<br />
était un vrai délice ; seulement, quand nous ne<br />
pouvions nous en procurer, nous en souffrions,<br />
nous devenions avares de paroles et prodigues<br />
de colère. En sorte que nous finîmes par désirer<br />
avidement les choses que les blancs apportaient<br />
dans leur commerce. Le Commerce ! le<br />
: Commerce ! On n'entendait que ce mot-là !<br />
erizzly à gueule chauve, pistolet en main. Tout Un hiver, nous troquâmes notre viande contre<br />
r i 1 , il « i î<br />
le monde sait maintenant qu'il n'est pas pru- ' des pendules qui ne marchaient pas. des<br />
montres aux i ressorts brisés, des limes aux<br />
dents usées et des pistolets sans cartouches.<br />
Alors vint la famine. Nous nous retrouvâmes<br />
sans viande et vingt d'entre nous moururent<br />
avant le printemps.<br />
" Maintenant que nous sommes faibles ',<br />
disions-nous, " les Pellys vont fondre sur nous<br />
et renverser nos frontières. Mais de notre<br />
sort, les Pellys avaient eu leur part et ils étaient<br />
trop faibles pour nous attaquer. i<br />
" Mon père, Otsbaok, un rude homme, était<br />
devenu vieux et très sage. Il parla au chef :<br />
— Regarde ! nos chiens ne valent rien.<br />
Ils n'ont plus de force. Leurs fourrures<br />
épaisses s'en sont allées et ils meurent de froid<br />
sous le harnais. Allons au village et tuons-les<br />
Gardons seulement les chiennes-louves et<br />
avec les loups sâuvages de là forêt,' nous<br />
aurons des chiens poilus et solides.<br />
" On écouta ses paroles-. Et la Tribu des<br />
Truites fut renommée pour-ses chiens, qui<br />
n'avaient pas d'égaux dans le pays. Mais nous,<br />
les hommes, nous n étions pas renommés<br />
pour nous-mêmes. La fleur de nos jeunes<br />
gens et de nos femmes étaient partis avec les<br />
blancs, au hasard des pistes et des fleuves,<br />
vers des régions lointaines. Les jeunes gens<br />
revenaient parfois s asseoir pendant quelque<br />
temps à notre feu, mais leur langage et leurs<br />
manières étaient devenus grossiers. Ils absorbaient<br />
des mauvaises boissons, passaient de<br />
longs jours et de .longues nuits à jouer, le<br />
cœur plein d inquiétude, jusqu'au jour où,<br />
répondant à l'appel des blancs, ils repartaient<br />
avec eux vers des endroits inconnus. Ils<br />
avaient à jamais perdu l'honneur et le respect<br />
d'eux-mêmes. Ils raillaient les coutumes<br />
traditionnelles et riaient au nez des chefs et<br />
des shamans.<br />
"Aussi vrai que je le dis, nous autres,<br />
hommes de la tribu des Truites, nous étions<br />
devenus une race abâtardie. Nous vendions '<br />
nos chaudes fourrures et nos peaux pour du<br />
tabac, du whisky, des franfreiuches de coton<br />
sous lesquelles nous grelottions. La maladie<br />
de la toux s'abattit sur nous ; hommes et<br />
femmes, nous n'arrêtions pas de tousser et<br />
de transpirer durant les- longues nuits, et les<br />
chasseurs sur la piste crachaient du sang<br />
dans la neige. La bouche pleine de caillots,<br />
1s mouraient les uns après les autres. Les<br />
femmes portaient peud'eiifants, et ceux qu'elles<br />
mettaient au monde étaient débiles et sacrifiés<br />
d'avance à cette maladie.<br />
" Cependant — et voici où la chose devient<br />
étrange — les blancs viennent comme l'haleine<br />
de la mort ; tous leurs procédés conduisent<br />
à la mort : et ils ne meurent pas. A eux le<br />
whisky, le tabac, les chiens à poil ras ; à eux<br />
les nombreuses maladies, la toux et la bouche<br />
écumante de sang ; à eux, enfin, les pistolets<br />
qui tirent six coups très rapides et ne valent<br />
rien. Ces nombreux fléaux ne les empêchent<br />
pas d'engraisser, de prospérer, d'abattre une<br />
lourde main sur le monde entier et d'en fouler<br />
aux pieds les populations. Et leurs femmes<br />
sont délicates et fragiles comme de petits<br />
enfants, mais elles ne se brisent jamais et<br />
elles enfantent des hommes. Et de toute cette<br />
faiblesse, maladie et douceur, naissent la<br />
force, le pouvoir, l'autorité. Eux sont les<br />
diables, ou les dieux, suivant le cas. Je n'en<br />
sais rien. Que sais-je, moi, le vieil Imber de<br />
la tribu des Truites ?<br />
" Ainsi la viande dans la forêt diminua de<br />
plus en plus. C'est vrai : le fusil du blanc<br />
est sans pareil et tue à une très grande distance;<br />
mais, à quoi bon le fusil, lorsqu'il n'y a plus<br />
de viande à tuer? Aux jours de mon enfance,<br />
l'élan abondait sur chaque colline, et chaque<br />
année, le caribou venait par bandes innombrables.<br />
Mais, à présent, le chasseur a beau<br />
prendre la piste pendant dix jours, pas un<br />
élan ne réjouira sa vue, et le caribou familier<br />
n'a pas reparu. Je le répète : à quoi sert le<br />
fusil tuant à longue portée, quand il ne reste<br />
plus rien à tuer?<br />
" Et moi, Imber, je songeais à tout cela,<br />
tandis que je voyais les Truites et les Pellys,<br />
et toutes les tribus du pays, disparaître comme<br />
avait disparu la viande de la forêt. Je m'absorbai<br />
longtemps dans ces réflexions. Je pris conseil<br />
des shamans et des vieillards, tous hommes<br />
sages. Je m'écartai du village afin de ne pas<br />
être dérangé par ses bruits, et je ne mangeai<br />
pas de viande pour que le poids de mon ventre<br />
ne gênât pas mon ouïe et ma vue. Je m'assis<br />
de longues heures, sans dormir, dans la forêt,<br />
les yeux grands ouverts, les oreilles patiemment<br />
tendues, dans l'espoir du signe, du mot,<br />
qui allait peut-être venir. Et j'errai seul dans<br />
la nuit noire jusqu'à la berge du fleuve, où<br />
j'entendais les plaintes'du vent et les sanglots<br />
de l'eau. J'étais venu demander la sagesse aux<br />
ombres des vieux shamans, parmi les arbres<br />
et les choses mortes.<br />
" Et, à la fin, comme dans une vision, les<br />
chiens détestables à poil court s'approchèrent<br />
de moi et j'aperçus la voie à suivre. Par la<br />
sagesse d'Otsbaok, mon père, un rude homme,<br />
le sang de nos chiens-loups n'avait pas été<br />
souillé ; par suite, ils avaient conservé la chaleur<br />
de leur peau et la force au harnais. Je<br />
retournai donc au village et fis cette harangue<br />
aux hommes : " C'est une tribu, ces hommes<br />
blancs, dis-je. Une très grande tribu et sans<br />
doute ne reste-t-il plus de viande dans leur<br />
pays. Ils sont venus parmi nous dans l'intention<br />
de se faire une nouvelle patrie. Mais ils nous<br />
affaiblissent et nous périssons. Ce sont des<br />
gens très voraces. Déjà, ils nous ont supprimé<br />
notre viande et il serait bon, si nous voulons<br />
vivre, d'agir envers eux comme nous avons<br />
agi envers leurs chiens.<br />
E<br />
T je poursuivis mon discours. Je leur con-<br />
seillai la lutte. Les hommes de la tribu des<br />
Truites prêtaient tous l'oreille. Les uns<br />
disaient ceci, les autres cela, et d'aucuns parlaient<br />
de choses tout à fait en dehors et sans la<br />
moindre importance. Pas un n'eut le courage<br />
de réclamer des actes et la guerre. Laissant de<br />
côté les jeunes, mous comme l'eau et effrayés,<br />
je regardais les vieux hommes assis en silence,<br />
et je voyais, dans leurs yeux, des flammes<br />
aller et venir. Et plus tard, quand le village<br />
se fut endormi, et à l'insu de tous, j'attirai<br />
les vieux loin dans la forêt et leur parlai<br />
encore. Et alors nous fûmes tous d'accord.<br />
Nous évoquâmes les bons jours passés, notre<br />
terre libre ; les époques d'abondance, et la<br />
joie, et le soleil ; nous nous appelâmes frères<br />
et nous jurâmes d'observer le secret le plu3<br />
absolu : de nettoyer la terre de l'engeance<br />
malfaisante qui l'avait envahie. Nous étions<br />
des fous, c'est simple à voir, mais comment<br />
pouvions-nous le comprendre, nous autres,<br />
vieillards de la tribu des Truites ?<br />
" Et pour leur donner du cœur au ventre,<br />
j'accomplis le premier exploit. Je montai la<br />
garde sur le Yukon jusqu'à ce que je vis<br />
descendre la première pirogue. Deux hommes<br />
(Lire la suite page 15.)
munit EXCELSIOR - DIMANCHE ■lEiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiniiiiiiiiitiiiiitiiiiiiiiiiiiiintitiiii £ iiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiKiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiHiiHiiiHii 1 ^) 11 POUR
E IN F A N T S •■■•■■•■.■■iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHHHi iiiiiiinuiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ■■iiiiiiiiiiiiiiin § iiiinnniimiiiiiiiiiiiiii min iiiiiiiiiiuii iiiiiiuiiiiiiiiin EXCELSIOR-DIMANCHE<br />
niir-..tT N'ou&uiE PAb.B'coT, ouE. \<br />
UOUb ALLONÇ,CET APRÉb MIDI Au<br />
CIR.OUE AVEC LE-b RICHARD ET<br />
OH .'ENCORE<br />
, AVÈ.C CE-S<br />
y. EN NU Y" EUX?<br />
/'BRAVO I JE v.Aib GiACNerv<br />
OE L'ARùt-NT-ET PU»S JE-<br />
TÂCHERA» DE ME. FAUFILER<br />
DANb LE Cl ROUE _£Oi"tMÊ,CA<br />
JE NE SERAI pAb CONDAMNE.<br />
A LA SOCIÉTÉ OÊ CE"? ÇtN'a,<br />
EN NuyeUXv,<br />
^IEL^ÇL/E Cf_b ÉLÉPHAMÏS<br />
2>ONT ALTÉRÉS ! fe.A FAIT "<br />
\ LE DIXIEME SE-AU ÇOE-<br />
| JE L£oR APPORTE '
imiiiuM EXCELSIOR-DIMANCHE mmnm iiiimmiiiii iiiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii 10 IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII iiiiiiiiiii iniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii n IIIIIIIIIIII LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> imum*<br />
JE VOUDRAIS BIEN SAVOIR...<br />
Comment est organisée la justice ?<br />
L<br />
A France est organisée en quatre espèces<br />
de juridictions différentes par leur objet,<br />
leur but et leur magistrature :<br />
1 0 Les juridictions civiles. Elles comprennent<br />
les justices de paix, les tribunaux de première<br />
instance, les cours d'appel ;<br />
2° Les juridictions criminelles. Elles comprennent<br />
les tribunaux de simple police, les<br />
tribunaux correctionnels, tes cours d'appel,<br />
les cours d'assises ;<br />
3° Les juridictions commerciales. Elles<br />
comprennent les conseils de prud'hommes<br />
et les tribunaux de commerce.<br />
4° Les juridictions administratives. Elles<br />
comprennent les conseils de préfecture, le<br />
conseil d'Etat, la cour des Comptes, les conseils<br />
de guerre, les tribunaux maritimes et toutes<br />
autres juridictions exceptionnelles.<br />
La cour de cassation est une juridiction<br />
en dernier ressort, placée au-dessus des<br />
premières.<br />
A A 4o<br />
Ce que l'État (ait pour le repeuplement<br />
des chasses ?<br />
L<br />
ES régions de la France qui servaient de<br />
théâtre aux opérations de guerre sont,<br />
en effet, gravement dépeuplées en gibier.<br />
Le gouvernement avait essayé d obtenir<br />
de l'Allemagne une restitution de diverses<br />
espèces de gibier, comme pour le cheptel.<br />
Mais l'Allemagne ne s'exécuta pas.<br />
Le ministère de 1 Agriculture prévoit donc —<br />
et c est actuellement le seul recours — quelquss<br />
crédits à allouer sur son propre budget aux<br />
présidents de sociétés de chasse, aussi bien<br />
des régions dévastées par la guerre que des<br />
autres contrées de France.<br />
Une demande doit être adressée dans<br />
ce sens à l'inspecteur des eaux et forêts<br />
local, qui la transmet au ministère de l'Agriculture.<br />
11 va sans dire que, seules, bénéficient de<br />
ces crédits les sociétés de chasse qui sont susceptibles<br />
d'entreprendre une œuvre de repeuplement<br />
de gibier d intérêt général.<br />
A A<br />
Combien il y a de kilemètres de lignes<br />
de Métro dans Faris; quelles sont les<br />
lignes projetées et quelle longueur elles<br />
représenteront ?<br />
L<br />
E Métropolitain comprend actuellement<br />
12 lignes dont six sont entièrement<br />
achevées et exploitées, les six autres<br />
n'étant que partiellement exploitées. Le kilométrage<br />
total d'exploitation est de 95 km. 296.<br />
Les six lignes non achevées et dont le<br />
prolongement est projeté, sont les suivantes :<br />
Ligne n° 7. — Palais-Royal-Porte d'Ivry<br />
(8 km. 320) ; - ;<br />
Ligne n° 8. — Opéra-Porte Dorée (9km.).<br />
Ligne n° 9. — Carrefour Richelieu Drouot-<br />
Porte de Montreuil (7 km. 379) ;<br />
Ligne n° 10. — Invalides-Bastille (8 km. 52).<br />
(Cette ligne est déjà entièrement construite<br />
entre les Invalides et la rue Dufour et partiellement<br />
construite de la rue Dufour au boulevard<br />
Saint-Michel. C'est la seule ligne.d'ailleurs,<br />
où les travaux aient été exécutés : les<br />
autres lignes n'étant qu'à l'état de projet) ;<br />
Ligne n° 11. — Porte des Lilas-Hôtel de<br />
Ville (5 km. 729) ;<br />
Ligne n° 12. — Porte d'Orléans-Porte<br />
d'Italie (3 km. 02).<br />
Lorsque ces six lignes seront terminées,<br />
elles représenteront une nouvelle longueur<br />
d'environ 44 kilomètres, ce qui, ajouté aux<br />
95 kilomètres déjà existants, représentera<br />
une exploitation totale de plus de 139 kilomètres.<br />
L'exploitation définitive du réseau ^est<br />
d'ailleurs prévue que d'ici une dizaine d années.<br />
Comment on fait un testament ?<br />
L<br />
A condition que le Code exige d'une<br />
manière spéciale, c est que le testateur<br />
soit sain d'esprit. L'imbécillité, la démence<br />
et 'la fureur '. pour rendre inhabile à<br />
tester, n ont pas besoin d être légalement constatées<br />
au moyen d'une interdiction judiciaire.<br />
Tout ce qui priverait le testateur de sa liberté<br />
morale, comme 1 ivresse, une passion injuste<br />
et violente-, la captation et la suggestion,<br />
peuvent, pourvu que les faits soient graves et<br />
concluants, motiver une demande en nullité<br />
de l'acte testamentaire. Sont incapables de<br />
disposer par testament : le mineur âgé de moins<br />
de seize ans, l'interdit, et celui qui est mort<br />
civilement, par suite d'une condamnation à<br />
une peine afflictive perpétuelle.<br />
an i iiiiiiui uiiiinuiHiiiiiiiiiillHIHiiuiiiliiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii""" iiiiiiiiiiiiHiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiï<br />
ï Cette rubrique est ouverte à ious nos lecteurs. Elle leur |<br />
I permettra de se tenir en contact constant avec leur journal §<br />
| qui les renseignera volontiers sur tous les faits d'un intérêt §<br />
général et d'ordre documentaire ou pratique.<br />
r.lli!iBillI!E|]IEIMtllllIllllfl>llllEIIIIIIIlllIIllllllIill[llllllIIMIIS1iltI>II>lilIltllIlllIIIIIttlIIIIIi:ii:iEtlllIIIIIll ! I ■ Il ■ ■ 11 ■ ■ 1111N1111 il I II ■ ■ 11 ■ III11 II i: 13 ] gT<br />
La femme mariée peut tester sans l'autorisation<br />
de son mari. La loi n'a point égard à<br />
l'incapacité passagère, qui serait survenue<br />
dans le temps intermédiaire entre le testament<br />
et le décès.<br />
La loi accorde à l'intéressé la liberté du choix<br />
entre trois formes de testaments : 1° le testament<br />
olographe ; 2° le testament par acte 'public<br />
ou notarié ; 3° le testament mystique.<br />
Le testament olographe est celui que le testateur<br />
rédige, date et signe de sa propre main.<br />
Le testament par acte public ou notarié doit<br />
être reçu par un notaire en présence de quatre<br />
témoins, ou par deux notaires, en présence<br />
de deux témoins: Le Code exige, à peine de<br />
nullité, que le testament soit dicté par le testateur<br />
au notaire ou à l'un des notaires rédacteurs,<br />
qu'il soit écrit par le notaire tel qu'il est<br />
dicté, que lecture en soit donnée au testateur<br />
en présence des témoins, qu'il soit signé du<br />
testateur — ou que mention soit faite qu il<br />
ne peut signer — et des témoins. Le testament<br />
mystique ou secret est celui que le testateur<br />
écrit ou lait écrire, signe, et présente, clos et<br />
scellé à un notaire qui dresse un acte de dépôt.<br />
Ce dépôt se fait en présence de six témoins<br />
qui signent l'acte de suscription avec le testateur.<br />
Un testament annule les précédents et c est<br />
le dernier en date qui est seul valable.<br />
A * *<br />
Si les piqûres de vipères sont mortelles ?<br />
C<br />
ES serpents venimeux sont assez rares<br />
en France, et l'on peut parfaitement<br />
s'en protéger. Le moyen préventif est<br />
de porter des souliers de cuir montants et des<br />
guêtres.<br />
Le moyen curatif est le suivant : ligaturer<br />
immédiatement le membre piqué pour en<br />
arrêter la circulation ; élargir la plaie à l'aide<br />
d'une pointe de canif trempé préalablement<br />
dans l'alcool ; layer cette plaie avec une solution<br />
d hypochlorite à 1/60 ; injecter 20 centimètres<br />
cubes du sérum découvert par le<br />
docteur Calmette (10 centimètres cubes pour<br />
les enfants et les chiens).<br />
Il est évident qu'on doit posséder sur soi,<br />
quand on s'engage dans une région habitée<br />
par les vipères : l'alcool, le canif, la solution<br />
d'hypochlonte, la seringue de Pravaz et le<br />
sérum de Calmette. Pour ce dernier, d ailleurs,<br />
l'Institut Pasteur en délivre des doses, sous<br />
forme de paillettes, qu'on fait dissoudre dans<br />
l'eau bouillie au moment de s'en servir.<br />
A ce prix, la piqûre de vipère n'est iamais<br />
mortelle.<br />
A A A<br />
Quand les premiers sous-marins firent<br />
leur apparition?<br />
L<br />
E premier type connu d'un bateau destiné<br />
à aller sous l'eau date de 1624. Il fut<br />
inventé par un Hollandais, Van Drebble<br />
Carmelis, et expérimenté à Londres, dans la<br />
Tamise. Le roi Jacques I er y pénétra et fut<br />
ainsi le premier chef d'Etat qui pratiqua la<br />
navigation sous-manne.<br />
A la fin du XVIII E siècle, Fulton, venu en<br />
France, pour aider Napoléon dans sa lutte<br />
contre l Ângleterre, voulut mettre à sa disposition<br />
des " nautiles " ou bateaux plongeurs.<br />
Laplace et Monge . le soutenaient. Mais<br />
Decrés, le ministre de la Marine d'alors, le<br />
combattit, et Napoléon, plus clairvoyant d'ordinaire,<br />
ne crut pas en Fulton.<br />
Plusieurs chercheurs depuis s'attaquèrent<br />
au problème sous-marin, théoriquement et<br />
pratiquement, et en 1864, Aunley et Dixon,<br />
durant la guerre de Sécession, trouvèrent la<br />
mort à bord du David, qui avait été inventé<br />
par Aunley et qui, un jour, ne put remonter<br />
à la surface. Aunley périt asphyxié. Quant au<br />
David, il fut renfloué et à son bord Dixon alla<br />
faire^-sauter la corvette à vapeur Hansatannic,<br />
mais l'explosion fit couler aussi le sous-marin,<br />
et Dixon périt avec lui.<br />
Le premier sous-marin construit en France<br />
fut le Gymnote. Il date de 1888. Il avait<br />
17 mètres de long. Construit dix ans plus<br />
tard, le Gustave-Zédé (il portait le nom de son<br />
inventeur), long de 48 mètres, réussit à faire,<br />
complètement immergé, plus de 12 kilo-<br />
IIHVÏFÎS à l'heure. Le président Emile Loubet.<br />
en 1901, effectua à son bord une plongée de<br />
vingt minutes. Puis Goubet et Laubeuf<br />
vinrent et, par les perfectionnements qu'ils y<br />
apportèrent, permirent aux sous-marins d'affronter<br />
la haute mer et de devenir les redoutables<br />
appareils de combat qu'ils sont aujourd'hui.<br />
* * *<br />
Si les exportations et les importations<br />
de la France sont revenues au niveau<br />
de celles d'avant-guerre?<br />
E<br />
N examinant le tableau comparatif en<br />
valeur et en tonnage de nos importations<br />
et de nos exportations, pour les<br />
sept premiers mois des années 19<strong>23</strong>, 1922<br />
et 1913 (cette dernière étant considérée comme<br />
la dernière année normale d'avant-guerre,<br />
on relève les chiffres suivants :<br />
1° Importations. — Le total de nos importations<br />
(objets d'alimentation, matières nécessaires<br />
à l'industrie — dont houille crue, carbonisée<br />
et agglomérée — objets fabriqués), pour<br />
les sept premiers mois de cette année, s élève<br />
à la somme de 17.305.107.000 francs, pour<br />
30.555.462 tonnes, présentant ainsi une augmentation<br />
de 4.672.979.000 francs et 1.898.382<br />
tonnes par rapport à 1922, et une augmentation<br />
de 12.394.527.000 francs et 4.901.683<br />
tonnes par rapport a 1913.<br />
2° -Exportations. — Le total de nos exportations<br />
(objets d'alimentation, matières nécessaires<br />
à l'industrie, objets fabriqués et colis<br />
postaux) atteint la somme de 16.585.246.000<br />
francs pour 13.320.665 tonnes, présentant<br />
ainsi une augmentation de 4.945.777.000 francs<br />
et 1.794.053 tonnes par rapport à 1922, et<br />
une augmentation de 12.674.363.000 francs et<br />
1.767.819 tonnes, par rapport à 1913.<br />
On voit par ces chiffres, que le commerce<br />
actuel de la France s'est considérablement<br />
relevé depuis l'armistice, et que son importance<br />
même a dépassé celle d'avant-guerre.<br />
A A A<br />
De qui est ce vers : " Glissez mortels,<br />
n'appuyez pas? "<br />
I<br />
L a été écrit dans la première moitié du<br />
XVIII E siècle pour les... patineurs. A cette<br />
époque, vivaient le graveur Larmessin et le<br />
poète Roy. Le patinage avait les honneurs de la<br />
cour. Au-dessous d'une estampe du graveur, le<br />
poète avait écrit ce quatrain :<br />
Sur un mince cristal, l'hiver conduit vos pas.<br />
Le pré:ipce est sous la glace,<br />
Telle est de vos plaisir; la légère surface.<br />
Glissez morlels, n'appuyez pas.<br />
Et il a peut-être été inspiré au poète par<br />
des accidents, mais il a plus fait pour sa<br />
mémoire que ses opéras, ses ballets et ses<br />
tragédies.<br />
A A A<br />
A combien on peut évaluer le nombre<br />
des bicyclettes qui roulent en France?<br />
I<br />
L y a une vingtaine d'années, en 1902, on<br />
comptait sur l'ensemble du territoire<br />
831.739 vélocipèdes. Cinq années pins<br />
tard, en 1906,1 effectif de ces appareils en circulation<br />
se trouvait porté à 1.790.679. Déjà,<br />
en cinq ans, le nombre des vélocipèdes ordinaires<br />
avait donc plus que doublé.<br />
Mais ce fut, à vrai due, l'application des<br />
dispositions de la loi du 31 janvier 1907 qui fit<br />
laire un bond prodigieux au cyclisme. On sait,<br />
en effet, qu'une disposition de cette loi a<br />
ramené de 6 francs à 3 francs le taux del impct<br />
frappant les vélocipèdes. Toutefois, l'impôt<br />
devait êtie perçu d après le nombre de places<br />
que comptait l'appareil. Cette mesure de<br />
bienveillance eut pour conséquence directe<br />
d accroître singulièrement la circulation des<br />
vélocipèdes. En 1907. le nombre des plaques<br />
à 3 francs vendues et correspondant au nombre<br />
des places des appareils s'éleva à 2.059.740. —<br />
Discns entre parenthèses que le nombre des<br />
appareils est à peu près égal à celui des<br />
places. — A compter de cette date, l'effectif<br />
des vélocipèdes ne fit que s'enfler. En<br />
1910, l'impôt frappait 2.980.985 places, puis<br />
à iï veille de la guerre, au 1 er janvier 1914,<br />
3.552.447.<br />
Comme bien on pense, durant les hostilités,<br />
par suite de la mobilisation, le nombre<br />
des cycles diminua fortement. Ce n'est qu'à<br />
partir de 1919 que le cyclisme reprenait tout<br />
son essor. Au cours de cette année, 3.229.315<br />
plaques à 3 francs étaient délivrées ; puis<br />
Tannée suivante 4.308.129 et enfin en 1921,<br />
4.845.714.<br />
Malh eureusement, l'énormité des charges<br />
du pays imposa au Parlement l'obligation 0 de<br />
majorer le taux de l'impôt sur les vélocipèdes.<br />
Ce tarif fut porté par la loi du 31 décembre 1921<br />
de 3 francs à 5 francs, à compter du l er ianvier<br />
1922. Empressons-nous de dire que cette<br />
majoration n'eut pas pour effet d'entraver le<br />
développement du cyclisme en France. En<br />
1922, il a été vendu 5.362.474 plaques.<br />
Ainsi actuellement près de 5 millions et<br />
demi de vélocipèdes, sans compter bien<br />
entendu les motocycles, roulent sur les routes<br />
de France.<br />
A A A<br />
En quelles occasions on doit faire des<br />
visites ?<br />
N fait des visites pour le nouvel an : elles<br />
servent à l'expression des vœux d'usage;<br />
O on fait des visites de politesse qui peuvent<br />
ne pas excéder un quart d'heure. Dans cette<br />
catégorie, peuvent être classées celles qui précèdent<br />
un départ ou succèdent à un retour. On<br />
fait des visités dites de digestion dans les huit<br />
jours, quand on s'est assis à la table de personnes<br />
avec lesquelles on n'a pas de relations<br />
fréquentes. On peut en faire aussi après une<br />
réception, bal ou soirée. On fait des visites de<br />
reconnaissance aux personnes qui vous ont<br />
envoyé un cadeau ou rendu un service. Qn fait<br />
enfin des visites de félicitations, par exemple, à<br />
l'occasion d'un mariage, de condoléances à<br />
l'occasion d'un deuil, de complaisance ou de<br />
charité.<br />
Les visites intimes se font aux personnes<br />
dont on est sûr qu'elles tirent un plaisir véritable<br />
de votre présence.<br />
Les visites officielles et de cérémonie sont<br />
réglées par un protocole particulier pour les<br />
fonctionnaires et les officiers.<br />
Toutes, à part les visites particulières, se<br />
font aux jours et aux heures de réception, et<br />
c est à la maîtresse de maison que s'adresse<br />
cette forme de politesse.<br />
A A *<br />
Ce qu'est l'École Normale supérieure et<br />
comment on y est admis ?<br />
'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE a pour princi-<br />
L pal objet de former des professeurs<br />
pour toutes les branches de l'enseigne-<br />
ment secondaire. Les études sont dirigées<br />
en vue de la préparation à l'agrégation des<br />
lycées et collèges.<br />
Mais l'Ecole Normale supérieure est en<br />
même temps un centre d'études supérieures,<br />
où se forment des travailleurs pour les laboratoires,<br />
des élèves pour les Ecoles de Rome,<br />
d'Athènes, du Caire, etc., des futurs docteurs et<br />
professeurs de Facultés de Lettres et deSciences.<br />
Elle est divisée en deux sections : section<br />
des Lettres et section des Sciences.<br />
Les élèves se recrutent par voie de concours.<br />
Ce concours est commun pour l'admission<br />
à i Lcole Normale et aux bourses de licences.<br />
Le nombre des candidats à admettre dans<br />
chaque section est fixé chaque année par<br />
arrêté ministériel.<br />
A * A<br />
Dans quels cas on doit payer tes droits<br />
de timbre et d'enregistrement?<br />
E droit de timbre est établi sur tous les<br />
L papiers destinés aux actes civils et judiciaires<br />
et aux écritures qui peuvent être<br />
produites en justice. Ce sont les lois du 13 brumaire<br />
anVII et du28août 1816, qui règlent cette<br />
matière au principal, sauf, en ce qui concerne<br />
la pénalité et la quotité des droits.<br />
Il y a deux sortes de droits de timbre : celui<br />
imposé en raison de la dimension du papier<br />
et celui gradué en raison des sommes exprimées<br />
dans des effets négociables.<br />
Les droits d'enregistrement, ou fixes ou proportionnels,<br />
s'appliquent : les premiers, aux<br />
actes soit civils, soit judiciaires ou extrajudiciaires<br />
qui ne contiennent ni obligation, ni libération,<br />
m condamnation, collocation ou liquidation<br />
de sommes ou valeurs, ni transmission<br />
de propriété, d'usufruit ou de jouissance<br />
de biens, meubles ou immeubles ; les seconds<br />
aux obligations, libérations, condamnations,<br />
collocations ou liquidations de sommes ou<br />
valeurs, et à toute transmission de prepriété,<br />
d usufruit ou de jouissance de biens meubles<br />
ou immeubles, soit entre vifs, soit par décès i<br />
1 (loi du 22 frimaire an VII).
*> >■> LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 18<strong>23</strong> '•"■■■■■iiuiiiiuiiiiiuuiiiiiiMiuiiuiMiiuHininuiiiuiiiiiiiiiii m 1111111 n iiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ii iiiiiiiiiiiiiiini iiiiiiiiin EXCELSIOR-DIMANCHE<br />
C<br />
GRÉGOIRE DE TOURS<br />
PROFITONS DE NOS LOISIRS DU DIMANCHE<br />
POUR NOUS INSTRUIRE UN PEU<br />
GRÉGOIRE DE TOURS<br />
ET évêque du VI E siècle, qui, à divers<br />
titres, se classe parmi les prélats ayant<br />
le plus contribué à créer une morale<br />
dans la Gaule à demi-barbare, eut également<br />
l'honneur d'être le premier écrivain de chez<br />
nous à dresser l'histoire de son pays ; aussi<br />
l'a-t-on surnommé : le<br />
père de notre histoire.<br />
Grégoire de Tours<br />
naquit à Clermont,<br />
cité des Arvernes, en<br />
538. Il appartenait,<br />
par la famille de son<br />
père, aux meilleures<br />
familles sénatoriales<br />
de la Gaule et comptait<br />
parmi ses ascendants<br />
plusieurs évêques<br />
et même un<br />
martyr, Vettius Epa-<br />
gathus. Favori du roi<br />
d'Austrasie Sigebert,<br />
il fut néanmoins élevé<br />
à la dignité d'évêque de Tours par acclamation<br />
du peuple et du clergé. C'était en 573, et déjà<br />
sa foi. sa charité, sa fermeté de caractère, en<br />
un mot sa sainteté, étaient universellement<br />
reconnues. Evêque, il sut, au cours des terribles<br />
luttes entre l'Austrasie et la Neustrie, défendre<br />
avec une magnifique énergie le troupeau dont<br />
il était le pasteur. Il sut inspirer un respect religieux<br />
aux personnages barbares qu'étaient les<br />
rois Francs, tels Chilpéric ou Childebert,<br />
vis-à-vis desquels il garda toujours son franc<br />
parler. Grégoire se signala' également par son<br />
admirable dévouement pendant les terribles<br />
épidémies qui désolèrent son diocèse. Défendant<br />
les faibles contre les forts, obligeant les<br />
rois à la justice, prêchant la foi et la charité,<br />
offrant sa vie elle-même en exemple, l'évêque<br />
de Tours occupait ses loisirs à des travaux<br />
historiques. Il donna notamment YHistoria<br />
Ftancorum en dix volumes, qui, dans un style<br />
naïf, résume l'histoire universelle et conte en<br />
détail les annales de la Gaule.<br />
Le sens critique manque sans doute à cet<br />
ouvrage, mais le récit, qui contredit souvent<br />
le jugement de l'auteur, paraît absolument<br />
sincère. On y trouve un tableau unique de la<br />
société aux et VI E siècle, société pour laquelle<br />
Grégoire de Tours montre une tendresse<br />
incompatible avec les détails qu'il donne sur<br />
elle.<br />
La bienveillance du prélat qui pardonne<br />
les offenses, l'emportait en lui sur le moraliste.<br />
Le saint évêque mourut en 593 ou 594.<br />
L<br />
LE PANTHÉON<br />
E Panthéon, qui s'élève à Paris face au<br />
jardin du Luxembourg, à l'extrémité de<br />
la rue Soufflot, ne porta pas toujours,<br />
au-dessus de sa colonnade, l'inscription bien<br />
connue : " Aux grands hommes, la patrie reconnaissante<br />
". Ce monument, depuis sa construction,<br />
connut, en effet, des fortunes diverses.<br />
Lorsque Louis XV eut à Metz cette grave<br />
maladie qui lui valut, tant l'angoisse du peuple<br />
avait été grande, le surnom de Bien-Aimé, il<br />
fit le vœu d'édifier à .Paris une église dédiée<br />
à sainte Geneviève, sur l'emplacement d'une<br />
ancienne nef ruinée, consacrée également à<br />
la patronne de Paris. Le roi, en 1764, posa<br />
la première pierre du temple, dont il confia<br />
la construction à l'architecte Soufflot. A l'époque<br />
de la Révolution, le monument n'était<br />
pas encore complètement achevé. L'Assemblée<br />
constituante décréta qu'il ne serait pas destiné<br />
au culte, mais à recevoir les restes des grands<br />
hommes. Les cendres de Mirabeau, puis celles<br />
de Voltaire, Lepeletier de Saint-Fargeau et<br />
Rousseau y furent transportées. Sous la Terreur,<br />
la Convention décida d'exclure Mirabeau<br />
du Panthéon et y fit conduire en grande pompe<br />
le corps de Marat assassiné. En 1795, ce dernier<br />
fut, à son tour, enlevé.<br />
Sous l'Empire, le Panthéon devint église<br />
catholique. L'on continua, néanmoins, à y<br />
LE PANTHÉON<br />
ensevelir d'illustres personnages, notamment<br />
le maréchal Lannes et Bougainvillé. Mieux<br />
qu'au culte, en effet, ce monument se prête<br />
à servir de nécropole. La crypte, creusée sous<br />
le gros œuvre, atteint presque les mêmes<br />
dimensions que l'édifice, qui a 110 mètres de<br />
long et 82 mètres de large.<br />
En 1830, le Panthéon redevient uniquement<br />
sépulture des grands hommes ; mais, en 1851,<br />
il reprend de nouveau le nom d'église Sainte-<br />
Geneviève. En 1871, les communards y installent<br />
lèur quartier général ; en 1874, on décide<br />
de décorer ses murs intérieurs de fresques<br />
représentant les grands faits de notre histoire.<br />
Les meilleurs artistes de l'époque entreprennent<br />
le travail, et Puvis de Chavannes donne son<br />
admirable panneau : Sainte Geneviève veil~<br />
tant sur Paris. En 1885, à la mort de Victor<br />
Hugo, le monument est définitivement repris<br />
au culte. On y ensevelit le poète, puis les<br />
cendres de Lazare Carnot, LaTour d'Auvergne,<br />
Marceau, Baudin, Sadi Carnot, le cœur de<br />
Gambetta, etc..<br />
Le Panthéon, avec la lanterne à colonnades<br />
de son dôme qui le surmonte, est un des plus<br />
hauts monuments de Paris. Il atteint, en effet,<br />
92 mètres de hauteur.<br />
* * *<br />
C<br />
DANTON<br />
DANTON<br />
'EST par l'insurrection dans la rue que<br />
Danton acquit d'abord la notoriété.<br />
Jusqu'en 1789, il avait vécu modeste-<br />
ment de sa charge d'avocat au Conseil du roi.<br />
Les 13 et 14 juillet 1789, il apparaît parmi<br />
les hommes qui, au Palais-Royal et dans la<br />
rue, excitent le peuple à prendre les armes<br />
pour s'emparer de la Bastille. Dans les mois<br />
qui suivent, tandis que des symptômes d'anarchie<br />
troublent le pays, on le trouve hésitant<br />
sur le parti à prendre. Mais il est déjà puissant<br />
dans les faubourgs, et il règne bientôt sur le<br />
Club des Cordeliers qu'il crée en 1790. Orateur<br />
fougueux, esprit audacieux, dès juillet<br />
1791, au Champ de Mars, il pousse la multitude<br />
à l'insurrection, ce qui aboutit à une<br />
inutile fusillade. Cependant, habile et ambitieux,<br />
il s'est glissé dans l'intimité des Girondins,<br />
qu'il sent devoir<br />
être bientôt les maîtres<br />
de l'heure et auxquels<br />
il apporte les forces<br />
populaires et l'appui<br />
de ia Commune de<br />
Paris, où il se trouve<br />
en qualité de substitut<br />
au procureur.<br />
Dans une petite maison<br />
isolée de Charenton,<br />
il organise avec<br />
eux le coup de force<br />
du 20 iuin, puis, plus<br />
tard, celui du 10 août<br />
qui réussit mieux et<br />
emporte la monarchie.<br />
Il devient, le soir même, ministre de ia justice,<br />
seul représentant de la Commune dans le cabinet<br />
formé par les Girondins. Il se précipite aussitôt<br />
à l'Hôtel de Ville, proférant ces paroles pleines<br />
de menaces pour ses collègues : " J'ai été<br />
porté au pouvoir par un boulet de canon ; je<br />
veux que la révolution entre avec moi au pouvoir<br />
". Son aspect débraillé, sa virulence, les<br />
vices qu'on lui prête, éveillent la défiance des<br />
Girondins. M me Roland s'écrie : " Quelle<br />
honte que le conseil soit souillé par ce Danton !<br />
— Que voulez-vous, lui répond Brissot, il<br />
faut prendre la force où elle se trouve.<br />
Danton, appuyé sur la Commune, détient<br />
dès lors, en réalité, le pouvoir. Il obtient de<br />
l'Assemblée le droit de visites domiciliaires,<br />
qui permettent de remplir les prisons d'une<br />
foule de suspects. Les massacres de <strong>septembre</strong><br />
ont lieu aussitôt après cette rafle. Accusé par<br />
Roland à la Convention d'avoir organisé les<br />
tueries, Danton ne s'en défend pas et déclare :<br />
J'ai regardé mon crime en face et je l'ai<br />
commis ".<br />
Cependant Danton, de sa parole enflammée,<br />
soutenait les courages contre l'ennemi exté<br />
rieur qui venait de prendre Verdun, et prononçait<br />
ces paroles restées célèbres : " Le canon<br />
que vous entendez n'est point le canon d'alarme<br />
c'est le pas de charge sur les ennemis de h<br />
patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l'audace,<br />
encore de l'audace, toujours de l'audace !<br />
Nommé plus tard membre du comité de salut<br />
public, il fit adopter toutes les mesures propres<br />
à assurer la victoire, telles que la levée de<br />
300.000 hommes en <strong>septembre</strong> 1793.<br />
A l'intérieur, Danton comprit, avant même<br />
la chute des Girondins, vers quel régime dévorateur<br />
Robespierre entraînait le pays. Luimême,<br />
qui avait contribué à le rendre terrible,<br />
estimait que la terreur ne devait être qu'un<br />
moyen provisoire de gouverner, tant que l'exis-<br />
tence du pays serait menacée. Robespierre,<br />
qui redoutait sa popularité, l'accusa à ce sujet<br />
de modérantisme et aussi d'avoir dissipé les<br />
deniers publics pour les besoins de sa vie déréglée.<br />
Il obtint sa mise en accusation. Danton<br />
fut., en germinal 1794, condamné à mort par<br />
ce tribunal révolutionnaire que, ministre de<br />
la justice, il avait organisé. Avant de mourir,<br />
il dit au bourreau : " Tu montreras ma tête<br />
au-peuple ; elle en vaut bien la peine.<br />
A1<br />
A A A<br />
HOLBEIN<br />
N tous pays, le monde qui gravite<br />
autour des hommes de loi et des<br />
E palais de justice a fourni une source<br />
inépuisable de sujets comiques, satiriques et<br />
même dramatiques aux écrivains. C'est à ce<br />
monde bien connu de lui, que Charles Dickens<br />
a particulièrement emprunté ses personnages<br />
de caricatures.<br />
Le grand romancier anglais naquit à Portsmouth<br />
en 1812, mais vint très jeune à Londres<br />
où il eut l'occasion de se mêler dès l'enfance<br />
à tous ces petits bourgeois qui circulent,<br />
empressés, inquiets et ridicules, dans les<br />
couloirs des tribunaux et viennent épancher<br />
à l'oreille des avocats et des avoués leurs<br />
haines mesquines, leurs soucis vulgaires et<br />
leurs histoires compliquées, si drôles pour<br />
l'observateur désintéressé. Et l'observateur<br />
était là, bientôt embusqué au centre même<br />
d'une officine à plaideurs. Charles Dickens,<br />
en effet, était devenu clerc d'avocat, afin<br />
d'achever ses études de droit. Un peu plus<br />
tard, il étai{ sténographe rédacteur des séances<br />
du parlement et pouvait ainsi étendre le<br />
champ de sa vision sur d'autres personnages<br />
plus considérables.<br />
Le romancier allait bientôt faire connaître<br />
sa gaîlé, son observation très juste des petits<br />
faits et gestes de ses contemporains, sa façon<br />
alerte et colorée de peindre les sentiments, les<br />
choses et les gens. Sous le pseudonyme de<br />
Boz, parurent en 1836-1837, pleines d'une<br />
bonne humeur excentrique, les Esquisses de<br />
Londres, dont l'inspiration fraîche et tout à fait<br />
nouvelle enchanta le public londonien. Les<br />
Pickwik-Papers, qui furent publiés un an après<br />
dans des cahiers hebdomadaires, eurent un<br />
succès beaucoup plus considérable encore.<br />
Dickens, qui dès lors<br />
se met à produire<br />
avec abondance, atteint<br />
des tirages fabuleux<br />
; la critique faitelle<br />
observer à peine<br />
que, doué d'une infinité<br />
de qualités :<br />
gaîté, sensibilité,<br />
pittoresque, imagination,<br />
observation,<br />
l'auteur pèche peutêtre<br />
dans chacun de<br />
ses livres par l'abus<br />
des'détails et des per-<br />
LORS qu en ce temps-là les grands<br />
artistes italiens travaillaient à leurs<br />
chefs-d'œuvre dans la joie et le faste<br />
que leur accordaient les princes généreux de la<br />
Renaissance, la vie était dure aux meilleurs<br />
peintres d'Allemagne. Holbein dit le Jeune, le<br />
plus illustre d'entre eux, était né à Augsbourg<br />
enl 497, d'un peintre de talent lui aussi, mais qui<br />
avait été obligé de traîner une vie nomade et<br />
misérable dans un pays où les mécènes étaient<br />
rares. Après avoir étudié les principes de son<br />
art, dès son plus jeune âge, sous la direction<br />
paternelle, Holbein s'échappa rapidement de<br />
sa patrie. En 1515, il est installé à Bâle, où<br />
bientôt s'affirment sa manière d'un réalisme<br />
saisissant, la puissance de son pinceau qui<br />
dramatise ses modèles et les assombrit. Les<br />
origines du peintre se lisent sur ses toiles.<br />
Holbein fait connaissance d'Erasme, qui<br />
l'engage à voyager et le recommande à Londres<br />
à Thomas Morus. Il parcourt alors la France et<br />
l'Angleterre. Dans ce dernier pays il gagne la<br />
faveur de la cour et d'Henri VIII lui-même, qui<br />
lui propose de rester à son service. Cependant,<br />
en 1528, Holbein revient à Bâle. Dans cette<br />
ville, il produit une quantité d'oeuvres remarquables,<br />
dont le Bourgmestre Meyer et sa<br />
femme, le Christ mort, Erasme écrivant, tableau<br />
qui est au Louvre, l'Adoration des Mages et<br />
cette étrange et saisissante Danse des morts,<br />
qui caractérise un des aspects les plus particuîers<br />
de son génie.<br />
Holbein quitte définitivement Bâle pour<br />
Londres, où il consacrera les douze dernières<br />
années de son existence à produire uniquement<br />
des portraits. Au reste,<br />
il est l'objet d'une<br />
sonnages.<br />
CH. DICKENS<br />
Olivier Twist, Carillon<br />
de Nozl, Chimes David Copperfield, etc..<br />
s'enlèvent chez les libraires par centaines de<br />
mille exemplaires. Dickens voyage, il donne des<br />
notes sur l'Amérique, des descriptions de<br />
l'Italie. Il fonde avec des amis le grand journal<br />
libéral Daily News, dont le succès est tel qu'il se<br />
retire bientôt de l'affaire en réalisant un bénéfice<br />
considérable. Il crée alors une nouvelle<br />
feuille, hebdomadaire celle-ci, les Houschod<br />
Words, destinée aussi bien à instruire qu'à<br />
amuser et dont il est le principal rédacteur.<br />
Peu après, il écrit une histoire d'Angleterre<br />
racontée aux petits enfants.<br />
Charles Dickens a acquis alors une gloire<br />
incontestée en Angleterre aussi bien chez les<br />
lettrés que chez le peuple, dont il exprime les<br />
sentiments et met en scène jusqu'aux personnages<br />
les plus infimes. Ses œuvres sont traduites<br />
dans toutes les langues. Sa fortune est<br />
considérable. I! meurt en 1870.<br />
La marque bien caractéristique du génie<br />
de Dickens, c'est que nous le comprenons<br />
admirablement. I! nous fait connaître l'Angleterre<br />
et nous y promène avec une bonne humeur,<br />
une sensibilité propres à l'humanité tout<br />
entière.<br />
rare faveur de la part<br />
des plus grands per-<br />
A A A<br />
sonnages du Royaume<br />
Uni. Il exécute plusieurs<br />
portraits du roi<br />
Henri VIII, ceux du<br />
prince Edouard, de la<br />
plupart des princesses<br />
du sang, ceux également<br />
de son ami Thomas<br />
Morus et des parents<br />
de ce dernier et<br />
e sien propre.<br />
En 1543, Holbein<br />
HOLBEIN<br />
est victime d'une<br />
grande peste qui ravage Londres. Les œuvres<br />
d'Holbein le Jeune sont réunies pour la plus<br />
grande part au musée de Bâle et dans les<br />
musées ou palais britanniques. Le Louvre<br />
possède, outre Erasme écrivant, les portraits<br />
d Anne de Clèves et de Nicolas Kratzer.<br />
L'ENLEVEMENT DES SABINES<br />
ES Sabins formaient un peuple qui prétendait<br />
descendre d'une colonie de Spar-<br />
L tiates et qui vivait dans le voisinage de la<br />
ville que venait de fonder Romulus. Dans cette<br />
cité, Rome, à laquelle les dieux avaient prédit<br />
une illustre destinée, Romulus était bien<br />
parvenu à grouper un nombre important<br />
d'hommes, en offrant asile à tous les voleurs,<br />
assassins et bandits des bords de la Méditerranée,<br />
mais aucune femme, suivant la<br />
légende, n'avait accepté d'habiter pareil repaire<br />
et les peuples dont on avait demandé les filles<br />
en mariage, avaient répondu par des railleries.<br />
Les Romains se décidèrent alors d'employer<br />
la ruse. Ils annoncèrent des fêtes et des jeux.<br />
Les Sabins, leurs voisins, accoururent en .<br />
foule, accompagnés de leur famille. Mal leur<br />
en prit, car. à un signal donné, les compa-<br />
* A *<br />
gnons de Romulus se saisirent, les armes à<br />
la main, des femmes et des filles de leurs<br />
DICKENS<br />
invités.<br />
Naturellement, une guerre s'ensuivit, guerre<br />
que le peuple outragé manqua gagner, puisqu'il<br />
s'emfiara de la citadelle de Rome. Mais les<br />
Sabines, devenues fidèles épouses et à 1 appel<br />
de Jupiter Stator qu'avait invoqué Romulus,<br />
se précipitèrent en pleine mêlée entre leurs<br />
parents et leurs époux. Elles arrêtèrent la lutte<br />
et il s'ensuivit une alliance si étroite entre les<br />
Romains et les Sabins que Romulus partagea<br />
le pouvoir avec le roi sabin, Tatius.<br />
De nombreux tableaux rappellent les péripéties<br />
de ces événements; le plus célèbre est<br />
celui de David, au Louvre, qui représente les<br />
armées ennemies séparées par les Sabines,<br />
portant leurs enfants à bout de bras.<br />
LES SABINES
M<br />
EXCELSIOR-DIMANCHE iiimiiiiiiiHinm 11111111111111111111111111111111111111111111111111 miiiiiiiiiii 12 IIIIIIIIIIIIIIIHII • iiiiiiiiiinraiiiiiii MIIII i iiimii LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> Mitiniii<br />
LA SEMAINE COMIQUE<br />
FIVE O'CLOCK<br />
ADAME, avez-vous jamais songé au<br />
nombre incalculable de créatures<br />
vivantes que vous tuez de gaîté de<br />
cœur, quand vous faites bouillir un litre<br />
d'eau ?<br />
Ainsi parla, d'une voix creuse et comminatoire,<br />
le révérend Jackson Poole. Et la baronne<br />
Géomia, la charmante amphytrionne qui, à<br />
cet instant, surveillait le samovar fumant et<br />
se disposait à servir elle-même le thé, sans<br />
cérémonie, aux amis intimes réunis dans son<br />
salon, la baronne Géomia se retourna, interloquée...<br />
Il y eut un froid.<br />
Le révérend Jackson Poole reprit, en levant<br />
un doigt sentencieux :<br />
— Plus une ville contient d'habitants, plus<br />
elle est malsaine et corrompue ; plus une eau<br />
contient de bactéries, plus elle est dangereuse...<br />
Mais ce n'est pas une raison pour la vouer<br />
sans pitié au carnage et à l'extermination. Permettez<br />
donc, Madame, qu'en ma qualité de<br />
membre de la Société protectrice des animaux,<br />
je proteste ici pour le principe, car les infiniment<br />
petits, bien que nous ne puissions pas<br />
'es distinguer à l'œil nu, n'en sont pas moins<br />
des animaux tout comme vous et moi... Si<br />
encore vous vous contentiez de faire bouillir<br />
le l'eau minérale prise à la source, le crime<br />
erait véniel, car cette eau ne contient en<br />
noyenne que trois microbes seulement par<br />
entimètre cube ; et quand on n'a.à se reprocher<br />
que la mort de trois microbes, ce n'est<br />
jas une affaire I... Mais, attention : puisée<br />
fans la vasque, la même eau compte déjà<br />
i5 microbes; au bord de la vasque, 100 mirobes,<br />
et dans les bouteilles, de 500 à 1.000...<br />
Quant à l'eau ordinaire, dite " potable ", elle<br />
■n détient environ 300.000 dans un seul<br />
entimètre cube !... Je vous laisse à penser<br />
i les pauvres microbes doivent être pilés,<br />
à-dedans.<br />
- Oh ! pas plus que nous dans les wagons<br />
du Métro ! observa négligemment un invité...<br />
— Eh bien ! continua M. Jackson Poole,<br />
sans daigner relever ce propos ironique, eh<br />
bien, madame la baronne, tout est relatif icibas,<br />
tout se proportionne à la taille des individus<br />
: à nos yeux, une goutte d'eau n'est rien ;<br />
mais qui sait si, dans cette goutte d'eau, il<br />
n'y a pas un monde plus civilisé que le nôtre,<br />
qui vit, qui s'agite et qui meurt ?... Qui sait<br />
s'il n'y a pas là des philosophes, des poètes,<br />
des orateurs et des hommes politiques, de<br />
grands génies et de grands criminels, des arts,<br />
des littératures et des industries merveilleuses,<br />
(Dess n inéd:t de VERTUS).<br />
LA JUSTE RÉCOMPENSE<br />
AI<br />
Bijou! Bijou! Monsieur ! aidez-moi à rattraper mon chien.<br />
des passions violentes et des guerres meurtrières,<br />
des tramways électriques et des magasins<br />
de nouveautés ? Et pour peu que vous<br />
ayez envie d'une tasse de thé — horreur ! —<br />
c'est tout un monde qui finit !... Vous donnez<br />
la mort à un milliard d'êtres vivants, et, le<br />
sourire aux lèvres, vous buvez des cadavres.<br />
Ah ! Pouah !...<br />
— Ah ! Pouah I... répétèrent toutes les<br />
dames écœurées...<br />
Et M. Jackson Poole se rassit avec componction.<br />
— Alors, lui dit la baronne Géomia, vous<br />
ne prenez jamais de thé ?<br />
— Jamais... A moins que ce ne soit avec<br />
beaucoup de sucre.<br />
— Pourquoi, plutôt avec du sucre ?<br />
— Parce que, si je me résigne à immoler<br />
un monde, je tiens, du moins autant qu'il<br />
m'est possible, à adoucir ses derniers moments.<br />
Et, ayant empilé dans sa tasse fumante<br />
cinq ou six morceaux de sucre, M. Jackson<br />
Poole avala le breuvage en faisant claquer sa<br />
langue.<br />
ROBERT FRANCHEVLLE.<br />
— Enfin! le voilà! — Dans quel étal avez-vous mis<br />
mon pauvre loulou ! imbécile !...<br />
Un peu de fantaisie<br />
I E maître de la chasse, à l'un de ses hommes :<br />
— Tenez, avec la location de Ja chasse, les<br />
appointements des gardes et tous les frais, chaque<br />
perdrix que ) abats me revient au moins à soixante francs.<br />
— Ben vrai !... Eh bien ! je le disais ce matin au<br />
vieux Pierre : " C'est pas possible, le maître doit le<br />
faire exprès de rater les perdreaux I "<br />
|T)ANS le rapide de Calais, deux voyageurs devisent :<br />
— Elle est jolie votre langue française ! dit un<br />
pasteur à son interlocuteur, un monsieur de Paris. Vous<br />
n'avez qu'un verbe pour exprimer votre passion pour<br />
les humains et les objets. Vous dites : " J'aime Léonie<br />
et j'aime la crème au chocolat ", alors que nous avons<br />
lilie et love.<br />
— Vraiment, cher monsieur, répond l'autre, quand<br />
on connaît sa langue, cette subtilité ne nous embarrasse<br />
guère. Ainsi moi je dis : " J'aime Léonie, mais je préfère<br />
la crème au chocolat !<br />
LJENRIETTE a la plus petite pomme. Et l'on demande<br />
à son petit frère :<br />
— Est-ce que tu lui en as laissé le choix, comme je<br />
te l'avais recommandé ?<br />
— Mais voui, petite mère. Je lui ai même dit qu'elle<br />
pouvait choisir !a petite pomme ou rien du tout. Elle<br />
a choisi la petite pomme.<br />
LE BANDIT MASQUE<br />
AUT les mains ! cria le bandit masqué<br />
H en pénétrant dans ce compartiment<br />
de première classe où sommeillait un<br />
voyageur solitaire.<br />
Le voyageur se frotta les yeux, eut une<br />
seconde d'émotion, puis sourit en constatant<br />
qu il avait affaire à un bandit masqué.<br />
— Vous pouvez vous vanter, fit-il avec un<br />
bon sourire, de m'avoir fait une belle peur î<br />
Mais le malandrin, agitant son browning<br />
sous le nez du pâle voyageur :<br />
— Vous ne voyez donc pas que je suis un<br />
bandit masqué et que je veux votre argent et<br />
vos bijoux !<br />
— j'ai parfaitement compris, et c'est pour<br />
ça que je suis si tranquille, vu que je n'ai sur<br />
moi pas seulement la plus fausse épingle de<br />
cravate en imitation de chrysocale, et que mon<br />
porte-monnaie est plus vide d'argent que votre<br />
âme de bonnes intentions. Mais je ne vous<br />
avais pas reconnu sur le moment et c'est pourquoi<br />
vous m'avez flanqué une telle frousse !<br />
Figurez-vous que je vous ai pris pour le contrôleur.<br />
Et le pâle voyageur expliqua :<br />
— Je vais vous dire : je suis obligé d'aile!<br />
dans le Midi et incapable de payer le prix<br />
de ma place, je voyage sans billet.<br />
A cette révélation, le malandrin masqué<br />
esquissa une grimace de commisération et,<br />
apitoyé, il murmura :<br />
— Pauvre bougre !<br />
Puis; ayant songé, il tira de sa poche un gros<br />
sac de toile, compta quelques billets, et les<br />
remettant au pâle voyageur :<br />
— Tenez, fit-il, voilà pour payer votre place<br />
si le contrôleur venait vous surprendre. Je<br />
regrette de ne pouvoir faire davantage, mais,<br />
véritablement, les affaires ne marchent pas en<br />
ce moment !<br />
Et, avec un geste qui repoussait toute gratitude,<br />
il passa dans le compartiment voisin<br />
pour continuer sa petite industrie.<br />
RODOLPHE BRINGER.<br />
TOUT EST RELATIF OU LES PLAISIRS DE LA PLEINE EAU<br />
— Est-ce qu'on a pied ? — Vous m'aviez dit qu'on avait pied !<br />
— Mais certainement l — Mais certainement I (Dess n inédit de PEDRO).
"""' L ^ <strong>23</strong> SEPTEMBRE 1S<strong>23</strong> « »"» iiiiiiiiniiiiiiiiiiimiiiiii iiiiiiiiiiiiiiiimi i minuit j$ iiiiiiiiiiiimiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiimiiiiiiiii iiimiiiiiiiiuimi m EXCELSlOR-DIMANCHE<br />
—Pourquoine brossez-vouspas Voscheveux ?<br />
— M'sieur, je n'ai pas de brosse. — Prenez<br />
celle de votrepère... — Y n'en a pas m'sieur; il<br />
est chauve /... (Dessin inédit de GASTON MIS.)<br />
— Comme gibier, dans le pays il n'y a rien; seulement tous les <strong>dimanche</strong>s, je lâche dans la<br />
cour un lapin, pour faire tirer mes pensionnaires chasseurs !... (Dessin inédit de M. SAUVAYRE.)<br />
Vous êtes un artiste, m'a t-on dit, monsieur ?<br />
Oui, madame /..»<br />
UNE PREUVE<br />
— // ne faut pas nous raconter d'histoires... Vous ne pourrez pas nier que vous êtes antifasciste,<br />
avec une chemise blanche...<br />
(Dess ! n inédit de MARCOLON.)<br />
— Mais non, mais non, il vous va à ravir,<br />
l'on porte les vestons beaucoup plus longs cette<br />
année l<br />
(Dessin inédit de GEORGES DISAINSJ<br />
— Je vous assure, mademoiselle, que si je suis resté célibataire, c'est par goût ! ! I<br />
— Oui... mais le goût de qui...? (Dessin inédit de S.-M. BERTIK.)<br />
— Regardez...je peux écrire mon nom dans<br />
la poussière !...<br />
—■ Quelle belle chose, madame, que l'instruction<br />
! I (Dessin inédit de A SAINT-OGAN.)<br />
IL Y A ARTISTE... ET ARTISTE...<br />
— Ecrivain ? poète, peut-être ?... — Sculpteur ?<br />
— Non. madamel — Non plus.,;<br />
— Vous peignez ?<br />
— Oui, madame,,,<br />
PRÉTENTION<br />
Comment monsieur désire-t-ilêtre coiffé?<br />
Comme vous, mon ami... en auréole...<br />
(Dessin inédit de R. LENOIR.)<br />
(Dessin inéd ; t d'ARSÈNE BRIVOT.)<br />
Le paysage ?<br />
■ Non, les cheveux l Artiste capillaire, je suis coiffeur l
■un un in EXCELSIOR-DIMANCHE IHIIIIIIIIIIIIIII m nu iiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinHiiiiiiiiiiiiiiiiiiin 14 ■■■■•■■■•■■■■■■■'■■■■■■•■■■■■■■"■■■•■■■iiiiiiiiiiiimniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> ■••■■■■■■m<br />
LA FIN DU MONDE<br />
DANS quelques centaines d'années, la terre<br />
se trouvera enserrée dans une nouvelle<br />
période glaciaire, ce qui amènera la fin de la<br />
race humaine. Cette aimable prédiction est<br />
faite par un savant français, lequel ajoute que<br />
ces circonstances désastreuses résulteront d'une<br />
pénurie de gaz carbonique, corps précieux<br />
que la terre use plus vite qu'elle ne le fabrique.<br />
Mais peut-être n'irons-nous même pas<br />
jusqu'à ces temps de gel excessif, puisqu'un<br />
autre prophète a calculé qu'en l'an 2117 environ,<br />
dans cent quatre vingt-quatorze ans à<br />
peine, la terre porterait le maximum de ce<br />
qu'elle peut nourrir comme population, et<br />
connaîtrait une entre-tuerie générale pour les<br />
vivres.<br />
Il y a trois ans, un professeur anglais, dans<br />
une conférence à la British Association, prédisait<br />
déjà la fin du monde par manque de<br />
gaz carbonique, mais lui, du moins, donnait<br />
aux malheureux humains le temps de prendre<br />
des mesures, puisqu'il n'entrevoyait ce désastre<br />
que dans deux cent mille ans d'ici.<br />
Nous n'en avons pas encore fini avec les<br />
augures pessimistes : voici M. Martel qui voit<br />
diminuer l'eau du globe et périr de soif l'humanité<br />
dans quelques générations. Voici encore<br />
Sir Archibald Geikie, constatant l'affaissement<br />
des terres habitées et prévoyant, " dans<br />
une période relativement courte ", un second<br />
et universel déluge.<br />
Les savants modernes ne s'accordent que<br />
sur un point : la fin de toutes choses. Mais<br />
l'Evangile nous l'avait prédite !<br />
Daily Chronicle.<br />
UN ENFANT PRODIGE<br />
j TNE photographie a, en ce moment, aux<br />
Etats-Unis une vogue extraordinaire,<br />
ile représente sur des coussins Jackie Coogan<br />
Betty Gulick. Vous connaissez Jackie<br />
ioogan, mais vous ignorez Betty Gulick.<br />
est la fillette prodige dont on parle en<br />
mérique. Elle a dix ans et elle va à l'école<br />
oblique à Brooklyn, mais, à ses moments<br />
>erdus, Betty écrit des histoires et elle compose<br />
des poèmes. Ses histoires paraissent simultanément<br />
dans de nombreux journaux ; son<br />
dernier poème : la Berceuse de maman a été<br />
mis en musique et lui a rapporté 5.000 dollars<br />
(environ 85.000 francs). Dès l'âge de quatre<br />
ans, Betty conférenciait pour les enfants<br />
pauvres. Quand on lui demande ses projets<br />
et ses rêves,la fillette prodige n'hésite pas pour<br />
répondre : " Ecrire un autre poème et gagner<br />
assez d'argent pour faire un voyage en Europe. "<br />
Le poète a bien eu raison d'écrire : " L'avenir<br />
de demain ne sera plus qu'aux jeunes ! "<br />
Fantasio.<br />
LES DÉBOUCHÉS DE L'ALLEMAGNE<br />
NOUS ne lisons pas assez les gazettes<br />
allemandes et c'est grand dommage.<br />
Si nous connaissions mieux les journaux<br />
de Berlin, de Leipzig, de Francfort ou de<br />
Cologne, nous saurions, par exemple, que les<br />
Allemands retournent leurs espoirs, déçus du<br />
côté de l'Angleterre et de l'Amérique, vers la<br />
Russie soviétique. On en peut juger par ces<br />
extraits tout récents d'un journal de Francfort :<br />
" La politique douanière de notre gouvernement<br />
doit tendre à faire les plus grandes<br />
concessions aux pays qui peuvent nous fournir<br />
des matières premières, si ces pays veulent<br />
accepter en échange nos produits industriels.<br />
" Nous pouvons renoncer aux oranges, au<br />
vin du midi, etc., par suite de cela également<br />
au placement dans ce pays, mais non pas<br />
aux céréales, aux fourrages, bois, minerais,<br />
huiles. Le traité de Rapollo permet au mar-<br />
BRIC - A - R A C<br />
OUVELL PÂiTOUT<br />
^tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitiiiiiiiiiiifiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiti^<br />
YOKOHAMA<br />
LE cataclysme sans précédent qui vient de<br />
ravager le Japon n'a laissé que cendres<br />
et ruines du grand port de Yokohama.<br />
Etrange destinée que celle de Yokohama.<br />
Jusqu'en 1859, ce port n'était qu'un refuge<br />
de pêcheurs. A cette époque, il fut ouvert<br />
aux étrangers, s'agrandit et prospéra d'une<br />
façon soudaine et extraordinaire. En 1872,<br />
le premier railway japonais le reliait à Tokio,<br />
et sa population qui, en 1898, était de 133.762<br />
âmes, en comptait 324.776 en 1903 et 450.000<br />
l'an dernier.<br />
La sagesse nipponne voulait que les maisons<br />
fussent en bambous, légères et démontables.<br />
Les Anciens craignaient par-dessus<br />
toutes choses les tremblements de terre. Ils<br />
avaient raison. On enregistre, en moyenne,<br />
au Japon, une secousse sismique par jour.<br />
La Renaissance politique, littéraire et artistique.<br />
| Extrait du PITMAN'S JOURNAL, de Londres \<br />
Organe de Sténo-Dactylographie el de Commerce |<br />
L'Étude du Français. — Une excellente manière d'apprendre le |<br />
1 français, c'est de lire un journal hebdomadaire français. Le choix d'un |<br />
| journal de cette sorte se trouve grandement simplifié depuis qu'un |<br />
| important quotidien de Paris, Excelsior, publie chaque semaine un I<br />
| supplément illustré sous le nom d'Excelsior-Dimanche : ce dernier offre 1<br />
| d'excellents matériaux pour quiconque apprend le français. Il contient |<br />
| chaque semaine de nombreuses illustrations, lesquelles permettent |<br />
| aisément de comprendre le texte clair et précis qui les accompagne. |<br />
| Dans les seize pages de ce journal, il est de nombreux articles, de Ion- |<br />
| gueurs diverses, pour tous les goûts. Une page intitulée : La semaine |<br />
| qui vient de s'écouler est un résumé des principaux événements de |<br />
I la semaine précédente. Le texte de cette page est particulièrement |<br />
| aisé à comprendre. Dans le numéro du 10 juin, par exemple, un court |<br />
| article y était consacré au Derby; un autre parlait de Mr. Phillips à la §<br />
| Chambre des Communes. Une autre page, très intéressante, a pour |<br />
| titre : Profitons de nos loisirs du Dimanche pour nous instruire un peu. |<br />
| D'amusantes pages comiques tentent particulièrement ceux qui sont |<br />
i assez avancés dans l'étude du français. Là aussi des articles variés. I<br />
| Le débutant trouvera dans ce journal un encouragement précieux. |<br />
I II n'est pas inutile de lire les annonces. Les rédacteurs d'annonces |<br />
| eux-mêmes y trouveront la manière de rédiger les leurs dans le langage le |<br />
| plus clair et le plus simple possible. (N° du 15Septembre 19<strong>23</strong>, page 1190.)<br />
^^IlIllIllIllllIlIIIIIlIIIIIIIIIIIIIlIllIIIIIIItlItlIIIlIlttlIlIfllItlIlIllIIIIIIIIlIllIItlIlllIflllllllllllllllllllllllllllllIllllllIllIIIIIIIllllllllIllllllllilllllllIEUI^^<br />
chand allemand de manifester son activité<br />
en Russie, seulement il faut instamment<br />
le mettre en garde contre le fait de se laisser<br />
prendre à l'illusion de pouvoir atteindre des<br />
résultats rapides et instantanés. Les firmes<br />
qui ne veulent pas traiter le Russe comme<br />
partenaire équivalent et croient pouvoir livrer<br />
en Russie de mauvaises marchandises, éprouveront<br />
de cruelles désillusions.<br />
" Si la deutsch-russische A.G. s'est heurtée<br />
à des difficultés auprès des postes administratifs<br />
subalternes, le gouvernement russe<br />
n'a jamais hésité à remplir par une intervention<br />
immédiate les engagements qu'il a pris<br />
par traité ".<br />
Correspondance Rhénane.<br />
UN AVEU A RETENIR<br />
EPT villes revendiquaient l'honneur d'avoir<br />
S donné le jour à Homère. S'il se fût agi<br />
d'un criminel, même illustre, la compétition<br />
eût été moindre, cela va de soi. Prononcez le<br />
nom d'une victoire : les amis de dix généraux<br />
se font forts de détenir la vérité définitive,<br />
laquelle se trouve tout naturellement avantager<br />
leur client. Mais vienne le moment d'attribuer<br />
une défaite, une catastrophe indiscutable, les<br />
amis font silence. A plus forte raison les responsables.<br />
Eh bien ! cette règle souffre des exceptions.<br />
Nous en connaissons du moins une, grâce à<br />
M. Emile Bourgeois, qui vient de faire à<br />
l'Académie des Sciences morales et politiques,<br />
une communication sur les mémoires du feldmaréchal<br />
Conrad von Hœtzendorff, ancien<br />
chef d'état-major de l'armée austro-hongroise.<br />
Cet-officier revendique toute la responsabilité<br />
de la politique autrichienne qui déchaîna le<br />
conflit de 1914. C'est lui, et il le prouve, qui<br />
engagea François-Joseph et ses ministres, dès<br />
1901 „ à une guerre sans merci contre la Serbie.<br />
Inconscience ou cynisme ? Quoi qu'il en<br />
soit, voilà une précieuse contribution à l'histoire<br />
des années terribles. Elle a en tout cas ce mérite<br />
de n'avoir pas été arrachée à son auteur...<br />
• • • - Le Petit Bleû.<br />
UN MORT POUR QUATORZE HABITANTS... EN<br />
CORSE<br />
QUAND on suit, voyageant en Corse, la route<br />
forestière qui part de Calacuccia, la principale<br />
commune du Niolo, on voit se détacher,<br />
au pont situé près de 1 ancien couvent des<br />
Franciscains, un chemin muletier qui s'élève<br />
en serpentant à travers de maigres champs<br />
cultivés. On atteint bientôt le village de Lozzi,<br />
fièrement campé sur une croupe rocheuse à<br />
1.042 mètres d altitude. Là, est la première<br />
étape dans l'ascension du Monte Cinto qui est,<br />
avec ses 2.710 mètres, le point culminant de la<br />
Corse ; là, est un des groupements humains<br />
(1.200 habitants) les plus élevés qui soient.<br />
Mais Lozzi possède désormais un autre renom :<br />
elle est la commune de France qui garde le<br />
douloureux honneur de compter la plus forte<br />
proportion de victimes de la guerre : un mort<br />
pour quatorze habitants.<br />
L'Evénement.<br />
L'ORTOLAN S'EN VA<br />
OUVELLE fâcheuse pour les gourmets :<br />
N l'ortolan, le succulent ortolan, est sur le<br />
point de disparaître.<br />
Jadis ils abondaient dans les Pyrénées-<br />
Orientales, et cela à un point tel qu'ils faisaient<br />
partie de l'ordinaire... ordinaire.<br />
Malheureusement le filet a joué son rôle<br />
néfaste, raflant ortolans adultes et couvées<br />
naissantes ; les arrêtés de protection sont<br />
intervenus trop tard et trop inefficacement.<br />
Aussi l'ortolan est-il devenu une pièce<br />
rare et qui ne demeurera bientôt plus qu'un<br />
agréable souvenir si des mesures radicales ne<br />
sont pas prises.<br />
Car la disparition totale de cette espèce<br />
serait regrettable à tous égards.<br />
Avenir.<br />
LE CURÉ MALIN<br />
ONSIEUR DE LASTEYRIE ne peut arriver à<br />
M boucler son budget.<br />
Il y en a qui, si l'on ose dire, savent se<br />
débrouiller.<br />
Témoin cette petite histoire qui fait les<br />
délices de l'arrondissement de Lannion.<br />
Le curé du petit village de P... se plaignait<br />
depuis quelque temps de la mauvaise volonté<br />
de ses ouailles à garnir le tronc de Saint-<br />
Antoine et pareillement ceux des messes du<br />
culte et des autres.<br />
Après avoir mûrement réfléchi, il eut une<br />
idée ingénieuse : il décida de faire voter ses<br />
paroissiens pour savoir ce qu'ils pensaient de<br />
l'heure d'été.<br />
— Ceux qui sont partisans de l'heure d'été<br />
mettront une pièce de vingt sous dans le tronc,<br />
ceux qui préfèrent 1 heure d'hiver, laisseront<br />
une pièce de quarante sous. Ainsi nous saurons<br />
exactement ce que veut notre village... l'heure<br />
normale ou l'heure d'été..:<br />
Et les ouailles se sont, paraît-il, exécutées<br />
gentiment. .<br />
Or, comme toute la campagne est pour<br />
l'heure ancienne, on imagine si le curé de P...<br />
a ramassé de la galette.<br />
C'est un rien, en effet, mais il fallait y songer.<br />
Le curé de P... ferait un excellent ministre<br />
des Finances.<br />
Pour boucler le budget, si l'on faisait ainsi<br />
les prochaines élections ?...<br />
Le Carnet de la Semaine.<br />
calomniatrice contre la France. Le Comité<br />
" Pour la France par l'Espéranto ", fondé<br />
à la fin de 1914 à Paris et placé sous le patronage<br />
des plus grands noms de la science,<br />
des lettres et de la politique, s'était chargé<br />
à cette époque de répondre à cette campagne<br />
dans les pays alliés et neutres, en répandant<br />
des tracts en espéranto, pour toucher les<br />
mêmes milieux.<br />
Depuis l'armistice, les Allemands qui font<br />
un grand effort de propagande, ont repris<br />
leurs publications en espéranto : " Bulteno<br />
Germanlanda " qui porte en cinq langues<br />
la déclaration suivante : " Pour éviter l'édition<br />
dans plusieurs langues, ce Bulletin ne paraît<br />
qu'en espéranto, langue auxiliaire universelle<br />
neutre. Des interprètes de cette langue se<br />
trouvent dans toutes les places de quelque<br />
importance de tous les pays civilisés ". Ce<br />
Bulletin est rempli de calomnies contre la<br />
France dont on dénature le rôle dans l'histoire.<br />
Il est temps que la propagande française<br />
réponde de nouveau à ces attaques par l'espéranto,<br />
car on ne combat mieux l'adversaire<br />
que par ses propres armes.<br />
Le Chasseur Français.<br />
LA TANCHE, LE THON ET LES ANCHOIS<br />
E n'est pas une fable, c'est le résumé de la<br />
C croisière océanographique de la Tanche,<br />
sous la conduite du commandant Rallier du<br />
Baty au large de Belle-Isle, à la baie de Biscaye,<br />
tout au bord du plateau continental qui, on<br />
le sait, tombe brusquement dans l'Atlantique<br />
avec des chutes dépassant 1.000 mètres. Les<br />
observations faites ont été des plus intéressantes<br />
quant à la nature des fonds repérés,<br />
surtout en des points où les chalutiers fréquentent<br />
peu, et quant aux migrations du<br />
thon. Celui-ci, peu abondant au large de la<br />
Coubre, des îles saintongeoises et de l'île d'Yeu,<br />
a été trouvé en grandes quantités vers Saint-<br />
Jean-de-Luz, où il y a abondance d'anchois.<br />
Les estomacs des thons capturés étaient gavés<br />
de ce poisson.<br />
Eclair.<br />
TÉLÉPHONE AUTOMATIQUE<br />
A<br />
Turin, on installe déjà partout le téléphone<br />
automatique.<br />
C'est-à-dire que ce n'est plus besoin de<br />
" demander " ou d "' attendre ■ la demoiselle,<br />
puis l'appel au bureau, tout ce qui fait du<br />
téléphone une école de patience.<br />
Paris se laisse dépasser.<br />
La Vallée d'Aoste.<br />
FUMÉE<br />
TOUT s'en va en fumée ?<br />
Durant le premier semestre de l'année<br />
en cours, les recettes provenant de la vente du<br />
tabac ont atteint en France 845 millions<br />
475.000 francs, ce qui constitue une augmentation<br />
de 75 millions 727.000 francs sur le<br />
premier semestre de 1922.<br />
Dans le département de la Seine seul et<br />
durant le mois dernier, on a fumé pour 20 millions<br />
141.282 francs de tabac, soit 2 millions et<br />
demi de plus qu'en juin 1922.<br />
Le Rappel.<br />
UN DISCOURS DE VINGT HEURES<br />
EUT-ÊTRE ce record a-t-il, depuis, été battu<br />
P — à Budapest, par exemple — mais, en<br />
1908, on n'avait encore jamais vu parler aussi<br />
longtemps.<br />
Cette année-là, le sénateur La Follette, des<br />
États-Unis d'Amérique, avait résolu de ne pas<br />
laisser le Congrès voter une certaine loi. Mais<br />
il ne put faire partager son avis que par deux<br />
de ses collègues. Prenant pour lui le plus dur<br />
du combat, i! commença par parler sans répit<br />
durant vingt heures. Mr Gore. de l'Oklama,<br />
lui succéda immédiatement et, suivant le plan<br />
établi par les trois conjurés, poursuivit son<br />
discours pendant six heures, jusqu'au moment<br />
où le sénateur Stone, troisième au jeu, devait,<br />
à son tour, prendre la parole. Mais il se<br />
trouva que M. Gore était aveugle, et quand<br />
l'heure sonna où son rôle était rempli, il ne<br />
vit pas que M. Stone s'était absenté momentanément<br />
: il s'assit et fut sans doute étonné<br />
de constater que l'opposition n'était pas continuée<br />
comme convenu.<br />
La question fut immédiatement mise aux<br />
L'ESPÉRANTO AU^ SERVICE DE LA PROPA- voix et la loi passa.<br />
GANDE FRANÇAISE<br />
11 est curieux de penser que sans l'erreur<br />
d'un aveugle, qui arrêta sa péroraison un quart<br />
ES Allemands ont compris depuis la guerre d'heure trop tôt, une minorité de trois aurait<br />
L qu'une édition en espéranto est un empêché de passer une loi qu'approuvait<br />
passe-partout et ils se sont servis de cette tout le reste du Congrès.<br />
langue internationale pour leur propagand»<br />
Morning Post.
Miiiin LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> ■■'■■■■■■■■■■■■"■■>iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiii uiiiiiiiiiiiiiiiiini 15 ■••■■iiiiiiiiiitiiiiui mmu ■■■iiiiimuiiiiiiiu ■iiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiui EXCELSIOR-DIMANCHE ■■■■■■■KI<br />
LA LIGUE DES VIEUX<br />
(Suite du texte de la page 7.)<br />
blancs étaient dedans, et lorsque je me mis<br />
debout sur la berge et levai la main, ils changèrent<br />
de direction et avancèrent vers moi.<br />
Celui qui se trouvait à l'avant levait la tête,<br />
comme ça, se demandant pourquoi je l'appelais.<br />
Ma flèche chanta dans l'air, tout droit,<br />
jusqu'à sa gorge, et il apprit ce que je voulais de<br />
lui. Le deuxièmé homme, qui tenait les pagaies<br />
à l'arrière, amenait son rifle à mi-épaule<br />
lorsque le premier de mes javelots le transperça.<br />
" Voilà les premiers, dis-je, quand les vieux<br />
se réunirent autour de moi. Plus tard, nous<br />
rassemblerons ceux des jeunes qui sont encore<br />
forts, et la tâche deviendra facile.<br />
" Et nous lançâmes les cadavres des deux<br />
blancs au fond du fleuve. Puis, avec la pirogue<br />
qui était très bonne, nous fîmes un feu où<br />
nous jetâmes lès choses qu'elle contenait,<br />
mais non sans les avoir examinées. C'étaient<br />
des poches de cuir, que nous éventrâmes à<br />
coups de couteaux. A l'intérieur, il y avait<br />
beaucoup de papiers, comme celui que tu as<br />
lu, O Howkan, avec des signes qui nous<br />
émerveillèrent, mais qu'il nous était impossible<br />
de comprendre. Maintenant, je deviens<br />
sage, et je sais qu'ils représentent les discours<br />
des hommes, ainsi que tu me l'as expliqué.<br />
U<br />
A * A<br />
N bourdonnement de murmures s'éleva<br />
dans l'auditoire, lorsque Howkan eut<br />
fini d'interpréter l'affaire du canot, et<br />
une voix d'homme proclama :<br />
■— C'était le courrier perdu de 91, piloté par<br />
Peter James et signalé pour la dernière fois<br />
par Matthews à son départ de Le Barge,<br />
r Le clerc griffonnait toujours, sans arrêt. Un<br />
autre paragraphe fut ajouté à l'histoire du Nord.<br />
" Je n'ai pas tout à fait fini, ajouta lentement<br />
Imber. Les choses que nous avons<br />
faites sont là, sur le papier. Nous étions vieux,<br />
nous ne comprenions pas. Moi-même, Imber,<br />
je ne saisis pas encore. Nous tuions secrètement<br />
et sans trêve, car, avec les années, nous<br />
avions acquis la ruse et appris comment,<br />
pour aller vite en besogne, il ne faut pas se<br />
presser. Lorsque des hommes blancs vinrent<br />
parmi nous, le regard sombre, la bouche<br />
pleine de mots grossiers, nous enlever cinq<br />
des jeunes, enchaînés par eux dans des fers<br />
qui paralysaient leurs mouvements, c est<br />
alors que nous décidâmes de multiplier le<br />
nombre de nos victimes. Et, l'un après l'autre,<br />
les vieux, nous partîmes pour remonter ou<br />
descendre le courant du fleuve jusqu'aux<br />
terres inconnues. Il nous fallait du courage.<br />
Nous étions vieux et téméraires, et pourtant<br />
la. crainte des régions lointaines est terriblement<br />
forte chez les vieillards.<br />
" Nous continuâmes donc de tuer, sans hâte<br />
et avec astuce. Nous tuâmes sur le Chilcoot et<br />
dans le Delta, depuis les défilés jusqu'à la<br />
mer, partout où les blancs campaient et croisaient<br />
leurs pistes. Ils mouraient, c'est vrai,<br />
mais cela ne servait à rien. Sans cesse, ils surgissaient<br />
sur les montagnes, ils croissaient et<br />
multipliaient, tandis que nous autres, chargés<br />
d'ans, voyions notre nombre diminuer de<br />
jour en jour.<br />
" Et cela continua ainsi. Tantôt c'était le<br />
tour d'un vieux, tantôt celui d'un autre.<br />
Parfois, nous apprenions longtemps après<br />
comment ils étaient morts, mais souvent<br />
aussi nous n'en entendions jamais plus parler.<br />
Et les vieux des autres tribus étaient faibles<br />
et craintifs : ils refusaient de se joindre à nous.<br />
C'est tout comme je le dis : l'un après l'autre,<br />
jusqu'au moment où je restai seul.<br />
"Je suis Imber, delà tribu des Truites. Je<br />
suis très vieux, très fatigué, et puisqu'il est<br />
vain de lutter contre la Loi, comme tu dis,<br />
Howkan, je suis venu la chercher, cette Loi. "<br />
— O, Imber, tu es vraiment un fou !<br />
dit Howkan.<br />
Mais Imber rêvait. De même le juge au<br />
front carré, dont la race défilait devant ses<br />
yeux en une prodigieuse fantasmagorie — sa<br />
race chaussée d'acier et vêtue de cottes de<br />
mailles, qui crée le monde et fabrique les<br />
lois parmi les familles d'hommes.<br />
'1 la vit poindre, tache vacillante, à travers<br />
les forêts obscures et sur les mers agitées ;<br />
il la vit flamboyer, rouge et sanglante, au<br />
soleil de midi triomphant ; et, en bas de la<br />
pente ombreuse, il vit les grèves, rougies de<br />
sang, se fondre dans la nuit. Et, d'un bout à<br />
l'autre, subsistait la Loi, la Loi forte et sans<br />
merci, plus grande que les atomes humains<br />
qui pliaient devant elle ou étaient écrasés,<br />
plus grande que lui-même, qui sentait dans<br />
son cœur monter l'indulgence.<br />
Traduction de Louis PostiJ.<br />
JACK LONDON.<br />
SITUATI<br />
PROMENADES AUX ENVIRONS DE PARIS<br />
N<br />
Dans notre numéro précédent, nous indiquions à nos lecteurs quelques<br />
belles excursions à faire autour de Paris. Notre collaborateur,<br />
René Bierre, va nous conduire aujourd'hui dans les environs charmants<br />
et presque ignorés de Versailles, l'Isle-Adam et la forêt de Montmorency.<br />
VERSAILLES<br />
ULLE ville des environs n'est plus accessible.<br />
Le chemin de fer et le tramway la<br />
mettent aux portes de la capitale. Ses<br />
trois gares voient débarquer les voyageurs qui<br />
ont pris le train à la gare Saint-Lazare pour<br />
descendre cinquante-cinq minutes après à la<br />
gare rive droite, ou à la gare des Invalides, par<br />
le chemin de fer à traction électrique qui<br />
amène à la gare rive gauche en vingt-cinq minutes,<br />
ou à la gare de transit ries Chantiers<br />
(trains venant de Montparnasse).<br />
A la gare de Versailles (rive gauche), un service<br />
d'autocars permet, chaque jour, d'excursionner<br />
par le circuit A dans la vallée de la<br />
Bièvre : départ, 10 heures ; retour, 12 heures.<br />
Prix, 7 francs. Un circuit B conduit à la vallée<br />
de Chevreuse, Châteaufort, Chevreuse, Port-<br />
Royal : départ, 14 h. 30 ; retour vers 17 heures.<br />
Prix, 12 fr. 75 ; les circuits A et B réunis,<br />
17 fr. 25.<br />
Les jeudi, <strong>dimanche</strong> et jours fériés seulement,<br />
un circuit C dessert la vallée de Chevreuse et les<br />
Vaux de Cernay : départ, 10 heures ; retour,<br />
17 heures. Prix, 17 fr. 25. En ville, voitures,<br />
3 francs ; pour Trianon, 5 francs, 6 francs le<br />
<strong>dimanche</strong>. Des taxis : 3 francs le kilomètre.<br />
La visite du château<br />
ADAME DE SÉVIGNÉ, pénétrant pour la pre-<br />
M mière fois dans la galerie des Glaces,<br />
s'écria: "Cette sorte de royale beauté est unique<br />
dans le monde. " Le château de Versailles est<br />
ouvert tous les jours, sauf le lundi, du Ier avril<br />
au 30 <strong>septembre</strong>, de 10 heures à 17 h. 30 ; du<br />
1er octobre au 31 mars, de 10 heures à 1 ô heures.<br />
La visite du château demanderait plusieurs<br />
jours. Pour en voir les parties essentielles en un<br />
jour, il faut visiter, au rez-de-chaussée, la<br />
galerie Basse, la salle des Portraits ; au premier<br />
étage, la galerie des Batailles, les grands et<br />
petits appartements, les salons, la chapelle, les<br />
jardins et les Trianons, en limitant la visite des<br />
1 rianons aux deux palais et au musée des<br />
carrosses de gala. . -<br />
Les jardins de Versailles sont l'œuvre de<br />
Le Nôtre, qui les fit exécuter de 1661 à 1668.<br />
Les environs de Versailles<br />
N a pu dire des environs de Versailles qu'ils<br />
O étaient la Suisse de l'Ile-de-France. C'est<br />
faire de la Suisse un pays admirable. Aussi<br />
bien les noms qui sont rappelés sur le parcours<br />
de Paris à Versailles sont-ils assez connus pour<br />
qu'il suffise de les énoncer : c'est, en effet,<br />
après la traversée du Bois, et pour ceux qui vont<br />
à Versailles par la route, le pont de Suresnes,<br />
Montretout, le parc de Saint-Cloud, Villed'Avray,<br />
le bois de Fausses-Reposes (Marnes-la-<br />
Coquette et Vaucresson sont à 1 et 3 kilomètres<br />
et le bois de Meudon n'est guère plus loin).<br />
Le chemin de fer électrique de Versailles<br />
(rive gauche) à Meudon-Val-Fleury mène à<br />
l'observatoire et à la terrasse de Meudon.<br />
Le tramway Versailles-Louvre permet, en<br />
descendant au pont de Sèvres, de yisiter la<br />
manufacture nationale de Sèvres, de réputation<br />
mondiale. Visible le <strong>dimanche</strong>.<br />
A Sèvres et par le chemin de fer de Versailles<br />
(rive droite) à Saint-Lazare, en descendant à<br />
Sèvres-Ville-d'Avray, on accède à la villa des<br />
Jardies, illustrée par Balzac et par Gambetta.<br />
Le bureau de renseignements du Syndicat<br />
d'initiative de Versailles, ouvert toute l'année,<br />
est situé sur la place d'Armes (avenue de<br />
Paris).<br />
jft & ^fe<br />
L A<br />
L'ISLE-ADAM<br />
période des bains terminée, l'Isle-Adam<br />
n'est pas désertée. sertée. Elle . demeure un but<br />
touristique des plus intéressants. Elle<br />
est d'ailleurs station de tourisme classée et elle<br />
méritait de l'être. Avec ses îles, les admirables<br />
points de vue de Parmain, elle forme un<br />
LES RUINES DE L'ANCIENNE CHAPELLE DES TEMPLIERS, A MONTMORENCY<br />
Le parc de Saint-Cloud est desservi par le<br />
chemin de fer de Saint-Lazare à Versailles :<br />
station Sèvres-Ville-d'Avray, ou par le tramway<br />
Versailles-Louvre, station pont de Sèvres.<br />
C'est un magnifique domaine, dont les touristes<br />
ne connaissent qu'une petite partie : celle qui<br />
avoisine les allées parallèles à la Seine.<br />
Aux cyclistes, il peut être indiqué commebut<br />
de promenade : l'étang de Saint-Quentin par<br />
Circuit A<br />
CARTE DE LA RÉGION DE L'ISLE-ADAM<br />
(CIRCUITS A ET B)<br />
la route de Trappes avec retour par la Minière<br />
et Bue, et la forêt de Marly en sortant de<br />
Versailles par la grille du boulevard de la Reine<br />
par la route de Rocquencourt, la ferme du<br />
trou d'Enfer, le point de vue Saint-Michel.<br />
De tous les points de vue signalés, on<br />
découvre un admirable spectacle. La marche<br />
qui s'impose pour atteindre à ces hauteurs<br />
ne dépasse pas 8 kilomètres : une saine fatigue<br />
et un spectacle unique.<br />
LA VILLA DES JARDIES, A SÈVRES, ILLUSTRÉE PAR BALZAC ET GAMBETTA<br />
ensemble touristique qui peut être, pour bon<br />
nombre de Parisiens et d'habitants des régions<br />
avoisipantes, un but de déplacement que<br />
l'on appréciera.<br />
On accède à l'Isle-Adam par le chemin de<br />
fer du Nord. Quarante trains quotidiens;<br />
durée du voyage : une heure ; prix des billets<br />
aller et retour : 1 re classe : 10 fr. 40 ; 2 e , 7 fr. 15 ;<br />
3 e , 4 fr. 55. En bicyclette ou automobile,<br />
32 kilomètres, par la porte de Clichy, Gennevilliers,<br />
Epinay, lac d'Enghien, Eaubonne, la<br />
forêt de Montmorency, la forêt de l'Isle-Adam.<br />
Le chemin de fer du Nord organise, chaque<br />
<strong>dimanche</strong>, deux circuits automobiles au départ<br />
de la gare de l'Isle-Adam. Circuit A : départ<br />
9 h. 50, par Champagne-sur-Oise, la Tour-du-<br />
Lay, la Maison-Blanche, Hédouville, la ferme<br />
Launay, les hauteurs de Parmain, l'Isle-Adam.<br />
Retour : 11 h. 45. Prix : 9 francs.<br />
Circuit B : départ 14 h. 10 par le gros chêne,<br />
forêt de l'Isle-Adam, hauteur de Nerville,<br />
la pierre Turquaise, la forêt de Carnelle,<br />
Beaumont-sur-Oise, la table de Cassan, l'Isle-<br />
Adam. Retour : 18 h. 20. Prix : 15 fr. 25. On<br />
peut retenir ses places au guichet 15 de la gare<br />
Paris-Nord et à la gare de l'Isle-Adam. Supplément<br />
: 1 franc par place. RENÉ BIERRE.<br />
Le Gé a it : H. Lz PAGE.<br />
Pars. — HÉMERy, imprimeur, 13, rje d'Enghien.<br />
AVANT D'ETRE MAMAN<br />
Dès le début<br />
de la grossesse<br />
portez<br />
la ceinture<br />
IVloïso<br />
Elle est créée<br />
pour éviter toute fatigue<br />
aux reins et aux<br />
organes abdominaux.<br />
Elle y réussit<br />
admirablement.<br />
iPrix : 57 fr. a 90 fr. suivant qualité<br />
En vente aux 350 dépôts du Corset JUVENIL<br />
Album franco sur demande adressée a<br />
Corseterie Spéciale de France, Cnelles iS.-eî-M.<br />
iiiliiniliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiriinimiiiimmi"nii"Miii a<br />
ABONNEMENTS A<br />
EXCELSIOR-DIMANCHE<br />
Compte chèque postal o° 5970 — 20, me d'Enghien, Paris<br />
Prix pour les abonnés d'Excelsior désireux de<br />
recevoir régulièrement Excelsior-Dimanche :<br />
France 3 mois 2.50 6 mois 4.50 un an 8lr.<br />
Etranger 3 mois 5 fr. 6 mois 9 fr. un an 16 fr.<br />
Abonnement spécial an numéro ordinaire du dimanebe<br />
A'Excelsior et à Excelsior-Dimanche réunis :<br />
France., un an 15 fr. | Étranger un an 30 Ir.<br />
Sont seuls rrçus les abonnements d un an<br />
?iiiiiiiihlÉhIiitiiitiiiiiiiIiiiiiiiiuiiiii!iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiliiliiiltlllliir.<br />
POUR JEUNES GENS, JEUNES FILLES ET ADULTES<br />
sont obtenues très rapidement en s'adressant aux ÉCOLES PIGIER<br />
Rue de Rivoli, 53 - Joui. Poissonnière, 19 - Rue de Rennes, 147 - PARIS - Envoi gratuit brochure situation*
«muni EXCELSIOR-DIMANCHE '»"' iViimniimiiiiiiii iiiiiiiiimiiiii IIIIIIII iiiiiii Mi 16 irniiiiiiiiiliiiiiiiiimiiii Miiiiiiii iiiiiiiniiii iiiiiiiiiiiimiiiiM IIIIII LE <strong>23</strong> SEPTEMBRE 19<strong>23</strong> minium<br />
L'ALPINISME A SAUVÉ LE PRINCE IMPÉRIAL DU JAPON<br />
Au moment même où le pays nippon tremblait de toute sa terre ébranlée par la plus<br />
épouvantable des catastrophes, le jeune prince Chichibu, second fils de l'empereur du<br />
Japon, excursionnait en montagne. Le voici prêt à s'étendre sur sa couchette de<br />
touriste. C'est à cette circonstance qu'il dut d échapper à une mort presque certaine.<br />
COMMENT ON FAIT LE "LOOPING" SUR DES PATINS A ROULETTES<br />
Parmi les procédés les plus amusants pour boucler la boucle, Excelsior-Dimanche montrait<br />
récemment des automobiles exécutant ce tour périlleux. Or voici un sportif acrobate qui<br />
réédite la performance, après s'être chaussé de patins à roulettes. Ayant descendu la première<br />
pente, il ne lui faut que trois cinquièmes de seconde pour se retrouver sur le sol.<br />
LES SPORTS ORIGINAUX : UN MATCH DE POLO EN AUTOMOBILE<br />
Pour être un peu coûteux, ce sport n'en est pas moins original et même assez dangereux.<br />
Il consiste à faire jouer une partie ordinaire par des adversaires montés sur des autos.<br />
La balle du polo est remplacée par le ballon que l'on voit. Le gardien de but est également<br />
dans une des voitures, qui ne doivent pas rouler au-dessous d'une vitesse fixée à l'avance.<br />
BÉBÉ TIGRE EST AU RÉGIME DU BIBERON<br />
Ce charmant petit tigre, qui possède encore toute la candeur et la grâce de l'enfance,<br />
appartient au jardin zoologique de Melbourne (Australie). La personne qui le nourrit<br />
avec tant de soin, missTopsell, s'est acquis à bon droit la reconnaissance de tous les jeunes<br />
fauves du jardin, car c'est elle qui est chargée de leur donner le biberon, chaque jour.<br />
L'ÉCOLE D'OU FUT DIRIGÉE LA BATAILLE DE LA MARNE<br />
On fêtait voici peu, à Meaux, l'anniversaire de la formidable bataille de la Marne, et cette<br />
cérémonie a été fort imposante. A cette occasion il n'est pas sans intérêt de rappeler que<br />
c'est dans cette humble école de village, à Bar-sur-Aube, que le maréchal JofTre<br />
avait établi son quartier général et qu'il dirigeait l'ensemble des opérations en 1914.<br />
LA MANIÈRE D'ENSEIGNER LA PRUDENCE AUX PIÉTONS<br />
Pour diminuer le nombre des accidents de la rue, la ville de Détroit (Michigan) a entrepris<br />
une propagande à outrance pour éduquer les piétons qui, bien souvent, sont dans leur<br />
tort. Voici, à gauche, le monument portant une liste de victimes de la rue. A<br />
droite, un personnage drolatique portant cette inscription ; " Veillez à votre sécurité.