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DMA Céramique _10 - Duperré

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<strong>DMA</strong> <strong>Céramique</strong> _<strong>10</strong>


<strong>DMA</strong> céramique<br />

<strong>10</strong><br />

Diplôme des Métiers d’art_céramique artisanale<br />

École Supérieure des Arts Appliqués <strong>Duperré</strong>


Préface<br />

Catherine Dufour<br />

La céramique et la néophyte<br />

J’arrive à <strong>Duperré</strong> avec ma représentation de la céramique. Limitée nécessairement.<br />

En vrac, quelques vases grecs, poteries précolombiennes, céramiques<br />

chinoises, Tang ou Ming comme on voudra, potiers tourneurs du Maroc, outils<br />

cérémoniels aztèques ou étagères égyptiennes des musées. Faïences de Gien<br />

ou de Quimper, porcelaines de Limoges où je suis née, non loin des carrières de<br />

kaolin et des musées d’émaux champlevés. Avec une mention spéciale pour le<br />

sacro-saint vase de Sèvres des familles fracassé par le héros de Vitrac, le grand<br />

profanateur.<br />

Les souterrains ou « l’origine du monde »<br />

<strong>Duperré</strong> 2008 : je pénètre dans l’antre. Une étudiante présente son projet, au<br />

fond d’un souterrain auquel le jury accède en file indienne. La lumière d’une<br />

ampoule vacille au bout d’un fil, on devine dans la pénombre d’une grotte une<br />

vulve et un sexe d’homme pétris dans une argile rouge. Mystère, étonnement,<br />

malaise. L’étudiante force le silence et rappelle la vieille histoire sémitique du<br />

premier homme, Adam (en hébreu « adamah », terre labourée) relié au limon<br />

primitif symbole de toute création, glaise modelée par Dieu pour inventer mâle<br />

et femelle. Je vois se répéter l’acte du créateur donnant vie et souffle à l’argile<br />

inerte. Me vient alors à l’esprit la belle méditation de Bachelard dans La Terre<br />

et les rêveries de la volonté … et je m’émerveille devant l’exploration exigeante<br />

par les étudiants des notions de « dur » et de « mou » analysées par le philosophe.<br />

La céramique c’est le travail de la boue avec tous les aspects sexuels,<br />

scatologiques, ténébreux relevés par les anthropologues ou les psychanalystes.<br />

C’est « l’origine du monde » dans tous les sens du terme. La céramique n’a-telle<br />

pas été le premier « art du feu » avant la métallurgie et le travail du verre ? Et<br />

les grandes cosmogonies ne confondent-elles pas souvent la Terre primordiale<br />

(Gaia chez Hésiode) avec la Grande Mère, figure dominante du monde méditerranéen<br />

attestée par une abondante statuaire ?<br />

La mezzanine, « de la Terre à la Lune »<br />

Un an plus tard, une étudiante de la session 2009 choisit elle aussi de nous parler<br />

de la Terre, mais dans la partie mezzanine de l’atelier - car l’antre a un ciel,<br />

auquel on accède par un escalier à droite en entrant. Elle nous parle des corons<br />

de son enfance qui se fondent dans l’océan pour mieux propulser la poussière<br />

des mineurs vers la Lune. Féerique manège de boules scintillantes, de planètes<br />

et d’étoiles prêtes à s’entrechoquer comme les bols chantants des Tibétains.<br />

Soit dit en passant, la mezzanine est aussi le lieu des repas conviviaux, de la<br />

galette des rois, des petits apéros et des confidences.<br />

L’atelier, ses gestes et ses mots<br />

Entre les souterrains - boyaux d’Héphaïstos, du feu et des souffles capricieux<br />

des fours - et la mezzanine, c’est le local des « travaux et des jours » où les<br />

étudiants malaxent, poncent, forment et déforment, imaginent, nettoient.<br />

C’est le lieu de la lutte avec le « monde résistant », expression d’une « volonté<br />

incisive » qui s’appuie sur « le caractère agressif des outils » (Bachelard). Les<br />

gestes du quotidien sont bien loin des légendes, modestes, patients, répétitifs,<br />

austères, ingrats, ennuyeux. Éléonore enregistre les bruits de l’atelier pour<br />

mieux rêver son propre « voyage au centre de la Terre ». « Archétype de totalité<br />

», la Terre contient les potentiels des autres éléments : l’eau et le feu. Terre et<br />

eau sont indissociables pour le potier dont l’activité, selon Anne Kerzeas, est un<br />

embarquement. La cuisson au raku, qui empeste dans toute l’École, donne lieu<br />

annuellement à quelques sympathiques réunions autour des fours.<br />

Pierre et Marie-Lucie (un homme / une femme pour cette grotte des merveilles<br />

qui est à première vue un débarras plein de poussière suffocante) m’ont appris<br />

un peu de la nomenclature initiatique des céramistes, car la terre a des milliers<br />

de noms et la céramique des milliers de formes : glaise, grès, kaolin, biscuit,<br />

colombin, dégourdi, engobe, barbotine, frittage. Que ceux qui ont des connaissances<br />

« en la matière » excusent ce fatras verbal signe de mon incompétence.<br />

« Chamotte » est toujours associé pour moi à chamois, chameau, marmotte ou<br />

chalumeau. Je déplore mon impossibilité à parler de céramique comme l’a fait<br />

Elisabeth Le Rétif dans une précédente préface, décrivant de simples bols avec<br />

des termes d’une précision (matières, formes, textures, sensations) semblable à<br />

celle des vrais amateurs de bons vins.


Les gestes et les rêves<br />

Que ton rêve flottant<br />

Se scelle<br />

Dans le bloc résistant ! (T. Gautier)<br />

Etonnant comme les travaux des étudiants issus de la terre-matière se réfèrent<br />

souvent à la terre-symbole pour poursuivre leur rêve acharné. Au sens propre,<br />

le symbole (sumbolon) était en Grèce antique un tesson de poterie cassé en<br />

deux morceaux réassemblés par les ambassadeurs de cités alliées. Au sens figuré,<br />

c’est le lien parfait entre le rêve et la forme. J’ai pris plaisir à accompagner<br />

de textes, mythes, légendes ou œuvres d’art ces rêveries d’étudiants, parfois les<br />

plus folles. En bref, quelques souvenirs :<br />

Dans le sillage d’Alice au pays des merveilles, Marjolaine se lance à la poursuite<br />

de théières déformées dont la part essentielle serait leur ombre portée. Andersen<br />

(L’ombre), Tanizaki (Eloge de l’ombre), Jung ou Chirico lui servent de<br />

références pour enfanter ses productions surréalistes. Pour dire les « blessures<br />

salutaires », Laura brise, ficelle, recoud, recolle des assiettes : la casse, grande<br />

angoisse de nos vies … et des cuissons de l’atelier ! Capucine est fascinée par<br />

les terres de glace, la banquise, la dérive, « l’équilibre précaire où nos repères<br />

s’effacent »<br />

Laure, originaire d’Haïti, s’inspire de « la chair rouge du sol » (Césaire) pour<br />

produire un Palm Oak, moitié européen / moitié haïtien, aux racines qui avancent<br />

jusque dans la cour de l’Ecole. Souffrant du dos, Amandine fabrique sous<br />

le nom de Malgré une colonne vertébrale géante… en porcelaine. Je n’oublierai<br />

pas la poupée de Sarah (reine folle ou reine sage ?). Ni la méditation sur la mort<br />

de Flavie qui en quelques objets épurés, denses, forgés dans des émotions<br />

élémentaires laisse pressentir une Louise Bourgeois en herbe. Ni la sculpture<br />

monumentale et hétéroclite de Yusuké qui donne à entendre le silence assourdissant<br />

d’Hiroshima. Ni la vaisselle rebelle (et ludique) de la rebelle (et coquine)<br />

Éléonore. Ni les sièges en céramique d’Aurélie conçus comme autant de pauses<br />

sur les bords de sa Dordogne.<br />

Fin des clichés ou « la céramique n’est pas une futilité » (Gauguin)<br />

A présent je perçois un peu de l’intensité recelée par la céramique qui ne se<br />

limite pas aux petits bols marocains. La céramique a désormais le visage de la<br />

sauvage Oviri en grès émaillé réclamée par Gauguin pour veiller sur sa tombe à<br />

Tahiti et dire l’impuissance du moi civilisé. La céramique c’est Miquel Barceló<br />

emprisonné dans une poterie géante et visqueuse ou se livrant avec Josef Nadj,<br />

lors d’une mémorable performance en Avignon, à un combat de Titans vautrés<br />

dans la terre argileuse déchirée, lacérée et propulsée violemment pour sculpter<br />

un tableau vivant immédiatement destructible…<br />

Il y a sans doute folie à vouloir se concentrer sur la perception du monde, à<br />

plonger dans la matière corps et rêves (Anne Kerzea).


Projets<br />

Amandine Arlot / Malgré : la colonne vertébrale et la douleur cachée /<br />

Aurélie Bertrand / Les sièges et la Dordogne /<br />

Anne Bétrancourt / Charbon de lune /<br />

Éléonore de Wailly / « Metamorphosis » /<br />

Sarah Dunkel / Fragments /<br />

Laure Lapomarède / Palm Oak /<br />

Flavie Martinot / Memento Mori /<br />

Lucille Valero / Une nouvelle naissance /<br />

Yusuké Yamamoto / (...) /


Amandine Arlot<br />

Malgré :<br />

La douleur vertébrale et la douleur cachée.<br />

Mon thème est étroitement lié à mon vécu. En effet, j’ai subi une lourde<br />

opération du dos suite à une scoliose importante. Même si l’opération a<br />

atténué ce mal, une douleur quasi quotidienne perdure. Mais je la camoufle<br />

derrière un sourire.<br />

J’ai cherché des principes plastiques pour transposer cette douleur en<br />

céramique. Dans un premier temps, j’ai travaillé un matériau malléable,<br />

fragile, léger : le papier porcelaine. D’une simple feuille que je plie, replie,<br />

froisse, enroule, coupe, ou déchire, je crée un relief. Cette première phase<br />

m’a permis de trouver tout un vocabulaire esthétique évoquant différents<br />

aspects liés à cette souffrance. Et parallèlement à cette recherche autour<br />

de la douleur, j’ai réfléchi à la notion de souplesse / rigidité d’une colonne<br />

vertébrale. Et comment la colonne se compose, s’articule, s’élève.<br />

Dans un second temps, j’ai réaliser une installation de 24 éléments en<br />

porcelaine, rappelant une colonne vertébrale surdimensionnée. Ces 24<br />

modules seraient envahis par une animation de papier porcelaine torturé.<br />

Ce relief s’empare de ces formes minérales pour ne faire plus qu’un.<br />

Cette installation veut sublimer cette douleur, et la rendre esthétiquement<br />

belle et intrigante.<br />

amandine.arlot@laposte.net


Aurélie Bertrand<br />

Les sièges et la Dordogne<br />

Amour secret pour La Boétie...<br />

La Dordogne, torrent puis large rivière se jetant dans la Garonne est une<br />

rivière féminine traçant son chemin dans des paysages changeants, des<br />

rochers tranchants aux forêts verdoyantes.<br />

Je ne peux regarder la Dordogne debout, car je suis trop raide, trop verticale<br />

pour la suivre du regard ; allongée, je serais bien sans ces hautes herbes qui<br />

poussent sur les berges ou les revêtements des villages. Alors un siège sur<br />

lequel je peux me poser, me plier, m’étaler, fermer les yeux et écouter….<br />

S’asseoir au bord de cette rivière courante, des berges nonchalantes et<br />

campagnardes aux berges structurées et urbaines.<br />

Sièges en briques sur les quais reprenant les roches et les terres viticoles<br />

sapées par la Dordogne aux alentours des quais de Pessac.<br />

Siège-arbres recouverts de céladon, introduisant la forêt dans nos salons.<br />

Siège-cailloux plantés dans nos jardins pour se poser comme on le ferait sur<br />

les petites plages de galets.<br />

Sièges modulaires, ancrés dans le sol, inaltérables au temps qui passe, à<br />

combiner de multiples manières.<br />

Les siéges en céramique sont l’occasion de travailler de grosses pièces au<br />

moyen de différentes techniques : colombins, briques, plaques.... d’avoir des<br />

surfaces assez vastes pour jouer sur les effets de matières, l’émail…<br />

Ces objets sont utilitaires et dialoguent avec leur environnement.<br />

canardyellow@aliceadsl.fr


Anne Bétrancourt<br />

Charbon de lune<br />

Pour matérialiser le vaste thème de<br />

l’acculturation j’ai imaginé le trajet qu’auraient<br />

pu faire mes ancêtres pour échapper à leurs<br />

destins de mineurs.<br />

Ce voyage de la mine aux étoiles est rythmé par quatre lieux de passage où<br />

la céramique devient une expérience initiatique.<br />

Tout d’abord la mine souterraine, lieu d’enfermement, clos telle une boîte<br />

scellée, stratifiée. Vient ensuite la ville organisée avec ses corons de brique<br />

rouge, puis le vaste océan dont l’onde nacrée se dépose en vasques les unes<br />

dans les autres. Et enfin nous arrivons dans les étoiles : sphères de lumière.<br />

Une fois sur la lune, son sol ressemble à celui de la mine.<br />

Ce parcours vers la lumière est un hommage rendu à mes aïeux, qui traduit<br />

l’idée du cycle de la vie à travers les répétitions du quotidien, le cycle de<br />

l’océan et celui du ciel.<br />

abetran@wanadoo.fr


Eléonore de Wailly<br />

« Metamorphosis »<br />

La porcelaine s’étire et tourne sous la force<br />

centrifuge d’une machine. Cyclonique, le tour<br />

torsade la matière. Vigilants, les doigts la lissent.<br />

.<br />

Le charisme à la fois tempéré et capricieux de la porcelaine a fait naître une<br />

source d’inspiration infinie à mes yeux, plaçant mon corps, le tour et la<br />

matière au centre de mon projet.<br />

Il y a aussi, mon goût pour la cuisine… Réveiller les sens à table est une<br />

de mes préoccupations depuis bien longtemps. L’idée d’associer cette<br />

expérience poétique à la création d’objets ludiques a généré d’autres formes<br />

que celles que la vaisselle traditionnelle nous apporte déjà.<br />

J’expérimente pupilles et papilles sur cette aire de jeu bien connue qu’est la<br />

Table, remettant en question la tradition et les gestuelles de dégustation.<br />

La forme épouse l’aliment, l’habille, la découvre comme un secret, propose<br />

ainsi de multiples détournements possibles.<br />

C’est beau, c’est bon, c’est amusant.<br />

eleonore_w@hotmail.com


Sarah Dunkel<br />

Fragments<br />

Mon thème s’appuie sur un conte que j’ai écrit<br />

pour explorer la notion d’ « âme ». Il met en<br />

scène trois personnages, Anima, Psyché et<br />

Soma.<br />

Trois femmes incarnant trois facettes d’une même personnalité : le Cœur,<br />

la Raison et le Corps (ou : le Ça, le SurMoi et le CherMoi). Ces trois entités<br />

se livrent un combat sans merci, symbolisant la lutte interne que livre en<br />

permanence chaque individu face à lui-même, cherchant à se perfectionner<br />

en supprimant/réprimant de force un aspect de sa personnalité vécu comme<br />

un défaut. La « morale » de mon histoire est que ces tentatives sont vouées<br />

à l’échec et à la souffrance, et qu’il n’y a que l’équilibre de ces forces et<br />

l’amour de soi qui puisse permettre d’être un être entier et épanoui.<br />

Pour illustrer plastiquement ce conflit, j’ai choisi cinq moments clefs<br />

de mon conte : la scène d’exposition, les formes successives que les trois<br />

entités revêtent durant leur combat (pluie, dragon, fleur) et la scène finale<br />

de réunification. Pour rendre la lecture des scènes plus aisée, une couleur<br />

symbolique a été attribuée à chaque personnage : le rouge pour Soma (le<br />

Corps), le blanc pour Psyché (la Raison) et le noir pour Anima (le Cœur).<br />

Pour maintenir une unité entre les différentes scènes, plusieurs motifs<br />

reviendront de façon récurrente : la spirale (symbole à la fois de cycle et<br />

de renouveau), en filigrane, et la main (outil ambivalent de création et de<br />

destruction).<br />

Je vous invite à ce voyage intérieur…<br />

yasha-kun@hotmail.fr


Laure Lapomarède<br />

Palm Oak<br />

Je suis racine, je suis branche, une feuille, une nervure.<br />

Je suis également écorce, tronc, totem, qui sort de ma terre.<br />

Je suis matière sombre, organique qui se développe.<br />

Je pousse et repousse mes limites, afin d’aller le plus loin<br />

possible.<br />

J’avance, je progresse petit à petit vers ce dont j’ai besoin,<br />

guidée par la lumière.<br />

Pourquoi Palm Oak ?<br />

Une fusion entre l’arbre du palmier et celui du chêne ;<br />

Les deux arbres qui me représentent.<br />

Grandes forces d’Haïti d’où je proviens et de la France où je vis.<br />

Un titre pour deux arbres, deux terres, qui pourraient s’assembler,<br />

s’unir pour ne former qu’une.<br />

La mienne, mon arbre.<br />

Palm Oak est une série de céramiques élaborées dans une terre chamottée.<br />

Elle explore des processus d’hybridation du Palm avec le Oak et propose des<br />

mutations sculpturales.<br />

laurelbe@yahoo.fr


Flavie Martinot<br />

Memento Mori<br />

Je veux me rappeler ma mort pour vivre<br />

pleinement et ne pas m’apercevoir, lorsqu’il sera<br />

trop tard que je n’ai pas vécu.<br />

Il faut se souvenir de sa mort prochaine, de la finitude de sa vie pour<br />

prendre conscience de la valeur de chaque instant et profiter pleinement<br />

des choses simples mais précieuses qui composent notre vie, et à côté<br />

desquelles nous passons sans y attacher d’importance.<br />

J’ai choisi de réaliser un chemin divisé en cinq espaces qui recréeront<br />

l’évolution de la vie de l’enfance à la maturité. La mort est placée au début<br />

du chemin, comme une renaissance et nous suit le temps des quatre autres<br />

espaces.<br />

Le premier évoque la brièveté de la vie et la fragilité de notre corps face au<br />

temps Il montre le corps qui s’altère petit à petit se décomposant jusqu’a<br />

disparaitre, et effaçant toute trace de nous.<br />

Vient ensuite la douceur, cocon qui nous apporte chaleur, tendresse et<br />

sécurité de l’enfance.<br />

Suit la passion, le moment de l’éveil des pulsions ; attraction qui rapproche<br />

deux corps, deux entités, les mêle et les unit.<br />

Puis vient la tranquillité, liée à la paix que l’on peut ressentir lorsque l’on<br />

est débarrassé de toute contrainte. Sensation que j’ai ressentie uniquement<br />

en pleine nature c’est pourquoi j’ai cherché à reproduire ces paysages, à<br />

retrouver ces univers.<br />

Enfin le dernier espace sera une sorte d’hommage à la simplicité. La<br />

simplicité à laquelle chacun devrait aspirer pour vivre en paix et heureux<br />

Il faut apprendre à aimer les plus petites choses qui sont accessibles et<br />

peuvent nous satisfaire.<br />

J’ai mis la terre au service de ces notions. J’ai inscrit ces sensations en elle<br />

en la caressant, la détruisant ou l’élevant selon l’idée qu’elle servait.<br />

Chaque notion demandait une terre, une technique particulière et m’a<br />

permis de m’éveiller aux vastes possibilités de la céramique.<br />

fmartinot@hotmail.fr


Lucille Valero<br />

Une nouvelle naissance<br />

L’ensemble de mon projet porte sur les étapes de<br />

la conception d’un être vivant.<br />

N’ayant pas encore découvert les sensations de la grossesse, je me suis<br />

inspirée d’images biologiques pour la fécondation, de l’univers animal pour<br />

la gestation et de l’éruption volcanique pour la mise au monde.<br />

J’ai fait appel à mes sens et à mes émotions afin de trouver une<br />

transcription plastique dans mes couleurs.<br />

Dans quel domaine d’application cela peut-il prendre tout son sens?<br />

L’instant de l’apéritif quel qu’il soit, est un de mes moments le plus<br />

appréciés.<br />

Il permet de faire une pause, de prendre le temps de discuter avec de<br />

nombreuses personnes, et de partir à la découverte de nouvelles saveurs et<br />

de nouvelles cultures.<br />

Cet évènement peut donc laisser place à toutes sortes de naissances.<br />

vlucille@orange.fr


Yusuké Yamamoto<br />

(...)<br />

« Cela fait longtemps qu’on n’entend plus le<br />

bruit de la cascade. Cependant quand son nom<br />

est évoqué, on entend de nouveau son bruit. »<br />

Dainagon Kintou, poète japonais, (996-<strong>10</strong>41).<br />

Dans cette situation la non-existence de la cascade donne un silence, mais<br />

en même temps on imagine les bruits de son passé. Cela exprime aussi une<br />

idée de l’éternel.<br />

On dirait que la notion de silence n’existe que par rapport aux bruits.<br />

J’entends le silence quand il pleut par exemple. Ce genre de bruit accentue<br />

la tranquillité. On peut considérer que le silence devient une forme de<br />

musique. De même je vois le silence dans une image de Hiroshima ou celle<br />

de la colline des croix de Lituanie même si pour certaines personnes cela<br />

évoque une image de la mort .<br />

Je considère que le silence découle d’un acte volontaire parce que nous<br />

faisons un geste quand nous voulons du silence. Par exemple fermer la<br />

fenêtre, éteindre la radio ou la télévision, appuyer sur le bouton d’un lecteur<br />

MP3 pour créer un espace silencieux. C’est un moment où il semble se<br />

passer quelque chose mais finalement il ne se passe rien. C’est un point de<br />

rupture entre quelque chose et quelque chose. Cela m’évoque des tableaux<br />

d’Edward Hopper .<br />

Je m’intéresse aussi aux ruines et objets retrouvés. Cela m’évoque un<br />

mouvement de retour au sol grâce à leurs matières naturelles (pierre, terre<br />

cuite, etc.). Elles sont en train de se détruire très lentement. Les recettes<br />

de ce silence sont la temporalité, la nostalgie et la sobriété. Cela me donne<br />

l’impression que le temps est figé.<br />

Le but de mon travail est de donner des formes au silence, trouver ses<br />

métaphores et proposer des réponses à la question « Où est le silence ? » .<br />

Pour conduire à une forme de méditation. J’ai besoin du silence pour<br />

m’apaiser.<br />

offhouse@hotmail.com


Crédits<br />

Cet catalogue été réalisé par Stéphan Lozet sur une maquette<br />

proposée par le DSAA de <strong>Duperré</strong>.<br />

Merci à toute l’équipe enseignante et aux élèves qui ont contribué<br />

à sa réalisation.


<strong>DMA</strong> céramique<br />

<strong>10</strong><br />

Diplôme des Métiers d’Art - <strong>Céramique</strong> Artisanale<br />

École Supérieure des Arts Appliqués <strong>Duperré</strong>

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