PDF, 373 p., 2 - Femise

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1. Introduction Le problème de la dette, qualifiée de fardeau, touche aussi bien les économies dites à revenu intermédiaire que les économies à faible revenu. Ce fardeau a reçu une attention particulière ces derniers temps. Plusieurs questions se posent. Quand peut-on dire que la dette n’est pas soutenable ? Peut-on séparer la dette externe de la dette interne (Brason 1990) ? comment peut-on examiner la soutenabilité dans son contexte macro-économique ? Dans ce sens, Brason (1990) considère la soutenabilité de la dette comme un élément intégrant la stabilité macro-économique, les interactions entre des variables de politique économique (politique de la dette, politique fiscale et politique de taux de change), les variables de sorties (PIB, exportation et croissance) et les conditions économiques internationales. Cette interaction définit conjointement la position du pays vis-à-vis de la soutenabilité. Selon Raffinot (1998) 1 , la soutenabilité de la dette externe d’un pays revient à préciser la notion même de soutenabilité, à spécifier ses caractéristiques, à expliciter les déterminants de la croissance économique afin d’améliorer le remboursement, à spécifier les causes de l’endettement externe et à spécifier les caractéristiques du financement externe. Deux méthodes dominent le champ d’analyse de la soutenabilité. La première considère qu’un pays peut rembourser lorsqu’il dispose de ressources suffisantes pour le faire, tandis que la seconde considère qu’un pays qui a les capacités de rembourser ne le fera que s’il y trouve son intérêt. Deux notions doivent être distinguées, la solvabilité et la soutenabilité. La solvabilité suppose que le pays doit continuer à recevoir des financements externes. Le critère de soutenabilité exprime l’idée que le ratio (dette/PIB) doit tendre vers une limite finie. Théoriquement, le financement externe est toujours disponible (tout déficit trouve un financement), le financement externe permet toujours de combler le déficit quel qu’il soit avec la contrainte de solvabilité. Analytiquement, trois déterminants essentiels de la soutenabilité de la dette externe se présentent selon l’indicateur utilisé pour la soutenabilité, le stock de la dette et son mode de remboursement, l’évolution des capacités fiscales et externes de remboursement du pays (la 1 Marc Raffinot (1998), « Soutenabilité de la dette extérieure : de la théorie aux modèles d'évaluation pour les pays à faible revenu », DT/ 98 / 01. -142-

croissance du revenu, les exportations et les recettes fiscales) et la croissance de la composition des emprunts et des aides et les termes de financement. 2 Plusieurs indicateurs sont utilisés pour analyser la soutenabilité de la dette externe incluant le concept de stock de la dette et le concept de service de la dette relativement aux variables associées à la capacité de remboursement du pays. Les indicateurs tels que le stock de la dette rapporté au PIB, le service de la dette rapporté au PIB mesurent le fardeau de la dette par rapport à la capacité du pays à générer des revenus. Le ratio du stock de la dette rapporté aux exportations et le stock du service de la dette rapporté aux exportations mesurent le fardeau de la dette par rapport à la capacité des échanges du pays avec l’étranger. Les ratios du stock de la dette et du service de la dette rapportés aux revenus fiscaux mesurent le fardeau de la dette par rapport à la capacité du déficit public du pays à générer des recettes. La valeur actuelle nette de la dette (VAN) est utilisée pour capturer la dimension du stock de la dette et comparer le remboursement avec les rééchelonnements. Empiriquement la soutenabilité est perçue comme étant une condition de stabilité dans un contexte déterministe et comme une condition de stationnarité dans un contexte aléatoire. La soutenabilité est donc une relation temporelle à long terme. Le Maroc est non seulement un pays lourdement endetté qui, depuis un certain nombre d’années, a intégré les accords de l’OMC et les accords d’association avec l’Union européenne, mais aussi un pays ayant subi l’épreuve pénible de l’ajustement structurel. Dans ce contexte, la soutenabilité apparaît donc comme une des solutions possibles. Son interprétation et sa mesure exigent le recours à des méthodes statistiques dérivées de la cointégration pour tester sa validité empirique. Notre propos s’articule donc autour de trois points. La Section 2 présente une revue de la littérature. La Section 3 présente une analyse descriptive des variables macro-économiques utilisées, et enfin la Section 4 présente une étude empirique de la soutenabilité de la dette externe pour le cas du Maroc. Quelques remarques conclusives seront présentées à la Section 5. 2 International Development Association and International Monetary Fund (2001), “ The challenge of maintaining long term external debt sustainability ’, Prepared by the Staffs of the World Bank and the International Monetary Fund 2001 -143-

1. Introduction<br />

Le problème de la dette, qualifiée de fardeau, touche aussi bien les économies dites à<br />

revenu intermédiaire que les économies à faible revenu. Ce fardeau a reçu une attention<br />

particulière ces derniers temps. Plusieurs questions se posent. Quand peut-on dire que la dette<br />

n’est pas soutenable ? Peut-on séparer la dette externe de la dette interne (Brason 1990) ?<br />

comment peut-on examiner la soutenabilité dans son contexte macro-économique ?<br />

Dans ce sens, Brason (1990) considère la soutenabilité de la dette comme un élément<br />

intégrant la stabilité macro-économique, les interactions entre des variables de politique<br />

économique (politique de la dette, politique fiscale et politique de taux de change), les<br />

variables de sorties (PIB, exportation et croissance) et les conditions économiques<br />

internationales. Cette interaction définit conjointement la position du pays vis-à-vis de la<br />

soutenabilité.<br />

Selon Raffinot (1998) 1 , la soutenabilité de la dette externe d’un pays revient à préciser la<br />

notion même de soutenabilité, à spécifier ses caractéristiques, à expliciter les déterminants de<br />

la croissance économique afin d’améliorer le remboursement, à spécifier les causes de<br />

l’endettement externe et à spécifier les caractéristiques du financement externe.<br />

Deux méthodes dominent le champ d’analyse de la soutenabilité. La première considère<br />

qu’un pays peut rembourser lorsqu’il dispose de ressources suffisantes pour le faire, tandis<br />

que la seconde considère qu’un pays qui a les capacités de rembourser ne le fera que s’il y<br />

trouve son intérêt. Deux notions doivent être distinguées, la solvabilité et la soutenabilité. La<br />

solvabilité suppose que le pays doit continuer à recevoir des financements externes. Le critère<br />

de soutenabilité exprime l’idée que le ratio (dette/PIB) doit tendre vers une limite finie.<br />

Théoriquement, le financement externe est toujours disponible (tout déficit trouve un<br />

financement), le financement externe permet toujours de combler le déficit quel qu’il soit<br />

avec la contrainte de solvabilité.<br />

Analytiquement, trois déterminants essentiels de la soutenabilité de la dette externe se<br />

présentent selon l’indicateur utilisé pour la soutenabilité, le stock de la dette et son mode de<br />

remboursement, l’évolution des capacités fiscales et externes de remboursement du pays (la<br />

1<br />

Marc Raffinot (1998), « Soutenabilité de la dette extérieure : de la théorie aux modèles d'évaluation pour les<br />

pays à faible revenu », DT/ 98 / 01.<br />

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