La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé Les pourparlers finirent avec l’apparente volonté de la délégation britannique de réfléchir à la proposition argentine qui consistait à établir une sorte de Commission permanente aux négociations, qui devait se réunir les premières semaines de chaque mois. Ces débuts furent nommés « la proposition de réactivation ». Ce fut donc une réunion qui consacra de nouveau une assez bonne entente entre les deux parties qui par ailleurs exprimaient le désir de résoudre rapidement le problème de la souveraineté des îles. Après cela, Costa Méndez se crut obligé d’émettre un communiqué, le 2 mars : « L’Argentine a négocié avec la Grande-Bretagne avec patience, fidélité et bonne foi, cela pendant plus de 15 ans, dans une démarche signalée par les résolutions des Nations Unies. Le nouveau système constitue un pas efficace pour la rapide solution de cette dispute. Au cas où cela n’arriverait pas, l’Argentine se maintient le droit de mettre fin au fonctionnement de ce mécanisme et de choisir librement la procédure qui comblerait le plus ses intérêts ». Il y a donc dans les propos de Costa Méndez une sorte de menace à peine larvée, rappelons que nous sommes déjà le 2 mars 1982 et qu’un mois plus tard l’Argentine va faire passer ses menaces dans les faits. D’ailleurs personne ne se méprit sur le sens de ce communiqué, puisque l’ambassadeur britannique Williams émit une protestation quant à son contenu. Nous notons aussi la première intervention des Etats-Unis dans la question des Malouines, lors de la visite à Buenos Aires du sous-secrétaire d’Etat américain, Thomas O. Enders. Ce dernier déclara que les Etats-Unis n’étaient pas intéressés par ce conflit, et que la position de son pays restait neutre en la matière, « hands off ». Il convient de souligner ici brièvement la situation après la fin du conflit, soit en août 1982, Enders déclara devant la Chambre des représentants que les Etats-Unis ne tenaient pas au fait que les îles Malouines devinssent « une base militaire ». Pendant ce temps, les Malouines continuaient à être un sujet de préoccupations aux Nations Unies. En mars 1982, un nouvel ambassadeur d’Argentine fut désigné auprès de cette institution internationale, en la personne du docteur Eduardo Roca. Le 20 mars 1982, le président Galtieri révéla à Eduardo Roca qu’il envisageait une intervention armée afin de régler définitivement ce problème de souveraineté, puisque le conflit ne pouvait selon lui avoir aucune autre issue. 96

Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé D’autant que la situation argentine était assez compromise et fragilisée auprès de l’ONU, dans la mesure où le Nicaragua protestait contre l’intervention d’« éléments » argentins dans l’élaboration d’un coup d’Etat monté depuis le Honduras voisin. L’ultime avertissement argentin intervint le 31 mars 1982, quand l’ambassadeur Roca reçut pour instruction de présenter devant le Conseil de Sécurité de l’Onu, une note dénonçant l’agression britannique dans les îles de Georgie du Sud. Trois heures plus tard, Londres apprit que l’Argentine préparait activement une invasion militaire des îles Malouines. Dans ce contexte, la situation de l’ambassadeur Roca était quelque peu difficile à soutenir d’autant qu’il était mal informé des intentions et des réalisations de la Junte militaire argentine. De ce fait, le matin du 2 avril 1982, l’ambassadeur britannique Parsons demanda une réunion du Conseil de Sécurité, mais l’ambassadeur argentin ne souhaita pas y prendre part, il remit son discours au lendemain, pour laisser le temps au ministre des Affaires étrangères Costa Méndez d’expliquer au conseil de Sécurité les intentions et les objectifs du gouvernement argentin. Il faut souligner que c’est dans la nuit du 1 au 2 avril, que les forces armées argentines ont envahi les Malouines ainsi que les autres îles de l’Atlantique Sud. D’ailleurs le Général Galtieri reçut deux ultimes appels visant à le dissuader de l’invasion alors que les troupes argentines commençaient déjà à prendre pied dans l’archipel, le premier provenait de Kamanda wa Kamanda, président du Conseil de Sécurité et le second du président des Etats- Unis. Ceci compromettait fondamentalement les négociations. Dorénavant, il n’était plus question de négociation pacifiste, puisque l’armée argentine installée dans l’archipel constituait une force de pression belliqueuse incontournable. Les négociations furent très longues, malheureusement elles furent à peu près vaines. Dans la mesure où les deux parties restaient fermement campées sur leurs positions, les Kelpers et le lobby de la FIC jouèrent le rôle d’arbitres. Mais naturellement, ce rôle fut défavorable aux Argentins, car même si la situation économique de l’Angleterre n’était pas exceptionnellement bonne à la fin des années 1970 et au début des années 1980, elle l’était si on la mettait en comparaison avec l’ensemble des données politiques, sociales et économiques de la situation de l’Argentine. 97

Deuxième partie - Les <strong>Malouines</strong> de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie<br />

à la naissance du conflit armé<br />

Les pourparlers finirent avec l’apparente volonté de la délégation britannique de réfléchir à la<br />

proposition argentine qui consistait à établir une sorte de Commission permanente aux<br />

négociations, qui devait se réunir <strong>les</strong> premières semaines de chaque mois. Ces débuts furent<br />

nommés « la proposition de réactivation ». Ce fut donc une réunion qui consacra de nouveau<br />

une assez bonne entente entre <strong>les</strong> deux parties qui par ailleurs exprimaient le désir de résoudre<br />

rapidement le problème de la souveraineté <strong>des</strong> î<strong>les</strong>.<br />

Après cela, Costa Méndez se crut obligé d’émettre un communiqué, le 2 mars :<br />

« L’Argentine a négocié avec la Grande-Bretagne avec patience, fidélité<br />

et bonne foi, cela pendant plus de 15 ans, <strong>dans</strong> une démarche signalée par<br />

<strong>les</strong> résolutions <strong>des</strong> Nations Unies. Le nouveau système constitue un pas<br />

efficace pour la rapide solution de cette dispute. Au cas où cela<br />

n’arriverait pas, l’Argentine se maintient le droit de mettre fin au<br />

fonctionnement de ce mécanisme et de choisir librement la procédure qui<br />

comblerait le plus ses intérêts ».<br />

Il y a donc <strong>dans</strong> <strong>les</strong> propos de Costa Méndez une sorte de menace à peine larvée,<br />

rappelons que nous sommes déjà le 2 mars 1982 et qu’un mois plus tard l’Argentine va faire<br />

passer ses menaces <strong>dans</strong> <strong>les</strong> faits. D’ailleurs personne ne se méprit sur le sens de ce<br />

communiqué, puisque l’ambassadeur britannique Williams émit une protestation quant à son<br />

contenu. Nous notons aussi la première intervention <strong>des</strong> Etats-Unis <strong>dans</strong> la question <strong>des</strong><br />

<strong>Malouines</strong>, lors de la visite à Buenos Aires du sous-secrétaire d’Etat américain, Thomas O.<br />

Enders. Ce dernier déclara que <strong>les</strong> Etats-Unis n’étaient pas intéressés par ce conflit, et que la<br />

position de son pays restait neutre en la matière, « hands off ».<br />

Il convient de souligner ici brièvement la situation après la fin du conflit, soit en août 1982,<br />

Enders déclara devant la Chambre <strong>des</strong> représentants que <strong>les</strong> Etats-Unis ne tenaient pas au fait<br />

que <strong>les</strong> î<strong>les</strong> <strong>Malouines</strong> devinssent « une base militaire ». Pendant ce temps, <strong>les</strong> <strong>Malouines</strong><br />

continuaient à être un sujet de préoccupations aux Nations Unies.<br />

En mars 1982, un nouvel ambassadeur d’Argentine fut désigné auprès de cette institution<br />

internationale, en la personne du docteur Eduardo Roca. Le 20 mars 1982, le président<br />

Galtieri révéla à Eduardo Roca qu’il envisageait une intervention armée afin de régler<br />

définitivement ce problème de souveraineté, puisque le conflit ne pouvait selon lui avoir<br />

aucune autre issue.<br />

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