La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé Chapitre 5 Les négociations depuis 1833 : léthargie et activité de la diplomatie Il convient maintenant d’étudier les négociations qui se sont déroulées entre le Royaume-Uni et l’Argentine depuis 1833. Les Anglais laissèrent les îles aux mains d’anciens forçats (bien sûr tout ceci émane de sources argentines). La situation dégénéra. Dans le courant de l’année 1833, l’Ecossais Matthew Brisbane, ex- associé de Louis Vernet et quatre de ses compagnons, dont le Français Simon, furent assassinés par des gauchos. La situation aux îles Falkland fut connue des autorités britanniques, qui décidèrent d’envoyer sur place l’amiral Sir George Francis Seymour, commandant de l’escadre stationnée à Rio de Janeiro, qui décida de doter les îles d’une administration permanente. Le premier administrateur britannique fut le lieutenant Henry Smith, qui prit ses fonctions le 9 janvier 1834. Les îles eurent un lieutenant-gouverneur en 1843, puis un gouverneur à partir de 1844. Tous les biens de Louis Vernet, qu’il avait lui- même évalués à environ 14.293£, furent saisis par l’Amirauté. Après cette annexion vint le temps des protestations. Le ministre Manuel Vicente Masa s’en prit violemment au représentant de la Grande-Bretagne à Buenos Aires, tandis que le ministre à Londres, Manuel Moreno 22 , demandait la restitution des îles Malouines. Palmerston 23 22 Manuel Moreno, Buenos Aires 31 janvier 1782-idem 28 décembre 1757. Frère de l’homme d’Etat Mariano Moreno, Manuel Moreno fit ses études au collège royal de San Carlos. Exilé aux Etats-Unis sous la dictature de Rosas, il étudia la médecine à Baltimore. De 1821 à 1827, il fut député et ministre des relations extérieures sous la présidence de Dorrego. Il fut aussi professeur de chimie à l’Université de Buenos Aires. Ministre plénipotentiaire et chargé d’affaires à Londres de 1829 à 1835, Dès juin 1833, il remit au Foreign Office une protestation contre l‘occupation britannique des Malouines. 23 Henry Temple Palmerston, 1784/1865, homme politique britannique, secrétaire d’état au Foreign Office, puis Premier ministre de 1855 à 1858 et de 1859 à 1865. 74

Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé rétorqua quelques jours plus tard, le 8 janvier 1835, que les îles appartenaient désormais à la Couronne britannique. Le 29 décembre Moreno réfuta largement les allégations, de Palmerston, qu’il jugeait infondées, en même temps qu’il indiquait par ordre à Juan Manuel de Rosas que si le gouverneur anglais était disposé à une transaction pécuniaire, il serait prêt à traiter. Moreno ne réussit pas à convaincre les Anglais d’entreprendre des négociations, il échoua devant leur détermination. Tel fut le début du litige malouin entre les Anglais et les Argentins. Après cette tentative de négociation, les Argentins essayèrent à maintes reprises de trouver un consensus. En 1834, par exemple, le gouvernement argentin tenta d’ouvrir des négociations avec Lord Aberdeen mais ce fut un nouvel échec. D’une part, du côté argentin, il y avait sans cesse cette volonté de négocier et d’autre part, du côté britannique, toujours cette volonté belliqueuse d’écraser l’adversaire argentin. Autre exemple, en novembre 1845, les escadres française et britannique s’entendirent pour procéder à un blocus du Rio de la Plata afin de chasser le dictateur Rosas de Buenos Aires. Après un sévère affrontement avec l’artillerie argentine installée à Vuelta de Obligado sur le fleuve Paraná, les forces franco-britanniques l’emportèrent mais décidèrent de se retirer dans la mesure où leurs navires avaient beaucoup souffert. Les réclamations argentines du milieu du XIXème à la seconde guerre mondiale En juillet 1848, à la Chambre des Communes, Sir William Molesworth demanda que l’on restitue les îles Malouines à Buenos Aires « qui les réclame à juste titre ». En 1849, il y eut une nouvelle réclamation argentine recherchant une solution viable pour que la Grande- Bretagne répare l’injustice commise, mais ce fut également un échec cuisant. Il faut souligner que la prise des îles Falkland étant relativement récente, les Argentins pensaient réellement que les Anglais allaient leur restituer les îles. En 1884, cette fois, la réclamation du gouvernement argentin fut mandée à Washington par l’intermédiaire de Luis. L. Dominguez, il fit une réclamation concernant l’intervention du « Lexington », mais ce fut un nouvel échec. En 1887, Vicente G. Quesada revint à la charge en réclamant au gouvernement américain une réparation pour les actions du capitaine Silas Duncan. Les Etats-Unis rétorquèrent qu’ils ne pouvaient exercer de pression sur le gouvernement britannique, celui-ci étant le seul compétent pour entreprendre des négociations. 75

Deuxième partie - Les <strong>Malouines</strong> de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie<br />

à la naissance du conflit armé<br />

Chapitre 5<br />

Les négociations depuis 1833 : léthargie et activité de la<br />

diplomatie<br />

Il convient maintenant d’étudier <strong>les</strong> négociations qui se sont déroulées entre le<br />

Royaume-Uni et l’Argentine depuis 1833.<br />

Les Anglais laissèrent <strong>les</strong> î<strong>les</strong> aux mains d’anciens forçats (bien sûr tout ceci émane de<br />

sources argentines).<br />

<strong>La</strong> situation dégénéra. Dans le courant de l’année 1833, l’Ecossais Matthew Brisbane, ex-<br />

associé de Louis Vernet et quatre de ses compagnons, dont le Français Simon, furent<br />

assassinés par <strong>des</strong> gauchos. <strong>La</strong> situation aux î<strong>les</strong> Falkland fut connue <strong>des</strong> autorités<br />

britanniques, qui décidèrent d’envoyer sur place l’amiral Sir George Francis Seymour,<br />

commandant de l’escadre stationnée à Rio de Janeiro, qui décida de doter <strong>les</strong> î<strong>les</strong> d’une<br />

administration permanente. Le premier administrateur britannique fut le lieutenant Henry<br />

Smith, qui prit ses fonctions le 9 janvier 1834. Les î<strong>les</strong> eurent un lieutenant-gouverneur en<br />

1843, puis un gouverneur à partir de 1844. Tous <strong>les</strong> biens de Louis Vernet, qu’il avait lui-<br />

même évalués à environ 14.293£, furent saisis par l’Amirauté.<br />

Après cette annexion vint le temps <strong>des</strong> protestations. Le ministre Manuel Vicente Masa s’en<br />

prit violemment au représentant de la Grande-Bretagne à Buenos Aires, tandis que le ministre<br />

à Londres, Manuel Moreno 22 , demandait la restitution <strong>des</strong> î<strong>les</strong> <strong>Malouines</strong>. Palmerston 23<br />

22 Manuel Moreno, Buenos Aires 31 janvier 1782-idem 28 décembre 1757.<br />

Frère de l’homme d’Etat Mariano Moreno, Manuel Moreno fit ses étu<strong>des</strong> au collège royal de San Carlos. Exilé<br />

aux Etats-Unis sous la dictature de Rosas, il étudia la médecine à Baltimore. De 1821 à 1827, il fut député et<br />

ministre <strong>des</strong> <strong>relations</strong> extérieures sous la présidence de Dorrego. Il fut aussi professeur de chimie à l’Université<br />

de Buenos Aires. Ministre plénipotentiaire et chargé d’affaires à Londres de 1829 à 1835, Dès juin 1833, il remit<br />

au Foreign Office une protestation contre l‘occupation britannique <strong>des</strong> <strong>Malouines</strong>.<br />

23 Henry Temple Palmerston, 1784/1865, homme politique britannique, secrétaire d’état au Foreign Office, puis<br />

Premier ministre de 1855 à 1858 et de 1859 à 1865.<br />

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