La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé Au printemps 1970, la chancellerie argentine prit l’initiative de faire connaître à un groupe de l’ambassade britannique et des dirigeants kelpers, ses facilités portuaires et aériennes depuis la Patagonie pour accéder aux îles. L’intention était d’établir des contacts pour établir des lignes de communications entre l’Argentine et l’archipel Malouin, la proximité des côtes argentines permettrait peut-être d’établir un service de voyage plus fréquent et moins contraignant du fait des distances énormes. Il fallait aussi réduire l’isolement dans lequel vivaient les Kelpers, ces derniers étaient tributaires du service du navire Darwin, qui assurait une rotation bimestrielle avec Montevideo, mais pour avoir une chance de trouver une place sur ce navire, il était nécessaire de réserver son passage un an à l’avance. Ceci illustre parfaitement l’isolement dans lequel vivaient les insulaires. Aussi, cette construction répondait à un besoin économique, dans la mesure où le Darwin n’était guère rentable. Par exemple pour la période 1961/1970, la FIC (Falkland Islands Company) enregistrait un déficit de 77.032 £ : c’est-à-dire que le maintien de la ligne coûtait 146.227£, alors que le gain n’était que de 69.195£. Le gouvernement britannique fut séduit par l’idée et entama des tractations avec l’Argentine, ces négociations culminèrent avec la signature de la déclaration conjointe de Buenos Aires le 1 er juillet 1971. Le 3 juillet, deux jours après avoir signé l’accord, le pont aérien fut initialisé avec le premier vol commercial de ce qui devait être le service régulier de lignes aériennes de l’Etat. Peu après, comme on l’a déjà évoqué auparavant, les autorités argentines et britanniques décidèrent d’aller plus avant dans l’intégration et le développement des îles, elles décidèrent de construire une piste d’atterrissage pour avions biturbo-hélices pour passagers. Les paroles prononcées par le porte parole du gouvernement argentin le 15 novembre 1972, lors de l’inauguration de l’aérodrome construit à Port Stanley, sonnent d’ailleurs comme un message d’espérance pour les relations futures entre les deux nations, en voici un extrait : « Los habitantes de estas islas y los del territorio continental argentino…anhelan reencontrarse en el dialogo fecundo… Quiera dios que este aeródromo consagrado a tan noble propósito sirva permanentemente para hacer realidad la paz y la concordia y la intercomunicación entre los hombres de buena voluntad 20 ». 20 Rubén O Moro, La guerra inaudita, Historia del conflicto del Atlántico Sur, Pleamar, Buenos Aires, 1985. 70

Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé En ce qui concerne les îles de la Georgie et les Sandwichs du Sud, la FAA réussit le premier survol entre ces archipels, le 20 novembre 1980, avec un avion KC-130. Ces initiatives contribuent largement au désenclavement de ces archipels et surtout de leurs habitants. Mais on peut dénoncer le fait que ces relations ont encouragé les Argentins à relancer la question de la souveraineté des archipels, question que le Royaume-Uni refusait toujours d’évoquer. Le 14 décembre 1973, l’Assemblée générale des Nations Unies vota la résolution 3160 dans laquelle elle évoquait la nécessité d’accélérer les négociations : “Gravely concerned at the fact that eight years has elapsed since the adoption of Resolution 2065, without any substantial progress having been made in the negotiations. 21 ” Mais les craintes anglaises et les provocations argentines empêchèrent de faire de réelles avancées, au contraire, les pourparlers se déroulèrent à partir de ce moment dans un langage de sourds. Le début des hostilités entre Argentins et Anglais En 1975, le Royaume-Uni fait rebondir les difficultés et mécontente les Argentins en envoyant la mission Shackleton (du nom du commandant de la mission). Cette mission Shackleton est une équipe de recherche qui a pour charge d’étudier le sous-sol du territoire malouin ainsi que sa zone océanique, les Anglais prospectent donc le sous-sol afin de rechercher du pétrole. Naturellement, le ton et les protestations montent à Buenos Aires, d’ailleurs le journal Cronica Popular exerce une pression sur la présidente Isabel Peron (veuve de Juan Peron) pour qu’elle prenne la décision de l’invasion des Malouines. A la suite de cet appel, environ 20.000 Argentins se portèrent volontaires pour prendre part à cette reconquête, c’est dire combien l’enthousiasme populaire était fort. Le Royaume-Uni prête la plus grande attention à cette effervescence, pourtant il ne renforce pas ses forces armées dans l’archipel, qui étaient très réduites, pour ne pas dire inexistantes, car il n’y avait que le HMS Shackleton, un navire d’expéditions antarctiques qui faisait aussi fonction de garde-côte. 21 Cité dans Dolzer, Territorial Status of the Falkland Islands (Malvinas), p. 298. 71

Deuxième partie - Les <strong>Malouines</strong> de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie<br />

à la naissance du conflit armé<br />

En ce qui concerne <strong>les</strong> î<strong>les</strong> de la Georgie et <strong>les</strong> Sandwichs du Sud, la FAA réussit le<br />

premier survol entre ces archipels, le 20 novembre 1980, avec un avion KC-130.<br />

Ces initiatives contribuent largement au désenclavement de ces archipels et surtout de leurs<br />

habitants. Mais on peut dénoncer le fait que ces <strong>relations</strong> ont encouragé <strong>les</strong> Argentins à<br />

relancer la question de la souveraineté <strong>des</strong> archipels, question que le Royaume-Uni refusait<br />

toujours d’évoquer.<br />

Le 14 décembre 1973, l’Assemblée générale <strong>des</strong> Nations Unies vota la résolution 3160 <strong>dans</strong><br />

laquelle elle évoquait la nécessité d’accélérer <strong>les</strong> négociations :<br />

“Gravely concerned at the fact that eight years has elapsed since the<br />

adoption of Resolution 2065, without any substantial progress having<br />

been made in the negotiations. 21 ”<br />

Mais <strong>les</strong> craintes anglaises et <strong>les</strong> provocations argentines empêchèrent de faire de<br />

réel<strong>les</strong> avancées, au contraire, <strong>les</strong> pourparlers se déroulèrent à partir de ce moment <strong>dans</strong> un<br />

langage de sourds.<br />

Le début <strong>des</strong> hostilités entre Argentins et Anglais<br />

En 1975, le Royaume-Uni fait rebondir <strong>les</strong> difficultés et mécontente <strong>les</strong> Argentins en<br />

envoyant la mission Shackleton (du nom du commandant de la mission). Cette mission<br />

Shackleton est une équipe de recherche qui a pour charge d’étudier le sous-sol du territoire<br />

malouin ainsi que sa zone océanique, <strong>les</strong> Anglais prospectent donc le sous-sol afin de<br />

rechercher du pétrole.<br />

Naturellement, le ton et <strong>les</strong> protestations montent à Buenos Aires, d’ailleurs le journal<br />

Cronica Popular exerce une pression sur la présidente Isabel Peron (veuve de Juan Peron)<br />

pour qu’elle prenne la décision de l’invasion <strong>des</strong> <strong>Malouines</strong>.<br />

A la suite de cet appel, environ 20.000 Argentins se portèrent volontaires pour prendre part à<br />

cette reconquête, c’est dire combien l’enthousiasme populaire était fort.<br />

Le Royaume-Uni prête la plus grande attention à cette effervescence, pourtant il ne renforce<br />

pas ses forces armées <strong>dans</strong> l’archipel, qui étaient très réduites, pour ne pas dire inexistantes,<br />

car il n’y avait que le HMS Shackleton, un navire d’expéditions antarctiques qui faisait aussi<br />

fonction de garde-côte.<br />

21 Cité <strong>dans</strong> Dolzer, Territorial Status of the Falkland Islands (Malvinas), p. 298.<br />

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