La guerre des Malouines dans les relations internationales

Annexes
autant d'erreurs. Elle n'aurait pas fixé le débarquement au 2 avril, laissant aux britanniques le
temps d'arriver avant les tempêtes de l'hiver austral. Elle n'aurait pas installé sur l'île une
garnison entièrement composée de conscrits. Et probablement elle aurait encore attendu un
an, le temps pour elle de compléter son armement (elle n'avait reçu que 5 des 14 Super-
Etendard commandés et autant d'exocet; ses missiles antiaériens Roland n'étaient pas encore
pleinement opérationnels) et pour son adversaire de perdre ses moyens d'action (le porte-
aéronefs Invincible devait être vendu à l'Australie en décembre 1982; le transport de chalands
de débarquement Intrepid allait être désarmé en 1983 et la réduction de la flotte logistique
avait déjà été commencé avec la vente de pétroliers ravitailleurs Lyness et Tabarness à l'US
Navy). En 1983, l'entreprise ne pouvait échouer. Mais dès 1982, les Argentins ont estimé
qu'elle était sans risque sur le plan militaire.
Page 27 : Ils attendaient en revanche une rude bataille diplomatique.
Contre le colonialisme, la solidarité tiers-mondiste devait jouer et la junte escomptait l'appui
des pays de l'est, notamment de l'Union Soviétique, qu'elle avait bien aidé lors de l'embargo
des céréales et dont elle attendait en retour qu'elle fit usage de son droit de veto au cas où une
condamnation serait votée par le conseil de sécurité. [...] Enfin devait jouer à plein, quels que
fussent les sentiments réels, la solidarité latino-américaine. L'assistance prévue par le pacte de
Rio serait difficile à obtenir, les Etats-Unis s'y opposant, mais la pression des membres de
l’OEA sur Washington devait constituer un atout précieux.
Page 28 : Le plan argentin a échoué lorsque le 3 avril, devant le Parlement réuni en séance
extraordinaire le samedi matin, Mme Thatcher a flétri l'agression et annoncé l'envoi de la
flotte, tandis que le conseil de sécurité condamnait l'Argentine à une écrasante majorité.
Ensuite, l'étau diplomatique et militaire n'allait cesser de se resserrer autour de Buenos Aires
et des Malouines jusqu'à la défaite finale.
Page 29 : Pour comprendre la décision de Mme Thatcher, il suffit de lui appliquer la même
grille qu'à la décision argentine. On y retrouve l'élément passionnel, la honte nationale devant
l'humiliation ; le refus du compromis si typique de la Dame de fer, l’affirmation des grands
principes sur lesquels le Royaume-Uni ne peut transiger : "l'agression ne doit pas payer" et
"les Falklander doivent choisir eux-mêmes leur destin". [...] Réagir au contraire, peut susciter
un climat d'unité nationale qui fera taire l'opposition, reléguera au second plan les trois
millions de chômeurs, fera oublier les bavures du gouvernement au cours des jours précédents
le coup de force et, finalement ne manquera de profiter au parti conservateur dans les
élections locales qui approchent. On sait que sur tous ses points, le calcul s'est révélé juste.
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