La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé La prise des Falkland et la lenteur de la réaction argentine Le Royaume-Uni convoitait de longtemps les îles Falkland, même lorsqu’elles relevaient de la couronne d’Espagne, ceci du fait de l’importance stratégique de ces îles et de la volonté d’expansion et de maîtrise des mers des Britanniques ; Tout au long de cette première période, il ne s’agit pas vraiment de négociations, les deux parties s’en tiennent à leurs positions respectives. En 1825, le cabinet de Londres franchit tout de même un premier pas favorable, faisant apparemment taire ses prétentions, il reconnaît l’indépendance de la République Argentine avec laquelle il passe un traité d’amitié et de navigation et nomme un consul chargé d’affaires, en la personne de Woodbine Parish Robertson. Après les problèmes rencontrés avec les Etats-Unis, le Royaume Uni présente, par l’entremise de M. Parish, et sur la demande du premier ministre, Lord Liverpool, une protestation qui conteste l’occupation des Malouines par l’Argentine. Pour les Argentins, cette objection est jugée assez dérisoire, il s’agit pour eux d’une plaisanterie, les Anglais rappelaient qu’en 1774, ils avaient laissé une « plaque de plomb avec une inscription dessus » rien de plus, mais ils avaient apparemment oublié qu’ils avaient souscrit en 1790 à la « Convention de Nootka Sound ». L’Argentine se contenta de prendre bonne note de la plainte, sans réellement y prêter attention. La Royal Navy profita de l’occasion et des désordres survenus aux Falkland pour occuper les îles, le 2 janvier 1833. L’escadre de l’Atlantique sud, basée à Rio de Janeiro, avait dépêché les corvettes Clio et Tyne. Au mouillage à Berkeley Sound, (Puerto Soledad) se trouvaient le brick argentin Sarandi et le schooner Rapid, de Liverpool. Le capitaine Don José Pinedo de retour d’une tournée dans l’archipel, s’employait à diligenter une enquête sur le meurtre du gouverneur Mestivier, commis en son absence. Le capitaine Jeremy Onslow de la Clio l’informa ouvertement qu’il prenait possession des îles Falkland au nom de la Grande- Bretagne, il lui adressa une note qui le mettait en demeure d’enlever le drapeau argentin, de replier la garnison venue avec Mestivier (24 hommes) et d’évacuer les effets et autres biens appartenant à son gouvernement. Toutefois les colons, pour la plupart des gauchos recrutés par Vernet, (dont un Français) ne furent pas expulsés. Le 3 janvier, à 6 heures du matin, le capitaine Pinedo se rendit à bord de la Clio pour faire part de sa protestation personnelle et déclarer la Grande-Bretagne responsable de cette agression. Il déclara à Onslow que puisqu’il n’avait pas d’autre issue, il devrait se retirer mais qu’en aucun cas il n’abaisserait les couleurs argentines. (Il était d’autant moins en état de 60

Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé résister que son équipage était pour moitié composé de mercenaires britanniques qui n’auraient en aucun cas accepté de tirer sur leurs compatriotes). En conséquence, devant la facilité de l’opération, à 9 heures du matin du même jour, les marins de la Clio prirent le drapeau argentin qui fut remis à Pinedo, hissèrent l’Union Jack et congédièrent les Argentins. Le lendemain de cette prise de possession, le capitaine Onslow leva l’ancre, et la Tyne suivit. Le 5 janvier le Sarandi repartit pour Buenos Aires avec à son bord les soldats et quelques colons argentins. Il était escorté du schooner Rapid à bord duquel se trouvaient aux fers neuf prisonniers 13 impliqués dans la rébellion et le meurtre du gouverneur. Les Argentins sont ainsi chassés par la force et remplacés par des colons britanniques, c’est le début de l’occupation « illégitime » anglaise... Puerto Soledad qui avait retrouvé le nom de Port Louis devient dans un premier temps Port Anson puis prendra à partir de 1843, le nom de Port Stanley. On sait que depuis lors, les Argentins n’ont jamais cessé de revendiquer ces territoires. Devant la puissance du Royaume-Uni, la faiblesse diplomatique et militaire argentine ne faisaient absolument pas le poids, ce qui explique qu’en 1982, l’Argentine réclamait les îles Malouines depuis 149 ans. 13 Sept d’entre eux furent condamnés à mort et passés par les armes à Buenos Aires. 61

Deuxième partie - Les <strong>Malouines</strong> de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie<br />

à la naissance du conflit armé<br />

<strong>La</strong> prise <strong>des</strong> Falkland et la lenteur de la réaction argentine<br />

Le Royaume-Uni convoitait de longtemps <strong>les</strong> î<strong>les</strong> Falkland, même lorsqu’el<strong>les</strong> relevaient de la<br />

couronne d’Espagne, ceci du fait de l’importance stratégique de ces î<strong>les</strong> et de la volonté<br />

d’expansion et de maîtrise <strong>des</strong> mers <strong>des</strong> Britanniques ;<br />

Tout au long de cette première période, il ne s’agit pas vraiment de négociations, <strong>les</strong> deux<br />

parties s’en tiennent à leurs positions respectives. En 1825, le cabinet de Londres franchit tout<br />

de même un premier pas favorable, faisant apparemment taire ses prétentions, il reconnaît<br />

l’indépendance de la République Argentine avec laquelle il passe un traité d’amitié et de<br />

navigation et nomme un consul chargé d’affaires, en la personne de Woodbine Parish<br />

Robertson. Après <strong>les</strong> problèmes rencontrés avec <strong>les</strong> Etats-Unis, le Royaume Uni présente, par<br />

l’entremise de M. Parish, et sur la demande du premier ministre, Lord Liverpool, une<br />

protestation qui conteste l’occupation <strong>des</strong> <strong>Malouines</strong> par l’Argentine. Pour <strong>les</strong> Argentins, cette<br />

objection est jugée assez dérisoire, il s’agit pour eux d’une plaisanterie, <strong>les</strong> Anglais<br />

rappelaient qu’en 1774, ils avaient laissé une « plaque de plomb avec une inscription <strong>des</strong>sus »<br />

rien de plus, mais ils avaient apparemment oublié qu’ils avaient souscrit en 1790 à la<br />

« Convention de Nootka Sound ».<br />

L’Argentine se contenta de prendre bonne note de la plainte, sans réellement y prêter<br />

attention. <strong>La</strong> Royal Navy profita de l’occasion et <strong>des</strong> désordres survenus aux Falkland pour<br />

occuper <strong>les</strong> î<strong>les</strong>, le 2 janvier 1833. L’escadre de l’Atlantique sud, basée à Rio de Janeiro, avait<br />

dépêché <strong>les</strong> corvettes Clio et Tyne. Au mouillage à Berkeley Sound, (Puerto Soledad) se<br />

trouvaient le brick argentin Sarandi et le schooner Rapid, de Liverpool. Le capitaine Don José<br />

Pinedo de retour d’une tournée <strong>dans</strong> l’archipel, s’employait à diligenter une enquête sur le<br />

meurtre du gouverneur Mestivier, commis en son absence. Le capitaine Jeremy Onslow de la<br />

Clio l’informa ouvertement qu’il prenait possession <strong>des</strong> î<strong>les</strong> Falkland au nom de la Grande-<br />

Bretagne, il lui adressa une note qui le mettait en demeure d’enlever le drapeau argentin, de<br />

replier la garnison venue avec Mestivier (24 hommes) et d’évacuer <strong>les</strong> effets et autres biens<br />

appartenant à son gouvernement. Toutefois <strong>les</strong> colons, pour la plupart <strong>des</strong> gauchos recrutés<br />

par Vernet, (dont un Français) ne furent pas expulsés.<br />

Le 3 janvier, à 6 heures du matin, le capitaine Pinedo se rendit à bord de la Clio pour faire<br />

part de sa protestation personnelle et déclarer la Grande-Bretagne responsable de cette<br />

agression. Il déclara à Onslow que puisqu’il n’avait pas d’autre issue, il devrait se retirer mais<br />

qu’en aucun cas il n’abaisserait <strong>les</strong> couleurs argentines. (Il était d’autant moins en état de<br />

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