La guerre des Malouines dans les relations internationales
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Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé argentin (la première Junte). Les îles font toujours partie de la circonscription administrative de Buenos Aires, donc elles sont bien possession argentine. Dès 1819, des Argentins ont pris pied aux Malouines et le 6 novembre 1820, un « corsaire » ou plutôt un aventurier américain, le « colonel » David Jewett 9 , qui avait dû trouver refuge à Berkeley Sound à bord de son navire, l’Héroïna, en prend officiellement possession au nom des autorités de Buenos Aires, et hisse les couleurs de la confédération du Rio de la Plata. Les îles deviennent alors argentines mais la présence effective des Argentins (s’il y en eut une) ne dura guère plus de six mois. Le 9 juin 1829, Louis Vernet, un descendant de huguenots français, présent aux Falkland depuis 1826, est investi du commandement militaire et administratif de l’archipel. Toutefois, l’occupation argentine reste minime, puisqu’elle se limitait à un pénitencier et à quelques civils. Vernet redonne à Puerto Soledad son ancien nom français de Port Louis. Du fait de la faiblesse de l’occupation des îles par les Argentins, les Britanniques sont à nouveau tentés par les Falkland. Les difficultés argentines aiguisent l’intérêt britannique Avant 1833, quelques incidents surviennent dans les îles, ces derniers ont certainement ouvert la voie à « l’invasion britannique ». Louis Vernet, lorsqu’il fut nommé commandant, s’était fait octroyer l’exclusivité des droits de pêche, et il fonda des pêcheries. C’est ainsi que se produisit un grave incident américano- argentin. A la fin de 1830, trois schooners américains de Boston, le Harriett, le Breakwater et le Superior, sont surpris à chasser les phoques dans les eaux de l’archipel. Des insulaires, probablement des gauchos aux ordres de Vernet, se saisissent de ces trois bâtiments et l’un d’eux est pillé. A la demande du consul des Etats-Unis à Montevideo, le navire américain USS Lexington intervient à Berkeley Sound en janvier 1831 : le commandant Silas Duncan appréhende les sept responsables du pillage du schooner Harriet, (sur plainte de son capitaine, L'appellation tomba en désuétude, étant remplacée par celle de Confédération Argentine (cette appellation désigne uniquement le territoire argentin jusque 1861). Depuis lors le nom de République Argentine est habituel, bien que la Constitution de la Nation Argentine admette les trois appellations comme noms officiels, employant de surcroît le terme La Nación Argentina pour la formation et la sanction des lois. 9 David Jewett commandait le corsaire Héroina sous pavillon des Provinces du Rio de La Plata Il resta à Puerto Soledad de mars à octobre 1820 dans l’espoir de capturer des bâtiments espagnols : il se trouva dans le dénuement et eut à faire face à une épidémie de scorbut et à la mutinerie d’une partie de son équipage. Il fut dénoncé comme pirate par le secrétaire d’Etat américain John Quincy Adams (il avait capturé un navire américain et un navire portugais). La réalité de la prise de possession à laquelle il aurait procédé a été contestée. Le gouvernement de Buenos Aires ne la notifia pas aux gouvernements étrangers. 58
Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé Gilbert Davidson), des repris de justice provenant des pénitenciers de Montevideo et de Buenos Aires. Duncan évalue la population (en plus des forçats) à une quarantaine de colons, dont quelques familles d’origine allemande, en qui il voit des gens honnêtes, laborieux, quelquefois accompagnés de leurs épouses et de leurs enfants, et qui tous disent se trouver là par ce qu’ils ont été trompés par Vernet et son associé écossais Matthew Brisbane, et demandent à quitter cette terre inhospitalière. Quelques autres gauchos 10 ou horsemen vivent dans l’intérieur de l’île mais Duncan ne les a pas vus. Le commandant américain détruit les défenses de l’établissement et déclare les îles terra nullius, affranchie de la domination de toute puissance, quelle qu’elle soit. Sa manière d’agir sera approuvée par les autorités américaines et même par le président Andrew Jackson. Le Lexington ramène à Montevideo 26 colons, dont les Allemands ainsi que 13 esclaves noirs introduits par Vernet et 7 prisonniers. Ces derniers, auteurs du pillage sont traduits en justice mais ils seront remis en liberté. Il ne reste plus qu’une vingtaine de personnes sur l’île, dont des gauchos et quelques familles d’Indiens Charruas réfugiés là pour échapper aux geôles argentines (ils avaient combattu avec ardeur les troupes argentines pour défendre leurs terres situées au sud de Buenos Aires). Vernet ayant quitté l’île à la suite de cet incident, un nouveau gouverneur intérimaire, le Major Jean Etienne (dit Juan) Mestivier Esteban, Français de naissance, est nommé en septembre 1832. Il a pour tâche d’installer une colonie pénale. Il rejoint son poste le 6 octobre à bord du brick Sarandi, commandé par le capitaine Don José Maria Pinedo, avec un contingent de 24 hommes (pour la plupart en affectation disciplinaire). La cérémonie officielle d’installation a lieu le 10 octobre mais une mutinerie éclate peu après dans la garnison et Mestivier est assassiné 11 , le 31 novembre 1832, sous les yeux de sa jeune épouse. Les Britanniques avaient suivi tous ces événements avec attention, et dès le 28 septembre, trois jours après le départ de Mestivier, le chargé d’affaires Henry Fox 12 avait protesté contre cette nomination. Le Royaume Uni n’allait pas tarder à reprendre possession des îles puisque celle-ci devint effective le 3 janvier 1833. 10 En Argentine, les gauchos sont des gardiens de troupeau. 11 La mutinerie de la garnison semble avoir été fomentée, à la faveur d’une absence du Sarandi qui patrouillait dans l’archipel, par l’un des soldats, le repris de justice Manuel Saenz Valiente, et encouragée par l’adjudant Gomila, commandant en second de la garnison. Le meurtre de Mestivier aurait donné lieu à des scènes atroces. Les 9 mutins voulurent s’emparer du schooner Rapid de Liverpool qui relâchait sur la rade, mais ils n’y parvinrent pas et s’enfuirent dans l’intérieur. Ils furent tous repris par des gauchos, aidés par l’équipage du navire français Jean Jacques. 12 Henry Stephen Fox, (1791-1846) diplomate britannique, chargé d’affaires à Buenos Aires 1831-1832, ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro 1833-1836, à Washington DC, 1836-1844. Intéressé par la botanique, il correspondit avec Darwin et fonda un arboretum à Buenos Aires. 59
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argentin (la première Junte). Les î<strong>les</strong> font toujours partie de la circonscription administrative<br />
de Buenos Aires, donc el<strong>les</strong> sont bien possession argentine.<br />
Dès 1819, <strong>des</strong> Argentins ont pris pied aux <strong>Malouines</strong> et le 6 novembre 1820, un « corsaire »<br />
ou plutôt un aventurier américain, le « colonel » David Jewett 9 , qui avait dû trouver refuge à<br />
Berkeley Sound à bord de son navire, l’Héroïna, en prend officiellement possession au nom<br />
<strong>des</strong> autorités de Buenos Aires, et hisse <strong>les</strong> couleurs de la confédération du Rio de la Plata. Les<br />
î<strong>les</strong> deviennent alors argentines mais la présence effective <strong>des</strong> Argentins (s’il y en eut une) ne<br />
dura guère plus de six mois.<br />
Le 9 juin 1829, Louis Vernet, un <strong>des</strong>cendant de huguenots français, présent aux Falkland<br />
depuis 1826, est investi du commandement militaire et administratif de l’archipel. Toutefois,<br />
l’occupation argentine reste minime, puisqu’elle se limitait à un pénitencier et à quelques<br />
civils. Vernet redonne à Puerto Soledad son ancien nom français de Port Louis.<br />
Du fait de la faib<strong>les</strong>se de l’occupation <strong>des</strong> î<strong>les</strong> par <strong>les</strong> Argentins, <strong>les</strong> Britanniques sont à<br />
nouveau tentés par <strong>les</strong> Falkland.<br />
Les difficultés argentines aiguisent l’intérêt britannique<br />
Avant 1833, quelques incidents surviennent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> î<strong>les</strong>, ces derniers ont certainement<br />
ouvert la voie à « l’invasion britannique ».<br />
Louis Vernet, lorsqu’il fut nommé commandant, s’était fait octroyer l’exclusivité <strong>des</strong> droits de<br />
pêche, et il fonda <strong>des</strong> pêcheries. C’est ainsi que se produisit un grave incident américano-<br />
argentin. A la fin de 1830, trois schooners américains de Boston, le Harriett, le Breakwater et<br />
le Superior, sont surpris à chasser <strong>les</strong> phoques <strong>dans</strong> <strong>les</strong> eaux de l’archipel. Des insulaires,<br />
probablement <strong>des</strong> gauchos aux ordres de Vernet, se saisissent de ces trois bâtiments et l’un<br />
d’eux est pillé. A la demande du consul <strong>des</strong> Etats-Unis à Montevideo, le navire américain USS<br />
Lexington intervient à Berkeley Sound en janvier 1831 : le commandant Silas Duncan<br />
appréhende <strong>les</strong> sept responsab<strong>les</strong> du pillage du schooner Harriet, (sur plainte de son capitaine,<br />
L'appellation tomba en désuétude, étant remplacée par celle de Confédération Argentine (cette appellation<br />
désigne uniquement le territoire argentin jusque 1861). Depuis lors le nom de République Argentine est habituel,<br />
bien que la Constitution de la Nation Argentine admette <strong>les</strong> trois appellations comme noms officiels, employant<br />
de surcroît le terme <strong>La</strong> Nación Argentina pour la formation et la sanction <strong>des</strong> lois.<br />
9 David Jewett commandait le corsaire Héroina sous pavillon <strong>des</strong> Provinces du Rio de <strong>La</strong> Plata Il resta à Puerto<br />
Soledad de mars à octobre 1820 <strong>dans</strong> l’espoir de capturer <strong>des</strong> bâtiments espagnols : il se trouva <strong>dans</strong> le<br />
dénuement et eut à faire face à une épidémie de scorbut et à la mutinerie d’une partie de son équipage. Il fut<br />
dénoncé comme pirate par le secrétaire d’Etat américain John Quincy Adams (il avait capturé un navire<br />
américain et un navire portugais). <strong>La</strong> réalité de la prise de possession à laquelle il aurait procédé a été contestée.<br />
Le gouvernement de Buenos Aires ne la notifia pas aux gouvernements étrangers.<br />
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