La guerre des Malouines dans les relations internationales
La guerre des Malouines dans les relations internationales La guerre des Malouines dans les relations internationales
Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé et la colonisation humaine des espaces inoccupés ou par rapport à la bulle papale d’Alexandre VI ou du partage de Tordesillas ? En raison de leur éloignement et de leur climat, les îles n’ont pas fait l’objet d’une colonisation précoce. L’intérêt de la France et de la Grande-Bretagne pour les îles au XVIIIème siècle Toutefois, de ce point de vue, il faut reconnaître que la France s’est intéressée assez tôt à ces îles, ce qui contribue à l’ajouter à la liste des candidats fondés à revendiquer des droits. En 1701, quelques navires français croisent dans ces eaux à la recherche de zones de pêche. En 1703, le jésuite français Nyel leur donne le nom d’îles d’Anican en l’honneur d’un armateur de Bordeaux. Mais ce n’est qu’à la fin du XVIII ème siècle que Louis Antoine, comte de Bougainville, fonde le premier établissement sur l’archipel, précisément le 14 avril 1764. Il fonde Port Louis sur l’île orientale et y installe quelques familles acadiennes qui seront bientôt rejointes par des familles de Saint Malo. Les débuts de la colonisation humaine sont très modestes, puisqu’il s’agit de quelque 130 personnes, (les Malouins sont ainsi à l’origine de l’appellation française et argentine de ces îles). La colonisation française illustre la volonté de s’approprier ces îles. Peu de temps après son arrivée, Bougainville repart pour la France pour aller chercher de l’aide, il laisse la colonie sous l’intendance de M. Neuville. Soulignons également que la traversée qui avait acheminé les Malouins avait été très longue puisqu’ils étaient partis de St Malo le 15 septembre 1763, pour mouiller devant Port Louis le 2 février 1764. L’Espagne veille et ne laisse pas aux Français le temps de s’installer durablement, puisque très rapidement le roi d’Espagne proteste en invoquant le Pacte de Famille et le traité d’Utrecht. Louis XV ordonne en conséquence à Louis de Bougainville de rétrocéder les îles, c’est ainsi que le 1 er avril 1767, les colons malouins sont rapatriés vers la France. La France reçoit une indemnité de 603.000 livres. Pendant ce temps, le navigateur John Byron 3 , est passé sur l’île de Saunders où il a fondé l’établissement anglais de Port Egmont (le 22 janvier 1765), et installé quelques colons, mais 3 Le commodore John Byron, né à Nottingham en 1723, décédé en 1786, reconnut le détroit de Magellan en compagnie de Lord Anson (1742) et fut un temps prisonnier des Espagnols. Il accomplit un voyage de circumnavigation au cours duquel il reconnut également l’archipel Dangereux (Tuamotou) et les îles Kiribati. Grand-père du poète et écrivain Lord Byron 1788-1824, célèbre pour sa participation à l’indépendance de la Grèce 1821-1830. 54
Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé les deux populations (française et anglaise) sont restées pendant deux ans dans l’ignorance l’une de l’autre. L’année suivante (1766) la colonisation britannique se renforce par l’arrivée d’une garnison militaire aux ordres de John McBride. Les Espagnols réinvestissent les îles Devant le regain d’intérêt manifesté par les Français et les Anglais, les Espagnols qui considèrent que ces deux présences sont illicites, prennent conscience de la nécessité d’organiser la protection des îles. Ils se réfèrent au traité de Tordesillas pour affirmer la légitimité de leurs droits sur les îles. Nous savons qu’une bulle pontificale édictée par le pape Alexandre VI le 2 mai 1443, établissait que toute nouvelle terre découverte à plus de 100 lieues au-delà des Açores serait sous la domination espagnole, ce qui simplifiait de beaucoup l’appartenance des nouvelles conquêtes alors que celles-ci débutaient et que l’on ignorait toutes les richesses de ce nouveau monde. Le traité Luso-Espagnol de Tordesillas du 7 juin 1494 étendit la distance de 100 lieues à 370 lieues des Açores et des îles du Cap Vert. Même si l’on ignorait encore la richesse de l’Atlantique Sud, un traité reconnaissait déjà implicitement l’appartenance des Malouines à la couronne d’Espagne, « les Antilles Australes Britanniques » appartenaient déjà aux Espagnols de par ces traités. Aussi, les îles sont réellement devenues espagnoles en 1580, lorsque Philippe II reconnaît devant notaire la possession de ces îles. Mais comme on l’a vu précédemment cela n’arrêta ni les Anglais, ni les Français dans la mesure où la colonisation espagnole à la fin du XVIII ème siècle était peu envahissante, menacée de déclin. En 1770, les Anglais sont délogés de Port Egmont, par un contingent espagnol 4 , venu de Buenos Aires, aux ordres de Juan Ignacio de Madariaga. L’affrontement eut lieu en décembre 1769, dans le détroit de San Carlos. Ceci produit un froid dans les relations britanniques et espagnoles : Londres menace Madrid d’une guerre, les Anglais souhaitent garder un établissement dans l’archipel. Un traité est 4 Celui-ci comptait 1400 hommes. 55
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Deuxième partie - Les <strong>Malouines</strong> de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie<br />
à la naissance du conflit armé<br />
et la colonisation humaine <strong>des</strong> espaces inoccupés ou par rapport à la bulle papale d’Alexandre<br />
VI ou du partage de Tor<strong>des</strong>illas ?<br />
En raison de leur éloignement et de leur climat, <strong>les</strong> î<strong>les</strong> n’ont pas fait l’objet d’une<br />
colonisation précoce.<br />
L’intérêt de la France et de la Grande-Bretagne pour <strong>les</strong> î<strong>les</strong> au XVIIIème siècle<br />
Toutefois, de ce point de vue, il faut reconnaître que la France s’est intéressée assez tôt<br />
à ces î<strong>les</strong>, ce qui contribue à l’ajouter à la liste <strong>des</strong> candidats fondés à revendiquer <strong>des</strong> droits.<br />
En 1701, quelques navires français croisent <strong>dans</strong> ces eaux à la recherche de zones de pêche.<br />
En 1703, le jésuite français Nyel leur donne le nom d’î<strong>les</strong> d’Anican en l’honneur d’un<br />
armateur de Bordeaux. Mais ce n’est qu’à la fin du XVIII ème siècle que Louis Antoine, comte<br />
de Bougainville, fonde le premier établissement sur l’archipel, précisément le 14 avril 1764. Il<br />
fonde Port Louis sur l’île orientale et y installe quelques famil<strong>les</strong> acadiennes qui seront<br />
bientôt rejointes par <strong>des</strong> famil<strong>les</strong> de Saint Malo. Les débuts de la colonisation humaine sont<br />
très mo<strong>des</strong>tes, puisqu’il s’agit de quelque 130 personnes, (<strong>les</strong> Malouins sont ainsi à l’origine<br />
de l’appellation française et argentine de ces î<strong>les</strong>).<br />
<strong>La</strong> colonisation française illustre la volonté de s’approprier ces î<strong>les</strong>. Peu de temps après son<br />
arrivée, Bougainville repart pour la France pour aller chercher de l’aide, il laisse la colonie<br />
sous l’intendance de M. Neuville. Soulignons également que la traversée qui avait acheminé<br />
<strong>les</strong> Malouins avait été très longue puisqu’ils étaient partis de St Malo le 15 septembre 1763,<br />
pour mouiller devant Port Louis le 2 février 1764.<br />
L’Espagne veille et ne laisse pas aux Français le temps de s’installer durablement, puisque<br />
très rapidement le roi d’Espagne proteste en invoquant le Pacte de Famille et le traité<br />
d’Utrecht. Louis XV ordonne en conséquence à Louis de Bougainville de rétrocéder <strong>les</strong> î<strong>les</strong>,<br />
c’est ainsi que le 1 er avril 1767, <strong>les</strong> colons malouins sont rapatriés vers la France. <strong>La</strong> France<br />
reçoit une indemnité de 603.000 livres.<br />
Pendant ce temps, le navigateur John Byron 3 , est passé sur l’île de Saunders où il a fondé<br />
l’établissement anglais de Port Egmont (le 22 janvier 1765), et installé quelques colons, mais<br />
3 Le commodore John Byron, né à Nottingham en 1723, décédé en 1786, reconnut le détroit de Magellan en<br />
compagnie de Lord Anson (1742) et fut un temps prisonnier <strong>des</strong> Espagnols. Il accomplit un voyage de<br />
circumnavigation au cours duquel il reconnut également l’archipel Dangereux (Tuamotou) et <strong>les</strong> î<strong>les</strong> Kiribati.<br />
Grand-père du poète et écrivain Lord Byron 1788-1824, célèbre pour sa participation à l’indépendance de la<br />
Grèce 1821-1830.<br />
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