La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Seizième partie - Les conséquences pour les deux belligérants Au début de l'année 1982, tous les sondages donnaient le gouvernement Thatcher comme l'un des plus impopulaires depuis la seconde guerre mondiale, l’opinion publique montrant son hostilité face au chômage persistant et à la stagnation économique. Fin 1982, alors que l’opinion publique a opéré un revirement favorable vis-à-vis du gouvernement, la production industrielle n'atteint que 82% du niveau de mai 1979 et, malgré une reprise légère (0,2%) et passagère au cours du troisième trimestre, elle a stagné à son niveau le plus bas depuis seize ans. Le taux de chômage restait à un niveau inquiétant, on comptait 3 063 025 chômeurs, soit 13,8% de la population active (selon les statistiques gouvernementales). Alors que les chiffres du Parti social-démocrate (SPD) démontraient que le chômage se situait davantage dans la fourchette des 3,8 millions et 5 millions. En même temps, le pourcentage de faillites avait augmenté de 35% par rapport au « triste record établi » en 1981. Quelque 1 750 000 personnes de plus qu'en 1979 avaient dû recevoir des allocations complémentaires, c'est-à-dire au total 6 500 000 personnes. Aussi, même si l’excédent commercial était important grâce au pétrole (4 milliards), la livre sterling continuait à s'affaiblir sur les marchés des changes, elle tomba au-dessous de 1,50 dollar en mars 1983, pour la première fois. En juillet 1982 les contrôles sur les ventes à crédit ont été assouplis, de même que les taux d'intérêt, alors qu’en octobre, les autorisations de dépenses publiques et les charges sociales ont été revues à la hausse. Ces quelques mesures de relance très prudentes se sont accompagnées d'une légère augmentation du pouvoir d'achat des salariés au cours de la fin 1982, grâce également à une meilleure maîtrise de l’inflation (à 5,4%, au niveau le plus bas depuis treize ans). Mais la chute de la livre sterling en novembre et décembre 1982 ont empêché une nouvelle baisse des taux d'intérêt et les perspectives pour l'emploi et la production en 1983 restaient alarmantes. Pour autant, lors des élections de 1983, le gouvernement n’a pas subi la sanction attendue face à ces mauvais résultats. L'opinion publique restait au contraire favorable au gouvernement, c’était l’effet « Malouines », malgré les désaccords du début, de l’opposition et de la presse qui reprochaient au gouvernement de ne pas avoir anticipé l’invasion argentine. 468

Seizième partie - Les conséquences pour les deux belligérants Mais l'envoi d'une force d'intervention pour reprendre les îles s'est révélé être une alternative très populaire. Celle-ci a été renforcée par une fabuleuse campagne médiatique et par la reddition sans condition des Argentins le 15 juin. Pendant les combats, des communiqués de presse soigneusement contrôlés ont maintenu l'intérêt du public à son plus haut niveau. Les médias ont fait preuve d’un chauvinisme sans précédent. Les soldats revenant de la guerre ont été accueillis comme les héros de la nation. La position du gouvernement a encore été consolidée par une parade militaire des vainqueurs à travers Londres, une visite aux îles de Madame Thatcher. Et particulièrement, le rapport des « privy Councillors » (le rapport Franks) qui libérait le gouvernement de toute responsabilité vis- à-vis de l’imprévision du gouvernement devant l’invasion argentine. Le « facteur Falkland » a renforcé l'autorité de Mrs Thatcher dans le gouvernement et la position du Parti conservateur dans le pays. L'alliance entre le Parti social-démocrate (SPD) et les libéraux qui avaient largement progressé depuis 1979, fut la première victime. Bien que l’alliance ait commencé à baisser dans l’opinion publique avant début avril, à la fin 1981, elle avait atteint jusqu'à 50% dans certains sondages et le SPD avait remporté de justesse une élection partielle à la veille de l'invasion argentine. Mais l'alliance a essuyé ensuite des revers, directement liés aux retombées de la guerre, les électeurs ayant préférés les conservateurs, au SPD lors des élections locales de mai 1982 et plus tard, lors de nouvelles élections partielles. Le SPD a tenté de réagir en élisant à sa tête Roy Jenkins et en proposant des mesures marquées à droite, particulièrement des réformes syndicales, une « démocratie industrielle », l’expansion économique, l’éducation, la représentation proportionnelle et la défense et en « relançant » l'alliance par une nouvelle campagne d'information en janvier 1983. Le Parti travailliste fut la seconde victime du « facteur Malouines». Sa cote est restée basse, un tiers de la population le soutenait encore en janvier 1983, malgré une campagne très active de son aile droite pour reprendre les positions gagnées par son aile gauche depuis 1979. Au Congrès du Parti en septembre 1982, l’aile droite reprit le contrôle du NEC (National Executive Council) et a entrepris, comme première étape d'une vaste opération pour chasser les « gauchistes » du parti, une grande campagne d'expulsion des trotskystes des organisations locales. 469

Seizième partie - Les conséquences pour <strong>les</strong> deux belligérants<br />

Au début de l'année 1982, tous <strong>les</strong> sondages donnaient le gouvernement Thatcher comme l'un <strong>des</strong><br />

plus impopulaires depuis la seconde <strong>guerre</strong> mondiale, l’opinion publique montrant son hostilité<br />

face au chômage persistant et à la stagnation économique.<br />

Fin 1982, alors que l’opinion publique a opéré un revirement favorable vis-à-vis du<br />

gouvernement, la production industrielle n'atteint que 82% du niveau de mai 1979 et, malgré une<br />

reprise légère (0,2%) et passagère au cours du troisième trimestre, elle a stagné à son niveau le<br />

plus bas depuis seize ans.<br />

Le taux de chômage restait à un niveau inquiétant, on comptait 3 063 025 chômeurs, soit 13,8%<br />

de la population active (selon <strong>les</strong> statistiques gouvernementa<strong>les</strong>). Alors que <strong>les</strong> chiffres du Parti<br />

social-démocrate (SPD) démontraient que le chômage se situait davantage <strong>dans</strong> la fourchette <strong>des</strong><br />

3,8 millions et 5 millions.<br />

En même temps, le pourcentage de faillites avait augmenté de 35% par rapport au « triste record<br />

établi » en 1981.<br />

Quelque 1 750 000 personnes de plus qu'en 1979 avaient dû recevoir <strong>des</strong> allocations<br />

complémentaires, c'est-à-dire au total 6 500 000 personnes. Aussi, même si l’excédent<br />

commercial était important grâce au pétrole (4 milliards), la livre sterling continuait à s'affaiblir<br />

sur <strong>les</strong> marchés <strong>des</strong> changes, elle tomba au-<strong>des</strong>sous de 1,50 dollar en mars 1983, pour la première<br />

fois.<br />

En juillet 1982 <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> ventes à crédit ont été assouplis, de même que <strong>les</strong> taux<br />

d'intérêt, alors qu’en octobre, <strong>les</strong> autorisations de dépenses publiques et <strong>les</strong> charges socia<strong>les</strong> ont<br />

été revues à la hausse.<br />

Ces quelques mesures de relance très prudentes se sont accompagnées d'une légère augmentation<br />

du pouvoir d'achat <strong>des</strong> salariés au cours de la fin 1982, grâce également à une meilleure maîtrise<br />

de l’inflation (à 5,4%, au niveau le plus bas depuis treize ans). Mais la chute de la livre sterling<br />

en novembre et décembre 1982 ont empêché une nouvelle baisse <strong>des</strong> taux d'intérêt et <strong>les</strong><br />

perspectives pour l'emploi et la production en 1983 restaient alarmantes.<br />

Pour autant, lors <strong>des</strong> élections de 1983, le gouvernement n’a pas subi la sanction attendue face à<br />

ces mauvais résultats.<br />

L'opinion publique restait au contraire favorable au gouvernement, c’était l’effet « <strong>Malouines</strong> »,<br />

malgré <strong>les</strong> désaccords du début, de l’opposition et de la presse qui reprochaient au gouvernement<br />

de ne pas avoir anticipé l’invasion argentine.<br />

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