La guerre des Malouines dans les relations internationales
La guerre des Malouines dans les relations internationales La guerre des Malouines dans les relations internationales
Seizième partie - Les conséquences pour les deux belligérants Alfonsín et son gouvernement étaient parfaitement conscients de ce risque social. C'est d'ailleurs pourquoi ils ont instauré un moratoire de fait dès leur arrivée au pouvoir, suspendant unilatéralement les paiements et les négociations entreprises avec les débiteurs jusqu'en juin 1984. La banque internationale n'a pu qu’enregistrer le fait accompli. Toutefois, le FMI n’est pas un instrument souple, tolérer un délai est une chose, mais admettre des conditions de caractère exceptionnel en est une autre. La posture du gouvernement argentin était très difficile à défendre, soutenant qu’il n’avait pas d'autre possibilité. « Les banquiers doivent être plus souples ; ce n'est pas une question de choix, c'est une contrainte de la réalité », déclara Aldo Ferrer, président de la Banque de la province de Buenos Aires. Mais les milieux financiers internationaux n’étaient pas prêts à accorder une telle faveur à l’Argentine, ce cas créerait un précédent et violerait les règles fondamentales du FMI, à savoir l'exigence d'un programme d'austérité rigoureux et le libre jeu du marché. Cependant, grâce à la couverture interne de ses besoins en énergie, à une balance commerciale favorable (essentiellement grâce aux marchés conclus avec les pays de l'Est), à sa production alimentaire excédentaire, l'Argentine se trouvait dans de meilleures conditions que tout autre pays pour négocier en position de force avec le FMI. Le bras de fer entre le gouvernement et le FMI devait se jouer tout au long de l'année 1984. En 1985, les intérêts de la dette représentaient 6,2 milliards de dollars alors que l'excédent du commerce extérieur, unique point positif de l'économie nationale n'atteignait que 3,5 milliards de dollars. L'ensemble du système économique et productif argentin était durablement touché par les années de régime militaire. Notons que le premier ministre de l'Économie du gouvernement Alfonsín, Bernardo Grinspun est remplacé début 1985 par Juan Sourrouille. A la mi-1985, parmi les 4 objectifs fixés par Grinspun aucun n’était atteint. C’est la politique anti-inflationniste qui connaissait le revers le plus amer : tandis que le gouvernement souhaitait ramener le taux d'inflation à 100% à la fin de 1984, celui-ci avait atteint le record d’augmentation de 688%. Alors que les prévisions pour les premiers mois de 1985 étaient encore plus sombres : de mars 1984 à mars 1985 l'inflation annuelle est montée à 850% La spéculation financière était tout aussi vigoureuse malgré les mesures prises pour attirer des capitaux vers les secteurs de production : en décembre 1984, l’intérêt mensuel s’élevait à 52% ( !!!!) sur le marché parallèle des capitaux. 460
Seizième partie - Les conséquences pour les deux belligérants Les faibles investissements intérieurs n'ont autorisé qu'une hausse de 2,4% du PNB en 1984, alors que Grinspun s'était fixé 5%. L'échec de la politique officielle visant à attirer les capitaux étrangers en provenance des pays industrialisés et le fort tassement de la consommation, fin 1984, ont fait disparaître toute perspective de relance de l’économie. Le premier trimestre 1985 a été marqué par une grave récession, qui risquait de se traduire par un taux de croissance inférieur à 0% (on l’estimait à - 3%) en fin d'année si la conjoncture se confirmait. Le gouvernement démocratique du président Alfonsín se voyait donc confronté, en mai 1985, à une situation économique d'une extrême gravité, frappée à la fois par une inflation galopante et une très forte récession. Les raisons de cet échec étaient multiples : les chefs d'entreprise argentins refusaient d'investir dans le secteur productif, les pays industrialisés aussi, ceci se traduisait par un manque d’apports de capitaux et d’apports de devises étrangères. Pourtant le président argentin mène une diplomatie très active. Il s'est déplacé à plusieurs reprises à l'étranger, particulièrement en Europe (octobre 1984), en Inde et aux États-Unis (janvier et mars 1985). Lors de ses voyages en Europe et aux États-Unis, il déploya tous ses efforts pour faire entendre aux pays créditeurs qu'ils devaient comprendre la dette extérieure des nations latino-américaines, et en particulier de l'Argentine, d’un point de vue politique et non selon les normes classiques du FMI. L’Argentine souffrait de problèmes économiques, non à cause de son manque de dynamisme, mais à cause de ses faiblesses politiques passées. Il prit également l'initiative d'organiser trois réunions des pays débiteurs à Carthagène (en avril 1984), Mar del Plata (septembre 1984) et Saint-Domingue (février 1985). A cet égard, les pays développés ont craint que le président argentin ne forme un « cartel des pays débiteurs ». Mais les pays Sud-américains n'étaient pas disposés à aller au-delà des formules emphatiques. Cet échec relatif du président Alfonsín a contribué à affaiblir sa position face au FMI et au Club de Paris (« club » des pays fournisseurs d'aide au tiers monde). D’ailleurs en août 1984, Claude Cheysson, le ministre français des Affaires étrangères avait avancé, lors d'une visite à Buenos Aires, que « la France ne pouvait faire d'investissements publics en Argentine tant que ce pays ne se serait pas mis d'accord avec le FMI ». 461
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Les faib<strong>les</strong> investissements intérieurs n'ont autorisé qu'une hausse de 2,4% du PNB en 1984,<br />
alors que Grinspun s'était fixé 5%. L'échec de la politique officielle visant à attirer <strong>les</strong> capitaux<br />
étrangers en provenance <strong>des</strong> pays industrialisés et le fort tassement de la consommation, fin<br />
1984, ont fait disparaître toute perspective de relance de l’économie.<br />
Le premier trimestre 1985 a été marqué par une grave récession, qui risquait de se traduire par un<br />
taux de croissance inférieur à 0% (on l’estimait à - 3%) en fin d'année si la conjoncture se<br />
confirmait.<br />
Le gouvernement démocratique du président Alfonsín se voyait donc confronté, en mai 1985, à<br />
une situation économique d'une extrême gravité, frappée à la fois par une inflation galopante et<br />
une très forte récession.<br />
Les raisons de cet échec étaient multip<strong>les</strong> : <strong>les</strong> chefs d'entreprise argentins refusaient d'investir<br />
<strong>dans</strong> le secteur productif, <strong>les</strong> pays industrialisés aussi, ceci se traduisait par un manque d’apports<br />
de capitaux et d’apports de devises étrangères.<br />
Pourtant le président argentin mène une diplomatie très active. Il s'est déplacé à plusieurs reprises<br />
à l'étranger, particulièrement en Europe (octobre 1984), en Inde et aux États-Unis (janvier et<br />
mars 1985).<br />
Lors de ses voyages en Europe et aux États-Unis, il déploya tous ses efforts pour faire entendre<br />
aux pays créditeurs qu'ils devaient comprendre la dette extérieure <strong>des</strong> nations latino-américaines,<br />
et en particulier de l'Argentine, d’un point de vue politique et non selon <strong>les</strong> normes classiques du<br />
FMI. L’Argentine souffrait de problèmes économiques, non à cause de son manque de<br />
dynamisme, mais à cause de ses faib<strong>les</strong>ses politiques passées.<br />
Il prit également l'initiative d'organiser trois réunions <strong>des</strong> pays débiteurs à Carthagène (en avril<br />
1984), Mar del Plata (septembre 1984) et Saint-Domingue (février 1985).<br />
A cet égard, <strong>les</strong> pays développés ont craint que le président argentin ne forme un « cartel <strong>des</strong><br />
pays débiteurs ». Mais <strong>les</strong> pays Sud-américains n'étaient pas disposés à aller au-delà <strong>des</strong> formu<strong>les</strong><br />
emphatiques. Cet échec relatif du président Alfonsín a contribué à affaiblir sa position face au<br />
FMI et au Club de Paris (« club » <strong>des</strong> pays fournisseurs d'aide au tiers monde).<br />
D’ailleurs en août 1984, Claude Cheysson, le ministre français <strong>des</strong> Affaires étrangères avait<br />
avancé, lors d'une visite à Buenos Aires, que « la France ne pouvait faire d'investissements<br />
publics en Argentine tant que ce pays ne se serait pas mis d'accord avec le FMI ».<br />
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