La guerre des Malouines dans les relations internationales

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06.07.2013 Views

Seizième partie - Les conséquences pour les deux belligérants démocratisation du pouvoir syndical et militaire n’était pas possible sans la reconstruction économique, le peuple ne pouvait plus être mis de côté, la nécessité était d’approfondir et de consolider la démocratie. Mais si la situation politique argentine montre de fortes dissensions ; la situation économique, qui est le fruit de cette politique désastreuse de la dictature militaire, se trouve également dans une position toute aussi catastrophique. La démocratie prend ses marques Un an et demi après l'instauration du gouvernement Alfonsín, la jeune démocratie argentine traversait une phase cruciale pour son avenir : la justice annonçait le procès des neuf militaires qui s'étaient partagés la dictature entre le 24 mars 1976 et le 10 décembre 1983 ; et d’un point de vue économique, le gouvernement étudiait une série de mesures devant mettre un terme à la spéculation et à l'inflation, en vue de nouvelles négociations de la dette extérieure avec le Fond monétaire international (FMI). Raúl Alfonsín définit sa stratégie de reconstruction autour de trois objectifs : obtenir le plein fonctionnement des institutions républicaines et de la justice ; la résorption des traces de la « guerra sucia » menée pendant la dictature ; et enfin le redressement économique, en faisant appel à la compréhension des alliés traditionnels de l'Argentine (Europe et États-Unis) pour renégocier la dette extérieure et réaliser des investissements. Dès les premiers jours, le gouvernement radical s’est attelé à la tâche pour le premier objectif. Il établit les bases de fonctionnement normal du système démocratique grâce à la division des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, il garantit la liberté de presse. La bonne marche de la justice et du Parlement commence seulement à opérer à partir de 1985, mais les problèmes structurels de l'État et de la société, alliés au bureaucratisme, à l'inefficacité et à la corruption hérités de la dictature continuaient à jouer en sa défaveur. Toutefois l’annonce dès le lendemain de son arrivée au pouvoir, de son souhait de juger les crimes commis pendant la dictature retentit comme un véritable soulagement en Argentine. Les militaires de la Junte vont être jugés Le 11 décembre 1983 donc, lors d’une allocution télévisée, le nouveau président argentin annonçait qu’il souhaitait donner « réparation et justice » aux actes d'horreur que le terrorisme d'État avait infligés au pays. 450

Seizième partie - Les conséquences pour les deux belligérants Le même jour, le pouvoir exécutif décrétait de traduire devant les tribunaux non seulement les neuf membres des juntes militaires au pouvoir pendant près de huit ans, notamment les généraux à la tête de la présidence, Jorge Videla, Roberto Viola et Leopoldo Galtieri, pour atteinte à la Constitution et violation des droits de l'homme. Mais également les guérilleros qui avaient terrorisé le pays jusqu'en 1976, comme Eduardo Firmenich et Enrique Haroldo Gorriaran Merlo, membres des Montoneros et de l'ERP (Armée révolutionnaire du peuple). La problématique étant que l'ensemble de la société argentine et particulièrement les institutions ont souffert dans les années soixante-dix du terrorisme de gauche et du terrorisme de droite. Le terrorisme de droite parvenant à s’emparer du pouvoir en 1976 par un coup d'État militaire. La démocratie devait donc juger les deux extrêmes, afin de permettre l’auto-épuration de l’armée et non sa condamnation en bloc. Alfonsín a défini trois niveaux de responsabilité en matière de violation systématique des droits de l'homme: - le premier niveau englobe les personnes qui ont déterminé la stratégie et ordonné l’exécution des instructions, - le deuxième niveau distingue les individus qui ont exécuté les ordres, - le troisième niveau détermine les personnes qui se sont livrées à des excès dans la réalisation de ces ordres, Cette distinction de degrés de responsabilité, ainsi que la décision de faire juger les militaires par leurs tribunaux militaires, avait pour but d'aider l'armée à se reconstruire et à se laver des séquelles de la dictature. Mais les militaires refusaient l’idée même d’un procès. D’autant qu’en septembre 1984, le Conseil supérieur des armées, chargé des jugements, rendait l’avis suivant : les ordres reçus par les personnes inculpées étaient « sans objection possible », ce qui revenait à décréter une entière absolution des crimes commis par les militaires. Bien entendu, la réaction populaire fit pression sur le gouvernement pour porter le dossier devant la justice ordinaire. Le 22 avril 1985 devant plus de 500 journalistes du monde entier commençait un procès historique et sans précédent en Amérique latine pour condamner les militaires de la dictature. 451

Seizième partie - Les conséquences pour <strong>les</strong> deux belligérants<br />

démocratisation du pouvoir syndical et militaire n’était pas possible sans la reconstruction<br />

économique, le peuple ne pouvait plus être mis de côté, la nécessité était d’approfondir et de<br />

consolider la démocratie.<br />

Mais si la situation politique argentine montre de fortes dissensions ; la situation économique, qui<br />

est le fruit de cette politique désastreuse de la dictature militaire, se trouve également <strong>dans</strong> une<br />

position toute aussi catastrophique.<br />

<strong>La</strong> démocratie prend ses marques<br />

Un an et demi après l'instauration du gouvernement Alfonsín, la jeune démocratie<br />

argentine traversait une phase cruciale pour son avenir : la justice annonçait le procès <strong>des</strong> neuf<br />

militaires qui s'étaient partagés la dictature entre le 24 mars 1976 et le 10 décembre 1983 ; et<br />

d’un point de vue économique, le gouvernement étudiait une série de mesures devant mettre un<br />

terme à la spéculation et à l'inflation, en vue de nouvel<strong>les</strong> négociations de la dette extérieure avec<br />

le Fond monétaire international (FMI).<br />

Raúl Alfonsín définit sa stratégie de reconstruction autour de trois objectifs : obtenir le plein<br />

fonctionnement <strong>des</strong> institutions républicaines et de la justice ; la résorption <strong>des</strong> traces de la<br />

« guerra sucia » menée pendant la dictature ; et enfin le redressement économique, en faisant<br />

appel à la compréhension <strong>des</strong> alliés traditionnels de l'Argentine (Europe et États-Unis) pour<br />

renégocier la dette extérieure et réaliser <strong>des</strong> investissements.<br />

Dès <strong>les</strong> premiers jours, le gouvernement radical s’est attelé à la tâche pour le premier objectif.<br />

Il établit <strong>les</strong> bases de fonctionnement normal du système démocratique grâce à la division <strong>des</strong><br />

pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, il garantit la liberté de presse.<br />

<strong>La</strong> bonne marche de la justice et du Parlement commence seulement à opérer à partir de 1985,<br />

mais <strong>les</strong> problèmes structurels de l'État et de la société, alliés au bureaucratisme, à l'inefficacité et<br />

à la corruption hérités de la dictature continuaient à jouer en sa défaveur. Toutefois l’annonce dès<br />

le lendemain de son arrivée au pouvoir, de son souhait de juger <strong>les</strong> crimes commis pendant la<br />

dictature retentit comme un véritable soulagement en Argentine.<br />

Les militaires de la Junte vont être jugés<br />

Le 11 décembre 1983 donc, lors d’une allocution télévisée, le nouveau président argentin<br />

annonçait qu’il souhaitait donner « réparation et justice » aux actes d'horreur que le terrorisme<br />

d'État avait infligés au pays.<br />

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