La guerre des Malouines dans les relations internationales

Seizième partie - Les conséquences pour les deux belligérants
Face au marasme économique qu’ils ont provoqué (en 1930, l’Argentine était considérée comme
la 7 ème puissance du monde, en 1983, elle est descendue à la 17 ème place), déconsidérés par la
défaite des Malouines et acculés par une vague de protestations sociales de plus en plus
puissante, les militaires argentins ont commencé un mouvement de « repli en rang ». Avec pour
objectif de rendre le gouvernement aux civils et le retour dans les casernes.
Le 1 er juillet 1982, le général Reynaldo Bignone annonce la tenue de prochaines élections, en
même temps, il prend la décision d’autoriser à nouveau les partis politiques. Cette ouverture
avait été amorcée par le Général Galtieri.
Une nouvelle équipe économique, dirigée par l'ultra-libéral José María Dagnino Pastore tente
quant à elle de se mettre en place. Mais sa position est extrêmement délicate, le pays est en ruine,
comment le sauver de la banqueroute qui semble être inévitable ?
La débâcle des Malouines a joué un rôle de catalyseur dans la société argentine. A mesure que
les soldats reviennent du front et que les chefs militaires s'accusent mutuellement pour dégager
leur responsabilité du désastre (quatre généraux et plusieurs officiers de haut rang ont été
sanctionnés à la suite de leurs déclarations « imprudentes »), l'opinion publique commence à
découvrir les coulisses de cette aventure belliciste. Les Argentins apprennent par exemple que
parmi « leurs héros » se cachent de nombreux officiers qui ont fait preuve de lâcheté devant
l'ennemi ; alors que d’autres en ont profité pour faire du trafic avec les centaines de tonnes de
vivres et l'argent données par la population ; l’armée désorganisée n’a pas su assurer un
minimum de confort à ses troupes qui ont souffert de la faim et du froid ; le matériel militaire
était inadapté, les plans tactique ou stratégique ont tous échoué.
Bref, la « récupération des Malouines », revendication chère à la population argentine depuis la
prise de ces îles par l'Angleterre en 1833, n'a été qu'un fiasco, un prétexte, une folle aventure
destinée à escamoter les graves problèmes internes du régime militaire.
Los chicos de las Malvinas 4 , écrit par le journaliste David Kon, est devenu le best-seller de
l'année : dans cet ouvrage les soldats sur le front dressent de minutieux comptes-rendus de la
bêtise et de l’indignité de la plupart des chefs militaires.
C'est dans cette atmosphère que la presse commence à dévoiler tous les vices du régime et en
particulier la corruption administrative et les séquelles de la répression.
4 KON, Daniel. Los Chicos de la Guerra, Londres : New English Library, 1983, 188 p.
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