La guerre des Malouines dans les relations internationales

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06.07.2013 Views

Quatorzième partie - La diplomatie pendant la guerre des Malouines Alors qu’en Europe, le Conseil de l’Europe se réunit pour apporter son soutien moral à la Grande-Bretagne, et que le Canada se déclare prêt à apporter son aide à l’Angleterre pour les transmissions, les Etats-Unis proposent à la Royal Army de mettre à sa disposition leurs avions cargo C 5A Galaxy et C 141 Starlifter pour l’aider dans le ravitaillement en matériel tout en essayant de continuer à trouver une solution négociée. Toutefois, le 2 mai, lorsque le Belgrano est coulé, l’opinion internationale unanime condamne cet acte. Pour la première fois, l’Argentine se voit reconnaître le rôle de victime. Dans cet épisode, le député travailliste Tom Dalyell a accusé Thatcher à la Chambre des communes, d'avoir donné l'ordre de torpiller le navire dans le but de faire échouer la mission de paix du gouvernement péruvien. Selon ce député britannique, la marge de popularité du Premier ministre était très réduite et elle a cherché à l'augmenter, ceci en prévision des élections de 1983, le meilleur moyen étant de parvenir à une victoire dans l'Atlantique Sud. Mme Thatcher a indirectement confirmé ces accusations en interdisant la publication de « the Conqueror ’s log book », en le classant comme Top Secret. Un plan de paix est proposé par le Pérou, par l’intermédiaire du secrétaire général de l’ONU, Perez de Cuellar, mais ce dernier n’aboutira pas plus que les autres tentatives. L’ONU poursuit ses tentatives de négociations jusqu’au 19 mai, sans succès. Tactiquement, on constate que les Britanniques améliorent leur réseau, puisqu’ils utilisent Dakar, comme escale pour gagner l’île de l’Ascension. Dans le même temps, ils sollicitent le concours des avions ravitailleurs en vol KC 135 de l’US Air Force. Le 14 mai, les Etats-Unis réinvestissent les négociations, une barrière est levée, car les Argentins ne posent plus comme préambule aux négociations la reconnaissance de leur souveraineté sur les îles. Le 17 mai, des dissensions se font au sein de la CEE, dans la mesure où lors de la reconduction de l’embargo argentin, l’Irlande et l’Italie ont voté contre. Ils reconduisent toutefois l’embargo, celui-ci est réexaminé le 24 mai, bien que l’Irlande et l’Italie continuent de se désolidariser de ces mesures, l’embargo est prolongé pour une période indéterminée. Le 21 mai, on assiste au retour du Conseil de Sécurité de l’ONU sur la scène diplomatique. La Grande-Bretagne est condamnée à l’ONU par le Pérou, la Bolivie, le Paraguay, l’Uruguay, le Venezuela, le Panama, le Salvador, le Honduras, le Mexique. Alors que l’Espagne, le Guatemala, la Colombie et l’URSS adoptent une position plus discrète. 414

Quatorzième partie - La diplomatie pendant la guerre des Malouines Le 24 mai, lors d’une réunion onusienne, chacun y va de ses propositions, le Brésil propose un cessez-le-feu immédiat, l’Irlande une trêve de 72 heures. Dans le même temps, l’Argentine souhaite la convocation d’une réunion du TIAR. Le lendemain, les Etats-Unis, craignant une victoire trop écrasante de la Grande-Bretagne, mettent en garde leur allié, alors que ce dernier n’envisage que deux alternatives au conflit : soit les Argentins capitulent, soit ils évacuent les îles de leur propre chef. Ces mises en garde n’entachent toutefois pas les relations qui unissent les deux alliés, d’autant que les Etats-Unis continuent à apporter leur soutien logistique (4 pétroliers américains participent au ravitaillement de l’île de l’Ascension). Le Conseil de Sécurité de l’ONU pressentant l’imminence de la victoire britannique par la force, prend la résolution 505 2 , en demandant à son Secrétaire général de reprendre une mission de conciliation et de lui rendre compte de cette dernière dans les 7 jours (cette mission entre également dans le cadre de la résolution 502). Le 27 mai, l’organisme de consultation du TIAR adopte une résolution. Celle-ci condamne la Grande-Bretagne, demande aux Américains de cesser d’apporter leur aide militaire à leur allié. 17 pays ont voté cette résolution, bien entendu les Etats-Unis se sont abstenus, de même que le Chili, ainsi que Trinité-et-Tobago. Contre toute attente, le 28 mai, le Pentagone annonce qu’il a livré à la Grande-Bretagne des missiles Hawk, des missiles AIM 9L Sidewinder et des plaques perforées d’aérodrome afin de rétablir un pont aérien sur le terrain d’avion de Goose Green. L’Argentine ayant quant à elle, peu de moyens d’influence, tente de montrer sa volonté, elle interrompt notamment ses liaisons civiles et aériennes avec la France, la République fédérale Allemande et les Pays-Bas. Ces dernières seront donc interrompues jusqu’au 30 juin. Alors que le Secrétaire général de l’ONU tente toujours de trouver une solution négociée au conflit, Margaret Thatcher lui rétorque : “Pour éviter une défaite les Argentins doivent évacuer totalement et inconditionnellement leurs troupes. Sans cet engagement ferme, il ne peut y avoir de cessez-le-feu”. On ne peut être plus explicite. Elle oppose de la sorte une fin de non retour à une fin du conflit négociée. Le Secrétaire général de l’ONU ne peut d’ailleurs que reconnaître son échec lors de la réunion du Conseil de sécurité à laquelle il devait rendre compte de ses avancées diplomatiques. 2 Annexe 5. 415

Quatorzième partie - <strong>La</strong> diplomatie pendant la <strong>guerre</strong> <strong>des</strong> <strong>Malouines</strong><br />

Le 24 mai, lors d’une réunion onusienne, chacun y va de ses propositions, le Brésil propose<br />

un cessez-le-feu immédiat, l’Irlande une trêve de 72 heures. Dans le même temps, l’Argentine<br />

souhaite la convocation d’une réunion du TIAR.<br />

Le lendemain, <strong>les</strong> Etats-Unis, craignant une victoire trop écrasante de la Grande-Bretagne,<br />

mettent en garde leur allié, alors que ce dernier n’envisage que deux alternatives au conflit :<br />

soit <strong>les</strong> Argentins capitulent, soit ils évacuent <strong>les</strong> î<strong>les</strong> de leur propre chef. Ces mises en garde<br />

n’entachent toutefois pas <strong>les</strong> <strong>relations</strong> qui unissent <strong>les</strong> deux alliés, d’autant que <strong>les</strong> Etats-Unis<br />

continuent à apporter leur soutien logistique (4 pétroliers américains participent au<br />

ravitaillement de l’île de l’Ascension).<br />

Le Conseil de Sécurité de l’ONU pressentant l’imminence de la victoire britannique par la<br />

force, prend la résolution 505 2 , en demandant à son Secrétaire général de reprendre une<br />

mission de conciliation et de lui rendre compte de cette dernière <strong>dans</strong> <strong>les</strong> 7 jours (cette<br />

mission entre également <strong>dans</strong> le cadre de la résolution 502).<br />

Le 27 mai, l’organisme de consultation du TIAR adopte une résolution. Celle-ci condamne la<br />

Grande-Bretagne, demande aux Américains de cesser d’apporter leur aide militaire à leur<br />

allié. 17 pays ont voté cette résolution, bien entendu <strong>les</strong> Etats-Unis se sont abstenus, de même<br />

que le Chili, ainsi que Trinité-et-Tobago.<br />

Contre toute attente, le 28 mai, le Pentagone annonce qu’il a livré à la Grande-Bretagne <strong>des</strong><br />

missi<strong>les</strong> Hawk, <strong>des</strong> missi<strong>les</strong> AIM 9L Sidewinder et <strong>des</strong> plaques perforées d’aérodrome afin de<br />

rétablir un pont aérien sur le terrain d’avion de Goose Green.<br />

L’Argentine ayant quant à elle, peu de moyens d’influence, tente de montrer sa volonté, elle<br />

interrompt notamment ses liaisons civi<strong>les</strong> et aériennes avec la France, la République fédérale<br />

Allemande et <strong>les</strong> Pays-Bas. Ces dernières seront donc interrompues jusqu’au 30 juin.<br />

Alors que le Secrétaire général de l’ONU tente toujours de trouver une solution négociée au<br />

conflit, Margaret Thatcher lui rétorque :<br />

“Pour éviter une défaite <strong>les</strong> Argentins doivent évacuer totalement et<br />

inconditionnellement leurs troupes. Sans cet engagement ferme, il ne peut<br />

y avoir de cessez-le-feu”.<br />

On ne peut être plus explicite. Elle oppose de la sorte une fin de non retour à une fin<br />

du conflit négociée. Le Secrétaire général de l’ONU ne peut d’ailleurs que reconnaître son<br />

échec lors de la réunion du Conseil de sécurité à laquelle il devait rendre compte de ses<br />

avancées diplomatiques.<br />

2 Annexe 5.<br />

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