La guerre des Malouines dans les relations internationales

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06.07.2013 Views

Première partie - Présentation des îles Malouines L’alimentation est assez coûteuse puisque toutes les denrées qui ne sont pas produites sur place sont importées du Royaume-Uni ou du continent voisin (mais pour une part infime), ceci dans la mesure où la distance et les moyens de transport élèvent les prix. L’économie locale est entièrement aux mains de la FIC ou la « Falkland Island Company », les Argentins la décrivent comme une entreprise caractéristique de l’organisation coloniale. Sa fondation remonte à 1851. C’est Samuel Fisher Lafone qui est à l’origine de cette fondation, il a acheté le monopole sur les chevaux, les moutons, les bovins, les chèvres, les cochons, ceci pour 30 000£, pendant 5 ans, il a eu droit à « une exonération des taxes », mais l’entreprise ne fut pas véritablement rentable avant 1902. Elle devient une entreprise fructueuse après sa décapitalisation au début des années 1970, par exemple en 1977, elle a obtenu environ 290.000£ de profits de taxe, les dividendes ont payé pour l’ensemble des actionnaires environ 208.000£, en 1978, elle eut environ un profit de 270.000£ et elle redistribua à ses actionnaires environ 218.000£, ce qui est déjà important. Les actionnaires de cette entreprise appartiennent tous à une compagnie mère, soit un holding dont la raison sociale est : "Charringtons Industrial Holding", cette compagnie est la propriété d’un autre groupe “Coalite”, dont l’un des administrateurs est l’époux de Margaret Thatcher (d’où également la notion de conflit d’intérêt à charge pour Margaret Thatcher dénoncé dans l’argumentaire des Argentins). Cet élément est l’un des plus polémiques, d’autant que la FIC a commencé lors des négociations de 1978 à agir comme un « lobby » ou groupe de pression. Elle agit comme un lobby afin d’éviter tout retournement de situation au sein des Chambres britanniques. Elle constitue un groupe d’intérêt financier assez important, pour cette raison les actionnaires luttent contre ces négociations qui auraient pu porter atteinte au pouvoir économique de son monopole et introduire des concurrences argentines. L’on peut dire que le rôle économique de la FIC est prépondérant, puisqu’elle contrôle toute l’économie locale, elle est maîtresse de 42% des terres malouines, soit environ 7 000 km², elle domine environ 66% de la tonte de la laine, par l’intermédiaire de quelques petites entreprises qui sont des relais indépendants. Pour ce qui est de la production de la laine, elle est presque strictement tournée pour l’exportation vers l’Angleterre, puisque la population locale ne constitue que 1% du marché, le Royaume-Uni achète donc 99% de la production lainière des Falkland. Egalement, du fait de son importance et de sa position de premier propriétaire foncier, c’est elle qui subirait les plus lourdes conséquences d’une restitution de l’archipel aux Argentins. 34

L’autre intérêt économique des îles…. Première partie - Présentation des îles Malouines Il n’y a pas non plus que l’intérêt économique de la FIC qui est en jeu, il y a, bien plus important : le pétrole et sa présence potentielle révélée par la mission Shackleton en 1976. Ceci rend redoutable l’opposition à toute négociation avec l’Argentine. L’un des hommes les plus opposés et combatifs à l’encontre des Argentins est Brian Frow, Commandant de l’air en retraite, il est l’un des administrateurs de la Falkland Island Company. Le 30 mars 1982 à l’occasion d’un débat au Parlement sur la crise provoquée par l’incident de las « Islas Georgias », il affirma que : « No hay dudas de que la acción Argentina fue deliberada para analizar el agua y ver hasta donde estamos decididos a llegar... Hay petróleo en la plata forma marítima de la zona, los argentinos la saben y huelen el dinero... 15 » Ce serait donc l’attrait de l’or noir qui pousse les Argentins et les Anglais à guerroyer, c’est une hypothèse... mais si le doute était assez persistant à l’époque, il est aujourd’hui, dissipé depuis le début de l’exploitation 1995... Pendant toute la période qui a précédé, puis suivi la guerre, les Anglais n’ont jamais rendu publique leur recherche et pour cause, les informations concernant ces faits ne faisaient état que de rumeurs (nous les évoquerons plus bas avec Shell). Si l’on en croît la Prensa, la mer argentine est l’une des mers les plus riches en pétrole du monde, ses ressources ont été évaluées à environ 200 000 millions de barils de pétrole. Ce qui est énorme, si l’on considère les informations faisant état de la diminution de ces ressources en 1982, c’est également une donnée majeure si l’on considère la crise pétrolière à ce moment même. Selon le Monde diplomatique de mai 1982, il existe un « enjeu polaire », ceci du fait de l’importance du pétrole dans la région. Ce quotidien constate que depuis 1977, les revues pétrolières évoquent l’existence de pétrole au large des Falkland. Un géologue américain travaillant pour la Banque Interaméricaine de Développement a suscité la convoitise en estimant la possibilité d’un jaillissement possible de 2 millions de barils par jour pendant plus de dix ans. Ces chiffres révèlent l’importance pétrolière des Malouines (on se réfère à des chiffres qui ne sont normalement évoqués que dans les pays 15 De Vita Alberto A, Malvinas/82, Como y por qué, Instituto de publicaciones navales, Buenos Aires, 1994. 35

Première partie - Présentation <strong>des</strong> î<strong>les</strong> <strong>Malouines</strong><br />

L’alimentation est assez coûteuse puisque toutes <strong>les</strong> denrées qui ne sont pas produites sur<br />

place sont importées du Royaume-Uni ou du continent voisin (mais pour une part infime),<br />

ceci <strong>dans</strong> la mesure où la distance et <strong>les</strong> moyens de transport élèvent <strong>les</strong> prix.<br />

L’économie locale est entièrement aux mains de la FIC ou la « Falkland Island Company »,<br />

<strong>les</strong> Argentins la décrivent comme une entreprise caractéristique de l’organisation coloniale.<br />

Sa fondation remonte à 1851. C’est Samuel Fisher <strong>La</strong>fone qui est à l’origine de cette<br />

fondation, il a acheté le monopole sur <strong>les</strong> chevaux, <strong>les</strong> moutons, <strong>les</strong> bovins, <strong>les</strong> chèvres, <strong>les</strong><br />

cochons, ceci pour 30 000£, pendant 5 ans, il a eu droit à « une exonération <strong>des</strong> taxes », mais<br />

l’entreprise ne fut pas véritablement rentable avant 1902.<br />

Elle devient une entreprise fructueuse après sa décapitalisation au début <strong>des</strong> années 1970, par<br />

exemple en 1977, elle a obtenu environ 290.000£ de profits de taxe, <strong>les</strong> dividen<strong>des</strong> ont payé<br />

pour l’ensemble <strong>des</strong> actionnaires environ 208.000£, en 1978, elle eut environ un profit de<br />

270.000£ et elle redistribua à ses actionnaires environ 218.000£, ce qui est déjà important.<br />

Les actionnaires de cette entreprise appartiennent tous à une compagnie mère, soit un holding<br />

dont la raison sociale est : "Charringtons Industrial Holding", cette compagnie est la propriété<br />

d’un autre groupe “Coalite”, dont l’un <strong>des</strong> administrateurs est l’époux de Margaret Thatcher<br />

(d’où également la notion de conflit d’intérêt à charge pour Margaret Thatcher dénoncé <strong>dans</strong><br />

l’argumentaire <strong>des</strong> Argentins).<br />

Cet élément est l’un <strong>des</strong> plus polémiques, d’autant que la FIC a commencé lors <strong>des</strong><br />

négociations de 1978 à agir comme un « lobby » ou groupe de pression.<br />

Elle agit comme un lobby afin d’éviter tout retournement de situation au sein <strong>des</strong> Chambres<br />

britanniques. Elle constitue un groupe d’intérêt financier assez important, pour cette raison <strong>les</strong><br />

actionnaires luttent contre ces négociations qui auraient pu porter atteinte au pouvoir<br />

économique de son monopole et introduire <strong>des</strong> concurrences argentines.<br />

L’on peut dire que le rôle économique de la FIC est prépondérant, puisqu’elle contrôle toute<br />

l’économie locale, elle est maîtresse de 42% <strong>des</strong> terres malouines, soit environ 7 000 km², elle<br />

domine environ 66% de la tonte de la laine, par l’intermédiaire de quelques petites entreprises<br />

qui sont <strong>des</strong> relais indépendants. Pour ce qui est de la production de la laine, elle est presque<br />

strictement tournée pour l’exportation vers l’Angleterre, puisque la population locale ne<br />

constitue que 1% du marché, le Royaume-Uni achète donc 99% de la production lainière <strong>des</strong><br />

Falkland.<br />

Egalement, du fait de son importance et de sa position de premier propriétaire foncier, c’est<br />

elle qui subirait <strong>les</strong> plus lour<strong>des</strong> conséquences d’une restitution de l’archipel aux Argentins.<br />

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