La guerre des Malouines dans les relations internationales
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Dixième partie - L’enjeu des Alliances Anglaises œuvre une politique commune qui lèse ou tout du moins qui ne favorise pas ses propres intérêts. C’est le reproche récurrent qui est fait aux Britanniques, ils calculent trop fortement leur investissement dans la CEE, et leur diplomatie navigue trop fortement entre la position atlantiste et européenne, cela ne plaît pas à certains membres qui refusent de « se prêter au jeu du bon partenaire », alors que la Grande-Bretagne « joue au mauvais partenaire ». Londres fait donc figure de « mauvais joueur », ce qui place le cabinet britannique dans une mauvaise posture. Il est très ennuyé par cette double affaire, dans la mesure où elle le place en position de faiblesse. Mais ceci gêne également ses autres partenaires. Particulièrement par rapport à l’opinion publique des pays membres, pour le cas de la France, dans le conflit qui oppose, entre autres, Paris à Londres sur la question budgétaire, les opinions publiques sont mobilisées ; la France serait en effet assez avantagée par la politique agricole commune, elle recevrait des aides substantielles pour ses agriculteurs, c’est l’une des principales raisons du blocage. Alors, lorsque le gouvernement socialiste de François Mitterrand décide de soutenir Margaret Thatcher, il doit le faire contre sa propre opinion publique : seuls 18% des Français appuient le principe de faire jouer la solidarité européenne et atlantique, contre 61% qui souhaitent s’en tenir à une stricte neutralité. Dans un deuxième temps, les relations économiques des Etats membres de la CEE avec les partenaires sud-américains sont plus ou moins importantes. L’exemple de l’Irlande ou de l’Italie illustre parfaitement ce cas de figure. L’Argentine est parfaitement consciente de ces divergences, de ce fait, elle a pressenti que cette faiblesse pouvait jouer en sa faveur. C’est pourquoi, les généraux de la Junte ont décidé de mener une campagne dénonçant l’embargo européen. Les autres pays d’Amérique latine l’ont rapidement imité. C’est notamment le cas du Mexique qui dès le 16 avril dénonce l’injustice de cette mesure. Le 26 mai, c’est l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) qui condamne la CEE pour ses mesures de coercition économiques. Au sein de la CEE, le Premier ministre belge, Wilfried Martens, président en exercice de la Communauté, reçoit la visite de ministres sud-américains qui se plaignent de l’embargo et de la position des Dix dans le conflit. D’autres partisans de la cause argentine, ou solidaires de la nation argentine s’inquiètent des conséquences de l’embargo pour la population argentine, ils soulignent qu’une mesure 334
Dixième partie - L’enjeu des Alliances Anglaises d’embargo est une mesure grave et qu’elle devrait affecter les relations économiques entre les nations européennes et sud-américaines. La population argentine et toute l’Amérique latine sont par ailleurs profondément touchées par cette mesure. Ceci laisse augurer des relations futures un peu plus délicates entre la CEE et les pays latino-américains. Aussi, l’on peut noter qu’au sein de la CEE, certaines voix sont plus fortes que d’autres, particulièrement la RFA, la France et l’Italie, ces trois derniers préparent des communiqués communs, se tiennent mutuellement informés. Tandis que les autres membres n’ont pas d’impact réel. Toutefois, on le constate, le trio ne sera pas longtemps solidaire, les divergences d’intérêt auront raison de cette voix commune. La dernière remarque porte sur l’attitude de la Grande-Bretagne, celle-ci réclame le soutien des membres de la CEE, toutefois, elle ne modifie pas son comportement par rapport au conflit agro-budgétaire, où elle ne montre pas de signe d’assouplissements. D’autre part, elle n’hésite pas à retirer une bonne partie des troupes actives pour le compte de l’OTAN, et nécessaire à sa sécurité, pour les éloigner à 12 000 km. Même si cela est compréhensible, dans la mesure où tout autre pays actif au sein de l’OTAN aurait agi de la sorte. Egalement, elle reprend à son compte des mesures de coercition de la CEE, en les accommodant à sa guise, elle élargit en effet la notion communautaire de la zone des 200 milles, cette restriction est « normalement » une mesure commerciale, là, elle l’associe à une notion de défense, en établissant une zone d’exclusion de l’armée argentine autour de l’archipel. De ce fait, au sein de la CEE des voix s’élèvent pour critiquer l’attitude du gouvernement britannique, prompt à demander le soutien des autres membres, mais qui pour le reste agit à sa guise, sans faire la moindre concession, ni contribution. En fait, la CEE n’est pas unanime dans ces décisions. Puisque certains pays de l’Union sont plus ou moins favorables au Royaume Uni, ou à l’Argentine, d’autres s’en tiennent à des attitudes ambiguës. Prenons par exemple l’Espagne, son abstention au conseil de la CEE, figure pour l’Argentine comme une trahison de la part d’un pays « sœur en hispanité ». Néanmoins, en 1982, l’Espagne a plutôt intérêt à s’en tenir à une certaine neutralité puisqu’elle attend avec impatience son admission à la CEE, au sein de laquelle, il faut le souligner le Royaume Uni pèse très lourd. De plus, l’Espagne vient à peine d’être admise à l’OTAN, et elle ne veut pas 335
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d’embargo est une mesure grave et qu’elle devrait affecter <strong>les</strong> <strong>relations</strong> économiques entre <strong>les</strong><br />
nations européennes et sud-américaines. <strong>La</strong> population argentine et toute l’Amérique latine<br />
sont par ailleurs profondément touchées par cette mesure. Ceci laisse augurer <strong>des</strong> <strong>relations</strong><br />
futures un peu plus délicates entre la CEE et <strong>les</strong> pays latino-américains.<br />
Aussi, l’on peut noter qu’au sein de la CEE, certaines voix sont plus fortes que d’autres,<br />
particulièrement la RFA, la France et l’Italie, ces trois derniers préparent <strong>des</strong> communiqués<br />
communs, se tiennent mutuellement informés. Tandis que <strong>les</strong> autres membres n’ont pas<br />
d’impact réel.<br />
Toutefois, on le constate, le trio ne sera pas longtemps solidaire, <strong>les</strong> divergences d’intérêt<br />
auront raison de cette voix commune.<br />
<strong>La</strong> dernière remarque porte sur l’attitude de la Grande-Bretagne, celle-ci réclame le soutien<br />
<strong>des</strong> membres de la CEE, toutefois, elle ne modifie pas son comportement par rapport au<br />
conflit agro-budgétaire, où elle ne montre pas de signe d’assouplissements. D’autre part, elle<br />
n’hésite pas à retirer une bonne partie <strong>des</strong> troupes actives pour le compte de l’OTAN, et<br />
nécessaire à sa sécurité, pour <strong>les</strong> éloigner à 12 000 km. Même si cela est compréhensible, <strong>dans</strong><br />
la mesure où tout autre pays actif au sein de l’OTAN aurait agi de la sorte.<br />
Egalement, elle reprend à son compte <strong>des</strong> mesures de coercition de la CEE, en <strong>les</strong><br />
accommodant à sa guise, elle élargit en effet la notion communautaire de la zone <strong>des</strong> 200<br />
mil<strong>les</strong>, cette restriction est « normalement » une mesure commerciale, là, elle l’associe à une<br />
notion de défense, en établissant une zone d’exclusion de l’armée argentine autour de<br />
l’archipel.<br />
De ce fait, au sein de la CEE <strong>des</strong> voix s’élèvent pour critiquer l’attitude du gouvernement<br />
britannique, prompt à demander le soutien <strong>des</strong> autres membres, mais qui pour le reste agit à sa<br />
guise, sans faire la moindre concession, ni contribution.<br />
En fait, la CEE n’est pas unanime <strong>dans</strong> ces décisions. Puisque certains pays de l’Union sont<br />
plus ou moins favorab<strong>les</strong> au Royaume Uni, ou à l’Argentine, d’autres s’en tiennent à <strong>des</strong><br />
attitu<strong>des</strong> ambiguës.<br />
Prenons par exemple l’Espagne, son abstention au conseil de la CEE, figure pour l’Argentine<br />
comme une trahison de la part d’un pays « sœur en hispanité ». Néanmoins, en 1982,<br />
l’Espagne a plutôt intérêt à s’en tenir à une certaine neutralité puisqu’elle attend avec<br />
impatience son admission à la CEE, au sein de laquelle, il faut le souligner le Royaume Uni<br />
pèse très lourd. De plus, l’Espagne vient à peine d’être admise à l’OTAN, et elle ne veut pas<br />
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