La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Dixième partie - L’enjeu des Alliances Anglaises permanence par les satellites américains. Les Américains partageaient donc les renseignements avec leurs alliés britanniques. On peut d’ailleurs noter qu’une fois la guerre finie, Mrs Thatcher ne se lasse pas de remercier les États-Unis pour leur soutien, en déclarant que : “Without the Harrier jets and their immense manoeuvrability, equipped as they were with the latest version of the Sidewinder missile, supplied to us by US Defence Minister Caspar Weinberger, we could never have got back the Falkland4." Egalement, l’île de l'Ascension, bien que formellement britannique, a été concédée aux États-Unis, qui ont néanmoins été heureux de la mettre à la disposition de la flotte de Woodward et pour une escale de réapprovisionnement sur le chemin des îles Falkland. Quatre avions de surveillance ont été basés sur l'île de l'Ascension, équipés de haute fréquence, semblables à ceux qui étaient installés dans les porte-avions Hermes et Invincible dans le corps expéditionnaire. Grâce à l’aide des États-Unis, la flotte britannique avait à sa disposition des avions Nimrod, des sous-marins de l’Otan dont les transmetteurs permettaient l’interception de tous les signaux soviétiques, même d'une longue distance, et, mieux encore, les signaux argentins les plus proches. Les données recueillies par les avions et les navires britanniques ont été transmises au centre de communications SIGINT 5 à Cheltenham, ces derniers ont collaboré avec leur homologue américain, la NASA, basée à Fort George Meade, (Maryland) pour améliorer le décryptage de ces données. C’est dans le domaine de l’information et du renseignement que la coopération entre Britanniques et Américains se révéla particulièrement précieuse. On explique généralement l’interventionnisme des Etats-Unis dans le conflit par le fait que les Anglais et les Américains se donnent généralement la main lors des « coups durs », mais, ici, dans la balance, sont en jeu les relations avec l’Amérique du sud. Alors que les Etats-Unis projetaient depuis le début de la guerre froide de créer un parallèle à l’Otan, pour l’hémisphère sud (South Atlantic Treaty Organization), avec la guerre des Falkland, ces prétentions allaient être revues à la baisse. Cette collaboration reposait sur la tradition d’entraide qui existait entre les deux pays et c’est la même volonté de soutien mutuel que l’on retrouve dans les rapports entre le général David 4 « Sans les Harrier jets et leur manœuvrabilité immense, équipés avec la dernière version du missile Sidewinder, fournis par le ministre de la Défense américain Caspar Weinberger, nous n'aurions jamais pu regagner les Falkland. » 5 SIGnals INTelligence ou en français renseignement d'origine électromagnétique. 316

Dixième partie - L’enjeu des Alliances Anglaises Jones, chef d’Etat major des Armées, et l’Amiral Terence Lewin qui commandait les opérations dans l’Atlantique Sud. Au final, sans intervenir directement dans le conflit (ce qui aurait internationalisé le conflit), les Américains sont allés aussi loin que possible dans la voie de la coopération avec le Royaume Uni, même si celui-ci apparaissait plus clairement sur le terrain que dans les déclarations officielles. On peut d’ailleurs s’interroger sur le déroulement des événements si les Britanniques n’avaient pu compter sur l’aide américaine. Les appels du pied aux Américains par les Britanniques furent assez pressants et urgents, comme l’indique cet extrait : « Lord Renwick, a senior diplomat in the British embassy in Washington, who went on to become ambassador, told the programme: "My role was to go along to the Pentagon and ask them for 105 Sidewinder missiles. These were the very latest version, which were far more accurate than the earlier versions and we wanted them delivered within 48 hours. That meant stripping part of the frontline US air force of those missiles and sending them to the South Atlantic." Lord Powell of Bayswater, Lady Thatcher's key foreign affairs adviser, said that Britain would have lost the war without such assistance. His remarks were echoed by Richard Perle, an assistant US defence secretary at the time, who said: "Britain would probably have lost the war without American assistance. That's how significant it was. 6 » Mme Thatcher n’hésite pas à reconnaître également, l’extraordinaire manœuvrabilité des Harrier équipés du missile air-air Sidewinder, « sans eux nous n’aurions pu reprendre les Falkland ». L’amiral James Eberle est moins catégorique: « Sans l’assistance américaine, précise-t-il, l’opération aurait été plus longue, plus difficile et plus dangereuse mais les Britanniques auraient fini par atteindre leur objectif ». Grâce à cette aide américaine la guerre des Malouines se trouva « écourtée ». L’opinion publique a d’ailleurs perçu l’importance de l’aide américaine au cours du conflit. Un sondage Mori réalisé pour le compte de The Economist à la fin du mois de juin 1982 indiquait que 63% des Britanniques interrogés s’estimaient satisfaits du soutien américain, proportion d’autant plus remarquable que la controverse sur les missiles avait quelque peu 6 Extract of“Crucial Falkland role played by US missiles” by N. Watt, The Guardian, Friday, 6 september 2002 317

Dixième partie - L’enjeu <strong>des</strong> Alliances Anglaises<br />

Jones, chef d’Etat major <strong>des</strong> Armées, et l’Amiral Terence Lewin qui commandait <strong>les</strong><br />

opérations <strong>dans</strong> l’Atlantique Sud.<br />

Au final, sans intervenir directement <strong>dans</strong> le conflit (ce qui aurait internationalisé le<br />

conflit), <strong>les</strong> Américains sont allés aussi loin que possible <strong>dans</strong> la voie de la coopération<br />

avec le Royaume Uni, même si celui-ci apparaissait plus clairement sur le terrain que<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> déclarations officiel<strong>les</strong>. On peut d’ailleurs s’interroger sur le déroulement <strong>des</strong><br />

événements si <strong>les</strong> Britanniques n’avaient pu compter sur l’aide américaine. Les appels<br />

du pied aux Américains par <strong>les</strong> Britanniques furent assez pressants et urgents, comme<br />

l’indique cet extrait :<br />

« Lord Renwick, a senior diplomat in the British embassy in Washington, who<br />

went on to become ambassador, told the programme: "My role was to go along<br />

to the Pentagon and ask them for 105 Sidewinder missi<strong>les</strong>. These were the very<br />

latest version, which were far more accurate than the earlier versions and we<br />

wanted them delivered within 48 hours. That meant stripping part of the<br />

frontline US air force of those missi<strong>les</strong> and sending them to the South Atlantic."<br />

Lord Powell of Bayswater, <strong>La</strong>dy Thatcher's key foreign affairs adviser, said that<br />

Britain would have lost the war without such assistance.<br />

His remarks were echoed by Richard Perle, an assistant US defence secretary<br />

at the time, who said: "Britain would probably have lost the war without<br />

American assistance. That's how significant it was. 6 »<br />

Mme Thatcher n’hésite pas à reconnaître également, l’extraordinaire manœuvrabilité<br />

<strong>des</strong> Harrier équipés du missile air-air Sidewinder, « sans eux nous n’aurions pu reprendre <strong>les</strong><br />

Falkland ».<br />

L’amiral James Eberle est moins catégorique: « Sans l’assistance américaine, précise-t-il,<br />

l’opération aurait été plus longue, plus difficile et plus dangereuse mais <strong>les</strong> Britanniques<br />

auraient fini par atteindre leur objectif ». Grâce à cette aide américaine la <strong>guerre</strong> <strong>des</strong><br />

<strong>Malouines</strong> se trouva « écourtée ».<br />

L’opinion publique a d’ailleurs perçu l’importance de l’aide américaine au cours du conflit.<br />

Un sondage Mori réalisé pour le compte de The Economist à la fin du mois de juin 1982<br />

indiquait que 63% <strong>des</strong> Britanniques interrogés s’estimaient satisfaits du soutien américain,<br />

proportion d’autant plus remarquable que la controverse sur <strong>les</strong> missi<strong>les</strong> avait quelque peu<br />

6 Extract of“Crucial Falkland role played by US missi<strong>les</strong>” by N. Watt, The Guardian, Friday, 6 september 2002<br />

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