La guerre des Malouines dans les relations internationales
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Cinquième partie - La guerre approche : les prémices, et les raisons de l’engagement militaire pour les deux parties Margaret Thatcher : une situation politique délicate (au sein des Chambres, et de l’opinion publique) Il importe ici de rappeler brièvement la position dans laquelle se trouvait Margaret Thatcher à la veille du conflit des Malouines, soit en mars 1982, puis au début du conflit, afin d’analyser la réaction de l’opinion publique, politique et internationale vis-à-vis de la Grande- Bretagne. Tout d’abord, il convient de souligner que Margaret Thatcher est en tout début de campagne électorale en 1982, car, la Chambre des Communes doit être renouvelée en mai 1983 16 , et les sondages de mars 1982, ne sont guère encourageants pour les conservateurs, car environ 75% des électeurs se disent défavorables à leur politique. De ce fait, de nombreuses personnes ont prétexté que Margaret Thatcher a délibérément engagé le pays dans la guerre des Malouines, pour trouver une échappatoire, redonner une image glorieuse de la Grande-Bretagne, afin que les Anglais se détournent des problèmes politiques intérieurs, retrouvent confiance en leur pays, en la politique de leur premier ministre. Au début du mois d’avril la situation de Margaret Thatcher est assez délicate dans la mesure où les Chambres critiquent sa position, mais elle a l’appui de l’opinion publique, des Européens, et l’appui, en apparence mitigé, des Américains. Pour ce qui est de l’appui des Européens, il est assez contesté par l’opinion publique, dans la mesure où les pays de la Communauté exercent une certaine pression. C’est-à-dire, même s’ils s’en cachent bien, ils souhaitent en échange de leur soutien à l’Angleterre, dans la mise en place de l’embargo économique et militaire déclaré à l’Argentine, que les Anglais subventionnent les agriculteurs allemands et français en versant une forte cotisation, alors que les Anglais semblent de moins en moins attachés à la Communauté européenne. La population anglaise est convaincue de ce chantage, et ce malgré la visite et les déclarations de la commission présidentielle (François Mitterrand, Pierre Mauroy, Claude Cheysson) réaffirmant sans ambages sa solidarité avec Londres face à « la logique regrettable de Buenos Aires ». F. Mitterrand et C. Cheysson ont eu beau répéter à l’envi qu’il n’existait aucun lien entre l’embargo argentin et le contentieux communautaire, la population anglaise n’en est guère convaincue. En dépit de ces doutes au sein de la population anglaise, l’appui de la Communauté européenne a été certain, puisque malgré l’obstination des Argentins à solliciter la suspension de cet embargo, les Européens le renouvelèrent à trois reprises. 16 Le parti conservateur obtient environ 42% des votes, soit 392 sièges (en 1979, 342 sièges). 188
Cinquième partie - La guerre approche : les prémices, et les raisons de l’engagement militaire pour les deux parties Mais Margaret Thatcher résista à la vague européenne et argentine, elle ne capitula pas, ce qui lui valut la confirmation de son surnom de « Dame de Fer ». Son attitude suscita quelques polémiques, par exemple, celle du parti pris dans la mesure où son mari possédait des actions de la FIC (la Falkland Islands Company), l’abandon de la souveraineté britannique acculerait la FIC à ruine, puisqu’il s’agissait d’un monopole d’Etat, ce qui aurait donc des conséquences économiques sur le capital boursier de M. Thatcher. Ce point est-il tellement déterminant dans la prise de décision de Margaret Thatcher ? Celle-ci paraît surtout préoccupée par son rôle au sein de l’Etat. Cette obstination à ne pas s’incliner lui valut aussi la sympathie d’une large part de la population, par exemple la BBC diffusa une série de sondages révélateurs : 90% des personnes interrogées désiraient l’évacuation totale des îles Malouines par les troupes argentines, 70% souhaitaient la restauration complète de l’administration britannique, 62% un droit de veto pour les habitants sur leur sort futur. Vis-à-vis des négociations du secrétaire général de l’ONU, 36% du public n’y croyaient plus et réclamaient une intervention immédiate, 27% seulement pensaient que les pourparlers pourraient encore se poursuivre plus d’une semaine (à la date du 17 mai). Néanmoins, si ces négociations devaient aboutir à un échec, les Anglais sont alors 59% à se prononcer en faveur d’une invasion. Les sondages sont donc très encourageants pour Margaret Thatcher même s’il existe un important courant pacifiste. De plus, un autre journal The Sun 17 a effectué un sondage parmi ses électeurs, il lui accorde 48% des suffrages en cas d’élections immédiates, les travaillistes sont crédités de 33% de l’électorat et la nouvelle alliance libéraux-sociaux-démocrates d’un maigre 17%. A propos de la couverture médiatique des événements, à laquelle la BBC, prit une large part cette dernière fut accusée de manque d’objectivité, le prince Charles dût même intervenir pour porter secours à Margaret Thatcher contre les attaques « de trahison » de la part d’une partie de la Chambre des Communes et d’une partie du gouvernement. Elle reçut également le soutien de la population, dans un sondage 81% du public jugea justifiée sa couverture de la « guerre ». Nous pouvons donc émettre les hypothèses suivantes : Margaret Thatcher se trouvant en fâcheuse posture pour une éventuelle réélection en 1982, essaya de trouver une formule expiatoire à la morosité et à la crise anglaise. Une guerre pouvait relancer l’économie et 17 Rappelons que c’est un journal populaire et ultra-patriotard. 189
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Margaret Thatcher : une situation politique délicate (au sein <strong>des</strong> Chambres, et de<br />
l’opinion publique)<br />
Il importe ici de rappeler brièvement la position <strong>dans</strong> laquelle se trouvait Margaret<br />
Thatcher à la veille du conflit <strong>des</strong> <strong>Malouines</strong>, soit en mars 1982, puis au début du conflit, afin<br />
d’analyser la réaction de l’opinion publique, politique et internationale vis-à-vis de la Grande-<br />
Bretagne.<br />
Tout d’abord, il convient de souligner que Margaret Thatcher est en tout début de campagne<br />
électorale en 1982, car, la Chambre <strong>des</strong> Communes doit être renouvelée en mai 1983 16 , et <strong>les</strong><br />
sondages de mars 1982, ne sont guère encourageants pour <strong>les</strong> conservateurs, car environ 75%<br />
<strong>des</strong> électeurs se disent défavorab<strong>les</strong> à leur politique.<br />
De ce fait, de nombreuses personnes ont prétexté que Margaret Thatcher a délibérément<br />
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image glorieuse de la Grande-Bretagne, afin que <strong>les</strong> Anglais se détournent <strong>des</strong> problèmes<br />
politiques intérieurs, retrouvent confiance en leur pays, en la politique de leur premier<br />
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Au début du mois d’avril la situation de Margaret Thatcher est assez délicate <strong>dans</strong> la mesure<br />
où <strong>les</strong> Chambres critiquent sa position, mais elle a l’appui de l’opinion publique, <strong>des</strong><br />
Européens, et l’appui, en apparence mitigé, <strong>des</strong> Américains.<br />
Pour ce qui est de l’appui <strong>des</strong> Européens, il est assez contesté par l’opinion publique, <strong>dans</strong> la<br />
mesure où <strong>les</strong> pays de la Communauté exercent une certaine pression. C’est-à-dire, même<br />
s’ils s’en cachent bien, ils souhaitent en échange de leur soutien à l’Angleterre, <strong>dans</strong> la mise<br />
en place de l’embargo économique et militaire déclaré à l’Argentine, que <strong>les</strong> Anglais<br />
subventionnent <strong>les</strong> agriculteurs allemands et français en versant une forte cotisation, alors que<br />
<strong>les</strong> Anglais semblent de moins en moins attachés à la Communauté européenne.<br />
<strong>La</strong> population anglaise est convaincue de ce chantage, et ce malgré la visite et <strong>les</strong> déclarations<br />
de la commission présidentielle (François Mitterrand, Pierre Mauroy, Claude Cheysson)<br />
réaffirmant sans ambages sa solidarité avec Londres face à « la logique regrettable de Buenos<br />
Aires ». F. Mitterrand et C. Cheysson ont eu beau répéter à l’envi qu’il n’existait aucun lien<br />
entre l’embargo argentin et le contentieux communautaire, la population anglaise n’en est<br />
guère convaincue. En dépit de ces doutes au sein de la population anglaise, l’appui de la<br />
Communauté européenne a été certain, puisque malgré l’obstination <strong>des</strong> Argentins à solliciter<br />
la suspension de cet embargo, <strong>les</strong> Européens le renouvelèrent à trois reprises.<br />
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