La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Cinquième partie - La guerre approche : les prémices, et les raisons de l’engagement militaire pour les deux parties l’intention de « finalement, laisser les habitants des îles sous la botte de la Junte contre leur gré ». Au même moment, Sir Anthony Parsons 15 séjourne à New York pour une ultime série de pourparlers, mais ces révélations ne lui laissent pour ainsi dire qu’une marge de manœuvre singulièrement réduite. Car Margaret Thatcher passe en revue toutes les solutions, elle confie au journaliste que si la Task Force se retirait maintenant, à la condition que les troupes argentines évacuent également, pour laisser place à des négociations, au moindre choc, l’Argentine aurait les moyens de revenir rapidement sur les lieux, puisque sa base la plus proche ne se trouve qu’à quelque 600 kilomètres de l’archipel. Du fait, elle réclame que si négociations il y a les forces anglaises doivent se trouver à proximité à l’île de l’Ascension, avec un appui américain, alors que les Argentins réclament un retrait total et le retour des troupes anglaises en Grande-Bretagne. En réalité, nous assistons à un véritable blocage, les deux parties ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente. A ceci viennent s’ajouter quelques autres polémiques, et particulièrement une qui fait grand bruit, c’est-à-dire la rapidité de l’intervention de la Task Force. La polémique sur la rapidité de l’envoi de la flotte : le 5 avril L’Argentine débarqua ses troupes aux îles Malouines le 2 avril 1982, le temps de réaction des Britanniques pour l’envoi d’une armée fut très court puisque le 5 avril dans la matinée presque toute l’armada britannique faisait route vers les Falkland. Autant dire que ce fut une réaction très rapide, un peu trop peut-être car matériellement les Anglais ne pouvaient pas mettre sur pied une armée en un peu plus de 48 heures, c’est donc que la préparation de l’armée avait été commencée, peut-être pas à temps, car si les troupes anglaises étaient parvenues sur les lieux avant le 2 avril, ceci eut été complètement dissuasif pour les Argentins. Il y eut également des rumeurs dans la presse britannique affirmant que des sous-marins nucléaires furent envoyés dans l’Atlantique Sud dans la dernière semaine de mars. Mais nous n’avons pas de réponse à de telles questions, puisque ni Margaret Thatcher ni l’Amirauté ne se sont jamais préoccupés d’y répondre. Néanmoins, même si l’envoi des troupes fut rapide, la réaction politique (et publique) anglaise fut très vive, Lord Carrington démissionna du Foreign Office, il payait de cette façon le prix 15 Ambassadeur de Grande Bretagne à l’Onu. 186

Cinquième partie - La guerre approche : les prémices, et les raisons de l’engagement militaire pour les deux parties des « mauvaises informations » reçues par ses services. De sorte que nous ne savons pas très bien démêler le vrai du faux, les troupes britanniques avaient-elles été déjà mises en alerte pour les combats, la surprise des Anglais était-elle feinte ou avaient-ils été véritablement pris au dépouvu par l’invasion ? Nous ne pouvons être que circonspect vis-à-vis de la deuxième éventualité, il ne s’agit pas de l’attaque de Pearl Harbor, et nous ne sommes plus en 1945, les moyens de détecter les mouvements de troupes ont fait d’énormes progrès. Ici, il s’agissait de nombreux navires, qui ne pouvaient passer inaperçus des radars, encore moins dans un contexte de guerre froide où rien ne pouvait passer inaperçu. D’autant que, à l’appui de la première hypothèse, nous pouvons rappeler le fait que, la nuit de l’invasion, le président Reagan s’entretint pendant plus d’une heure avec le Général Galtieri, pour le dissuader d’attaquer les îles Malouines. Donc, si le président américain jouait un rôle de médiateur en intervenant au dernier moment, cela ne signifiait-il pas que les Britanniques avaient eu connaissance des événements ? Il y eut également au Royaume-Uni, une polémique concernant l’envoi du nombre de navires de la Royal Navy, alors que le premier ministre annonçait aux Chambres l’envoi d’environ 24 bâtiments, plus d’une quarantaine de bâtiments faisaient route vers les îles Malouines. Il paraît donc évident que la flotte britannique a pu très rapidement prendre le départ, faut-il y voir le résultat de l’efficacité de l’état major britannique ou tout « simplement » les politiques avaient-ils décidé auparavant de l’envoi d’une partie de ces unités dans l’Atlantique Sud ? Il semble évidemment normal, d’après les sources, d’envisager que les Anglais prévoyaient d’envoyer des forces militaires dans l’archipel des Malouines, mais ils ne s’attendaient certainement pas à ce que les Argentins fussent si prompts. Du fait, nous pouvons nous interroger sur la volonté de négociation des deux parties, il semble évident que les deux parties en présence s’étaient résolues à un conflit armé, et dès lors les tentatives d’Alexander Haig n’allaient assurément pas résoudre la question. D’autant si nous considérons que le gouvernement britannique n’est pas en « assez bonne posture » pour souffrir un quelconque discrédit dans ses relations extérieures, il s’agit donc pour lui également de « redorer » son blason, ou tout au moins de réaffirmer la politique d’un Etat fort, ce à quoi Margaret Thatcher va s’employer. 187

Cinquième partie - <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> approche : <strong>les</strong> prémices, et <strong>les</strong> raisons de l’engagement<br />

militaire pour <strong>les</strong> deux parties<br />

l’intention de « finalement, laisser <strong>les</strong> habitants <strong>des</strong> î<strong>les</strong> sous la botte de la Junte contre leur<br />

gré ».<br />

Au même moment, Sir Anthony Parsons 15 séjourne à New York pour une ultime série de<br />

pourparlers, mais ces révélations ne lui laissent pour ainsi dire qu’une marge de manœuvre<br />

singulièrement réduite. Car Margaret Thatcher passe en revue toutes <strong>les</strong> solutions, elle confie<br />

au journaliste que si la Task Force se retirait maintenant, à la condition que <strong>les</strong> troupes<br />

argentines évacuent également, pour laisser place à <strong>des</strong> négociations, au moindre choc,<br />

l’Argentine aurait <strong>les</strong> moyens de revenir rapidement sur <strong>les</strong> lieux, puisque sa base la plus<br />

proche ne se trouve qu’à quelque 600 kilomètres de l’archipel.<br />

Du fait, elle réclame que si négociations il y a <strong>les</strong> forces anglaises doivent se trouver à<br />

proximité à l’île de l’Ascension, avec un appui américain, alors que <strong>les</strong> Argentins réclament<br />

un retrait total et le retour <strong>des</strong> troupes anglaises en Grande-Bretagne.<br />

En réalité, nous assistons à un véritable blocage, <strong>les</strong> deux parties ne parviennent pas à trouver<br />

un terrain d’entente. A ceci viennent s’ajouter quelques autres polémiques, et particulièrement<br />

une qui fait grand bruit, c’est-à-dire la rapidité de l’intervention de la Task Force.<br />

<strong>La</strong> polémique sur la rapidité de l’envoi de la flotte : le 5 avril<br />

L’Argentine débarqua ses troupes aux î<strong>les</strong> <strong>Malouines</strong> le 2 avril 1982, le temps de<br />

réaction <strong>des</strong> Britanniques pour l’envoi d’une armée fut très court puisque le 5 avril <strong>dans</strong> la<br />

matinée presque toute l’armada britannique faisait route vers <strong>les</strong> Falkland. Autant dire que ce<br />

fut une réaction très rapide, un peu trop peut-être car matériellement <strong>les</strong> Anglais ne pouvaient<br />

pas mettre sur pied une armée en un peu plus de 48 heures, c’est donc que la préparation de<br />

l’armée avait été commencée, peut-être pas à temps, car si <strong>les</strong> troupes anglaises étaient<br />

parvenues sur <strong>les</strong> lieux avant le 2 avril, ceci eut été complètement dissuasif pour <strong>les</strong><br />

Argentins.<br />

Il y eut également <strong>des</strong> rumeurs <strong>dans</strong> la presse britannique affirmant que <strong>des</strong> sous-marins<br />

nucléaires furent envoyés <strong>dans</strong> l’Atlantique Sud <strong>dans</strong> la dernière semaine de mars. Mais nous<br />

n’avons pas de réponse à de tel<strong>les</strong> questions, puisque ni Margaret Thatcher ni l’Amirauté ne<br />

se sont jamais préoccupés d’y répondre.<br />

Néanmoins, même si l’envoi <strong>des</strong> troupes fut rapide, la réaction politique (et publique) anglaise<br />

fut très vive, Lord Carrington démissionna du Foreign Office, il payait de cette façon le prix<br />

15 Ambassadeur de Grande Bretagne à l’Onu.<br />

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