La guerre des Malouines dans les relations internationales
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Cinquième partie - La guerre approche : les prémices, et les raisons de l’engagement militaire pour les deux parties Guaranis, Coméchingons, Diaguitas, Kolla, Toba etc) au total environ 4 à 500.000 personnes originaires du pays ou quelquefois des pays limitrophes, et souvent métissés. Du fait de ce melting-pot, il n’y a pas de véritable cohésion au sein de la nation argentine, en général, ces divers groupes se supportent mal. De même, il existe une opposition entre les personnes issues des différentes provinces fédérales, les Portenos 12 sont peu appréciés des habitants des autres provinces, de même les « Cordobeces 13 » sont considérés par les Portenos comme guindés, trop hautains.... c’est une histoire de nationalisme et d’identité qui s’affiche à l’échelle de la province, mais la distinction la plus importante s’observe entre les « Portenos » et le reste du pays. La Junte en fixant comme objectif la « reconquête » des Malouines a donné un objectif commun à toutes ces populations, ce qui explique le semblant de cohésion populaire que nous pouvions observer le deux avril dans les rues de Buenos Aires. D’autant que l’opinion argentine estime que l’occupation britannique est injuste, dans la mesure où c’est un pays riche qui est venu s’installer dans l’hémisphère sud, dans des îles qui reviennent de plein droit aux Argentins. Pour être allée quelques mois en Argentine et avoir discuté avec les Argentins à ce sujet, nous avons enregistré de nombreuses réactions, qui toutes étaient hostiles à la Grande-Bretagne. Le discours tenu par les Argentins est varié. Certains ont un discours plutôt fanatique, ils sont convaincus qu’un jour, les îles Malouines leur reviendront, au besoin par la force ; d’autres tiennent des propos, plus « rageurs » : « que les Kelpers se débrouillent avec les Anglais, ils refusent de devenir Argentins et pourtant on leur fournit tout ce qui est nécessaire à leur existence première, alors que les Anglais qui sont éloignés d’eux, ne participent aucunement à leur confort, alors qu’ils restent anglais, et qu’ils se débrouillent »... Il est à noter qu’il existe en Argentine, une assez nombreuse population d’origine anglaise anciennement établie et largement assimilée, qui cohabite relativement bien avec les autres Argentins, nous l’estimons à environ 100 000 personnes en 1982 (ce qui, au regard de la population argentine, n’est pas négligeable). Ceci est également vrai pour les îles Malouines, quelques Argentins y vivent. Cela s’explique par le fait de la scolarisation, dans la mesure où les Malouines sont dépourvues de toute institution scolaire supérieure, les jeunes Kelpers doivent donc s’exiler pour aller étudier, bien souvent ils choisissent l’Argentine (ou dans une moindre mesure le Chili). En âge de se 12 Les habitants de la capitale fédérale. 13 Les habitants de Cordoba. 182
Cinquième partie - La guerre approche : les prémices, et les raisons de l’engagement militaire pour les deux parties marier et du fait du déséquilibre entre les sexes dans les îles (il y a plus de femmes que d’hommes) les jeunes femmes et jeunes hommes retournent aux « îles » accompagnés de leurs époux ou épouses argentin(es), ce qui contribue également à un petit mixage de la population kelper. Revenons sur la question du nationalisme argentin. Même aux abords du Congrès de la Nation, nous pouvions lire des slogans tagués : « un dia vencimos » 14 . Il est clair que de telles inscriptions s’affichaient un peu partout dans la capitale fédérale.... Egalement, quelques rues portent des noms qui rappellent l’appartenance des « Malvinas » à l’Argentine. Les Malouines, c’est un rêve national dans un pays où le nationalisme est exacerbé. Au biberon, les Argentins apprennent déjà que l’Angleterre leur a volé les Malvinas. A l’école sur toutes les cartes de l’Argentine, figurent las Malvinas (même encore aujourd’hui dans les cartes météorologiques de tous les journaux). Jusque dans le plus humble village perdu au fin fond de la Pampa, nous pouvons trouver une rue nommée « calle de las Malvinas ». Les artistes chantent et font des poèmes sur les Malouines, par exemple Miguel Angel Estrella témoigne : « las Malvinas sous le drapeau argentin ont le désir dans notre cœur, dans notre corps ». Ces vers en disent long sur l’exaltation ambiante qui règne pour les îles Malouines. Nous pouvons donc parler de nationalisme pour les Argentins, c’est un sujet relativement explosif, à chaque fois qu’il nous a été possible d’évoquer le sujet, on nous a parlé du pétrole, des richesses des Malvinas que les Anglais avaient confisquées. Il y a donc une indéniable rancune qui s’exprime à l’égard des Anglais, mais ceci a pour objectif de resserrer les liens des Argentins derrière le drapeau du nationalisme... C’est donc un nationalisme « de rue » qui s’affiche en Argentine, un nationalisme populaire. Par exemple, lors de l’annonce de la conquête des Malouines par l’armée argentine, les Argentins sont descendus dans la rue et ont célébré la reconquête aux côtés des policiers qui les malmenaient quelques jours auparavant. Autre exemple encore, le 30 mars, le syndicat péroniste CGT est descendu dans la rue pour critiquer la gestion de la crise, cette manifestation fut interdite par les forces de l’ordre, qui procédèrent à environ 2 000 arrestations, et les jours suivants c’était « la fête ». Ce qui peut paraître invraisemblable, pourtant tel fut le cas ! 14 « Un jour nous vaincrons » 183
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militaire pour <strong>les</strong> deux parties<br />
Guaranis, Coméchingons, Diaguitas, Kolla, Toba etc) au total environ 4 à 500.000 personnes<br />
originaires du pays ou quelquefois <strong>des</strong> pays limitrophes, et souvent métissés.<br />
Du fait de ce melting-pot, il n’y a pas de véritable cohésion au sein de la nation argentine, en<br />
général, ces divers groupes se supportent mal. De même, il existe une opposition entre <strong>les</strong><br />
personnes issues <strong>des</strong> différentes provinces fédéra<strong>les</strong>, <strong>les</strong> Portenos 12 sont peu appréciés <strong>des</strong><br />
habitants <strong>des</strong> autres provinces, de même <strong>les</strong> « Cordobeces 13 » sont considérés par <strong>les</strong> Portenos<br />
comme guindés, trop hautains.... c’est une histoire de nationalisme et d’identité qui s’affiche à<br />
l’échelle de la province, mais la distinction la plus importante s’observe entre <strong>les</strong> « Portenos »<br />
et le reste du pays.<br />
<strong>La</strong> Junte en fixant comme objectif la « reconquête » <strong>des</strong> <strong>Malouines</strong> a donné un objectif<br />
commun à toutes ces populations, ce qui explique le semblant de cohésion populaire que nous<br />
pouvions observer le deux avril <strong>dans</strong> <strong>les</strong> rues de Buenos Aires.<br />
D’autant que l’opinion argentine estime que l’occupation britannique est injuste, <strong>dans</strong> la<br />
mesure où c’est un pays riche qui est venu s’installer <strong>dans</strong> l’hémisphère sud, <strong>dans</strong> <strong>des</strong> î<strong>les</strong> qui<br />
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Pour être allée quelques mois en Argentine et avoir discuté avec <strong>les</strong> Argentins à ce sujet, nous<br />
avons enregistré de nombreuses réactions, qui toutes étaient hosti<strong>les</strong> à la Grande-Bretagne. Le<br />
discours tenu par <strong>les</strong> Argentins est varié. Certains ont un discours plutôt fanatique, ils sont<br />
convaincus qu’un jour, <strong>les</strong> î<strong>les</strong> <strong>Malouines</strong> leur reviendront, au besoin par la force ; d’autres<br />
tiennent <strong>des</strong> propos, plus « rageurs » : « que <strong>les</strong> Kelpers se débrouillent avec <strong>les</strong> Anglais, ils<br />
refusent de devenir Argentins et pourtant on leur fournit tout ce qui est nécessaire à leur<br />
existence première, alors que <strong>les</strong> Anglais qui sont éloignés d’eux, ne participent aucunement<br />
à leur confort, alors qu’ils restent anglais, et qu’ils se débrouillent »...<br />
Il est à noter qu’il existe en Argentine, une assez nombreuse population d’origine anglaise<br />
anciennement établie et largement assimilée, qui cohabite relativement bien avec <strong>les</strong> autres<br />
Argentins, nous l’estimons à environ 100 000 personnes en 1982 (ce qui, au regard de la<br />
population argentine, n’est pas négligeable).<br />
Ceci est également vrai pour <strong>les</strong> î<strong>les</strong> <strong>Malouines</strong>, quelques Argentins y vivent. Cela s’explique<br />
par le fait de la scolarisation, <strong>dans</strong> la mesure où <strong>les</strong> <strong>Malouines</strong> sont dépourvues de toute<br />
institution scolaire supérieure, <strong>les</strong> jeunes Kelpers doivent donc s’exiler pour aller étudier, bien<br />
souvent ils choisissent l’Argentine (ou <strong>dans</strong> une moindre mesure le Chili). En âge de se<br />
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