La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Quatrième partie - Les gouvernements britannique et argentin en 1982 : les raisons intérieures d’une guerre entre les deux états ? redorer le blason de la politique britannique, c’était une politique novatrice qui bouleversait les années d’immobilisme antérieur. Conserver les Malouines ou conserver le pouvoir ? Toutefois, il convient de souligner que même si la guerre des Malouines s’est soldée par une victoire politique, lorsque l’annonce de l’invasion argentine fut annoncée, la surprise (d’autant dans l’opinion publique) était telle, que le gouvernement faillit être renversé. L’émoi fut très vif sur les bancs de l’opposition, aussi bien que dans le parti conservateur, ainsi que dans la presse anglaise et dans l’opinion publique, tous apprenaient l’existence des îles Falkland et tous redoutaient la guerre. Bien entendu le parti travailliste critiqua de façon très âpre le gouvernement de Margaret Thatcher, l’accusant d’incompétence, de manque de clairvoyance et de visée politique. Face à la montée de l’opposition, le gouvernement conservateur risquait de devoir démissionner, d’ailleurs trois ministres du Foreign Office (Lord Carrington, Richard Luce et Humphrey Atkins 28 ) y furent contraints. John Nott 29 , ministre de la défense offrit également sa démission à Margaret Thatcher, mais celle-ci la refusa. L’enjeu majeur lors de l’annonce de l’agression militaire argentine pour le gouvernement de Margaret Thatcher était alors de « reprendre » les îles sous peine de perdre le pouvoir. La messe fut dite lorsque le samedi 3 avril la Chambre des Communes 30 se réunit en séance extraordinaire. Les parlementaires reprochèrent alors à Humphrey Atkins d’avoir déclaré auprès des députes la veille à 11 heures, qu’il y avait bel et bien des rumeurs concernant une éventuelle attaque, il mentionnait que sa source était le gouverneur des îles lui-même, qu’il venait de s’entretenir 28 Il était alors le porte-parole du Foreign Office. 29 Sir John William Frederick Nott M.P. Né à Bideford, Devon, le 1 er février 1932. Servit comme officier au 2 ème Gurkhas rifles regt en Malaysia 1952-56 Etudie le droit et l’économie à Trinity College, Cambridge 1956-60. Membre du Parlement pour St Ives, Cornwall 1966-83 (d’abord Libéral puis à partir de 1968, conservateur) Treasury minister (cabinet Heath 1970). Secrétaire d’Etat au commerce en 1979 (cabinet Thatcher) Secrétaire d’Etat à la défense en janvier 1981, appliqua une politique de restrictions budgétaires qui lui fut reprochée par les conservateurs au cours de la guerre. (désarmement du HMS Endurance) Mars 82 : offre sa démission en même temps que Lord Carrington. Elle est refusée. Cesse ses fonctions en janvier 1983 et ne se représente pas aux élections. Un temps président de la Banque Lazard frères, il vécut ensuite retiré dans sa ferme de Erth, Cornwall. Epoux d’une Slovène, Sir John Nott est l’auteur de scénarios pour le cinéma et d’un livre de souvenirs « Here today, gone tomorrow ». 30 Il s’agissait de la deuxième réunion de la Chambre des Communes un samedi depuis 1945. 152

Quatrième partie - Les gouvernements britannique et argentin en 1982 : les raisons intérieures d’une guerre entre les deux états ? avec lui quelques instants plus tôt. En réalité, il lui avait parlé 2 heures plus tôt, 2 heures pendant lesquelles la situation avait totalement changé. Son imprécision lui valut son congé. Lors de cette séance, c’est Margaret Thatcher 31 qui engagea le débat, face aux critiques de l’opposition, elle rétorqua avec un argument de poids : en 1977, alors que le parti travailliste était en poste, l’Argentine avait occupé les îles Thulé, et les parlementaires n’avaient été informés des faits que deux ans plus tard, tout comme la population. Elle défendit donc assez vigoureusement sa politique, ou tout du moins pour le cas présent son « absence ». Elle se justifia, en exposant que bien entendu les satellites et les services de surveillance britanniques avaient détecté la présence d’une importante flotte argentine naviguant vers les Falkland 32 , elle n’en avait pas fait l’annonce pour la bonne et simple raison qu’elle ne voulait pas précipiter l’arrivée des troupes argentines. Cela vint aussi contrecarrer a posteriori, les critiques mentionnant que la flotte britannique avait réussi à se préparer et à appareiller vers les Malouines en un temps record. Autant dire, que la décision de Margaret Thatcher est prise dès l’annonce de la présence des navires de guerre argentine, les îles Malouines ne seraient pas abandonnées à l’Argentine. Face à ce combat verbal engagé, la session fut très fortement agitée. « Aux Communes, les conservateurs et les travaillistes sont réunis dans un même élan patriotique. Les députés interpellent le gouvernement, l'accusent de ne pas avoir pris à temps des mesures militaires adéquates et exigent la plus grande fermeté dans la riposte. A grands cris, la démission de Mme Thatcher, de Lord Carrington et de ses adjoints aux affaires étrangères, MM. Humphrey Atkins pour l'Europe et Richard Luce pour l'Amérique, ainsi que celle de John Nott, ministre de la Défense, sont réclamées par les députés survoltés. Ils leur reprochent, entre autres, de ne pas avoir prévu à temps cette invasion des Argentins et aussi d'avoir trop sacrifié l'armement conventionnel de la Royal Navy au profit du déterrent nucléaire et du programme des fusées Trident 33 . » 31 Cette annonce est visible sur « Youtube » sous l’intitulé : « Margaret Thatcher : The Falklands war ». On peut y entendre les protestations des parlementaires. Une autre vidéo est également intéressante : « Margaret Thatcher’s Roasting » où elle discute de la légitimité de l’attaque sur le Belgrano avec une citoyenne britannique. 32 Rappelons que la côte argentine ne se situe qu’à 350 kilomètres de l’archipel des Malouines. 33 Planchar Roger, La guerre du bout du monde, Denoël, Paris, 1983, 204 pages. 153

Quatrième partie - Les gouvernements britannique et argentin en 1982 : <strong>les</strong> raisons<br />

intérieures d’une <strong>guerre</strong> entre <strong>les</strong> deux états ?<br />

redorer le blason de la politique britannique, c’était une politique novatrice qui bouleversait<br />

<strong>les</strong> années d’immobilisme antérieur.<br />

Conserver <strong>les</strong> <strong>Malouines</strong> ou conserver le pouvoir ?<br />

Toutefois, il convient de souligner que même si la <strong>guerre</strong> <strong>des</strong> <strong>Malouines</strong> s’est soldée<br />

par une victoire politique, lorsque l’annonce de l’invasion argentine fut annoncée, la surprise<br />

(d’autant <strong>dans</strong> l’opinion publique) était telle, que le gouvernement faillit être renversé.<br />

L’émoi fut très vif sur <strong>les</strong> bancs de l’opposition, aussi bien que <strong>dans</strong> le parti conservateur,<br />

ainsi que <strong>dans</strong> la presse anglaise et <strong>dans</strong> l’opinion publique, tous apprenaient l’existence <strong>des</strong><br />

î<strong>les</strong> Falkland et tous redoutaient la <strong>guerre</strong>. Bien entendu le parti travailliste critiqua de façon<br />

très âpre le gouvernement de Margaret Thatcher, l’accusant d’incompétence, de manque de<br />

clairvoyance et de visée politique.<br />

Face à la montée de l’opposition, le gouvernement conservateur risquait de devoir<br />

démissionner, d’ailleurs trois ministres du Foreign Office (Lord Carrington, Richard Luce et<br />

Humphrey Atkins 28 ) y furent contraints. John Nott 29 , ministre de la défense offrit également<br />

sa démission à Margaret Thatcher, mais celle-ci la refusa.<br />

L’enjeu majeur lors de l’annonce de l’agression militaire argentine pour le gouvernement de<br />

Margaret Thatcher était alors de « reprendre » <strong>les</strong> î<strong>les</strong> sous peine de perdre le pouvoir. <strong>La</strong><br />

messe fut dite lorsque le samedi 3 avril la Chambre <strong>des</strong> Communes 30 se réunit en séance<br />

extraordinaire.<br />

Les parlementaires reprochèrent alors à Humphrey Atkins d’avoir déclaré auprès <strong>des</strong> députes<br />

la veille à 11 heures, qu’il y avait bel et bien <strong>des</strong> rumeurs concernant une éventuelle attaque, il<br />

mentionnait que sa source était le gouverneur <strong>des</strong> î<strong>les</strong> lui-même, qu’il venait de s’entretenir<br />

28 Il était alors le porte-parole du Foreign Office.<br />

29 Sir John William Frederick Nott M.P. Né à Bideford, Devon, le 1 er février 1932.<br />

Servit comme officier au 2 ème Gurkhas rif<strong>les</strong> regt en Malaysia 1952-56<br />

Etudie le droit et l’économie à Trinity College, Cambridge 1956-60.<br />

Membre du Parlement pour St Ives, Cornwall 1966-83 (d’abord Libéral puis à partir de 1968, conservateur)<br />

Treasury minister (cabinet Heath 1970).<br />

Secrétaire d’Etat au commerce en 1979 (cabinet Thatcher)<br />

Secrétaire d’Etat à la défense en janvier 1981, appliqua une politique de restrictions budgétaires qui lui fut<br />

reprochée par <strong>les</strong> conservateurs au cours de la <strong>guerre</strong>. (désarmement du HMS Endurance) Mars 82 : offre sa<br />

démission en même temps que Lord Carrington. Elle est refusée. Cesse ses fonctions en janvier 1983 et ne se<br />

représente pas aux élections. Un temps président de la Banque <strong>La</strong>zard frères, il vécut ensuite retiré <strong>dans</strong> sa ferme<br />

de Erth, Cornwall.<br />

Epoux d’une Slovène, Sir John Nott est l’auteur de scénarios pour le cinéma et d’un livre de souvenirs « Here<br />

today, gone tomorrow ».<br />

30 Il s’agissait de la deuxième réunion de la Chambre <strong>des</strong> Communes un samedi depuis 1945.<br />

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