La guerre des Malouines dans les relations internationales

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Quatrième partie - Les gouvernements britannique et argentin en 1982 : les raisons intérieures d’une guerre entre les deux états ? Corrélativement, les difficultés financières des entreprises ont conduit à un alourdissement colossal de la dette extérieure du pays, qui est passée de 8 milliards en 1976 à plus de 30 milliards de dollars au début de 1981. D’autant que près des trois quarts de cet endettement, l'un des plus élevés du monde à l’époque, devaient être remboursés dans l'année 1981, plaçant le pays au bord de la banqueroute. C'est l'Union soviétique qui est alors le principal soutien économique de la junte militaire. Les deux pays se soutiennent mutuellement : l’Argentine n'a pas hésité à ignorer l'embargo sur les livraisons de céréales à l'URSS décidé par Jimmy Carter, Moscou devient le principal partenaire commercial de Buenos Aires et reçoit en 1980, 60% de ses exportations agricoles (les Russes ont acheté près de 17 millions de tonnes de céréales à l’Argentine) ; alors qu’en février 1980, l’Union soviétique soutient la dictature de Videla devant la commission des droits de l'homme de l'ONU, pour empêcher une condamnation concernant de la violation des droits de l'homme et la question des « disparus ». Le pays est exsangue à cause de la corruption, de l’inflation, de la spéculation. Cette crise est constante et tenace, en fait elle reflète la crise de l’économie capitaliste que connaît le monde, d’autant que l’économie argentine dépend beaucoup des échanges extérieurs. La récession mondiale la touche donc de plein fouet. Toutefois, la situation en Argentine est d’autant plus grave que le système économique est obsolète et inadéquat, basé sur une activité agraire de basse production, une industrie peu performante et très coûteuse, augmenté par de forts déséquilibres régionaux et qui de plus est contrôlée par des monopoles étrangers. De même, la répartition des richesses est très inégale, les riches sont une poignée, alors que les pauvres composent la majorité du pays et la classe moyenne trop peu développée pour garantir la sécurité du gouvernement en place. Cela est le fruit de la politique libérale de l’ex-ministre de l’économie Martinez de Hoz. Cette situation a profité à l'oligarchie terrienne et aux spéculateurs financiers et dont tout le poids est retombé sur les secteurs populaires. 134

Quatrième partie - Les gouvernements britannique et argentin en 1982 : les raisons intérieures d’une guerre entre les deux états ? Les chiffres de la situation économique Nous pouvons situer la situation économique argentine en donnant quelques chiffres, notamment le produit intérieur brut, réduit en 1981 à 6,1%, dans le premier trimestre de 1982, il diminua davantage, 5,7%, la tendance s’aggrava au second trimestre, 8,1%. Pour ce qui est du produit industriel brut, il tomba à 20% dans le dernier trimestre de 1981, il chuta de 10% au cours de l’année, l’économie s’effondrait. Le volume de la production industrielle enregistra une baisse de 11,5% dans le premier trimestre de 1982 et de 14,5% dans le second trimestre. L’explication de ce phénomène se trouve dans une enquête réalisée sur 300 industriels qui représentent environ 85% du produit brut industriel. Pour 69% d’entre eux, ils produisaient en deçà de la production habituelle, 28% maintenaient leurs productions, alors que seulement 3% augmentaient le volume de leur activité. Ces chiffres sont d’autant plus inquiétants si nous considéront l’indice du volume de la production industrielle. En effet cette donnée révèle que la production industrielle est à son plus bas niveau depuis les dix dernières années. Dans le second trimestre 1982, il y eut un petit sursaut de la production manufacturière, mais le reste de l’activité industrielle était toujours en déclin. Par exemple l’industrie automobile a produit dans les 3 premiers mois de 1982, 51,8% de moins qu’au cours du premier trimestre de 1981, et le nombre de véhicules produit en mars 1982 est le plus bas enregistré depuis 1966. Ce sont des considérations précises, mais qui révèlent néanmoins un problème général, une situation économique catastrophique que les dépenses occasionnées lors de la guerre des Malouines vont venir aggraver. Cette conjoncture économique déplorable prend sa véritable dimension lorsque nous analysont le produit intérieur brut, ce dernier augmente de seulement 3,2% entre 1976 et 1981, tandis que pendant la période antérieure, soit 1970/1975, il avait augmenté de 15% alors que la situation économique était déjà mauvaise. De même si nous considérons le produit industriel brut nous constatons que pendant la première période (le début des années 70), il augmente de 18%, pendant la période qui suit, il diminue de 16%, ce qui est spectaculaire, d’autant si nous considérons les autres pays 135

Quatrième partie - Les gouvernements britannique et argentin en 1982 : <strong>les</strong> raisons<br />

intérieures d’une <strong>guerre</strong> entre <strong>les</strong> deux états ?<br />

Corrélativement, <strong>les</strong> difficultés financières <strong>des</strong> entreprises ont conduit à un alourdissement<br />

colossal de la dette extérieure du pays, qui est passée de 8 milliards en 1976 à plus de 30<br />

milliards de dollars au début de 1981.<br />

D’autant que près <strong>des</strong> trois quarts de cet endettement, l'un <strong>des</strong> plus élevés du monde à<br />

l’époque, devaient être remboursés <strong>dans</strong> l'année 1981, plaçant le pays au bord de la<br />

banqueroute.<br />

C'est l'Union soviétique qui est alors le principal soutien économique de la junte militaire.<br />

Les deux pays se soutiennent mutuellement : l’Argentine n'a pas hésité à ignorer l'embargo<br />

sur <strong>les</strong> livraisons de céréa<strong>les</strong> à l'URSS décidé par Jimmy Carter, Moscou devient le principal<br />

partenaire commercial de Buenos Aires et reçoit en 1980, 60% de ses exportations agrico<strong>les</strong><br />

(<strong>les</strong> Russes ont acheté près de 17 millions de tonnes de céréa<strong>les</strong> à l’Argentine) ; alors qu’en<br />

février 1980, l’Union soviétique soutient la dictature de Videla devant la commission <strong>des</strong><br />

droits de l'homme de l'ONU, pour empêcher une condamnation concernant de la violation <strong>des</strong><br />

droits de l'homme et la question <strong>des</strong> « disparus ».<br />

Le pays est exsangue à cause de la corruption, de l’inflation, de la spéculation. Cette crise est<br />

constante et tenace, en fait elle reflète la crise de l’économie capitaliste que connaît le monde,<br />

d’autant que l’économie argentine dépend beaucoup <strong>des</strong> échanges extérieurs. <strong>La</strong> récession<br />

mondiale la touche donc de plein fouet.<br />

Toutefois, la situation en Argentine est d’autant plus grave que le système économique est<br />

obsolète et inadéquat, basé sur une activité agraire de basse production, une industrie peu<br />

performante et très coûteuse, augmenté par de forts déséquilibres régionaux et qui de plus est<br />

contrôlée par <strong>des</strong> monopo<strong>les</strong> étrangers.<br />

De même, la répartition <strong>des</strong> richesses est très inégale, <strong>les</strong> riches sont une poignée, alors que<br />

<strong>les</strong> pauvres composent la majorité du pays et la classe moyenne trop peu développée pour<br />

garantir la sécurité du gouvernement en place.<br />

Cela est le fruit de la politique libérale de l’ex-ministre de l’économie Martinez de Hoz. Cette<br />

situation a profité à l'oligarchie terrienne et aux spéculateurs financiers et dont tout le poids<br />

est retombé sur <strong>les</strong> secteurs populaires.<br />

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