La guerre des Malouines dans les relations internationales

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06.07.2013 Views

Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé Les Argentins ne sont donc pas insensibles au fait que la Grande-Bretagne soit en train de perdre la plupart de ses colonies et ils pensent que les Malouines pourraient être entraînées dans ce même courant. La seconde guerre mondiale a été déterminante. L’évolution des mentalités et un certain constat ont montré après 1945 que les grands empires coloniaux entraient dans la phase du déclin. Les Européens ont mené une guerre contre le nazisme, au nom de la liberté. De ce fait, comment pourraient-ils justifier de refuser leur liberté à ceux qui la leur réclament ? Le contexte de la guerre froide est aussi de ce point de vue déterminant. Les Etats-Unis, se rappelant qu’eux aussi furent jadis une colonie sous domination britannique, libérée au prix d’une guerre, encourageaient la décolonisation. Cela pouvait également permettre aux Américains d’affaiblir les puissances européennes, car en devenant amis avec les anciens territoires coloniaux, ils pouvaient sans difficultés, profiter économiquement de la situation. De même, l’URSS y entrevoyait un affaiblissement potentiel de l’Occident et une possibilité de se faire de nouveaux alliés sur le continent latino-américain. L’Argentine souligne par ailleurs que le conflit ne concerne pas un peuple colonisé, mais un territoire colonisé. Raison pour laquelle les arguments avancés par la Grande-Bretagne en faveur de l’autodétermination sont inacceptables. Avançant qu’un grand nombre de résidents étaient employés de la Couronne et qu’ils étaient dans leur grande majorité britanniques, ou plutôt descendants de Britanniques, l’issue de la consultation ne pouvait manquer d’être favorable à la Grande-Bretagne. L’Argentine souligne également que les territoires étant à plus de 12 000 kilomètres de la Métropole les interfaces et les échanges avec les Kelpers sont beaucoup plus nombreux avec les Argentins qu’avec les Britanniques, surtout depuis les accords économiques. Les îles Malouines se sont vu offrir par les Argentins des facilités et ont pu développer leurs échanges commerciaux. Alors que jusque là, les Britanniques n’ont jamais trouvé beaucoup d’intérêt à venir en aide aux Kelpers. Ce sont des arguments de poids, mais les Kelpers restent attachés à la Grande-Bretagne et n’entendent pas passer sous la souveraineté d’un pays en voie de développement, souffrant de 100

Deuxième partie - Les Malouines de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie à la naissance du conflit armé maux endémiques (dictature et difficultés économiques), alors que le Royaume Uni, malgré ses déboires, est une nation occidentale et démocratique. La nature du conflit selon le Royaume-Uni Devant les requêtes et l’insistance de l’Argentine, le Royaume-Uni se montre parfois conciliant et prêt à négocier. Mais le plus souvent, il se borne à rétorquer qu’il est tout disposé à accepter l’autodétermination de la population. Etant entendu que l’autodétermination lui serait favorable et que l’ONU dans sa résolution 2065 n’avait pas reconnu ce droit aux Kelpers, les Argentins n’ont jamais accepté de se prêter à ce jeu. La théorie d’un territoire colonisé n’est pas acceptée par les Britanniques, pour eux les Malouines sont leur possession de plein droit et ce n’est pas contestable. A noter que seul subsistent aujourd’hui quelques vestiges de l’Empire britannique, dont font partie si l’on rejoint la position argentine, les îles Falkland, ainsi que les îles Sandwich et les îles de la Georgie du Sud, Gibraltar, Sainte Hélène, Tristan da Cunha et quelques autres possessions éparses, pour la plupart insulaires. Les Britanniques ont une présence active sur le territoire malouin depuis 1833 et c’est une « occupation » active. Les Britanniques établis sur cette terre lointaine, devenus des Kelpers, ont développé l’économie de l’archipel et entendent continuer à vivre sous l’égide du Royaume Uni tout en profitant des possibilités offertes par la proximité argentine, qui leur facilitent la vie. 101

Deuxième partie - Les <strong>Malouines</strong> de la découverte à la spoliation anglaise : de la diplomatie<br />

à la naissance du conflit armé<br />

Les Argentins ne sont donc pas insensib<strong>les</strong> au fait que la Grande-Bretagne soit en train de<br />

perdre la plupart de ses colonies et ils pensent que <strong>les</strong> <strong>Malouines</strong> pourraient être entraînées<br />

<strong>dans</strong> ce même courant.<br />

<strong>La</strong> seconde <strong>guerre</strong> mondiale a été déterminante. L’évolution <strong>des</strong> mentalités et un certain<br />

constat ont montré après 1945 que <strong>les</strong> grands empires coloniaux entraient <strong>dans</strong> la phase du<br />

déclin.<br />

Les Européens ont mené une <strong>guerre</strong> contre le nazisme, au nom de la liberté. De ce fait,<br />

comment pourraient-ils justifier de refuser leur liberté à ceux qui la leur réclament ?<br />

Le contexte de la <strong>guerre</strong> froide est aussi de ce point de vue déterminant. Les Etats-Unis, se<br />

rappelant qu’eux aussi furent jadis une colonie sous domination britannique, libérée au prix<br />

d’une <strong>guerre</strong>, encourageaient la décolonisation.<br />

Cela pouvait également permettre aux Américains d’affaiblir <strong>les</strong> puissances européennes, car<br />

en devenant amis avec <strong>les</strong> anciens territoires coloniaux, ils pouvaient sans difficultés, profiter<br />

économiquement de la situation.<br />

De même, l’URSS y entrevoyait un affaiblissement potentiel de l’Occident et une possibilité<br />

de se faire de nouveaux alliés sur le continent latino-américain.<br />

L’Argentine souligne par ailleurs que le conflit ne concerne pas un peuple colonisé, mais un<br />

territoire colonisé. Raison pour laquelle <strong>les</strong> arguments avancés par la Grande-Bretagne en<br />

faveur de l’autodétermination sont inacceptab<strong>les</strong>. Avançant qu’un grand nombre de résidents<br />

étaient employés de la Couronne et qu’ils étaient <strong>dans</strong> leur grande majorité britanniques, ou<br />

plutôt <strong>des</strong>cendants de Britanniques, l’issue de la consultation ne pouvait manquer d’être<br />

favorable à la Grande-Bretagne.<br />

L’Argentine souligne également que <strong>les</strong> territoires étant à plus de 12 000 kilomètres de la<br />

Métropole <strong>les</strong> interfaces et <strong>les</strong> échanges avec <strong>les</strong> Kelpers sont beaucoup plus nombreux avec<br />

<strong>les</strong> Argentins qu’avec <strong>les</strong> Britanniques, surtout depuis <strong>les</strong> accords économiques. Les î<strong>les</strong><br />

<strong>Malouines</strong> se sont vu offrir par <strong>les</strong> Argentins <strong>des</strong> facilités et ont pu développer leurs échanges<br />

commerciaux. Alors que jusque là, <strong>les</strong> Britanniques n’ont jamais trouvé beaucoup d’intérêt à<br />

venir en aide aux Kelpers.<br />

Ce sont <strong>des</strong> arguments de poids, mais <strong>les</strong> Kelpers restent attachés à la Grande-Bretagne et<br />

n’entendent pas passer sous la souveraineté d’un pays en voie de développement, souffrant de<br />

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