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venise est parcourue de 177 canaux et 455 ponts arqués pour laisser passer les bateaux.<br />

il faut se perdre à venise. bien sûr, elle sent la vase dans laquelle ses<br />

fondations s’enfoncent mais on l’arpente avec l’espoir d’y croiser un doge,<br />

son plus cher fantôme. sans boussole mais avec gondoles, il y a matière<br />

à une déambulation vagabonde. et peut-être davantage encore l’hiver, à<br />

l’heure des brouillards, porteurs de mystère. texte isabel desesquelles - Photos éric cherrière<br />

À la recherche<br />

du doge<br />

Les amoureux de Venise... un cliché<br />

que l’on ose à peine assumer<br />

! Y aller, c’est être suspecté<br />

de romantisme ! Il y a ceux qui<br />

se jurent d’attendre le seul, l’unique pour s’y<br />

rendre et c’est la vie qui passe. Et puis, il y a les<br />

amoureux de la ville qui y reviennent comme un<br />

vœu que l’on se fait.<br />

En cette veille de carnaval, Venise est déserte,<br />

étincelante de soleil, prise dans une froidure.<br />

Pas d’acqua alta, ces eaux qui montent de la<br />

lagune et recouvrent tout, achevant d’engloutir<br />

une ville totalement construite sur des pilotis au<br />

VI e siècle – la basilique de la Salute en compte<br />

à elle seule un million ! Sur le Grand Canal,<br />

qu’on remonte et redescend assis dans un des<br />

multiples vaporettos, on s’offre un parcours de<br />

beauté. Mais de Doge, point. La circulation est<br />

intense sur cette artère liquide qui fend la ville.<br />

C’est un va-et-vient de gondoles et motoscafi.<br />

Et quand on entend une sirène d’ambulance,<br />

c’est sur l’eau qu’elle demande le passage.<br />

Arrêt à San Marco. On veut comprendre à quoi<br />

pouvait bien ressembler la vie des Doges, ces<br />

magistrats qui décidaient de la vie de la République<br />

et se fiançaient à la mer Adriatique. Venise<br />

en connut 120, le premier en l’an 700, le<br />

dernier à la fin du XVIII e siècle. Nous voilà devant<br />

leur Palais. On traversera la salle d’armes, avant<br />

de longer le pont des soupirs qu’empruntaient<br />

les condamnés avant leur exécution. Singulier<br />

parcours du tendre ! C’est peut-être pour cela<br />

que l’on aime Venise, elle se moque des clichés.<br />

Tout à côté, dans la Basilique Saint-Marc, ce<br />

ne sont pas les coupoles et leurs feuilles d’or<br />

que l’on admire mais les sols usés, creusés. On<br />

ne marche plus, on glisse sur un kaléidoscope<br />

de mosaïques de marbre qui créent de fausses<br />

perspectives. Suivant d’hypothétiques traces,<br />

on se perd. Le nez au vent d’hiver, on aperçoit<br />

des mouettes, bien plus que des pigeons…,<br />

des façades safran, rouge et de salpêtre et le<br />

crépi qui s’effrite. Au gré des canalettos, des<br />

Vénitiens font leur marché sur l’eau, à même les<br />

barges à quai.<br />

On pousse jusqu’au Campo de l’Arsenale et ses<br />

lions de pierres qui gardent on ne sait quel secret<br />

derrière de hautes murailles. S’ils ne rugissent<br />

pas, les lions de Venise ont des ailes, et il en<br />

pousse un peu partout dans la ville. Après moult<br />

impasses et canaletti, on empruntera quelquesuns<br />

des 455 ponts jusqu’au Dorsoduro et ses<br />

églises. Il y en a plus de 80 dans le centre de Venise<br />

et chacune a au moins son chef-d’œuvre.<br />

Le Tintoret et consorts sont passés par là. Sans<br />

se soucier des touristes, l’autochtone trimbale<br />

lui ses effets sur des diables à deux roues qui lui<br />

servent en toute occasion : de la distribution du<br />

courrier au ramassage des poubelles.<br />

On revient vers le grand pont de bois de l’Academia.<br />

Avec celui du Rialto, il est un repère<br />

majeur, un passage presque obligé, la vue y est<br />

extraordinaire. D’un côté la Douane de mer, de<br />

l’autre une enfilade de palais plus délabrés et<br />

majestueux les uns que les autres. De Doge,<br />

toujours pas. On s’aventurera, alors, dans les<br />

immenses salles sombres du musée de l’Academia,<br />

jusque dans un couloir dédié à des<br />

œuvres faisant leur miel de crucifixions, d’individus<br />

percés de flèches, chaque tableau a son<br />

cadavre. Ils sont là les Doges, sages comme les<br />

images qu’ils sont devenus.<br />

pourQuoi y aLLer ?<br />

• Pour l’arrivée à Venise depuis l’aéroport en bateau taxi, ces Riva dignes<br />

de James Bond. Il vous en coûtera 110 e pour deux personnes.<br />

• Pour toutes ces marches recouvertes d’algues qui ne mènent nulle<br />

part si ce n’est dans l’eau noire ou Céladon.<br />

• Pour le quartier de La Giuedecca, qui joue si bien les contrastes.<br />

D’un côté, le quartier ouvrier et ses draps suspendus qui font un ciel<br />

de coton. De l’autre les jardins des grandes familles vénitiennes qui<br />

n’ont plus les moyens de chauffer leurs palais.<br />

• Pour le luxe assumé d’une ville qui n’a pas peur des visons.<br />

Le caractère urbain <strong>Spirit</strong> • 29

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