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<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>Pontissalienne</strong> n° 136 - Février 2011<br />

ABSINTHE 25 distil<strong>le</strong>ries en 1906<br />

Pontarlier c’était l’absinthe, et l’absinthe c’était Pontarlier<br />

Jusqu’en 1915, la capita<strong>le</strong> du Haut-Doubs a vécu autour de la<br />

distillation de l’absinthe qui constituait de loin la principa<strong>le</strong> industrie.<br />

Retour sur une spécialisation importée de Suisse.<br />

L’histoire de l’absinthe à Pontarlier<br />

prend sa source à Couvet<br />

chez nos voisins suisses dans<br />

<strong>le</strong> Val de Travers où <strong>le</strong> Major<br />

Dubied ouvre la première distil<strong>le</strong>rie en<br />

1798. Soucieux de contourner <strong>le</strong>s droits<br />

d’entrée en France particulièrement<br />

prohibitifs, Henri-Louis Pernod son<br />

gendre vient s’instal<strong>le</strong>r en 1805 à Pontarlier.<br />

<strong>La</strong> distil<strong>le</strong>rie “Pernod Fils” produit<br />

à ses débuts 32 litres par jour. On<br />

monte à 450 litres par jour lors de la<br />

reprise de l’établissement en 1888 par<br />

la société Veil-Picard. Et <strong>le</strong> curseur<br />

s’envo<strong>le</strong> à 25 000 litres par jour après<br />

<strong>le</strong> célèbre incendie de 1901.Entre-temps,<br />

bien sûr, d’autres ne vont pas se priver<br />

En 1908, 400<br />

personnes<br />

travail<strong>le</strong>nt<br />

dans <strong>le</strong>s distil<strong>le</strong>ries<br />

de<br />

Pontarlier<br />

comme ici<br />

chez Leg<strong>le</strong>r-<br />

Pernod.<br />

DOSSIER<br />

LES GRANDES SAGAS<br />

INDUSTRIELLES<br />

DU HAUT-DOUBS<br />

Quel<strong>le</strong> chance d’être si près de la frontière ! <strong>La</strong> vil<strong>le</strong> de Pontarlier peut<br />

franchement se réjouir de cette position géographique qui lui conférera<br />

<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> envié de porte d’entrée sur <strong>le</strong> marché français pour de nombreux<br />

industriels suisses. À commencer bien sûr par <strong>le</strong>s distillateurs absinthe<br />

avec <strong>le</strong> succès que l’on sait et la fin tout aussi forte en émotions.<br />

Mais la colonisation helvétique ne s’arrêtera pas à la Fée verte, el<strong>le</strong><br />

s’étendra à l’industrie mécanique, automobi<strong>le</strong>, texti<strong>le</strong>. Sans oublier<br />

l’agro-alimentaire. Étrange retour du destin que celui de ces<br />

entrepreneurs suisses qui venaient fournir du travail aux Français alors<br />

qu’aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse qui se produit.<br />

Avec 60 alambics, <strong>le</strong>s établissements Pernod fils (1805)<br />

produisaient 60 % de l’absinthe pontissalienne en 1906.<br />

de suivre l’exemp<strong>le</strong> du précurseur dont<br />

<strong>le</strong> Major Dubied qui sera <strong>le</strong> premier à<br />

imiter son gendre. Il s’instal<strong>le</strong> au 73,<br />

Grande rue.<br />

En 1878, on dénombre 6 distil<strong>le</strong>ries sur<br />

la place pontissalienne : Pernod fils,<br />

Fritz Duval qui a repris l’établissement<br />

du Major Dubied, Julien Couturier,<br />

Auguste Junod, Berthoud Frères et<br />

Auguste Colard.Le mouvement va ensuite<br />

s’accélérer, passant de 13 en 1886 à<br />

25 en 1908, dont trois implantations<br />

au Frambourg, à Malbuisson et à Morteau.<br />

Cela représente un ensemb<strong>le</strong> de<br />

151 alambics d’une capacité globa<strong>le</strong> de<br />

2 130 hectolitres.<br />

En 1914, on produit dans<br />

13<br />

l’arrondissement de Pontarlier environ<br />

10 millions de litres d’absinthe, exportés<br />

dans <strong>le</strong> monde entier. Sidérant. Les<br />

champs d’absinthe se multiplient forcément<br />

dans la plaine de l’Arlier. On<br />

en cultive aussi dans <strong>le</strong> Val d’Usiers,<br />

autour du lac et jusqu’à Boussières et<br />

Quingey. En 1912, <strong>le</strong>s services du ministère<br />

de l’Agriculture recensent dans <strong>le</strong><br />

Doubs 160 hectares de culture consacrés<br />

aux différentes plantes qui entrent<br />

dans la fabrication du mystique breuvage.<br />

Les “drèches” ou résidus de la distillation<br />

servent à nourrir <strong>le</strong> bétail. On<br />

par<strong>le</strong> de 1 500 à 2 000 bœufs engraissés<br />

de cette manière.<br />

L’absinthe constitue un gros gisement<br />

d’emplois. Les distil<strong>le</strong>ries pontissaliennnes<br />

fournissent du travail à près<br />

de 400 personnes. Il faut en rajouter<br />

530 attachées à la culture. Sans compter<br />

<strong>le</strong>s métiers annexes : tonneliers,<br />

fabricants de caisses et de bonbonnes.<br />

Le tiers de la population vit ainsi directement<br />

ou indirectement de cette activité.<br />

Autre indicateur : à partir de 1900,<br />

“chaque jour à Pontarlier, dont payés<br />

53 000 francs or de droits sur <strong>le</strong>s alcools.”<br />

(“M. Blondeau, Pontarlier est ses problèmes,<br />

D.E.S.”). On imagine la catastrophe<br />

socio-économique provoquée par<br />

l’interdiction de l’absinthe en 1915 même<br />

si, dans l’immédiat, l’industrie de guerre<br />

limitera <strong>le</strong>s dégâts. ■<br />

F.C.<br />

Au pied du camp des Pareuses,<br />

la distil<strong>le</strong>rie Bourgeois frères fondée en 1900.<br />

Installée aux Capucins, la distil<strong>le</strong>rie Auguste Junod (1838)<br />

possédait 16 alambics.<br />

Réclame Déchanet.

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