Dans les sociétés… Dans les sociétés… Dans les ... - Le Temps
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Jeudi 16 Août 2012<br />
<strong>Le</strong> <strong>Temps</strong><br />
10 &<br />
ART CULTURE<br />
Clôture du Festival de Boukornine avec le Trio Jubran<br />
« Pour que l’art<br />
de rêver continue… »<br />
Ils étaient trois, le Trio<br />
Jubran, trois frères luthistes,<br />
accompagnés d’un percussionniste.<br />
Ils sont pa<strong>les</strong>tiniens,<br />
ayant quitté leur pays natal<br />
pour l’Occident, d’où ils sillonnent<br />
le monde pour faire entendre<br />
leur musique qui chante la<br />
paix, l’espoir et la solidarité.<br />
<strong>Le</strong> trio avait rendu hommage<br />
en cette soirée au poète<br />
pa<strong>les</strong>tinien Mahmoud Darwich,<br />
mort en 2008 à travers des<br />
extraits musicaux de leur avantdernier<br />
album intitulé « Fi Dhil<br />
Al Kalimet » (À l’ombre des<br />
mots), mais aussi d’autres morceaux<br />
puisés dans leur dernier<br />
album « Asfar » (Voyages). <strong>Le</strong>s<br />
<strong>Le</strong>s deux acteurs Moez<br />
Toumi et Aziza Boulabiar ont<br />
présenté avant- hier, leur nouvelle<br />
comédie intitulée Lavage<br />
à sec ou « Farka Saboun ».<br />
cette comédie nous relate l’histoire<br />
de deux femmes au crépuscule<br />
de l’âge que le destin a<br />
réuni dans une maison de<br />
retraite, autour d’une corvée<br />
sans fin : celle de laver le linge<br />
des autres résidents.. Une plongée<br />
au cœur de l’institution de<br />
la retraite et un regard transversal<br />
sur la condition féminine<br />
également.<br />
Zina et Aziza, deux femmes<br />
d’un certain âge souffrent de<br />
l‘ennui et de la routine du quotidien.<br />
Ces deux femmes ont<br />
choisi de s’occuper, à titre<br />
bénévole, de la laverie de la<br />
maison de retraite avec l’espoir<br />
de rendre leur vie moins monotone<br />
et plus agréable. Une<br />
réelle amitié est née entre ces<br />
deux écorchées de la vie, malgré<br />
la différence de leurs caractères<br />
et vécus. C’est une histoire<br />
comme des milliers<br />
d’autres, l’histoire de deux<br />
femmes âgées qui n’ont pas<br />
d’histoire ; deux personnes<br />
comme on en voit peu au théâtre<br />
Ce texte pose des questions<br />
sur la vieil<strong>les</strong>se. Non pas sur le<br />
vieillissement provoqué par tel<br />
métier, tel mode d’existence,<br />
compositions qu'ils avaient élaborées<br />
comportaient <strong>les</strong> gammes<br />
et <strong>les</strong> modes de la musique<br />
arabe qui demeurent la base de<br />
leur musique, mais qui sont<br />
imprégnées d’une multitude de<br />
tons et de rythmes qui rappellent<br />
le pays natal : La Pa<strong>les</strong>tine.<br />
C'est avec tout leur talent et<br />
toute leur virtuosité que <strong>les</strong><br />
trois frères ont enchanté le<br />
public assez nombreux du théâtre<br />
plein air d’Hammam-Lif, un<br />
public qui s’est absenté, pourtant,<br />
dans la plupart des spectac<strong>les</strong><br />
programmés à ce Festival<br />
d’été de Boukornine. Certains<br />
imputent ce manque de public<br />
à la nature même des spectac<strong>les</strong><br />
mais, d’une manière plus large,<br />
sur ce qu’il faut faire quand<br />
tout se met à péricliter, à dépérir.<br />
Voici deux femmes qui sont<br />
dévorées par le désir de vivre,<br />
mais rien n’est gênant comme<br />
<strong>les</strong> gens qui s’accrochent à<br />
l’existence : tout est ordonné<br />
pour que – mangeant, dormant<br />
– ils ne fassent que survivre.<br />
El<strong>les</strong> ne sont pas <strong>les</strong> plus malheureuses,<br />
ni <strong>les</strong> plus misérab<strong>les</strong>:<br />
c’est une détresse au fond<br />
très normale. L’histoire est relatée<br />
sur un ton bur<strong>les</strong>que, placé<br />
sous le signe de la corvée au<br />
féminin. <strong>Le</strong>s deux femmes ont<br />
leur propre philosophie de vie,<br />
mais el<strong>les</strong> prennent un plaisir<br />
fou à laver, sécher et plier.<br />
El<strong>les</strong> essayent de combler le<br />
temps entre la morne répétition<br />
de rituels quotidiens et <strong>les</strong><br />
"secousses" de vie, de désir,<br />
d’autodestruction, d’aspirations<br />
vers le ‘‘grand tout’’ ou le<br />
"grand rien" qui <strong>les</strong> agitent.<br />
Alors, ce qu’on entend peutêtre<br />
dans <strong>les</strong> signaux qu’el<strong>les</strong><br />
lancent, c’est leur désarroi, leur<br />
attachement et leur détachement<br />
vis-à-vis des choses et<br />
vis-à-vis d’eux-mêmes, leur<br />
aveuglement, comme leur lucidité,<br />
leur cruauté comme leur<br />
tendresse, leur tentative éperdue<br />
à vouloir représenter<br />
encore quelque chose pour eux-<br />
qui sont d’une certaine portée<br />
culturelle et artistique destinée<br />
à l’élite intellectuelle plutôt<br />
qu’au large public (à part un ou<br />
deux spectac<strong>les</strong>) ; d’autres pensent<br />
que l’absence du public est<br />
surtout due à la vague de chaleur<br />
qui a coïncidé avec la plupart<br />
des dates des spectac<strong>les</strong><br />
qui aurait drainé <strong>les</strong> gens vers<br />
la corniche où ils préféraient<br />
passer leurs veillées dans la<br />
fraicheur de la mer. Cependant,<br />
<strong>les</strong> membres du comité directeur<br />
attribuent ce manque de<br />
spectateurs tout simplement à<br />
un coup fomenté par certains<br />
groupes hosti<strong>les</strong> à toute activité<br />
culturelle ou artistique dans la<br />
(Ph. Berrazaga)<br />
mêmes alors qu’el<strong>les</strong> ne représentent<br />
déjà plus rien pour <strong>les</strong><br />
autres...C’est tout cela que l’on<br />
découvre avec bonheur dans<br />
cette pièce théâtrale. Une<br />
comédie où l’humour et la<br />
satire s’entremêlent. <strong>Le</strong> rire est<br />
l’unique remède contre <strong>les</strong><br />
maux. Tous ces enjeux, ces<br />
affrontements, cette tension<br />
entre Aziza et Zina sont exprimés<br />
tantôt dans un style dramatique,<br />
tantôt dans celui de la<br />
fable. Humour, narration et rire<br />
sont donc <strong>les</strong> ingrédients utilisés.<br />
<strong>Le</strong>s deux actrices entrent<br />
dans une phase d’ébullition. A<br />
partir de là, la pièce se transforme<br />
en un bur<strong>les</strong>que imbroglio.<br />
Aziza Boulabiar toujours<br />
égale à elle-même et Moez<br />
Toumi excellent dans le rôle de<br />
Zina, inventent et racontent<br />
des histoires. <strong>Le</strong>s deux vieil<strong>les</strong><br />
expriment leurs angoisses, leurs<br />
attentes, leurs rêves. On a<br />
recours à la suggestion, à l’humour,<br />
aux gags délicieux que<br />
le public goûte avec bonheur et<br />
complicité. Pas de décors surchargés<br />
mais un travail d'acteurs<br />
avec une mise en scène<br />
sobre et précise. Et ce qu'on en<br />
retient en sortant du théâtre<br />
c'est tout simplement qu'on a<br />
bien rigolé.<br />
Kamel BOUAOUINA<br />
région, qu’on accusait d’avoir<br />
boycotté par tous <strong>les</strong> moyens<br />
cette manifestation estivale,<br />
vieille déjà de 33 ans : d’abord<br />
par le vol d’une bonne quantité<br />
de câb<strong>les</strong> électriques à la veille<br />
même de l’ouverture de cette<br />
session, provoquant une perturbation<br />
dans l’éclairage du théâtre<br />
plein air, et ensuite par la<br />
détérioration préméditée des<br />
affiches publicitaires destinées<br />
à informer le public du programme<br />
des soirées. Ce sont là<br />
<strong>les</strong> déclarations des membres<br />
du comité organisateur qui,<br />
malgré tout, avaient tenu bon,<br />
rien qu’avec <strong>les</strong> moyens du<br />
bord, pour mener jusqu’au bout<br />
et avec le minimum de dégâts,<br />
cette 33è session qui s’est<br />
déroulée sous le signe : « Pour<br />
que l’art de rêver continue… »<br />
« Cette 33è session a le<br />
mérite de garantir une certaine<br />
continuité dans notre action<br />
citoyenne, entamée déjà depuis<br />
la dernière session, a témoigné<br />
Ghazi Abroug, l’un des membres<br />
du comité directeur, on<br />
peut dire que le bilan est positif,<br />
sauf que certains spectac<strong>les</strong><br />
n’ont pas attiré suffisamment le<br />
public. Non qu’ils soient<br />
médiocres, loin s’en faut, mais<br />
parce qu’ils s’inscrivent dans la<br />
ligne de conduite choisie dès le<br />
début par le comité du festival,<br />
qui consistait à privilégier la<br />
culture engagée à dimensions<br />
humaines et civilisationnelle.<br />
Celle qui consacre <strong>les</strong> valeurs<br />
citoyennes et universel<strong>les</strong>. Des<br />
lacunes ? Il y en a certes et<br />
nous nous emploierons à <strong>les</strong><br />
combler dans <strong>les</strong> prochaines<br />
sessions. »<br />
Hechmi KHALLADI<br />
Tabarka<br />
Alors que Magic Mike, son vingthuitième<br />
film en vingt-huit ans de carrière,<br />
est sorti sur <strong>les</strong> écrans mercredi<br />
15 août 2012, le réalisateur américain<br />
Steven Soderberghannonce qu'il veut<br />
arrêter le cinéma. « Là, j'ai besoin de<br />
tout détruire et de tout recommencer à<br />
zéro. Je voudrais réinventer le langage<br />
du cinéma. Trouver une nouvelle narration.<br />
<strong>Le</strong> langage de base du cinéma<br />
n'a pas changé depuis des années. Il<br />
faut faire un reboot. », a-t-il ainsi<br />
expliqué au Nouvel Obs.<br />
Promesse d'ivrogne, évidemment,<br />
qu'il a déjà faite par le passé à plusieurs<br />
reprises. Sa filmographie foisonnante<br />
embrasse tous <strong>les</strong> genres (SF,<br />
polar, action, film historique), expérimente<br />
tous <strong>les</strong> formats (caméscope<br />
pourri, HD dernier cri, 35 mm), part<br />
dans toutes <strong>les</strong> directions, du film<br />
tourné en trois jours avec un budget<br />
riquiqui et des acteurs inconnus (Bubble)<br />
au blockbuster doté d'un casting<br />
cinq étoi<strong>les</strong> (Ocean's Eleven et ses suites).<br />
Toujours à l'affût de nouvel<strong>les</strong> technologies,<br />
de nouvel<strong>les</strong> formes, de nouvel<strong>les</strong><br />
histoires, Soderbergh tourne<br />
plus vite que son ombre et sa filmographie<br />
s'en ressent un peu. Pour y<br />
voir plus clair, et se souvenir des bel<strong>les</strong><br />
choses, voici nos cinq films préférés.<br />
Un choix forcément très subjectif,<br />
qui fait l'impasse sur pas mal de films<br />
ambitieux (Traffic, Che), qui nous<br />
plaisent moins que certains jugés<br />
mineurs. A vous de corriger le tir.<br />
1- L'Anglais (1999)<br />
Avec Terence Stamp, Peter Fonda,<br />
<strong>Le</strong>sley Ann Warren.<br />
On est tout de suite certain que Wilson,<br />
cet Anglais débarqué à Los Ange<strong>les</strong>,<br />
va venger la mort de sa fille et<br />
qu'il ne lui arrivera rien de fâcheux.<br />
<strong>Le</strong>s scènes d'action sont traitées avec<br />
une nonchalance qui leur donne un<br />
goût de bonne vieille série. Comment<br />
Wilson va-t-il s'y prendre ? Qui va<br />
l'aider ? Soderbergh va même jusqu'à<br />
dégoter un passé à son personnage...<br />
dans un vieux film de Ken Loach (Pas<br />
de larmes pour Joy).<br />
Astuce de cinéaste, ces flash-back<br />
d'emprunt sont aussi l'hommage d'un<br />
cinéphile à son acteur, Terence Stamp.<br />
Autre riche idée, confronter Terence à<br />
une autre figure des années 60 : Peter<br />
Théâtre à la Basilique : « <strong>Le</strong>ilet el Ghafla » ou la nuit<br />
du martyr de Moez Achouri<br />
Comme un hommage…<br />
La dernière soirée théâtrale<br />
de la Basilique, dans le cadre<br />
du Festival International de<br />
Tabarka, fut signée par le<br />
talentueux Moez Achouri,<br />
écrivain, dramaturge et réalisateur<br />
de la pièce « <strong>Le</strong>ilet el<br />
Ghafla » dans laquelle il rend<br />
hommage aux martyrs de la<br />
révolution de la liberté survenue<br />
le 14 janvier 2011 en<br />
Tunisie. <strong>Le</strong> fil conducteur de<br />
cette pièce théâtrale produite<br />
par le Théâtre National Tunisie<br />
n’était autre que le jeune<br />
victime du devoir alors qu’il<br />
tenait la garde avec d’autres<br />
habitants de son quartier de la<br />
ville de Tunis. Moez Achouri<br />
s’est entouré d’un groupe de<br />
comédiens chevronnés pour<br />
exécuter ce travail colossal en<br />
utilisant des techniques<br />
modernes afin de fixer l’attention<br />
du public.<br />
Texte mythique, magistralement<br />
interprété ici par une<br />
vingtaine d’acteurs irréprochab<strong>les</strong><br />
et unanimement<br />
salués par la presse, « <strong>Le</strong>ilet<br />
el Ghafla » est un spectacle<br />
rare, vecteur d’émotions fortes,<br />
qui réconcilie <strong>les</strong> adultes<br />
et <strong>les</strong> jeunes avec le théâtre.<br />
Un théâtre citoyen qui, tout à<br />
la fois, divertit et mène à la<br />
réflexion. Un spectacle populaire<br />
qui dénonce le rejet de<br />
l’autre dans sa différence, le<br />
machisme, la guerre. Une<br />
œuvre profondément humaine<br />
et actuelle, car pour Achouri,<br />
si deux hommes cherchent à<br />
se comprendre, ils seront forcément<br />
bons l’un envers<br />
l’autre.<br />
<strong>Le</strong> Top 5 des films de Steven Soderbergh<br />
Moez Toumi et Aziza Boulabiar dans une nouvelle comédie<br />
« Lavage à sec » au festival de Hammamet<br />
Du rire et de l’humour ! Rien à jeter !<br />
Fonda, hâle doré, sourire gingival.<br />
Alors chacun parle de soi, de sa génération,<br />
d'une même voix grave et<br />
fêlée.<br />
2- Sexe, mensonges et vidéo<br />
(1989)<br />
Avec James Spader, Andie Mac-<br />
Dowell, Peter Gallagher, Laura San<br />
Giacomo.<br />
Ann Melaney ne supporte pas qu'on<br />
la touche. Son mari, John, se console<br />
en la trompant avec sa sœur, aussi<br />
délurée qu'Ann est coincée. La venue<br />
d'un ami de John bouscule cette organisation<br />
affective. Lunaire et introverti,<br />
Graham Dalton n'a qu'une seule<br />
activité : il enregistre au Caméscope<br />
<strong>les</strong> confessions sexuel<strong>les</strong> des femmes<br />
qu'il rencontre.<br />
Une Palme d'or, grandement méritée,<br />
vint récompenser ce premier film<br />
délicat et intimiste. Un inconnu de 26<br />
ans, Steven Soderbergh tourna cette «<br />
auto-analyse sauvage » en très peu de<br />
temps, chez lui, en Louisiane. Fort de<br />
son expérience d'amoureux volage<br />
puis engourdi, il signe un bouleversant<br />
traité sur l'introspection et l'incommunicabilité.<br />
<strong>Le</strong>s images reflètent ce cloisonnement<br />
intérieur : ces autistes de l'amour<br />
continuent de parler quand ils ont disparu<br />
de l'écran, inconscients de mener<br />
des vies parallè<strong>les</strong>. Steven Soderbergh<br />
croit en l'image rédemptrice, au point<br />
d'adopter la vidéo comme cinquième<br />
personnage, révélateur des faib<strong>les</strong>ses<br />
humaines. Son film est unique, inclassable,<br />
génial.<br />
3- Hors d'atteinte (1998)<br />
Avec George Clooney, Jennifer<br />
Lopez, Ving Rhames.<br />
C'est tout de même humiliant pour<br />
un officier de police (Jennifer Lopez,<br />
craquante) de se retrouver dans le coffre<br />
d'une voiture, sans arme ni badge,<br />
serrée contre un mauvais garçon. Pas<br />
vilain du tout. Flirteur juste ce qu'il<br />
faut. Et visiblement troublé d'être pour<br />
la première fois de sa vie troublé par<br />
un flic...<br />
Fidèle à l'univers du romancier<br />
Elmore <strong>Le</strong>onard, Soderbergh s'est<br />
visiblement amusé. Au tout début, on<br />
voit George Clooney (le charme<br />
même) arracher rageusement sa cravate,<br />
puis perpétrer un hold-up qui<br />
finira mal. Mais pourquoi diable a-t-il<br />
Enorme passion à la Basilique.<br />
On est captivé de bout en<br />
bout par ce drame magistralement<br />
interprété, avec une justesse<br />
et une sobriété qui en<br />
magnifient la portée. On<br />
retrouve en effet, le théâtre<br />
complet dans toutes ses<br />
expressions artistiques : le<br />
mouvement, la danse, la gesticule…<br />
Un grand spectacle, de<br />
grands comédiens, du grand<br />
théâtre. « <strong>Le</strong>ilet el Ghafla »<br />
est aussi un spectacle intense,<br />
rare, parlant. Il fallait une passionnée<br />
pour incarner la mère,<br />
<strong>Le</strong>ila Chabbi s’attache à son<br />
fils, met du feu et des flammes<br />
dans tout ce qu’elle touche.<br />
Enthousiasmant !<br />
Mokhtar TRIKI<br />
ainsi arraché sa cravate, se demandet-on<br />
? On ne le saura qu'une heure et<br />
demie plus tard, lorsque se seront<br />
assemblés tous <strong>les</strong> indices que Soderbergh<br />
sème avec une intelligence<br />
joueuse.<br />
4- Erin Brockovich, seule contre<br />
tous (2000)<br />
Avec Julia Roberts, Albert Finney,<br />
Aaron Eckart.<br />
Elle n'a rien, pas de travail, trois<br />
enfants et pas de mari. Mais Erin<br />
Brockovich est une battante et elle va<br />
faire triompher la vérité et la justice<br />
en débusquant une affaire d'eau<br />
empoisonnée. Histoire vraie : la véritable<br />
Erin Brockovich a bel et bien<br />
combattu <strong>les</strong> salauds en talons<br />
aiguil<strong>les</strong> et décolleté pigeonnant.<br />
Steven Soderbergh a fait mieux<br />
qu'un film-dossier. Sa mise en scène<br />
est d'une élégance enlevée, d'une légèreté<br />
piquante. Elle repose sur <strong>les</strong> qualités<br />
de son interprète, Julia Roberts<br />
(oscar pour elle). A aucun moment,<br />
Soderbergh ne cherche ni à démythifier<br />
Erin, ni à la sublimer. Son regard<br />
est juste.<br />
5- Solaris (2002)<br />
Avec George Clooney, Natascha<br />
McElhone, Jeremy Davies, Viola<br />
Davis.<br />
En adaptant ce classique, Soderbergh<br />
fait à peine de la science-fiction<br />
et encore moins un remake du chefd’œuvre,<br />
aujourd’hui « canonisé »,<br />
que Tarkovski en avait tiré il y a trente-cinq<br />
ans. Il est allé, en fait, au bout<br />
d’une vision très personnelle, qui peut<br />
dérouter <strong>les</strong> amateurs de périp<strong>les</strong> bien<br />
balisés.<br />
<strong>Le</strong> cinéaste fait le vide dans l’œuvre<br />
originale, met un terme à toutes <strong>les</strong><br />
discussions scientifiques, effleure à<br />
peine <strong>les</strong> interrogations sur <strong>les</strong> limites<br />
du savoir humain et une éventuelle<br />
intelligence extraterrestre. Et il déporte<br />
toute l’action sur cette voie unique : la<br />
love story passée, présente et future<br />
du Dr Kelvin et de sa femme qui s’est<br />
suicidée dix ans plus tôt.<br />
Aucune accélération intempestive<br />
de l’action, coups de théâtre rares :<br />
tout le film, mis en scène avec une<br />
élégance millimétrée, tend vers une<br />
épure à la fois dramatique et visuelle.<br />
Et repose sur la présence de George<br />
Clooney.