Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne

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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) tous pour les gagner tous à Jésus-Christ. Il serait superflu d’ajouter que la récompense de mes travaux n’a pas été comme celles qu’on se propose d’obtenir quand on travaille pour les hommes, c’est tout autre chose quand on travaille pour Dieu, n’ayant en vue que la gloire de Dieu. » Ces belles paroles marquent assez la grandeur d’âme de ce missionnaire, la fin élevée qu’il se proposait. Ses travaux, ses faveurs à la cour n’étaient qu’un moyen ; le but final, le mobile de toutes ses actions, c’était l’apostolat, le bien de la religion. Du reste, le service de l’empereur n’allait pas sans de graves désagréments ; à peine était-il récompensé. « Nous servons, disait-il à son frère dans la même lettre, le plus grand prince qui soit dans le monde connu ; mais nous le servons à nos dépens et dans la seule vue de Dieu. Beaucoup de peines, d’inquiétudes et de tracasseries sont notre partage et nos émoluments. Quelques honneurs éphémères, quelques mots d’un éloge, forcé, quelques pièces de soie, coussinets d’odeur, bourses à mettre à la ceinture, éventails, et autres bagatelles semblables, sont le prix dont on couronne nos services et nos efforts 1 . » @ 1 Lettre du père Amiot à son frère, ancien lieutenant-général de l’Amirauté, à Toulon ; Pékin, 20 septembre 1792. 96

Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) CHAPITRE CINQUIÈME La mission française à Pékin, de 1757 à 1773. — Arrêts des parlements de France contre les jésuites. — M. Bertin et le père Amiot. — Arrivée à Pékin des derniers missionnaires français. La mission française, qui comptait à Pékin, en 1752, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, six prêtres européens et plusieurs Frères coadjuteurs, perdait, quelques années après, avec les frères Étienne Rousset et Gabriel-Léonard de Brossard,. trois de ses meilleurs missionnaires, le père Louis des Robert, supérieur de la mission, et les pères Pierre d’Incarville et Antoine Gaubil, l’un et l’autre membres correspondants de l’académie des Sciences 1 . p.092 Le père d’Incarville, mort victime de son dévoûment, « ayant, par ses assiduités auprès d’un malade, contracté une espèce de fièvre maligne 2 », laissa d’unanimes regrets parmi les néophytes. Sa perte fut irréparable pour les sciences naturelles. Le père Antoine Gaubil, qu’on a appelé le joyau de la couronne de la mission française, résidait depuis 37 ans à Saint-Sauveur, où sa vie s’était écoulée laborieuse et dévouée entre ses travaux scientifiques et littéraires et les œuvres apostoliques. Les historiens n’ont vu en lui que le savant, le travailleur infatigable ; ils semblent n’avoir pas soupçonné l’apôtre, et cependant l’apostolat l’attirait et le charmait bien plus que la science ; il y consacrait toutes ses heures libres, heureux d’annoncer la parole de Dieu, de gagner des âmes à Jésus-Christ. « Je communique, disait-il, à MM. de l’Académie, plusieurs observations astronomiques, et à d’autres savants, ce que je trouve de plus curieux et de plus important dans l’histoire 1 Le frère Ét. Rousset, né à Nevers le 13 août 1689, arrivé à Pékin en 1719, médecin et pharmacien, mourut le 2 septembre 1758 ; le frère de Brossard, né à Chartres le 10 juin 1703, mort le 3 septembre 1758 ; le père des Robert, mort le 21 avril 1760 ; le père d’Incarville, décédé le 12 mai 1757 et le père Gaubil, le 24 juillet 1759. 2 Lettre du père des Robert au père Le Roy, à Pontoise, le 16 mai 1757 (V. sa notice). 97 @

<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />

CHAPITRE CINQUIÈME<br />

La mission française à Pékin, <strong>de</strong> 1757 à 1773. — Arrêts <strong>de</strong>s parlements <strong>de</strong> France<br />

contre <strong>les</strong> jésuites. — M. Bertin <strong>et</strong> le père <strong>Amiot</strong>. — Arrivée à Pékin <strong>de</strong>s <strong><strong>de</strong>rniers</strong><br />

missionnaires français.<br />

La mission française, qui comptait à Pékin, en 1752, comme nous<br />

l’avons vu dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt, six prêtres européens <strong>et</strong> plusieurs<br />

Frères coadjuteurs, perdait, quelques années après, avec <strong>les</strong> frères Étienne<br />

Rouss<strong>et</strong> <strong>et</strong> Gabriel-Léonard <strong>de</strong> Brossard,. trois <strong>de</strong> ses meilleurs<br />

missionnaires, le père Louis <strong>de</strong>s Robert, supérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission, <strong>et</strong> <strong>les</strong><br />

pères Pierre d’Incarville <strong>et</strong> Antoine Gaubil, l’un <strong>et</strong> l’autre membres<br />

correspondants <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong>s Sciences 1 .<br />

p.092<br />

Le père d’Incarville, mort victime <strong>de</strong> son dévoûment, « ayant, par<br />

ses assiduités auprès d’un ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, contracté une espèce <strong>de</strong> fièvre<br />

maligne 2 », <strong>la</strong>issa d’unanimes regr<strong>et</strong>s parmi <strong>les</strong> néophytes. Sa perte fut<br />

irréparable pour <strong>les</strong> sciences naturel<strong>les</strong>.<br />

Le père Antoine Gaubil, qu’on a appelé le joyau <strong>de</strong> <strong>la</strong> couronne <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mission française, résidait <strong>de</strong>puis 37 ans à Saint-Sauveur, où sa vie s’était<br />

écoulée <strong>la</strong>borieuse <strong>et</strong> dévouée entre ses travaux scientifiques <strong>et</strong> littéraires<br />

<strong>et</strong> <strong>les</strong> œuvres apostoliques. Les historiens n’ont vu en lui que le savant, le<br />

travailleur infatigable ; ils semblent n’avoir pas soupçonné l’apôtre, <strong>et</strong><br />

cependant l’aposto<strong>la</strong>t l’attirait <strong>et</strong> le charmait bien plus que <strong>la</strong> science ; il y<br />

consacrait toutes ses heures libres, heureux d’annoncer <strong>la</strong> parole <strong>de</strong> Dieu,<br />

<strong>de</strong> gagner <strong>de</strong>s âmes à Jésus-Christ. « Je communique, disait-il, à MM. <strong>de</strong><br />

l’Académie, plusieurs observations astronomiques, <strong>et</strong> à d’autres savants, ce<br />

que je trouve <strong>de</strong> plus curieux <strong>et</strong> <strong>de</strong> plus important dans l’histoire<br />

1 Le frère Ét. Rouss<strong>et</strong>, né à Nevers le 13 août 1689, arrivé à Pékin en 1719, mé<strong>de</strong>cin <strong>et</strong><br />

pharmacien, mourut le 2 septembre 1758 ; le frère <strong>de</strong> Brossard, né à Chartres le 10 juin<br />

1703, mort le 3 septembre 1758 ; le père <strong>de</strong>s Robert, mort le 21 avril 1760 ; le père<br />

d’Incarville, décédé le 12 mai 1757 <strong>et</strong> le père Gaubil, le 24 juill<strong>et</strong> 1759.<br />

2 L<strong>et</strong>tre du père <strong>de</strong>s Robert au père Le Roy, à Pontoise, le 16 mai 1757 (V. sa notice).<br />

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