Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Dans une lettre au père Brotier, datée du 5 novembre 1769, le père Cibot nous a tracé de lui ce portrait : « C’est un homme vraiment exceptionnel, plus encore par la vertu que par le talent. Presque toujours p.074 malade, n’ayant qu’un souffle de vie, il consacre une partie de ses journées à des fonctions pénibles et extérieurement peu honorables ; mais il entretient par cette condescendance héroïque les faveurs de l’empereur Kien-long et sa protection sur lui et sur les autres missionnaires, et par là, sur toute la mission... Cependant l’unique désir de ce zélé missionnaire était de travailler à la conversion ou à la sanctification des nations infidèles qu’il était venu chercher de si loin. C’était là surtout la plus précieuse faveur qu’il attendait de l’empereur en récompense de ses travaux. Plus qu’aucun de ses confrères, il était esclave des exigences de Kien- long, qui l’employait presque tous les jours de l’année ; mais dès que les absences du monarque ou d’autres causes lui rendaient un peu de liberté, il en profitait pour se livrer aux saints ministères. 1 . Toutefois, le père Antoine Gaubil, dont il a été plusieurs fois question dans le cours de ce travail et qu’Alexandre de Humboldt appelle le plus savant des missionnaires « est, incontestablement, au dire de Rémusat, celui des Européens qui a le mieux connu la littérature chinoise, ou du moins qui en a su faire les applications les plus utiles et les plus multipliées. Plus fécond que Parrenin et Gerbillon, moins p.075 systématique que Prémare et Foucquet, moins léger et moins enthousiaste que Cibot, il a traité à fond avec science et critique toutes les questions qu’il a abordées... Les rares qualités de son esprit, sa prodigieuse activité, les services qu’il a rendus à la science de tant de manières lui ont assuré depuis longtemps une place honorable dans l’histoire de l’érudition et des sciences au dix- huitième siècle 2 . 1 Arch. S. J. — C’est au palais de d’Haï-tien, à deux lieues de Pékin, que le père Benoist avait ses ateliers. — V. dans la Bibliothèque de la Compagnie de Jésus la liste de ses ouvrages. 2 Nouveaux mélanges asiatiques, II, p. 277. 86
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) Né à Gaillac, le 14 juillet 1688, il entre au noviciat de Toulouse le 12 septembre 1704, et, son cours de philosophie et de théologie terminé, il se livre avec ardeur à l’étude de l’hébreu, de la physique, de l’astronomie, de l’histoire et de la géographie ; puis, pour s’initier à la pratique des observations astronomiques, « il va plusieurs fois à l’observatoire prendre les conseils de Jacques Cassini et de Maraldi. Ces visites avaient aussi pour but de nouer des relations qui devaient se continuer plus tard par un échange d’observations entre Paris et Péking 1 . » Aussitôt arrivé à Pékin, il se met avec passion à l’étude des langues chinoise et mandchoue, dans lesquelles il fait de si rapides progrès, que les lettrés chinois eux-mêmes trouvent à s’instruire auprès de lui. « Ces graves et orgueilleux lettrés, dit A. Rémusat, étaient dans le plus grand étonnement de voir un p.076 homme venir de l’extrémité du monde leur développer les endroits les plus difficiles des King, leur faire le parallèle de la doctrine des anciens avec celle des temps postérieurs, leur citer les livres historiques et leur indiquer à propos tout ce qu’il y a de remarquable dans chaque dynastie, et cela avec une clarté, une aisance, une facilité qui les contraignaient d’avouer que la science chinoise de ce docteur européen surpassait de beaucoup la leur. » Le père Gaubil n’était pas moins familier avec le tartare. Le père Amiot, qui l’avait intimement connu, écrit de lui, dans les Lettres édifiantes : « C’était un de ces hommes qui savent tout et qui sont propres à tout. Il avait beaucoup lu et avait présent tout ce qu’il avait lu : sa prodigieuse mémoire ne le laissait jamais hésiter sur rien. Théologie, physique, astronomie, géographie, histoire sacrée, profane, ancienne et moderne, tout l’occupait alternativement et remplissait tous les moments qu’il ne donnait pas à la prière et aux fonctions de son ministère. C’était une espèce de bibliothèque qu’on pouvait consulter sûrement, et qu’on ne 1 Le père Antoine Gaubil, par le père J. Brucker, p. 9. 87
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
Dans une l<strong>et</strong>tre au père Brotier, datée du 5 novembre 1769, le père<br />
Cibot nous a tracé <strong>de</strong> lui ce portrait : « C’est un homme vraiment<br />
exceptionnel, plus encore par <strong>la</strong> vertu que par le talent. Presque toujours<br />
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ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, n’ayant qu’un souffle <strong>de</strong> vie, il consacre une partie <strong>de</strong> ses<br />
journées à <strong>de</strong>s fonctions pénib<strong>les</strong> <strong>et</strong> extérieurement peu honorab<strong>les</strong> ; mais<br />
il entr<strong>et</strong>ient par c<strong>et</strong>te con<strong>de</strong>scendance héroïque <strong>les</strong> faveurs <strong>de</strong> l’empereur<br />
Kien-long <strong>et</strong> sa protection sur lui <strong>et</strong> sur <strong>les</strong> autres missionnaires, <strong>et</strong> par là,<br />
sur toute <strong>la</strong> mission... Cependant l’unique désir <strong>de</strong> ce zélé missionnaire<br />
était <strong>de</strong> travailler à <strong>la</strong> conversion ou à <strong>la</strong> sanctification <strong>de</strong>s nations infidè<strong>les</strong><br />
qu’il était venu chercher <strong>de</strong> si loin. C’était là surtout <strong>la</strong> plus précieuse<br />
faveur qu’il attendait <strong>de</strong> l’empereur en récompense <strong>de</strong> ses travaux.<br />
Plus qu’aucun <strong>de</strong> ses confrères, il était esc<strong>la</strong>ve <strong>de</strong>s exigences <strong>de</strong> Kien-<br />
long, qui l’employait presque tous <strong>les</strong> jours <strong>de</strong> l’année ; mais dès que <strong>les</strong><br />
absences du monarque ou d’autres causes lui rendaient un peu <strong>de</strong> liberté, il<br />
en profitait pour se livrer aux saints ministères. 1 .<br />
Toutefois, le père Antoine Gaubil, dont il a été plusieurs fois question<br />
dans le cours <strong>de</strong> ce travail <strong>et</strong> qu’Alexandre <strong>de</strong> Humboldt appelle le plus<br />
savant <strong>de</strong>s missionnaires « est, incontestablement, au dire <strong>de</strong> Rémusat,<br />
celui <strong>de</strong>s Européens qui a le mieux connu <strong>la</strong> littérature chinoise, ou du<br />
moins qui en a su faire <strong>les</strong> applications <strong>les</strong> plus uti<strong>les</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> plus multipliées.<br />
Plus fécond que Parrenin <strong>et</strong> Gerbillon, moins p.075 systématique que<br />
Prémare <strong>et</strong> Foucqu<strong>et</strong>, moins léger <strong>et</strong> moins enthousiaste que Cibot, il a<br />
traité à fond avec science <strong>et</strong> critique toutes <strong>les</strong> questions qu’il a abordées...<br />
Les rares qualités <strong>de</strong> son esprit, sa prodigieuse activité, <strong>les</strong> services qu’il a<br />
rendus à <strong>la</strong> science <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> manières lui ont assuré <strong>de</strong>puis longtemps<br />
une p<strong>la</strong>ce honorable dans l’histoire <strong>de</strong> l’érudition <strong>et</strong> <strong>de</strong>s sciences au dix-<br />
huitième siècle 2 .<br />
1 Arch. S. J. — C’est au pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> d’Haï-tien, à <strong>de</strong>ux lieues <strong>de</strong> Pékin, que le père Benoist<br />
avait ses ateliers. — V. dans <strong>la</strong> Bibliothèque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Compagnie <strong>de</strong> Jésus <strong>la</strong> liste <strong>de</strong> ses<br />
ouvrages.<br />
2 Nouveaux mé<strong>la</strong>nges asiatiques, II, p. 277.<br />
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