Joseph Amiot et les derniers survivants de la ... - Chine ancienne
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Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) études ; et les supérieurs, après un examen attentif de la situation, chargèrent le père Pierre Fourreau 1 d’aller en Europe « fonder un séminaire où l’on formerait à la science et à la vertu des jeunes gens envoyés de Chine, qui retourneraient ensuite propager la foi dans leur patrie 2 .» Le père Fourreau partit, cette même année 1740, de Macao, avec cinq Chinois, Philippe-Stanislas Kang, Paul Lieou, Ignace-Xavier Lan, Maur Tsao et Tao. Arrivé à Paris, il les plaça au collège Louis-le-Grand, où il surveilla leurs études et les dirigea dans les voies de la piété. Leurs études littéraires et théologiques terminées, et ordonnés prêtres, ils revinrent en p.060 Chine : Kang et Lieou avec le père Amiot, en 1750, et les trois autres avec le père Nicolas-Marie Roy, en 1754 3 . Le père Fourreau, satisfait des progrès de ses jeunes écoliers chinois, en demanda d’autres, dès 1744, aux supérieurs de Pékin. « Mais ce nouvel envoi ne plaisait pas à tout le monde. Il exposait, disaient-ils, parfois, à des mécomptes et procurait de médiocres avantages, si on les comparait aux grandes dépenses qu’il occasionnait 4 . Ainsi pensait le père Julien-Placide Hervieu, supérieur général de la mission de Chine, et sur ses observations, le révérend père général, François Retz avait défendu d’envoyer à Paris de nouveaux Chinois. Nous devons dire que la majorité des Pères ne partageait pas les idées du supérieur général. « Tous comprenaient, il est vrai, et le père Hervieu également, que l’Église de Chine devrait s’appuyer un jour sur le clergé indigène. Sans prêtres chinois, elle ne pourrait jamais y arriver à un état prospère et florissant. La difficulté de la langue et d’autres raisons sans nombre les rendaient p.061 1 Le père Pierre Fourreau, né au diocèse du Mans, le 30 novembre 1700, entré dans la Compagnie le 26 septembre 1720, était arrivé à Pékin en 1733. Il s’y occupa de la chronologie et de la grammaire chinoises. Il mourut à Paris, en 1749. 2 V. la nombreuse collection de Welt-Bott. 3 Le père Roy, né à Langres, le 15 mars 1726, entré au noviciat le 7 mars 1743, arriva en Chine le 16 août 1754 et mourut le 8 janvier 1769. On a de lui deux volumes de lettres, imprimées chez Périsse, à Paris, et plusieurs lettres pleines d’intérêt, écrites à la hâte, dans les Lettres édifiantes. 4 Le père L.-J. des Robert, p. 74. 78
Joseph Amiot, la Mission française à Pékin (1750-1795) nécessaires. Toute la question se bornait donc à la manière de les élever 1 . Là était la difficulté, là aussi la divergence d’opinions. Le père Hervieu mourut le 26 août 1746 2 , et le père Valentin Chalier lui succéda comme supérieur général de la mission de Chine 3 . Il pensait bien autrement que son prédécesseur sur la formation du clergé indigène. Aussi écrivit-il, dès le mois de novembre 1746, au révérend père général, en réponse aux plaintes que lui avait exprimées le père Hervieu. « Toute, la controverse, dit-il, est sur le lieu et le mode de formation des Chinois destinés au sacerdoce. Cette formation n’est pas la même chez les congrégations religieuses. Quant à nous, notre seul moyen de les former est de les envoyer en France 4 . Il en donne la raison. D’abord, il est difficile de prendre pour les préparer à la prêtrise, des sujets avancés en âge, car p.062 ils sont moins aptes aux études. Il vaut mieux les choisir jeunes. Mais élever des Chinois en Chine et leur apprendre le latin et les sciences ecclésiastiques, il ne faut pas y songer. L’expérience en a été faite et sans résultat. Si on veut leur donner une éducation sacerdotale convenable, on doit les éloigner de leur patrie. Les Pères portugais en préparent, il est vrai, à leur séminaire de Macao ; mais les Pères français ne peuvent et ne doivent pas mêler leurs étudiants avec les étudiants portugais. Reste à les envoyer en Europe, où les dépenses sont les mêmes qu’en Chine. Les frais du voyage pourront être payés aisément par la mission. L’essai fait par le père Fourreau a été des plus heureux ; il presse de lui confier d’autres Chinois et nous fait savoir que les jésuites de Paris et leurs amis approuvent beaucoup cette institution 5 . 1 Le père L.-J. des Robert, p. 74. 2 Le père Julien-Placide Hervieu, né à Josselin, en Bretagne, le 14 janvier 1671, entré dans la Compagnie le 7 septembre 1687, arrivé en Chine le 16 septembre 1701, mourut le 26 août 1746. 3 Le père Valentin Châlier, né à Briançon, le 17 décembre 1697, entré chez les jésuites le 8 septembre 1715, arrivé en Chine le 30 août 1728, mourut à Pékin le 12 avril 1747. 4 Tota controversia est circa locum et modum instituendi hujusmodi sinas. Alii alio, alii aliter instituunt sinenses et præparant ad sacerdotium et ad ministeria apostolica. Nobis autem nulla est alia via quam eos mittere in Europam (Arch. S. J.) 5 Ad difficultatem reperiendi sinas jam ætate maturos.,.. In ipsamet sina educare juniores 79
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<strong>Joseph</strong> <strong>Amiot</strong>, <strong>la</strong> Mission française à Pékin (1750-1795)<br />
étu<strong>de</strong>s ; <strong>et</strong> <strong>les</strong> supérieurs, après un examen attentif <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation,<br />
chargèrent le père Pierre Fourreau 1 d’aller en Europe « fon<strong>de</strong>r un séminaire<br />
où l’on formerait à <strong>la</strong> science <strong>et</strong> à <strong>la</strong> vertu <strong>de</strong>s jeunes gens envoyés <strong>de</strong><br />
<strong>Chine</strong>, qui r<strong>et</strong>ourneraient ensuite propager <strong>la</strong> foi dans leur patrie 2 .»<br />
Le père Fourreau partit, c<strong>et</strong>te même année 1740, <strong>de</strong> Macao, avec cinq<br />
Chinois, Philippe-Stanis<strong>la</strong>s Kang, Paul Lieou, Ignace-Xavier Lan, Maur Tsao<br />
<strong>et</strong> Tao. Arrivé à Paris, il <strong>les</strong> p<strong>la</strong>ça au collège Louis-le-Grand, où il surveil<strong>la</strong><br />
leurs étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>les</strong> dirigea dans <strong>les</strong> voies <strong>de</strong> <strong>la</strong> piété. Leurs étu<strong>de</strong>s littéraires<br />
<strong>et</strong> théologiques terminées, <strong>et</strong> ordonnés prêtres, ils revinrent en p.060 <strong>Chine</strong> :<br />
Kang <strong>et</strong> Lieou avec le père <strong>Amiot</strong>, en 1750, <strong>et</strong> <strong>les</strong> trois autres avec le père<br />
Nico<strong>la</strong>s-Marie Roy, en 1754 3 .<br />
Le père Fourreau, satisfait <strong>de</strong>s progrès <strong>de</strong> ses jeunes écoliers chinois, en<br />
<strong>de</strong>manda d’autres, dès 1744, aux supérieurs <strong>de</strong> Pékin. « Mais ce nouvel<br />
envoi ne p<strong>la</strong>isait pas à tout le mon<strong>de</strong>. Il exposait, disaient-ils, parfois, à <strong>de</strong>s<br />
mécomptes <strong>et</strong> procurait <strong>de</strong> médiocres avantages, si on <strong>les</strong> comparait aux<br />
gran<strong>de</strong>s dépenses qu’il occasionnait 4 . Ainsi pensait le père Julien-P<strong>la</strong>ci<strong>de</strong><br />
Hervieu, supérieur général <strong>de</strong> <strong>la</strong> mission <strong>de</strong> <strong>Chine</strong>, <strong>et</strong> sur ses observations,<br />
le révérend père général, François R<strong>et</strong>z avait défendu d’envoyer à Paris <strong>de</strong><br />
nouveaux Chinois. Nous <strong>de</strong>vons dire que <strong>la</strong> majorité <strong>de</strong>s Pères ne<br />
partageait pas <strong>les</strong> idées du supérieur général.<br />
« Tous comprenaient, il est vrai, <strong>et</strong> le père Hervieu également, que l’Église<br />
<strong>de</strong> <strong>Chine</strong> <strong>de</strong>vrait s’appuyer un jour sur le clergé indigène. Sans prêtres<br />
chinois, elle ne pourrait jamais y arriver à un état prospère <strong>et</strong> florissant. La<br />
difficulté <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>et</strong> d’autres raisons sans nombre <strong>les</strong> rendaient p.061<br />
1 Le père Pierre Fourreau, né au diocèse du Mans, le 30 novembre 1700, entré dans <strong>la</strong><br />
Compagnie le 26 septembre 1720, était arrivé à Pékin en 1733. Il s’y occupa <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
chronologie <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> grammaire chinoises. Il mourut à Paris, en 1749.<br />
2 V. <strong>la</strong> nombreuse collection <strong>de</strong> Welt-Bott.<br />
3 Le père Roy, né à Langres, le 15 mars 1726, entré au noviciat le 7 mars 1743, arriva en<br />
<strong>Chine</strong> le 16 août 1754 <strong>et</strong> mourut le 8 janvier 1769. On a <strong>de</strong> lui <strong>de</strong>ux volumes <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres,<br />
imprimées chez Périsse, à Paris, <strong>et</strong> plusieurs l<strong>et</strong>tres pleines d’intérêt, écrites à <strong>la</strong> hâte, dans<br />
<strong>les</strong> L<strong>et</strong>tres édifiantes.<br />
4 Le père L.-J. <strong>de</strong>s Robert, p. 74.<br />
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